CLUB Averroes RAPPORT 2008

LA DIVERSITÉ DANS LES MÉDIAS 2007–2008 - NOVEMBRE 2008 EDITION - NOVEMBRE ÈME 3

SOMMAIRE

Avertissement & remerciements…………………………….. p. 3 Avant propos ……….………………………………………….. p. 4 Préambule……………………………………….…………...….. p. 5 TF1…………………………………………………………….….. p. 7 France Télévisions………………………………………..….... p. 10 ƒ France 2…………………………………………...…….. p. 13 ƒ France 3…………………………………………………. p. 16 ƒ France 4…………………………………………………. p. 18 ƒ France 5…………………………………………………. p. 20 ƒ France Ô…………………………………………..…….. p. 21

ARTE……………………………………………………………… p. 23 TV5………………………………………………………………… p. 26 CANAL +………………………………………………………..... p. 27 M6………………………………………………………………..... p. 29 Les Chaînes Parlementaires………………………………….. p. 30 Les Chaînes d’Information……………………………………. p. 31 Les Chaînes de la TNT………………………………...... p. 33 Le Centre National de la Cinématographie………………… p. 39 Diversité et programmes de fiction ...... … p. 41 Le Doublage……………………………………………………... p. 45 Les Radios Nationales…………………………………………. p. 48 La Presse Ecrite Nationale…………………………………..... p. 52 La Publicité……………………………………………………..... p. 54 Prospective : la Télévision Mobile Personnelle……...... p. 74 Préconisations…………………………………..………...... p. 76 Annexes………………………………………………………..…. p. 78

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AVERTISSEMENT

Ce présent document a été réalisé par les membres du Club Averroes1, tous professionnels des médias. Il porte sur la période qui court de septembre 2007 à novembre 2008. Il ne s’agit pas d’un travail de chercheur. Il est le produit d’un travail de collectes, d’observations, d’échanges et d’analyses d’informations sur la problématique de la diversité dans les médias français. Les rédacteurs de ce rapport ont privilégié l’approche opérationnelle et factuelle sur ce sujet. Ce rapport est volontairement orienté sur la diversité « franco-française », même si la question de la représentation de la diversité dans les médias s’appréhende de manière plus large.

Ce travail a pour objectif de mettre en lumière les politiques exemplaires et celles qui le sont moins en matière de reflet de la diversité. A différentes étapes de sa réalisation, les rédacteurs ont consulté de nombreux professionnels des médias : diffuseurs, producteurs, journalistes, animateurs, comédiens, scénaristes, et institutionnels, etc.

Ce document est proposé sous la seule responsabilité de ces auteurs et doit donc être utilisé avec les précautions d’usage. Nous nous réservons le droit de revoir ou réviser le contenu de ce rapport à la lumière de toute information additionnelle dont nous pourrions prendre connaissance après la publication de ce rapport.

Sa reproduction, totale ou partielle, est autorisée à condition que son origine et ses auteurs soient explicitement cités.

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier tous les membres du Club Averroes pour leur disponibilité, leur intérêt et leur mobilisation en faveur de la promotion de la diversité dans nos médias. Nos remerciements vont également à toutes les personnes, collaborateurs des diffuseurs, des éditeurs, d’institutions publiques, pour leur contribution collective autour de cette problématique. Ce rapport n’aurait pas pu être établi sans leur précieuse collaboration.

1 Le Club Averroès a été fondé en 1997 et rassemble près de 350 professionnels des médias autour de la promotion de la diversité dans les médias français. 3

AVANT-PROPOS

La 3ème édition du Rapport Averroes propose, comme les éditions précédentes un état des lieux de la diversité dans l’audiovisuel, radios et télévisions. Vous retrouverez également un vaste dossier dédié à la publicité ainsi qu’un chapitre plus court consacré à la presse écrite nationale. La nouveauté 2008 réside dans le premier bilan de la Commission « Images de la Diversité », commission gérée conjointement par le CNC (Centre National de la Cinématographie) et l’Acsé (Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des Chances).

Encore une fois, nous n’avons jamais eu la prétention de faire un bilan exhaustif des actions (ou de leur insuffisance) des diffuseurs pour l’année 2008, mais de livrer nos appréciations d’une année sur l’autre et faire une photographie de la situation.

Nous présentons le plus sincèrement possible un comparatif qualitatif des actions menées sur les années 2007-2008.

Ce rapport d’activité repose sur une triple approche :

ƒ la diversité en termes de visibilité : Affichage à l’antenne : signatures, visages, voix, journalistes, animateurs, chroniqueurs, comédiens, témoins et invités, candidats aux jeux, public des jeux…

ƒ la diversité dans les contenus : Nous nous attachons à examiner la diversité dans les contenus : l’information, les documentaires, les fictions, les sujets de magazines, les divertissements…

ƒ la diversité dans l’emploi et les directions d’entreprises : Nous examinons la diversité dans l’emploi et les résistances des dirigeants à casser le « plafond de verre » pour donner des responsabilités à des professionnels issus de la diversité.

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PREAMBULE

Un échec, une régression… Si on voulait faire un jeu de mots un peu provocateur, on pourrait dire que l’année 2007-2008 est une année noire pour la diversité dans les médias. Disons plutôt que c’est une année ratée, une année pour rien… pire une année de stagnation, voire même de régression… Un croche-pied à l’Histoire au moment où s’installe à la Maison Blanche le premier président noir des Etats-Unis ! De l’autre côté de l’Atlantique, l’impensable s’est produit. En France, l’impensable n’a jamais été aussi palpable. Même le CSA a dû (enfin !) sortir ses griffes pour exprimer son mécontentement. Son récent rapport confirme ce qu’Averroes dénonce depuis dix ans : les écrans et les pages des journaux sont trop pâles ! L’année dernière, dans son rapport, le Club Averroes se félicitait des progrès accomplis dans certaines rédactions. La symbolique nomination d’Harry Roselmack au 20 heures de TF1 avait drainé derrière elle quelques vocations qui trouvèrent leurs places dans les rédactions. Hélas, cet élan s’est brisé net. Comme si la question était réglée. Cette année, le Club Averroes regrette l’immobilisme des responsables des grands médias. Nous fustigeons ce retour en arrière.

En 2008, la Commission Copé fut mise sur pied pour élaborer le projet de loi relatif à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision. L’espoir était alors permis d’envisager une meilleure prise en compte de la diversité par le pôle public audiovisuel. Malheureusement, la problématique de la diversité n’a fait l’objet d’aucun débat. Un comble ! Il faut signaler qu’aucun professionnel de la diversité ne figurait dans ladite commission. Avec la récente élection de M. Barack Obama, un soudain intérêt s’est enfin manifesté à la faveur de l’amendement du député UMP Frédéric Lefebvre, afin que figurent en bonne place dans la loi « des obligations légales de diversité ».

A la télévision, les embauches de journalistes ou de techniciens sont à compter sur les doigts de la main. Pire, certaines chaînes se sont livrées à ce qu’on peut appeler, avec provocation certes, « une purification ethnique ». Plutôt que de combattre la discrimination parfois dénoncée par les syndicats, les responsables ont choisi d’exclure les rares représentants de la diversité. On aurait pu espérer que le lancement des chaînes de la TNT allait offrir des opportunités ? La déception s’est imposée très rapidement à la vue des embauches opérées alors par les nouvelles chaînes. Pire, les chaînes de la TNT qu’elles soient nationales ou régionales font encore moins bien que les chaînes hertziennes classiques2.

Même constat général pour les radios aussi bien publiques que privées. Les voix manquent de couleur. Ce n’est pas faute d’avoir approché les managers de ces médias. Ils reçoivent gentiment les membres du Club Averroes mais montrent les plus grandes difficultés à mettre en musique leurs promesses. Alors que leur convention avec le CSA les y oblige, une grande part d’entre elles ne rendent aucun rapport sur ce sujet, au risque de démobiliser celles qui remplissent légalement leurs obligations.

Dans la presse écrite, rien n’a changé non plus. Les journalistes y sont toujours prompts à dénoncer une télévision ou un personnel politique trop blanc mais n’imagent pas un instant à porter un regard critique sur leur propre univers. Pourtant, non seulement la diversité est encore un rêve dans la presse écrite mais les rédactions en chef continuent à utiliser certains journalistes qui en sont issus (surtout les pigistes) comme des « fixeurs » bons qu’à servir de

2 Voir document « Câble, satellite, TNT : l’autre grande famille de la télé » en annexe. 5 nounous aux journalistes qui n’osent pas aller seuls en banlieue. Une « ethnicisation » du métier de journaliste que le Club juge dangereuse et intolérable.

Malgré les nombreuses rencontres organisées cette année par le Club avec des responsables des médias et des partis politiques, force est de constater que la sensibilisation et la pédagogie telles que les pratique le Club Averroes ont leurs limites. De même, le soit disant volontarisme des médias et leur auto-régulation sur cette problématique peinent à trouver des réponses concrètes à la hauteur de cet enjeu de société et de cohésion nationale. Le Club Averroes appuie le sursaut républicain de M. Michel Boyon, Président du CSA, lorsqu’il juge « intolérable et inacceptable » le bilan des diffuseurs après 10 ans d’interpellations. A ce titre, nous plaidons pour un renforcement législatif et pour une obligation légale de diversité assortie de sanctions dissuasives pour le secteur public comme pour le privé. Doté de pouvoirs renforcés, le CSA après deux mises en demeure pour non- conformité avec la loi, pourrait annuler la convention qui le lie au diffuseur récalcitrant. Nous défendons également l’idée que la Halde puisse se saisir de cas de discrimination à l’emploi. Charge à ces deux institutions d’assumer pleinement les responsabilités et l’autorité qui leur sont confiées par les pouvoirs publics et d’œuvrer ainsi à une meilleure représentation de la diversité dans les médias.

La Diversité dans les directions opérationnelles :

L’année dernière, nous avions consacré un chapitre à la présence de la diversité dans les postes de directions des grands médias français. Le poids des directions opérationnelles revêt une importance capitale dans la prise de décision ou non en faveur de la diversité dans le reste des programmes. Pour que cette diversité à l’antenne soit, en permanence, une préoccupation des responsables de programmes et d’information, il faut que des hommes et des femmes issus des minorités visibles trouvent pleinement leur place dans les directions opérationnelles de l’audiovisuel public et privé. Ce n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui, il suffit de regarder les organigrammes des chaînes et des radios pour le constater. Contrairement à d’autres grandes entreprises d’autres secteurs qui ont cassé le « plafond de verre » pour donner des responsabilités à des professionnels issus de la diversité, dans ce domaine les médias français jouent la carte de l’immobilisme absolu.

L’état des lieux n’est pas en faveur de la diversité et c’est un euphémisme de le dire.

Or, le paysage audiovisuel français compte plus d’une centaine de chaînes de télévision, une trentaine de radios et une douzaine de quotidiens nationaux et d’hebdos généralistes.

Le crû 2008 n’est donc pas meilleur. Malheureusement, l’année 2008 a vue le départ de la seule Directrice Générale issue de la diversité d’une chaîne du service public. Parfois, au Club Averroes on a le sentiment que la situation de la diversité dans les médias régresse. Même si à TF1, le nouveau Directeur de la fiction nous vient de la diversité canadienne, et qu’à France 3, un cadre dirigeant a été récemment nommé à la tête de la direction financière. On peut également citer l’arrivée avec le nouveau quotidien 100% Foot du groupe Armaury, d’un Directeur Général adjoint issu de la diversité. Ainsi sur l’exercice 2007–2008, aucun fait marquant n’a permis d’améliorer la question de la représentation de la diversité à un niveau décisionnel.

Analysons à présent la situation chaîne par chaîne.

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TF1, a montré en matière de diversité une ambition dont le volontarisme est à reconnaître et à saluer. La chaîne est allée au-delà de la seule réflexion sur la présence des minorités dans les médias. Elle a formulé des propositions concrètes et a opéré des choix dans le sens d’une meilleure prise en compte de la diversité en son sein.

Cette nécessité l’a conduite à un engagement tout a fait exceptionnel avec l’installation dans le fauteuil du « 20 heures » du premier présentateur noir de l’histoire de France. Le même qui officie seul à la tête du magazine d’information « 7 à 8 » depuis septembre 2008. Même si France 3 national l’a précédé dans la conduite d’un journal situé dans un carrefour d’audience de première importance, il est historique que la 1er chaîne d’Europe, en installant un journaliste noir sur la base de ses compétences dans un programme emblématique, a renforcé de manière éclatante la démonstration que la couleur et les origines n’étaient pas un obstacle à la conquête de l’audience. Bien au contraire. Il faut maintenant que la chaîne concrétise ses ambitions de joker.

Du reste, les efforts se sont intensifiés au sein de la rédaction pour corriger le déficit de visages de la diversité, notamment sur l’information. Que ce soit sur TF1 ou sur LCI (la chaîne info du groupe) nous avons noté l’intégration de nouveaux professionnels issus de la diversité. Un autre bon point à mettre au compte de la détermination de la chaîne : la création de la Fondation TF1. Ce comité de solidarité, doté d’un budget annuel de 700 000 euros, lutte contre les discriminations à l’embauche en recrutant pour les différents métiers de la télévision des jeunes de tous les milieux, sans exclusive. Il est à espérer qu’il n’y ait pas de transfert de responsabilité à terme ou de sous-traitance en matière de diversité entre la chaîne et sa Fondation. La Fondation ne doit pas devenir les « bonnes œuvres » du groupe TF1.

En novembre 2007, le rapport Averroes soulignait que « le magazine le “Droit de Savoir” persistait dans son approche exclusivement anxiogène de la diversité… la récurrence de ces sujets marronniers… cantonnant la diversité à une image stéréotypée, à la fois géographiquement et sociologiquement ». Depuis, le Club Averroes s’est rapproché de la Direction de TF1 pour la sensibiliser à un élargissement des champs de recherches et des thèmes abordés dans ce magazine. Nous avons attiré l’attention sur un traitement de la diversité qui ne peut pas se faire qu’à travers les zones de tension des quartiers difficiles. Même s’il est essentiel que tous les sujets soient traités, sans tabou aucun. Mais si possible de manière équilibrée, sans oublier, loin de toute stigmatisation, de consacrer également des reportages aux modèles de solidarité, à l’entraide et l’exemplarité des populations issues de l’immigration. Le relevé de diffusion de la saison 2007-2008 montre le remplacement du « Droit de Savoir » par le programme « Enquête et Investigations », et par l’élargissement des thèmes et une dynamique en phase avec la réalité quotidienne. Ce travaille entre le Club Averroes et TF1 montre que ce genre de collaborations doit être favorisé.

Le sujet consacré aux quartiers Nord de Marseille a été l’occasion de mettre en exergue de manière inédite les solidarités et les associations d’entraide dans les cités réputées difficiles et de faire passer auprès du public un message d’espoir.

7 Seule fausse note, le reportage consacré à l’infiltration dans le milieu asiatique, qui a créé un certain émoi au Club Averroes, relayé par celui de la communauté immigrée d’origine asiatique.

L’idéal serait de banaliser une bonne fois pour toute la représentation de la diversité dans une approche autre que négative ou positive.

En matière de divertissement, ces dernières années, il est incontestable qu’une attention particulière a été entreprise par la chaîne pour que les candidats et le public des émissions de divertissement (et notamment de la télé-réalité, type « Star Academy ») garantissent la présence de la diversité à l’antenne.

Le « Concert pour la Tolérance » :

Événement populaire et musical d’envergure, le « Concert pour la Tolérance » rassemble chaque année depuis quatre ans les meilleurs artistes de la scène francophone, maghrébine et internationale, autour des thèmes de la paix et du dialogue entre les cultures. Placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohamed VI, l’opération unique et gratuite produite à Agadir par la société Electron Libre Productions, s’inscrit dans le mouvement de rapprochement euro-méditerranéen.

Par ailleurs, et au-delà de la dimension hautement symbolique de l’événement, le « Concert pour la Tolérance » est un exemple remarquable de coopération dans le secteur de l’audiovisuel entre pays du Nord et du Sud s’appuyant conjointement sur les compétences de médias français et marocains. Regroupant les chaînes françaises TF1, NRJ (télévision et radio), TV5 Monde et LCI, le partenariat autour du « Concert pour la Tolérance » est également piloté par 2M, premier groupe audiovisuel privé marocain. Malheureusement, la seule opération d’envergure de TF1 sur l’Euro-méditerranée est sérieusement remise en question. Elle devrait disparaître de la grille l’année prochaine malgré une audience toujours au rendez-vous.

Mais, ces aspects positifs masquent une certaine inertie de TF1 dans d’autres domaines. Après l’effet de souffle de la nomination d’Harry Roselmack, TF1 se repose sur ses lauriers. Le soufflet retombe et de graves insuffisances se ressentent sur la visibilité des minorités.

Et cela se constate dans des secteurs importants de la chaîne. Dans le domaine de la fiction, comme sur l’ensemble des chaînes du PAF, le reflet de la diversité s’exprime à travers les productions américaines. Les séries et les téléfilms français n’offrent que des strapontins aux acteurs colorés. A quand un rôle principal tenu par un Français issu de l’immigration ? La série « Seconde chance » confirme ce constat négatif et ce malgré l’arrivée récente sur la chaîne du premier Directeur des fictions issu des minorités visibles en France. Lancée le 29 septembre 2008 à 17h20, à destination d’un cœur de cible jeune, cette série contemporaine n’offre aucun rôle important ou secondaire aux minorités visibles. Ce parti pris est une vision de notre société complètement erronée. Un public urbain ne peut pas se reconnaître dans une intrigue ethniquement blanche. Si nous nous félicitons qu’aujourd’hui le Directeur de la fiction de TF1 soit issu de la diversité, il est à noter que les scénaristes et les producteurs sont quasi inexistants à ce niveau de responsabilité.

Dans la même veine, la Direction de la chaîne peut agir dès aujourd’hui sur l’absence totale de visages colorés dans l’équipe d’animation de son nouveau magazine « 10h le mag ». Diffusé tous les jours de 10h à 11h, les présentateurs et chroniqueurs de ce magazine d’info-divertissement sont tous monocolores. La diversité est représentée

8 uniquement… dans le public, ce qui participe au spectacle télévisuelle, mais pas un élément moteur de la production. La réalité d’une société française métissée y est figée et non active.

Ces programmes fonctionnent sur la conquête de la prétendue « ménagère de moins de 50 ans ». Ce personnage, icône des annonceurs et publicitaires, représente un idéal s’appuyant sur des valeurs traditionnelles. Celles d’une femme désireuse de valeurs simples et dont la vie est centrée sur la famille et l’enfant. C’est le portrait-type de Madame « Machepreau » ou Madame « Michu », blanche, Française de souche, mère au foyer. C’est simpliste et c’est oublier que la ménagère de moins 50 ans c’est aussi Madame « Coulybaly », Madame « Oujda » ou Madame « Yang » : des téléspectatrices « conso-actrices ».

En matière de recrutement et de ressources humaines, la chaîne reste étrangement monocolore.

Avec une position de leader du paysage audiovisuel français, la situation de TF1 ne peut pas résumer la représentation de la diversité à une présence de circonstance. Nous espérons qu’à l’avenir la diversité sera la règle et non l’exception dans l’ensemble des productions du groupe TF1.

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La saison 2006-2007 de France Télévisions nous avait donné quelques raisons d’espérer des progrès dans le service public. Nous avions d’ailleurs souligné, dans notre rapport 2007, ces efforts en écrivant ceci :

« C’est la véritable surprise de l’année 2007. Longtemps considéré comme le mouton noir sur les questions de la diversité, l’audiovisuel public a réalisé cette année des actions sans commune mesure avec les années précédentes. »

Aujourd’hui, force est de constater que c’est plutôt l’immobilisme qui semble caractériser la situation de la diversité au sein de la holding publique France Télévisions qui regroupe France 2, France 3, France 4, France 5, France Ô et RFO.

Lorsque nous regardons de près les programmes de ces chaînes, la diversité est présente, pas plus, pas moins que l’an dernier, c'est-à-dire trop peu. Mais nous espérions que l’audiovisuel public dont le rôle pour la cohésion sociale et l’égalité des chances est essentielle, donne l’exemple. Nous pensions que cette problématique allait être une préoccupation permanente des dirigeants de ce Groupe.

Malheureusement, il n’en est rien. Sinon, comment expliquer qu’un groupe public de télévisions, financé par la redevance et donc le contribuable français et étranger, persiste à dépenser des centaines de milliers d’euros en frais d’avocats sur des affaires de harcèlements et de discriminations en souffrance depuis des années, plutôt que de les solutionner ? (voir « l’affaire Malik Bouketir » dans les documents joints en annexe).

Comment expliquer que les nouvelles émissions mises à l’antenne, « Service Maximum » par exemple, accordent aussi peu de place aux professionnels issus de la diversité française. Comment expliquer que les effectifs de la holding aient doublé en deux ans (information qui nous a été donnée par des représentants du personnel) sans faire de place à cette diversité. Qu’on ne nous dise pas qu’il manque des professionnels de la diversité ! Lorsque la volonté existe, il est possible de veiller à ce que les programmes quotidiens « donnent une image la plus réaliste possible de la population française dans toute sa diversité », comme le stipule le cahier des charges et des missions de France Télévisions.

Comment lutter contre les préjugés négatifs, pour ne pas dire plus, encore tenaces dans les esprits de certains décideurs. Des préjugés que les femmes devaient, elles aussi, affronter, il y a encore quelques années. Il leur a fallu des dizaines d’années de combat et une loi sur l’égalité hommes/femmes pour voir les mentalités commencer à changer et quelques bastions mâles s’ouvrir à cette autre diversité; ce qui a toujours eu pour effet de renforcer les performances des entreprises.

10 Il faut dire que les pouvoirs publics ne donnent pas le bon exemple. Nous avons été surpris et scandalisés de constater qu’aucune personnalité issue de la diversité ne figurait parmi les membres de la « Commission pour la nouvelle télévision publique » présidée par Jean- François Copé. Et pas un seul professionnel issu de la diversité n’a été auditionné sur cette question fondamentale pour la cohésion nationale, complètement absente dans le rapport et les recommandations de la Commission.

Peut-on espérer que la nouvelle loi qui sera promulguée avec l’amendement du député Frédéric Lefèbvre (texte en annexe) et le nouveau Cahier des Charges de France Télévisions obligeront les dirigeants actuels et futurs à un peu plus d’audace et d’équité ?

Nous souhaitons que cette modification de la loi puisse être une chance pour la diversité. C’est le moment d’affirmer une réelle volonté de prendre en compte cette question et d’inclure dans le mandat des dirigeants de l’audiovisuel public des obligations claires.

C’est en 2004 que France Télévisions, présidée alors par Marc Tessier, a mis en œuvre le P.A.P.I (Plan d’Action Positive et d’Intégration). Qu’en est-il quatre ans après ?

Dans le cadre de ce P.A.P.I., France Télévisions a engagé une analyse qualitative sur la représentation de la diversité au sein de l’entreprise pour répondre au programme européen « Equal ». Pour reprendre les termes utilisés par Edouard Pellet, le Délégué intégration et diversité du Groupe, dans son rapport annuel : «cette analyse a permis de faire apparaître des freins, conscients ou inconscients, à une meilleure prise en compte de la diversité ».

Pour que de tels freins, de tels blocages puissent être levés, il faut un engagement fort du Président de France Télévisions, bien au-delà de ses recommandations aux journalistes de se rendre une fois par mois dans les quartiers difficiles (audition de Patrick de Carolis par le groupe de travail « diversité » du CSA, le 12 octobre 2007).

L’information comme les programmes semblent parfois en déphasage face à cette réalité de la diversité. Il est consternant de voir qu’en 2007 et 2008, certaines fictions ou documentaires sont encore dans le ton misérabiliste ou compassionnel. Ce n’est pas le cas, heureusement, de tous les programmes. L’exemple des aventures de « Rachid au Texas », programme diffusé sur France 4, est prometteur d’un regard novateur sur cette réalité.

Il y a toujours un manque flagrant, en fictions comme en documentaires, de projets qui prennent en compte les mémoires (historiques, culturelles, musicales,…) de ces différentes composantes de la communauté nationale.

Depuis 2006, les organisations syndicales CGC, CGT, CFDT, CFTC se sont saisies des nombreux cas de discrimination constatés au sein des sociétés de France Télévisions. Elles ont engagé une action commune et interpellé en ces termes le Président du Groupe Patrick de Carolis, dans un courrier en date du 4 octobre 2006 :

« De nombreux cas de discriminations évidentes concernant des salariés existent et nous ne pouvons l’accepter. »

« Vous avez été informé depuis déjà plus d’un an de certaines situations scandaleuses relatives à des sanctions abusives, du harcèlement, des injustices, faits révélateurs d’un état de discrimination avérée ; non seulement ces cas ne sont pas réglés, mais certains se sont traduits par un acharnement dangereux pour les personnes concernées. »

11 Deux ans passés, après des tas de courriers échangés, des rencontres, les cas de discriminations dénoncés ne sont toujours pas réglés. Pour seul dialogue, les syndicats et les salariés discriminés se retrouvent face à une armada d’avocats payés par l’argent du service public.

La transformation du paysage audiovisuel français et la réorganisation du secteur public peuvent représenter une opportunité pour y mettre un peu plus d’égalité et de couleurs. Il est du devoir du Président de France Télévisions, et au-delà du Ministre de la Culture et de la Communication, voire du Président de la République de s’atteler à ce chantier avec conviction, détermination et plus encore avec résultats.

Analysons à présent la situation pour chacune des chaînes du Groupe France Télévisions.

12 A l’image de l’ensemble du Groupe, « la seule chaîne exclusivement généraliste du secteur public » connaît une période atone en termes de diversité.

Dans les programmes, les quelques évolutions et un certain dynamisme que nous avions constaté l’an dernier, ne sont pas au rendez-vous cette année.

ƒ INFORMATION :

La rédaction compte peu de journalistes issus des minorités visibles. Et son encadrement est exclusivement monocolore.

C’est une réelle faiblesse pour une rédaction du service public. La pluralité des personnalités qui composent une rédaction, est source de richesse d’idées, de contacts et d’analyses qui ne peuvent qu’enrichir les journaux de la chaîne. C’est beaucoup plus efficace que d’aller artificiellement de temps à autre dans les banlieues.

Sur le plan éditorial, l’attention portée au traitement des sujets banlieues a permis d’éviter les caricatures et les dérapages stigmatisant les jeunes habitants ces quartiers.

L’antenne est, elle aussi, monocolore. Que ce soit dans les journaux ou dans les magazines d’information (Complément d’enquête, Mots croisés, Cellule de crise, Envoyé Spécial), la couleur est absente, comme si les talents ne pouvaient qu’être blancs.

La rédaction de France 2 a accueilli des stagiaires journalistes issus des minorités visibles en contrat de professionnalisation. Nous regrettons que ces formations n’aient pas été suivies par des recrutements.

ƒ MAGAZINES :

L’arrivée de « Café littéraire » de Daniel Picouly sur la chaîne est une vraie avancée, même si la plupart des magazines de la chaîne semblent être hermétiques à la diversité. Une exception : l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché », qui reçoit très souvent des invités représentatifs de la diversité des populations françaises.

Pour les nouveaux magazines de la rentrée 2008 : « Service Maximum », « L’objet du scandale », « Vendredi si ça me dit », « Panique dans l’oreillette », etc… c’est retour à la case départ. On a, encore une fois, oublié la couleur…

« Télématin » confirme ses efforts constatés l’année passée. Deux nouveaux intervenants réguliers sont issus des minorités visibles. Le traitement des sujets est varié et ne recherche pas le sensationnel.

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ƒ DIVERTISSEMENTS ET JEUX :

Seule la musique offre une réelle diversité à l’antenne de France 2. L’émission « Taratata » présenté par Nagui est une référence en ce domaine. La chaîne a aussi soutenu le concert du chanteur d’origine kabyle Idir, suite à la sortie de son nouvel album intitulé « la France des couleurs », et coproduit avec France Ô « Le concert Caribéen ».

Dans les jeux, l’incontournable Nagui est le seul animateur issu de la diversité.

ƒ JEUNESSE :

Les responsables de l’unité jeunesse font un excellent travail. Quasiment toutes les séries pour nos chères têtes de toutes les couleurs reflètent la diversité française, pour ce qui concerne les productions françaises. On peut citer « C com ça », « Ben et Thomas », »Déjà vu » ou « Cœur Océan ».

Et les séries achetées à l’étranger sont choisies dans le respect des valeurs de tolérance.

ƒ FICTIONS :

Un effort certain a été fait sur ce type de programmes. Pour le choix des thèmes et pour les acteurs, force est de constater un changement positif.

Dans les séries comme « PJ », « Equipe médicale d’urgence » ou « Un flic », des acteurs et des personnages issus de la diversité sont incarnés. Deux téléfilms de qualités ont été diffusés : « Monsieur Joseph » et « Une histoire à ma fille »

Nous attendons avec beaucoup d’intérêt le film de Yamina Benguigui : « Aïcha », le parcours d’une jeune femme d’origine algérienne qui ne supporte plus le poids du groupe, ni son travail de comptable.

Mais nous regrettons, par contre, que d’autres projets de qualité aient du mal à voir le jour : « Abdelkader » (l’exil du leader du nationalisme algérien de 1848 à 1952), et « Douce France » de Régis Wargnier (l’histoire d’une famille algérienne dans la France des années 60) sont depuis plusieurs années au stade de développement.

Nous ne comprenons pas non plus que la série « La baie des flamboyants » qui a représenté un investissement important pour France 2, reste sur les étagères et attende toujours une hypothétique diffusion.

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ƒ DOCUMENTAIRES :

France 2 a diffusé plusieurs documentaires sur des personnages issus des minorités visibles. Le ton est souvent misérabiliste ou compassionnel.

Trois films sortent du lot et apportent un regard innovant :

- « Les lumières noires » de S. Danchin et B. Swaim sur le premier congrès des intellectuels noirs à Paris, qui a donné naissance au mouvement « négritude ». - « Stars des cités » de D. Torrès : l’histoire de jeunes de Marseille qui s’en sortent grâce au chant et à la danse. - « Bon pour le service » de P. Martin sur le recrutement militaire de Saint Denis.

ƒ SPORTS :

La Direction des sports de France Télévisions lave « plus blanc que blanc ». Après avoir écarté, il y a quelques temps, deux cadres issus de la diversité en utilisant des méthodes lamentables, les responsables de cette direction sont en train de marginaliser le seul journaliste de la minorité visible, malgré ses compétences reconnues par ses confrères.

Alors que les sportifs sur les terrains de France sont de toutes les cultures et de toutes les couleurs, les talents issus de la diversité sont interdits d’antenne et de responsabilité à la Direction des sports de France Télévisions.

En matière de ressources humaines, des freins pour ne pas dire des blocages perdurent. Face à des discriminations avérées, la Direction de France 2 joue l’autruche ou la montre, et ne dialogue que par avocats interposés.

15 La « chaîne généraliste à vocation nationale et régionale » fait de réels efforts pour une meilleure visibilité de la diversité sur ses antennes, au niveau national comme au niveau régional.

La faiblesse de cette chaîne réside dans la gestion des ressources humaines. Nous constatons que presque rien n’a changé depuis l’an dernier.

La diversité est peu présente dans l’encadrement et dans les postes de direction. On ne trouve aucun professionnel issu des minorités visibles à la tête des treize directions régionales, un comble pour une chaîne qui se veut être celle de la proximité.

ƒ INFORMATION :

La présence, surtout dans les régions, de journalistes issus des minorités visibles contribue indéniablement à ce que les sujets sensibles soient traités avec plus d’éthique et de nuances.

Ce sont les postes d’encadrement dans les rédactions régionales comme au sein de la rédaction nationale qui sont encore fermés à la diversité. Le seul rédacteur en chef de la rédaction nationale, issu des minorités visibles, est cantonné au Soir3 week-end, le moins prestigieux des cinq journaux nationaux.

ƒ MAGAZINES :

La diversité est peu présente dans les magazines de France 3, particulièrement dans les spectacles vivants.

Il y a « C’est mieux ensemble » présenté par Najette Maouche, émission qui traite des initiatives favorisant l’intégration, le vivre ensemble, et met en avant des personnes d’origines diverses.

Mais, à part cet exemple, cette question n’est guère la préoccupation des responsables de ce secteur, même si on peut trouver de temps à autre une cuisinière maghrébine invitée de « Bon appétit bien sûr » ou des étudiants vétérinaires venus d’ailleurs dans « 30 millions d’amis ».

ƒ DIVERTISSEMENTS ET JEUX :

La palme du civisme revient incontestablement à « Questions pour un champion ». Que ce soit dans les quotidiennes ou les « spéciales » en prime time, cette émission a toujours veillé à ce que le panel des candidats soit à l’image de la société française.

Nous ne retrouvons malheureusement pas cette même volonté pour les autres émissions. « La carte au trésor » et « Des chiffres et des lettres » devraient mettre un peu plus d’imagination pour susciter des candidatures de toutes les couleurs. Avons-nous besoin de rappeler que les talents existent parmi les minorités visibles ?

16 ƒ JEUNESSE :

La diversité est présente dans tous les programmes jeunesse de la chaîne tels que “Foot de rue” ou « 1000 familles ».

Une mention spéciale pour le nouveau rendez-vous hebdomadaire, « Kyou », sur l’actualité vidéo, animé par deux jeunes des minorités visibles.

ƒ FICTIONS :

Même s’il y a encore des œuvres comme « Il faut sauver Saïd » qui ont du mal à sortir des clichés, France 3 a une réelle volonté d’initier un ton nouveau pour sortir des dramatiques larmoyantes dès que l’on traite des questions liées à des populations issues d’ailleurs.

La diversité est présente dans toutes les séries comme « SOS 18 », « Plus belle la vie » ou « Les Intouchables ».

La chaîne annonce deux fictions prometteuses : « Tout ce qui nous sépare », une comédie qui traite d’un couple mixte sur un ton léger et décalé et « Little Wenzhou » ou les tribulations d’une chinoise dans une famille déjantée et partagée entre modernité et traditions.

ƒ DOCUMENTAIRES :

Parmi les films diffusés cette année, on peut citer : « L’asile du droit » d’Henri Latour sur la Commission de Recours des Réfugiés ; « Les enfants bananes » de Xiang Cheng, l’histoire d’un groupe d’adolescents chinois de Paris envoyés par leurs parents à Pékin ou « Les nettoyeurs » de Jean-Michel Papazian sur deux cités de Marseille dont les habitants ont décidé de s’atteler eux-mêmes au nettoyage et à l’entretien de leur environnement.

Il manque dans ce secteur de grands documentaires historiques qui participeraient à forger une mémoire commune à l’ensemble des composantes de la société française. Plusieurs thèmes ne sont pas traités du tout ou traités encore à travers des histoires qui restent misérabilistes ou compassionnelles.

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Cette chaîne n’a pas encore fêté ses quatre ans d’existence. Son ambition est de séduire les jeunes de 15 à 34 ans avec une offre originale en musique, humour, événements sportifs et en fiction.

ƒ MUSIQUE :

France 4 propose l'émission Taratata toutes les semaines en prime time et Planet Rap. Taratata, présentée par Nagui, expose tous les talents, qu'ils soient reconnus ou en devenir. Sa programmation est le reflet de toutes les musiques, du hip-hop au rap en passant par le rock et la variété. Il faut ajouter une couverture des festivals qui rendent compte d'une scène musicale métissée et culturellement riche.

ƒ HUMOUR :

L’émission quotidienne et hebdomadaire animée par Cyril Hanouna et dédiée aux nouveaux talents, « Pliés en 4 », est le reflet de la rue française : métissée, riche et haute en couleur. France 4 diffuse depuis 2006 le gala organisé par l'association « Rire contre le racisme ». Elle a également diffusé au printemps 2008 Comic Hall Stars. Animée par le jeune Chicken Boubou, cette émission est la première adaptation télévisée de soirées organisées sous le même nom, le plus souvent en banlieue, et qui font la part belle au sens de la répartie et au talent d'improvisateurs des jeunes des quartiers.

ƒ MAGAZINES :

Deux nouveaux formats originaux d’émissions de société sont mis à l’antenne depuis la nouvelle grille de septembre 2008. L’émission de Samuel Etienne, qui se déroule une fois par mois dans un lycée parisien à forte mixité sociale, et donne la parole aux jeunes des classes de première et de terminale sur des sujets de société. Et « Global Résistance », 4 fois par an, fera le tour des activistes de tous poils qui, entre irrévérence et imagination, tentent sur le plan local de changer l'ordre des choses.

ƒ A NOTER : « Rachid au Texas » ou les aventures d’un Français dans le pays de George W. Bush. A l'occasion des élections américaines, le comédien Rachid Djaïdani a sillonné le Texas pour en revenir avec une galerie de portraits hauts en couleurs. Une idée originale qui sort des clichés habituels.

18 ƒ SPORTS :

La chaîne consacre une part belle aux retransmissions, avec malheureusement le même constat que pour les autres chaînes du groupe : la couleur est, ici encore, interdite.

C’est en ce domaine que se situe la faiblesse de cette chaîne qui fait, par ailleurs, un travail remarquable.

En conclusion : France 4 est la chaîne du groupe France Télévisions qui est la plus en avance sur la diversité, tant dans ses programmes que dans ses effectifs, y compris dans l’encadrement.

19 Le bilan de la chaîne sur la diversité est très contrasté. Il y a par exemple une vraie présence de professionnels issus des minorités visibles à l’antenne. Les téléspectateurs peuvent ainsi apprécier les talents de Karine Lemarchand (Les Maternelles), Sylvère-Henry Cissé, Hoiri, Yaël Guetta, Jaleh Bradea et Tewfik Bouzenoune (On n’est pas que des parents), Sabine Quindou (Attention Fragile) ou Dominique Tchimbakala et Nordine Attab (Le Magazine de la Santé).

ƒ MAGAZINES :

On assiste, surtout dans « C dans l’air », à un traitement journalistique trop axé sur des thèmes anxiogènes. Voici quelques thèmes traités cette année par cette émission : « La guerre des bandes », « La violence dans les campagnes », « Banlieue, pourquoi la France ? », « Notre civilisation, est-elle menacée ? »…

ƒ DOCUMENTAIRES :

La programmation documentaire est souvent très pertinente dans le choix de ses thématiques, on y trouve à la fois des films historiques ou de réflexion comme des portraits pour mieux appréhender la vie de l’intérieur des différentes composantes de la société française.

A signaler trois films de qualité : « Aimé Césaire, Liberté-Egalité-Fraternité » de Françoise Fèvre et Laurent Chevalier, « Immigrés en quête de fiction » ou l’histoire des relations entre immigration et cinéma de Laurent Catherine, et « Jambe Lo, histoire de l’immigration » de Fabienne et Véronique Kanor, qui retrace l’histoire de l’immigration antillaise à travers trois générations.

Nous regrettons, par contre, que la prestigieuse collection Empreintes ne s’intéresse qu’aux personnalités françaises qui laisseront leur empreinte sur notre époque. Une ouverture sur la francophonie aurait permis de porter à la connaissance du public français d’autres mémoires qui ont croisé celle de notre nation. Cela aurait été un véritable travail de pédagogie, d’éducation et de connaissances pour favoriser le mieux vivre ensemble.

ƒ JEUNESSE :

Dans les programmes jeunesse de la chaîne, une véritable démarche pédagogique existe. Les séries diffusées favorisent les valeurs d’échange et d’apprentissage de la « différence », à l’instar de « Maya et Miguel» qui raconte les aventures de deux enfants jumeaux hispano-américains.

Au niveau de l’emploi, nous avons souligné les talents des professionnels issus des minorités visibles sur l’antenne de France 5, mais nous regrettons qu’à l’examen de l’organigramme la diversité ne semble être encore qu’un simple vœu de circonstance.

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Par définition, la diversité est plus présente dans le réseau de RFO. Cependant, s’agissant de la chaîne TNT France Ô diffusée uniquement en Ile de France, elle reste, dans sa programmation, très ultramarine. Faute de moyens, il lui est difficile de remplir complètement les missions que le Groupe France Télévisions lui assigne :

La chaîne est à la fois la vitrine des régions ultramarines mais aussi et surtout le miroir de la France multiple. France Ô se positionne comme l’antenne de la diversité et des différences, capable de rapprocher les sensibilités d’une société mosaïque.

France Ô est une chaîne d’avenir et un cas unique dans le paysage audiovisuel français. Malheureusement, le budget affecté ne lui permet pas une grande ambition éditoriale. De plus, le lien mal défini avec les structures de RFO l’empêche de se développer dans le cadre d’une stratégie propre et clairement identifiée Diversité.

Grâce à des atouts incontestables et malgré un petit budget, la chaîne propose à son public une programmation audacieuse où se côtoient toutes les cultures, toutes les diversités.

En 2007, France Ô a produit et diffusé la première fiction métisse, entièrement tournée en Guadeloupe avec des comédiens pour la plupart choisis sur place. Une série de 100 fois 26 minutes qui a rencontré un grand succès en métropole et en outre-mer. 100 autres nouveaux épisodes sont en chantier, en 2008, de cette série : « La baie des flamboyants ».

Quelques exemples des programmes de France Ô :

ƒ « Toutes les Frances », un espace quotidien de débats et de rencontres, animé par Ahmed El Keiy, ƒ « Ô Quotidien », un magazine culturel, présenté par Flyy Lerandy, ƒ « Studio M », présenté par Marie-José Alie, ƒ « Tropismes » : Magazine dédié aux écrivains du sud, animé par Laure Adler, ƒ « Thématik », un hebdo qui traite de thèmes universels, à partir d’une actualité. Récemment, un mois a été consacré aux élections aux Etats-Unis à travers des documentaires sur Martin Luther King et Barack Obama, ƒ « Les ultramarines », un autre hebdo qui traite de l’Outre-mer à travers ses hommes et son histoire… ƒ « 9 Semaines et 1 jour », une opération pour favoriser l’émergence de jeunes talents de l’Outre-mer, avec des captations de spectacles et des documentaires. Et sa déclinaison en métropole, « Francofolies ».

France Ô compense son manque évident de moyens, par son énergie, en particulier dans des émissions identitaires proposant une mise en perspective de l’actualité et de l’histoire des régions ultramarines. Pour cela, elle se repose sur les magazines emblématiques comme « Studio M » ou « Ô quotidien ». De surcroît, par une remontée d’images grâce aux maillages de proximités des stations régionales ultramarines, France Ô répond parfaitement à une vision prenant mieux en compte les problématiques et les enjeux de la France d’Outre- mer. La chaîne du groupe France Télévisions affiche la volonté d’inscrire toute la diversité dans tous les types de programmes. L’augmentation de son offre avec l’émission musicale « Planète Rap » transfuge de France 4, La production de la Sitcom « La Baie des 21 Flamboyants », le financement de documentaires, la captation de pièces de théâtre, d’événements musicaux, la diffusion quotidienne d’un « Journal Afrique », sont autant d’éléments qui montrent que la grille est éclairée par la volonté de mettre en exergue la France multi-ethnique. L’autre force de France Ô est de proposer un regard grand public sur l’actualité internationale dans les Dom-Tom. C’est un regard original et différent sur les enjeux économiques, politiques et sociaux des continents où se trouvent les bordures extérieures de la France. France Ô chaîne de l’Outre-mer et de la Diversité : l’ambition de la chaîne figure dans une partie de son libellé. France Ô a aussi pour vocation de faire connaître la diversité en métropole. C’est ce qu’elle fait en capitalisant sur le magazine « Toutes les France », talk show présenté par Ahmed El Keiy. Il en découle un principe de questionner différemment la société française dans ces composantes multiples, et de revoir la manière dont sont présentées, sans exclusive, toutes les forces vives de notre pays.

Son contenu éditorial est ainsi composé de programmes sur les cultures domiennes et sur l’expression multiple de la diversité. La diversité fait partie intégrante de son patrimoine génétique. Néanmoins, ces contraintes budgétaires limitent la qualité de programmes de France Ô et fragilisent son impact exemplaire en terme de diversité. Elles empêchent que les journalistes et les animateurs de la chaîne soient reconnus à la hauteur de leurs talents.

Mais attention, la relation actuelle entre les contenus domiens et les programmes « anglés » sur la diversité française au sens large ne sont pas sans oppositions, ni sans résistances en interne et en externe. Un challenges de plus pour une chaîne comme France Ô. Le principe de diversité répond à un défi légitime à France Ô, mais il faut le rappeler il répond également aux principes définis par son cahier des charges : celui de montrer la diversité au sens large. Cet effort, pas assez soutenu, est primordial. Il a pour but d’éloigner le spectre communautaire pour proposer une communauté d’intérêts.

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ARTE, chaîne européenne et culturelle avait été critiquée dans le Rapport Averroes 2007. Depuis, la chaîne culturelle franco-allemande a tenu compte des observations du Club et a progressé au travers de ses programmes et plus légèrement sur son antenne.

Parmi les exemples les plus visibles, citons les présentateurs d’origine étrangère présents à l’antenne dont Manu Katché, d’origine ivoirienne, qui anime One Shot Not, show musical d’1h 1/2 chaque dernier samedi du mois sur ARTE. Ce show est co-animé par Alice Tumler, franco-autrichienne et métisse, qui présente aussi les grands concerts non classiques d’ARTE dont le dernier en date, « ARTE Rock and the City », diffusé en prime-time le 23 octobre dernier. Autre figure emblématique de la nouvelle génération présente à l’antenne, Patrice Bouedibela, d’origine congolaise, qui présente depuis quelques années toutes les retransmissions des festivals d’été (Rockwerchter, Paleo, etc.), mais aussi les évènements exceptionnels. Ces trois animateurs sont à l’antenne depuis 2008.

ARTE, n’est pas une chaîne nationale, mais une chaîne franco-allemande. Elle s’efforce de faire la promotion des minorités visibles des deux pays, France et Allemagne, et elle ne remplit pas totalement les critères strictement français, au même titre que les grandes chaînes françaises.

ARTE privilégie surtout la création et donne à ce titre la parole aux minorités visibles en tant qu’auteurs / producteurs, mais aussi en tant qu’acteurs, particulièrement au travers des thèmes traités dans les programmes proposés à l’antenne.

Quelques exemples de programmes diffusés en 2008 sur ARTE qui illustrent parfaitement la volonté d’ARTE d’accroître la visibilité des minorités visibles :

ƒ Deux documentaires Grands Formats, « La Cité des Roms » de Frédéric Castaignede sur les Roms de Bulgarie et la ségrégation qu'ils subissent au jour le jour, et « Kady, la belle vie » de Claude Mouriéras sur les difficultés d'intégration d'un famille africaine en France.

ƒ Un documentaire Lucarne, « Le monologue de la muette » de Khady Sylla, une réalisatrice africaine qui se penche sur la vie et le destin des "petites bonnes" de Dakar.

ƒ Un court-métrage qui se passe en banlieue, intitulé « Dounouia ».

ƒ Trois fictions, « Tamanrasset » de Merzack Allouache, qui traite des flux de population noire qui remontent au Nord via le Sahara pour atteindre l'Europe, « Sexe, gombo et beurre salé » de Mahamat Saleh Haroun, comédie sur la communauté africaine à Bordeaux et « Fortunes » de Stéphane Meunier, comédie autour de 3 communautés en France de nos jours.

ƒ Une Théma du Dimanche : « Sidney Poitier, première star noire à Hollywood ».

23 ƒ Un documentaire « Black Music » qui raconte la lutte sans cesse recommencée de la Communauté Noire américaine pour la liberté, et comment cette lutte a été annoncée, amplifiée, célébrée par la musique.

ƒ Un documentaire « Recherche désespérément Sidi Larbi Cherkaoui », dans le cadre de la journée spéciale consacrée au théâtre et à Avignon, documentaire portant sur l’un des jeunes chorégraphes les plus demandés actuellement dans toute l'Europe ; au croisement de plusieurs origines géographiques, culturelles et spirituelles, Sidi Larbi Cherkaoui.

ƒ De nombreux chorégraphes et danseurs appartenant aux minorités visibles dans le cadre de la journée de la danse du 11 septembre dernier.

ƒ 50 programmes courts intitulés « Ce qui me manque » et multi-diffusés tout au long de la journée depuis le début de l’année, documentaires qui expliquent les différences de culture sur la base d’objets du quotidien qui manquent aux résidents d’origines étrangères en France.

En matière de journées spéciales, la sensibilisation à la question de la différence et des minorités visibles à l’antenne dont la journée de la Danse (11.09), la journée Claude Lévi- Strauss (27.11), la Journée du 60è anniversaire de la Déclaration des Droits de l’Homme (06.12), la Journée des Droits Humains en commun avec Amnesty International (10.12), et d’autres sont déjà en développement pour 2009 dont la Journée des Langues, par exemple, et d’autres en commun avec l’UNESCO. Ces journées sont très régulières : ARTE casse alors sa grille pour proposer pendant toute une journée toute une série de documentaires, de films et de magazines en lien avec le sujet pour sensibiliser à ces diverses causes.

Mais la programmation peut aussi s’étendre sur plusieurs jours voire semaines, ARTE a proposé cette année de nombreux cycles dont « Black is beautiful » en juin dernier, qui bien entendu est en relation étroite avec la question du combat des minorités visibles.

Enfin, de nombreuses cases régulières sont dédiées à la promotion de la diversité des origines, entre autres :

ƒ « Terres d’Ailleurs » (du lundi au vendredi de 18h15 à 19h00), qui propose chaque jour des documentaires qui partent à la découverte des sociétés minoritaires menacées dans le monde en particulier par la globalisation.

ƒ « l’Aventure Humaine » (le samedi de 21h00 à 22h30) qui propose au téléspectateur de parcourir la planète et le temps sur les traces des civilisations, de la communauté humaine, de son histoire, de son évolution, de ses oeuvres, de ses croyances et conceptions du monde et modes de vie. C’est la question de la diversité culturelle qui est traitée.

ƒ « Théma » du Mardi (le mardi de 21h00 à 23h00) traite en profondeur de thèmes politiques et de société : ARTE propose dans cette case, analyses et enquêtes sur l’actualité et les grands enjeux dans une perspective européenne et mondiale.

ƒ « Grand Format » (le mardi de 22h30 à 24h00), une case de documentaires filmés sur les cinq continents, par des réalisateurs talentueux et engagés, documentaires suscitant à la fois émotion et réflexion et invitent à une plus large compréhension de l’homme et de sa condition.

24 ƒ Le Documentaire Culturel (le jeudi de 22h30 à 24h00) qui s’intéresse à la création et à la culture aussi bien classique que contemporaine dès lors qu’elle a une résonance avec notre temps, en Europe et dans le monde.

ƒ Le magazine « Tracks » qui met chaque semaine en avant les artistes de toutes origines notamment dans les jeunes générations.

ƒ Et, depuis septembre 2008, « Karambolage » qui s'est ouvert aux petites mythologies (objets, rites) des minorités émigrées en France et en Allemagne.

Ainsi en 2008, ARTE a mis en avant sa sensibilité à l’antenne, une sensibilité franco-allemande à la diversité des minorités visibles.

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Seule chaîne positionnée sur la Francophonie depuis 1984, TV5Monde connaît une diffusion dans près de 200 pays sur tous les continents ce qui lui confère une mission de vitrine de la diversité « made in France ».

TV5Monde demeure une chaîne qui s’appuie sur une ossature et sur une identité très portée sur l’information. Son contenu éditorial est essentiellement axé sur la diplomatie et la culture, avec un respect tout particulier pour la diversité du monde et les Droits de l’Homme. M. Alain de Pouzilhac, Président de France Monde (TV5Monde, France 24 et RFI) a été notamment l’un des acteurs les plus actifs dans la libération récente du journaliste de RFI, M. Moussa Kaka, détenu par le pouvoir nigérien durant plus d’un an.

Sur les huit éditions produites par jour on trouve, depuis deux ans, trois présentateurs issus des minorités visibles : deux des Antilles françaises et une d’ascendance turque. Il faut y ajouter un autre présentateur pigiste d’origine maghrébine. Côté rédacteur, on retiendra dans la vague d’intégration annuelle de pigistes, l’arrivée d’une rédactrice d’ascendance coréenne, et un autre d’origine polonaise.

La chaîne dispose également d’un rédacteur en chef issu du Maghreb et spécialiste des questions liées au Proche-Orient.

La politique volontariste de la chaîne s’étoffe encore aujourd’hui avec l’arrivée récente au planning d’une chef d’édition antillaise.

TV5Monde tient donc une position exemplaire sur ces enjeux de diversité. Cependant, l’impact sur la visibilité de la diversité en France reste limité car la chaîne sert d’abord de vitrine vers l’étranger.

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Pour le meilleur élève du cru 2007, l’engagement pour la diversité du Groupe Canal + s’inscrit dans la continuité en 2008. Le Groupe Canal + a toujours été attaché à la question de la présence de minorités visibles sur ses chaînes de télévision.

Unique dans le Paysage Audiovisuel Français pour son affichage au quotidien de la diversité : les talents d’Elé Asu au journal télévisé de « La matinale », d’Abdel Alaoui dans une émission culinaire à midi et d’Ali Baddou dans le « Grand Journal » du soir sont apparus cette année aux trois rendez-vous majeurs de la programmation de la chaîne en clair. Ils s’ajoutent à ceux qui étaient déjà là, comme Omar et Fred, Jamel… Ou encore Ahmed Hamidi, auteur des Guignols, qui apparaîtra à l’antenne dans une nouvelle émission dans la prochaine grille.

Après un passage remarqué au « Grand Journal » présenté par Michel Denisot, Mouloud Achour animera en 2009 sa propre émission, « Quétar », consacrée au septième art, sur Canal + Cinéma. Il renouvellera la visibilité des minorités sur Canal + Cinéma, après la case « séance signature » présentée en 2008 par Aïssa Maïga.

Les émissions de Canal + restent surtout un révélateur de nouveaux talents à l’image du « Jamel Comédie Club » qui donne une chance à tous les artistes.

Dans le cœur de l’activité et de l’identité du Groupe Canal +, la politique d’investissement dans la production et la diffusion d’œuvres cinématographiques défend la promotion de la diversité sur les différents écrans.

En 2008, Canal + a financé les films « 93, mémoire d’un territoire » de Yamina Benguigui, « Cartouche Gauloise » de Medhi Charef, « Les bureaux de Dieu » de Claire Simon, « Bamako » avec Aïssa Maïga et « Française » de Souad El-Bouhati. Un engagement qui s’est affirmé avec les succès cinématographiques de « Bienvenue chez les Ch’tis » avec l’acteur Kad Merad ou de « La Graine et le Mulet » d’Abdellatif Kechiche qui a été consacré aux Césars, avec l’actrice Hafsia Herzi au titre du « meilleur espoir féminin ».

L’année 2009 confirmera la poursuite de l’engagement de la chaîne, à travers ses soutiens aux films suivants : « Regarde-moi » d’Audrey Estrougo avec l’acteur Terry Nimajimbe et la bande sonore d’Akhenaton, « www : what a wonderful world » de Faouzi Bensaïdi ou encore « Ma première étoile » du réalisateur et acteur ultramarin Lucien Jean-Baptiste aux côtés de Firmine Richard.

La création audiovisuelle chez Canal + offre également un exemple probant de son attachement au thème de la diversité : la diffusion de certaines fictions telles que « Family mix », qui retrace la vie d’une famille musulmane recomposée en Allemagne, ou encore la trilogie « En attendant demain » sur les cités, confirme l’intérêt du Groupe Canal + à représenter les minorités visibles à la télévision.

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Dans les nouveaux challenges de la chaîne, il s’agit de normaliser l’image des populations issues de l’immigration et de leur donner des rôles parfaitement intégrés à la culture et à la société française, sans pour autant opérer un déni des réalités de l’exclusion sociale subie par une partie des communautés visibles. Un pari alliant la promotion des minorités visibles à l’image, et sur les plateaux, devant et derrière les caméras d’ailleurs, et un travail réaliste sur la société à travers les films, fictions et documentaires.

Cependant, de grandes lacunes se font aujourd’hui sentir parmi les journalistes et animateurs sportifs de la chaîne. Encore trop peu de professionnels réguliers issus des minorités visibles, par rapport aux ambitions et aux valeurs affichées par le Groupe Canal + dans le domaine du sport.

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Cette année encore le Groupe M6 a poursuivi ses démarches pour mette en œuvre des initiatives et des actions concrètes pour favoriser la représentation de la pluralité culturelle et de la diversité des composantes de la population française à l’antenne.

M. Nicolas de Tavernost a déclaré à plusieurs reprises que les programmes de M6 devaient s’intéresser davantage à la réalité de la diversité socio-culturelle française, et a souligné sa détermination à favoriser le recrutement et la promotion des professionnels issus de la diversité afin que les effectifs du groupe reflètent davantage les composantes de la société.

La chaîne attache beaucoup d’importance à la mise en valeur de la diversité à l’antenne en particulier sur les émissions phares de la chaîne :

ƒ Les émissions de divertissement : « Nouvelle Star », « Popstars », « Incroyable talent » (avec une majorité de candidats). Des programmes « doubles » qui mettent à la fois en valeur de nouveaux talents, de nouveaux styles musicaux, ainsi qu’une forme de nouvelle culture urbaine. ƒ La musique (R&B, soul, rap…) : « Hit Machine », chaînes musicales, ƒ Les programmes jeunesse avec « Zap Collège », ƒ Les fictions françaises avec des rôles récurrents : « Les Bleus », « Léa Parker ». ƒ Les magazines d’information avec des sujets et présentateurs issus de la diversité. ƒ « 66 Minutes » et « Capital » traitent fréquemment de sujets liés aux problématiques d’intégration et de discrimination à l’emploi. Cependant, M6 reste encore la chaîne hertzienne qui compte le moins de journalistes issus de la diversité. ƒ Il est à signaler l’excellent travail mené par les producteurs et les agences de casting travaillant notamment pour les émissions leaders comme « D&Co », « Un dîner presque parfait » et « Change de look ». Les représentations des candidats issus des minorités visibles y sont « honorables », normalisantes et non identitaires.

A contrario :

ƒ l’émission de téléachat « M6 Boutique » est monocolore, comme si un consommateur ou un utilisateur ne pouvait être noir, asiatique ou arabe… ƒ On peut regretter également que la seule animatrice d’une émission de coaching et de télé-réalité à succès de la chaîne, issue de la diversité, porte un prénom d’emprunt. ƒ Même regret en ce qui concerne la dernière fiction de l’été de M6, la diversité était trop peu présente.

En ce qui concerne les Ressources Humaines : les effectifs du groupe reflètent trop peu les différentes composantes de la société française, même si la chaîne a fait sur l’année 2008 certains efforts sur les fonctions supports, à la Direction des Ressources Humaines et à la Direction Financière notamment. 29

LES CHAINES PARLEMENTAIRES

Rien de nouveau du côté des deux chaînes parlementaires : LCP et Public Sénat n’ont guère fait d’efforts en matière de minorités visibles sur leur antenne cette année. A l’heure où on ne peut que déplorer, encore et toujours, le manque de personnalités politiques issues de la diversité, ces chaînes s’inscrivent dans la continuité de leurs carences. Cet écueil est particulièrement décourageant pour les membres du Club Averroès, qui ont pourtant reçu les dirigeants de LCP et Public Sénat à maintes reprises.

- Le Directeur de LCP s’est souvent montré plus sensible à la problématique des minorités dans les médias que son confrère de Public Sénat. La nécessité d’un changement urgent lui avait semblé claire. La présence d’Audrey Pulvar à l’antenne depuis trois ans manifeste sans aucun doute cette prise de conscience, mais de manière très insuffisante. La quasi-absence de journalistes de couleur dans le reste de l’équipe est frappante. Pourtant les talents ne manquent pas… Est-ce à dire que seule une présentatrice connue à France 3 et confirmée peut aspirer à faire tomber les barrières ? Le Club Averroès espère donc d’autres recrutements.

- Concernant Public Sénat, on ne peut que s’étonner de l’immobilisme en termes de diversité. Les promesses de recrutement de minorités, tant de fois formulées aux membres du Club Averroès par le Président de la chaîne, Jean-Pierre Elkabbach, sont restées lettre morte. Aucun changement durable ou significatif. Un comble pour une chaîne qui porte le nom d’une instance républicaine censée représenter tous les citoyens.

- En matière de contenu, les représentations se nichent exclusivement dans le traitement sociétale et anxiogène de la diversité : politique de la ville, immigration, civisme…

Il serait plus logique que ces chaînes publiques, qui font la promotion de la citoyenneté, affichent sans complexe la diversité des Français.

30 LES CHAINES D’INFORMATION

Chaîne pionnière dans la représentation de la diversité à l’antenne, la chaîne d’information continue du groupe TF1 voit ses effectifs de journalistes et de présentateurs issus de la diversité stagner depuis 2 ans.

Chaîne de talk-shows et d’invités plateau, la diversité n’y est pas assez présente. Les castings invités pourraient facilement être renouvelés pour prendre en compte la réalité des forces vives de la France, plus diverses que ce qui est affichée par la chaîne.

Depuis le départ de Bernard Zekri, la chaîne d’information marque le pas en matière de diversité. La visibilité des minorités y décline chaque année.

A l’exception d’une part de Patricia Loison, chargée de l’international à i>télé, et correspondante à New-York pour Canal + pendant la « semaine élections américaines », et d’autre part de Jackson Richardson, consultant sportif aux Jeux Olympiques de Pékin, la diversité se compte sur les doigts d’une main. Cela est d’autant plus dommageable qu’i>télé est une filiale du groupe Canal +, chaîne la mieux notée en 2008 en matière de représentation de la diversité. La bonne nouvelle nous vient de la nouvelle direction arrivée en septembre 2008. Celle-ci semble plus ouverte sur ces problématiques et promet déjà un meilleur crû en matière de diversité pour 2009.

Trois ans après le lancement de BFMTV, le groupe NextRadioTV continue de se développer et de recruter. La politique d’embauche mise sur le professionnalisme, avec le souci de respecter la diversité de la société française.

Comme la chaîne l’indique dans sa charte : BFM TV s’est engagé « à prendre en considération, dans la représentation à l'antenne, la diversité des origines et des cultures de la communauté nationale. »

Cependant, un seul présentateur des journaux du soir le week-end, Rachid M’Barki, est issu des « minorités visibles ».

Le groupe est associé à l’action « Lycées expérimentaux » menée par Siences Po et la filière apprentissage du CFJ. Deux initiatives qui permettent à ces écoles d’élite de s’ouvrir à la mixité sociale.

31 En 2008, France 24 reste fidèle à ses valeurs d’ouverture envers toutes les diversités. La chaîne d’information continue (en trois langues : français, anglais et arabe) a toujours autant le souci de refléter la diversité à l’antenne. Ainsi, l’affichage de la diversité y progresse de 2007 à 2008, lorsqu’il s’agit de compter le nombre de collaborateurs issus de la diversité susceptibles de passer à l’antenne (hors chaîne arabophone et en comptabilisant la présentation des journaux, des magazines et de la revue de presse le matin).

En plus de la diversité franco-française largement représentée, 38 nationalités différentes sont représentées au sein des équipes, sans aucune assignation identitaire. C’est à signaler car l’approche est rare.

Un bilan positif pour M. Alain de Pouzilhac, Président de France Monde et de France 24. Une chaîne exemplaire qui fonctionne toujours avec les seuls critères de recrutement que sont la maîtrise de l’écriture journalistique news TV ou web, la maîtrise des langues de la chaîne, et la maîtrise des nouvelles technologies et des enjeux internationaux. Même constat de satisfaction dans les autres étapes de la gestion des Ressources Humaines (formation, promotion, rémunération) où la promotion de la diversité est opérée. Seul point faible de France 24 : son encadrement et ses postes de direction insuffisamment représentatifs de la diversité.

32 LES NOUVELLES CHAINES DE LA TNT GRATUITE

L’audience des chaînes de la TNT progresse. Trois ans après leurs lancements elles se stabilisent à une moyenne de 11 à 12%. Les conventions des chaînes de la TNT avec le CSA, l’autorité de régulation des médias, comportent les mêmes dispositions que pour les chaînes hertziennes : « l’éditeur veille dans son programme à promouvoir les valeurs d'intégration et de solidarité qui sont celles de la République » et « à prendre en considération, dans la représentation à l'antenne, la diversité des origines et des cultures de la communauté nationale. »

Certes, aucune des chaînes de la TNT ne remettra en cause ces principes auxquels les professionnels de l’audiovisuel restent attachés dans leur ensemble. Les discours des dirigeants de la TNT vont tous dans le même sens : ils appellent à plus de visibilité de la diversité dans le PAF. Cette attente d’une meilleure « coloration » des écrans, manifestée par le Club Averroès et une grande partie des Français, a trouvé une timide réponse. C’est un non-sens lorsqu’on considère que la plupart de ces nouvelles chaînes de la TNT ciblent un public jeune et urbain.

Nous le vérifions :

ƒ par l’affichage des minorités à l’antenne, notamment dans les émissions de télé- réalité, ƒ par une plus grande diversité dans les publics des émissions, ƒ par des séries anglo-saxonnes aux distributions plus colorées que les productions françaises.

Dans tous ces secteurs, nous sommes loin du compte. Même si avec la multiplication de programmes anglo-saxons, le « dialogue chromatique » semble plus contrasté, il ne suffit pas à rectifier le tir. Il est avéré que la télé-réalité ne crée pas d’identification durable avec le téléspectateur. Même si elle permet de se familiariser avec des visages et des prénoms. Le téléspectateur regarde un programme du réel, qui s’appuie sur une mise en scène et une médiatisation d’une intimité banale. L’imaginaire ne peut pas y trouver un terreau fertile. La marque des images chocs et futiles ne produit aucune symbolique. C’est une télévision de l’entre-deux dont l’empreinte s’érode très rapidement.

Le public des émissions jeux ou des magazines d’info-divertissements sont des auto- commentaires suggérés. Il ne permet aucune identification avec le téléspectateur. La coloration du public représente une petite avancée, loin d’être satisfaisante. Car, uniquement par sa seule exposition, elle ne communique pas d’émotion. Elle n‘offre aucune référence commune.

Des programmes identifiants se fondent sur des valeurs émotionnelles et un langage communs à tous. Nous le savons, les magazines présentés par des journalistes et des animateurs issus de la diversité, des fictions reflets de la diversité française sont pour les chaînes une force mésestimée.

33 Contrairement à l’idée reçue, les magazines monocolores « blancs » sont segmentants. A ce jour, les animateurs et journalistes issus de la diversité sur les chaînes hertziennes (Roselmack, Pulvar, Nagui…) le prouvent en rassemblant tous les publics et en remportant de larges succès d’audience.

La force de la fiction est de brasser l’ensemble de notre imaginaire collectif. Les fictions étrangères, et plus particulièrement américaines, ne proposent pas assez d’interactions et de ressorts psychosociologiques conjoints à tous les Français.

C’est une évidence pour les entreprises audiovisuelles, la diversité est un élément d’accroissement de l’audience et de la notoriété d’une chaîne. Mécaniquement, elle induit un développement des revenus publicitaires.

Au moment où la TNT est dans une phase de croissance rapide et instable, tous ces constats nous conduisent à faire deux propositions :

ƒ Les chaînes de la TNT investissent essentiellement dans les programmes de flux. Elles se doivent d’agir immédiatement sur le recrutement de journalistes et d’animateurs de la diversité.

ƒ En matière de fiction, les chaînes de la TNT rediffusent à l’envie des programmes largement rentabilisés. La particularité de ce modèle économique n’invite les chaînes à investir qu’en coproduction ou en préachat. La part d’investissement des fictions leur donne la légitimité d’insister sur la présence de la diversité dans les fictions françaises.

Analysons à présent la situation chaîne par chaîne.

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En 2007, le rapport Averroès avait mis en évidence les efforts de la chaîne du groupe Bolloré. Elle se distinguait par une volonté d’afficher la diversité sur son antenne à l’image de la société française. Malheureusement, 2008 marque un virage à 180°. Même si les émissions « Paroles d’Afrique », « Vies à vies » et « Les enfants d’Abraham » figurent toujours sur la grille des programmes, la chaîne propose moins de visages colorés.

Le trombinoscope des animateurs sur le site de Direct 8 l’atteste. Les visages de la diversité, dont l’un des rares présentateurs asiatiques du PAF, se sont effacés. La fiction (séries et films) se distinguent quant à elle par son ancrage dans les années 70 et 80. Une époque qui n’offrait que très peu de rôles et souvent stigmatisant aux comédiens de la diversité. Seul point positif, la présence parfois d’un journaliste issu de la diversité sur le plateau de l’émission média de Morandini.

La représentation de la diversité française sur W9 est féminine. Les programmes musicaux « e-classement », « Hit talent », et le rendez-vous tardif de télé-réalité « Miss Swan », sont animés par une jeune fille d’origine maghrébine, ainsi que des métisses anciennes miss de beauté.

La rediffusion de « Nouvelle Star » augmente sensiblement la diversité sur la petite « sœur » de M6. W9 ne diffuse que des séries américaines « blanches », identifiantes pour une partie des téléspectateurs seulement.

L’émission « Incroyable mais vrai le Mag » est co-animée par Denis Maréchal. C’est l’exception qui confirme la règle. Mis à part le comique lyonnais et la présence de seconds rôles afro-américains dans les rediffusions de séries (« L.A. Dragnet » « New-York Police Judiciaire »), la chaîne du Groupe TF1 se distingue par l’absence de toute expression de la diversité franco-française.

35 Rien de nouveau sur la chaîne TNT du groupe AB d’une année sur l’autre : la diversité n’a toujours pas le droit de citer.

Même si NT1 exploite peu de programmes, l’expression de la diversité réside essentiellement dans ses programmes sportifs, avec la diffusion des rencontres de la zone Amérique du Sud pour la qualification de la coupe du monde de football 2010, c’est dire !

NT1 diffuse la série « The Shield », une série policière américaine hyperréaliste où les officiers du commissariat sont issus de la communauté hispanique et afro-américaine. Les intrigues de cette série reposent sur des problématiques spécifiquement américaines. Malgré la qualité indéniable de cette série, les histoires ne se fondent pas sur des préoccupations françaises ou européennes.

Le positionnement de NRJ 12 se concentre sur les centres d’intérêts et les loisirs des 11-35 ans. A ce titre, il est surprenant qu’aucun animateur de la diversité ne figure sur la chaîne. A l’exception des émissions américaines et de l’émission française de speed-dating « 12 cœurs » présentée par une animatrice humoriste issue de la diversité.

La chaîne musicale est pilotée sans animateur ou journaliste et elle se distingue par ses séries US.

« Lincoln Heights » est une série américaine qui narre le retour d’une famille afro-américaine moyenne dans son quartier d’origine. Le chef de famille, policier de son métier, est confronté dans chaque épisode au quotidien d’un quartier difficile.

« La cité des hommes » est une adaptation du film brésilien « La cité de dieu », et nous entraîne dans une favela ou 2 adolescents vont tenter d’éviter les pièges posés par les narcotrafiquants. Malgré la qualité de ses deux séries, elles ne sont pas représentatives des enjeux et des problématiques de la société française, comme par exemple Canal + l’a fait avec la série « Engrenages ».

36 L’année 2008 a été marquée par l’affaire du jeune se prénommant « Islam » : un enfant franco-maghrébin de 9 ans, recalé par Angel Production, la société qui produit « In ze boîte », l’émission phare de Gulli. Il avait le tort de porter un prénom jugé trop « connoté » ou trop « ostentatoire » par rapport à la normalité de prénoms tels que « Marie » ou bien encore « Christian » !

Les dirigeants de la chaîne se sont excusés auprès des parents et ont proposé à l’enfant une place anonyme dans le public ! Ou comment le remède est pire que le mal.

Pas d’avancée du coté de l’animation : les animateurs de la chaîne jeunesse sont tous blancs. La satisfaction vient de la programmation (en rediffusion) de la série à succès de France 3 « Plus belle la vie » et de la série documentaire « A la Clairefontaine » qui montre la réalité de la diversité dans notre pays.

37 LES CHAINES DE LA TNT ILE-DE-FRANCE

Très certainement la chaîne de la TNT qui remplit le mieux ses missions de représentation de la diversité à l’antenne. La chaîne alterne les séries françaises, les magazines de courte et moyenne durée. « Blancs, Beurs, Afros, Asiatiques… », toutes les couleurs de la diversité françaises sont présentes sur la chaîne de par ses animateurs.

La chaîne est en phase avec la diversité de l’Ile-de-France. Sans conteste un bon élève de la TNT régionale en 2008 avec sa consoeur Demain TV.

Sur Cap 24, pas de représentation française de la diversité, à l’exception du programme « Wesh ».

La chaîne compte peu d’animateurs et aucun n’est issu des minorités visibles. Même constat sur les représentations de la diversité, elles sont absentes des missions de la chaîne créée il y a moins d’un an.

C’est un bon élève de la TNT et l’exemple des bonnes pratiques en matière de visibilité des minorités en télévision. Les émissions « La Picardie vous ouvre les portes de la formation », « Voix de Cités », « De quoi demain sera fait » et « VIP Club » sont animées par des visages de la diversité.

Demain TV propose une formule antidote originale et simple : exposer sans imposer. Avec un recrutement exclusivement basé sur les compétences et le mérite. Regarder Demain TV donne la sensation que nous sommes sur un média en phase avec la réalité française. Ce modèle repose sur une approche et une vision équilibrée de la réalité quotidienne. Le contenu éditorial présente des sujets touchant l’ensemble des français. Les problèmes de banlieue, d’insécurité et d’immigration sont traités tout en évitant de se cantonner à l’anxiogène. Les avancées, le maintien d’un lien social entre toutes les composantes ethniques du pays, des solutions pour un mieux vivre ensemble sont le moteur des programmes.

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LE CENTRE NATIONAL DE LA CINEMATOGRAPHIE

BILAN 2007 – 2008 : LA COMMISSION IMAGE DE LA DIVERSITE

Avec le récent « coup de gueule » de Michel Boyon, Président du CSA, vis-à-vis des mauvais élèves de la diversité du PAF, la Commission « Images de la Diversité » constitue le temps fort du Rapport Averroes 2008. Elle a rempli sa mission en aidant des dizaines de créateurs qui, dans notre langue, dans notre culture ont choisi de nous raconter une France diverse et multiple dans ses représentations et ses imaginaires populaires, une France ancrée dans la société du réelle.

La Commission « Images de la Diversité », créée par décret en février 2007, est un pont entre les missions artistiques et culturelles du Centre National de la Cinématographie (CNC), et les missions de l’Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des Chances (l’Acsé). Elle ambitionne de repérer et de soutenir des œuvres cinématographiques et audiovisuelles qui à la faveur d’un scénario singulier et d’une réalisation de qualité témoignent de la diversité de notre société et la valorise. Il s’agit de mieux connaître, à travers la sensibilité et le talent d’artistes, les réalités et expressions des populations immigrées ou issues de l’immigration, celles des départements d’outre-mer; de mettre en valeur leur mémoire, leur histoire, leur patrimoine culturel et de construire une histoire commune autour des valeurs partagées par la France.

Sans tomber dans le piège du ghetto, cette commission fonctionne « à partir du filtre de l’ensemble des commissions sélectives du CNC. Ce dispositif garantit des moyens supplémentaires, pour ces projets, tout en évitant de créer une enclave thématique » rappelle Mme Véronique Cayla, Présidente du CNC.

M. Alexandre Michelin, Président de la Commission confie : « Nous avons tous à l’esprit, en mai 2008 le bonheur français d’avoir reçu la Palme d’Or à Cannes avec « Entre les murs » l’œuvre de Laurent Cantet. Grâce aux talents conjugués d’un professeur volontaire et d’une extraordinaire classe de quatrième du 20ème arrondissement de Paris ».

Mais cette Palme d’Or ne doit pas cacher le désert de la diffusion de ces programmes sur les grands médias nationaux aux heures de grande écoute et les problèmes de distribution de ces œuvres, de manière générale. Mme Véronique Cayla réclame d’ailleurs la « responsabilité primordiale des diffuseurs pour aider à renforcer l’exposition des programmes originaux qui reflètent une image juste de la société française, qui reflètent la société française telle qu’elle est ».

39

- Le bilan 2008 de la Commission « Images de la Diversité » :

o 175 avis favorables o 10 millions d’euros au total attribués par le CNC et l’Acsé

Le fonds « Images de la Diversité », quels que soient les dossiers retenus et les modalités de soutien (Acsé et/ou CNC, cumulé ou non), représente un « bonus » variant entre 10 et 18% du budget des projets.

- Les défis pour l’année 2009 :

o La nécessaire implication des diffuseurs audiovisuels dans la transmission de ces œuvres audiovisuelles. L’audace c’est aussi prendre en compte les obstacles innombrables qui se dressent sur les chemins des créateurs car ces images ont déjà du mal à exister !

o Construire la suite c’est aider à l’écriture et au développement de projets de fictions ambitieux pour le cinéma comme pour la télévision, des histoires pour le plus grand nombre afin de toucher le grand public aux heures de grandes écoute sur les médias de masse. Il faut de part et d’autres plus de fraîcheur pour le développement de projets qui participent à fabriquer un imaginaire, présent, un avenir commun, fait de valeurs partagées.

Seul point faible, malgré les appels à projets très vastes dans l’intitulé même de la commission, l’essentiel des œuvres soutenues abordent des thèmes qui se rapportent directement ou indirectement à l’identitaire ou au mémoriel culturel.

40 PLACE DE LA DIVERSITE DANS LES PROGRAMMES DE FICTION

Aujourd’hui en France, la production cinématographique et télévisuelle de fiction et d’animation n’est toujours pas en phase avec la réalité des composantes de notre société.

Aux Etats-Unis, un réalisateur tel que Night Shyamalan ne traite pas spécifiquement que du folklore de la communauté indienne. De même, Antoine Fuqua ne réalise pas exclusivement des films sur l’esclavage.

Will Smith, Denzel Washington, Halle Berry ou encore Samuel L. Jackson peuvent jouer tous les rôles quelque soit la thématique. En France, à l’exception les exceptions Jamel et de Kad Merad, très peu de comédiens de la diversité sont sollicités pour une grande palette de rôles par les producteurs. La télévision n’est pas exempte de cette difficulté de représentation et lorsqu’elle met à l’image les « minorités », elle flirte très souvent avec des représentations simplistes. Magazine « Essence » L’avènement du Président américain Barack Obama Numéro Spécial Hollywood En couverture : Don Cheadle pose une vraie question à l’intelligentsia française : (Mars 2008) comment l’Amérique a pu élire un président noir à la plus haute fonction de l’Etat ?

La réponse se trouve, toute proportion gardée, dans les représentations positives développées aux USA notamment dans la série à succès « 24 heures ». Dans cette série très populaire, le comédien noir Dennis Haysbert interprète un Président intègre, juste et loyal. Un personnage positif aux commandes du plus puissant pays du monde ! Cette volonté de confier des rôles « sans assignation ethnique » aux acteurs des minorités remonte à plusieurs années déjà.

Le Président américain Barack Obama est-il le produit de «l’Affirmative Action» ? Les plus hautes instances aux Etats-Unis considèrent que dans le combat pour une égalité entre tous citoyens américains, elles disposent d’un outil primordial : «l’imaginaire» ! C’est de cette manière que depuis une trentaine d’années les médias structurent et modèlent un inconscient collectif commun. La force de la télévision et du cinéma U.S. réside dans le fait qu’ils participent activement à la construction du patrimoine culturel et émotionnel des citoyens américains.

Durant les années 80, les noirs et les hispaniques sont partis intégrante du paysage télévisuel américain. Qui ne se souvient de l’acteur le mieux payé de la télévision américaine, Bill Cosby qui dépeint le quotidien d’une famille de notables noirs dans le « Cosby Show » ? La productrice et animatrice multimillionnaire Oprah Winfrey réunit des millions de téléspectateurs et ce, dès sa première émission en 1986. Durant les années 90 et 2000, « l’Affirmative Action » a continué de porter ses fruits aux 41 Etats-Unis. Des séries cultes telles que « Urgence », « Le Prince de Bel Air » ou « Ally McBeal », « Spin City »… font la part belle aux minorités. Les Etats-Unis ont compris depuis longtemps que c’est à travers les héros de ces séries cultes autres que policières, qu’ils construisent une identité métissée et positive, proche de ses citoyens. Les minorités ainsi intégrés s’inscrivent dans une histoire et une vie commune, celle de l’Américain moyen.

En France, La télévision et le cinéma ne proposent que des rôles clichés ou réducteurs. Il n’est pas rare de voir un noir ou un arabe endosser le rôle de flic ou de voyou dans les fictions policières. Ils sont indéniablement renvoyés à un univers violent et anxiogène. Il est très rare de trouver des films ou des séries qui les montrent dans la vie de tous les jours, sans connotation ni positive, ni négative, mais dans sa normalité.

Analysons la situation chaîne par chaîne :

ƒ TF1 : A la télévision française, les séries « historiques » de TF1 tel que « Joséphine, Ange Gardien », « Sœur Thérèse.com », « Le juge est une femme » et « Une femme d’honneur » ne comptent pas de personnages récurrents noirs ou arabes. La série « Julie Lescaut » (qui risque de s’arrêter prochainement) comportait dans son casting Mouss Diouf. Dans la série « R.I.S. Police scientifique », l’un des personnages est Malik Berkaoui, il n’est pas interprété par un comédien d’origine maghrébine mais par Stéphane Metzger (très bon au demeurant). La série « Sous le soleil » n’échappe pas à ce constat et affiche un casting ultra blanc. Les seuls personnages issus de la France plurielle, Zacharie (Ibrahim Kouma) fils adopté par des gentils parents blancs, Jessica (Tonya Kinzinger) et Baptiste (David Brécourt), qui lui ont permis de sortir de sa misère originelle et qui va devenir chanteur de rap. La série « Que du bonheur », nouvellement mis à l’antenne, nous dépeint le quotidien d’une famille blanche, sans aucune représentation diverse de la France d’aujourd’hui. « Julie Lescaut » - TF1

ƒ France Télévisions : Le service public n’échappe pas à ce constat alarmant. Pourtant, l’argument qui voudrait que les minorités ne soient pas « bankables » n’a plus lieu d’être.

Il suffit de constater les scores réalisés par la série « Plus belle la vie » qui s’efforce de développer des personnages normalisants, noirs, arabes et asiatiques, dans ses épisodes. « Famille d’accueil » n’a que deux personnages récurrents issus de la diversité (Smaïl Mekki dans rôle de Khaled et Doriane Louisy dans celui de Louise) et propose des histoires trop stéréotypées pour se démarquer, tel que l’épisode qui nous raconte les aventures de Chan, l’asiatique, entré clandestinement en France. La série « La cour des grands » nous plonge dans la vie d’une école primaire. Thierry Desros, l’un des rares comédiens noir de la « Plus Belle la Vie » série, y interprète un instituteur strict et Abdellah Moundy France 3

42 n’échappe pas à la caricature en tenant le rôle de l’homme de ménage de l’école. Il est tout de même regrettable de constater que les clichés persistent et qu’en majorité, la programmation du groupe France Télévisions reste très peu colorée. Le casting des séries tel que « Clara Sheller », « Disparitions », « La Crim », « La famille Serrano » ou « P.J » ne propose que des personnages récurrents blancs. Les fictions ne dérogent pas à la règle. On peut comprendre qu’il est difficile d’attribuer des rôles pour les minorités dans les fictions historiques telles que « Nicolas Le Floch », « Guy Moquet », « Terre de Lumière », « Marie Octobre » ou « Charlotte Corday », mais il est regrettable de constater qu’aucun effort n’est fait pour les autres productions telle que « Ange de feu », « Complot d’amateurs » et « Le sanglot des anges ».

ƒ Canal + : La chaîne cryptée Canal +, pourtant souvent en avance sur les autres télévisions, ne se démarque pas vraiment par son audace et propose des séries ou des fictions peu axées sur la diversité. « Mafiosa », « Hard », « Doom Doom », « Scalp » ou « Nos enfants chéris » ne comptent aucun comédien issu des minorités dans leur casting. « La Commune », série racontant le retour d’un leader musulman, dans son quartier, après avoir passé vingt ans en prison, entretien des images d’Epinal sur la banlieue. Les noirs et les arabes, sont associés indéniablement à un univers violent et hostile. La série enchaîne tous les clichés sur la banlieue comme l’islam, la délinquance, le trafic de stupéfiant ou la place des femmes.

ƒ M6 : M6 ne fait guère mieux que ses concurrents et propose très peu de séries mettant en avant des héros issus des minorités. La monochromie est toujours de rigueur dans la majorité des productions de la chaîne. « Merci, les enfants vont biens », « Off prime », « Où es-tu ? », « La légende des 3 clés » ou encore « La boutique de Michelle & Michel » ne proposent aucun rôle pour un noir, un arabe ou un asiatique. Pourtant, de timides tentatives prouvent que la chaîne essaye d’avancer en proposant des rôles positifs dans ses nouvelles séries. Dans « Pas de secret entre nous » Slimane Alami, interprété par le comédien Mickaël Koné, est un jeune et beau médecin. Cependant, on regrettera, tout de même, comme pour la série R.I.S., que ce personnage ne soit pas interprété par un acteur maghrébin. Les séries policières « Les bleus » et « Cellule identité » montrent des lieutenants de police d’origines diverses comme le rôle de Lyes Beloumi (Mhamed Arezki) jeune flic ambitieux ou Kim Huong (Ysé Tran) médecin légiste méticuleuse dans son travail. On peut, également, noter la participation de Saïd Taghmaoui3 dans la série « Suspecte », dans un rôle autre que celui d’un maghrébin. Fait si rare au cinéma et à la télévision française qu’il était important de le signaler.

Les bonnes intentions ne suffisent plus, il faut que les acteurs et les auteurs issus de la diversité puissent peser sur la conception et la production télévisuelle. La télévision ne remplit pas sa fonction de rassemblement, au contraire, elle est le catalyseur des frustrations des populations non-représentées médiatiquement, qui risquent de se replier en créant leurs propres réseaux de diffusion.

3 A noter : La saison 5 de la série américaine « Lost » marquera l’arrivée de nouveaux personnages, dont l’un sera interprété par Saïd Taghmaoui. 43

Il est urgent d’avoir une politique audiovisuelle qui permette aux minorités d’être une composante de l’identité française. Le cinéma et la télévision doivent construire, dans l’inconscient collectif, une France multicolore à travers des représentations positives et proches des citoyens. Cela ne sera possible qu’avec la participation dans tout le processus de production des Français « issus des minorités ».

Une anecdote révélatrice pour terminer : le Projet Bertrand Blier & la chanteuse Diam’s

Depuis des mois, le réalisateur Bertrand Blier (« Les Valseuses », « Buffet Froid », « Tenue de Soirée », ...) et la chanteuse de rap Diam's (d’origine franco-chypriote) travaillaient sur un projet de fiction destinée à la télévision : l'histoire d'une ex-taularde tentant de refaire surface. Un projet à priori très facile à monter compte tenu de la renommée des protagonistes. Pas si sûr : voici ce que le cinéaste révèle au quotidien « Le Parisien » dans son édition du 11 juin 2008 : "Le scénario est terminé mais il ne plaît pas aux chaînes de télévision. Nous avons frappé à la porte du service public et pour l’instant personne n’en veut. C'est sans doute lié à moi, mes films ne sont pas assez formatés", a-t-il précisé au journal.

On ne peut que s’étonner de cette frilosité de la part des chaînes de télévision. Sur le thème de la réinsertion d’anciens détenus, un réalisateur tel que Bertrand Blier aurait probablement porté un regard vif, subtil, dérangeant et bien peu manichéen. Malheureusement, l’exclusion, la solidarité et le mal de vivre d’une certaine jeunesse sont des thèmes qui ne semblent pas intéresser les chaînes du service public lorsqu’ils sont traités avec talent.

Aux dernières nouvelles, Bertrand Blier garde bon espoir pour la suite du projet.

Voici à présent les résultats d’une étude portant sur le doublage des séries anglo-saxonnes, réalisée par deux professionnelles du secteur : Anne Jacqueline et Yasmine Modestine.

44 LE DOUBLAGE

Dans les studios de doublage on dit souvent que les Noirs ont "une voix spéciale", grave, ce qui explique pourquoi les comédiens noirs doublent surtout des comédiens noirs ! On dit aussi souvent que les Asiatiques ont une "voix spéciale", aiguë; on comprend pourquoi les comédiens asiatiques doublent surtout des comédiens asiatiques !

Ö Et les Blancs ?

Les Blancs peuvent doubler des Blancs. Les Blancs peuvent doubler des Noirs. Les Blancs peuvent doubler des Asiatiques.

Il pourrait être intéressant d’observer comment la série "24h chrono" est doublée :

Ö Acteurs Noirs / Doubleurs Blancs :

ƒ Président : Dennis Haysbert (David Palmer) est doublé par Paul Borne ƒ Femme du président : Penny Johnson Jerald (Sherry palmer) doublée par Pascale Vital ƒ 2ème Président : D.B Wooside (Wayne Palmer, frère de David Palmer) est doublé par Serge Faliu ƒ Regina King (Sandra Palmer, soeur de Wayne) est doublée par Marie Vincent ƒ Magalyn Echikunwoke (Nicole Palmer, fille de David et Sherry Palmer) doublée par Sophie Riffont ƒ Vicellous Shannon (Keith Palmer, fils de David et Sherry Palmer) est doublé par Vincent Crouzet ƒ Aisha Tyler ( Marianne Taylor) est doublé par Julie Dumas ƒ Gina Torrès (Julia Milliken) est doublé par Odile Schmidt

Ö Les autres personnages secondaires joués par des minorités / Doubleurs Blancs :

ƒ Reiko Aylesworth (Michelle Dessler) est doublée par Charlotte Marin ƒ Anthony Azizi (Rafik) est doublé par Ludovic Baugin ƒ Carlos Bernard (Tony Almeida) est doublé par Bertrand Liebert

Ö Acteur Blanc / doubleur Blanc à équivalence de longueur de rôle :

ƒ Kiefer Sutherland (Jack Bauer ) est doublé Patrick Béthune ƒ Elisha Cuthbert (Kimberly Bauer, fille de jack Bauer) est doublée Caroline Lallau ƒ Mary Lyn Rajskub (Chloé O'Brien) est doublée par Patricia Marmoras ƒ James Morisson ( Bill Buchanan) est doublé par Hervé Jolly une des voix officielles de Clint Eastwood ƒ Greg Ellis (Michael Amador) est doublé par Xavier Fanion ƒ Kim Raver (Audrey Raines) est doublée par Juliette Degenne(double Kidman, Thurman, Zeta Jones, Theron...) ƒ Gregory Itzin (président Charles Logan) est doublé par Bernard Alane ƒ Geoffrey Pierson (president John Keeler) est doublé par Jean Barney

45

Idem pour plusieurs rôles emblématiques : Ray Charles (Jamie Foxx, doublé par Julien Kramer), Halle Berry dans "L'Ombre de la Haine", etc.

ƒ Dans "Le Cosby Show", tous les rôles principaux (excepté un) sont doublés par des comédiens blancs. ƒ Une série plus récente ? prenez "Ma Famille d'abord" qui est diffusée sur M6. Les rôles principaux sont joués par des comédiens noirs et doublés par des comédiens blancs. ƒ Même constat pour "Phenomène Raven". "The Barber Shop"... ƒ Dans "Urgences" : Michael Beach (Al Boulet), Sharif Atkins (Michal Gallant), Don Cheadle (Paul Nathan), Mheki Phifer (G Pratt), Forest Whitaker, Michael Michele (Dr. Cleo Finch), Thandie Newton (M. "Kem" Likassu), Gloria Reuben (Jeanie Boulet)... Toutes les voix sont doublées par des comédiens blancs.

ƒ Dans "Bird" : Forest Whitaker, joue le rôle de Charlie "Bird" Parker. Il est doublé par un comédien blanc. Plus près de nous, dans "American Gangsters" (2007), "Déjà Vu" (2006) ou "Inside Man" (2006), etc. Denzel Washington est doublé par un comédien blanc. Le même que celui qui double généralement Forest Whitaker. Quand il joue un personnage américain. Etrangement, dans "The Last King of Scotland" où il joue un personnage africain, Forest Whitaker est soudain doublé par un comédien noir. ƒ Ecoutez "L'Ombre de la Haine" : Halle Berry est doublée par une comédienne blanche. ƒ Ecoutez "Ray" : Jamie Foxx, dans le rôle de Ray Charles est doublé par un comédien blanc.

Qu’est ce qui justifie encore en 2008 que les voix blanches soient préférées à toutes les autres ? En quoi sont-elles plus fédératrices ? Y a-t-il une hiérarchie des voix qui ne dit pas son nom ?

Dans le cas du doublage, la résolution du problème est complexe. Car nous sommes face à trois types d’acteurs :

- le distributeur qui agit au nom et pour le compte du producteur (le distributeur pouvant être une filiale de la société productrice), - la chaîne, - la société de doublage. La production fait appel à un distributeur qui fait appel à une société de doublage ; le distributeur peut être directement la chaîne, mais dans tous les cas, la chaîne peut intervenir sur le casting voix et envoie souvent un représentant sur un plateau (idem pour le distributeur). TF1 impose souvent des comédiens doubleurs, par exemple.

La société de doublage agit en tant que mandataire pour les droits, et en tant qu'employeur pour la relation de travail.

Pour les rôles principaux et les rôles importants, la société de doublage fait une pré-sélection (les essais) et propose des voix, mais le choix définitif revient à la chaîne ou bien au distributeur/producteur (Wall Disney, Columbia, Warner France, 20th Century Fox...).

46 Les préconisations :

1. Informer les productions américaines de ce qui se passe en France en matière de discriminations sur les doublage de voix. Installées aux Etats-Unis, ces sociétés de production sont plus regardantes en matière de respect de la diversité en général.

2. