a garanti sans 3D Ciném

MANUTENTION : Cour Maria Casarès / REPUBLIQUE : 5, rue Figuière 84000 AVIGNON / Tél : 04 90 82 65 36 / www.cinemas-utopia.org

UNEUNE AFFAIREAFFAIRE DEDE FAMILLEFAMILLE

Écrit et réalisé par Si ce n’est un miracle, c’est pour le se font, se défont… Thématique quasi Hirokazu KORE-EDA moins un émerveillement ! D’un film obsessionnelle sur la filiation, le lignage Japon 2018 2h01 VOSTF à l’autre, avec les mêmes ingrédients avec laquelle il parvient à se renouveler, avec Lily Franky, Sakura Andô, principaux, le délicat Kore-Eda parvient à nous surprendre. Le titre ici nous met Mayu Matsuoka, Kirin Kiki… à inventer de nouvelles recettes subtiles fatalement sur la piste, nous sommes et purement délicieuses. Sans se lasser, bien dans l’univers de prédilection du PALME D'OR, sans nous lasser, il explore toujours plus cinéaste nippon, celui de I wish, Tel FESTIVAL DE CANNES 2018 intensément ces liens qui nous unissent, père, tel fils, Notre petite sœur, Après la

N°390 du 19 décembre 2018 au 22 janvier 2019 / Entrée : 7€ / le midi : 4€ / Abonnement : 50€ les dix places UNE AFFAIRE DE FAMILLE

tempête… Une fois de plus nous allons ventivité. L’application des plus jeunes à être happés, passionnés par ces choses perfectionner leurs techniques de vol à simples de la vie, ces infimes miracles l’étalage fait plaisir à voir ! À cette école sans fin qui ne disent pas leur nom mais forcée de la vie, chacun devient plus ma- bousculent les êtres, les animent, aident lin qu’un singe. Le soir venu, on se ras- à ne pas sombrer et à avancer. semble, on rigole beaucoup, on se dor- lote tendrement en partageant le butin Quand on y songe, c’est une chose in- modique autour de l’adorable grand- sensée que de vils libéraux de tous mère (l’extraordinaire actrice Kirin Kiki) poils essaient de nous faire croire que qu’on ne laisserait pour rien au monde les pires canailles de notre société sont dans un EHPAD aseptisé, même si on en les pauvres hères qui se débrouillent avait les moyens. Au milieu des grands pour gruger les allocations familiales, immeubles, la minuscule maison hors les impôts ou ces grands temples de la d’âge des Shibata fait l’effet d’un havre consommation que sont les grandes sur- précaire, mais goulûment vivant, où s’en- faces… Le pauvre, le misérable comme tassent heureusement la mère qui cui- dirait Hugo, est par nature suspec- sine, sa fille qui tapine légèrement, les té d’être filou, malhonnête ou flemmard autres qui rapinent… C’est mal, sans inemployable. Ces inepties prospèrent doute, amoral diront certains. Mais est- chez nous, elles fleurissent visiblement ce qu’une société richissime qui n’offre aussi au Japon, ainsi sans doute que que des miettes et aucune perspective partout ailleurs dans le monde… Et bien aux pauvres qu’elle créée ne l’est pas je serais prête à parier que, mises bout plus encore ? On a beau condamner, on à bout, toutes les petites combines des s’attache progressivement à ces per- gens modestes de par le monde ne re- sonnages de peu et leurs péchés nous présentent guère que l’argent de poche semblent soudain véniels. D’autant plus de quelques grandes fortunes mon- quand Osamu et son jeune fils Shota ra- diales, si ce n’est d’une seule ! mènent un soir à la maison une toute pe- Alors quitte à être mis au ban de la socié- tite fille, une frêle créature tétanisée par le té, autant ne pas l’être pour rien, surtout froid de la nuit, la violence de ses parents quand on n'a guère le choix. Que faire qui ne la désiraient pas, alors qu'elle est quand l’avenir n’a pas d’horizon ? Si ce si craquante ! Et même si on n’a guère n’est essayer de survivre sans s’embar- les moyens de nourrir une bouche sup- rasser de plus de principes que ceux plémentaire, personne n’a le cœur de qui pratiquent éhontément l’exil fiscal à la ramener sur le balcon glacial de l’im- grande échelle. C’est ainsi que, modes- meuble sinistre qui lui servait de refuge… tement, la famille Shibata toute entière, passée experte dans l’art du système L’histoire de ce petit oisillon recueilli, de D, fauche, traficote, bricole, grenouille… cette famille hors cadre, devient alors Sous la houlette d’Osamu, le père, at- comme une parabole, un conte moderne tentif et jovial, chacun de ses membres à la morale cinglante : Kore-Eda cachait apprend l’art de la débrouille en faisant de la paille de fer sous son gant de ve- parfois preuve d’une remarquable in- lours… AN ELEPHANT SITTING STILL

Écrit, réalisé et monté par HU Bo des immeubles pourris. Pourtant le film grand frère du blessé, Zhang Yu, véri- Chine 2018 3h54 VOSTF s’attache inlassablement à ses quatre table caïd du quartier, lui-même en proie avec PENG Yuchang, ZHANG Yu, WANG personnages, à l’affût de traces d’amour à une immense déception amoureuse. Yuwen, LIU Congxi… et d’une perspective pour sortir de cette De multiples recoupements vont amener ville-labyrinthe étourdissante. Et par- ces personnages à se rencontrer, s’af- An elephant sitting still est un film excep- fois, de cette toile funeste, se libèrent un fronter ou partager un bout de chemin. tionnel à tous les égards. Exceptionnel geste, une parole ou un regard. Ceux-là, Mais plus encore, c’est dans une lente par sa durée déjà : près de 4 heures, en- comme jaillis du néant, brillent d’un éclat convergence que leurs histoires vont se tièrement justifiées, comme une plongée inoubliable. nouer. Car tous ont entendu dire que en chute libre dans une ville post-indus- dans la ville de Manzhouli, non loin de trielle du nord de la Chine. Exceptionnel Quatre destins, donc, scellés le temps là, un éléphant de cirque reste toute la aussi par sa façon d’agencer le récit au- d’une journée ordinaire. Wang Jin, grand- journée assis, immobile et insensible à la tour de quatre personnages absolument père partageant le trop petit toit d’une fureur du monde qui l’entoure. Dès lors, bouleversants, quatre destins pris dans famille égo-centrée qui veut le mettre en chacun cherche à quitter cette ville infer- les mailles des injustices sociales, pro- maison de retraite. Avec pour seul argu- nale qui se referme sur eux et voit dans pulsés dans l’engrenage d’une société ment le prétexte qu’il ne pourrait y em- Manzhouli la promesse d’échapper à la déshumanisée. Exceptionnel car rare- mener son chien, l’homme échappe en- condition qui est la leur. ment un premier film parvient à imposer core un peu au placement et profite de une telle trempe, une telle intensité dans l’affection de sa petite-fille. Son voisin An elephant sitting still est un film brut, sa mise en scène, toujours au plus près de palier, l’adolescent Wei Bu, a lui des entier, sans concession. Ses longs tra- de ses personnages et de leurs déplace- déboires avec la petite frappe du lycée vellings, accrochés au dos des quatre ments grâce à une caméra aussi fluide depuis que son meilleur ami subit des personnages en perpétuel mouvement, que précise. intimidations pour un vol de téléphone dessinent une déambulation sans fin Exceptionnel enfin – comment ne pas portable qu’il n’a pas commis. Quant à à la recherche d’une issue. Et quand, l’évoquer ? – car son jeune réalisateur sa camarade de classe, Huang Ling, elle au bout de leur course, la caméra se Hu Bo s’est suicidé à l’âge de 29 ans et voit sa réputation salie depuis que sa re- braque sur eux, il devient alors impos- qu’il est impossible de ne pas concevoir lation avec le directeur adjoint du lycée sible d’oublier leurs visages rivés sur son film comme une lettre ouverte, un cri a été révélée au sein de l’établissement. un horizon brumeux. À la souffrance du poussé à la face d’un monde inaccep- Ce matin-là, les choses vont s’accélé- monde, Hu Bo oppose la beauté d’une table. La noirceur est partout dans cette rer lorsque Wei Bu, prenant la défense poésie crépusculaire. Ce film à nul autre ville recouverte d’une chape de brouil- de son ami, fait chuter gravement leur pareil marque l’éclosion d’un cinéaste lard permanent : entre les êtres, dans persécuteur dans les escaliers du lycée. virtuose en même temps que son chant l’agitation des rues, dans les fissures Dès lors, les deux amis auront affaire au du cygne. Exceptionnel, décidément. Retour à Howards End

(HOWARDS END) que de la mousse cachant un précipice, divine maison sous les glycines, léguée il donne à voir un siècle qui commence sur son lit de mort par la riche Madame James IVORY et un monde qui meurt. Il décrit l'arro- Wilcox ( dans une GB 1992 2h20 VOSTF gance innocente des riches et la solitude courte mais saisissante apparition). Un avec Anthony Hopkins, Emma ignorée des pauvres. Il raconte la puis- jeune employé de banque impécunieux Thompson, Vanessa Redgrave, sance de l'argent en effleurant le comp- entrera dans la ronde, deviendra le père Helena Bonham Carter… toir écrasant d'une banque, la lutte des de l'enfant illégitime d'Helen, la sœur de Scénario de Ruth Prawler Jhabvala, classes en photographiant deux tables à Margaret, tandis que celle-ci épousera le d'après le roman de E.M. Forster l'heure du thé. Le rôle du destin est te- veuf Wilcox (Anthony Hopkins), croyant nu par un parapluie volé, et le rôle-titre encore pouvoir changer le monde par la James Ivory, avec ce splendide Retour par un cottage anglais… James Ivory force des sentiments. à Howards End, parvient à une sorte et sa scénariste attitrée Ruth Prawler d'apothéose de son style. Revenant Jhabvala s'emparent avec virtuosité des Tout se lézarde, sauf les maisons, tout pour la troisième fois au romancier E.M mots de Forster, font parler la nature et se flétrit, sauf la tendresse. Les bons Forster (après Chambre avec vue et les objets pour exprimer l'insondable hy- sont punis, les méchants aussi : c'est Maurice), portant toujours sur l'Angle- pocrisie des hommes. la morale douce amère de Retour à terre, lui le cinéaste natif des États-Unis, Howards End. La splendeur visuelle et un regard d'entomologiste amoureux, Nous sommes en 1910. Trois familles décorative ne glace rien, n'étouffe rien. il offre un récit d'une somptueuse per- qui n’auraient jamais dû se rencontrer. La trace d'une robe grise sur l'herbe versité, servi par une troupe d'acteurs Margaret Schlegel, une jeune femme douce a la sensualité d'une étreinte, le magnifiques. Dans la valse des appa- énergique, cultivée, émancipée (Emma frémissement d'un champ de narcisses rences, dans les mensonges édifiés en Thompson), a été spoliée. Elle était la lé- dans le vent a le charme irrémédiable système, dans l'élégance qui n'est plus gitime héritière de Howards End, cette d'un adieu… En collaboration avec Miradas Hispanas, la séance du jeudi 20 décembre à 20h15 sera suivie d’une rencontre avec des membres de l’association. La projection sera suivie d’un pot de l’amitié.

paternels, s’apprête à les reproduire jour joyeuse, pétillante parfois au rythme après jour, tout comme il reproduira la des cris et des musiques qui animent le vie sans vagues de ses ancêtres. Nulle marché où se vendent les productions place n’est laissée à l’improvisation en du Maestro. Ici une fois leurs affaires dehors de l’atelier méticuleusement ran- conclues, les hommes se laissent aller à gé. Parfois il gambade avec les autres, MON(RETABLO) PÈRE la beuverie. Noé se fond alors dans la trop peu… Il grimpe alors voir son co- liesse ambiante, oubliant dans l’ivresse pain, le lourdingue Mardonio, qui garde la présence de sa progéniture, quand Alvaro DELGADO-APARICIO les moutons. Il aimerait devenir comme il ne s’évanouit pas carrément dans la Pérou 2018 1h41 VOSTF lui, un jeune mâle qui poursuit les filles nature. Tandis que Secundo le cherche avec Junior Béjar Roca, Amiel Cayo, de ses ardeurs libidineuses. Il aimerait mi-inquiet, mi-désabusé, son regard Magaly Solier, Hermelinda Lujan… se battre avec ceux qui le moquent, se s’ouvre sur les hypocrisies d’un monde Scénario d'Alvaro Delgado-Aparicio frotter comme eux à la dureté du labeur moins immaculé que ses rêves d’enfant. et Hector Galvez agricole. Mais toujours sa mère le hous- Progressivement son admiration incon- pille, le remet sur le droit chemin. Il a tel- ditionnelle pour son vieux père cède la Mon père est une véritable découverte, lement mieux à faire : il lui faut atteindre place à un sentiment diffus qui se trans- brute et colorée. Le titre français, si clas- la perfection, devenir maestro à son tour, formera bientôt en écœurement, le jour sique, ne lui rend pas vraiment justice. une situation en or, comme celui qu’on où il assistera à une scène qui transfor- Mais il est vrai que le titre original, litté- a dans les mains. Une prédestination mera irrémédiablement sa vie… ralement « Retable », serait resté nébu- obsédante qui parfois l’oppresse, l’em- leux et peu évocateur pour un public non pêche de savoir ce qu’il veut, qui il est. Mon père est tout autant une histoire péruvien. Ici, dans les campagnes recu- L’ambiance vivifiante de ses Andes na- d’amour filial trop absolu que la dénon- lées des Andes, l’artisanat du retable, tales, les montagnes magnifiques fi- ciation d’une société où les mentalités, que notre regard occidental considè- nissent par devenir pesantes malgré la figées dans des préceptes passéistes, rerait tout au plus comme un art popu- beauté aérienne qui imprègne le paysage empêchent parfois les êtres de se réa- laire naïf, est une véritable institution an- à perte de vue. C’est avec un regard as- liser. Pour son premier film, Delgado- cestrale. Les meilleurs maîtres artisans sombri par d’insondables démons que Aparicio nous livre une histoire crue et sont vénérés comme de véritables ar- désormais l’adolescent regarde son uni- atypique servie par des personnages tistes, dépositaires d’un savoir-faire qui vers tandis que son innocence enfantine plus vrais que nature. De quoi nous se transmet de père en fils. progressivement se dissipe comme une étonner et nous plonger dans une civili- brume matinale. sation aux antipodes de la nôtre, un véri- À quatorze ans, la vie de Secundo est ba- Pourtant la vie fuse en tous sens, table voyage en terre inconnue. riolée comme ces figurines que façonne et peint son père au doux regard, Noé. Chacune raconte une personne, une his- Miradas hispanas est une association avignonnaise toire, une ambiance que le maestro im- mortalise et met en boîte dans un de de diffusion des cinémas du monde hispanique. Voir ces fameux retables. Secundo observe, notre site : miradashispanas.free.fr s’imprègne de la précision des gestes LES CONFINS DU MONDE Réalisé par Guillaume NICLOUX France 2018 1h43 avec Gaspard Ulliel, Guillaume Gouix, Lang-Khê Tran, Gérard Depardieu, François Négret… Scénario de Guillaume Nicloux et Jérôme Beaujour Les Confins du monde nous transporte dans l’Indochine fran- çaise de 1945. Une période de transition confuse, où il y a plusieurs forces en présence, où les ennemis changent au gré des événements. Les Japonais, qui avaient violemment repris le pays après le coup de force de 1945, se retirent finalement, laissant le champ libre aux indépendantistes vietnamiens. C’est dans ce contexte trouble que surgit le lieutenant fran- çais, Robert Tassen. Son frère est mort devant ses yeux, dans un massacre perpétré par un lieutenant sanguinaire d’Hô Chi Minh. Retrouver cette figure du mal pour se venger, telle est son obsession. C’est donc une guerre intime et parallèle à l’intérieur d’une autre guerre. C’est aussi une sorte de polar existentiel, pois- seux, moite, aux confins de la folie, un pied dans la boue du conflit, un autre dans la fantasmagorie. Il n’y aquasi- ment pas de coup de feu, mais de la peur et de la hantise. Des coups tordus, de la honte, du désir caché. Du roman- tisme morbide aussi, lié au culte de la virilité, à la fascination qu’exerce malgré tout la guerre, si violente soit-elle. Nicloux montre des états extrêmes, l’extase atteinte grâce à l’opium. LES HÉRITIÈRES Des moments d’attente, teintée de nostalgie : « Le métro me Écrit et réalisé par Marcelo MARTINESSI manque » confie du haut d’un mirador le soldat Cavagna, le Paraguay 2018 1h37 VOSTF plus proche ami de Tassen. avec Ana Brun, Margarita Irun, Ana Ivanova, Nilda Gonzalez… Et puis un salut est possible, lorsque Tassen rencontre l’amour, en la personne d’une prostituée indochinoise… Les Héritières commence par les signes d’une débâcle. Dans Les Confins du monde est un film puissamment physique, un intérieur bourgeoisement décoré, des étrangers évaluent sensualiste, climatologique : on le doit à la nature, bien sûr, meubles et vaisselle sous l’œil résigné d’une sexagénaire dy- mais aussi aux acteurs, vraiment remarquables d’intensité, de namique. Dans la pièce voisine, une autre femme, à peu près présence, de Gaspard Ulliel à Guillaume Gouix, de la superbe du même âge, ne fait qu’entendre les échos de la transac- nouvelle venue Lang-Khé Tran à Gérard Depardieu qui im- tion. Chiquita (Margarita Irun) préside à la vente, mais c’est de prime sa marque et son génie en une seule scène. l’héritage de Chela (Ana Brun) qu’il s’agit, et cette dernière en (d’après J. Morice, Télérama, et S. Kaganski, Les Inrockuptibles) souffre au point de ne plus quitter la chambre. Doucement, on comprend qu’elles sont amantes, qu’elles ont vécu des années sur la rente de Chela, qui se veut ar- tiste peintre, et qu’elles sont aujourd’hui prises à la gorge. Ce qu’il advient de ce vieux couple est à la fois inévitable et im- prévisible. Marcelo Martinessi met en scène la défaite de cet amour avec délicatesse et finesse, dévoilant progressivement les lignes de force d’une histoire qui acquiert de nouvelles nuances à chaque chapitre. Une fois établie la ruine financière de Chela et Chiquita, on apprend que la seconde, en délicatesse avec sa banque, va bientôt être incarcérée… L’essentiel du film tiendra dans la marche forcée vers l’auto- nomie que doit entreprendre Chela. Contrainte de sortir de son lit, la dépressive se fait bientôt chauffeur privé, grâce à la Mercedes vintage qu’elle n’a pas encore vendue. Elle conduit une voisine riche et méchante à ses parties de cartes et sup- porte bravement la condescendance apitoyée des femmes qu’elle trimbale dans les rues d’Asuncion. Bientôt Chela se lie d’amitié, voire plus, avec Angy, qui gravite à la périphérie de cette caste privilégiée… Ana Brun, qui joue Chela, n'est pas une comédienne profes- sionnelle. Elle est avocate et a souffert de ses liens avec l’op- position sous la dictature de Strœssner. La connaissance de ce parcours hors du commun ajoute encore à la joyeuse sur- prise qu’est la découverte des Héritières. (T. Sotinel, Le Monde) EN AVANT-PREMIÈRE le 31 décembre à 18h00

LA CHUTE DE L’EMPIRE AMÉRICAIN PLACE DONC AU DERNIER FILM DE DENYS ARCAND ! Il clôt sa trilogie initiée avec Le Déclin de l’empire américain (1986) et Les Invasions barbares (2003). Mais pas besoin d’avoir vu ceux-ci pour apprécier ce nouvel opus. Un film somme, où l’on retrouve ses thèmes de prédilection et son sens du dialogue pour faire ce qu’il sait faire de mieux : s’en prendre au système. Vente des places à partir du 20 décembre.

Écrit et réalisé par Denys ARCAND luné malgré son jeune âge. C’est pour- bientôt une manne inespérée va lui tom- Québec 2018 2h09 tant une tronche, ce gars-là. Des années ber du ciel. Un jackpot à peine croyable avec Alexandre Landry, Maripier Morin, d’études brillantes pour obtenir un doc- qui va bousculer sa vie et pas que la Louis Morissette, Rémy Girard… torat en philosophie et le voilà enfin de- sienne : dans son sillage il va entraîner venu… chauffeur livreur ! Le même al- de drôles de zouaves... Comme quoi, Nous faire pouffer de rire sur ce monde phabet qui lui permettait de lire Marx, même si on n’y croit pas, les miracles désespérant ! C’est une fois de plus le Épicure, Aristote ou Racine… ne lui sert existent parfois ! Une parabole contem- pari réussi de Denys Arcand ! Le constat plus que pour rentrer des adresses sur poraine grinçante, haute en cynisme, est tout aussi sévère que dans les pré- son GPS. On serait aigri à moins… Mais mais fichtrement drôle. cédents film de cette presque trilogie, Le Déclin de l’empire américain et Les Invasions barbares. L’empire américain décidément s’effondre et bien mal avi- sés sont ceux qui continuent de penser « Jusqu’ici tout va bien ! » alors qu’il les entraîne avec lui dans sa course folle et que le sol se rapproche inexorablement ! Ce n’est pas en faisant l’autruche qu’on apprend à voler ! Alors mes biens chers frères, mes bien chères sœurs, en ce réveillon de fin d’année : pouffons en- semble ! Ça au moins, on ne peut pas nous le retirer.

Pierre-Paul (tiens, il manque Jacques ?) est un spécimen en voie de dispari- tion, un idéaliste dans une époque dé- cadente ! Il a des airs de troglodyte mal Les cartes de cinéma pour les jeunes mineurs isolés. Cela fait un an que nous WHAT YOU GONNA DO WHEN proposons aux jeunes mineurs isolés une carte gratuite de cinéma. Certains jeunes s’en THE WORLD'S ON FIRE ? sont emparés et reviennent régulièrement avec leurs amis ou famille d’accueil, ravis de prévoir une sortie culturelle à petits frais. Cette carte donnant accès à nos salles est née grâce à votre générosité. À l’heure actuelle, on compte plus de 100 cartes, soit plus de 500 places de cinéma utilisables par les jeunes. Merci pour eux. En cette fin d’année, nous remettons la petite tirelire à la caisse du cinéma. Comme l’an dernier, vous pouvez y glisser un abonnement ou votre petite monnaie. L’abonnement permettra à un jeune de se faire une petite toile, et si on en a trop, on le reversera à RESF et 100 pour 1.

