TRIMESTRIEL 53 décembre 2015 3 euros 50 JOURNALn D’INFORMATION ET DE DÉBAT DU

Pour une communauté de communes de la Montagne limousine page 4 & 5

La fête de la Montagne limousine Les 2 000 raisons d’un succès page 8 & 9

Reviendrons-nous le 11 novembre à Gentioux ? IPNS page 10

INTOLÉRABLES PROSPECTIONS NOUS SACCAGENT

No Mine’s Land en ! BRÈVE

En limousin pour rigoler : la Déjantée

Alors que se déroulait à Tarnac la fête de la Montagne limousine, Vassivière accueillait la Déjantée, une com- pétition sportive “pour bien rigoler“. Un lecteur d’IPNS s’est transformé en envoyé spécial sur les bords du lac. Lui, n’a pas trouvé cela spécialement drôle...

e week-end avait lieu en notre belle région chérie des amateurs de nature, l’évènement... disons sportif, de la CDéjantée. À cette occasion le lac de Vassivière a drainé une population de 2 600 candidats déguisés pour un parcours géant de 33 obstacles façon Intervilles, et une importante po- pulation de spectateurs. Vassivière est habitué a être un réser- voir paradoxal : l’eau pour l’électricité, l’art moderne rural pour la culture des bourgeois urbains au vert et enfin les amoureux fous de la nature qui courent en hurlant, se roulent à répéti- tion dans la boue, ou encore plongent tout habillés dans l’eau. Enfin, c’est pour rigoler ! Il faut être économe de son mépris tant il y a de nécessiteux, aussi je n’appliquerai aucun qualificatif sur ces sportifs qui se veulent déjantés, certainement pas des blaireaux, mais je laisserai plutôt s’exprimer les organisateurs de cet évènement made in Limousin, qui sont plutôt des loutres à en juger par cet animal fétiche du PNR qu’on retrouvait sur les plans souhaitant “Bienvenue à tous !“.

Preuve que le ridicule ne tue pas !

En effet, sur 33 obstacles aux noms en forme de calembours plus fins les uns que les autres, presque la moitié sont de Les emplois associatifs sur la sellette grasses allusions sexuelles et misogynes que je vous laisse ue deviendront les 600 emplois associatifs Recherches & Solidarités, un bureau d’étude goûter : Savoir monter une grosse butte – Saute moi la bûche financés par la Région dans la nouvelle spécialisé et reconnu dans le monde universitaire, – Le sang qui ”boue” – Le ”boue” qui sent – Le trou qui pue – Grande Région ? Le président du Limousin, attire l’attention des élus sur ce qu’il appelle “l’effet Grimpe moi si tu peux ! – Le filet de raies – Le trou qui mouille. Q Gérard Vandenbroucke, affirme mordicus y tenir et levier“ des subventions aux associations : “Il est Et ceux-là que je gardais pour la fin :Le saut de Brigitte la haie tout faire pour que ce dispositif soit maintenu dans indispensable d’attirer l’attention des élus sur – Sous le triangle ça glisse – Les fosses à cochonnes. le nouveau cadre territorial. Pourtant, en cette fin l’effet de levier – absolument unique en son genre Voilà, je n’ajoute rien. Le pourrais-je ? Enfin, c’est pour rigoler. d’année 2015, c’est en Creuse que la mesure a – qui se produit lorsqu’une association reçoit Ah oui, n’oublions pas celui que j’ai gardé comme pompon : commencé à être remise en cause. Le département une aide financière. Grâce à cet effet de levier l’obstacle nommé Oh !!! La sale eau... Hop ! abondait jusqu’alors l’aide régionale de 2 600 € provoqué par le bénévolat, avec une subvention Enfin, ri-go-ler… La loutre est-elle la femelle à laquelle toute annuels par poste. La nouvelle majorité issue des de 1000 € l’association va organiser une action cette poésie est adressée ? Faut-il y comprendre un message? dernières élections départementales a voté le 13 valant trois à cinq fois plus. Avec une réduction Que rajouter suite à ce sommet de beaufitude, dans le sillon octobre la baisse de 50% de cette aide aux 170 des moyens accordés, on risque, selon le même des déchets et de désolation, des dégradations importantes emplois associatifs creusois pour 2015. Et elle sera raisonnement, une diminution de trois à cinq fois d’aménagements d’un jour sur ce lieu d’image de marque ré- tout bonnement supprimée en 2016 ! Il serait bon plus importante, en termes d’action sur le terrain. gionale, des factures d’argent public ? Rire ou pleurer ? Je ne que les conseillers départementaux, tout contents Les élus devront mesurer ces effets dans les choix sais pas, si ce n’est qu’à Vassivière on est dans le Cambou … d’avoir ainsi “économisé“ quelques milliers qu’ils feront, sachant que les dotations accordées d’euros, écoutent ce que disent les spécialistes aux associations ne représentent généralement Jean Reutel du monde associatif. L’un d’eux, président de qu’une assez faible part des budgets.“

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IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 2 POLLUTION

Or, argent, zinc, cuivre, tungstène, étain, antimoine... No Mine’s Land en Creuse ! En 2012 Arnaud Montebourg, alors ministre de l’Économie et du Redressement productif, annonce la relance de l’exploitation minière sur tout le territoire français et l’octroi imminent de dix permis exclusifs de recherche. Après Tennie dans la Sarthe, le deuxième permis est octroyé en novembre 2013 pour le site de Villeranges dans la Creuse. Depuis, l’opposition au projet s’organise.

e permis exclusif de recherche doute l’ouverture d’une mine. Quand elle Menaces sur de Villeranges qui concerne la est envisagée elle est présentée comme l’eau recherche d’or, d’argent, de zinc, une mine propre utilisant de nouvelles Ce remake des de cuivre, de tungsténe, d’étain, techniques. Il s’agit là d’un mensonge années 1980 a un Ld’antimoine et de substances connexes puisque les techniques d’extraction goût amer pour les (en fait 45 métaux) a été confié à la so- d’or n’ont pas évolué depuis 50 ans et habitants de Lussat ciété Cominor, filiale de La Mancha. Le utilisent toujours du cyanure. et ses agriculteurs à périmètre de recherche concerne 47 l’heure où la commune km², soit sept communes : Auge, Bord- Une mine à ciel ouvert en s’est mise au “vert“ en Saint-Georges, Chambon-sur-, 2019 ? soutenant largement Lépaud, Lussat, et Sannat (pas Une première phase de travaux de le développement du très loin de et tout près de recherche a pris fin en février 2015. tourisme lié à la zone l’étang des Landes). Il s’agissait alors d’effectuer des Natura 2000 de l’étang des carotages et des relevés géochimiques Landes (propriété du Conseil De vieux routards sur un périmètre plus réduit de 3 km² sur départemental) située à 2 kms des mines la commune de Lussat. Le préfet de la du périmètre du permis, et classée de l’Association La compagnie minière La Mancha est Creuse a ensuite autorisé, toujours sur Réserve naturelle nationale. Rappelons des Maires et détenue par un millionnaire égyptien, ce petit périmètre, le 28 août dernier, et aussi que le cœur des recherches se Conseillers de la Creuse. Autant dire Naguib Sawiris, son siège social est au ce jusqu’au 31 décembre, la deuxième situe au dessus de la nappe phréatique la quasi totalité des élus creusois ! Canada et ses fonds d’investissement phase de travaux, qui consiste à qui constitue la réserve en eau potable L’association organise des stands au Luxembourg. Cette compagnie faire des forages jusqu’à 450 m de de 18 communes ! Placer une usine et informatifs, des réunions publiques et, exploite des mines en Australie et en profondeur ! 8 kilomètres de trou au une mine à cet endroit condamnerait cet été, a proposé un festival contre Côte d’Ivoire. La Mancha a créé pour total ! A l’heure à laquelle cet article est la ressource en eau potable déjà l’extractivisme (No Mine’s Land). Elle l’occasion une société nommée Cominor écrit (fin novembre) aucune machine fragilisée par la présence d’arsenic. réfléchit à des projets alternatifs sur avec une adresse à Paris et nommé ne s’est installée sur le site. Serait-ce La station dédiée à la dépollution de le secteur qui pourraient prendre la Sébastien de Montessus comme grâce à la mobilisation des opposants ? cette eau a déjà bien du mal à se forme de recycleries pour matériaux directeur et Dominique Delorme comme Mystère... rapprocher des limites de potabilité technologiques, d’activités pâtissières, directeur adjoint. Ces bienfaiteurs qui Trois permis de recherche avaient déjà (10µg par litre). Alors pourquoi faire d’activités légères de kayak et de viennent développer notre territoire sont été délivrés dans les années 1980 à courir le risque d’empoisonnement découverte des richesses naturelles de des vieux routards des mines, anciens Lussat. La découverte en préfecture aux métaux lourds de la seule nappe la Voueize (dont le fameux triton crêté, d’Areva. Dominique Delorme a été des résultats de 24 kilomètres de sond- phréatique du département ? Pourquoi emblème du logo). Fin novembre, un directeur de la mine d’or du Bourneix ages effectués dans les années 1980 et sacrifier la vallée de la Voueize, zone courrier a été adressé à Michel Vergnier, en Haute-Vienne, fermée en 2002, où de la demande de concession de Total humide classée Zone nationale d’intérêt député, et maire de Guéret, pour lui des analyses d’eau récentes dans l’Isle Compagnie Minière révèle 30 tonnes écologique faunistique et floristique ? suggérer une demande de moratoire mettent en évidence des taux d’arsenic d’or disponibles ainsi que le projet Pourquoi la population devrait-elle faire signée par l’ensemble des élus alarmants ! Ce qui traduit une mauvaise d’une usine de cyanuration installée au confiance aux industriels qui arrivent la opposés. L’association attend toujours étanchéité du vallon acheté par Areva bord de la rivière à Lussat. Une usine bouche en cœur en prétendant exploiter une réponse... Une plainte a également qui y a englouti des tonnes de minerai. qui, par souci de rentabilité, nécessitait les mines proprement ? été déposée au tribunal administratif Sébastien de Montessus était, lui, l’exploitation de tous les gisements du de Limoges pour abus de pouvoir, en chargé d’évaluer en 2007 la ressource nord de la Creuse ! L’actuelle société Opposition partenariat avec l’association Sources minière de la société Uramin qui, une Cominor connait donc les teneurs es- L’association STOP MINES 23 s’est et Rivières du Limousin et avec l’aide fois rachetée par Areva, s’est avérée timées puique le périmètre choisi est attachée à informer la population et précieuse d’Antoine Gattet, juriste être une vaste arnaque : zéro ressource presque identique. Ceci nous laisse a remuer les élus pour arrêter cette et spécialiste du Code minier. Tout en uranium, 2 milliards de pertes pour penser que l’exploitation serait rentable mascarade. Elle s’oppose à ce projet renfort et toutes idées sont évidemment Areva et donc pour les contribuables aujourd’hui. de mine et au permis de recherches bienvenus ! français, 2 milliards envolés dans la Une fois la deuxième phase de travaux en cours. Il ne s’agit pas d’attendre la nature ! Sans doute la plus grosse de recherche terminée, la société menace d’un permis d’exploitation pour Perrine Garreau affaire de rétrocommissions entre la pourra présenter ses résultats au se réveiller ! Par son action elle a obtenu Contact : STOP MINES 23. www. et l’Afrique depuis les frégates gouvernement pour demander une le positionnement contre le projet stopmines23.fr - contact@stopmines23 de Taïwan... Faites leur confiance ! concession. Ce scénario aboutirait à de 7 communes dont 6 directement L’association se réunit tous les 15 jours Leur communication repose sur un l’exploitation d’une mine à ciel ouvert en concernées par le périmètre de à Chambon sur Voueize. discours minimaliste sur des travaux 2019, comme annoncé sur le site de La recherche, du Conseil départemental, de recherches et met constamment en Mancha ! du Conseil régional et, plus récemment, Pas qu’en Creuse ! La reprise de l’exploitation minière en France s’est traduite depuis 2012 par l’attribution de 16 nouveaux permis exclusif de recherche (PER), dont deux en Limousin : Villeranges (Creuse) et Bonneval (Haute-Vienne). Les autres sites en France sont ceux de Tennie (Sarthe et Mayenne), Merléac (Côtes d’Armor), Beaulieu (Loire-Atlantique), Saint-Pierre (Maine-et-Loire), Dompierre (Ille- et-Vilaine), Beauvoir (), Cressy (Saône-et-Loire), Penlan (Finistère), Kanbo (Pyrénées- Atlantiques), Couflens (Ariège) et Olivet (Mayenne). Les permis exclusifs de recherche de Silfiac (Côtes d’Armor et Morbihan) et Loc-Envel (Côte d’Armor) ont été suspendus fin novembre grâce à l’action des associations Douar Di Doul et Mine de rien et à la mobilisation des élus. Enfin trois permis ont également été délivrés en Guyane. En savoir plus : www.panoramine.fr

IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 3 DOSSIER

Pour une communauté de communes de la Montagne limousine ! Ces dernières semaines ont été marquées par une grande effervescence autour de la question de la fusion des communautés de communes. En effet, la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) oblige les communautés de communes existantes à fusionner dans des entités beaucoup plus grandes. Le projet se discute dans les préfectures, les conseils communautaires et les mairies de la Montagne mais la question a bien du mal à sortir des cercles d’élus “initiés“. Pourtant, fin septembre, lors de la fête de la Montagne limousine, le sujet a été largement débattu et la pro- position d’une communauté propre à la Montagne limousine mise en avant. Depuis, des assemblées d’habitants et de nombreuses réunions d’élus se sont mobilisées autour de cette proposition. Des textes ont circulé à partir desquels nous proposons, ici, de faire le point sur cet enjeu majeur pour notre avenir.

Vent de révolte s’est affirmée. La loi l’autorise. Treignac, ressources agricoles et sylvi- décidera dans 5 ou 10 ans que, décidé- Ils étaient peut-être 150. Venus de Contrairement à ce que suggèrent les coles, commerces et artisanat, services ment, nous sommes encore trop petits ! Creuse et de Corrèze, une vingtaine diktats préfectoraux, une communauté à la population - avec un collège, des d’élus et des habitants de la Montagne de communes de 5 000 habitants, en écoles, un service enfance/jeunesse -, Michel Lulek ont fait le 27 septembre, lors de la fête zone de montagne, avec nos faibles politique d’accueil, tourisme sportif avec de la Montagne limousine, un bilan sé- densités, c’est tout à fait possible ! Si les lacs, rivières et chemins de randon- Plus d’informations : vère des fusions de communautés de avec la nouvelle loi, les communautés née, patrimoine remarquable au coeur Un blog : https://communesmontagne. communes en Creuse, en particulier du Plateau et des Monédières (entre du PNR… Cette communauté serait wordpress.com de celle d’Aubusson-Felletin avec celle 2 500 et 4 900 habitants et entre 10 centrée sur le coeur de l’ensemble Pla- du Plateau de Gentioux. Ils ont réagi et 20 communes en moyenne) se teau de Millevaches et Monédières avec (1) Cet article a été rédigé très vivement aux ultimatums des pré- voient forcées de rejoindre des entités plusieurs bourgs-centres bien répartis. le 30 novembre 2015. fets de la Corrèze et de la Creuse qui plus grandes, rien n’oblige à créer Et qui sait : ne pourra-t-elle pas demain veulent imposer 4 à 5 communautés des regroupements de plus de 30 000 servir de noyau à une communauté de de communes par département. Leur habitants ! En zone de montagne 5 toute la Montagne limousine lorsque la analyse était claire : faire des inter- 000 habitants en effet suffisent. Mais il folie des grandeurs des gouvernants communalités de cette taille accentue faut faire vite : le préfet de la Corrèze, les phénomènes de technocratie et de au demeurant ouvert aux propositions Quand les citoyens prennent la parole domination des appareils politiques. Les des élus, leur demande de faire des centrer sur des “capitales“, c’est drainer propositions alternatives avant le 9 armi diverses assemblées d’habitants tenues récemment autour de vers celles-ci toutes les ressources du décembre 2015 sans quoi c’est son ce thème sur le Plateau, une réunion citoyenne s’est tenue le 13 no- territoire. Comme l’a très bien formulé projet qui entrerait en vigueur au vembre à Saint-Hilaire-les-Courbes, en présence d’élus et de citoyens Pde nombreuses communes. Un exemple de la mobilisation actuelle. un maire corrézien qui ne croit pas aux printemps prochain (1). Des élus de communes rurales se sont donc mis à bénéfices des regroupements pour les La problématique des fusions de construire, dans le court temps imparti, petites communes : “Je n’ai jamais vu communautés de communes a bien un autre projet de regroupement des riches donner aux pauvres, j’ai tou- du mal à sortir des cercles d’élus intercommunal à taille humaine, rural, jours vu les riches prendre aux pauvres.“ qui se disent ou se pensent “initiés“ entre communes de tailles équivalentes (Pour une analyse plus détaillée, voir et est très peu connue des popula- qui toutes font partie du Parc naturel article page 5). tions concernées. Certaines muni- régional. Ce regroupement entre tout ou cipalités refusent même d’organiser partie de l’entité “Vézère-Monédières“ Que proposent un débat public sur leur commune. (12 communes autour de Chamberet les préfets ? D’autres élus racontent que c’est le et Treignac), tout ou partie de l’entité Lors de la Commission départementale préfet qui impose cela et qu’il n’y a “Bugeat-Sornac“ (18 communes) et de coopération intercommunale (CDCI) rien à faire. Pourtant, ce soir-là, à encore quelques communes limitrophes du 5 octobre 2015 le préfet de la Corrèze Saint-Hilaire-les-Courbes, les élus tants et serait déterminé à résoudre au sud de la Creuse (Faux-la-Montagne a proposé pour la Haute Corrèze, une et habitants des communes rurales les problèmes que rencontrent nos et La Villedieu...) ne compterait pas communauté de communes articulée présentes (Saint-Hilaire, La Villedieu communes très rurales de moyenne plus d’une trentaine de communes, autour d’Ussel (avec Meymac, Neuvic et (Creuse), Veix, Viam, Soudaine-Lavi- montagne. Il a besoin pour exister une population autour des 10 000 Bort les Orgues), regroupant plus de 80 nadière, Treignac, Madranges, Bu- que le débat soit porté par la popu- habitants maximum et une unité sociale, communes et près de 33 000 habitants geat, Chamberet, Faux-la-Montagne) lation et non pas réservé aux seuls économique et paysagère forte (voir dans une zone allant de Peyrelevade au ont parlé du projet rural qui tente élus. L’intervention du maire de La carte 3 et encadré page 5). Nord-Ouest, à Soursac dans les gorges de se construire à taille humaine, Villedieu (Creuse) a fait basculer de la Haute-Dordogne, et de Grand- entre communes de tailles équiva- plusieurs hésitants dans le camp saigne au sud-ouest, à Eygurande aux Des atouts lentes de la Montagne limousine. de ceux qui souhaitent ce nouveau portes du Puy de Dôme. La partie sud- Cette communauté de communes Ce projet resterait proche des habi- projet : il a expliqué comment sa est du Plateau et une partie des Moné- pourrait mettre en oeuvre un modèle commune, sollicitée pour entrer dières (Treignac-Chamberet) seraient de développement, non pas basé sur dans une plus grande com com a rattachées elles à Tulle Agglomération le renforcement d’une ville centre au perdu sur toute la ligne, principale- (Voir carte 1). Du côté creusois, le préfet détriment des périphéries, mais privi- ment financièrement (impôts plus a fait des propositions équivalentes re- légiant des approches novatrices pour lourds…). Le choix qui va être fait groupant tout le sud de la Creuse autour répondre aux problèmes de la ruralité va engager les communes pour des d’Aubusson (Voir carte 2). en s’appuyant sur des pratiques respec- décennies avec aucun retour pos- tueuses de l’environnement et des gens sible en arrière : c’est donc l’affaire Une alternative qui y vivent. Cette communauté de com- de tous. Parlez-en autour de vous, parlez-en à vos élus tant qu’ils ont Face aux com com ogresques que munes a des atouts : offre de soin avec encore le pouvoir de décider ! fantasment les préfets, la volonté de des maisons médicales et des pharma- construire une alternative institutionnelle cies à Bugeat, Chamberet, Peyrelevade,

Carte 1 : La proposition du préfet de la Corrèze Carte 2 : La proposition du préfet de la Creuse

IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 4 DOSSIER

Refonte des Communautés de Communes : refuser “et“ construire

Les cartes préfectorales redessinant les contours des entités inter-communales en Creuse et en Corrèze affichent des “propositions“ encore plus boursouflées que ce qui était annoncé. On compte pour chacune un peu moins d’une centaine de communes, ce qui ferait beaucoup plus de cent conseillers à réunir autour d’une table qu’on n’a pas encore trouvée.

es quelques commentaires que l’on Coopération d’une vraie coopération entre com- entend en défense de tels scénario Face à cela, quelques élus et de munes rurales en deçà de cette réforme Lsont à pleurer de rire : “Ensemble nombreux habitants se sont mis en territoriale où nous n’avons strictement on sera plus forts face à la Grande tête de proposer un autre scénario sur rien à gagner. Région“, “Il ne faut pas se refermer la Montagne limousine (Plateau de sur soi“, “C’est le meilleur moyen de Millevaches et Monédières). Un scénario préserver une qualité de service sur le qui prend comme point de départ le mot territoire“... De qui se moque-t-on ? Qui “coopération“. Qui la conçoit comme Carte 3 : La proposition d’une com com de la Montagne limousine sera véritablement capable de porter étant le fait d’entités (communes) de tels arguments dans un débat public sensiblement égales en taille et en ouvert aux habitants de notre territoire? besoins, qui la conçoit aussi comme Personne. C’est bien pour cela qu’on donnant toute leur place aux habitants, s’est bien gardé de faire une quelconque qui la conçoit en tout cas comme information publique sur le sujet, pariant contraire à cette nouvelle concentration sur le fait que la méconnaissance du du pouvoir qui ne dit pas son nom. public des structures intercommunales Une communauté de commune rurale, existantes aiderait bien à faire passer de moyenne montagne, qui sait que la pilule. la question de sa survie, de la relance de ses activités, son attractivité pour Ne pas prendre les gens de nouveaux habitants, ne viendra pour des cons certainement pas de son rattachement Les “élus du peuple“ vont bien vite pour à un pôle métropolitain régional, mais s’entendre sur le fait que leurs adminis- bien de son inventivité propre. La ruralité trés, de toute façon, n’y entendent rien, a ses enjeux propres, l’agriculture, que la technicité de la question la met l’eau, la forêt, l’activité, les services à de fait hors de portée du commun. Ce la population dans des bourgs et des qu’ils s’avouent moins facilement, c’est villages disséminés, la mobilité comme qu’on les met eux-même en position de enjeu majeur et l’accès aux services et ne pas croire en eux, qu’on les infan- aux loisirs en général se posent ici de tilise à coup de graphes, de tableaux manière tout à fait singulière. comparatifs, de cartes et de bureaux d’études. On les prend pour des cons et Fiertés en retour, ils finissent pas prendre ceux Qui plus est, et on ne peut plus qui les ont élus pour des cons. A défaut longtemps faire comme si cet aspect d’y comprendre vraiment quelque chose était sans importance, ce territoire rural, certains tentent à tâtons de tirer le meil- de moyenne montagne a une histoire leur profit pour eux mêmes, parfois leur propre, des manières de faire propres commune, de changements institution- qui suscitent chez ses habitants un nels menés à la hussarde et sans aucun attachement particulier, une forme de débat public. Ne pas “prendre les gens fierté aussi. Fierté d’être resté quand pour des cons“, c’est faire redescendre tout le monde partait à la ville, fierté ces questions des réunions de commis- d’être revenus, fierté d’être venus sions et des conseils communautaires s’installer, fierté à l’unisson d’accueillir où elle est captive, vers la population. de nouveaux habitants venus d’autres Mener de vrais débats dans les conseils horizons, fierté enfin de se tenir municipaux et appeler à des assem- ensemble dans l’adversité. La création blées d’habitants pour débattre des op- du Parc naturel régional de Millevaches tions à prendre. en limousin en avait été une première reconnaissance, insuffisante cependant La fin programmée puisqu’on l’a confiné à des missions des communes essentiellement patrimoniales. Une communauté de commune homogène Ce qui se décide aujourd’hui sous cou- vert de simple réforme institutionnelle, La communauté de communes Refuser l’impuissance Par ordre décroissant les popula- c’est l’échelle à laquelle les questions de la Montagne limousine qui La taille et les contours exacts d’une pourrait naître d’une fusion entre tions des principales communes qui font notre quotidien doivent être telle entité territoriale restent à définir, prises et par qui. Les communautés de la com com Bugeat-Sornac et la Treignac 1400 l’État ne nous laisse que peu de temps com com Vézère-Monédières n’a communes, dans les plans des gou- pour y parvenir et les fatalistes de cir- Chamberet 1350 vernants, veulent se substituer aux rien d’absurde. Au contraire ! Une constance tentent déjà d’épuiser les analyse démographique montre une Bugeat 860 communes et aux départements, elles bonnes volontés. Mais la possibilité est seront bientôt le seul échelon déci- homogénéité et l’absence de risque Sornac 840 toujours ouverte, rien ne nous empêche de voir la nouvelle circonscription sionnel en deçà de la Grande Région. au fond d’y parvenir sauf les tergiversa- Peyrelevade 810 Les transferts de compétences pro- phagocytée par une “capitale“ ou tions et le manque de courage éventuel une ville centre. Regardons les Le Lonzac 780 gressifs (périscolaire, assainissement, des élus. La décision reviendra à la fin chiffres : la com com Bugeat-Sornac Affieux 370 eau, santé, tourisme, foncier...) vont aux conseils municipaux. Faisons en vider les communes de leur contenu compte 4 300 hab. et celle de Vézère Faux la Montagne 370 sorte qu’il aient quelque chose sur quoi Monédières 4 900 hab. Leur fusion, et des quelques marges de manœuvre décider en conscience et qu’ils ne soient Tarnac 310 qui leur restent. Insensiblement, l’État, même avec quelques pertes vers pas que la chambre d’enregistrement de Ussel (Sornac, St-Sétiers…), permet Saint-Sétiers 270 appliquant strictement la restructura- décisions prises dans de petits cénacles tion de la “gouvernance“ en cours à sans problème de dépasser le seuil 13 communes entre 100 et 200 de gens autorisés. Dans une période de 5 000 habitants fixée par la loi l’échelle européenne, aura eu raison, en où tout semble confiner les habitants à 9 communes de moins de 100 quelques réformes, du dernier échelon NOTRe. Si on y ajoute quelques l’impuissance, où les élus locaux eux- communes creusoises (comme “démocratique“ qui faisait encore sens, points communs. Les Monédières mêmes ne voient plus bien ce qu’on Faux-la-Montagne et La Villedieu) qui suscitait encore la confiance des se distinguent cependant avec une leur laisse décider, où cela se traduit on constate que les densités de “administrés“ : la commune. En lieu et densité de population double de la immanquablement par de la défiance, population, le relief, l’altitude, la place nous aurons, comme c’est déjà le com com de Bugeat-Sornac, les 3 par la montée du ressentiment, (qui finit végétation, la taille des communes cas ça et là, comme c’est tout à fait le principales communes entre 300 et toujours par faire le lit du fascisme) il est (seulement 2 communes de plus cas dans les “métropoles“, de nouvelles 400 mètres d’altitude, 2 villes autour des raisons plus anecdotiques pour se de 1000 habitants, mais avec baronnies, de nouveaux fiefs qui feront de 1 400 habitants et la proximité de mettre en mouvement. Et si d’aventure trois autres qui s’en approchent), la part belle aux notables et aux profes- nous devions ne pas arriver à obtenir Tulle (ville distante de 28 km). sionnels de la politique. l’éloignement de toute “grande“ satisfaction, nous aurons en chemin ville, etc. montrent une beaucoup de consolidé nos liens et posé les bases

IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 5 DOSSIER

Le Limousin, un territoire essentiel de l’Aquitaine !

Plus que quelques jours et la région Limousin, du moins son incarnation institutionnelle, aura vécue. Regroupée avec l’Aquitaine et le Poitou- Charentes, elle va se chercher une nouvelle identité, une nouvelle manière de fonctionner et... un nouveau nom ! Les historiens du Limousin réunis en conclave cet été n’ont pas hésiter : il faudra l’appeler Aquitaine ! Nous publions leur argumentaire.

uel nom donner à la grande Revendiquer le beau nom région qui va rassembler Aqui- d’Aquitaine Qtaine, Limousin et Poitou-Cha- Aujourd’hui, le nom “Aquitaine“ évoque rentes ? Ce nom est tout trouvé : c’est surtout l’époque des Plantagenêts, l’Aquitaine. Évident pour les historiens, avec les flamboyantes figures d’Aliénor ce point de vue peut surprendre nos et de Richard Coeur de Lion, sur fond contemporains. Afin d’éclairer le débat, de troubadours et d’amour courtois à la faisons brièvement le point sur cette cour ducale de Poitiers. Ainsi les deux question. duchés d’Aquitaine et de Gascogne réunis, avec leur trois villes principales Un anneau au doigt de (Limoges, Poitiers, Bordeaux) Richard Coeur de Lion préfiguraient alors de manière étonnante Au fil des siècles, le territoire désigné ce que va être la grande région. Mais sous le nom d’Aquitaine a bien sûr sous Philippe Auguste et Louis VIII, le fortement varié. Quelle région ne peut territoire contrôlé par les Plantagenêts en dire autant ? La Gaule est divisée fut bientôt réduit à la Guyenne en trois parties, disait Jules César : la (évolution phonétique d’Aquitania) où Belgique, l’Aquitaine et la Celtique. Bordeaux s’imposa comme ville centre Au IVe siècle, les deux provinces aux XIIIe - XVe siècles. Sous l’Ancien d’Aquitaine première et seconde Régime, l’intendance de Guyenne ou de formaient un immense territoire Bordeaux s’étendait de la Gironde et de s’étendant de la Loire à la Garonne et la Dordogne aux Pyrénées-Atlantiques. de l’Océan à l’est du Massif central. La région de programme créée en Au VIIIe siècle, les premiers ducs 1955 reprit en gros ces contours, qui d’Aquitaine contrôlaient sensiblement restent ceux de la région actuelle. Mais ce même espace, hormis la région de elle ne correspond finalement que très Bordeaux aux mains des Gascons ; partiellement à l’Aquitaine historique le Quercy, l’Agenais et le Rouergue, qui va renaître avec la grande région, de plus en plus tournés vers Toulouse au sein de laquelle les identités leur échappaient aussi. Le royaume infrarégionales retrouveront toute leur d’Aquitaine créé par Charlemagne en vigueur : Limousin, Périgord, Poitou, 781 était en revanche beaucoup plus Agenais, Saintonge, Angoumois, Béarn vaste, allant de la Loire aux Pyrénées et Pays basque etc. C’est pourquoi et de l’Atlantique à l’Auvergne, même il nous semble que les habitants si le pouvoir réel résidait dans les du Limousin mais aussi de Poitou- grands comtés du nord : Poitou, Charentes, qui constituent le coeur Berry, Auvergne et Limousin (ancien historique de l’Aquitaine, ne devraient carte du duché d’Aquitaine dans le royaume de France territoire des Lémovices : Corrèze, avoir aucune réticence à ce que leur Creuse, Haute-Vienne, Confolentais, future région reprenne ce beau nom, Nontronais). C’est précisément à mais qu’au contraire ils devraient le Limoges que le fils de Charles le revendiquer. Ils ont de sérieux titres à Chauve, Charles l’Enfant, fut couronné faire valoir pour cela ! roi d’Aquitaine en 855. Au cours des Xe Plus nous nous éloignons, et XIe siècles, les comtes de Poitiers, plus nous nous rapprochons ! cumulant aussi le titre de comte de Rencontre des Historiens du Limousin, Limoges, se parèrent du titre de duc août 2015 Les communicants du Conseil de nos architectures territoriales pour d’Aquitaine puis devinrent également régional ne manquent pas d’air atteindre les impacts performatifs ducs de Gascogne. Limoges, “fleuron en écrivant en une du journal de d’une démocratie spatio-régénérative. du duché“, conserva dans cet ensemble “Un nom pour la nouvelle Grande Ce projet, notre projet, est un défi, un région“ : Il y a même un site pour ça ! la région : “Grâce à la nouvelle un rôle essentiel jusqu’au XIIe siècle au challenge, que nous devons relever. www.magranderegion.fr région, nous serons plus forts, moins, comme lieu de couronnement plus attractifs, plus proches Mais c’est aussi une chance pour des des ducs : c’est en cette ville que des habitants !“ Plus proches ?! espaces comme les vôtres, qui, sans Richard Coeur de Lion fut investi en Lors de la fête de la Montagne leur relation symbiotique avec la mé- tant que duc d’Aquitaine vers 1170, en tropole, ne seraient plus, malheureu- limousine une pseudo présidente passant à son doigt l’anneau de sainte sement, que des déserts (…). d’une super grande com com Valérie. L’abbaye Saint-Martial, dont Chers amis, et je voudrais terminer imaginaire a enfoncé le clou... car les fouilles archéologiques révèlent par cela, le plus important c’est actuellement les vestiges carolingiens quitte à nous prendre pour des la relation que nous entretenons et romans, tenait de toute évidence un imbéciles, autant ne pas lésiner ensemble, vous et Grand Sud Europe rôle majeur dans ce rituel hautement sur les moyens. – Big South Europa. Et si vous me symbolique. permettez je voudrai faire un retour Vous le savez, notre nouvelle com- en arrière. À l’époque votre plateau munauté de communes Grand Sud de OneThousand cows appartenait à Europe (Big South Europa), est née une région qui s’appelait le Limousin – de la fusion de 3 communautés de j’explique pour les plus jeunes qui n’ont communes : Nord Espana, Aquitaine- pas connu cela. C’était une toute petite Retour au bercail occitan Grand Languedoc-PACA et Plaine du petite petite région, toute riquiqui. Elle Pô-Venezia. Cette fusion n’est pas le a fusionné avec deux autres régions, En cette année 2015 qui la voit comme un caprice politique : cela fruit du hasard. Elle est née du besoin et comme on l’a dit à l’époque cela perdre son statut de métropole ré- tient aux liens millénaires qu’ont pressant que tous nos territoires res- lui a permis de devenir plus forte, gionale admis/conquis comme un entretenus dans les faits et dans sentent de s’unir pour mener dans plus attractive et plus proche de ses acquis naturel de l’histoire, Limoges les têtes avec les terres de l’Ouest les conditions optimum d’efficacité et habitants. Plus tard, nous avons voulu rejoint au sein d’une Aquitaine en poitevin et charentais, le Périgord de productivité la grande bataille des faire mieux et nous avons fusionné gestation son bassin linguistique, et l’Atlantique, le Limousin plan- territoires. Il est fini le temps où l’on dans la grande région Aquitaine- voire sociologique, occitan de tou- tagenêt, la Corrèze “riant portail du pouvait encore penser son avenir à Grand-Languedoc-PACA. Et là nous jours, dans lequel on retrouve les Midi“, “Meymac-près-Bordeaux“ et l’échelle de 600 ou 800 communes. avons été encore plus forts, encore attributs d’un grand Sud-Ouest à le Limoges exportateur porcelainier. Nous avons acté ce passage à l’inter- plus attractifs, et surtout encore plus la forte identité : le verbe, le rugby, modularité des espaces qui oblige proches des habitants. Et maintenant les spécificités alimentaires et fami- Extrait de la conclusion de Michel aujourd’hui à penser global pour agir avec Grand Sud Europe – Big South liales, les tropismes économiques Kiener de l’ouvrage collectif : Une global. Nous savons qu’il nous faut da- Europa, nous sommes encore une fois et universitaires. Le refus viscéral histoire des circulations en Limousin. vantage mutualiser, hier avec nos voi- plus forts, plus attractifs et plus proches dès les années 1970 de tout rat- Hommes, idées et marchandises en sins régionaux, aujourd’hui avec nos de vous. Oui, c’est merveilleux, plus tachement administratif au Mas- mouvement de la Préhistoire à nos voisins nationaux. Nous devons re- nous nous éloignons et plus nous nous sif central ne doit pas être perçu jours (2015). configurer les linéarités monocéphales rapprochons !

IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 6 DOSSIER

Voir grand, toujours plus grand, jusqu’à s’y noyer Didier Hodiamont, homme d’affaires belge, porte le projet d’un parc d’attraction autour de la musique qu’il espère voir naître sur le site de Chauffaille à Coussac-Bonneval (Haute-Vienne). Le Populaire annonce que “le parc comprendra notamment six ou sept instruments géants, quarante-et-une attractions musicales, un tunnel amoureux, un spectacle nocturne, un petit train qui s’arrêtera au cœur d’un piano géant, un petit bateau s’arrêtant ici et là pour écouter diverses musiques du monde (du type de l’attraction Small world à Disneyland), la possibilité de se retrouver au cœur d’un orchestre symphonique, une volière géante, un potager musical (avec des plantes qui produisent des sons amplifiés), des manèges pour enfants, etc.“ Le président de la communauté de communes du Pays de Saint-Yrieix, propriétaire du site, espère voir le projet se concrétiser, “parce qu’on ne peut pas passer à côté d’une telle opportunité qui amènerait la création d’une centaine d’emplois“. Jan dau Melhau, lui, crie au fou !

n fou des plus dangereux a jeté Le château de Chauffaille et son parc son dévolu sur le domaine de UChauffaille dans la commune de Coussac-Bonneval, s’apprêtant à prendre tout un pays au filet dévastateur de sa folie. Une société soucieuse de sa survie s’empresserait de l’interner, nous à Naugeat où sont des gens de folie bien plus douce et bien moins dommageable aux autres sinon à eux-mêmes. Ce fou se dit gars mélomane, mais il faut repla- cer les syllabes en leur bon ordre, ce qui le restitue pleinement comme mé-gars- lomane. Et ce mégalomane d’opérette veut opérer chez nous. Son projet : faire un parc d’attraction musical dont le gi- gantisme rend incrédules les plus naïfs. Ah ! les parcs d’attraction. Les parcs de loisir, sur tous les thèmes, tous les tons ! Il manquait bien celui-là à notre bonheur! Comme si la musique avait besoin d’un autonome, du sens de la mesure, de la monde ; les gens en leur apathie naturelle, leurs parce que le pays leur plaisait et parc ! Comme si l’on devait parquer la proximité, de la polyculture, de la variété cette incrédulité les garde bien de réagir, qu’ils tiennent à le garder comme il est, musique ! J’en appelle à Gaucelm Faidit (pas la variétoche!), de tout ce qui est à de résister, de s’engager, de s’opposer. pour ce qu’il est, ambiguité comprise qui passa par ici pour d’Uzerche aller à taille humaine, amical, équilibré, respec- Moi je sais que plus les projets sont certes... Et moi, vieux type qui voudrais Châlus déplorer la mort du roi Richard. tueux. Oh mais, ce discours, on le tient ! aberrants, démentiels, incroyables, plus bien être tranquille à deux lieues à vol J’en appelle à Antoine Decond qui, de En faisant par ailleurs tout ce qui le nie ! ils ont de chances de trouver un écho fa- d’oiseau de Chauffaille, je vais devoir son fifre, y mena si souvent la danse. Et là, à Coussac, il faut bien prendre vorable et d’aboutir, parce que le temps ajouter quelques couplets à la chanson la mesure des choses. Pour drainer et qu’il nous est donné de vivre est voué à que je fis il y a tout juste quarante ans Folie mégalomaniaque loger les dizaines voire centaines de la folie, il est lui-même pris d’une sorte contre la venue de l’armée sur cette Ah ! les parcs de loisir sécrétés par milliers de jobards que l’on attend parce de folie, de vertige, où gigantisme et vi- terre que je souhaiterais nourricière tout la société du même nom, la société qu’on les désire, il faudra des routes au- tesse précipitent l’humanité vers sa fin. simplement, au sens paysan du terme. vouée au loisir et la vie comme un trement conséquentes qu’elles ne sont Vous verrez que les pouvoirs publics On avait, à sa grande époque, forgé à vaste loisir obligé, organisé, planifié, actuellement, avec donneront Chauffaille, les meilleurs outils ! Mais parqué. Le triomphe d’homo festivus, des vire-couillons, à ce fou les paysans, cherchez-les, si vous en le dernier avatar de l’homme qui ne des bretelles, des ce que sa trouverez un au milieu de ces agro-in- peut être qu’éminemment collectif, ceintures, des ourlets, Belgique dustriels ! grégaire, a cordelhada, a tropelada... des ci, des ça, que natale, Certes le domaine de Chauffaille, depuis sais-je ? Des hôtels, plus rai- Faites-moi mentir le bourg promu petite sonnable il la fin des forges, nous a habitués aux Peut-être viendra-t-on me demander, ville, et nous autour, faut croire, tentations et tentatives les plus diverses, comme dernier des Mohicans pour, nous “bénéficierons“ lui a refu- les plus absurdes, les plus incongrues, en blouse et sabots, aller de ma vielle les plus délirantes, comme s’il avait la pleinement de ce Au sé. On lui amuser la galerie contre quelques caca- mouvement, de ce donnera maligne vocation de les susciter (1). Mais huètes au pied des piano et autre vio- chambardement, des du fric d’aussi extravagante, on en était tout de loncelle aussi dérisoires que colossaux. pollutions et autres (notre fric, même à la veille. Eh bien mais la veille Allons Limousins, faites-moi men- nuisances afférentes, le nôtre!), est là, notre aujourd’hui, notre avenir. tir, levez-vous contre cette folie dont du bruit notam- on lui Il faut dire que cette folie mégaloma- la conséquence serait à l’évidence le niaque est bien partagée, la démesure ment. Du bruit au nom de la foumusique ! agrandira les routes,! on lui goudronnera saccage du site mais aussi le saccage Il faudra que la bagnole, à tout ber- des hectares de parkings, on subven- fascine les foules qui courent au viaduc du pays. Ne vous laissez pas prendre zingue, coure de Chauffaille à l’auto- tionnera ses instruments monstrueux, de Millau comme, en son temps, elles à ce énième miroir aux alouettes et ne route, on trouvera là même de quoi on lui offrira des vigiles, on l’aidera à coururent à la tour Eiffel ; démesure soyez pas victimes, une fois de plus, justifier un peu plus l’injustifiable, le gro- faire de ce Coussac encore trop bourg que rend possible, facile même (et donc de ce “’chabatz d’entrar“ dont on nous tesque projet de cette ligne à grande vi- rural mal dégrossi une véritable ville souhaitable !) la puissance technique de fait armoiries, dont on use et abuse tesse Poitiers-Limoges que l’on devrait moderne en diable ! Vous verrez aussi ce qu’on continue d’appeler une civilisa- et qui fait qu’en Limousin, c’est jour- bien prolonger jusqu’à Coussac-tout-le- que les Limousins ne bougeront pas, tion, à qui l’on fait la grâce, mieux, d’être née porte ouverte tous les jours que monde-descend pour y acheminer les recevront ça comme une fatalité, une la définition même de la civilisation. Dieu fait, on y entre comme dans un Parigots ! Que n’entendra-t-on pas ? de plus. On est fataliste par nature et Les grands ensembles, les grandes moulin, avec le grain le plus douteux ! en plus, à force d’élever des veaux, ça surfaces, la grande région, les grands Nous dirons au contraire à ce type ce a déteint, on est devenu des veaux, on cantons, les grandes communautés de On vous conduit qu’on dit traditionnellement aux indési- rumine et c’est tout. Ensuite on vous communes (quatre pour la Creuse!), rables: “M’enuiatz de res, mas avetz ‘qui à l’abattoir conduit à l’abattoir... au parc d’attraction. la grande agglomération (“Plus près Mais personne n’y croit. Tout le monde vòstra cana e vòstre chapeu, la pòrta es Seuls bougeront peut-être face à de vous !“, comment osent-ils ?), les pense tout ça irréalisable. Et d’ailleurs darrier vos!“ l’étranger, les étrangers, je veux dire grandes concentrations de veaux, de cette pensée-là arrange bien tout le poules, la grande usine, la grande scie- ceux qui sont chez nous venus d’ail- rie, les grands troupeaux (je pense à Jan Dau Melhau, Royer de Meuzac (87) nos trois vaches !), la ligne à grande vitesse, le grand stadium, l’Aquama- (1) Cette malédiction tient peut-être chin et le Zénith, et les milliers d’hec- au geste indélébile du comte Henri de tares de résineux, les milliers d’hec- Montbron faisant couper le maître chêne tares de pommiers sous plastique, etc. du domaine, le plus beau de la région etc., les grandes destructions de tous (1,70 m de diamètre), pour en faire le joug qui porte le bourdon du Sacré Coeur de ordres! Voir grand, toujours plus grand, Montmartre, la plus grosse cloche qui soit jusqu’à s’y noyer, jusqu’à disparaître. en France, 17 tonnes, pas un gramme de moins ! Là, déjà, le gigantisme ! Il fallait La mesure des choses que cela s’entendît ! Enfoncez-vous ça Et tout ça au nom de la compétition dans la tête ! Quand on sait que ce Sacré et de cette marche forcée en avant. Coeur, cette pâtisserie comble de laideur En avant où ? De quoi ? Comme si la fut érigée pour absoudre Paris (et donc vie c’était “marche ou crève“, comme la France puisqu’ils sont synonymes !) du grand péché de la Commune... Maudit soit si la vie se résumait à “que le meil- le comte et bénie soit la forge aux outils leur gagne“ ! Alors que tout être sensé de paix. devrait souhaiter le primat de l’individu accompagné par la petite communauté

IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 7 Fête de la Montagne limousine - Les 2 000 raisons d’un succès

es 24, 25 et 26 septembre 2015 a eu lieu à Tarnac la première fête de la Montagne limousine. Une manifestation conviviale et sérieuse, gourmande et festive, joyeuse et politique, qui a réuni plus de 2 000 personnes et affiché la vitalité du Plateau. Cette Ldate restera dans l’histoire locale comme un moment fédérateur où tout ce qui fait le dynamisme du territoire était présent. On a écouté de la musique, débattu des com coms, goûté les productions locales, vu, revu ou découvert d’anciens ou de nouveaux amis. Si “une autre vie s’invente ici“, c’est clair, c’est dans les rues de Tarnac qu’elle manifestait ce week-end là sa réalité. Pour ceux qui ont raté l’évènement, IPNS en propose sur ces deux pages une vision éclectique et sensible. En savoir plus : http://www.montagnelimousine.net

recules recules... HUMPFF !

Youpi !

IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 8 Fête de la Montagne limousine - Les 2 000 raisons d’un succès es 24, 25 et 26 septembre 2015 a eu lieu à Tarnac la première fête de la Montagne limousine. Une manifestation conviviale et sérieuse, gourmande et festive, joyeuse et politique, qui a réuni plus de 2 000 personnes et affiché la vitalité du Plateau. Cette SUPER ! Ldate restera dans l’histoire locale comme un moment fédérateur où tout ce qui fait le dynamisme du territoire était présent. On a écouté de la musique, débattu des com coms, goûté les productions locales, vu, revu ou découvert d’anciens ou de nouveaux amis. Si “une autre vie s’invente ici“, c’est clair, c’est dans les rues de Tarnac qu’elle manifestait ce week-end là sa réalité. Pour ceux qui ont raté l’évènement, IPNS en propose sur ces deux pages une vision éclectique et sensible. En savoir plus : http://www.montagnelimousine.net

YYEAAHH !

“c’est beau un magasin général la nuit...“

IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 9 MAUDITE SOIT LA GUERRE

Reviendrons-nous le 11 novembre à Gentioux ? Guerre de communiqués cette année à Gentioux avant la traditionnelle cérémonie pacifiste et antimilitariste du 11 novembre devant le monument aux morts où un orphelin désigne du poing la fameuse sentence : “Maudite soit la guerre“. Derrière ce qui pourrait passer pour un Clochemerle militant, se pose la question : à qui appartient ce monument ? À qui appartiennent les cérémonies qui s’y déroulent ? Le communiqué qui a mage à tous les fusillés pour l’exemple, déclenché les hostilités à toutes celles et ceux qui s’opposent à Tout a commencé avec un communiqué l’instauration d’un ordre inique qui mène du CLAMMG (Comité laïque des amis notre monde à la ruine (…) À bas toutes du monument aux morts de Gentioux) les polices politiques, vive la pensée et de la Fédération de la Creuse de la libre !“ Libre pensée. Adressé aux “organisa- tions, aux militants et aux élus qui par- Un 11 novembre ordinaire ticipent au rassemblement pacifiste du La Montagne du 12 novembre qui relate 11 novembre 2015 à Gentioux“, daté du la cérémonie de la veille note que “41 2 novembre, il relate une “réunion de personnels des forces de l’ordre (ex RG travail“ du 30 octobre 2015 tenue à la et gendarmes compris) étaient requis demande de “Madame le maire, avec pour assurer la surveillance des lieux, le représentant du CLAMMG, trois gen- mais que “tout s’est bien passé“. Parmi darmes, l’instituteur et trois représen- ces vaillants représentants de l’ordre, tants de la population.“ Il y fut question un gendarme a filmé toute la manifes- des “incidents du 11 novembre 2014“, tation. “L’organisateur, Régis Parayre, de la “mise en place d’un service d’ordre n’a pas mâché ses mots contre ceux visible et clairement identifiable“, de “dif- qui voulaient rééditer ”les incidents” de fusion de consignes...“ Il est alors pré- l’an dernier : ”Pour ceux qui l’ignore- cisé qu’ “aucune banderole ou bannière raient encore, en amont de notre ras- ne devra être déployée autour du monu- semblement, une partie de la planète du ment pendant la cérémonie municipale Plateau s’est emballée dans le registre (…) aucune invective, aucun cri, aucun de l’ignoble.” Bref, la Libre pensée n’a Philippe Gady sifflement hostile.“ Bref, hors la parole guère le goût pour la pensée libre... officielle de la mairie et de la Libre pen- des attaques contre les “curés“ qui Ne nous laissons sée, c’est : silence dans les rangs ! datent de 1905 alors que les menaces pas déposséder religieuses actuelles sont tout autres. La question se pose donc de savoir Réaction : quelle attitude ceux qui ne se recon- “Comiques nuées“ Co-propriétaires du naissent pas dans cette institutionnalisa- Aussitôt une première réaction d’ “ha- monument tion vont pouvoir adopter à l’avenir. Pour bitants du Plateau“ s’exprime. Après Seconde raison : ils adoptent l’une et ma part, je ne souhaite pas renoncer à “l’incroyable communiqué“ (résumé l’autre la même posture de co-proprié- ce rassemblement et je ne pense pas ci-dessus), les signataires de ce texte taires du monument de Gentioux et de non plus qu’il y ait un intérêt quelconque à tonalité situationniste rappellent que cogestionnaires des manifestations qui à s’opposer frontalement aux “officiels“. “le monument aux morts de Gentioux, s’y déroulent. Ceux qui étaient à Gen- Il me semble possible de s’accorder sur ostensiblement antimilitariste et porteur tioux ce 11 novembre ont pu remarquer trois points. 1) Il n’a jamais été question d’un message de défiance envers ceux que, sans doute intimidés par le com- d’empêcher la mairie de Gentioux de qui organisent les guerres et y envoient muniqué du 2 novembre, les groupes procéder à sa cérémonie. Cela a tou- crever les petites gens, a toujours été présents arboraient de modestes signes jours été le cas, y compris en 2014, où méprisé par les institutions de la Ré- distinctifs (drapeaux, bannières) alors la mairie a retardé arbitrairement son publique, sans doute eu égard à leur que la Libre pensée déployait une im- déroulement. 2) Quant à la manifesta- propre rôle dans les massacres...“ Ce mense banderole. Ainsi, nul ne pouvait tion des pacifistes et antimilitaristes, elle communiqué invite “les participants au Souriez ! vous êtes filmés ! ignorer quelle place était assignée aux peut être coordonnée par le CLAMMG, rassemblement à prendre toute initiative uns et aux autres. Lorsque les signa- à condition que la parole ne soit pas comique à même de renvoyer à leur ridi- taires du communiqué faisant suite à la refusée à certains et que les modalités cule celles et ceux qui prétendent faire Un laïcisme extrémiste réunion du 30 octobre parlent des “inci- de participation ne soient pas autoritai- taire les banderoles, bannières et autres et sectaire dents“ du 11 novembre 2014, ils oublient rement formatées mais librement débat- cris de révolte ou de dégoût.“ Pourquoi y-a-t-il une si belle entente, de préciser que les esprits s’étaient un tues entre tous. 3) Cette manifestation à première vue contre nature, entre la peu échauffés parce que les organisa- se caractérise par des expressions mul- Un appel au calme Libre pensée et le CLAMMG (représen- teurs avaient refusé de laisser lire au tiples, même si elles sont parfois contra- Devant la situation qui pointe et qui an- tés par Régis Parayre) et Dominique micro un communiqué évoquant la mort dictoires. De la libre parole naissent des nonce un 11 novembre particulièrement Simoneau, maire de Gentioux ? Deux de Rémi Fraisse, tué par une grenade débats féconds. Dans le calme, mais sur mouvementé, quelques habitants de motifs de rapprochement existent entre de la gendarmerie 20 jours auparavant. des positions antimilitaristes affirmées Gentioux réagissent. Leur communiqué eux. Le premier est qu’ils communient La réunion du 30 octobre en présence avec force, continuons à participer à ce exprime le souci de bien expliquer la po- dans un laïcisme jacobin, extrémiste de la gendarmerie officialise l’institution- rassemblement qui permet la rencontre sition des antimilitaristes, notamment en et sectaire. Dominique Simoneau s’est nalisation d’une manifestation qui a pro- de ceux qui aspirent à une société dé- ce qui concerne le 11 novembre 2014 illustrée, avant et après son élection, par gressivement perdu de son caractère barrassée de la guerre et des militaires. avec l’évocation de la mort de Rémi une attitude constamment hostile aux contestataire et opposé à l’ordre domi- Ne nous laissons pas déposséder de ce Fraisse, pour être mieux compris d’une nouveaux habitants de la commune et nant. moment ! population avec laquelle ils ont des à ceux qui les soutiennent. Ainsi, a-t-elle contacts quotidiens. “Même si certaines tenté (heureusement en vain) d’obtenir Jean-François Pressicaud personnes ne sont pas de très bonne la radiation des listes électorales de volonté, font des amalgames, ne sont ceux qui habitent dans des yourtes. Par De la liberté et de la pensée pas très tolérantes, on est plusieurs à ne ailleurs, un des reproches essentiels Nous voilà rassurés : la cérémonie du là bien là une étrange façon de libérer pas pour autant abandonner l’espoir de qu’elle formule à l’égard des néo-ruraux 11 novembre devant le célèbre monu- la pensée… voir l’ambiance à Gentioux s’améliorer concerne quelques (rares) familles qui ment aux morts de Gentioux, a eu lieu Depuis les dernières élections munici- un peu, pour qu’au moins on puisse se scolarisent leurs enfants à la maison. cette année dans le calme qui convient. pales, on avait déjà pu constater que parler sans trop de méfiance ou d’hosti- Elle le ressent comme une atteinte into- Pour cela, diverses organisations, dont Madame Simoneau avait des manières lité injustifiées.“ lérable au monopole de l’école publique. La Libre pensée, s’étaient mobilisées particulières de préserver les libertés Du côté de la Libre pensée, organisation autour de Madame le maire pour en as- de ses administrés, dans leurs choix Ne pas y aller plus que centenaire, la diversité idéolo- surer le bon déroulement. Cependant, de vie, de travail, de convictions… Mais Un quatrième communiqué sort gique des adhérents (avec notamment qui, parmi ces participants “qui ont pris elle n’a visiblement pas compris qu’elle quelques jours plus tard sous le titre : des libertaires et divers socialistes) leurs responsabilités“ (sic), s’est inter- avait reçu en héritage, avec son man- “Pourquoi nous n’irons pas à Gentioux n’est pas reflétée chez ses dirigeants rogé sur les causes de l’agitation qui dat, autre chose qu’un banal monument le 11 novembre“. Il a été diffusé par qui sont presque toujours des trots- s’était manifestée le 11 novembre de qu’il suffit de fleurir deux fois par an, courriel puis distribué en tract à l’entrée kistes de l’espèce la plus sectaire (pour l’an dernier ? La question de savoir après avoir lu docilement le discours du bourg de Gentioux le 11 novembre. les initiés : les lambertistes du Parti des pourquoi l’ambiance de cette cérémo- prémâché qu’envoie le ministère de Au vu de la manière dont est envisagée Travailleurs). La Libre pensée s’est par nie avait subitement changé en 2014 l’Intérieur. Il est intéressant aussi de la cérémonie, ses auteurs considèrent exemple illustrée en Limousin par ses aurait pu être le point de départ de leur voir avec quel zèle les prétendus défen- que le 11 novembre à Gentioux n’est attaques contre la Calendretta (école réflexion, l’axe principal de leur pensée. seurs des libertés s’en accommodent. plus un rassemblement antimilitariste : occitane). En invoquant le fait qu’il s’agit Car en arriver cette année à interdire On frémit à l’idée que cette coalition “Qu’est devenue cette cérémonie pour d’une école privée (même si elle est les banderoles, séparer les groupes incongrue puisse faire des émules dans devoir s’assurer de la présence d’une associative et non confessionnelle), elle de manifestants, tenir à distance le bas d’autres circonstances. milice pour museler toute expression ju- a demandé et obtenu la suppression de peuple avec - cerise sur le gâteau - un gée, par avance, malvenue, lors de son la subvention que lui attribuait le conseil service d’ordre gentiment prêté pour Maryse Villain déroulé ? (…) Décidément, cette année, régional. Par ailleurs, c’est une organi- l’occasion par les “libres penseurs“, voi- c’est en n’y allant pas qu’on rendra hom- sation qui continue à diffuser en boucle IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 10 MAUDITE SOIT LA GUERRE

La Courtine 1917, Gentioux 1922 : quel lien? En 1917 des soldats russes qui se mutinent dans le camp de sont décimés par l’armée française. En 1922 à Gentioux le conseil municipal décide d’ériger un monument aux morts de la guerre de 14-18 avec la mention “Maudite soit la guerre“. Michel Patinaud met en parallèle ces deux moments de notre histoire locale.

e 19 septembre 1917 prenait dramatiquement (la chambre des députés dite “bleu horizon“). Je vous fin la mutinerie d’un bataillon de soldats russes renvoie pour plus d’informations à différents articles Là La Courtine. Le 11 novembre 2015 a eu lieu déjà parus dans IPNS (présentation du livre de Rémi une cérémonie pas comme les autres, et désormais Adam : “1917, la révolte des soldats russes en France“ traditionnelle, devant le monument aux morts de IPNS n° 23, “Les monuments aux morts du Plateau, Gentioux. Je ne ferai l’injure à personne de rappeler entre pacifisme et patriotisme“, IPNS n°27, et l’article les événements. Toutefois, la énième sortie d’un de Gérard Monédiaire dans IPNS n°47). documentaire sur la fameuse mutinerie m’interpelle (fameuse dans le sens où qui aujourd’hui “ne sait Une chape de plomb mémorielle pas“, pour moi “ne veut pas savoir“). Cette actualité Il y eut bien une “chape de plomb“ mémorielle sur La m’interpelle de deux façons. Tout d’abord, historien, Courtine. Certes, les documents et les témoignages cinéphile, et connaisseur du Plateau – les lieux et manquent, pour des raisons diverses. Je vous livre leur histoire – je me demande bien ce que vient ici une anecdote. Comment et pourquoi les archives faire ce nouveau documentaire commandé par du contingent russe, conservées dans des caisses France 3 (c’est le troisième sur le sujet). Ensuite, à en bois, ont-elles échappé aux autorités militaires l’issue du débat suivant la projection, le vendredi 6 françaises pour se retrouver 100 ans plus tard dans la novembre à Limoges, une question fort pertinente m’a bibliothèque de l’Université new-yorkaise de Columbia? particulièrement intéressé. Un spectateur s’adresse Parce que des régiments “yankees“ ont succédé aux au cinéaste (Pierre Goestchel) : “Pouvez-vous nous Russes dans le camp fin 1917, pour préparer leur dire s’il existe un rapport entre la mutinerie de 1917 et envoi au front... Mais cette donnée chronologique l’érection un peu plus tard du monument de Gentioux?“ n’explique pas pourquoi ? La population de la Courtine Lecteur, et auteur occasionnel d’ IPNS, je vous livre et des communes environnantes avait été évacuée une réponse très personnelle. le 14 septembre 1917. On sait, il existe quelques témoignages assez tardifs et pas mal de photos, que À Bas la guerre ! La grande boucherie de nombreux liens de sympathie s’étaient créés entre Erigé en 2012 à l’initiative de la Libre Pensée 23 Un rapport ? Oui, ces deux événements sont liés à la les soldats russes et la population et que les forces grande boucherie de 14-18. Oui, ces deux faits sont de répression furent souvent huées sur leur passage grand chose. Et pour cause d’éloignement provisoire distants de 28 kilomètres. Oui, il existe bien une stèle après leur départ. Une association locale, mais de de la population et des mutins eux-mêmes encore au cimetière de la Courtine qui proclame (en russe) renommée nationale (La Courtine 1917), travaille moins. Mais les meneurs de la mutinerie n’étaient- : À bas la guerre ! Mon oui s’arrête là. Parce que le activement à étudier et perpétuer cette mémoire (1). ils pas des bolchéviques ? C’est-à-dire ceux dont les silence sur la mutinerie a tout de même régné très amis – chez nous – avaient contribué à rompre l’unité longtemps. Et ce silence n’est pas dû qu’à la censure Pacifisme des socialistes à Tours en 1920 et qui se disputaient entourant tous les faits militaires de cette période (Voir Je reviens à ma question : quel rapport ? Patience, désormais le pouvoir local avec eux. Quand, là-bas, la circulaire du Préfet de la Creuse d’octobre 1917 aux j’ y viens. Je souhaite vous livrer une analyse assez à Moscou, on avait décidé seuls d’arrêter la guerre, Archives départementales de Guéret). Le moins qu’on iconoclaste, mais je trouve la platitude de certains faisant d’une certaine façon le jeu des Allemands. puisse dire est que l’épisode n’est pas glorieux, ni travaux historiques assez indigeste. Certains appellent Voilà, une bonne (?) raison de taire les événements pour l’armée française, qui n’est pas restée “la grande çà la “neutralité“, “l’objectivité“... Réfléchissez bien de l’été 1917 à La Courtine! muette“ pour l’occasion (800 obus tirés en 24 heures et dites-moi ce que ces deux mots veulent dire. Que ceux que ce débat intéresse prennent contact sur les mutins), ni pour la frange russe du contingent La Creuse des années 1920, comme une bonne avec l’association pré-citée. Chaque grain de sel sera restée fidèle au gouvernement provisoire d’alors (le partie du Limousin, était gagnée – électoralement, bon à prendre. L’Histoire appartient à tout le monde. gouvernement Kerenski). Fidèle ? Cela mériterait culturellement, philosophiquement – à cette grande C’est comme la guerre et les militaires, il ne faut pas la d’ailleurs d’être creusé. Donc canonnade en règle, idée : le socialisme. Et le pacifisme des Limousins pré- laisser aux seuls historiens. puis corps à corps, avant la reddition définitive et la existait à la guerre. Il était un élément constitutif des poursuite de la répression sous d’autres formes : 9 mouvements socialistes, anarchistes, libre-penseurs, Michel Patinaud morts. Un élève de CP comprendrait qu’il y a là une syndicalistes... C’est ce pacifisme-là qui explique le ambiguïté mathématique. monument aux morts de Gentioux.

Le retour des survivants Une ignorance volontaire? (1) Voir son site internet www.lacourtine1917 et ses Quinze mois plus tard, des dizaines de milliers de Mais il y a à mon sens un argument politique au publications dont la revue “Les cahiers de La Courtine jeunes Limousins étaient rentrés “au pays“, du moins silence sur La Courtine. En 1922, avait déjà eu lieu 1917“, n°1, remarquable, qui vient de sortir avec des les vivants, les mutilés, tous traumatisés... Parmi la rupture entre ceux qui voulaient garder “la vieille interviews d’historiens et des témoignages de petits- enfants de soldats russes restés en France. eux, Jules Coutaud, de Gentioux, qui connaissait maison“ (Léon Blum) et ceux qui croyaient que de l’Est parfaitement la question, ayant été gazé. Il prit en tant viendrait “la grande lueur“. Les socialistes du Plateau que maire, avec son conseil municipal, l’initiative de (SFIO, lointain ancêtre du PS actuel), très largement l’érection d’un monument aux morts pour le moins majoritaires à gauche face aux communistes, n’ont-ils original. Pas original dans nos têtes d’aujourd’hui. pas ignoré “volontairement“ la mémoire des mutins? Original par rapport à ce que demandait et attendait le Certes, pour cause de censure, on ne savait pas gouvernement de la France issu des élections de 1919

Gioux aussi a son ”Maudite soit la guerre” C’est dans le cimetière de (Creuse) qu’il faut aller pour lire à nouveau la fameuse citation. La famille de René Pataud, mort à 38 ans des suites de sa captivité pendant la Seconde Guerre mondiale, a apposé la formule sur sa tombe.

Soldats russes à la gare de La Courtine, sur la banderole : “En avant pour la paix dans le monde“ photo Association La Courtine 1917

IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 11 RURALITÉ

Le paysan rural comme négation de la métropolisation

Julien Dupoux vient de soutenir à l’université de Clermont-Ferrand une thèse de géographie intitulée “Production et exercice du pouvoir en milieu paysan sur le plateau de Millevaches“. Nous publions ici un (court) extrait des 430 pages de son travail, dans lequel il présente la position du paysan du Plateau face à la ville et à ce qu’elle représente en tant que pouvoir sur le territoire rural – ce qu’on appelle aussi la métropolisation.

a ville reste une antithèse pos- sible de la campagne et la figure Ldu paysan comme un habitant de l’espace rural peut devenir une volonté de négation de la ville. Certains mou- vements de retours à la terre (et c’est pourquoi le nom de néo-ruraux a été donné à ces migrants) sont volontés de négation de la ville et de ce qu’elle représente : la foule massée, le temps perdu dans les transports, une superfi- cialité des rapports, la coupure avec la nature et la centralisation. S’agissant de politique géographique, ils s’oppose- raient par une ruralisation à un phéno- mène bien nommé et souvent entendu : celui de la métropolisation.

Rats des villes et rats des champs Mais tous les paysans, loin s’en faut, ne sont pas issus de ce phénomène migra- toire. Certains n’ont tout simplement ja- mais quitté la campagne. Un paysan de Rempnat m’a même déclaré qu’avant d’être politiques, les divergences les plus frappantes pour lui sur le Plateau se trouvaient entre gens issus de la ville et gens de la campagne. Les premiers concevraient la campagne comme un espace récréatif, les autres comme un milieu de vie obligatoire. Il donnait l’exemple des ferrailles agricoles qu’on lui reprochait de laisser traîner alors que la facilité de les éliminer du paysage ne lui semblait pas aller tellement de soi et que les paysans avaient toujours fait paysans essaient d’aller le moins sou- comme une colonisation à laquelle la lien-le-Petit, par exemple, vont vendre comme ça. vent possible à la ville et rapportent une ruralité du paysan s’opposerait alors. sur le marché à Limoges. Certains four- image superficielle des gens de la ville nissent aussi des boutiques qui sont “Les politiques sont et de leur goût d’une campagne récréa- La ville au centre en ville. Plus modestement, est faites pour les villes“ tive. Certains paysans, comme celui de La question de la campagne comme aussi une petite ville où des paysans On peut toutefois se demander dans Rempnat, rejettent un rôle qui se can- l’espace dévolu à une ville n’est pas viennent tenir un stand au marché pour quelles mesures une technologie pay- tonnerait à être celui de paysagiste pour neuve. Des nominations de “pays“ le écouler leurs produits. Certains s’at- sanne n’a pas été choisie depuis les faire plaisir aux touristes. montrent : la Touraine, le Diois ou des tardent au café après midi, traînant en villes, centres administratifs où s’éla- noms comme “l’arrière-pays niçois“. ville, effectuant des courses, trouvant borent des politiques, élisant, dans les Un isolat campagnard L’appartenance de la campagne à la donc quelques agréments à la sortie campagnes, les paysans les plus do- relatif ville est soulignée. Le sociologue Ber- en ville, d’autres repartent directement ciles à leurs politiques pour les mettre La métropolisation reflète un attrait de trand Hervieu cite Redfield à ce pro- chez eux, désireux de retrouver le plus en place. Ces politiques peuvent très la ville et certains ruraux se sont exilés pos : “Il n’existe pas, en premier lieu, vite possible leur campagne. Les pay- bien prendre appui sur des études uni- pour trouver des universités, du travail, de société paysanne ni de paysans, qui sans se servent ponctuellement de la versitaires ou para-universitaires. “Les une vie culturelle qu’ils ne trouvaient ne soient inclus dans une ville ou une ville, comme les urbains se servent de la politiques sont faites pour les villes, pas en campagne, la campagne étant féodalité“. Certes, on peut voir la cam- campagne pour leurs loisirs et les pay- maintenant“ disait une habitante de un lieu isolé par des routes torses, les pagne comme l’espace exploité par des sans peuvent ne voir dans les urbains Tarnac qui ne savait idées n’y circulant paysans regroupés dans un village mais que des clients comme, inversement, pas si elle devait se alors que peu. L’his- l’extension d’échelle des villages aux les urbains pourraient ne considérer les dire paysanne ou La ruralisation torien Alain Corbin villes vaut-elle ? Car elle introduit alors paysans que comme des fournisseurs. non avec sa simple devient une montre pourtant, en un rapport de domination du bourgeois La relation de domination n’est-elle pas culture de patates soulignant le rôle des sur le paysan, et non plus seulement alors un discours métropolitain ? Les et son blé noir. demande de migrations maçon- sur l’espace agricole. La métropolisation paysans, eux aussi, utilisent la ville. De Lorsqu’il parle de démocratie nantes temporaires, dérive d’une considération féodaliste où nombreuses villes ne se sont d’ailleurs son ancienne activité la relativité de l’isolat la ville est nécessairement le centre créées que parce qu’elles constituaient syndicale, un pay- campagnard et une décisionnaire et certains paysans, dans des carrefours d’échanges : elles étaient san de Nedde prononce exactement la circulation bien présente des idées, y ces “politiques qui sont faites pour les des points pratiques ou stratégiques de même phrase : “les politiques sont faites compris dans les villages les plus recu- villes“ perçoivent des intentions de do- rassemblements de paysans et d’arti- pour les villes“. Un éleveur de Tarnac, lés. On peut dire qu’avec l’habitude de mination de la part d’urbains pratiquant sans venant tenir marché. Mais dans critiquant la PAC, me tient lui aussi ce voyager actuelle (pour raisons pratiques la politique. la métropolisation, il y a une volonté de discours sur la métropolisation : “80 % et financières), avec internet, l’isolat pouvoir centralisateur et colonisateur de des gens habitent en ville, ils sont cou- culturel de la campagne est de plus en Les paysans aussi la campagne. Le paysan ou l’habitant pés des problèmes ruraux, ne les com- plus relatif. Le rejet de la métropolisa- utilisent la ville rural qui rejette la métropolisation veut prennent pas, pondent des lois qui ne tion, comme certains le soulignent, est Les urbains considéreraient alors les rendre inopérant sur lui un pouvoir de leur vont pas“. Une opposition idéolo- un rejet politique, un rejet de la verti- paysans comme les travailleurs qui siège métropolitain. gique serait alors d’ordre culturel : gens calité des politiques et la ruralisation, doivent leurs fournir des denrées. Dans de ville et gens de campagne ne se par conséquent, devient une demande le grand jeu de la division des tâches, Julien Dupoux comprennent pas, n’ont pas les mêmes de démocratie : c’est ceux qui vivent la celle de production de nourriture pour modes de vie, les mêmes soucis, les campagne, ceux qui vivent les politiques alimenter les métropoles échoirait aux gens de la campagne seraient donc rurales qui les doivent décider. La mé- paysans. Les paysans ne sont pas tota- de potentiels sujets zoologiques pour tropolisation, sous son aspect purement lement dépourvus de relations avec la les gens des villes alors que certains politique, de dictat des villes, est perçue ville. Les maraîchers bio de Saint-Ju-

IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 12 VU D’AILLEURS

A Roquevaire, l’eau vitale est gratuite Les habitants de Roquevaire (Bouches du Rhône) bénéficient chaque année gratuitement de l’eau potable. Derrière cette mesure une municipalité volontariste en la matière.

e 19 décembre 2011, le conseil traitement et la distribution d’eau potable municipal de Roquevaire à Roquevaire, puis aux trois villages de Lapprouvait à la quasi-unanimité la commune, Lascours, Pont-de-l’Etoile une délibération instaurant une et Pont-de-Joux. Soit un peu moins “tarification solidaire et responsable de 9 000 habitants pour environ 4 300 de l’eau“. Cette tarification progressive abonnés aujourd’hui. Dix agents et un se compose de trois tranches : l’eau ingénieur font fonctionner la régie, qui “vitale“, qui correspond aux trente gère notamment les 92 kms du réseau premiers mètres cubes, puis l’eau de distribution. La gestion communale “utile“, jusqu’à 120 m3, et, enfin, l’eau de de l’eau a déjà montré, ici et ailleurs, ses confort. “Considérant que l’eau potable vertus : cela revient moins cher qu’en la ne doit pas être une marchandise confiant à un groupe privé, et le réseau source de profits injustifiés, mais qu’elle est souvent beaucoup mieux entretenu. est un bien commun de l’humanité“, Lorsque la nouvelle équipe municipale l’équipe municipale a estimé que ses est arrivée à l’hôtel de ville en 2008, elle administrés devaient pouvoir accéder s’est ainsi aperçue que cette régie était gratuitement à l’eau vitale. bénéficiaire. Dés lors, pourquoi ne pas en faire profiter les administrés ? “On “Quand on a commencé à étudier ce ne paie pas la ressource. Or en tant projet, on s’est vu opposer tout un tas de qu’élus, on n’est pas là pour faire du réglementation, de décrets, de lois… On pognon, mais pour faire fonctionner une a compris que nous n’avions pas le droit commune“, rappelle Yves Mesnard. de pratiquer la gratuité, explique Yves Tout n’a pas été simple pour autant. Mesnard, maire (PCF) de la commune Situé à 28 kms d’Aix en Provence, 25 de disposer d’une seconde ressource “qui a fêté ses 90 ans cette année, ne depuis 2008. Plutôt que de partir dans kms de Marseille et 8 kms d’Aubagne, en eau pour mettre en sécurité sera peut-être malheureusement jamais un interminable combat devant le Roquevaire, autrefois agricole, l’approvisionnement des habitants. centenaire“, regrette Yves Mesnard. tribunal administratif, on a choisi de faire accueille désormais principalement Les essais ont confirmé l’existence, Des rencontres doivent s’organiser avec plus simple : fixer un prix dérisoire.“ les travailleurs de ces différents pôles par 125 mètres de profondeur, d’une d’autres maires de la région dont les er Ainsi, depuis le 1 janvier 2012, pour d’activités. Les cadres supérieurs y rivière souterraine. Mais la régie de communes sont également équipées de les trente premiers mètres cubes d’eau ayant construit récemment leurs villas l’eau de Roquevaire l’exploitera-t- régies directes de l’eau, afin d’essayer potable, les Roquevairois déboursent… côtoient une population plus ancienne, elle un jour ? C’est la question que se d’obtenir des dérogations. Ou, 1 euro ! Cette quasi-gratuité, et plus précaire, l’activité économique pose actuellement, avec inquiétude, la pourquoi pas, convaincre la métropole accompagnée de tarifs avantageux sur place ayant quasiment disparu. Les commune. L’avènement, en 2020, de de s’engager sur le chemin de la pour les volumes suivants, n’a pas ressources fiscales sont donc plutôt la métropole d’Aix-Marseille-Provence remunicipalisation du service ? entraîné de hausse de la consommation faibles. “Pour mettre ce système de pourrait mettre fin à l’aventure, puisque moyenne. Au contraire, alors que la facturation d’eau en place, on n’a tous la compétence de l’eau sera confiée Article publié dans L’Âge de faire (n°102, er population a augmenté entre le 1 pris nos petites calculatrices, et on a à cette mégastructure. Ainsi, la régie, novembre 2015) - janvier 2012 et le 31 décembre 2013, fait nos propres calculs. Ça nous a pris www.lagedefaire-lejournal.fr la consommation globale a pour sa part deux ans !“ légèrement baissé. Disparition de la régie Une régie municipale avec la métropole ? créée en 1925 Plutôt que de partir dans les poches de “Notre chance, c’est que nos ancêtres quelques actionnaires, tous les bénéfices avaient travaillé“, glisse le maire. dégagés par la régie sont réinvestis dans Roquevaire a toujours eu une relation l’entretien et l’aménagement du réseau. un peu particulière à l’eau. Les habitants En moins de dix ans, le rendement du avaient en effet, dés le début du XXe réseau est ainsi passé de 60 % à 76 siècle, réalisé un forage qui alimente % se situant dans le haut du panier les fontaines du village. La commune de la moyenne nationale. Cela a aussi a ensuite créé sa propre régie. Depuis permis à la commune de procéder, en 1925, c’est elle qui assure le captage, le 2013, à un forage d’exploration afin Le tarif de l’eau pour 2015 à Roquevaire

“Protocole d’accord d’offre scolaire“ comment supprimer des postes sans le dire 124 communes creusoises disposent aujourd’hui d’une école. Et demain ?

“Lutter contre les fragilités de l’école comprendre à la ruralité, obnubilés qu’ils Tout comme les textes déjà signés l’élaboration de plans de regroupements rurale et de montagne“ et “offrir aux sont par leurs objectifs comptables ? dans l’Ariège, le Cantal, les Hautes-Py- pédagogiques intercommunaux. Autre- élèves de ces territoires une école de Toujours est-il que le “protocole d’accord rénées, le Gers ou le Lot, il prend acte ment dit, à la fermeture d’écoles et, à proximité et de qualité“. Telles sont les pour un schéma triennal d’offre scolaire“ de la baisse tendancielle du nombre terme, à la suppression de postes. Car ambitions de la mission confiée par le qui vient d’être présenté en novembre d’élèves et conditionne le maintien des il serait illusoire de penser que les petits premier ministre au sénateur ariégeois en Creuse, ne déroge pas à la règle. effectifs enseignants pendant trois ans à effectifs d’élèves seront maintenus lors Alain Duran. des regroupements. Nul doute qu’avec de si nobles Quant aux temps de transport qui intentions, les risques de fermeture de s’allongeront inévitablement, à la fatigue classe qui pèsent d’année en année sur inhérente, à la difficulté à assurer une les petites écoles de campagne vont pédagogie sur-mesure dès lors que les enfin s’éloigner ! classes grossissent, ces arguments Hélas, comme à l’accoutumée avec nos semblent peser bien peu face à la dirigeants, les mots prennent un malin “rationalisation“ de “l’offre scolaire“ plaisir à changer de sens, par on ne attendue. sait quel miracle. En l’espèce, derrière Comme semble s’éloigner toujours plus “école de proximité“, il faut comprendre la capacité pour les petites communes plus trivialement regroupement rurales d’offrir le minimum de services scolaire intercommunal, fermeture des pour demeurer des lieux de vie. Sauf à classes uniques et développement des s’affranchir des cadres nationaux et à se transports scolaires. prendre en main. Curieuse conception Un coup du lobby des transporteurs ? de l’égalité républicaine ... Ou plus bêtement l’acharnement de ser- vices de l’État qui s’ingénient à ne rien Stéphane Grasser

IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 13 FORÊT

Saint Martin-Château : le bras de fer continue ! Depuis le 18 novembre 2014 et un arrêté municipal instituant le dépôt d’une caution pour toute entreprise envisageant de sortir du bois sur les routes ou chemins communaux, la commune de Saint Martin-Château fait beaucoup parler d’elle dans le milieu forestier. L’arrêté en question a été annulé par le tribunal administratif en septembre dernier, mais la commune a décidé de faire appel de cette décision.

fin de préserver la voirie trentenaires (la forêt limousine est une communale, le maire de Saint forêt jeune et vouée à rester jeune car AMartin-Château, avec l’aval du coupée très tôt), et donc très peu de conseil municipal et suite à la tenue retombées fiscales pour les communes. d’une assemblée d’habitants, a pris Les seules voies discordantes étaient un arrêté dont l’article 6 n’a pas plu portées par le représentant de la DDT à tout le monde : “Le transport de en charge de Transbois (celui-ci trouve bois ronds par camion sur les routes que le logiciel fonctionne très bien), et le communales ne pourra se faire que directeur général de Boislim qui souligne sur dérogation exceptionnelle, et sur la faible rentabilité de la forêt limousine des tronçons limités, après constat par et la trop volumineuse paperasserie liée les élus municipaux qu’il n’existe pas à Transbois à laquelle sont confrontés d’autres solutions. Dans ce cas, un état les exploitants, donc si en plus il faut des lieux sera effectué avant et après. faire des états des lieux, rencontrer les Une caution de 2 000 euros libellée à élus, etc… ce ne serait plus viable. l’ordre du Trésor Public devra alors être Quand au représentant de l’intercom- déposée à la trésorerie de Royère de munalité – Royère-de-Vas- Vassivière. Cette caution sera restituée sivière en charge de la forêt, il pense après l’état des lieux et déduction faite que le “mode opératoire“ en vigueur sur des frais de remise en état éventuelle.“ la communauté de communes (il s’agit Cet arrêté (inspiré d’un arrêté similaire d’un document écrit de bonne conduite du 18 juillet 2011 de la commune de entre exploitants et communes, sans Lullin en Haute-Savoie) a été rapidement aucune contrainte) permet des relations attaqué au tribunal administratif par invités par le président de leur syndicat Un état des lieux unanime de confiance entre un animateur fores- le SEFSIL (Syndicat des exploitants à “boycotter“ les ventes de bois sur la L’état des lieux a été unanime, de la part tier et les exploitants forestiers. forestiers scieurs et industriels du commune de Saint Martin-Château. de toutes les collectivités représentées : Limousin), par le Syndicat des forestiers Et, plus intelligemment, Florence Tessiot il y a une différence “abyssale“ de point Des pistes de travail privés du Limousin associé au GFBC (sous-préfète d’Aubusson) a organisé de vue entre les exploitants forestiers et De tous ces échanges ont émergées (Groupement forestier du bois du une réunion vendredi 13 novembre les responsables des voiries. quelques pistes de travail : Centre), et par le préfet de la Creuse. 2015 sur les difficultés relatives aux Avec, cités dans le désordre : - étendre le réseau dérogatoire géré Le Tribunal administratif (TA) de transports de bois, principalement dans - la taille et le poids des camions et sous Transbois à l’ensemble du Limoges a annulé en première instance le sud du département. De nombreux engins forestiers sont disproportionnés département puis de la région, afin de cet arrêté le 24 septembre 2015. Le TA élus (représentants les communes par rapport aux routes et chemins renforcer la visibilité du dispositif et n’a pas remis en cause le bien-fondé de La Villedieu, , Néoux, communaux, sans compter que rendre son caractère obligatoire ; de l’arrêté mais a estimé notamment Saint Junien-la-Brégère, Saint Marc-à- beaucoup roulent en surcharge : sont - tout mettre en oeuvre pour que les dans ses conclusions que la commune Loubaud, Saint Moreil, et Saint Martin- évoqués la découverte de plus en réparations consécutives aux dégrada- n’avait pas étayé le montant avancé de Château, ainsi que les communautés plus fréquente de billons “tombés“ des tions accidentelles et/ou occasionnelles dégâts annuels par des devis et factures de communes Bourganeuf – Royère- camions sur la nationale 141, et le fait soient à la charge du responsable du de remise en état de la voirie, et qu’elle de-Vassivière et Creuse Grand Sud, le que, lors de contrôles effectués en 2011 chantier ; n’apportait pas la preuve des dégâts conseil départemental, et l’association en Limousin, 37% des véhicules étaient - identifier les intervenants sur les occasionnés sur la voirie. des maires de France), des techniciens en surcharge (source : Préfecture de la chantiers et les responsabiliser des UTT (Unités territoriales techniques) Creuse); nommément ; Dérogations refusées de Bourganeuf et d’Aubusson, des - l’usure des routes augmente de - le système de caution mis en oeuvre Suite à ce jugement, le conseil municipal représentants de la DDT (Direction façon exponentielle avec le tonnage à Saint Martin-Château avait ce but et de Saint Martin-Château a envoyé un départementale des territoires), des camions (d’après le service des semblait donner des résultats encoura- courrier le 6 octobre 2015 au préfet pour le directeur général de Boislim routes du département de la Creuse, geants ; il permettait une connaissance qu’il propose une solution (étant donné (interprofession de la filière forêt / bois le passage d’un camion de 57 tonnes par la municipalité des interventions et qu’il avait fait en sorte que celle proposée en Limousin), ainsi que la présidente équivaut au passage… d’un million de des transports qui ne dépendent pas de par la commune soit annulée). Dans et la directrice de l’URCOFOR (Union véhicules légers) Transbois; l’attente, le conseil municipal a décidé régionale des communes forestières). - la double peine : nous avons - sur la question du financement des de refuser toutes les demandes de Pour la sous-préfète, le cadre de la l’inconvénient de vivre sur un territoire travaux de voirie, envisager une forme dérogations à l’arrêté pris en avril 1987 réunion avait pour buts de dresser extrêmement planté et donc exploité, et de péréquation de la contribution et toujours en vigueur. Cet arrêté interdit un état des lieux des problématiques en plus nous devons payer les dégâts économique territoriale (CET) au les convois supérieurs à 18 tonnes, sur rencontrées et de déterminer quelles liés à cette exploitation ; profit des communes où se déroule toutes les voies communales. pistes de réflexions seraint à développer - le sentiment de colonisation du Plateau l’exploitation ; Face à cette décision, et selon plusieurs pour y répondre. par de grandes firmes hors sol et donc - privilégier les engins de gabarit réduit indiscrétions revenues aux oreilles n’ayant vraiment aucune relation avec notamment sur les voies non renforcées d’habitants de Saint Martin-Château, les habitants (certains préfèrent le terme ou dans les zones fragiles. les adhérents du SEFSIL auraient été de “tiers-mondisation“); Cette première réunion entre les diffé- - le mauvais fonctionnement de Transbois rents acteurs sera suivie à la sous pré- (il s’agit d’un logiciel de déclaration de fecture d’une table ronde des profes- chantier, logiciel considéré comme un sionnels de la filière, puis d’une table outil non abouti, du fait de son coté ronde globale sous l’égide du préfet. uniquement déclaratif), et le fait que Même si nous ne nous leurrons pas les communes reçoivent souvent des sur l’issue de ces trois tables rondes (le demandes la veille du chantier quand ce lobby forestier mettra en avant tous ses n’est pas après le chantier… ; arguments habituels, des faibles marges - la difficulté de faire des états des lieux à son statut de “premier employeur privé de fin de chantiers, sauf à exercer une du Limousin“, et continuera son travail surveillance permanente sur tout le de lobby auprès de la préfecture), nous territoire de la commune pour avoir ne pouvons que nous satisfaire : ces connaissance des interventions en problèmes de voirie et d’exploitation cours… forestière, volontairement ignorés - l’inexistence de retombée économique depuis des années, arrivent enfin sur la de cette exploitation forestière (la table. colonisation), mais des dépenses en Et cette réunion à la sous-préfecture constante augmentation (80 000 € aura aussi permis à tous les interve- de voirie à Saint Moreil en 2014 par nants de se rendre compte que les pro- exemple) ; blèmes de voirie liés à l’exploitation fo- - les pratiques de stockage, ainsi restière ne concernent pas uniquement que la conduite des camions, sur les Saint Martin-Château, mais l’ensemble petites routes communales posent de des collectivités intervenantes sur le nombreux problèmes de sécurité ; plateau de Millevaches. - la question de la fiscalité au travers de la part bois de la taxe foncière non- Nicolas Derieux, Saint Martin-Château bâtie (TFNB), et des exonérations IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 14 BLOC-NOTES

1 000 € (avec sursis) pour un cadenas Hé, le blaireau ! C’est pas un grand Dans l’affaire du cadenas de la gendarmerie fourre tout ! d’Eymoutiers (voir IPNS n°52) le verdict du tri- bunal de Guéret est tombé le 8 octobre. La per- sonne accusée d’avoir cadenassé symbolique- ment la grille de la gendarmerie pour protester contre la mort de Rémi Fraisse a été condam- née à une amende de 1000 € avec sursis. Une manière élégante pour les juges de ridiculiser l’accusation qui n’avait pas hésité à parler de terrorisme dans cette affaire...

La Loutre Fluorescente plus déterminée que jamais ! L’association La Loutre Fluorescente continue son combat contre le projet de stockage de dé- chets nucléaires au Longy à Millevaches (voir IPNS n°52). Malgré les circonstances tragiques survenues à Paris la veille au soir, La Loutre Fluorescente a maintenu sa randonnée à laquelle étaient venus se joindre une soixantaine de participants samedi 14 novembre 2015. Elle a eu lieu au départ de la Maison du Parc naturel régional de Millevaches jusqu’au site de l’an- cienne mine du Longy (commune de Millevaches). Areva projette d’y stocker des déchets nucléaires dits stériles en provenance de l’ancienne mine uranifère de Darnets. Malgré nos demandes et rendez-vous chez le préfet, on refuse toujours de nous communi- quer leur teneur en radioactivité. D’autre part, Areva garantit que le site du Longy est réhabilité, sécurisé, condition de sa recevabilité. Cette randonnée-mani- festation avait pour but d’informer les populations sur le niveau de sécurisation du site qui n’a fait l’objet que d’une seule inspection en 2010 depuis sa fermeture en 1983. Nos randonneurs ont pu constater que le site était isolé, que la végétation avait poussé comme pour masquer un sous-sol déjà rempli de déchets mi- Contact : [email protected] niers, qu’il était parfaitement accessible à quiconque Infos et pétition sur : car seulement fermé par une clôture des plus vulné- http://laloutrefluorescente.wesign.it/fr rables. Une poubelle nucléaire en pleine nature. Les rendez-vous dominicaux placés sous le signe de la convivialité ont choisi l’éclectisme et le partage. Que ce soit autour d’un apéro pour discuter, d’un déjeuner COP 21 et antiterrorisme Suite à l’état d’urgence décrété au lendemain des pour savourer ou bien en chansons, devant une pièce attentats de Paris, les dérapages ne se sont pas fait de théâtre, un concert à histoires, un blues, un swing, attendre. une éclairciepop… choisissez et venez nous retrouver La vénérable Ligue des Droits de l’Homme est montée un de ces dimanches dans une auberge accueillante. au créneau dans un communiqué le 26 novembre : Programme de la saison 2016 “Le ministre de l’Intérieur perd ses nerfs, confond et Le samedi 9 janvier à - Manafina et le di- assimile le mouvement associatif au terrorisme. Après manche 10 janvier à Saint Augustin. avoir interdit les manifestations citoyennes autour de Le 17 janvier à - Du vent dans les bronches. la COP 21, voici que le ministre de l’Intérieur assigne Le 24 janvier à Magnat l’Etrange - Cocosunshine. Le à résidence Joël Domenjoud, en charge de la “legal 31 janvier à La Courtine - Doolin’. Le 7 février à Nou- team“ de la coalition au motif qu’il ferait partie de l’ultra- zerines - Gum’s et à Giat - Alexis Evans Trio. Le 14 gauche parisienne qui veut remettre en cause la tenue février à Rempnat - Lacaille Ek la Marmaille. Le 21 de la COP. Monsieur Domenjoud est tenu de pointer février à Millevaches - Bobby Diminger et à Felletin - trois fois par jour au commissariat. Si l’on avait besoin Téo. Le 28 février à Sornac - Yvan Marc. Le 6 mars à d’une confirmation que l’état d’urgence est un danger Goulles - Tithaume et à Cheissoux - Sabaly et pour fi- pour les libertés publiques, cette mesure en attesterait nir le 13 mars à Royère de Vassivière - Les Barbeaux. tant elle révèle que la lutte contre le terrorisme n’est Tous les détails sur le site : www.pays-sage.net ici qu’un prétexte pour interdire toute voix dissonante.“

être réservée au délinquants de “haut vol“ et surtout Prélèvements ADN pas à des victimes. Très en colère la policière menace de prévenir l’Officier de Police Judiciaire qui traite le pour un vol de 21,99 € dossier. Poliment je lui explique qu’elle fasse ce qui lui semble bon. Deux heures plus tard, l’OPJ me rap- La police est extraordinaire ! Voici une aventure pelle, furieux, pour me dire que si nous ne souhaitons arrivée il y a un mois à l’association Peuple et pas trouver les voleurs, il allait en référer au procureur Culture de Corrèze, à Tulle. Un de ses salariés de la République et signaler notre refus de prélève- raconte. ment... Une question nous intrigue, combien coûte une ana- Le 16 juillet dernier, nous avons eu la mauvaise sur- lyse ADN ? D’après un site spécialisé : “Le prix unitaire prise en arrivant au local de Peuple et Culture, de d’un kit FTA est d’environ 9 euros TTC et le prix d’une trouver la porte, le chambranle et tout l’encadrement extraction de profil par un laboratoire public, dans ces défoncé, au sol. Nous l’avons signalé à la police, qui conditions, avoisine les 70 euros. (...) Le coût d’une est venue très rapidement faire les observations qui analyse de traces biologiques oscillera lui entre 180 s’imposaient... Après vérification, nous nous sommes et 400 euros en fonction de la difficulté de l’analyse.“ aperçus que les visiteurs indélicats étaient partis Prélevez et fichez, il en restera toujours quelque avec la caisse qui contenait... 21,99 €. Une policière chose : les résultats sont gardés 25 ans au FNAEG consciencieuse a fait un rapport, puis nous avons (Fichier national des empreintes génétique) quand dû aller au commissariat le lendemain pour déposer tout va bien, le double pour les gros délinquants. Il plainte. Depuis plus rien si ce n’est début novembre nous semble que pour n’être que les salariés d’une un coup de téléphone de ladite policière qui demande association victime d’une indélicatesse de petits aux quatre salariés de PEC de passer au commis- malfrats idiots, le prétexte est un peu gros. N’est ce sariat afin de faire des prélèvements ADN pour- dé pas plutôt que la police veut profiter de l’occasion mêler les traces observées de plusieurs personnes pour collectionner des empreintes génétiques qui sur le tiroir du bureau. Bien sûr, au regard du délit, pourront éventuellement servir en cas d’évènements nous avons souri entre nous de la démesure des liés à des mouvements sociaux imprévus ? Ou bien moyens mis en œuvre. Le 19 novembre la policière est-ce seulement l’utilisation d’un marteau pilon pour rappelle en s’étonnant de ne pas avoir de nouvelles assommer une mouche ? de notre part. Je lui explique qu’il est hors de ques- tion d’accepter la procédure qui nous semble devoir Dominique Albaret

IPNS - le journal - n°53 - décembre 2015 - 15 BANDE DESSINÉE

é en 2004, à l’initiative de bénévoles de la toute jeune association Émile a une Vache, le festival d’édition et bande dessinée Nindépendantes Budu s’étale d’abord le temps d’un week-end pour bientôt évoluer vers la formule actuelle : dix jours de résidence pour dix auteurs hébergés chez dix habitants. Aussi populaire qu’un enduro de quad, Budu vise à toucher le plus large public possible sur le Plateau et ses abords. Budu investit de nombreux lieux (cinémas, écoles, cafés, salles d’expo, médiathèques…), proposant ateliers publics et scolaires, projections et expositions, ainsi que la contribution de tout un chacun à un recueil de bandes dessinées en lien avec le thème de la présente édition.

En 2015, un Budu sur la forêt Le thème de la 7e édition du festival s’est imposé, tant il était visuel, poétique, écologique, politique, symbol- ique, économique, romantique, lyrique, éthique… Bref, évident. Cela n’avait d’ailleurs pas échappé à tous les auteurs invités précédemment, que la forêt avait spon- tanément inspirés. En effet, chaque auteur produit deux planches in situ qui sont exposées ensuite à La bande l’Atelier. Et 99,53% d’entre elles traitent de la forêt. Pour autant, trouver une dizaine d’auteurs (des emmène ses citadins !) capables de s’emparer du sujet (de manière pertinente et approfondie) était une gageure. Il nous fallait donc trouver des auteurs dans l’œuvre desquels auteurs la forêt était déjà présente, ou dont les qualités venues de Bruxelles, des parisiens Matthias Picard et journalistiques laissaient présupposer une aisance à Boris Hurtel, et enfin de Mathias Bonneau et sa double en forêt camper un environnement sylvestre. casquette de dessinateur et forestier. Nous devions ensuite les immerger dans un bain Dans le futur, Émile a une vache espère bien proposer culturel forestier, grâce au concours de partenaires encore le festival Budu aux habitants du Plateau, si choisis pour leurs compétences : scieurs, exploitants, possible en retrouvant la dizaine d’auteurs des éditions propriétaires, médias locaux… précédentes. Toutefois, les préoccupations actuelles de l’association se cristallisent autour de la défense de l’emploi de sa salariée, menacé par ces mêmes La bande à Bonneau coupes budgétaires. Un emploi sans lequel ni Budu, Sur cette dizaine d’auteurs, cinq ont finalement dû ni les nombreuses activités culturelles proposées par rester chez eux… Emile a une vache ne sont possibles. Difficile, en effet, en ces temps de coupes rases des budgets culturels, de lever des fonds suffisants La bande à Budu lorsqu’on a le souci de rémunérer le travail des auteurs à leur juste prix. Le groupe finalement invité était constitué de Dominique Goblet et Lucie Castel

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