Film documentaire le lynchage et la décapitation de deux de Roberto MINERVINI jeunes Afro-Américains de Jackson, L’hiver est là, RESF cherche USA 2018 2h03 VOSTF Noir & Blanc dans le Mississippi, et dans leur quête des petits nids pour accueillir de services sociaux pour la communau- C'est le cinquième film que Roberto té dans les quartiers barrés. On rencontre des jeunes encore à la Minervini consacre au Sud des États- aussi Chief Kevin, le chef de la tribu des Unis. Cette fois il est allé à la rencontre Flèches ardentes qu'on voit au début du rue ou pour lesquels nous d’Afro-Américains de la Nouvelle- film, tandis qu'ils dansent et chantent, n’avons plus de solutions Orléans, dont l’histoire porte l’empreinte dans leurs tenues traditionnelles, à l'oc- de siècles de racisme. casion du Mardi Gras, en guise de reven- d’hébergement. En effet, Tout au long de l'été 2017, au moment où dication d'un territoire ancestral usurpé – notre réseau d’hébergeants une série de meurtres de jeunes Noirs par car ce sont les peuples indigènes qui ont la police a secoué la communauté afro- accueilli au sein de leur communauté, en est arrivé à saturation et nous américaine, le réalisateur a suivi le quo- leur offrant leur protection, les esclaves tidien d'un petit nombre de personnes : qui avaient pu échapper au trafic des né- ne parvenons plus à couvrir Ronaldo et Titus, deux frères dont la griers. les besoins. Alors si vous avez jeune mère célibataire les a toujours te- nus loin des embrouilles ; Judy, issue What you gonna do when the world’s on envie de partager un bout de d'une famille de musiciens de Tremé, le fire ? nous offre des moments de pure votre toit, pour une nuit, pour quartier noir le plus ancien de toute la émotion, comme la scène de la parade Nouvelle-Orléans, qui a remis à flots le nocturne de bicyclettes illuminées, pour un mois ou pour un an, ou si bar historique Ooh Poo Pah Doo, deve- montrer l'unité du quartier noir contre vous êtes tentés par l’accueil nu une référence pour boire, jouer et par- la violence. C'est un authentique docu- ler des problèmes affectant les noirs ; le mentaire d'observation, mis en scène mais avec encore beaucoup parti des nouveaux Black Panthers, re- avec une maîtrise impressionnante, formé 50 ans après le mouvement révo- qui confirme l'engagement de Roberto de questions... n’hésitez pas lutionnaire d'Angela Davis pour organi- Minervini pour ce qui est de témoigner à nous contacter. ser une révolution, malgré les critiques du profond malaise causé par les inégali- des associations qui se battent contre tés et le racisme aux États-Unis, plus fla- Isabelle 06 95 25 00 36 le racisme aux États-Unis. Minervini suit grants que jamais depuis l'arrivée au pou- ou RESF 06 52 25 83 86 ces personnages dans leur enquête sur voir de la sinistre administration Trump. rivée à son orbite, mue par des forces immuables. Chacune connaît sa place et se garde de la remettre en question. Ce qui va faire la différence, c’est l'in- MONSIEUR telligence vive de Ratna. Elle observe, analyse sans disserter, anticipe les de- Écrit et réalisé par Rohena GERA tout le monde vous a vu grandir. Arriver mandes et finit par comprendre son Inde 2018 1h39 VOSTF dans l’immense capitale du Maharashtra patron à demi-mots, mieux que qui- avec Tillotama Shome, Vivek Gomber, procure dès lors une véritable sensation conque. Elle perçoit son profond désar- Geetanjali Kulkarni, Rahul Vohra, de liberté. Ici une veuve pas trop éplorée roi. La grandiloquence du paraître s’ef- Divya Seth Shah… (mariage de raison oblige) peut remettre frite. Bien calfeutré sous l’opulence, elle des bijoux sans qu’on l’accuse de tra- découvre le microcosme étriqué dans Au creux de l’hiver, rien de tel qu’un hir son défunt mari, sans passer pour lequel Aswhin évolue à petits pas dé- film ensoleillé tout droit venu du pays une dévergondée. On devine qu’elles jà vieux, du sofa au bureau, de son ap- des saris pour réchauffer nos sens en- sont nombreuses à être venues à la ville partement frigide à sa luxueuse voiture gourdis. Monsieur est une gourman- chercher une forme de rédemption, ou climatisée. Dans le fond lui aussi n’est dise, aussi tendrement colorée et épi- tout simplement la possibilité de respi- qu’un rouage, un mâle reproducteur cée qu’un subtil tandoori. Ne reniant rer, l’espoir d’avancer vers un futur plus prédestiné à perpétuer la dynastie fa- nullement les codes du cinéma popu- ouvert. Mais l’anonymat offert par cette miliale grâce à un mariage digne de son laire bollywoodien, il en élargit le champ, grande marée humaine ne résout pas rang. Son avenir est tout bouché, alors s’attaque aux carcans de la société in- tout. Il y a au moins une chose à laquelle que celui de Ratna est peuplé de tissus dienne contemporaine dans un remar- nul n’échappe : sa condition sociale. chatoyants, de marchés bruyants, de quable équilibre entre compréhension et Pas plus qu’on échappe à son genre. pousses verdoyantes, en un mot d’hu- dénonciation des traditions. Pour sa pre- Mais Ratna est loin d’être une victime manité. Il semble tout soudain qu’elle a mière fiction, la réalisatrice Rohena Gera soumise. Sous ses dehors dociles se tout à rêver, pas grand chose à perdre. s’attaque aux plafonds de verre et aux cache une volonté inflexible qui va pro- Sans mot dire, l’obéissante servante cages dorées de son pays natal, bous- gressivement attirer l’attention de son creuse son sillon, avec ténacité, forçant culant les convenances en douceur. nouveau maître, Ashwin. Bel homme le respect, même celui d’Aswhin, à son languide, il est le fruit d’une classe su- corps défendant. L’un et l’autre com- Quand Ratna arrive à Bombay, c’est périeure qui persistera toujours à mépri- mencent alors à s’épier, sans jamais comme une bouffée d’incognito salu- ser les humbles. Chez ces gens-là, on oser se frôler… C’est d’un romantisme taire pour la villageoise qu'elle a tou- ne marie pas les torchons avec les ser- fou ! jours été. Ici son passé ne lui colle plus viettes et les domestiques sont constam- Cela pourrait être l’histoire banale d’un aux babouches. Non qu’il soit si terrible, ment renvoyées à leur rang de serpil- amour empêché qui laisserait un sou- mais il est des préjugés ancestraux qui lière, de petit électro-ménager humain venir larmoyant et tragique. Mais dans persistent dans son village d’origine où interchangeable. Autant dire qu’Ashwin un ordre si bien établi, nul clan n’a be- chacun épie les faits et gestes des voi- ne prête d'abord pas plus d’attention soin de s’interposer entre les amoureux. sins, surtout ceux des voisines, des filles, à sa nouvelle employée qu’aux tapis Pas de poison, pas de poignards, pas des cousines… Impossible d’échapper de son salon. Ils appartiennent à deux de larmes… pas d’autres armes que les aux injonctions des parents, à l'obses- mondes opposés, deux planètes faites mots. Des mots qui enferment mais qui sion du qu’en dira-t-on dans un bled où pour ne jamais se rencontrer, chacune permettent aussi parfois de se libérer… Des nouvelles du Séance unique le mardi 8 janvier à 20h00, en partenariat avec Contraluz. La séance sera suivie d’une rencontre avec Maria Collectif 123 Soleil. Carrillo, enseignante à l’université d’Avignon, spécialiste de civilisa- Tout d’abord, un court rappel : tion latino-américaine. Vente des places à partir du 29 décembre. on parle ici des courts-métrages réalisés en une journée, écriture et tournage, avec des specta- teurs et des jeunes mineurs iso- GUANTANAMERA lés pris en charge par l’associa- tion 100 pour 1. Le festival Court C Court à Ca- brières d’Avignon, de nos amis de Cinambule, nous a invité pour une projection de 3 de ces court-métrages. C’était un plai- sir de voir les jeunes expliquer le projet, les tournages, les ren- contres… D’autres projections ont éga- Tomás GUTIÉRREZ ALEA coréalisateur et ami Juan Carlos Tabío lement eu lieu en avant-pro- et Juan Carlos TABÍO inscrivent les tribulations de leurs per- gramme du film Libre, à Utopia Cuba Espagne Allemagne 1995 sonnages. Ainsi tissent-ils à leurs tour- 1h45 VOSTF - Avec Carlos Cruz, ments intimes une kyrielle de savou- et jusqu’au fin fond de l’Ardèche, Conchita Brando, Raúl Eguren… reuses situations, où sont donnés à voir et à sentir les effets du rationnement, de paraît-il... C’est un film à multiples facettes : road- la corruption, de l’inflation, du trafic de Par ailleurs, les tournages s’ac- movie, comédie funéraire et romantique, voyageurs ou du marché noir – on achète farce politique, Guantanamera mêle habi- de l’ail à prix d’or sur le chemin, car il célèrent en cette fin d’année ! lement le grave et le léger, le désarroi et se fait rare à Cuba, comme on planque la cocasserie – comme avant lui Avanti ! une poule et des victuailles sous les cou- On en compte pas moins de 5 de Billy Wilder et Adieu Berthe de Bruno ronnes de fleurs du défunt ! effectués ou prévus. L’équipe ne Podalydès, autres comédies construites Tous ces gestes et petits arrangements autour d’un enterrement rocambolesque. avec les morts nourrissent ce road-mo- sait plus ou donner de la tête ! Ici, une tante amoureuse, ancienne can- vie drôlissime, dont l’humour confine tatrice à succès, rend l’âme et embarque souvent à l’absurde. La description de Devenant presque le Nouvel ses proches (et moins proches) dans un cette économie de survie convole en Hollywood Avignonnais ! voyage chaotique pour accompagner sa justes noces avec deux intrigues amou- dépouille dans un cimetière à La Havane. reuses : celle qui lie Candido et Yoyita, Il est vrai que la synergie autour À la tête de ce convoi, Adolfo, un petit amoureux en secret toute leur vie, dont bureaucrate ambitieux et borné, entend les retrouvailles sur le tard leur seront fa- du projet permet au collectif de profiter de la situation pour mettre en tales (qu’elle est belle, cette scène qui les œuvre son système de relais de corbil- filme tous deux se déclarant leur flamme, s’étoffer. De nouveaux réalisa- lards par les pompes funèbres régionales assis côte à côte au bord d’un lit !) ; la se- teurs prennent des tournages afin d’optimiser les frais de transport. conde qui rapproche Georgina (sensuelle C’est que nous sommes au mitan des Mirtha Ibarra), professeur d’économie à en main, des bénévoles se années 1990, quelques années après le l’université, et son ancien élève Mariano. début de « la période spéciale en temps Leurs émois se conjuguent au drame am- chargent de la cuisine et de la de paix » décrétée par le régime cubain biant dans un savant dosage d’ombre et régie. Un site va être crée et de qui, lâché par l’Union Soviétique, tente de lumière. Guantanamera distille ainsi sa de sortir de sa crise économique. C’est profonde joie de vivre, qui l’emporte sur nouveaux lieux de tournages dans ce contexte pour le moins tour- le marasme ambiant et fait du dernier film menté que Tomás Gutiérrez Alea, figure de Tomás Gutiérrez Alea, décédé un an sont en négociation. Un docu- centrale du cinéma cubain (La Mort d’un après sa sortie, un testament instructif et mentaire est même en cours de bureaucrate, Fraise et chocolat), et son joyeux. (Bande à part) tournage autour du projet... Comme vous voyez, le collectif Dimanche 6 janvier, 16h00, ex-caserne des pompiers, 116 rue est vivant ! Si vous voulez en de la carreterie, Avignon : Los reyes de Contraluz. Les rois- savoir plus, et même participer mages arrivent à Avignon, les bras chargés de cadeaux hispa- niques pour petits et grands. Renseignements et reservations : une seule adresse : [email protected] • Contraluz c’est aussi des conférences, des cours et des stages [email protected] intensifs d’espagnol... Toutes ces informations et bien d’autres sur contraluz.fr aux lois de la pesanteur, insaisissable et habile… Beffrois flaire le cambrioleur atypique. Plus par curiosité sans doute que pour faire son boulot de flic, il s'accroche à la maigre piste, remonte le fil des œuvres d'art, traîne dans les ateliers de peintre, UN BEAULe commissaireVOYOU Beffrois, lui, végète Écrit et réalisé par Lucas BERNARD croise plusieurs fois le voleur sans le sa- France 2018 1h44 dans son commissariat en attendant voir, et finit par tomber sur une jolie fille avec Charles Berling, Swann une proche retraite (Charles Berling… qui retape des tableaux, une passionnée Arlaud, Jennifer Decker, Jean- je suis d'accord avec vous : il ne fait à la présence intense, au regard fasci- Quentin Châtelain… pas son âge) qu'il s'apprête à affronter nant et qui, bien malgré elle, va l'amener seul (peut-être mais peinard ?), ses fils « C'est le plus grand des voleurs, oui embarquant leurs dernières affaires de vers ce beau voyou aimable et solitaire mais c'est un gentleman », susurrait l'appartement où trône un tableau que qui, au fond, lui ressemble, libre comme Dutronc… Ici, notre monte-en-l'air, qui sa femme (disparue) aimait. L'art mo- le vent, accroché à rien, mais artisan s'introduit nuitamment dans les appar- derne, ça n'a jamais été son truc à lui, méticuleux de son art si particulier. tements en passant par les toits, est un mais parce qu'il l'aimait, elle, il la suivait esthète, un malin, qui se faufile comme dans les expositions, intrigué par son C'est à Paris que cette histoire rocam- un chat, glisse dans l'ombre pour ac- goût pour la peinture abstraite. La vie lui bolesque et romanesque se passe, un complir ses larcins avec un talent vir- a donné, lui a repris, il n'en tire ni amer- Paris vu depuis ses ruelles sombres, ses tuose… Ni vu, ni connu, il ne laisse ja- tume ni orgueil. Il n'a plus rien à prou- toits en zinc gris qui brillent sous la lune, mais ni traces ni empreintes, juste un ver et rien ne l'entrave : libre comme l'air. ses chiens assis, ses façades superbes petit parfum de mystère. Sans obligations, il regarde le monde et où se balance nuitamment notre monte- la vie avec une sorte de distance cu- en-l'air encordé, grimpant de tabatière Dans la vie, on ne se méfie pas de lui, rieuse. Cette affaire-là, il devrait s'en en fenêtre… Superbe course-poursuite il a une allure fine et souple, un visage fiche, mais ce vol de tableau attire son où Charles Berling se révèle tout à fait à qu'on ne remarque pas, enfin, pas tout attention, intrigué qu'il est par la res- la hauteur de ce félin insaisissable qui ne de suite… Et bien malin qui soupçon- semblance du tableau dérobé avec celui cesse de lui échapper… nerait ce garçon dont on ne parvient ja- que sa femme avait acheté. L'élégance En filigrane de ce polar atypique où mais à deviner ce qu'il pense, ni qui il du procédé, le choix de l'œuvre volée l'amour permet à peine d'écorner le est vraiment. Il change de nom, s'invite vont le conduire très vite à faire le lien mystère, affleure, discrète et essentielle, dans la vie des gens, jusque dans leur avec d'autres histoires : ce voleur-là ne une réflexion sur l'art, la peinture… L'art lit où il invite ses copines. À l'aise par- fauche pas du lourd, des trucs impos- est-il une affaire d'initiés, de classe, de tout, il sait séduire sans effets, échap- sibles à fourguer… pas de Van Gogh milieu culturel ? Qu'est ce que le goût, pant aux questions par une pirouette, un ou de Canaletto. Non, des demi-poin- le « bon goût », qui est « légitime » pour demi-mensonge, ne se laissant jamais tures, des talents pas encore reconnus, décider ce qui est de l'art et ce qui n'en déstabiliser, esquivant tous les pièges… mais que le voleur a donc su apprécier. est pas ?… Les tableaux que l'on voit étonnant personnage. Un voleur qui en outre semble échapper dans le film sont de Philippe Derôme… PIG

(KHOOK) ron d'électeurs macronistes ayant cru à après l'autre décapités, tatoués d'un la transition écologique. Autoproclamé énigmatique « khook » (porc/pig) sur le Mani HAGHIGHI réalisateur le plus prometteur de sa gé- front. Le pire, ce n'est pas que le tueur Iran 2018 1h47 VOSTF nération (on n'est jamais mieux servi que pourrait s'en prendre à lui. Le pire c'est avec Hasan Majuni, Leila Hatami, par soi-même), Hasan est nettement au contraire qu'il l'ignore, niant ainsi son Leili Rashidi, Parinaz Izadyar… moins apprécié du régime de Téhéran. statut de cinéaste de premier plan. Ce Trois ans que, pour en avoir pris un peu qui fait descendre encore d'un cran son AMPHORE D'OR – FIFIGROT 2018 trop à son aise avec les canons de la moral dans ses chaussettes. (Festival International du FIlm censure, il est tricard des plateaux de GROlandais de Toulouse) tournage et doit pour survivre prosti- Critique mordante d'une frange de la tuer son immense talent dans la réalisa- société futile et mondaine, clinquante Gonflé, coloré, drôle, rageur et rock'n'roll, tion de publicités navrantes (et psyché- et désabusée, Pig décrit un petit mi- Pig est un objet filmique totalement im- déliques). Trois ans, c'est long, et voilà lieu d'artistes qu'on pourrait qualifier probable. À des années-lumières de la que sa muse, sa maîtresse, la magni- de bourgeois, privilégiés, clairement fê- critique sociale, sévère et réaliste, qui ir- fique Shiva (Leila Hatami, inoubliable in- tards, surtout attentifs à ne pas (trop) rigue le cinéma iranien tel qu'il nous ar- terprète de Une séparation), lasse d'at- déborder du strict carcan religieux pour rive habituellement, Mani Haghighi, na- tendre que son supposé Pygmalion soit pouvoir continuer à profiter des charmes guère scénariste pour Asghar Farhadi, à même de lui offrir le rôle qui la consa- fragiles d'une vie relativement insou- développe une idée très personnelle crera au firmament du cinéma iranien, ciante. On en est encore tout ébaubi, du cinéma. Bricolant ses films avec pas s'apprête à accepter de jouer dans le mais c'est l'ombre de Woody Allen qui mal de références, un amour des films film, un nanar historique aussi préten- plane sur Pig. Comme chez notre bino- de genre, un sens de l'humour acé- tieux que vain, que met en scène un ri- clard préféré, l'humour, omniprésent, y ré, une esthétique sophistiquée et un val de Hasan qui a, lui, les faveurs du est noir et désespéré. On y parle avec penchant certain pour le surréalisme, il Régime. Remâchant son amertume, un cynisme affecté d'amour et de ciné- prend cette fois de front le sujet de la sa jalousie et ses désillusions, Hasan ma, d'égotisme et de dieu – ainsi que censure dont le cinéma fait l'objet dans doit parallèlement déployer des trésors de l'influence des mères protectrices son pays. Mais avec, on le devine, beau- d'imagination pour éloigner de son che- sur la fièvre créatrice de leurs rejetons… coup de rouerie, il parvient à prendre le min une jeune fan un peu trop entre- Cinéaste dépressif aux amours contra- contre-pied de la censure en réalisant prenante, s'efforcer de mettre (à la de- riées, rongé par la jalousie et entraîné un film par elle inattaquable – on n'en fi- mande de son épouse légitime) un peu malgré lui dans une bondissante comé- nit pas de se demander par quel miracle d'ordre dans sa vie sentimentale, gérer die d'aventure sur les traces d'un mys- Pig a pu être produit, tourné, et pour fi- les sautes d'humeur de sa vieille mère térieux meurtrier, Hasan / Mani Haghighi nir exporté aux quatre coins du monde. qui entend veiller sur lui armée d'un fusil est un lointain cousin iranien de notre Décidément, rien ne va pour le pauvre antédiluvien… Woody, qui aurait troqué la pompe du Hasan Kasmai. La barbe en bataille Rien ne va pour Hasan, mais le pire est jazz Nouvelle-Orléans pour les riffs acé- sur un tee-shirt AC/DC débraillé porté pourtant à venir : un serial-killer a en- rés du hard rock. Parenté improbable comme un dérisoire étendard, le regard trepris de décimer les plus grands ci- qui augmente encore un peu le plaisir de noir, il est plus désabusé qu'un quarte- néastes du pays. On les retrouve l'un cette découverte ébouriffante. rencontre à Goa avec une jeune femme en retapant une petite maison à la cam- indienne. L’occasion d’un voyage au pagne, sillonnant en solitaire et en scoo- long cours, romanesque et magnifique- ter les environs, hantant les bars pour ment mis en scène, à travers lequel la des aventures sans lendemain. Une la- réalisatrice fait s’incarner les conflits in- tence, ponctuée de rappels à son passé térieurs en un personnage de témoin ac- douloureux, qui va prendre une nouvelle MAYA cro à la violence de son métier et tentant direction lorsqu’il rencontre Maya, la fille Écrit et réalisé par Mia HANSEN-LØVE de se ressourcer et de renaître. adolescente (de passage à Goa, au mi- France 2018 1h45 lieu d’études entre Londres et Sidney) Français et Anglais STF « Je m’épanouis dans l’action, pas dans de son parrain Monty, propriétaire d’un avec Roman Kolinka, Aarshi Banerjee, la parole ; ni psychanalyse, ni bouquin. hôtel de luxe niché dans une nature pa- Alex Descas, Judith Chemla, Ma thérapie ne passe pas par ça. » radisiaque. Au fil du temps qui passe Johanna Ter Steege… Rapatrié à Paris après quatre mois de entrecoupé par les périples de Gabriel captivité en Syrie, Gabriel est meurtri. à la découverte de l’Inde, une attirance « Aucun monde n’est plus réel qu’un Simulacres d’exécution, sévices, dépla- se développe tandis que commencent à autre ». En partant tourner en Inde, Mia cements forcés, cris des autres détenus, planer d’étranges menaces… Hansen-Løve ne fait pas mystère de sentiment de culpabilité d’avoir laissé un ses intentions de sonder le voile des il- collègue derrière lui : à part avec Fred, C'est une belle histoire d’amour dont lusions. Culpabilité, sentiment de vide, autre journaliste libéré en même temps Mia Hansen-Løve sait à merveille saisir poids du passé, découverte de nou- que lui, il n’arrive à échanger avec per- toutes les étapes en donnant le temps veaux territoires, beauté intemporelle du sonne, se sentant vide et faisant le vide de s’installer aux nuances de son vaste monde, sentiments purs et manœuvres autour de lui. Il décide alors de partir en récit, Maya est un film visuellement très de l’ombre, guerre et amour : le long mé- Inde, un pays dont on découvrira plus riche et esthétiquement très accompli, trage parcourt souterrainement une mul- tard qu’il y a vécu les sept premières an- la cinéaste ayant de toute évidence une titude de thèmes sous l’enveloppe d’une nées de sa vie et où sa mère est restée, connaissance approfondie des splen- intrigue tissée autour du fil de la recons- pilotant une ONG à Mumbai. deurs de l’Inde. truction psychologique d’un reporter de Mais c’est à Goa que Gabriel s’installe, guerre occidental traumatisé et de sa dans un bungalow en bord de mer tout (F. Lemercier, Cineuropa) En cette rentrée, Nous recevrons, pour la séance de Dovlatov du lundi 7 janvier à 18h15, l’association Joël Chapron, responsable des pays d’Europe Centrale et Orientale à UN POUR UN Unifrance (organisme chargé de la promotion du cinéma francais dans le a besoin de tuteurs ! monde). Il est également le rédacteur des sous-titres d’un grand nombre de N’hésitez plus ! films russes (Les sous-titres de Leto, c’est lui !) et d’un grand nombre d’in- terviews de cinéastes. Séance supplémentaire le samedi 12/01 à 10h15. Nous vous attendons ! L’Association Un pour un Avignon, c’est un adulte bénévole nommé « Tuteur » qui accompagne un enfant venant d’arriver en France (C.P. ou C.E.1), scolarisé à l’école primaire à Avignon, et ceci pendant quelques heures par semaine, durant un an, voire deux maximum, pour l’aider à bien maîtriser la langue française, en lien avec l’école et les parents. Notre choix est l’accompagnenement par le biais de la culture au sens large : conversations, théâtre, cinéma, bibliothèques, musées, promenades dans la ville ou aux alentours… Les rencontres sont individuelles, mais aussi collectives avec des animations de groupes et des journées festives. L’association est dans un bon rythme de croisière, avec une trentaine d’enfants, ce qui permet volution d’Octobre. Hasard du tour- de bien nous connaitre. nage ou patience délibérée du cinéaste, il neige sur Leningrad (l’actuelle Saint- Chaque année, il nous faut faire Pétersbourg). Les lampions, les affiches appel à de nouveaux bénévoles, colorées à l’effigie de Marx, Engels et Lénine sont voilés par les flocons, mas- pour que les nombreux DOVLATOV Alexeï GUERMAN Jr qués par le brouillard. La question impli- enfants en liste d’attente en Russie 2017 2h06 VOSTF cite est, bien sûr : comment pouvait-on cette rentrée scolaire, puissent avec Milan Maric, Artur Beschastny, espérer bâtir un monde nouveau dans les bénéficier de notre aide. Helena Sujecka, Danila Kozlovsky... congères, sous des arbres sans feuilles ? Scénario d’Alexeï Guerman Jr et Yulia Tupikin. Dans cette agitation propagandiste, Chacun apporte, selon ses Sergueï Dovlatov (l’acteur serbe Milan moyens, ses compétences et Présenté lors de l’hiver 2017 à la Berlinale, Maric) traîne sa grande carcasse, tentant le temps dont il peut disposer, ­Dov­latov est comme le pendant enneigé de son mieux de collaborer à de petites et angoissé du très solaire Leto (l’été), de publications émanant de diverses ins- avec une grande souplesse, dans Kirill Serebrennikov. Là où Serebrennikov tances du parti. un plaisir partagé et aussi des célébrait l’éclosion d’une génération, Le réalisateur est né en 1976, peu échanges d’expériences. celle qui allait vivre la fin du système so- de temps avant que Dovlatov ne soit viétique, le film d’Alexeï Guerman Jr ac- contraint à l’exil. Le père du cinéaste – Alors n’hésitez plus ! Venez en compagne les aînés des jeunes rockeurs Alexeï Guerman – vit le plus fameux de de Leto à ­l’entrée de la dernière glacia- ses films, La Vérification, rester sur les parler avec nous, et c’est avec tion ­politique, en 1971, sous la houlette étagères de la censure soviétique pen- grand plaisir que nous vous de l’un des héros de ce temps, l’écrivain dant quinze ans, de 1971 à 1986. Mais Sergueï ­Dovlatov. Guerman père, qui travaillait à Leningrad, accueillerons dans notre équipe ! se refusa toujours à l’exil. Il y a sans doute Vous pouvez consulter notre Plutôt que d’embrasser tout le parcours quelque chose d’un hommage filial dans site 1pour1-avignon.fr où de l’écrivain Sergueï Dovlatov, né en la manière dont son fils filme la métropole figurent toutes nos activités ainsi 1941, exilé aux États-Unis de 1978 à sa des Soviets, les bureaux où agonisent les mort en 1990, Alexeï Guerman Jr a choisi plantes vertes, les appartements collec- qu’un formulaire de candidature de le suivre à la trace pendant quelques tifs, une étrange nostalgie mêlée d’hor- et nous contacter via jours de l’année 1971, au moment de reur pour le défunt système. [email protected] la célébration de l’anniversaire de la ré- Thomas Sotinel, Le Monde AYKASergey DVORTSEVOY Russie 2018 1h40 VOSTF avec Samal Yeslyamova, Zhipargul Abdilaeva, David Alaverdyan, Sergey Mazur… Scénario de Sergey Dvortsevoy et Gennadii Ostrowskii

FESTIVAL DE CANNES 2018 : PRIX D'INTERPRÉTATION FÉMININE POUR SAMAL YESLYAMOVA

Parfois, quand on a aimé ou quand on aime certains cinéastes, il faut savoir prendre son mal en patience. Au Festival de Cannes 2008, il y a donc déjà dix ans, on découvrait, émerveillés, Tulpan, splendide chronique kazakh désabusée autour d'un jeune marin revenu dans sa steppe pour tenter d'épouser une belle qui ne voulait pas de lui pour cause d'oreilles décollées. Une pépite de sen- sibilité et d'humour qui révélait entre autres une merveilleuse comédienne de 19 ans : Samal Yeslyamova. Le film rem- porta alors le Grand prix de la section .

10 ans plus tard, le réalisateur et son ac- trice sont revenus à Cannes, en compé- tition officielle cette fois, et le jury a dé- cerné à Samal un Prix d'interprétation féminine largement mérité. Il faut dire que dans le palpitant et terrible Ayka, elle est de tous les plans ou presque. Presque puisque le film s'ouvre sur le plan saisissant et ubuesque de quatre nourrissons emmaillotés, serrés comme des saucissons et alignés sur le cha- riot d'une maternité. Un peu plus tard, nous découvrons Ayka, encore hébétée par les souffrances de l'accouchement et déjà un peu malmenée par les sages- femmes qui lui demandent sans ména- gement d'allaiter illico son bébé. Mais la jeune mère – scène hallucinante – vie par des usuriers compatriotes à qui Le film a été inspiré au réalisateur par profite d'un passage aux toilettes pour elle a emprunté de l'argent pour monter une statistique effarante sur le nombre plonger par un vasistas et fuir dans les un très hypothétique salon de couture. de jeunes émigrées kirghizes abandon- rues enneigées de Moscou, aux prises nant leurs enfants dans les maternités avec une tempête exceptionnelle. Et La mise en scène suit Ayka au plus près, moscovites. Il en profite pour témoi- elle se hâte de rejoindre son lieu de tra- caméra au poing, dans chacun de ses gner de la ségrégation et du racisme vail qu'elle semble d'ailleurs avoir quit- gestes, dans chacun de ses efforts pour ambiant dans une société malade où le té depuis peu : un abattoir clandestin survivre coûte que coûte. Cette radica- chacun pour soi et l'indifférence au mal- où elle plume frénétiquement des pou- lité donne une force incroyable au film et heur d'autrui sont la règle, une société lets dans une atmosphère étouffante et fait irrémédiablement penser au Rosetta totalement inégalitaire, symbolisée par surchauffée, sous les hurlements des des frères Dardenne, autre grand film sur ces scènes dans le cabinet vétérinaire contremaîtres et malgré les douleurs une guerrière du quotidien. Et c'est évi- où se presse la nouvelle bourgeoisie, et qui la plient en deux. Mais le patron, es- demment la performance exceptionnelle où iguanes et chiens de race sont trai- croc patenté, s'enfuit avec les volatiles de la comédienne qui nous embarque tés avec bien plus d'humanité que les et les salaires des ouvrières. Alors la définitivement, en nous faisant ressentir femmes de ménages d'origine étran- jeune femme, dépitée et épuisée, rejoint ses souffrances physiques, en nous fai- gère… enfin un logement insalubre où s'en- sant partager son tourment grandissant tassent des jeunes hommes et femmes après l'abandon de son enfant, en nous Ayka fait donc partie de ces films dont kirghizes, venus comme elle chercher faisant maudire aussi profondément on ne sort pas indemne mais qui nous fortune (ou pas) dans la capitale mosco- qu'elle les crapules qui l'ont mise dans exaltent par leur force et par leur beau- vite. On comprend peu à peu le destin de cette situation. C'est aussi bouleversant té (plusieurs séquences d'Ayka sont vi- Ayka, endettée jusqu'au cou et poursui- qu'exaltant ! suellement splendides). Bohemian

BryanRhapsody SINGER rences à cause de la peur du rejet… il ne USA 2018 2h15 VOSTF les tait pas. Tout cela reste présent dans avec Rami Malek, Gwilym Lee, le creux de nos têtes comme de vieux Lucy Boynton, Ben Hardy, démons tapis dans l’ombre. On entend Joseph Mazzello, Aidan Gillen… le mal-être de Freddie qui lui collera tou- Scénario d'Anthony McCarten jours aux basques, ses incertitudes, son besoin de se sentir aimé, mais ce qu’on Pour y trouver son compte et même y voit surtout, c’est sa part lumineuse, sa prendre un vrai plaisir, il faut prendre ce force vitale époustouflante, son côté vi- Bohemian Rhapsody pour ce qu’il est, sionnaire, analytique. On se régale de dé- une fiction qui va parfois vite en besogne, couvrir son entourage, les membres du fait des impasses, raconte une histoire, groupe Queen en action, leur symbiose, l’enjolive où il faut, rabote certains angles, leurs agacements aussi. Si le scénario en met d’autres en valeur, parsème la vé- fait des ellipses, change la chronologie rité d’anecdotes piquantes… C’est tout des choses pour donner plus de tension l’art de conter : ne pas perdre le public en au récit, son efficacité nous donne l’envie route, le tenir en haleine jusqu’au bout, le d’aller creuser plus loin. On apprécie qu’il faire rêver. Le pari est assez réussi. garde des parts d’intimité, ne joue pas trop sur la corde sensible et ne sombre Rami Malek campe un Freddie Mercury pas dans un voyeurisme facile. (né Farrokh Bulsara en 1946 dans le pro- tectorat de Zanzibar) touchant, plein Et puis il y a cette fin tragique de anti- d’humour, tout à la fois puissant et fra- héros mort trop tôt, sans savoir qu’il fal- gile. Le film nous plonge dans ses ori- lait se protéger, quand le mot Sida n’avait gines culturelles, cultuelles, sociales, même pas encore été inventé. Cette fin familiales, avant qu’il ne devienne une qui se transforme en victoire sur les pré- icône intouchable. Une vie qui démarre jugés et la bêtise, qui se termine par cette comme un conte de fées : le petit ca- chanson prophétique qui résume en nard atypique, parfois malmené, décou- quelques lignes toute une existence, les vrira bientôt qu’il peut déployer des ailes combats d’une vie, nous exhorte à ne ja- de cygne. Si le film ne fait pas son fond mais baisser les bras et prend en regard de commerce du racisme, de l’homopho- du récit toute son ampleur : « We are the bie, de la difficulté à assumer ses diffé- champions, my friends ! » ASAKO I&II

Ryûsuke HAMAGUCHI remake inversé du Vertigo d’Hitchcock pour finalement faire le choix de- l’ur Japon 2018 1h59 VOSTF où ce n’est plus James Stewart qui mo- gence, de l’évacuation permanente : la avec Masahiro Higashide, Erika Karata, dèle Kim Novak pour en faire le un sosie, temporalité du rêve étant ce qu’elle est… Koji Seto, Rio Yamashita… mais Asako, elle, choisit un sosie et ne le Le Baku étant une créature mythique du Scénario de Sachiko Tanaka et change pas. folklore qui se nourrit des rêves et des Ryûsuke Hamaguchi, d'après le ro- cauchemars. man de Tomoka Shibasaki Asako I&II signe un tournant artistique Ici, les personnages sont forts. On sent majeur pour Ryûsuke Hamaguchi après l’admiration d’Hamaguchi à leur égard. Parce qu’un jour Baku apparaît. Parce dix années d’une carrière particuliè- La disparition d’un personnage (c’était qu’Asako est une grande amoureuse. rement indépendante et non expor- déjà déjà le cas dans Senses) est fina- Parce que Ryûsuke Hamaguchi n’a tée. Après la fresque chorale Senses, lement chez lui l’épicentre d’un séisme probablement rien à apprendre des ce nouvel opus confirme l’accès d’Ha- dont il va falloir se remettre, toujours ac- Fragments d’un discours amoureux de maguchi au panthéon des grands ci- compagnés par les autres. Au cœur : ex- Roland Barthes, indétrônable, éternel. Et néastes japonais. Le film est ainsi tout plorer le choc de sa propre compréhen- parce que chaque mot d’Asako à Baku sauf une simple bluette. Il est une œuvre sion – brutale, douloureuse, mais aussi résonne avec une acoustique rare : celle incroyablement aboutie dans les stan- féconde – quand la clé d’une énigme in- d’un cri d’amour murmuré. Tout cela dards du cinéma moderne, où s’ins- time se démêle enfin, elle qui nous téta- annonçait la couleur d’une sidération tille une décennie de recherche autour nisait depuis des années… lorsque le fantasque Baku, sans crier des répercussions intérieures des bou- gare, disparaît du jour au lendemain… leversements extérieurs… La mise en On suit donc le parcours d’Asako, de Sans cette absence, Asako aurait été in- scène, puissante, décrypte le réalisme l’adolescence à l’âge adulte. Sur le fil de demne, hermétique à sa propre compré- des illusions. Jusque dans cette scène la vacillation, sans pour autant s’aban- hension. Avec cette absence : elle au- où Asako, avide de regarder la mer, se donner. Et cette belle histoire permettra ra été (Asako I) et sera (Asako II). Puis heurte à un Baku qui ne la voit pas, ca- peut-être, à ceux qui savent l’interpréter, en aimera un autre : quoiqu’un sosie. Un ché derrière une muraille en béton. L’a- d’apprendre à être serein et conquis en clin d’œil au chef d’œuvre de Buñuel, t-il d’ailleurs jamais vue ? Lui qui va à amour… Tout du moins : d’oser rester fi- Cet obscur objet du désir. Ou encore un contre-courant de ce à quoi elle aspire dèle à soi. concert événement Ici-bas, les Mélodies de Gabriel Fauré vendredi 18 janvier > 20 h 30 à La Garance

BAUM OLIVIER MELLANO GUITARE, DIRECTION MUSICALE SIMON DALMAIS PIANO ANNE GOUVERNEUR VIOLON MAËVA LE BERRE VIOLONCELLE

AVEC LES VOIX DE ÉLISE CARON HUGH COLTMAN JOHN GREAVES SANDRA NKAKÉ HIMIRO PAGANOTTI ROSEMARY STANDLEY

TEATRO NACIONAL D. MARIA II (LISBONNE) TIAGO RODRIGUES théâtre Sopro Souffle vendredi 25 janvier > 20 h 30 à La Garance

Spectacle en portugais surtitré en français

04 90 78 64 64 LAGARANCE.COM

DESIGN GRAPHIQUE ROUGE ITALIQUE / PHOTOS CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE LICENCES 1.1074005 2.1074006 3.1074004 récit de Tina, admirablement interpré- son semblable ? Intriguée, fascinée, elle tée par la splendide et méconnaissable le piste, et le découvre, dans les bois, à – extraordinaire travail de maquillage – l'aise comme un animal qui retrouverait Eva Melander. son milieu naturel… Commence, alors, dans les décors naturels de la forêt qui Tina a un physique étrange, et disons- borde la petite maison de Tina, une rela- BORDER(GRANS) le, avec ses traits bestiaux, un visage tion sauvage, très surprenante, où Tina réellement disgracieux. Tellement diffé- va découvrir ce qu’elle est, en réalité : Ali ABBASI rent qu’on se demande – et cette pre- un véritable choc existentiel pour elle, Suède 2018 1h50 VOSTF mière réaction nous démontre immédia- et cinématographique pour nous, où un avec Eva Melander, Eero Milonoff, tement à quel point le propos du film est lac, un orage, la pleine lune sont autant Jörgen Thorsson, Viktor Akerblom… essentiel ! – comment son père, qu’elle d’éléments qui poussent à la métamor- Scénario d'Ali Abbasi, visite tendrement en maison de retraite, phose, dans la douleur comme le plaisir. Isabella Eklöf et John Ajvide ou ses collègues de travail, arrivent à Lindqvist, d'après son roman la regarder sans ciller… Tina est em- Si les surprises sont de taille, elles ne ployée des douanes : la meilleure pour sont jamais gratuites dans ce deuxième FESTIVAL DE CANNES 2018 : renifler, au sens propre, narines dilatées long métrage d’Ali Abbasi (son premier, GRAND PRIX UN CERTAIN REGARD comme une louve, non seulement les Shelley, est resté inédit chez nous) : le substances illicites que tentent de faire cinéaste interroge, comme rarement, C'est un film hors normes, qui déroute passer les voyageurs qui descendent du à la manière d’un drôle de thriller, d’un et dérange autant qu'il émerveille. Au ferry, mais, surtout, leurs… émotions. conte à la fois naturaliste et fou, les no- fil d'un récit sans cesse surprenant qui Quand ils transpirent la honte, la peur, la tions d’humanité et d’animalité, et leurs part d'une réalité présentant toutes les culpabilité, Tina le sent, et ne se trompe frontières (Border ou Gräns, le titre origi- caractéristiques de l'ordinaire pour bas- jamais. La police sollicite même son nal suédois). Il adapte un roman de John culer dans le fantastique, Border est « super pouvoir » pour débusquer, dans Ajvide Lindqvist, l’auteur suédois qui une formidable fable politique sur l'al- un immeuble, des pédophiles qui ont avait déjà inspiré le remarquable Morse, térité, l'acceptation de la différence, de l’air au-dessus de tout soupçons. Oui, de Tomas Alfredson, où le vampirisme l'autre, même quand celui-ci semble in- ce couple de trentenaires apparemment prenait des formes quotidiennes. Ici quiétant et monstrueux, une invitation cool sont des ordures, elle en est sûre (mais, pas question de trop en dire), une permanente à gratter derrière les ap- et certaine. Des humains qui ne méritent autre figure mythologique, passe pour parences, qui fait cheminer le specta- aucune pitié… être, non pas l’avenir de l’homme, mais teur par tous les sentiments et tous les Un jour, à son poste de douane, passe un à la fois son bourreau, et sa forme la états. Il y a fort à parier qu'Ali Abbasi, homme qui lui ressemble : un physique plus pure. Car si la nature humaine est cinéaste d'origine iranienne exilé dans la aussi dérangeant qu’elle, une manière monstrueuse, il ne reste, peut-être, que froide Scandinavie, a du puiser dans son de bouger, de regarder, de sentir de tous les monstres pour nous faire la leçon… propre destin de quoi nourrir le fascinant ses sens… Tina aurait-elle, enfin, trouvé (d'après G. Odicino, Télérama)

UNE FEMME D'EXCEPTION

Mimi LEDER formes de discrimination et a fait pro- Ce n’est qu’une donnée supplémen- USA 2018 2h VOSTF gresser les droits des femmes, des mi- taire qu’elle intègre dans son agenda : avec Felicity Jones, Armie Hammer, norités raciales, des gays… bébé, cours, hôpital, aller supplier le Justin Theroux, Kathy Bates… doyen d’assister en parallèle aux cours Scénario de Daniel Stiepleman Le film cueille Ruth au moment où elle que rate son époux pour qu’il ne perde est encore étudiante à Harvard. Les pas son année… Waouh ! Rien que ça, La femme d'exception du titre, c'est filles qui étudient le droit sont rares et ce ça scotche ! Mais ce n’est que le début Ruth Bader Ginsburg, désormais élue n’est pas le doyen de la faculté qui les d’une grande carrière dans laquelle elle juge à la Cour suprême des États-Unis, met à l’aise quand la première question arrivera par des moyens détournés à au grand dam de Donald Trump qui ai- qui lui brûle les lèvres est : « Et pourquoi monter les échelons. Leçon numéro 1 : merait tant l’en dégager. Il faut le com- (sous entendu : comment osez-vous ?) si tu jettes RBG par la porte, elle revien- prendre : existe-t-il pour lui adversaire occuper une place qui est dévolue à dra par la fenêtre, ou par la cheminée : plus redoutable qu’un esprit brillant qui, l’homme ? ». Alors que les huit autres car après tout, dans quel article de loi sans être millionnaire, sans acheter per- étudiantes rougissent d’humiliation, de est-il inscrit que le rôle de Père-Noël est sonne, est plus populaire que lui et le colère rentrée, Ruth, malicieuse, affi- interdit aux dames ? restera certainement plus longtemps chant le plus doux des sourires polis, le après sa disparition que bien des pré- renverra poliment à ses fourneaux. Oui Si le scénariste du film rend si bien hom- sidents des États Unis de l’impitoyable elle est femme, oui elle est mère, oui elle mage à cette magnifique juriste, héroïne Amérique. À 85 ans, elle est devenue la est juive ! Et alors ? Si la Constitution ne des temps modernes, c’est qu’il est son coqueluche de plusieurs générations. lui donne pas les mêmes droits que ses propre neveu. Pour l'anecdote, quand il Une véritable icône du pop art, indémo- congénères, c’est qu’il faut la changer ! l’a appelée pour lui demander l’autorisa- dable, indétrônable. Ruth est sans doute Rien que ça ! Et si le combat doit prendre tion d’écrire sur elle, RBG lui a répondu, la seule juge au monde à avoir des mugs le temps d’une vie, ce sera la sienne ! taquine : « Si c’est ça que tu as envie de à son effigie, des tee-shirts, des pins ! Et tandis que, le soir, elle jongle avec faire de tes journées… ». Et elle ne lui On la représente en Wonder Woman, les langes du bébé, les cours à potas- fera pas de concession. Il veut dresser avec une couronne sur la tête, voire en ser, celui qu’elle aime, qui l’épaule, qui son panégyrique ? Soit, elle en fera un madone ! Certain-e-s vont jusqu’à faire va tomber gravement malade. Il y aurait outil de plus au service de ses convic- tatouer son portrait sur leur chair tendre. de quoi baisser les bras. Mais c’est à se tions : bouger les marques, abattre les Mais au-delà de ce qui peut sembler un demander où ce petit brin de femme va préjugés et pour cela il faut viser où ça effet de mode, il y a la reconnaissance puiser sa force… Non mais ! C’est tout fait mal, avec élégance. Ses plus belles de tout un peuple pour celle qui a lut- de même pas un vulgaire cancer qui au- armes seront toujours ses traits d’es- té, continue de lutter contre toutes les ra sa peau ni celle de son bonhomme ! prits redoutables ! BASQUIAT, UN ADOLESCENT À NEW YORK

(BOOM FOR REAL) compagnie de son acolyte Al Diaz, les rock qui est en pleine ascension. Il joue murs de courtes phrases, tantôt pro- d'ailleurs dans un groupe de noise rock, Film documentaire de Sara DRIVER vocatrices, tantôt poétiques, sarcas- Gray, avec Vincent Gallo. Il croise Jim USA 2018 1h18 VOSTF tiques ou ironiques, en signant SAMO© Jarmush, Fab 5 Freddy, Keith Harring, avec Alexis Adler, Al Diaz, (Same Old Shit, qu'on peut traduire et une tonne d'autres artistes plus ou Fab 5 Freddy, Lee Quiñones, par « Toujours la même merde »). À moins connus. Il est tour à tour peintre, Luc Sante, Jim Jarmush… cette époque, New York est en proie poète, sculpteur ou musicien, c'est un à la violence, les rues ressemblent à touche-à-tout habité par une énergie On ne présente plus Jean-Michel des champs de bataille et la haine ra- créatrice illimitée. Il écrit une pièce de Basquiat, artiste génial et véritable étoile ciale est omniprésente. Les quartiers théâtre, joue dans un film, customise filante qui a marqué de son empreinte le sud de Manhattan sont une véritable des fringues et fabrique des cartes pos- monde de l'Art du xxe siècle de manière cour des miracles qui rassemble des tales pour les vendre, il est infatigable. indélébile. Ce documentaire revient sur artistes de tout âge s'inspirant mutuel- Après un temps d'errance, il finit par ha- ses débuts à New York. Il mêle remar- lement. Ils vivent dans des immeubles biter avec Alexis Adler, ce qu'on pourrait quablement la vie culturelle et artistique en ruine et les rues sont infestées par la appeler sa petite amie régulière. Il utilise du New York underground entre 78 et drogue, c'est une véritable zone de non- alors tous les supports pour s'exprimer, 81, avec celle du jeune artiste qui fait ses droit. Le soir venu, tout le monde se re- allant même jusqu'à peindre la porte premières armes. Utilisant des images trouve dans les clubs et bars embléma- du frigo, la télévision ou les portes de d'archives inédites, des photos et des tiques de l 'époque : CBGB, Mudd Club, l'appartement. On peut maintenant voir entrevues avec les proches de Basquiat Studio 54… Mais la ville reste dange- ses fameuses œuvres lors des exposi- à cette époque, le film relate l'éclosion reuse, la criminalité est endémique, New tions qui lui sont dédiées… Impensable d'un génie avant qu'il ne devienne une York est au bord de la faillite. à l'époque. Bref, ce documentaire nous star et tombe dans une toxicomanie relate magnifiquement la naissance d'un destructrice. C'est dans cette jungle urbaine que artiste profondément humaniste, et ex- Basquiat va puiser son inspiration. plore les mouvements qui l'ont inspiré et À dix-huit ans, Basquiat dort dans la Artiste engagé politiquement dès le dé- marqué, tout comme l'influence qu'à pu rue ou squatte sur un canapé chez des but, il suit également le mouvement hip- exercer sur lui cette métropole en pleine potes. Il vit de trois fois rien et tague, en hop qui est en train de naître ou le punk déliquescence. Alain assume son choix, car il estime que le texte est trop cru et ne corres- pond pas aux attentes des lecteurs. Mais en même temps (ah oui, encore ce « en même temps »), il se pose des ques- tions sur la fiabilité de son jugement, car DOUBLES VIES son épouse Selena () a, Écrit et réalisé par Olivier ASSAYAS à l’heure donc où le numérique vient de son côté, adoré – par ailleurs elle se France 2018 1h48 bousculer les anciennes pratiques de refuse à l’idée de la mort du papier au avec Guillaume Canet, Juliette Binoche, lecture et de publication. L’art, le ciné- profit des « liseuses numériques ». Vincent Macaigne, Norah Hamzawi, ma, la littérature : tout est mangé à la Léonard, vaguement rebelle, se drape Christa Théret, Pascal Gréggory… sauce écran et bien malin qui pourrait prédire de quoi l’avenir sera fait pour dans une posture d’artiste maudit et in- On vit une époque redoutable. Hier les vieux modèles, ni même la pérenni- compris et ce n’est pas sa compagne, encore, le cinéma se fabriquait pour té des nouveaux modes de consomma- attachée parlementaire débordée d’un la salle, la critique s'exprimait dans tion culturelle. Dans les couloirs feutrés député engagé et forcément à gauche, la presse et le temps, c’est certain, d’une belle et classieuse maison d’édi- qui va le réconforter. s’écoulait avec beaucoup moins de fré- tion, on ne sait plus à quel saint se vouer. nésie. Aujourd’hui, ce sont des géants Alain (Guillaume Canet, très bon), le res- Autour de ce manuscrit vont se cristal- du numérique qui font le cinéma (voir ponsable, est persuadé que le digital est liser les tensions du petit microcosme Scorsese et les frères Coen faire la l’avenir du métier, surtout s’il est placé de l’Art en général, de la littérature et du promo de Netflix, ça nous fend bien le entre les mains de personnes comme cinéma en particulier, autant que celles, cœur), tout le monde et n’importe qui Laure (Christa Théret), sa jeune, jolie et plus intimes et inavouées, que vivent les peut donner son expertise à grand coup talentueuse collaboratrice qui a plein protagonistes. Jusqu’où est-on prêt à de blogs, de tweets ou de publications d’idées pour révolutionner le monde se corrompre, à se mentir, à tromper les sur un mur virtuel. Pourtant, faut-il dire de l'édition et mettre un bon coup de autres pour réussir, pour sauver les ap- que l’époque est moins intéressante « point zéro » dans la fourmilière. Alain parences, ou une pose sociale, ou son ? Doit-on affirmer que « c’était mieux a conscience que le lectorat change et couple ? C'est dans ces interrogations avant » ? Assistons-nous à la fin d’une qu’il lui faut renouveler les auteurs em- que Doubles vies dépasse le petit milieu époque ? D’un cycle ? D’un monde ? Il y blématiques de sa société. artistique parisien qui aurait pu l'étouffer, a bien toutes ces questions dans le nou- Pas de bol pour Léonard (Vincent veau film d’Olivier Assayas, une œuvre Macaigne, égal à Vincent Macaigne) qui, c'est dans le regard ultra-lucide, amusé diablement intelligente et précise, à incapable de signer autre chose que et souvent grinçant, qu'il porte sur des l'écriture riche et complexe, aux dialo- des « auto-fictions » où il revient sur ses personnages un peu perdus dans un gues ciselés, souvent drôles, toujours aventures sentimentales tumultueuses, monde en pleine mutation, que le film rythmés. s’essouffle à essayer de retrouver le prend toute sa dimension, qu'il nous succès de son premier roman. Au terme concerne, nous touche et nous fait rire. C’est une sorte de comédie morale fil- d’un déjeuner amical, Alain lui fait com- Une vraie réussite qui confirme la place mée comme un ténébreux thriller d’es- prendre qu’il ne publiera pas son nou- de tout premier rang qu'occupe désor- pionnage qui se situe dans le secteur veau texte, qu’il est temps de changer, mais Olivier Assayas dans le cinéma de l’édition, en plein bouleversement, de registre ou d’éditeur. français. TV, radios, réseaux sociaux, jour- naux, TOUS parlent de handicap, d’homophobie, de racisme… Ces sujets font notre quotidien. Venez les partager avec nous et exprimer vos émotions le vendredi 21 décembre à 19h00 au complexe socio-culturel de la Barbière à Avignon, 10 av. du Roi Soleil, lors d’une représentation de Théâtre Forum par la compagnie Vies à Vies. Entrée Libre - Contact et réservation : 06 27 19 14 67 A BREAD FACTORY Partie 2 UN PETIT COIN DE PARADIS

Écrit et réalisé par Patrick WANG l’adaptation d’Hécube d’Euripide. Mais rieur d’un seul film. Procéder autrement USA 2018 2h02 VOSTF le vrai spectacle se situe peut-être à risque de déboucher rapidement sur le avec Tyne Daly, Elisabeth Henry, l’extérieur. Après avoir été au centre des désordre et la confusion. Toutefois un James Marsters, Nana Visitor, préoccupations, la Bread Factory est mélange de styles peut être un moyen Brian Murray, Janeane Garofalo... toujours en danger. La menace, cepen- idéal de façonner le rythme d’un film, en dant, se fait plus diffuse : face à toutes y injectant l’aiguillon de l’imprévisible ». Après une première partie où Patrick ces transformations dans la ville, les ha- (Patrick Wang) Wang étonnait par son sens de la co- bitants y prêtent tout simplement moins médie, jusque-là inédit dans son ciné- attention… On ressort des quatre heures de A bread ma, Un petit coin de paradis ne cesse « Je trouve excitant de travailler sur un factory 1 et 2 avec l’impression de faire de nous surprendre. Le réalisateur y joue vaste éventail de styles de comédie : de partie d'une famille fragile, mais telle- avec les genres, réinvente la narration et comportement, physique, visuelle, de si- ment unie, créative et démocratique. prend le parti de la fantaisie. La ville en- tuation, de langage. Les comédies se li- L’utopie s’invente encore au coin de la tière devient une scène où chaque per- mitent souvent à une gamme restreinte rue pour ceux qui ne lâchent jamais l’af- sonnage cherche à jouer son rôle – sous d’outils et de conventions, à l’inté- faire et ça, c’est toujours bon à prendre. l’œil inquisiteur des téléphones por- tables, solidement attachés à leurs in- dispensables « perches à selfies ». Le film ainsi se dérobe et s’échappe, trans- Nous profitons de la sortie de A bread factory, part 2 : formant son récit en une expérience sensorielle. Sous toutes ses formes, le un petit coin de paradis pour programmer à nouveau cinéma de Patrick Wang dresse le por- A bread factory, part 1 : ce qui nous unit afin que vous puissiez trait sensible d’une Amérique aux mille visages et questionne sans relâche l’art enchaîner les deux parties avec une belle pause entre les délicat du vivre-ensemble. deux séances (8 euros pour les deux films à la suite). Checkford a bien changé depuis l’arri- Dimanche 6/01 partie 1 à 10h00 suivie de la partie 2 à 14h30 vée des célèbres May Ray : les touristes affluent, l’immobilier flambe… À la Bread Dimanche 13/01 partie 1 à 10h30 suivie de la partie 2 à 13h50 Factory, Dorothea et Greta travaillent sur BIENTÔT 18000 SIGNATAIRES DE LA PÉTITION POUR LA RÉOUVERTURE EN SOIRÉE DU PASSAGE URBAIN V ET...... Et pas grand chose ! comme le dit le Monsieur Loyal, arrangé ces dernières années, et en conclusion d’une réunion pu- nous nous attendrions finale- Aucun argument à ce jour, aucune blique à la mairie le 4 décembre ment, selon la formule consacrée, remarque ne peut faire bouger la où a été abordé le problème du à de la « bienveillance » *. passage : La réponse, elle est ce position de la ville ; de leur côté L’histoire des cinémas Art et Essai qu’elle est et il faudra s’en conten- aucune explication sur cette dé- ter. a été très largement associée à cision violente et unilatérale qui Pas sûr Monsieur que ce soit la la vie politique des villes, aidés nous, qui vous, enferme tous les bonne réponse au problème créé financièrement par les munici- soirs au fond d’une cour. Isolés au ou d’une compréhension réelle de palités qui considéraient comme fond d’une cour ! La ville socia- celui-ci (on y reviendra probable- importants ces outils de Culture, liste de l’époque, avait lors de la ment sur la prochaine gazette). signature du bail, pourtant tout à d’Éducation. N’oublions pas que fait compris la nécessité de nous, cette politique était très souvent La Maire parlant à cette même ré- menée par des mairies de gauche de vous laisser-passer par le pas- union de la fermeture prochaine sage Urbain V, condition néces- de la Poste Place Pie : et plus particulièrement commu- saire et sine qua non à l’existence « On se bat au quotidien pour nistes… D’ailleurs on se demande du projet. soutenir les services et lieux exis- où sont les camarades élus à la tants depuis plus de 50 ans. Tout mairie, qui de-ci de là peuvent Seriez-vous plus de 17 000 per- ne doit pas être dissous pour une nous attester de leur incompré- sonnes obtuses à qui il faut dire question de rentabilité. » hension face à cette situation et redire que c’est ainsi, que la … pas pareil pour Utopia ! Dom- absurde, mais nous donne le sen- qualité patrimoniale du quartier mage… c’est vrai que ça ne fait timent de nous laisser-passer… imposait un jardin digne de ce que 40 ans ! nom, fragile, sophistiqué et par pertes et profits ! et qu’il fallait donc le protéger… Il ne faut pas se laisser bercer par et le fermer le soir au détriment la douce chanson de la beauté du * J’ai une règle de vie : des habitants. paysage, le cinéma est économi- la bienveillance. Et circulez il n’y a rien à voir ! Ou quement fragile, et ça ne s’est pas Emmanuel Macron (10/04/16) LA PORTE LA MIEUX FERMÉE EST CELLE QUE L’ON PEUT LAISSER OUVERTE ! Y a-t-il adage mieux venu pour illustrer la situation sin influent… On s’interroge. actuelle ? Madame le Maire, la surdité de la ville entretient La Mairie entretient un dialogue de sourd et pré- et amplifie le mécontentement de très nombreux tend user de « pédagogie » pour camper sur ses usagers du Passage qui ne comprennent pas cet positions : un coup c’est l’insécurité, un coup c’est aveuglement et cette intransigeance. Le Collectif le coût, parfois les deux… On passe subrepticement 23h59 joue sur ce sujet un rôle de tampon, mais la de l’explication non avérée à l’injonction : « Nous colère monte face à ce mutisme. Certains parlent de avons tout expliqué, circulez, il n’y a rien à voir ! ». mépris, d’autres d’élites enfermées dans leur tour Eh bien oui, nous voulons circuler librement par ce d’ivoire… passage. Madame le Maire, nous vous avons remis un courrier « Nous », ce sont près de 18 000 pétitionnaires qui le 23 novembre et à nouveau le 3 décembre où nous ne comprennent pas qu’on les prive d’un usage vous demandions rendez-vous pour vous faire part vieux d’un quart de siècle, mais aussi d’un droit de nos propositions. Simples, elles existent pour fondamental, celui de circuler. Madame le Maire, les laisser circuler les passants, des solutions qui se arguments ressassés ne sont pas convaincants, leur tiennent à l’écart de la surenchère sécuritaire et fi- absence de fondement a été mise maintes fois en nancière, des solutions responsables et citoyennes. évidence depuis le début du conflit. Merci d’accepter notre demande de rendez-vous Près de 18 000 signatures (manuscrites) ne pèsent- pour que nous vous les présentions. elles rien à vos yeux ? Apparemment moins, en tout cas, que les doléances exprimées par quelque voi- Le Collectif 23h59 Pour contacter ou rejoindre le collectif et avoir des informations : [email protected] TOUTES CES CHOSES QUE JE NE COMPRENDS PAS. Il y a des choses que je ne comprends nant, prenez la requalification du ver- des géomètres, des urbanistes, et aussi pas. ger Urbain V, avec son jardin arboré et des paysagistes, on parle même, ima- Dans cette ville, il y a plein de choses son passage qui, comme vous le savez, gine un peu, d’un architecte des bâti- que je ne comprends pas. Bon, d’ac- pose quelques problèmes, après sa ments de France, c’est dire… tout ce cord, je donne un exemple. J’habite requalification, à un certain nombre petit monde s’est réuni un jour pour dans le quartier de la Bonneterie, qui de pétitionnaires. À l’intérieur du jar- inaugurer non pas, une flaque d’eau, a fait l’objet récemment d’une requa- din, on (mais qui est « on » ?) a installé comme à côté de chez moi, mais un lification, comme on dit dans le jar- une structure de jeu, une sorte d’accro- savant parcours de jeu implanté dans gon technocratique, plutôt réussie. branche couplé à un toboggan. Pour un jardin, si bien pensé et réalisé qu’il Sauf que, quand on y regarde d’un peu les gamins, dit-on (toujours le même poserait quand même un problème, et plus près, même sans être un spécia- « on »), en arguant qu’il s’agit d’une ré- je te le donne en mille… de voisinage ! liste, et encore moins un expert, il y a ponse à une demande des familles du des choses qui choquent, des choses quartier qui veulent que leurs enfants C’est vrai que les voisins c’est pénible !! qui ne collent pas. Ça, ça fait par- puissent s’amuser sur un terrain de jeu Du coup la mise en service de la struc- tie des choses que je ne comprends adapté et, très important, sécurisé. Les ture de jeu est reportée… pas. Quelles choses ? Bon, d’accord, parents : « Garantissez-moi que la pru- Tu vas me dire : ça, ce n’est pas de je donne un exemple. Quand je sors nelle de mes yeux, la chair de ma chair, chance, une vraie calamité, c’est-à- de chez moi, rue de la Masse, et que pourra s’ébattre, s’épanouir, s’augmen- croire que le destin s’acharne contre la je me dirige en sifflotant vers le centre ter, exploiter au maximum son poten- ville. Pire : que des gilets jaunes persé- (je sifflote parce que je suis content : je tiel, dans un lieu offrant toute la sûreté cutent un Jupiter. Eh bien, crois-moi si suis en route pour aller voir un film ou requise. » La municipalité : « Garantis- tu veux, mais ce n’est pas tout : voilà un spectacle à la Manut’) et qu’il a plu, sez-moi qu’aucun parent ne puisse me que la mairie, qui était pourtant pleine beaucoup plu, vous savez, ces orages traîner devant les tribunaux suite à un de bonnes intentions, je crois même impressionnants comme on en a à Avi- accident malencontreux. » qu’elle était fière d’offrir au public une gnon, eh bien, me voilà, au moment de belle réalisation d’ensemble, toujours pénétrer dans la rue Bonneterie, obligé Et voilà, c’est là que de nouveau, il y a les mains dans le goudron pour fina- de patauger dans un pédiluve de 20 m2 des choses que je ne comprends pas. liser ce toboggan, découvre horrifiée et d’une profondeur de 25 cm. Ce qui D’abord, cette structure de jeu, telle que sur le même site, 17 000 forcené(e) me gêne, d’abord et avant tout, c’est qu’elle est conçue, sera interdite s (et leur nombre augmente chaque que, les pieds mouillés, je vais avoir d’usage aux jeunes enfants. Pour- jour) veulent passer par un passage froid aux arpions, et donc envie de quoi ? Parce que c’est tout simplement qu’elle a décidé de fermer à une heure faire pipi. Si bien que je vais déranger trop dangereux pour un jeune enfant. précoce pour des raisons de sécurité, au moins deux ou trois fois mes voi- Mais, vas-tu m’opposer, pourquoi dis- dit-on (toujours lui !). sins pour aller aux toilettes pendant tu « sera interdite… » ? Ah, tu n’es pas le film et qu’en plus, je risque de rater au courant ! Eh bien, il se trouve que Décidément, il y a des choses que je ne un des moments-clés de l’intrigue. A-t- la structure de jeu est pour l’heure comprends pas. on pensé, en haut-lieu, aux dommages interdite d’accès à quiconque. Mais, Cela dit, apparemment, il y a PLUS DE 17 collatéraux que provoque un manque tu me diras, elle est achevée depuis 000 individus qui ne comprennent pas de vigilance lors d’une commission de belle lurette, cette structure, comment non plus un certain nombre de choses. réception de travaux publics ? Je vous se fait-il que des équipements à peine En revanche, il y a une chose qui est le demande. inaugurés sont interdits d’usage ? Je tout à fait claire dans l’esprit des 17 pourrais te répondre que nous tenons- 000, car c’est simple et ça relève du Eh bien non. Sans compter que je là un bon exemple des absurdités que bon sens : un passage, c’est fait pour pourrais attraper un refroidissement, peut produire la bureaucratie. Certes ; y passer. Et j’ai l’impression que ces 17 car comme l’affirmait fort bien Michel mais il y a une chose dont je suis sûr, 000-là ne sont pas près de lâcher le Jobert, cela s’attrape par les pieds, et pour une fois : un tas de gens très di- morceau. pas autrement (c’est une private joke plômés, très intelligents, super expéri- pour les plus de 60 ans…). Bon, mainte- mentés, des spécialistes, des experts, JL-Collectif 23h59 LAISSEZ-PASSER LE PÈRE-NOËL ! Vous êtes attendus nombreux le jeudi 20 décembre à 19h30 dans le jardin Urbain V. Nous décorerons notre sapin de Noël avec nos cartes de vœux pour le PASSAGE ! Une hotte accueillera les modestes cadeaux que chacun voudra y déposer et que nous nous offrirons… Prévoir quelques cadeaux supplé- mentaires pour nos gardiens de passage. Nous en profiterons pour inviter les journalistes pour une conférence de presse à partir de 18h30. Assemblée générale pour la mise en place de cette soirée et pour vous faire part des dernières révélations concernant le passage, le jeudi 13 décembre à 19h00 au Fenouil à vapeur (145, rue Carreterie-Avignon)

Jeudi 10 janvier à 18h00 Café-Restaurant Rencontre avec Barbara Balzerani auteure du livre Camarade Lune LA MANUTENTION Pour mieux vous accompagner pendant les (édité chez Cambourakis). fêtes, le Café-Restaurant repense sa formule.

Camarade lune, une À partir du 18 décembre, autobiographie de c’est service toute la journée ! Barbara Balzerani, Du mardi au jeudi 10h-22h membre stratégique Du vendredi au samedi 10h-22h30 des Brigades Rouges, Le dimanche 10h-19h incarcérée pendant C’est ouvert le lundi 24 dans la journée et le 25 er plus de 20 ans, revient dans la soirée, le 31 midi et soir et le 1 en soirée. sur toute une vie de lutte ouvrière et insur- rectionnelle.

Cette présentation sera précédée par un film de 30 minutes dans lequel Barbara Balzerani parcourt à nouveau, dans une interview alors qu’elle est encore en prison, les motivations qui l’ont conduite à effectuer ce choix. Elle a occupé un poste stratégique au sein des Venez profiter de notre salle pour un café, un thé, une Brigades Rouges. Dans l’enceinte de la prison haute bière, un verre de vin ou un jus (bio évidemment) à sécurité où elle a été incarcérée pendant de nom- accompagner d’une petite pâtisserie maison bien sûr ! breuses années, elle a pris le temps d’interroger son parcours, ses origines ouvrières, de réexaminer les Vous n’avez que peu de temps pour manger avant réflexions philosophiques qui l’ont conduite à un tel ou après une séance ? Pas de souci, nous avons engagement. Car avant d’être l’histoire d’une généra- modifié notre formule pour vous permettre de manger tion politique ou celle d’une organisation armée, dans les temps, midi et soir. Toutes les suggestions Camarade lune est bien celle d’une femme que ses se feront à l’ardoise, mais pas au détriment de la origines ne sauraient réduire à telle ou telle catégorie. qualité. Comme vous nous l’avez demandé dans le questionnaire que vous avez rempli au restaurant, En ressort la colère de celle qui est née pauvre dans nos produits resteront, tant que faire se peut, toujours un monde inégalitaire, l’entêtement désespéré de locaux et bio, et tous nos plats maison. celle qui ne se résout pas à être simplement une femme dans un univers dominé par les hommes, Le dimanche midi, retrouvez notre formule ainsi que l’espérance d’une insurrection contre l’ordre « Petits Plats », pour goûter un peu de tout établi rendue soudain possible par le surgissement et le partager entre amis ou en famille. des événements de 1968. Barbara Balzerani est née en janvier 1949 à Col- Vous souhaitez organiser un repas leferro, en Italie. Au début des années 1960, elle a de groupe, contactez-nous par mail : milité dans le mouvement « Pouvoir ouvrier » avant [email protected] Notre grande salle et notre équipe sauront de rejoindre les Brigades Rouges. Elle a vécu dans la vous accueillir dans les meilleures conditions. clandestinité un certain nombre d’années avant d’être arrêtée en 1985 et condamnée à 25 ans de prison. En 2011, elle a obtenu la liberté conditionnelle et a été définitivement libérée en 2016. Elle travaille désormais dans une coopérative sociale 4 rue des escaliers sainte et continue de se consacrer à la littérature. Elle a Anne - 84000 Avignon Tel : 04 90 86 86 77 publié à ce jour cinq romans. RENCONTRES UNIQUES NEW YORK 1997 (OU PRESQUE) Du 22/12 au 14/01, Rencontre Séances de films français le jeudi 3/01 à 21h15 avec sous-titres sourds TOUT CE QU’IL ME RESTE DE LA RÉVOLUTION LE PRINCE DES TÉNÈBRES et malentendants : Avant-première le lundi Du 20/12 au 13/01 Le grand bain le jeudi 20/12 à 18h30, 24/12 à 20h00 L’homme fidèle le jeudi 27/12 à 18h15, Un beau voyou LA CHUTE DE L’EMPIRE POUR LES ENFANTS le jeudi 3/01 à 18h45, Les invisibles le jeudi 10/01 à AMÉRICAIN (MAIS PAS QUE) 18h30 et Doubles vies le jeudi 17/01 à 18h10. Avant-première le lundi 31/12 à 18h00 ARTHUR ET LA MAGIE DE NOËL DOVLATOV Du 19/12 au 6/01 A BREAD FACTORY Part 1 : LE GRAND BAIN Le lundi 7/01 à 18h15 CE QUI NOUS UNIT Jusqu’au 8/01 Séance supplémentaire LES CONTES MERVEILLEUX Les dimanches 6/01 à 10h00 le samedi 12/01 à 10h15 PAR RAY HARRYHAUSEN et 13/01 à 10h30 GRASS Du 9/01 au 20/01 Du 19/12 au 8/01 GUANTANAMERA A BREAD FACTORY Part 2 : Le mardi 8/01 à 20h00 DILILI À PARIS UN PETIT COIN DE PARADIS LES HÉRITIÈRES Du 21/12 au 6/01 Du 2/01 au 15/01 Jusqu’au 25/12 CAMARADE LUNE Le jeudi 10/01 à 18h00 KIRIKOU ET LA SORCIÈRE Du 26/12 au 20/01 AMANDA L’HOMME FIDÈLE Jusqu’au 1/01 Du 26/12 au 22/01 SHOCK CORRIDOR Le mercredi 16/01 à 20h30 PACHAMAMA Jusqu’au 20/01 AN ELEPHANT LES INVISIBLES SITTING STILL À partir du 9/01 LE MYSTÈRE PICASSO À partir du 16/01 Le jeudi 17/01 à 18h15 LETO ENSEIGNANTS, Jusqu’au 1/01 L’ANGE TRADUIRE ENSEIGNANTES : Le samedi 19/01 à 10h30 À partir du 9/01 SÉANCES SCOLAIRES MAYA EXCEPTIONNELLES ! Rencontre le vendredi Du 19/12 au 8/01 11/01 à 20h10 RÉTROSPECTIVE ARTHUR ET LA MON PÈRE JOHN CARPENTER ASAKO I&II Du 19/12 au 15/01 MAGIE DE NOËL Du 2/01 au 22/01 Rencontre le jeudi FOG Le mercredi 19/12 à 14h30 20/12 à 20h15 Du 21/12 au 12/01 AYKA MIMI & LISA, À partir du 16/01 MONSIEUR HALLOWEEN, LA NUIT LES LUMIÈRES DE NOËL Du 26/12 au 22/01 DES MASQUES Le jeudi 20/12 à 14h00 BASQUIAT, UN Du 23/12 au 14/01 ADOLESCENT À NEW YORK PIG Rencontre le jeudi DILILI À PARIS Du 9/01 au 22/01 Du 19/12 au 1/01 3/01 à 18h00 Le vendredi 21/12 à 14h00

BOHEMIAN RHAPSODY PUPILLE INVASION LOS ANGELES CONTACTEZ-NOUS Du 19/12 au 8/01 Jusqu’au 22/01 Du 20/12 au 11/01 AU 04 90 82 65 36

BORDER QUI A TUÉ LADY WINSLEY ? À partir du 9/01 Du 2/01 au 22/01 Rencontre le mardi UNIVERSITÉ POPULAIRE D’AVIGNON CASSANDRO, 15/01 à 20h15 THE EXOTICO ! Tous les mardis soir à 18h30 à l’Université. Du 19/12 au 8/01 RETOUR À HOWARDS END Des cours gratuits, ouverts à tous, Rencontre le mercredi Du 26/12 au 15/01 19/12 à 20h20 juste pour le plaisir d’apprendre ! SAMI, UNE JEUNESSE LES CHATOUILLES EN LAPONIE Jusqu’au 22/01 Du 20/12 au 8/01 THEME DE L’ANNÉE : « Le jeu » UN BEAU VOYOU Le 8 et le 15 janv à 18h30 : F. RIETHER - COLETTE Du 2/01 au 22/01 À partir du 16/01 « Linguistique et jeux de langage » UNE AFFAIRE DE FAMILLE Le 8 janv à 20h : M. BRUNET - « Le grand jeu : un LES CONFINS DU MONDE Jusqu’au 22/01 Jusqu’au 25/12 exercice diplomatique d’un autre temps » UNE FEMME D’EXCEPTION DIAMANTINO Du 2/01 au 22/01 Le 22 janv : S. LAGET - « Coopérer pour réussir » Jusqu’au 25/12 - suivi à 20h d’un atelier pratique animé WHAT YOU GONNA DOUBLES VIES DO WHEN THE par S. Laget et M. Périn À partir du 16/01 WORLD’S ON FIRE ? Du 19/12 au 1/01 L’ENFER DANS LA VILLE Voir les horaires et les lieux des cours sur : Du 9/01 au 22/01 WILDLIFE, UNE Rencontre la mercredi SAISON ARDENTE www.upavignon.org 9/01 à 19h45 Du 19/12 au 22/01 4 salles à la manutention 4 escaliers Ste Anne, 1 salle à République, 5 rue Figuière. Les portes sont fermées au début des séances et nous ne laissons pas entrer les retardataires PROGRAMME (l’heure indiquée sur le programme est celle du début du film). MANUTENTION 12H40 14H40 16H40 18H10 20H20 Acid CONFINS DU MONDE WILDLIFE PACHAMAMA PUPILLE CASSANDRO THE EXOTICO ! 12H40 15H00 16H20 18H40 20H40 MER LE GRAND BAIN GRASS AFFAIRE DE FAMILLE MON PÈRE AFFAIRE DE FAMILLE 12H00 14H30 15H30 18H00 20H30 19 LETO ARTHUR ET LA MAGIE... BOHEMIAN RHAPSODY LETO WILDLIFE 12H00 14H15 16H15 18H10 20H30 DÉC AFFAIRE DE FAMILLE MAYA LES HÉRITIÈRES WHAT YOU GONNA… ? MAYA 13H45 15H40 17H40 18H40 20H40 RÉPUBLIQUE MON PÈRE AMANDA ARTHUR ET LA MAGIE... PIG GRASS

MANUTENTION 11H45 14H00 Bébé 16H20 17H45 20H15 Miradas hispanas AFFAIRE DE FAMILLE AFFAIRE DE FAMILLE GRASS AFFAIRE DE FAMILLE MON PÈRE 11H45 14H00 15H10 17H10 19H20 21H20 Carpenter JEU PIG MIMI ET LISA MAYA SAMI WILDLIFE PRINCE DES TÉNÈBRES 12H00 14H00 16H00 18H30 20H45 20 MAYA WILDLIFE BOHEMIAN RHAPSODY LE GRAND BAIN PUPILLE 12H10 13H40 16H10 17H40 Carpenter 19H30 21H20 DÉC GRASS LETO CASSANDRO INVASION L.A. LES HÉRITIÈRES DIAMANTINO 13H50 16H10 18H20 20H20 RÉPUBLIQUE WHAT YOU GONNA… ? PUPILLE CONFINS DU MONDE LETO

MANUTENTION 12H00 14H20 16H45 19H00 21H00 AFFAIRE DE FAMILLE LETO AFFAIRE DE FAMILLE WILDLIFE AFFAIRE DE FAMILLE 12H00 14H00 15H50 17H10 19H30 20H50 VEN WILDLIFE DILILI À PARIS GRASS WHAT YOU GONNA… ? GRASS LE GRAND BAIN 12H00 14H10 16H20 18H20 20H20 21 PUPILLE SAMI MAYA LES CHATOUILLES MAYA 12H00 14H00 15H50 18H00 19H30 21H10 DÉC MON PÈRE DIAMANTINO PUPILLE CASSANDRO FOG PIG 14H00 16H00 18H00 20H00 RÉPUBLIQUE AMANDA MON PÈRE LES HÉRITIÈRES BOHEMIAN RHAPSODY

MANUTENTION 10H00 11H30 13H50 16H10 17H10 19H45 22H00 Carpenter PACHAMAMA WHAT YOU GONNA… ? AFFAIRE DE FAMILLE ARTHUR ET LA MAGIE... BOHEMIAN RHAPSODY AFFAIRE DE FAMILLE NEW YORK 1997 10H00 11H30 13H30 14H50 16H40 18H15 20H30 SAM CASSANDRO LES HÉRITIÈRES GRASS DILILI À PARIS PACHAMAMA AFFAIRE DE FAMILLE PUPILLE 13H00 15H00 17H10 19H10 21H10 22 MAYA SAMI PIG WILDLIFE LE GRAND BAIN 11H30 13H30 15H30 17H45 19H50 21H10 DÉC DIAMANTINO WILDLIFE PUPILLE MAYA GRASS CONFINS DU MONDE 14H00 16H00 18H30 20H30 RÉPUBLIQUE MON PÈRE LETO MON PÈRE LETO

MANUTENTION 10H45 12H10 14H10 16H30 18H30 20H30 PACHAMAMA MON PÈRE AFFAIRE DE FAMILLE MAYA WILDLIFE MON PÈRE 11H00 12H00 14H00 16H20 17H50 20H10 DIM ARTHUR ET LA MAGIE... CONFINS DU MONDE LE GRAND BAIN PACHAMAMA AFFAIRE DE FAMILLE MAYA 10H30 12H20 14H15 16H30 18H30 20H00 23 DILILI À PARIS DIAMANTINO PUPILLE PIG GRASS AFFAIRE DE FAMILLE 10H30 12H30 15H00 16H20 18H00 20H10 DÉC LES CHATOUILLES BOHEMIAN RHAPSODY GRASS CASSANDRO PUPILLE SAMI 12H00 14H00 16H00 18H20 20H45 Carpenter RÉPUBLIQUE AMANDA WILDLIFE WHAT YOU GONNA… ? LETO HALLOWEEN

MANUTENTION 10H30 12H00 14H00 15H30 17H30 20H00 Avant-première PACHAMAMA LES HÉRITIÈRES PACHAMAMA MON PÈRE AFFAIRE DE FAMILLE TOUT CE QUI ME RESTE DE LA REVOLUTION 10H50 11H45 13H15 15H15 17H45 LUN ARTHUR ET LA MAGIE... CASSANDRO CONFINS DU MONDE LETO WILDLIFE 12H00 14H00 16H30 18H30 24 LES CHATOUILLES BOHEMIAN RHAPSODY PIG GRASS 10H30 12H40 14H40 16H45 19H10 DÉC SAMI WILDLIFE AMANDA LE GRAND BAIN MAYA 14H00 16H15 18H10 RÉPUBLIQUE AFFAIRE DE FAMILLE PRINCE DES TENEBRES PUPILLE

MANUTENTION 14H00 16H15 (D) 18H15 20H30 AFFAIRE DE FAMILLE CONFINS DU MONDE AFFAIRE DE FAMILLE AFFAIRE DE FAMILLE 13H45 15H45 17H10 18H40 20H40 MAR MAYA GRASS PACHAMAMA MAYA WILDLIFE 14H00 16H10 18H20 20H20 25 PIG PUPILLE MON PÈRE PUPILLE 14H00 16H30 (D) 18H30 20H45 (D) DÉC LETO LES HÉRITIÈRES LE GRAND BAIN DIAMANTINO 14H00 16H30 18H30 20H30 RÉPUBLIQUE BOHEMIAN RHAPSODY WILDLIFE AMANDA WHAT YOU GONNA… ? HORREUR ! ON EST LE 26 DÉCEMBRE ET VOUS N’AVEZ TOUJOURS PAS ACHETÉ VOS CADEAUX DE NOËL ??? PAS DE PANIQUE ! PENSEZ AUX CARNETS D’ABONNEMENTS À UTOPIA ! 50 euros les 10 places.

MANUTENTION 11H00 12H00 14H20 16H40 18H15 20H30 ARTHUR ET LA MAGIE… LE GRAND BAIN AFFAIRE DE FAMILLE KIRIKOU AFFAIRE DE FAMILLE L’HOMME FIDÈLE 11H00 12H30 Carpenter 14H15 15H45 17H50 20H20 MER PACHAMAMA FOG L’HOMME FIDÈLE AMANDA BOHEMIAN RHAPSODY AFFAIRE DE FAMILLE 12H00 14H10 15H30 17H50 20H30 26 SAMI GRASS WHAT YOU GONNA… ? HOWARDS END MAYA 10H30 12H30 14H30 16H30 18H30 20H30 DÉC LES CHATOUILLES MON PÈRE MONSIEUR PIG MON PÈRE MONSIEUR 14H00 16H00 18H10 20H40 RÉPUBLIQUE WILDLIFE PUPILLE LETO WILDLIFE

MANUTENTION 10H30 12H00 14H20 16H20 18H15 19H45 22H00 KIRIKOU AFFAIRE DE FAMILLE PIG MON PÈRE L’HOMME FIDÈLE AFFAIRE DE FAMILLE L’HOMME FIDÈLE 10H30 12H20 13H50 Bébé 16H00 18H15 20H40 22H00 Carpenter JEU DILILI À PARIS L’HOMME FIDÈLE PUPILLE AFFAIRE DE FAMILLE WHAT YOU GONNA… ? GRASS FOG 11H45 13H45 15H40 17H40 18H50 21H00 27 MONSIEUR LES CHATOUILLES AMANDA ARTHUR ET LA… LE GRAND BAIN PUPILLE 11H45 14H10 16H20 18H15 20H15 21H45 DÉC LETO SAMI MONSIEUR MAYA CASSANDRO WILDLIFE 12H00 14H00 16H40 18H10 20H10 RÉPUBLIQUE WILDLIFE HOWARDS END PACHAMAMA WILDLIFE BOHEMIAN RHAPSODY

MANUTENTION 11H00 12H00 14H00 16H15 17H45 20H00 22H15 ARTHUR ET LA MAGIE… PIG AFFAIRE DE FAMILLE L’HOMME FIDÈLE AFFAIRE DE FAMILLE AFFAIRE DE FAMILLE CASSANDRO 10H30 12H00 14H00 16H00 18H10 20H10 21H40 Carpenter VEN PACHAMAMA MAYA WILDLIFE SAMI WILDLIFE L’HOMME FIDÈLE NEW YORK 1997 11H30 13H40 15H40 17H10 19H40 21H40 28 PUPILLE AMANDA KIRIKOU BOHEMIAN RHAPSODY MAYA LES CHATOUILLES 11H30 14H00 16H15 18H10 19H30 21H30 DÉC BOHEMIAN RHAPSODY LE GRAND BAIN MON PÈRE GRASS MON PÈRE WHAT YOU GONNA… ? 13H30 16H00 18H10 20H10 RÉPUBLIQUE LETO PUPILLE MONSIEUR HOWARDS END

MANUTENTION 10H30 12H10 Carpenter 14H10 16H30 17H30 19H45 22H00 Carpenter KIRIKOU PRINCE DES TÉNÈBRES AFFAIRE DE FAMILLE ARTHUR ET LA MAGIE… AFFAIRE DE FAMILLE AFFAIRE DE FAMILLE HALLOWEEN 10H30 12H20 14H20 15H50 17H50 19H50 21H20 SAM DILILI À PARIS LES CHATOUILLES L’HOMME FIDÈLE AMANDA MON PÈRE L’HOMME FIDÈLE LETO 10H15 12H30 14H50 16H50 18H50 21H00 29 SAMI WHAT YOU GONNA… ? WILDLIFE PIG MAYA WILDLIFE 10H30 12H00 14H00 16H00 18H00 20H10 21H30 DÉC CASSANDRO MON PÈRE MAYA MONSIEUR PUPILLE GRASS LE GRAND BAIN 13H45 16H20 17H45 20H20 RÉPUBLIQUE BOHEMIAN RHAPSODY PACHAMAMA HOWARDS END MONSIEUR

MANUTENTION 11H00 12H00 14H20 16H40 18H15 20H30 ARTHUR ET LA MAGIE… AFFAIRE DE FAMILLE AFFAIRE DE FAMILLE KIRIKOU AFFAIRE DE FAMILLE LE GRAND BAIN 10H45 12H10 14H30 16H00 18H40 20H40 DIM PACHAMAMA PUPILLE L’HOMME FIDÈLE HOWARDS END WILDLIFE MON PÈRE 10H45 12H40 14H50 16H50 18H45 20H15 30 MONSIEUR SAMI WILDLIFE DILILI À PARIS L’HOMME FIDÈLE LETO 10H30 12H50 14H50 17H00 18H20 20H15 DÉC WHAT YOU GONNA… ? AMANDA PIG GRASS MONSIEUR PUPILLE 12H00 14H00 16H00 18H10 20H40 Carpenter RÉPUBLIQUE MAYA MON PÈRE MAYA BOHEMIAN RHAPSODY INVASION L.A.

MANUTENTION 12H00 14H20 Carpenter 16H10 18H00 Avant-première 20H30 AFFAIRE DE FAMILLE HALLOWEEN L’HOMME FIDÈLE CHUTE DE L’EMPIRE AMÉRICAIN L’HOMME FIDÈLE 10H30 12H00 14H30 16H45 17H40 20H00 LUN KIRIKOU LETO AFFAIRE DE FAMILLE ARTHUR ET LA MAGIE… AFFAIRE DE FAMILLE BOHEMIAN RHAPSODY 11H00 12H50 14H10 16H10 18H30 20H40 31 DILILI À PARIS GRASS MONSIEUR LE GRAND BAIN PUPILLE MONSIEUR 12H00 14H40 16H45 18H15 20H20 DÉC HOWARDS END MAYA PACHAMAMA PIG SAMI 14H00 16H00 18H00 20H00 RÉPUBLIQUE MON PÈRE WILDLIFE AMANDA WILDLIFE

MANUTENTION 14H00 16H00 18H30 20H45 LES CHATOUILLES BOHEMIAN RHAPSODY AFFAIRE DE FAMILLE AFFAIRE DE FAMILLE 14H00 16H20 17H50 19H20 (D) 21H20 MAR AFFAIRE DE FAMILLE KIRIKOU L’HOMME FIDÈLE AMANDA LE GRAND BAIN er 14H00 15H30 17H30 19H30 (D) 21H30 Carpenter 1 CASSANDRO MON PÈRE WILDLIFE PIG PRINCE DES TÉNÈBRES 14H00 16H40 18H45 20H40 (D) JAN HOWARDS END MAYA MONSIEUR WHAT YOU GONNA… ? 14H00 16H10 17H40 18H40 20H00 (D) RÉPUBLIQUE PUPILLE PACHAMAMA ARTHUR ET LA… GRASS LETO Les séances estampillées bébé sont accessibles aux parents accompagnés de leur nourrisson. Sur cette ga- zette, vous pourrez voir : Une affaire de famille le jeudi 20/12 à 14h00, Pupille le jeudi 27/12 à 13h50, L’homme fidèle le jeudi 3/01 à 14h40, Un beau voyou le jeudi 10/01 à 14h15 et Doubles vies le jeudi 17/01 à 14h00.

MANUTENTION 11H00 12H00 Carpenter 14H00 16H00 18H10 20H40 ARTHUR ET LA MAGIE… NEW YORK 1997 UN BEAU VOYOU PUPILLE BOHEMIAN RHAPSODY UN BEAU VOYOU 11H00 12H30 14H00 16H15 18H30 20H00 MER PACHAMAMA GRASS ASAKO I & II AFFAIRE DE FAMILLE L’HOMME FIDÈLE ASAKO I & II 12H00 14H40 16H30 18H20 20H20 2 HOWARDS END LADY WINSLEY DILILI À PARIS WILDLIFE AFFAIRE DE FAMILLE 12H00 14H15 16H10 18H10 20H30 JAN LE GRAND BAIN MONSIEUR MON PÈRE A BREAD FACTORY 2 LADY WINSLEY 14H00 16H20 18H00 20H10 RÉPUBLIQUE FEMME D’EXCEPTION KIRIKOU MAYA FEMME D’EXCEPTION

MANUTENTION 11H45 13H15 15H15 18H00 Présentés par... 21H15 ...Michel Flandrin CASSANDRO LES CHATOUILLES HOWARDS END HALLOWEEN NEW YORK 1997 10H30 12H20 14H40 Bébé 16H10 17H30 18H45 20H45 JEU DILILI À PARIS AFFAIRE DE FAMILLE L’HOMME FIDÈLE GRASS ARTHUR ET LA… UN BEAU VOYOU L’HOMME FIDÈLE 12H00 14H30 16H30 18H30 20H45 3 BOHEMIAN RHAPSODY WILDLIFE MONSIEUR ASAKO I & II WILDLIFE 10H40 12H10 14H20 16H30 18H45 20H30 JAN KIRIKOU SAMI MAYA AFFAIRE DE FAMILLE LADY WINSLEY MONSIEUR 12H00 14H20 16H40 18H10 20H30 RÉPUBLIQUE FEMME D’EXCEPTION PUPILLE PACHAMAMA FEMME D’EXCEPTION MON PÈRE

MANUTENTION 11H00 12H00 14H00 16H00 Carpenter 17H50 19H50 21H45 ARTHUR ET LA MAGIE… MON PÈRE MONSIEUR FOG UN BEAU VOYOU WILDLIFE UN BEAU VOYOU 10H30 12H00 14H15 16H30 18H45 21H00 VEN PACHAMAMA AFFAIRE DE FAMILLE ASAKO I & II AFFAIRE DE FAMILLE PUPILLE AFFAIRE DE FAMILLE 12H00 14H00 15H45 18H00 19H45 22H00 4 MAYA LADY WINSLEY LE GRAND BAIN LADY WINSLEY ASAKO I & II CASSANDRO 12H00 14H00 16H00 17H30 19H30 21H00 JAN UN BEAU VOYOU WILDLIFE L’HOMME FIDÈLE MONSIEUR L’HOMME FIDÈLE BOHEMIAN RHAPSODY 14H00 16H20 18H00 20H15 RÉPUBLIQUE FEMME D’EXCEPTION KIRIKOU FEMME D’EXCEPTION A BREAD FACTORY 2

MANUTENTION 10H30 12H00 14H00 16H00 18H00 19H30 21H30 KIRIKOU WILDLIFE UN BEAU VOYOU MON PÈRE L’HOMME FIDÈLE UN BEAU VOYOU LE GRAND BAIN 11H00 12H20 14H40 17H00 18H00 20H30 SAM GRASS A BREAD FACTORY 2 ASAKO I & II ARTHUR ET LA MAGIE… BOHEMIAN RHAPSODY ASAKO I & II 10H30 12H20 14H00 16H15 18H20 20H40 5 DILILI À PARIS L’HOMME FIDÈLE AFFAIRE DE FAMILLE WILDLIFE AFFAIRE DE FAMILLE AFFAIRE DE FAMILLE 10H30 12H30 14H30 16H15 17H40 19H40 21H30 JAN LES CHATOUILLES MONSIEUR LADY WINSLEY PACHAMAMA MONSIEUR LADY WINSLEY PUPILLE 13H45 16H00 18H00 20H40 RÉPUBLIQUE FEMME D’EXCEPTION MAYA HOWARDS END FEMME D’EXCEPTION

MANUTENTION 10H00 11H30 13H50 15H50 17H30 19H00 21H00 PACHAMAMA AFFAIRE DE FAMILLE UN BEAU VOYOU KIRIKOU GRASS UN BEAU VOYOU AFFAIRE DE FAMILLE 10H15 12H30 14H30 16H20 18H40 20H40 DIM PUPILLE WILDLIFE LADY WINSLEY AFFAIRE DE FAMILLE WILDLIFE MONSIEUR 10H00 (D) 11H50 14H00 16H15 17H45 (D) 18H45 21H00 6 DILILI À PARIS MAYA ASAKO I & II HOMME FIDELE ARTHUR ET LA... ASAKO I & II L’HOMME FIDÈLE 10H00 12H15 14H30 16H45 18H40 20H30 JAN A BREAD FACTORY 1 LE GRAND BAIN A BREAD FACTORY 2 MONSIEUR LADY WINSLEY HOWARDS END 11H30 13H30 15H45 18H20 20H40 RÉPUBLIQUE MON PÈRE FEMME D’EXCEPTION BOHEMIAN RHAPSODY FEMME D’EXCEPTION PUPILLE

MANUTENTION 12H00 14H20 16H30 18H15 Rencontre avec Joël Chapron 21H30 AFFAIRE DE FAMILLE SAMI GRASS DOVLATOV L’HOMME FIDÈLE 12H00 14H15 16H30 18H30 20H45 LUN ASAKO I & II AFFAIRE DE FAMILLE MONSIEUR AFFAIRE DE FAMILLE ASAKO I & II 12H00 13H45 15H15 Carpenter 17H10 19H10 21H00 7 LADY WINSLEY L’HOMME FIDÈLE INVASION L.A. MON PÈRE LADY WINSLEY UN BEAU VOYOU 12H00 14H00 16H40 18H40 21H00 JAN UN BEAU VOYOU HOWARDS END WILDLIFE LE GRAND BAIN WILDLIFE 14H00 16H10 18H30 20H30 RÉPUBLIQUE PUPILLE FEMME D’EXCEPTION MAYA FEMME D’EXCEPTION

MANUTENTION 12H00 14H15 Carpenter 16H10 18H15 20H00 Contraluz FEMME D’EXCEPTION PRINCE DES TÉNÈBRES UN BEAU VOYOU L’HOMME FIDÈLE GUANTANAMERA 12H00 14H15 16H10 18H30 20H30 (D) MAR AFFAIRE DE FAMILLE MONSIEUR ASAKO I & II LES CHATOUILLES LE GRAND BAIN 12H00 14H00 16H15 18H00 20H15 (D) 8 WILDLIFE AFFAIRE DE FAMILLE LADY WINSLEY AFFAIRE DE FAMILLE BOHEMIAN RHAPSODY 12H10 13H45 (D) 15H15 17H15 19H30 (D) 20H50 JAN L’HOMME FIDÈLE CASSANDRO WILDLIFE PUPILLE GRASS UN BEAU VOYOU 14H00 16H00 (D) 18H10 20H30 (D) RÉPUBLIQUE MON PÈRE SAMI FEMME D’EXCEPTION MAYA ENSEIGNANTES, ENSEIGNANTS, POUR DES SÉANCES SCOLAIRES, N’HÉSITEZ PAS À NOUS CONTACTER AU 04 90 82 65 36

MANUTENTION 12H00 14H15 16H20 17H50 19H45 Rencontre AFIA AFFAIRE DE FAMILLE LES INVISIBLES PACHAMAMA BASQUIAT L’ENFER DANS LA VILLE 12H10 14H00 16H10 18H30 20H30 MER LADY WINSLEY BORDER AFFAIRE DE FAMILLE LES INVISIBLES LES INVISIBLES 12H00 Carpenter 13H50 16H00 17H20 18H45 20H30 9 FOG L’ANGE CONTES... L’HOMME FIDÈLE LADY WINSLEY BORDER 12H00 14H15 16H30 18H30 20H30 JAN PUPILLE FEMME D’EXCEPTION MONSIEUR WILDLIFE L’ANGE 14H15 16H20 18H00 20H15 RÉPUBLIQUE UN BEAU VOYOU KIRIKOU ASAKO I & II FEMME D’EXCEPTION

MANUTENTION 12H00 14H00 16H20 18H00 Avec B. Balzerani 20H45 BORDER ASAKO I & II L’HOMME FIDÈLE CAMARADE LUNE UN BEAU VOYOU 12H00 14H15 Bébé 16H15 18H30 20H30 JEU FEMME D’EXCEPTION UN BEAU VOYOU FEMME D’EXCEPTION LES INVISIBLES MONSIEUR 12H00 14H00 16H00 17H40 19H30 21H00 10 LES INVISIBLES WILDLIFE BASQUIAT LADY WINSLEY L’HOMME FIDÈLE WILDLIFE 12H00 14H00 16H00 18H40 20H45 JAN MON PÈRE LES INVISIBLES HOWARDS END BORDER ASAKO I & II 12H00 14H15 16H30 18H30 20H40 RÉPUBLIQUE L’ANGE AFFAIRE DE FAMILLE L’ENFER DANS LA VILLE L’ANGE AFFAIRE DE FAMILLE

MANUTENTION 12H00 14H00 16H00 18H00 20H10 Miradas hispanas UN BEAU VOYOU LES INVISIBLES MONSIEUR UN BEAU VOYOU L’ANGE 12H00 Carpenter 13H50 16H00 17H50 19H50 21H45 VEN INVASION L.A. BORDER LADY WINSLEY LES INVISIBLES LES INVISIBLES BORDER 12H00 14H15 16H30 18H30 20H00 21H30 11 A BREAD FACTORY 2 FEMME D’EXCEPTION WILDLIFE L’HOMME FIDÈLE BASQUIAT PUPILLE 12H00 14H40 16H15 18H15 20H30 JAN HOWARDS END L’HOMME FIDÈLE MON PÈRE ASAKO I & II LADY WINSLEY 13H45 16H00 18H15 20H30 RÉPUBLIQUE L’ANGE AFFAIRE DE FAMILLE FEMME D’EXCEPTION AFFAIRE DE FAMILLE

MANUTENTION 12H10 14H00 16H00 18H20 20H30 LADY WINSLEY LES INVISIBLES FEMME D’EXCEPTION LES INVISIBLES LES INVISIBLES 12H10 14H20 16H30 18H40 20H50 SAM PUPILLE WILDLIFE BORDER L’ANGE BORDER 12H10 14H10 16H20 17H30 19H30 21H40 12 L’ENFER DANS LA VILLE L’ANGE CONTES MERVEILLEUX MONSIEUR FEMME D’EXCEPTION BASQUIAT 10H15 (D) 12H40 15H00 16H30 18H00 19H40 21H40 Carpenter JAN DOVLATOV AFFAIRE DE FAMILLE PACHAMAMA KIRIKOU L’HOMME FIDÈLE UN BEAU VOYOU FOG 14H00 16H00 17H50 20H10 RÉPUBLIQUE UN BEAU VOYOU LADY WINSLEY AFFAIRE DE FAMILLE ASAKO I & II

MANUTENTION 11H00 12H10 14H15 16H20 18H30 20H30 CONTES MERVEILLEUX BORDER LES INVISIBLES UN BEAU VOYOU LES INVISIBLES ASAKO I & II 10H30 12H00 14H15 16H30 18H10 20H30 DIM KIRIKOU ASAKO I & II L’ANGE L’HOMME FIDÈLE FEMME D’EXCEPTION WILDLIFE 10H15 12H15 13H50 16H10 18H30 20H40 13 LES CHATOUILLES BASQUIAT A BREAD FACTORY 2 PUPILLE BORDER MONSIEUR 10H30 (D) 12H45 15H00 16H45 18H40 20H30 Carpenter JAN A BREAD FACTORY 1 FEMME D’EXCEPTION LADY WINSLEY MON PÈRE LADY WINSLEY PRINCE DES TÉNÈBRES 12H00 14H00 15H30 17H45 20H00 RÉPUBLIQUE L’ENFER DANS LA VILLE PACHAMAMA AFFAIRE DE FAMILLE L’ANGE HOWARDS END

MANUTENTION 12H10 14H10 15H50 17H50 20H00 LES INVISIBLES BASQUIAT LES INVISIBLES UN BEAU VOYOU FEMME D’EXCEPTION 12H00 14H15 16H15 18H30 20H30 LUN L’ANGE MONSIEUR L’ANGE WILDLIFE BORDER 12H00 14H00 15H45 18H10 20H15 14 UN BEAU VOYOU LADY WINSLEY FEMME D’EXCEPTION L’ENFER DANS LA VILLE PUPILLE 12H10 Carpenter 14H00 16H40 18H45 20H15 JAN NEW YORK 1997 HOWARDS END BORDER L’HOMME FIDÈLE MON PÈRE 14H00 16H15 Carpenter 18H00 20H15 RÉPUBLIQUE ASAKO I & II HALLOWEEN ASAKO I & II AFFAIRE DE FAMILLE

MANUTENTION 12H00 14H15 16H20 18H00 20H15 Clé des champs ASAKO I & II BORDER L’HOMME FIDÈLE BORDER QUI A TUÉ LADY WINSLEY ? 12H00 14H00 16H00 18H15 (D) 20H10 21H45 MAR WILDLIFE LES INVISIBLES ASAKO I & II MON PÈRE BASQUIAT UN BEAU VOYOU 12H00 14H00 16H15 (D) 18H50 20H50 15 MONSIEUR FEMME D’EXCEPTION HOWARDS END UN BEAU VOYOU LES INVISIBLES 12H00 14H15 16H15 18H10 (D) 20H30 22H00 JAN AFFAIRE DE FAMILLE L’ENFER DANS LA VILLE LES CHATOUILLES A BREAD FACTORY 2 L’HOMME FIDÈLE BORDER 13H45 16H00 18H10 20H30 RÉPUBLIQUE L’ANGE PUPILLE AFFAIRE DE FAMILLE L’ANGE LE SAMEDI 26 JANVIER À 10H30, PROJECTION DE JEAN VANNIER, LE SACREMENT DE LA TENDRESSE, EN COLLABORATION AVEC L’ARCHE LE MOULIN DE L’AURO.

MANUTENTION 12H00 14H15 16H20 18H00 20H30 Rencontre AFFAIRE DE FAMILLE DOUBLES VIES KIRIKOU ASAKO I & II SHOCK CORRIDOR 12H00 13H40 15H40 17H10 19H10 21H15 MER BASQUIAT LES INVISIBLES PACHAMAMA LES INVISIBLES COLETTE WILDLIFE 12H00 14H10 16H15 17H30 19H10 16 L’ANGE AYKA CONTES MERVEILLEUX L’HOMME FIDÈLE AN ELEPHANT SITTING STILL 12H00 14H00 16H10 18H00 20H15 JAN UN BEAU VOYOU COLETTE LADY WINSLEY BORDER AYKA 14H00 16H00 18H20 20H30 RÉPUBLIQUE MONSIEUR FEMME D’EXCEPTION L’ANGE DOUBLES VIES

MANUTENTION 12H00 14H00 16H20 18H15 Musée Angladon 20H40 L’ENFER DANS LA VILLE L’ANGE BASQUIAT LE MYSTÈRE PICASSO BORDER 12H00 14H00 Bébé 16H10 18H10 20H15 JEU LES INVISIBLES DOUBLES VIES LES INVISIBLES DOUBLES VIES L’ANGE 12H00 14H10 16H20 18H30 20H40 17 COLETTE AYKA COLETTE AYKA UN BEAU VOYOU 12H00 14H10 16H15 20H20 JAN BORDER WILDLIFE AN ELEPHANT SITTING STILL LADY WINSLEY 12H00 14H15 15H45 18H00 20H20 RÉPUBLIQUE FEMME D’EXCEPTION L’HOMME FIDÈLE PUPILLE AFFAIRE DE FAMILLE ASAKO I & II

MANUTENTION 12H00 13H50 15H50 17H30 19H40 21H40 LADY WINSLEY LES INVISIBLES L’HOMME FIDÈLE COLETTE LES INVISIBLES BORDER 12H00 14H10 16H15 18H10 20H00 22H00 VEN L’ANGE COLETTE MONSIEUR LADY WINSLEY DOUBLES VIES BASQUIAT 12H00 14H15 16H20 18H30 20H40 18 ASAKO I & II BORDER AYKA L’ANGE AYKA 12H10 14H40 19H00 20H30 JAN AFFAIRE DE FAMILLE AN ELEPHANT SITTING STILL L’HOMME FIDÈLE FEMME D’EXCEPTION 14H00 16H00 18H10 20H15 RÉPUBLIQUE L’ENFER DANS LA VILLE DOUBLES VIES UN BEAU VOYOU WILDLIFE

MANUTENTION 10H30 Point du capiton 13H20 15H30 17H40 19H30 21H40 TRADUIRE BORDER COLETTE LADY WINSLEY COLETTE WILDLIFE 10H30 12H00 14H10 16H15 18H15 20H40 SAM PACHAMAMA LES CHATOUILLES DOUBLES VIES LES INVISIBLES ASAKO I & II DOUBLES VIES 10H30 11H40 13H45 15H20 17H30 19H45 21H45 19 CONTES MERVEILLEUX AYKA L’HOMME FIDÈLE UN BEAU VOYOU AYKA LES INVISIBLES BORDER 10H15 11H45 13H40 15H15 17H30 19H45 JAN KIRIKOU LES INVISIBLES BASQUIAT L’ENFER DANS LA VILLE AFFAIRE DE FAMILLE AN ELEPHANT SITTING STILL 13H50 16H00 18H15 20H30 RÉPUBLIQUE PUPILLE L’ANGE FEMME D’EXCEPTION L’ANGE

MANUTENTION 10H30 (D) 12H00 14H10 16H20 18H30 20H30 KIRIKOU DOUBLES VIES L’ANGE DOUBLES VIES LES INVISIBLES BASQUIAT 10H30 (D) 11H40 13H45 16H00 18H10 20H20 DIM CONTES MERVEILLEUX UN BEAU VOYOU COLETTE WILDLIFE COLETTE BORDER 10H30 (D) 12H00 14H00 16H10 18H15 20H20 20 PACHAMAMA MONSIEUR AYKA BORDER AYKA UN BEAU VOYOU 10H30 14H40 16H30 18H45 20H15 JAN AN ELEPHANT SITTING STILL LADY WINSLEY AFFAIRE DE FAMILLE L’HOMME FIDÈLE ASAKO I & II 11H45 14H10 16H10 18H20 20H30 RÉPUBLIQUE FEMME D’EXCEPTION LES INVISIBLES PUPILLE L’ANGE L’ENFER DANS LA VILLE

MANUTENTION 12H00 14H00 16H10 18H10 20H20 LES INVISIBLES DOUBLES VIES MONSIEUR DOUBLES VIES COLETTE 12H00 14H00 16H15 18H30 20H10 LUN WILDLIFE ASAKO I & II COLETTE BASQUIAT L’ANGE 12H10 14H00 16H10 18H20 20H30 21 L’HOMME FIDÈLE BORDER AYKA BORDER LADY WINSLEY 12H10 14H20 16H45 19H00 JAN AYKA AFFAIRE DE FAMILLE L’ENFER DANS LA VILLE AN ELEPHANT SITTING STILL 14H00 16H20 18H20 20H30 RÉPUBLIQUE FEMME D’EXCEPTION UN BEAU VOYOU PUPILLE LES INVISIBLES

MANUTENTION 12H10 14H20 (D) 16H10 18H10 20H20 DOUBLES VIES LADY WINSLEY LES INVISIBLES COLETTE LES INVISIBLES 12H00 14H10 (D) 16H10 (D) 17H45 (D) 20H10 MAR COLETTE UN BEAU VOYOU L’HOMME FIDÈLE FEMME D’EXCEPTION DOUBLES VIES 12H10 (D) 13H45 16H00 18H10 (D) 20H20 22 BASQUIAT AYKA L’ANGE WILDLIFE AYKA 12H00 14H10 18H20 (D) 20H30 (D) JAN BORDER AN ELEPHANT SITTING STILL L’ENFER DANS LA VILLE MONSIEUR 14H00 (D) 16H10 (D) 18H30 (D) 20H30 (D) RÉPUBLIQUE PUPILLE ASAKO I & II LES CHATOUILLES AFFAIRE DE FAMILLE

Bruch “Kol Nidrei” pour violoncelle et orchestre Penard Concerto pour violoncelle et orchestre Brahms Symphonie n° 2 en ré majeur À l'Unisson DIRECTION DIRECTEUR GÉNÉRAL ALEXANDRE PIQUION PHILIPPE GRISON PREMIER CHEF INVITÉ VIOLONCELLE SAMUEL JEAN SONIA WIEDER-ATHERTON VENDREDI 14 DÉCEMBRE 2018 20H30

OPÉRA CONFLUENCE - AVIGNON www.orchestre-avignon.com - 04 90 14 26 40 Conception graphique : stephanevalade-graphiste.com - Imprimeur Imprimerie de Rudder

UN POUR UN Un accompagnement scolaire individualisé (Ecoles publiques St Roch, Scheppler, Louis Gros) UN POUR UN Avignon C’est un adulte qui va aider un enfant d’origine étrangère (en classe élémentaire) quelques heures par semaine (maîtrise de la langue française, ouvertu- res culturelles) en liaison avec sa famille et son enseignant

DES ENFANTS ATTENDENT UN TUTEUR 1 pour 1 Avignon MPTChampfleury 2, rue Marie Madeleine- 84000 Avignon Tel. 04 90 82 62 07 - http://1pour1-avignon.fr

VOTRE PUBLICITÉ dans la gazette 06 84 60 07 55 [email protected] Wash WESTMORELAND de vil séducteur) est un critique mu- périences et les conquêtes qui ne dé- USA/GB 2018 1h51 VOSTF sical en vogue, écrivain, mais le plus rangent guère Willy tant qu’elles ne sont avec Keira Knightley, Dominic West, souvent par procuration : il signe plus que féminines. Eleanor Tomlinson, Fiona Shaw, d’œuvres qu’il n’en écrit, ayant recours Denise Gough, Robert Pugh… à des prête-plumes qu’il paie au lance- On ne va pas vous raconter ici toute la Scénario de Richard Glatzer, pierre. Sa notoriété l’amène à fréquenter vie tumultueuse de Colette (romancière, Wash Westmoreland les plus prestigieux salons littéraires de actrice, mime, journaliste…), le film est et Rebecca Lenkiewicz l’époque, entraînant sa compagne fa- là pour le faire ou lui donner un éclai- rouche dans son sillage. Si elle n’y brille rage in situ si vous la connaissez déjà. Ce film raconte avec un classicisme fort pas par ses tenues, elle y étincelle rapi- Ce qui est le plus passionnant, c’est de sage l’histoire d’une jeune femme qui dement par son esprit, sa grande liberté resituer l’écrivaine sulfureuse dans l’am- heureusement le fut beaucoup moins. de ton qui étonne et séduit le tout Paris, biance de l’époque, de ressentir le poids Tout débute dans les années 1890, qui a vite fait de s’éprendre d’elle, tan- du patriarcat qui restreint les possibili- celles de la Belle Époque. La jeune dis qu’elle l’observe, s’acclimate à son tés d’avenir des femmes. Si son œuvre Gabrielle Sidonie Colette a tout d’une nouveau milieu. Elle s’affranchira vite fait tâche d’huile, se répand si vite, c’est péquenaude inoffensive, avec ses robes de ses vieilles nippes et d’une partie de qu’elle est tout à fait moderne, donne simples, ses longues tresses, quand son nom à rallonge pour se faire appe- une voix à ce que chacune vit tout bas. Henry Gauthier-Villars, surnommé ler d’un plus percutant « Colette », se On est plongé dans son cheminement « Willy », la séduit. Elle a tout juste vingt créant un style « à part » qui rehausse sa intérieur, son attachement si particulier ans et lui quatorze de plus quand ils se beauté atypique. à Willy qui se transformera par la suite marient. Elle porte sur son visage l’inex- en désamour profond. Elle lui pardonne- périence de son jeune âge, lui dissimule Progressivement Colette se rend visible, ra beaucoup de choses, mais jamais de sous sa barbe un passé de véritable se- incontournable, et il faut au moins cela ne pas avoir rendu son nom aux écrits rial-séducteur compulsif. Après le ma- pour ne pas faire tapisserie au bras d’un dont elle accouche pour celui dont elle riage, vite conclu, la jeune fille en fleur Willy dont on a l'impression qu'il est est devenue la « négresse » littéraire. Au débarque à Paris, impressionnée par la connu de toutes les femmes de Paris. Il fur à mesure que la série des Pauline bruyante capitale, tellement étrangère a beau essayer de la maintenir à l’écart s’égraine, que chaque livre devient un à la luxuriance de sa Bourgogne natale de certaines réalités, Colette, malgré son best-seller, la célébrité de Willy qui aug- dont seul l’accent rocailleux la poursuit amour, ne reste pas dupe longtemps. Au mente phagocyte la reconnaissance de comme un beau souvenir (chose forcé- gré des supercheries et mensonges mé- l’écrivaine. Colette trépigne, engluée ment impossible à reproduire dans un diocres de son époux, la jeune femme au fin fond du rôle dévolu aux femmes. film anglophone, malgré l’interprétation s’aguerrit, s’émancipe. Loin de se lais- C’est bel et bien Willy qui récolte les bluffante de Keira Knightley). ser dépasser ou abattre, elle en fait une fruits de ce qu’elle a semé et qui refuse force, fuyant le joug de la domination de rendre à Colette ce qui appartient à Willy (Dominic West, parfait dans ce rôle masculine, multipliant à son tour les ex- Colette…

Séance unique le mercredi 16 janvier à 20h30 En collaboration avec l’association Serpsy (Soins et Études en Psychatrie) la projection sera suivie d’une discussion avec Julie Cubells, Léa Martinez, Madeleine et Dominique Friard, infirmier(e)s en psychiatrie. SHOCK CORRIDOR Écrit et réalisé par Samuel FULLER USA 1963 1h38 VOSTF avec Gene Evans, Constance Towers, Peter Breck, James Best…

« Un film est un champ de bataille : amour, haine, violence, action, mort, en un mot émotion », déclame Samuel Fuller Séance unique le jeudi 17 janvier à 18h15. dans Pierrot le fou de Jean-Luc Godard. Avec son casque En collaboration avec Le Musée Angladon – de cheveux blancs et ses gros cigares, nous l’avons aper- çu dans de nombreux films d’auteurs européens (de Godard Collection Jacques Doucet, la projection sera suivie à Kaurismaki), mais peut-être avons-nous oublié ses films... d’une discussion avec Lauren Laz, directrice du C’est sûr, Samuel Fuller est sans doute le plus compliqué, le plus énigmatique des cinéastes de l’après guerre. Fortement musée. Lauren Laz présentera en première partie les inspirée de son expérience personnelle (il fût journaliste cri- six tableaux de Picasso, propriété du musée Angladon. minel, engagé volontairement dans l’infanterie américaine au cours de la Seconde Guerre mondiale), l’œuvre de Fuller est Vente des places à partir du 2 janvier. empreint d’un désir de vérité, de sentiments excessifs et de violence. Shock Corridor ne fait pas exception, Godard (en- core lui !) le qualifiant de « chef-d’œuvre du cinéma barbare ». Shock Corridor filmé en 10 jours est un film convulsif, di- rect et brutal, une fable politique hallucinatoire où le noir et LE MYSTÈRE PICASSO blanc expressionniste nous plonge dans le cauchemar d’une Amérique malade. Johnny Barrett, journaliste, avide de noto- Henri-Georges CLOUZOT France 1956 1h18 riété, décide de traquer un meurtrier dans un asile d’aliénés et avec Pablo Picasso, Henri-Georges Clouzot, Claude Renoir… de se faire interner en psychiatrie. C’est alors le début d’une Scénario de Clouzot et Pablo Picasso. implacable et terrifiante descente aux enfers. Les aliénés que côtoient le journaliste deviennent alors les porte-paroles des Henri-Georges Clouzot décide de filmer le peintre Pablo victimes du racisme ordinaire, des lynchages pratiqués par le Picasso au travail. Dans les studios de la Victorine à Nice, le Ku Klux Klan, de la folie nucléaire, de l’inhumanité moderne peintre, âgé de 72 ans, se met devant son chevalet. d’une Amérique des années 60 avide de gloire et de profit. Grâce à des encres spéciales venues des États-Unis, les des- Samuel Fuller avait écrit ce scénario pour Fritz Lang et son ob- sins du maître espagnol apparaissent directement à l’écran, jectif était alors de dénoncer l’horreur des conditions de vie des mais changent, évoluent et les coqs se métamorphosent par- patients au sein des institutions de l’époque : « Mon scénario fois en poissons ou en fleurs. Picasso peint des corridas, des commençait par une scène où des malades baignaient dans toréadors et accepte de réaliser une œuvre en moins de cinq leur merde, affalés dans un couloir de l’asile. Fritz Lang m’a dit : minutes pour Clouzot. “Est-ce possible ?” Je lui ai montré une photo. Il était sidéré ! » C’est la matérialisation cinématographique de la rencontre entre deux créateurs en pleine maîtrise de leur Art, fruit d’un délicat compromis entre cinéma et peinture. L’exécution des tableaux par le peintre se trouve mise en scène et enchâssée dans un récit de fiction sur la création élaborée par le cinéaste.

Une saison Picasso au Musée Angladon Le Musée a décidé de donner une couleur particulière à chacune de ses saisons. Après Vincent Van Gogh, la saison 2018/2019 est placée sous le signe de Picasso. Elle invite les visiteurs à cultiver leur regard dans la fréquen- tation intime des œuvres, à commencer par les six peintures et dessins du jeune Pablo Picasso, réalisés entre 1904 et 1920, qui font partie des collections du Musée. La projection du film Le Mystère Picasso, vient éclairer la rencontre de deux créateurs et de deux univers, entre peinture et cinéma. Qu’est-ce qu’on risque ? L’association Serpsy propose Tout au long de la saison, d’autres événements : conférences, ate- sur cette thématique un colloque (trois tables rondes et des liers, dégustation picassienne, soirée dessinée, nourriront le dia- saynètes de théâtre-forum) le vendredi 8 février au Centre logue des arts en établissant des correspondances entre univers Hospitalier de Montperrin, à Aix-en-Provence. Shock Corridor sensibles, couleurs, saveurs, musiques, images, mouvements. servira d’introduction à cette thématique qui bien au-delà de De quoi se préparer à découvrir l’exposition conçue par le Musée la psychiatrie interroge le fonctionnement de la société. Pour Jenisch Vevey, Picasso. Lever de rideau, du 7 juin au 15 septembre nous contacter : 06 71 22 24 41 ou site serpsy.org. 2019, au Musée Angladon - 5 rue Laboureur, Avignon. 0490822903

En collaboration avec l’AFIA, la séance du mercredi 9 janvier à 19h45 sera suivie d’une discussion avec Paule Baisnée, enseignante de cinéma et spécialiste de cinéma italien. L’ENFER DANS LA VILLE

Écrit et réalisé par ser en milieu fermé, on l’oublie vite, tant si celle-ci disait vrai ? On la parque Renato CASTELLANI elles sont vivantes, espiègles, dissipées, dans une cellule : huit petits lits en rang Italie 1959 1h46 VOSTF Noir & Blanc parfois coquines et coquettes, ou n’es- d’oignons… L’un pour Berni, l’autre avec Anna Magnani, , sayant plus de l’être, grandes gueules pour Renata, encore un pour « la com- Myriam Bru… ou discrètes. S’il n’y avait les grilles, on tesse »… Mais il y a surtout celui de la re- se croirait presque dans un pension- doutable Egle, qui n’en fait qu’à sa tête, Ici les femmes ont le verbe haut, le nat pour jeunes filles, d’autant que les dort toute la journée quand les autres geste preste, d’autant quand elles se matonnes sont des nonnes, une sorte piaillent, puis chante à tue-tête la nuit cherchent, se provoquent. Leurs ac- d’école de la mauvaise vie. Les plus pour énerver son monde, en particulier cents ensoleillés nous renvoient des anciennes affranchissent les novices, la terrible Moby Dick, du cachot d'en images de ribambelles de mioches, de les taquinent volontiers mais partagent face. À les écouter s’alpaguer, pleines guirlandes de nippes bariolées qui vire- leurs combines. Le temps aidant, on se de gouaille et d’entrain, on a l’impres- voltent sur d’immenses cordes à linge connait par cœur et on fait avec. Il y a sion que le soleil rayonne, l’ambiance se suspendues dans les ruelles étroites. celles qui sont là pour longtemps, pur- rempli d’hormones, bouillonne malgré Nul doute, nous sommes en Italie, celle geant de lourdes peines, il y a celles de la grisaille des murs. On se dit que Lina du dessous des cartes, celle des geôles passage qui n’y reviendront jamais, mais ne fera pas long feu ici. Pourtant, contre cachées. Ici les femmes ont la parole pour la majorité, c'est un perpétuel re- toute attente, Egle va prendre la jeune tendre quand elles fondent comme des tour à la case prison, comme si leur exis- oie blanche sous son aile… midinettes oubliant un vague instant tence n’était qu’un mauvais jeu de l’oie. La principale raison de voir ou revoir leurs manières de filles des rues qui en Mauvaise donne, mauvaise pioche et tu L’Enfer dans la ville reste la prestation ont trop vu, trop fait. De belles déver- replonges pour un tour… Il vaut mieux épatante d’Anna Magnani, passant par gondées ! Leurs chants illuminent par- en rire ! Tu pleurniches ? Tes compagnes tous les états d’âme, de bout en bout fois les barreaux de leur prison. de taule auront tôt fait de te redresser ! crédible tout en flirtant dangereusement Tiens, en voilà une qui débarque, de avec le cabotinage. Toujours sa fougue C’est un film torride qui nous parvient pleurnicheuse et elle le fait très bien l’emporte. Il lui suffit d’un regard, d’un du fond des âges, vibrant et râpeux (Giulietta Masina, dans le rôle de Lina, geste, d’une modulation vocale pour comme la voix d’Anna Magnani qui nous est une vraie tête à claques). Lina, avec nous porter l’estocade et nous faire tom- aguiche, nous submerge, nous mène sa bouille ronde, ses grands yeux effa- ber sous son charme… par le bout du nez. Elle incarne une belle rouchés qui roulent dans tous les sens, brune, Egle, à qui personne n’ose résis- ne voulant pas croire à ce cauchemar, À noter : sur la prochaine gazette ter, ni les hommes, ni ses compagnes clamant son innocence. On se gausse, d’incarcération. Un caïd au féminin qui forcément ! C’est toujours la même ren- Paule Baisnée présentera La strada impose le respect. Cela a beau se pas- gaine avec les petites nouvelles. Mais de Federico Fellini DILILI À PARIS Film d'animation écrit et réalisé par Michel OCELOT France 2018 1h35

POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 7/8 ANS Dans le Paris de la Belle Époque, rien ni personne ne semble pouvoir résister à Dilili ! Partout où passe la petite métisse, sa bonne humeur, son sens de la répartie viennent à bout des obstacles et font oublier sa couleur de peau. Car le temps n’est pas bien loin où les « colorés » comme on les désigne alors, étaient encore des esclaves. Lutter constamment contre l’ignorance d’autrui a visiblement forgé l’esprit vif de la jeune kanake. Ce n’est pas avec de l’agressivité qu’elle enferre ses détracteurs, mais avec une KIRIKOU ET arme bien plus fatale : la politesse ! Dilili nous semble bien vite plus civilisée que certains Parisiens qui la dévisagent du haut de leur bêtise. Sous ses allures joviales, le nouveau film de Michel Ocelot propose une vraie réflexion sur le rejet de l’autre, le racisme, LA SORCIÈRE l’intégrisme. Mais à côté de cette fable politique et féministe, c’est aussi une ode inconditionnelle au Paris de la bien nom- Film d'animation écrit et réalisé par Michel OCELOT mée « Belle Époque », à sa richesse artistique et culturelle. Belgique/France 1998 1h10 Musique originale de Youssou N'Dour C’est la rencontre de Dilili avec Orel, un beau gosse aux allures de jeune premier, conducteur de triporteur de son état, qui va À VOIR EN FAMILLE, POUR LES rendre l’exploration de la ville possible dans ses moindres re- ENFANTS À PARTIR DE 4/5 ANS coins : depuis ses plus imposants monuments jusqu’à ses dessous inavouables et cachés, tels les égouts. Rapidement C'est le grand retour, pour son vingtième anniversaire, d'un Orel et Dilili forment un duo inséparable. C’est à la hauteur dessin animé beau comme un tableau du douanier Rousseau, des humbles que la visite féérique débute et qu’on va cô- un conte africain qui se dirait au son des tam-tams. Il faudrait toyer comme par enchantement les plus prestigieux person- avoir un cœur de pierre pour ne pas craquer devant Kirikou, nages d’alors, que l’histoire n’a pas oubliés : de Marie Curie minuscule héros qui n'a pas fini de nous surprendre par sa à Sarah Bernard, en passant par Louise Michel… et tous les sagesse et sa curiosité… grands scientifiques, philosophes, artistes, qu’on croise dans Il était une fois en Afrique, en plein cœur d'un tout petit vil- un tourbillon palpitant. lage, dans une hutte… Une petite voix se fait entendre dans Tout irait donc pour le mieux pour Dilili si, dans l’ombre de le ventre d'une femme enceinte… Impatient de rencontrer le ce séjour lumineux, ne planait une terrible menace, un ter- monde, un bébé naît, tout seul, et déclare à sa mère : « Je rible complot orchestré par les affreux mal-maîtres qui kid- m'appelle Kirikou ». Le bambin sait à peine marcher que, dé- nappent à tour de bras d’innocentes petites filles. Un mys- jà, il cavale à la découverte de cet univers qui est désormais tère que notre couple d’intrépides va évidemment s’attacher le sien : son village. à vouloir éclaircir. Mais voilà, les villageois ont bien des tracas : Karaba la sor- cière a jeté un sort sur la petite communauté et la vie est de- venue un enfer ; la source est asséchée, les hommes ont dis- paru mystérieusement et les femmes sont dépossédées de leurs bijoux… Il n'en faut pas plus à Kirikou pour se mettre en action : il va chercher tous les pourquoi à ces malheurs et s'en aller découvrir le sombre secret de la méchanceté de Karaba afin de délivrer son village. Riquiqui conquérant au cœur d'or, ingénieux et futé, notre héros part pour l'univers maléfique de la sorcière… Kirikou et la sorcière, formidable réussite graphique et esthé- tique, est inspiré d'un conte africain et en restitue toute la force, toute la beauté. On y parle des pouvoirs des sorciers, des gris-gris et des connaissances des vieux sages, on y voit des femmes torse-nu piler le mil, on y entend des chants très simples, que les gamins se mettent spontanément à inventer pour raconter l'instant présent. Et puis il y a toutes les voix, aux accents mélodieux de l'Afrique, et la musique tradition- nelle qui rythme le récit… ENSEIGNANTES, ENSEIGNANTS, n’hésitez pas à nous contacter pour des séances scolaires au 04 90 82 65 36 qui tient le premier rôle : Pachamama est un bijou d’animation. Très imprégné du chamanisme que l’on retrouve dans toute l’Amérique du Sud et un peu en Amérique du Nord, c’est PACHAMAMA bien sûr un film qui fait réfléchir sur les liens entre les Hommes et la Terre, sur le Film d’animation de Juan ANTIN qui n’ont pas froid aux yeux, décident mal qu'ils lui font, sur les bienfaits qu'elle France 2018 1h10 alors de partir pour récupérer la sta- leur donne sans compter. Il est aussi Scénario de Juan Antin, tuette et la rendre au village… S'engage question de cupidité, celle qui fait tour- Patricia Valeix, Olivier de Bannes, une quête qui les mènera jusqu’à ner la tête des rois et des conquistadors et Nathalie Hertzberg Cuzco, capitale royale déjà assiégée mais qui est aussi bien réelle dans notre Musique originale de Pierre Hamon par les conquistadors, les hommes aux monde de pollution et de consommation. chevaux de fer qui sont bien décidés à POUR TOUTE LA FAMILLE, piller tout ce qui brille sur leur passage. La musique est incroyable, mélange À PARTIR DE 6 ANS Heureusement, ils seront aidés par le d’instruments précolombiens, de chants Grand Condor et un mystérieux sage d’oiseaux et d’ambiances de pluie ou de Pachamama, c’est la déesse de la terre, aveugle… forêt tropicale, et donne au récit une di- c’est la mère de tous les êtres vivants, Des dessins d’une poésie et d’une pré- mension magique envoûtante. l’origine du monde. Dans la culture pré- cision incroyables, des couleurs cha- inca, c’est une figure essentielle des toyantes, une histoire pleine d'aventure, ENSEIGNANTES, ENSEIGNANTS, peuples Quechua. de mystère, d'interrogations, l’omnipré- n’hésitez pas à nous contacter pour Voilà un bien joli titre pour un bien beau sence de Mère Nature et une musique des séances scolaires au 04 90 82 65 36 film qui va combler l'appétit de décou- verte des jeunes spectateurs. Pachamama nous plonge dans un pas- sé très ancien et dans des contrées très éloignées, dans la Cordillère des Andes, au cœur d’un petit village in- ca. Tout le monde s’apprête à fêter Pachamama par des offrandes, pour la remercier de sa générosité, pour les rayons de soleil qui ont fait pousser le maïs et les légumes, pour l’eau qui a ir- rigué les plaines et pour la terre fertile qui a nourri les hommes. Mais au beau milieu des célébrations, un trouble-fête débarque sans prévenir : c’est le repré- sentant du grand chef inca qui vient pré- lever sa part du gâteau. Flanqué de ses sbires, il va se servir et dérober la sta- tuette sacrée, la Huaca, totem du vil- lage, pour la rapporter à son maître. Tepulpaï et Naïra, deux jeunes villageois

ARTHUR ET LA MAGIE DE NOËL Programme de deux courts films d'animation République Tchèque – Japon Durée totale : 40 mn Version française POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 3 ANS Tarif unique : 4 euros Deux petits films pour les petits, deux contes tout doux, tout mignons, poétiques et charmants.

Charlie le bonhomme de neige LES CONTES Petr Vodicka – République-Tchèque, 2018, 12 mn Charlie est un bonhomme de neige, mais surtout sans pipe en bois. Ce n’est pas qu’il craigne de fondre, il n’est pas fait de neige et on ne sait pas de quel bois il se chauffe. Il fait partie du peuple des jolies décorations de Noël qu’on accroche aux MERVEILLEUX sapins. Après une année entassées au fond d’un carton, les voici enfin respirant à l’air libre ! Et dès que les humains de la maison tournent les talons, tous ces habitants faussement sages s’animent. On se reconnaît, on se salue poliment… par Ray Harryhausen ou pas. Certains sont plus mauvais coucheurs que d’autres. Programme de 5 courts films Mais peu importe car pour Charlie, c’est enfin l’heure de re- d’animation de Ray HARRYHAUSEN trouver sa promise ! Mais Evie reste introuvable ! Charlie va USA 1950-1953 Durée totale : 53 mn Version Française devoir mener l’enquête. POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 4/5 ANS Arthur et les aurores boréales Tarif unique : 4 euros Takeshi Yashiro – Japon, 2014, 26 mn C’est bientôt Noël ! Le petit garçon qui vit douillettement entre Visibles pour la première fois en salles de cinéma, voi- ses deux parents guette les premières neiges qui annonce- ci cinq contes célèbres adaptés – très librement ! – par Ray ront le retour d’Arthur, le bonhomme de neige. Chaque année Harryhausen, magicien de l’animation, créateur unique et vi- c’est le même rituel, qui démarre au bord de la voie ferrée. sionnaire qui réalisera les effets spéciaux de nombreux films Mais pour l'enfant, cette année-là est très spéciale : Arthur a d’aventure de l’âge d’or d’Hollywood, dont notre préféré reste promis de lui montrer les aurores boréales quand il sera assez Jason et les Argonautes. Les cinq contes du programme sont grand. Et le petit garçon se sent enfin assez grand. Il ne reste réalisés en « stop motion », animation en volume de marion- plus qu’à en convaincre Arthur. nettes articulées. C’est magnifique d’invention et de poésie. ENSEIGNANTES, ENSEIGNANTS, n’hésitez pas à nous contacter Le Petit chaperon rouge : se rendant chez sa grand-mère, pour des séances scolaires au 04 90 82 65 36 une petite fille s’aventure en dehors du sentier pour cueillir un bouquet de fleurs. Elle y rencontre un loup, qui est moins ai- mable qu’il n’en a l’air…

Hansel et Gretel : pour aider leur père, un bûcheron ruiné, deux enfants décident de chercher de la nourriture en forêt. Après s’être égarés, ils découvrent une maison en pain d’épices, en fait le repaire d’une sorcière qui rêve de les dévorer…

Raiponce : pour se venger d’un couple de voleurs, une sor- cière kidnappe leur fille et l’enferme au sommet d’une tour. Les années passant, ses cheveux blonds atteignent une longueur hors du commun. Un jour, un Prince Charmant qui se bala- dait près de là découvre l’existence de la jeune demoiselle…

Le Roi Midas : un roi déjà très fortuné rêve de devenir l’homme le plus riche du monde. Un jour, un mauvais génie exauce son vœu le plus cher : tout ce qu’il touchera se trans- formera instantanément en or…

Le Lièvre et la Tortue : un lièvre arrogant et sournois se moque jour après jour d’une tortue. Un jour, cette dernière en a assez et décide de le défier à la course. Un renard qui pas- sait par là propose d’arbitrer l’événement… En collaboration avec Le Point de Capiton. CAFÉ CITOYENS Séance unique le samedi 19 janvier à 10h30. D’AVIGNON La projection sera suivie d’un débat animé par Simone Molina, psychanalyste et des membres du Point de Capiton. Des Avignonnais ont lancé depuis deux ans, un Café citoyens au res- taurant Manutention d’Utopia, les lundis soirs, à partir de 18h30, tous les 15 jours. Prochaines soi- rées : 17 décembre, 14 et 28 jan- vier. Nous souhaitons nous retrouver le soir, dans un lieu agréable, pour échanger, réfléchir ensemble, et faire du concret (envisager des ac- tions communes). Nous débattons de tous sujets d’actualité selon les préoccupations des personnes présentes et des invités occa- sionnels. Nous sommes un lieu de convergence, des habitants et acteurs (associatifs, culturels etc.) l’immense variété des enjeux politiques, historiques, religieux, philosophiques, d’Avignon et ses alentours : pour philologiques et aussi très personnels permettre la mise en relation des que mobilise l’hébreu dans sa singularité. associations, des initiatives lo- TRADUIRE Ainsi à Brest, Sandrick Le Maguer tra- cales, être un lieu fédérateur. Cha- Nurith AVIV vaille le Midrash (exégèse juive du texte France / Israël 2011 1h10 VOSTF biblique) pour éclairer les Évangiles. À cun apporte à boire ou à grignoter Boston (Massachusetts), Angel Saenz- et vient si possible avec son verre Première femme à être reconnue comme Badillos ramène à leur source hébraïque directrice de la photographie par le les poètes médiévaux de l’âge d’or espa- réutilisable. Centre National de la Cinématographie, gnol. À Malakoff, Itskhok Niborski com- Nous avons eu notamment l’oc- Nurith Aviv a fait l’image d’une centaine pose un dictionnaire des hébraïsmes de films de fiction et de documentaires contenus dans la langue yiddish. À Tel- casion d’aborder : le mieux vivre (pour Agnès Varda, Amos Gitaï ou encore Aviv (Israël), Sivan Beskin tente de res- ensemble, les services publics, la Jacques Doillon). Passée à la réalisation tituer la poétesse Léa Goldberg (1911- en 1989, elle a réalisée quatorze films 1970), originaire de Lituanie, à sa langue Roue monnaie locale, la Démocra- documentaires qui mettent en scène natale. tie et en particulier la démocratie une langue, l’hébreu, et l’interroge sous divers angles poétique et politique, reli- Au fil de ces interventions, filmées avec locale et les conseils de quartier, gieux et profane une belle tenue dans l’écoute de la parole les nouveaux compteurs Linky Dernier volet d’une trilogie, Traduire est et le demi-jour des cabinets de travail, une invitation à un voyage à travers les des propos surprenants et passionnants d’EDF, la finance, les sans-pa- âges, depuis les textes anciens jusqu’à affleurent. À Barcelone, Manuel Forcano, piers, l’eau bien public, le système la littérature israélienne contemporaine, traducteur du poète Yehuda Amichaï un film-Babel où des traducteurs de dif- (1924-2000) en catalan, avoue l’influence de santé…Nous avons organisé férents pays, s’exprimant chacun dans du rénovateur de la littérature israélienne et participé à plusieurs actions : sa langue, parlent de leur expérience sur sa propre poésie. À Acre (Israël), Ala de passeurs de la littérature hébraïque Hlehel, traducteur d’origine palestinienne réunion publique « quartier libre », écrite à travers les siècles. Les traduc- du dramaturge Hanoch Levin (1943- réveillon avec des migrants, débat teurs parlent avec passion de la confron- 1999) en arabe, explique comment il doit tation avec une langue qui les amène procéder « au meurtre de la langue du sur le projet de rénovation de la parfois à transgresser les règles de leur père » pour faire passer la concision de prison, actions contre la fermeture propre langue. mettre en évidence de l’hébreu dans l’efflorescence de l’arabe des bureaux de poste de Saint- manière vivante, et souvent émouvante, classique. Ruf et Place Pie, participation au collectif pour le passage public Pour la 5e année le Point de Capiton poursuit son partenariat avec Utopia. Nous abor- Urbain V… derons un nouveau cycle autour de trois films de la réalisatrice Nurith Aviv dont le travail sur la langue, la traduction, la transmission rejoint nos préoccupations sur l’écriture de la Pour nous contacter et recevoir souffrance psychique comme de l’écriture littéraire ou cinématographique. Nous avons sollicité Caroline Renard, professeur de cinéma à la faculté d’Aix-en-Pro- nos informations, par mail : vence, pour le débat autour du prochain film et Nurith Aviv pour le suivant. Plus d’infor- [email protected] mations dans les prochaines gazettes. L’ANGE

En collaboration avec Miradas Hispanas, la séance du vendredi 11 janvier à 20h10 sera suivie d’une rencontre avec des membres de l’association.

Écrit et réalisé par Luis ORTEGA d’un chérubin. Autant dire que nul po- aériens, se révèle absolument, profon- Argentine 2018 2h VOSTF licier digne de cette fonction n’imagi- dément, irrémédiablement amoral. Sa avec Lorenzo Ferro, Chino Darín, nerait la perversion sous les traits du vie défile comme si chaque étape n'était Daniel Fanego, Mercedes Moran, gracile Carlitos, 17 ans, « des boucles qu’une immense farce illusoire. Les filles Malena Villa, Cecilia Roth… blondes de mannequin pour Petit bateau qu'il trousse, les villas qu’il détrousse, et une bouche de griotte humide, aussi les balles qui fusent du gros calibre qu’il Lucifer était beau, on l’oublie trop sou- attractive que répulsive, qui s’ouvre sur trimballe partout désormais, tel un grigri vent. Dans un monde qui s’entête à un sourire auquel personne ne résiste » protecteur. ne jurer que par les apparences, c'est comme le décrit si bien Guillemette souvent la laideur qui paraît suspecte. Odicino dans Télérama. De sa beau- Chaque scène du film est baignée d’une Pourtant… té vénéneuse il fera une arme de per- lumière soyeuse, sirupeuse, presque Buenos Aires, 1971. Carlitos est un fils suasion absolue sans que personne ne kitsch, tel un mauvais rêve trompeur qui de bonne famille, bien éduqué, presque soupçonne de prime abord le monstre hante et nous désoriente. Un cauchemar timide. Le soir il rentre vite à la maison, qui se tapit sous ses traits. coloré, orgiaque, dont nous devenons impatient de manger les bons petits plats Il lui en faudra peu pour basculer de l’at- tout autant spectateurs que Carlitos de maman. C'est l'enfant unique idéal, titude de lycéen angélique à celle de l’est lui-même de ses propres jours, sur lequel repose la confiance absolue de cambrioleur, braqueur au sang froid : comme si tout y était factice. Décors ses parents. Il n’a aucune patte blanche une simple rencontre, avec un camarade de carton pâte, figurants gisants prêts à à montrer pour qu’on lui accorde spon- de bahut, fils d’un caïd du coin, le trou- ressusciter. On dévore les scènes d’une tanément le bon dieu sans confession. blant Ramon, son alter ego en version brutalité décalée mais absolue, comme brune et virile. Voilà notre damoiseau in- hypnotisé par leur réalité surréelle, hyp- Ce bel éphèbe à gueule d’ange va pour- troduit dans une tribu familiale sans foi notique. On ne sait jusqu’où cette spi- tant bousculer les préconçus populaires ni vergogne. En un clin d’œil le blondinet rale infernale nous entraînera. Dans la et les croyances imbéciles… À l’époque s’acclimate, tel un poisson trop long- réalité, elle entraîna Carlos Eduardo sévissent les théories du célèbre méde- temps privé de son élément et qu’on re- Robledo Puch, tueur en série de son cin légiste et criminologue italien Cesare met à l’eau. Il se révèle capable de men- état, dans les geôles les mieux gardées Lombroso. Il reconnait les criminels à tir comme il respire, plus violent encore d’Argentine, où il continue d’effectuer la la longueur « excessive » de leurs bras que ceux qui l’affranchissent, parvenant plus longue peine jamais infligée dans simiesques, leur denture anormale, ou même à leur faire froid dans le dos… ce pays. Inspiré – mais néanmoins très encore le fait qu’ils aient des doigts en On sentirait Ramon presque jaloux de éloigné – de la véritable histoire, ce thril- trop ! Non mais, je vous jure ! Non seu- celui qui, progressivement, devient un ler palpitant et glaçant est une véritable lement ils sont laids, cons, mais ils sont élément moteur de leurs combines mi- réussite. Les deux acteurs principaux, pauvres ! Faciles à repérer ! Le coupable nables. Cet être solaire, magnétique, ca- Lorenzo Ferro et Chino Darín (le fils de) idéal a donc une sale tronche, pas celle pable de pianoter sur le clavier des airs sont absolument justes et bluffants…

La Clé des champs vous donne rendez-vous, mardi 15 janvier à 20h15, pour une discussion après la projection animée par Jacques Mancuso, professeur. QUI A TUÉ LADY WINSLEY ?

Hiner SALEEM sa pomme. Alors, dès que les autorités languissent de s’en débarrasser au plus France / Turquie 2018 1h40 VOSTF apprennent l’homicide de la romancière vite, quitte à accuser arbitrairement un avec Mehmet Kurtulus, Ergün Kuyucu, américaine Lady Winsley sur la petite île innocent. Ezgi Mola, Turgay Aydin… où elle passait tranquillement l’hiver, de- Scénario de Véronique Wüthrich vinez qui on envoie pour éviter tout in- Dans le fond, la seule personne que la et Hiner Saleem cident diplomatique avec le puissant présence de Fergan ravit est la jolie au- oncle Sam ? bergiste qui n’espérait pas un tel client Parmi les films de Hiner Saleem, on re- Voilà donc Fergan qui vogue vers en morte saison. Mais le devoir happe tiendra tout particulièrement le dernier Büyükada, scrutant l’horizon tel Corto Fergan et peu lui importe d’être mal aimé, en date, le savoureux My sweet pepper Maltese partant pour une course loin- pourvu qu’il coffre le meurtrier. Débute land (disponible en Vidéo en Poche !), qui taine… Quand il débarque dans un pe- donc l’enquête à partir d'un seul et était une sorte de western revisité. Cette tit village insulaire qui semble être resté unique indice : une goutte de sang dans fois le réalisateur vient taquiner le polar figé au siècle dernier, on le croirait par- l’œil de la victime, certainement celui de façon Agatha Christie. Avec la même venu au fin fond de la Turquie. Ceux qui l’assassin. Tout parait si simple avec les verve, la même fougue, le même sens de connaissent l’endroit y verront un pre- technologies modernes : quelques tests la dérision. Autant de qualités indispen- mier clin d’œil : Büyükada n’est qu’à ADN et le tour sera joué ! Bien sûr ce- sables quand on est né comme lui dans une quinzaine de kilomètres d’Istanbul ! la va se révéler plus complexe que pré- le Kurdistan irakien et qu’on a dû le fuir Gardez cela en tête pour savourer l’ef- vu, sinon ce ne serait pas marrant. Pour à l’âge de 17 ans. Les gags à répétition, fet comique des tribulations de notre parvenir à ses fins, Fergan va soulever les situations comiques qu’il glisse dans détective affublé d’un éternel trench- bien des lièvres et semer la zizanie dans ses films ne l'empêchent pas de conser- coat aussi beige que celui de Columbo. la petite communauté dont s’élèveront ver et de partager un regard critique sur Bien sûr les autorités locales accueillent bientôt moult protestations, à commen- la société turque, ses dérapages vis- l’intrus en grande pompe, comme il se cer par celles de la pauvre vétérinaire lo- à-vis de la question kurde, de la place doit, mais il devient vite clair que tous cale, soudain mise à toutes les sauces… des femmes… Dans ce Qui a tué Lady Winsley ?, Hiner Saleem adopte comme souvent un décalage humoristique qui lui permet de dire les choses en dou- La Clé des champs ouvre l’année 2019 avec ce film franco-turco-belge. Un ceur, laissant aux spectateurs le loisir de peu à la manière des frères Coen, ce film policier mélange parodie et romance. prendre l’intrigue au premier degré ou de creuser plus en amont les allusions à Un film en quête de bonheur truculent, mais qui sait jouer avec les codes, en peine voilées et leurs implications. s’adossant à la richesse cinématographique du cinéma turc. Ce film est ouvert à tous les publics, les ados auront eux aussi des moments Quand une enquête piétine alors qu'elle ne devrait surtout pas piétiner, c’est le de bonheur et saisiront la parodie de quelques-unes des séries sur lesquelles célèbre inspecteur Fergan que la po- les télévisions s’appesantissent… Venez donc nombreux pour participer lice stambouliote mandate pour la re- prendre en main. Les cas insolubles, les aux échanges de cette Clé ! affaires sensibles, c’est forcément pour JOHN CARPENTER, KING OF DARKNESS en cinq films, versions restaurées Soirée exceptionnelle le jeudi 3 janvier en compagnie de Moins culte que Assaut, Halloween ou New York 1997, Fog apparaît à la re- Michel Flandrin, critique de cinéma et spécialiste du genre. voyure comme un film extrêmement per- On se retrouve à , on commence par Halloween puis à sonnel, un concentré particulièrement 18h00 21h15 dense des obsessions de l'auteur, d'une on poursuit avec New York 1997. Entre les deux, vous pourrez discuter beauté plastique constante. du maître de l’horreur avec Michel Flandrin, manger des lasagnes aux Soit une petite ville, Antonio Bay, qui fête son centenaire. Le jour anniversaire, le légumes de saison et boire un verre de vin au restaurant. Pour ces deux prêtre découvre un journal secret tenu par projections : 8 euros (+10€ si vous voulez manger). Achetez vos places son défunt grand-père, détaillant com- ment la ville s'est construite sur l'exter- et repas à partir du jeudi 20 décembre (vous pouvez tout à fait ne voir mination d'une communauté de lépreux qu’un seul film aux tarifs habituels... mais ce serait bien dommage). pour leur extorquer leur or. On est en ter- rain connu : foin des apparences, toute société se fonde sur des mensonges et des crimes. La violence anti-sociale de Carpenter, son anarchisme viscéral et sa rage destructrice ont ici pour instrument une armée de marins fantômes, jail- lis du fond des mers pour réclamer leur dû. Ces tueurs aquatiques évoluent ta- pis dans la brume, et un brouillard énig- matique, sorte de bouclier des spectres, avance peu à peu sur la ville…

(ESCAPENEW FROM YORK NEW YORK) 1997

John CARPENTER USA 1981 1h34 VOSTF avec Kurt Russel, Lee Van Cleef, Ernest Borgnine, Donald Pleasence, Isaac Hayes, Adrienne Barbeau… Scénario de John Carpenter et Nick Castle • Musique de John Carpenter et Alan Howarth HALLOWEEN En 1997 – un futur qui paraissait lointain Halloween devient aussi un démontage en 1981 ! –, Manhattan est devenu une implacable de l'american way of life, de immense prison-ghetto où vivent, en mi- HALLOWEEN son conformisme, de son vide abyssal. cro-société, trois millions de prisonniers. LA NUIT DES MASQUES Victime d’un attentat, l’avion du Président des États-Unis s’écrase en John CARPENTER plein Manhattan avec des documents ul- USA 1978 1h31 VOSTF FOG tra-secrets. Autant dire que ça craint et avec Donald Pleasence, Jamie Lee John CARPENTER qu'il faut le tirer de là coûte que coûte. Curtis, Nick Castle, Nancy Loomis… USA 1980 1h26 VOSTF Snake, un dangereux criminel, est char- Scénario de John Carpenter et Debra Hill avec Adrienne Barbeau, Jamie Lee gé, en échange de sa grâce, de partir à la Musique de John Carpenter Curtis, Janet Leigh, Hal Holbrook… recherche du Président. Parachuté dans Scénario de John Carpenter et Debra Hill Manhattan, il dispose de 24 heures pour Nuit d'Halloween, 1963. Un jeune garçon, Musique de John Carpenter mener à bien sa mission. Pourquoi 24h ? Michael Myers, épie sa sœur aînée et son boyfriend qui s'apprêtent à commettre l'acte de chair. Le petit ami s'éloigne un court moment, Michael en profite pour trucider sa sœur avec un couteau à dé- couper. Slash ! On est cueilli d'entrée. Nuit d'Halloween, quinze ans plus tard. Une clinique psychiatrique sinistre dans un coin perdu, battue par la pluie. Un psychiatre, le Docteur Loomis, qui le suit depuis des années, vient confirmer l'in- ternement à vie de Michael Myers. Mais Michael s'est échappé, et Loomis est terrifié : il est persuadé que le meurtrier est retourné dans sa ville natale, avec dans son cerveau malade les mêmes pulsions que quinze ans auparavant. Et le bon docteur a raison… Carpenter parvient à donner à son film une dimension étonnante : fantasmago- rie qui recycle les archétypes du genre, FOG JOHN CARPENTER, KING OF DARKNESS en cinq films, versions restaurées INVASION

(THEYLOS ANGELES LIVE !)

John CARPENTER USA 1988 1h33 VOSTF avec Roddy Piper, Keith David, Meg Foster, George « Buck » Flower, Raymond Saint-Jacques… Scénario de John Carpenter (crédité Frank Armitage) Musique de John Carpenter et Alan Howarth

Chômeur, John Nada débarque à Los Angeles et trouve un boulot d'ouvrier du bâtiment en même temps qu'un toit à Justice Ville, le bidonville qui sert de re- fuge à la main-d'œuvre du chantier. Non loin de là, il remarque un bâtiment où un groupe d'hommes s'active discrètement. Intrigué, il y découvre une fabrique de lu- nettes noires dont il vole une paire. Dans la rue, il les essaie et voit, à travers les NEW YORK 1997 verres fumés, un monde effrayant, peu- plé de yuppies au visage écorché vif, ba- On ne vous le dit pas… but est l’avènement du Mal… lisé par des panneaux publicitaires prô- Entre science-fiction post-apocalyptique « La recette a déjà été testée et approu- nant la consommation à outrance et la à la Mad Max et BD no future, Escape vée par John Carpenter (avec Assaut et soumission absolue. They live ! Ils sont from New York – on préfèrera le titre ori- Fog, notamment) : dans un lieu clos, le vivants et ils nous asservissent… ginal, moins daté, c'est le cas de le dire Bien et le Mal se chamaillent. Le Mal est Sous ses allures de série B faussement ! – trace sa route à fond la caisse en se- costaud, imaginatif et protéiforme. Le basique, avec scène de baston poussée mant sur son passage mort et jubilation Bien tombe dans tous les pièges. Qui va jusqu'à l'absurde, Invasion Los Angeles à parts égales. l’emporter ? est le film le plus clairement politique de « Synthèse de l’amateurisme fauché fa- L’intrigue pique à L’Exorciste et aux clas- Carpenter, une charge radicale contre çon Roger Corman et de la nouvelle siques de Terence Fisher, mais ce sont l'Amérique de Reagan gavée à force vague américaine, il permet à Carpenter les effets, le rythme et la composition de de consommer, abrutie par des médias de laisser libre cours à son goût de la sé- l’image qui intéressent Carpenter. Avec manipulateurs, injuste, corrompue, fli- rie B, sa maîtrise du Cinémascope et son son talent habituel, il fait monter l’an- quée, en un mot détestable. Qui aura le inclinaison pour les personnages de soli- goisse, rend le huis clos palpable et op- talent et le courage d'être le Carpenter taires anarchistes (le désormais mythique pressant… » (A. Ferenczi, Télérama) de l'époque Trump ? Snake Plissken, qui donna à Kurt Russell son meilleur rôle). » (Les Inrockuptibles) LE PRINCE

(PRINCEDES TÉNÈBRES OF DARKNESS)

John CARPENTER USA 1987 1h37 VOSTF avec Donald Pleasence, Jameson Parker, Victor Wong, Lisa Blount… Scénario de John Carpenter (crédité Martin Quatermass) Musique de John Carpenter et Alan Howarth

À la demande d’un prêtre (le père Loomis, Donald Pleasence retrouve le nom de son personnage de psychiatre dans Halloween), un groupe de scientifiques vient étudier un mystérieux cylindre de verre enfermé dans la crypte d’une église de la banlieue de Los Angeles. Au cours de leurs recherches, les scien- tifiques comprennent qu’ils se trouvent devant un processus irréversible dont le INVASION LOS ANGELES VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON Cave à vins, champagnes, spiritueux… > 600 vins et Champagnes dont près de la moitié en bio, nature ou biodynamie > 130 spiritueux > Bières, cidres, jus de fruits > Accessoires du vin > Coffrets cadeaux > Cadeaux d’entreprise

Les 3 bouteilles 29 boulevard Frédéric Mistral 30400 Villeneuve-lès-Avignon Tél. : 04 90 39 68 18 Mail : [email protected] FB : CaveLes3bouteilles

Ouvert du mardi au samedi 9h30-12h30 / 15h30-19h30 Le dimanche 9h30-12h30 Ouvert les lundis 17, 24 et 31 déc.

VOTRE PUBLICITÉ dans la gazette 06 84 60 07 55 [email protected] PUPILLE Écrit et réalisé par Jeanne HERRY Chacun a sa place, chacun a ses mots, dont le travail consiste à accompagner France 2018 1h55 ses gestes et son rôle à jouer dans ce ce pupille de la meilleure manière pos- avec Sandrine Kiberlain, Gilles roman de vie qui s’écrit. Chacun sait sible jusqu’à sa famille d’adoption. La Lellouche, Élodie Bouchez, Olivia Côte, parfaitement ce qu’il doit faire, dans réalisatrice s’attache à raconter l’histoire Stefi Selma, Miou-Miou… quel cadre s'inscrit son action et son dans chacune de ses composantes, unique objectif : le bien être de l’enfant. ne laissant rien ni personne sur le car- Ce film emballant, qui vous captive et Elle est très belle et très touchante, cette reau et c’est bien cette approche mul- vous emporte, est l’histoire d’une ren- chaîne humaine qui se met en ordre de tiple, qui va du plus petit sourire d’une contre, celle d’un bébé avec le monde. marche autour de ce minuscule individu. aide soignante au moment de l'accou- Ce bébé, comme tous les bébés depuis La sage-femme qui le met au monde, le chement jusqu'au premier regard de la la nuit des temps, n’a rien demandé à personnel hospitalier qui va le bercer, le mère adoptive sur son enfant, qui fait la personne mais le voilà. Il se trouve que nourrir les premiers jours, puis l’assis- grande force du film. ce bébé-là n’est pas un enfant désiré. tante sociale qui va expliquer à sa mère On comprend vite, par la tonalité des Sa mère biologique n’a pas pu ou pas biologique le processus enclenché, en- premières scènes, que rien n’a été lais- voulu comprendre ce qui lui arrivait, n’a fin l’éducatrice qui fera le lien entre le sé au hasard et que derrière les mots, pas cherché non plus à arrêter le pro- monde clos et protégé de l’hôpital et les gestes des personnages, se cache cessus de procréation, et lorsqu’elle ar- le monde extérieur. Puis, au bout de la une longue et minutieuse documenta- rive à l’hôpital, largement à terme, sa dé- course, la famille d’accueil qui veillera tion. Le film gagne ainsi en crédibilité et cision est déjà prise de ne pas garder avec bienveillance et tendresse sur ses ne s’égare jamais sur des voies trop ro- l'enfant. Dès lors, une machinerie peu premières semaines et enfin, en ligne manesques ou moralisatrices. Bien sûr, ordinaire, mêlant humain, administratif d’arrivée pour un nouveau départ, la il faut la part de fiction, la petite touche et juridique, se met en action pour ac- rencontre avec les parents qui devien- drôle ou tendre qui relance le récit et compagner cet être dans le monde, ce dront les siens. emporte l'adhésion du spectateur. Le « né sous X » dont l’État est désormais duo Kiberlain / Lellouche assume par- seul responsable, le temps de lui trouver Filmée avec une grande justesse, cette faitement cette fonction ; elle dans un une famille : c’est la grande petite his- quête à la fois très simple et extraor- personnage d’éducatrice forte en tête toire de ce modeste grand film. dinairement puissante dans laquelle et addict aux bonbons chimiques, lui en C’est comme une course de relais : chaque protagoniste va se lancer est homme au foyer, papa d’adoption, pro chaque protagoniste de l’histoire de racontée à la manière d’un périple hu- du baby-phone et du portage ventral. En cet enfant va apporter sa pierre à la main haletant. Nous allons suivre pas à sortant du film, on a un peu plus de ten- construction fragile de ses premiers pas, avec quelques allers-retours dans dresse dans la tête et un peu plus de foi jours et faire tout pour qu’il se sente le passé, ces femmes et ces hommes en l’humanité et ça, par les temps qui en sécurité, lui le bébé « abandonné ». qui font la grandeur du service public et courent, c’est à ne pas gâcher. La séance du mercredi 19 décembre à 20h20 se fera en collaboration avec l’Acid Spectateur. Lors de ces rencontres Acid, nous discutons en toute simplicité à l’issue du film, l’occasion de donner son avis, de prendre un temps précieux d’échange ensemble. CASSANDRO, THE EXOTICO ! Bi.e, gay, hétéro, lesbienne, trans, c’est ensemble que nous pourrons construire une société plus égalitaire et inclusive à laquelle nous aspirons tous.tes. À Avignon, SOS homophobie organise des événements militants, des interventions en milieu scolaire, des formations, des débats et des temps de réflexions pour porter cette belle ambition du vivre ensemble. Si vous souhaitez nous rencontrer pour échanger et mieux connaître nos activités et nos missions, nous vous invitons le jeudi 20 décembre à partir de 19h à un apéro découverte au Film documentaire de Marie LOSIER Après 26 ans de combats, de vols planés, France 2018 1h13 d'innombrables blessures, deux crises Centre LGBTQI + La Langouste Scénario de Marie Losier cardiaques, après des années sombres à Bretelles. et Antoine Barrau où il a plongé dans différentes addictions et touché le fond avant une renaissance Cassandro est un personnage hors du en 2003, la cinéaste Marie Losier l'a ren- Centre LGBTQI - commun, un vrai héros de cinéma sur- contré à un tournant de sa vie, peut-être prenant et captivant ! la fin de sa carrière, allez savoir. 10 rue Râteau Avignon. Contact : Passionné dès son plus jeune âge par le [email protected] sport roi du Mexique, la lucha libre – à Loin d'un portrait formaté, loin d'un film peu de choses près le catch –, il est mon- démonstratif ou militant sur l'homo- tél : 07 83 90 64 22 té sur le ring à peine adolescent et a gra- sexualité affirmée, Cassandro est un film Nous suivre sur FB : vi tous les échelons. Alors que la lucha universel sur le tournant de la vie d'un libre était le royaume des héros masqués, homme à la vie incroyablement riche : on www.facebook.com/SOSHPACA/ il a rejoint les « exoticos », ces catcheurs le voit dans tous ses états, on le voit faire au visage découvert et aux tenues extra- rêver les enfants autour d'un ring quand vagantes singeant les clichés de l'homo- il virevolte avec une aisance surnaturelle sexualité la plus caricaturale, et a endos- malgré ses années de souffrance, on le sé le rôle à bras le corps pour en faire voit dans son intimité, avec son lourd Association une revendication identitaire. Oui les exo- passif familial, avec ses croyances reli- ticos, tout homosexuels qu'ils étaient ou gieuses aztèques et son identité indienne ROULONS À VELO qu'ils paraissaient, étaient capable de qu'il retrouve, avec son corps qui n'est battre les rudos, les hommes, les vrais ! qu'un incroyable puzzle de blessures. L’atelier a déménagé et se D'ailleurs en 1991, Cassandro est deve- Avec la question sous-jacente : trouve dans l’Impasse Marcel nu champion du monde et par la même Cassandro, qui n'a vécu toute sa vie occasion un symbole qui renversait les qu'en habit de lumière, devra-t-il rac- Reynier à Avignon (sur l’avenue présupposés d'un pays dominé par le crocher le costume et retrouver Saul de la Violette) et nous sommes machisme le plus caricatural. Armendariz, son identité officielle ? heureux d’y accueillir les adhé- rents et les futurs adhérents. L’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion a été créée Nous continuons à aider à la par des cinéastes afin de promouvoir les films d’autres cinéastes et de réparation de vélo et à la pra- soutenir la diffusion en salles des films indépendants. Être membre du tique du vélo. Nous récupérons réseau ACID Spectateur, c’est jouer un rôle actif et primordial dans la vie les vélos afin de leurs donner des films en devenant, avec les cinéastes de l’ACID, un relais précieux une seconde vie. pour le cinéma indépendant. Plus d‘infos sur www.lacid.org subtile qu’il n’y parait. Une heure quinze de simple bonheur à ne pas bouder.

Enfin il serait totalement injuste d’ou- blier de citer le jeune acteur Joseph Engel dans le rôle du fils de Marianne, L’HOMME FIDÈLE âgé d’une dizaine d’années. Tout bon- Louis GARREL de son enfant, ne refasse surface, en nement solaire, il crée une zone d’ombre France 2018 1h15 veuve éplorée. Évidemment Abel im- sans concession autour de chaque per- avec Laetitia Casta, Louis Garrel, médiatement va vouloir la consoler, la sonnage, même celui de sa propre mère. Joseph Engel, Lily-Rose Depp… reconquérir. Tandis qu’Ève (Lily-Rose Il est celui auquel on ne peut rien cacher. Depp en ingénue diabolique), la petite Il distille le doute dans les pensées des La première scène, donne le « la », im- sœur du défunt, devenue enfin grande et adultes, les manipule. Petit bonhomme possible à dévoiler sans déflorer la sur- désirable, se met à courir après lui, prête loin des clichés rebattus sur l’enfance prise, cependant le ton est affiché : à déclarer la guerre à sa rivale. Mais si innocente, il aime à conspirer, joue les léger, drôle et cruel. Un détonnant mé- l’une a la jeunesse pour elle, la cuisse détectives, nous ouvre des fenêtres vers lange dans lequel Laetitia Casta excelle, ferme et des yeux de biche, l’autre a l’ex- d’autres perspectives, d’autres interpré- resplendissante. Elle est Marianne, l’in- périence qui sied aux renardes prêtes à tations plus sombres qui finissent par constante par laquelle arrivent les jeux tout pour défendre leurs territoires et les de dupes, de l'amour et du hasard… proies qu’elles ont conquises. Voilà, les nous hanter. Et si rien n’était ce que l’on Abel aimait Marianne, Marianne aimait ingrédients de l’intrigue en place, un sac a cru ? Et si ce qu’on prenait pour de Paul, Ève encore gamine aimait Abel de nœuds digne de La Seconde surprise simples badinages pouvaient révéler de secrètement, comme on aime un fan- de l’amour de Marivaux, dont le scéna- sordides histoires sans cœur. Comme tasme, un idéal masculin inaccessible… rio s’est de prime abord inspiré. Jean- lui on finit par poursuivre la piste de Un Abel (Louis Garrel, séducteur arrosé, Claude Carrière et Louis Garrel rendent coupables sans foi ni loi, d’empoison- au meilleur de son jeu) balloté au gré des hommage au génial dramaturge, tout neuses sans vergogne mais néanmoins femmes et des rencontres. Un Abel hila- en s’en émancipant. Chaque scène ci- séduisantes… Un monde imaginaire rant et touchant avec ses airs de coc- selée au cordeau en appelle une autre bien plus palpitant que la pure réalité. ker constamment résigné, incapable qui vient nous surprendre. Toutes s’en- Joseph réussit à nous propulser avec de contrarier celle qu’il aime, même au chaînent avec une fluidité efficace, délices dans sa bulle d’observateur sou- risque de la perdre. jouissive. L’Homme fidèle se grignote vent impuissant, jamais neutre. Et on se ainsi comme un petit quatre-heures, une réjouit de ses espiègleries perspicaces Dix ans passent… avant que Marianne, friandise craquante qui fera le bonheur qui bousculent les adultes, les font dou- qui s’est mise en ménage avec le père des coquettes et des galants, bien plus ter de tout. DIAMANTINO Écrit et réalisé par Gabriel ABRANTES et Daniel SCHMIDT Portugal 2018 1h37 VOSTF avec Carloto Cotta, Cleo Tavares, Anabela et Margarida Moreira (sœurs jumelles)… Diamantino Matamouros est une figure de proue de la Seleçao portugaise, dont le génie suscite l’engouement national – toute ressemblance avec un certain Cristiano Ronaldo n'est nullement fortuite. Mais c’est aussi un grand benêt au cœur d’or, qui fond en larmes devant les caméras du monde entier, un soir de finale, pour avoir raté un penalty décisif. Son père meurt au même moment, laissant le joueur dans le désarroi et aux prises avec deux sœurs jumelles, Sonia et Natasha, qui le tancent et détournent sans vergogne son argent. Pour soigner sa détresse, il recueille dans son vaste château, re- couvert d’azulejos et de marques de sponsors, une fausse réfugiée, Aisha, qui est en fait une enquêtrice des services secrets venue plonger le nez dans ses finances. Elle découvre un Diamantino innocent, instrumentalisé par ses sœurs dans des opérations douteuses… Un tel récit, dont la drôlerie joue sur la naïveté complète de son protagoniste, n’a évidemment rien de très sérieux, mais ne se refuse pourtant pas une forme de profusion qui main- tient l’intérêt à flot. Abrantes et Schmidt explorent les res- sources de l’outil numérique, dans un esprit de bidouille poé- tique à la Georges Méliès, créant toutes sortes d’incrustations et de mélanges aberrants. Ainsi l’inspiration du footballeur sur le terrain se manifeste-t-elle par une vision candide et amu- sante, celle d’une meute géante de « chiens poilus » qui sur- gissent sur le terrain pour l’accompagner dans un nuage de barbe à papa ! LE GRAND BAIN Diamantino emporte donc l'adhésion par son bouillonnant ré- Gilles LELLOUCHE gime d’images, qui cerne quelque chose de l’environnement France 2018 2h02 visuel dans lequel baigne notre modernité. À commencer par avec Mathieu Amalric, Guillaume Canet, son protagoniste lui-même, passionnant : d’une part à cause Benoît Pœlvoorde, Jean-Hugues Anglade, de sa naïveté spectaculaire, qui le rend aveugle au monde ; Philippe Katerine, Virginie Efira, Leïla Bekhti, Félix Moati, de l’autre, de par sa stature d’icône médiatique, qui contri- Jonathan Zacaï, Alban Ivanov, Mélanie Doutey… bue à le dématérialiser, dans un environnement saturé de lo- Scénario de Gilles Lellouche, gos (ses sponsors), de marchandises (le fatras tape-à-l’œil Ahmed Hamidi et Julien Lambroschini qui emplit son château) et de messages publicitaires (ses ap- paritions à la télévision). (M. Macheret, Le Monde) Bertrand est au chômage. Depuis trop longtemps. Il a perdu le goût d’à peu près tout hormis celui des cachetons et trim- balle sa carcasse entre la cuisine, le salon et, les soirs où il se sent aventurier, la rue jusqu'à laquelle il ose descendre pour sortir la poubelle. Bref, c’est la grosse déprime. Au dé- tour d’une sortie piscine, il va tomber sur un improbable club de natation synchronisée masculine, rien que ça. Et comme les nageurs en question on l’air au aussi – sinon encore plus – dépressifs que lui et que le groupe cherche des nou- velles recrues, il va sauter le pas. Coaché par une ancienne championne qui cache à peine son blues sous des tirades enflammées empruntées à la littérature classique ou des vo- lutes de clope qu’elle distille assise en tailleur sur le plongeoir, le groupe des sirènes est un sacré patchwork : Laurent, en colère contre tout, Marcus, glandeur majestueux dont l’en- treprise est en faillite (forcément), Simon, rockeur vieillissant qui rêve d’être David Bowie, et Thierry, grand poète devant la lune. Ensemble, ils assument leurs bedaines autant que leurs échecs existentiels, ils révèlent leurs cannes de serin velues autant que leurs blessures intimes. Mais il faut un challenge, bien sûr, pour révéler les talents enfouis et pour que la belle équipe se bricole une fraternité à toute épreuve : qu’à cela ne tienne, ce sera le championnat du monde ! On rit beaucoup, dans l’eau de ce Grand bain, on rit avec ces mecs ultra sensibles prêts à tout pour réussir un joli mouve- ment de gambettes ou un porté qui ait de la gueule. Avec ces nanas mi-mamans, mi-matons qui vont les dresser pour obtenir le meilleur d’eux. Avec autant de drôlerie que de ten- dresse, Gilles Lellouche réussit le pari d’une fable sociale qui dépote et qui réconforte. SAMI, UNE JEUNESSE EN LAPONIE

Écrit et réalisé par Amanda KERNELL gré mal gré par son fils tout au nord de men médical et anthropométrique des Suède 2017 1h53 VOSTF la Suède, à un enterrement où elle est jeunes filles, en faisant fi de leur pudeur. avec Lene Cecilia Sparrok, Mia Erika attendue, alors qu'elle n'a pas vu les Mais qu'à cela ne tienne, Elle Marja veut Sparrok, Maj Doris Rimpi, Hanna autres membres de sa famille depuis changer de vie, trouver l'amour, partir Asltröm, Julius Fleischanderl… des décennies. On comprend qu'elle re- loin, même si elle doit tout quitter, renier chigne à rejoindre la cérémonie où tout ses origines et passer pour une bonne L'intérêt premier de ce beau film est de le monde a revêtu, contrairement à elle, petite Suédoise. nous faire découvrir les Samis, commu- les habits traditionnels samis. Elle ne nément appelés les Lapons mais c'est peut pas reprendre la route le soir même Porté par une jeune actrice remarquable, un terme qu'eux-mêmes refusent car il mais elle refuse de dormir dans la fa- dont l'énergie pourrait rappeler la jeune est pour le moins péjoratif, puisque c'est mille, préférant l'hôtel local, rempli de Emilie Dequenne dans le Rosetta des un mot suédois qu'on peut traduire par touristes venus du Sud du pays et qui Frères Dardenne, Sami, une jeunesse en « porteurs de haillons » ! Les Samis sont pestent contre le voisinage bruyant des Laponie pose magnifiquement tous les un peuple d'éleveurs de rennes et de éleveurs de rennes… choix complexes et les épreuves aux- pêcheurs qui occupe le Nord des trois quels ont dû faire face les Samis et par pays scandinaves : Suède, Norvège et Un flash-back nous projette alors 70 ans extension de nombreux peuples autoch- Finlande. Un peuple qui a su conquérir auparavant. Christina s'appelle en fait tones ; il montre bien le renoncement, des formes d'autonomie et préserver un Elle Marja, elle est une adolescente sa- l'acculturation au profit des dominants minimum de ses traditions ancestrales mi qui vit en campement avec ses pa- et évidemment le racisme qui n'a pas au prix de luttes et parfois de renonce- rents et sa petite sœur Njenna mais se forcément le visage de la haine mais plu- ments. rend tous les jours à l'école suédoise, tôt celui de l'exotisme condescendant, où elle apprend la langue nationale. comme dans cette scène où des jeunes C'est à un voyage dans le temps, à Contrairement à sa cadette, elle brille en bourgeois d'Uppsala demandent à Elle travers le destin d'une jeune fille de- classe et, poussée par son institutrice, Mjara de chanter un joik, le chant sami venue femme puis vieille dame, que elle veut s'affranchir de sa culture d'ori- traditionnel. Mais la beauté du joik et de nous convie la jeune réalisatrice da- gine pour réussir. Mais le racisme est la culture sami est bien plus forte que le noise Amanda Kernell. La première sé- omniprésent, par les moqueries des voi- complexe de supériorité des Suédois ! quence du film est contemporaine : une sins suédois ou quand une délégation Et le film s'avère un superbe hommage à femme âgée, Christina, est conduite bon venue d'Uppsala vient effectuer un exa- ce peuple méconnu. UNIVERSITÉ DU TEMPS LIBRE

Anglaistous niveaux

It’s never too late... Espagnol Italien 6 rue de Taulignan - Avignon Tél. 04 90 85 88 00 www.utl-avignon.fr

tolérés. Sur scène, pseudos Ray Ban et dégaine cuir, se déchaîne l’idole des jeunes filles : Mike Naumenko. Mais at- tention : dans la salle, pas question d’exprimer trop ostensiblement sa pas- sion pour le rock, point de slam, pogo ni même gesticulations diverses, des émis- saires stipendiés du régime étant là pour LETOKirill SEREBRENNIKOV contrôler toute effusion excessive. Plus Russie 2018 2h09 VOSTF Noir & Blanc tard tout le monde se retrouve au bord avec Teo Yoo, Romain Bilyk, Irina du lac, c’est l’été (« leto », le titre du film), Starshenbaum, Filipp Avdejev, on chante encore, on flirte, les filles sont Julia Aug… Scénario de Kirill belles et les garçons pas mal non plus. Serebrennikov, Lily et Mikhail Idov Parmi eux le timide et étrange Viktor, au visage eurasien, qui lui aussi veut percer Leningrad, 1980 (ce n’est qu’en 1991 sur la scène rock. Il a un vrai talent et fas- que la ville reprendra le nom de Saint- cine Natasha, la compagne de l’incons- Pétersbourg). Nous sommes sous le tant Mike qui va néanmoins le prendre règne du marmoréen Brejnev, à cette sous son aile, ami et rival à la foi. Ainsi époque où la grande confédération des se noue un étonnant trio à la « Jules et républiques soviétiques a perdu de sa su- Jim », à la fois amoureux et artistique. perbe autant à l’extérieur qu’à l’intérieur, où plus personne ne croit réellement au Leto, dans un noir et blanc sublime, dé- modèle du communisme étatique, mais crit avec beaucoup de justesse et d’em- où le pouvoir réprime d’une main de fer pathie ces jeunes qui étouffent sous la toute opposition et toute velléité d’oc- chape soviétique et qui déploient une cidentalisation, autant dans les mœurs formidable énergie pour construire leur li- que dans l’économie. Autant dire que le berté artistique et amoureuse. Un monde peuple russe vit dans une triste léthargie. où l’on peut passer des nuits entières à Chez vous, en toute sécurité deviser, entassés dans un appartement, Et pourtant la première séquence de ce sur le sens des paroles de Lou Reed, remarquable Leto contraste avec ce cli- où l’on boit et fume beaucoup, où l’on les ché terne et grisailleux de l’Union sovié- s’aime, un monde qui échappe, en dépit tique des années 80. On y voit un groupe de la répression, aux diktats du pouvoir. Garde d’Enfants de jeunes filles escaladant une échelle à Le film est d’ailleurs directement inspiré De bébé… au collège l’arrière d’un groupe d’immeubles pour du destin des deux leaders de la scène se glisser par un fenestron dans ce qui rock du Leningrad des années 80, Mike • Gardes à la Carte • s’avère être un des rares clubs de rock Naumenko et Viktor Tsoi. (Ponctuelles / Temps plein) • Trajet École/Maison • • Aide aux devoirs • Le réalisateur Kirill Serebrennikov, que l'on connaît aussi pour ses mises en scènes de théâtre, est depuis dix-huit mois assigné en résidence en Russie. Le montage de Vaucluse - Gard Leto a été terminé à distance et il lui est interdit de communiquer avec l'extérieur, Bouches du Rhône hormis par le biais de son avocat. Son procès se tient en ce moment et devrait du- rer plusieurs mois. Il est accusé de détournements de fonds publics, mais pour ses Nous joindre : défenseurs, il s'agit surtout d'un moyen pour le pouvoir russe de museler celui qui www.lespetitspieds.fr dirige également le Centre Gogol, théâtre moderne réputé à Moscou. Il paie ainsi la [email protected] montée en puissance du conservatisme dans un pays où la création artistique est 04 90 14 64 88 de plus en plus soumise aux pressions. Il encourt jusqu'à dix ans de prison. 84000 AVIGNON

2018-09-PETITSPIEDS-UTOPIA.indd 1 18/09/2018 10:03 EN AVANT-PREMIÈRE LE 24 DÉCEMBRE À 20H00 ! TOUT CE QU’IL ME RESTE DE LA RÉVOLUTION

Vous avez les boules de Noël, vous vous enguirlandez en famille, la bûche vous reste sur l’estomac et de toute façon vous n’avez pas de cheminée ? Venez donc au cinéma !!! Cette année, très belle et fraîche avant-première du premier film de Judith Davis. Une comédie joyeuse, fougueuse et énergique, joli remède à la mélancolie ! Il sortira dans nos salles à partir du 6 février. Vente des places à partir du 14 décembre Après la séance on se régale de pain d’épices et de vin chaud.

Judith DAVIS France 2018 1h28 avec Judith Davis, Malik Zidi, Claire Dumas, Mireille Perrier, Nadir Legrand, Simon Bakhouch... Scénario de Judith Davis et Cécile Vargaftig. Angèle, silhouette rousse d’éternelle révoltée, est de celles qui n’abdiquent jamais. Son dessin favori est sans doute ce doigt d’honneur qu’elle placarde sur les distributeurs de billets, les pu- blicités débiles ou sexistes. Ça ne change pas la face du monde, mais qu’est-ce que ça fait du bien, cette modeste contestation du quotidien ! Sa colère légitime l’aide à se tenir droite dans les pire moments, elle en fait son carburant. Ce qui triomphe, c’est la force vitale, la joie en tant qu’énergie réparatrice, libératrice. Et c’est cet héritage que nous lègue Tout ce qui me reste de la révolution : malgré le constat cin- glant qu’il dresse de notre époque, ce qu’on re- tiendra c’est son refus joyeux du No Future ! AMANDA Mikhaël HERS France 2018 1h47 avec Vincent Lacoste, Isaure Multrier, Stacy Martin, Ophelia Kolb, Marianne Basler, Greta Scacchi… Scénario de Mikhaël Hers et Maud Ameline Amanda est une gamine de 8/9 ans, jolie comme un cœur, gourmande et un peu rondelette, insouciante et rêveuse. Amanda habite seule avec sa mère Léna, professeure d’An- glais, dans un de ces quartiers de Paris où il fait bon vivre. Amanda ne connaît pas son père, mais dans sa vie, il y a de- puis toujours un chouette gars formidable : c’est David, un tonton aux allures de grand cousin qui vient souvent la cher- cher à la sortie d’école, parfois avec un peu de retard, au grand désespoir de Léna. David est lui aussi parisien, il a des allures d’éternel étudiant mais il travaille, cumulant plusieurs petits boulots, un peu jardinier, un peu concierge. Une vie un peu incertaine qui lui convient parfaitement, il n’a pas besoin de plus, pas pour le moment. La vie pourrait ainsi s’écou- ler, Amanda grandirait, Léna trouverait peut-être un nouvel amoureux (pas un homme marié cette fois), et David emmè- nerait sa nièce faire du vélo sur les bords de la Seine. Mais en une fraction de seconde, tout va voler en éclats. Et comment ramasser les morceaux quand on a le cœur bri- sé ? Comment y voir clair quand les larmes ont tout flouté ? Comment survivre à quelqu’un qu’on aime et qu’on vient de perdre à tout jamais ? C’est la première fois que les attentats de Paris de novembre 2015 sont aussi explicitement évoqués dans une fiction et ça fait un drôle d’effet. Par la complicité tendre qui unit Amanda à David, par la fusion aimante qui relie Amanda à sa mère, il y a entre nous et ces personnages une proximité qui nous LES CHATOUILLES touche profondément… Et la bascule du film nous bouleverse Écrit et réalisé par Andréa BESCOND et Eric MÉTAYER parce qu’il n’y a rien de trop montré ou de trop expliqué, rien France 2018 1h43 de déplacé, tout sonne juste. Alors la froideur de la situation, avec Andréa Bescond, Karin Viard, implacable, contraste avec la douceur de l’amour orphelin qui Clovis Cornillac, Pierre Deladonchamps, Gringe, reste là, tétanisé, mais bel et bien vivant. Carole Franck, Gregory Montel, Ariane Ascaride… Devant Les Chatouilles, on passe par tous les états d’âme, chamboulés par tant de douceur, d’espièglerie, de regards justes sur l’innocence, la culpabilité, l’impuissance. On y sou- rit, on y rit beaucoup et chaque malheur se transforme en tremplin vers la résilience et le bonheur. En transcendant son histoire personnelle, Andréa Bescond en a fait un antidote universel contre le silence. Elle affronte la noirceur sans s’y engluer, en sautillant de son pas léger de danseuse révoltée, brillante. C’est infiniment libérateur, réjouissant, en un mot sa- lutaire. Tout débute donc dans une enfance qui sans être dorée n’en n’est pas moins bienheureuse, entourée d’adultes attentifs et s’efforçant d’être de bons parents. Quand la petite Odette dit aimer la danse, ils la soutiennent à leur mesure, la poussent sans rechigner vers un milieu qui n’est pas le leur, vers cette évidence passionnelle qui deviendra sa planche pour surfer sur les tempêtes de la vie. Mais cela, nul ne le sait encore, tout comme nul n’imagine que le diable est déjà dans la place sous les allures angéliques d’un séduisant garçon. Gilbert est le meilleur ami de la famille, un compagnon fidèle, pré- sent, toujours prêt à rendre service. Son aisance naturelle, sa culture, son élégante épouse, ses marmots élevés au cor- deau, tout en lui justifie la confiance que les parents d’Odette lui portent. Et personne n’imagine le mal quand on lui confie la petite pour les vacances. Des « chatouilles », c’est ainsi que Gilbert qualifiera ses gestes soudain moins chastes qui entraîneront Odette, alors âgée de 8 ans, loin de son corps, comme flottant au dessus, anesthé- siée pour ne plus sentir la peur et la honte qui monte… Beau, poignant, le film vient nous cueillir de manière irrésis- tible, bousculer nos manières de voir et dire les choses irré- médiablement. film remarquablement construit qui sai- des notes. Elle aussi semble avoir sit par sa capacité à parler de choses quelques comptes à régler avec l’amour graves – la culpabilité, le deuil, l’illusion et la création. Lorsque son frère la re- de l’amour – avec une élégante légèreté. joint pour déjeuner accompagné de sa future épouse, elle se lance dans une Fidèle à ses méthodes de mise en diatribe incommodante sur les illusions scène, le cinéaste donne à voir une suc- de l’amour, reprochant aux jeunes fian- GRASS cession de saynètes – presque toujours cés de s’engager sans réellement se Écrit et réalisé par HONG Sang-soo Corée du Sud 2017 1h07 Noir & blanc une femme et un homme attablés face connaître. Au gré des pauses fumeurs à face – dont l’imbrication apparaît pro- avec Kim Minhee, Jung Jinyoung, devant le café, et l’étroitesse des lieux gressivement. Il y a d’abord ces deux aidant, tous ces personnages vont se Ki Joobong, Seo Younghwa, jeunes amis, ou amants peut-être, qui Kim Saebyuk… mêler et trouveront certainement chez se rejettent la responsabilité de la dis- les autres quelques miroirs pour leur parition d’une amie commune qui s’est renvoyer leurs propres vérités. C’est dans un petit café niché au croi- ôtée la vie. Elle venait lui dire qu’elle par- sement de ruelles tranquilles que se dé- tait pour un long voyage, mais n’a pas Petit bijou aux procédés épurés, Grass roule ce film aussi concis que brillant, si- résisté à lui dire combien elle lui en vou- gné du très productif réalisateur coréen frappe par l’aisance avec laquelle Hong lait qu’il continue sa vie sans montrer de Sang-soo passe des sentiments de gra- Hong Sang-soo. Est-ce en raison de l’at- signes de culpabilité. Il y a aussi cet au- mosphère paisible des lieux, tenu par un teur en pleine phase d’égarement, qui dit vité et de pessimisme à l’humour et la propriétaire discret et féru de musique chercher un élan nouveau pour retrou- dérision. C’est que le cinéaste explore classique, ou pour l’abri qu’il fourni face ver l’inspiration. Il demande à son amie toujours les choses et leur double, avec aux tumultes de la ville ? Toujours est- si elle accepterait d’écrire avec lui. Bien une rigueur quasi symétrique. Aux in- il que ce bistrot inspire visiblement les consciente de l’ambiguïté de la propo- térieurs nappés de musique lyrique ré- confidences. L’espace d’une journée, sition, elle préfère décliner en arguant pondent les extérieurs secs et sans ar- une poignée de femmes et d’hommes que le processus de création est un acte tifices. De même, chaque scène en y passent un peu de temps, se parlent solitaire. Et que, de toute façon, elle appelle une autre qui, tôt ou tard dans de choses et d’autres, apprennent à voit quelqu’un d’autre en ce moment… le film, en expose le revers. Disposé sur se connaître. Au coin de la pièce, une Enfin, il y a cet homme, jadis acteur, qui toute la surface du film, le regard sur femme seule semble les observer et tente de remonter la pente après une le processus artistique rappelle sans mettre par écrit leurs échanges. À moins phase de désespoir amoureux. Face à cesse que tout cela n’est qu’un jeu. Il que ces clients ne soient que le fruit de lui, une ancienne amie venue de sa cam- suffirait d’un revers de main pour que le son imagination ? Inspiration ou créa- pagne pour prendre de ses nouvelles. À créateur balaie ses personnages. Il en tion : ce café devient vite le théâtre d’un peine ont-ils repris contact qu’il la met est tout autrement, le cinéaste abordant petit jeu de piste où l’on se plaît à dé- dans l’embarras en lui demandant de davantage l’exercice créatif comme une celer les indices qui sépareraient le réel l’accueillir temporairement chez elle. toile jetée au dessus des vides de l’exis- de la fiction. Et en très peu de temps, Et puis, tout à fait à part, il y a cette tence, comme une passerelle entre les l’air de rien, Hong Sang-soo déploie un femme solitaire qui ne cesse de prendre êtres et leurs incompréhensions. LES INVISIBLES

Et pourtant, belles, elles le sont, plus gardant ses distances. Pas question de que la ménagère standard ou la séduc- se retrouver noyées dans la misère du trice mini-jupée sur trois étages ! On a af- pauvre monde, l’empathie n’est possible faire à de la drôlesse qui a vécu, qui a du qu’en se protégeant un peu. Pourtant chien, du caractère, ou tout au contraire on sent bien que la barrière de protec- à la douceur incarnée qui a cessé de se tion est ténue, prête à rompre. Comment faire confiance, qui s’est effacée face aux résister à ces sourires timides sous les- siens. Ce sont des foultitudes de femmes quels émergent des blessures tenaces, toutes uniques, leurs corps nous le ra- des envies de revanche magnifiques ? conte ainsi que les traits de leur visage, Toutes ces sans-abri ont un nom inventé sculptés par leur combat quotidien, la pour voiler leur véritable identité : Edith rue, le temps qui attaquent chaque être. (Piaf), Brigitte (Bardot ? Lahaie ? Macron Elles ont la magnificence fragile de celles en dernier choix ?), Lady Dy, Simone qui ont réussi à surnager. (Veil), Marie-Josée (Nat), Mimy (Mathy)… Ce film qui fait chaud au cœur et à l'in- Aucune n’est apaisée, d’aucunes font telligence s’ancre dans une réalité qui semblant d’être calmes, plus versatiles ne devrait pas avoir droit de cité dans que le lait sur le gaz, toujours prêtes les pays civilisés, celle des femmes pré- à mettre le feu ou à s’embraser. Elles caires, SDF qui arpentent nos villes dans peuvent se montrer tour à tour aimables, une indifférence assassine. Tout pour- détestables, admirables. On ne sait plus. rait paraître sombre et pourtant ça ne Même Manu, la responsable pourtant l’est pas ! Surtout quand au fin fond d’un aguerrie du centre, et ses collègues ne quartier, des mains se tendent, patientes, savent plus. Une chose est sûre : mal- inespérées, celles d’autres femmes tout gré les agacements, les déceptions, le aussi invisibles, des travailleuses so- jour où l’administration aveugle va déci- ciales qui, malgré les faibles moyens mis der de fermer le centre, l’équipe entière à leur disposition, s’acharnent à redon- fera front, quitte à passer de l’autre côté ner un peu de dignité, de reconnaissance de la barrière. à celles qui n’y croient guère. Il suffit par- fois d’une douche, d’un repas chaud, On ne vous en dit pas plus. C’est un pour réchauffer les sourires et leur per- film qui se vit plus qu’il ne se pense, mettre de repartir plus loin qu’on n’au- un appel au courage. Même dévalué, le rait cru. moindre des êtres vaudra plus qu’une L’action se passe dans un de ces centres action Natixis, il y aura toujours un poing dits sociaux qui accueillent le jour les pour se lever, une parole solidaire pour laissées-pour-compte. C’est Angélique, s’élever. C’est beau, c’est drôle, véri- jeune gouailleuse intrépide (Déborah dique, c’est du grand Petit (Louis-Julien). Lukumuena, une des actrices de Divines Décidément ces Invisibles nous font qui ne cesse de l’être), qui ouvre les rire, nous émeuvent tout en échappant grilles de l’Envol, le matin. Voilà la frêle aux clichés. C’est une belle réussite, vi- structure submergée par le flot de celles brante, vivante, remarquablement inter- qui rêvent de parler de leur nuit de ga- prétée par une pléiade d’actrices inves- lères solitaires. Ici, on accueille, tout en ties, professionnelles ou non. WILDLIFE, une saison ardente

Paul DANO Tout semble merveilleusement policé, qui suffoque dans son quotidien corse- USA 2018 1h45 VOSTF les relations entre voisins, les jupes plis- té, à la fuite en avant d’un père en mal avec Carey Mulligan, Jake Gyllenhaal, sées des filles, les mots des garçons, de sens et qui partira jouer les pompiers Ed Oxenbould, Bill Camp… les manières des enfants qui prennent le dans l’espoir d’en trouver un à sa vie, Scénario de Zoe Kazan et Paul Dano, bus pour aller à l’école avant d’emprun- laissant seule sa maisonnée prête à im- d'après le roman de Richard Ford ter la voie toute tracée par leurs aînés. ploser. À l’image des incendies qui dé- De cette petite ville perdue dans l’im- vastent les bois alentours, l’air devien- Chapeau bas à Richard Ford qui, en mensité du Montana, rien ne dépasse. dra soudain incandescent, l’ambiance plus d’être un grand écrivain, a eu l’intel- Pas un cheveu, pas un brin d’herbe, pas étouffante. Sous l’apparente tranquilli- ligence de déclarer à Paul Dano, en lui un désir. Le terrain de golf en particulier té couvait un foyer infernal qui n’atten- accordant les droits cinéma de son ro- où bosse Jerry Brinson, le père de Jœ, dait qu’une étincelle pour s’embraser. man : « Mon livre est mon livre, votre film est un modèle du genre. À l’instar du Progressivement l’image d’Épinal se dis- – celui que vous allez faire – est votre parfait cocon familial qui entoure Jœ, de tord, devient disgracieuse, sans qu’au- film. Votre fidélité de cinéaste à mon his- sa mère, la discrète Jeannette, parfaite cun des protagonistes ne soit condamné toire ne m’intéresse pas. ». Un blanc- ménagère immaculée qui mitonne des pour ses parts de noirceur. Chacun est seing qui a permis au réalisateur débu- petits plats en attendant que son mari relégué à son statut de pauvre diable tant d’adapter l’œuvre originale tout en rentre pour le dîner. combattant ses démons intérieurs sous intégrant une part d’intimité qui rend le le regard impuissant de Jœ, devenu vic- film d’autant plus juste et attachant. Loin Une vision idyllique qui contraste étran- time collatérale et qui, loin de baisser les de trahir le récit, il le porte à l’écran de gement avec le manque d’insouciance bras, va avoir la sagesse de se battre à façon humble et magistrale, sans es- de l’adolescent. La maturité de Jœ son humble manière. broufe, cherchant sous la carapace des laisse deviner qu’il a grandi plus vite que apparences fabriquées les fêlures, les ceux dont l’enfance fut pleinement heu- Si la forme est classique, la mise en failles d’une famille classique améri- reuse. À quatorze ans, il semble déjà scène magistrale finit par nous trans- caine, du fameux rêve qu’une statue dite un homme, sur les épaules duquel tout porter, subtile, jamais appuyée. Elle se de la Liberté s’acharne à garder bien au va bientôt reposer. Il suffira que Jerry fait discrète et efficace à l’instar des ac- chaud sous ses jupes. soit mis à la porte de son boulot, refu- teurs phares Jake Gyllenhaal et Carey sant de rebondir comme le feraient tant Mulligan qui incarnent les parents, tout Nous sommes dans les années soixante. d’autres dans une Amérique où les pe- en laissant l’espace nécessaire au tout Les voitures nous le klaxonnent, la voix tits jobs coulent à flots, refusant de jeune Ed Oxenbould, qui porte le film de Timi Yuro nous le confirme, dans le laisser sa femme travailler… situation grâce à son interprétation sensible. Il est poste de radio elle sirote : « I’m so hurt to qui va mettre pour ainsi dire le feu aux Joe, personnage dans lequel Paul Dano think that you lied to me » (… tellement poudres. Voilà le fiston confronté aux nous livre à demi-mots une part de lui- blessée de penser que tu m’as menti). états d’âmes d’une mère encore jeune même. a garanti sans 3D Ciném

MANUTENTION : Cour Maria Casarès / REPUBLIQUE : 5, rue Figuière 84000 AVIGNON / Tél : 04 90 82 65 36 / www.cinemas-utopia.org LES INVISIBLES

Louis-Julien PETIT Les Invisibles est un film jubilatoire, drôle der devant soi avec toujours plus d’em- France 2018 1h43 et résolument politique, au sens le plus pathie. avec Audrey Lamy, Corinne Masiero, noble du terme. Décidément la filmo- Déborah Lukumuena, Pablo Pauly, graphie de ce jeune réalisateur est bien Fortes en gueules ou gueules brisées, Sarah Suco… partie pour remonter les bretelles aux elles sont là. Même si la bonne socié- Scénario de Louis-Julien Petit injustices sociales sans avoir l’air d’y té essaie de ne pas les voir. Habituées et Marion Doussot toucher, en usant d’armes universelles à se sentir transparentes, elles se gom- telles le rire, l’humanité… On sort de son ment, se fondent dans la grisaille de la Tout comme Discount, le premier film de film heureux et grandis, remplis de cou- ville. Être vues, ce peut-être le début des Louis-Julien Petit qu'on avait déjà beau- rage, pleins d’envies. Celles avant tout emmerdes. Tant et si bien que certaines coup aimé (celui-ci est encore mieux !), de ne pas baisser les bras et de regar- en ont même perdu l’envie d’être belles.

N°390 du 19 décembre 2018 au 22 janvier 2019 / Entrée : 7€ / le midi : 4€ / Abonnement : 50€ les dix places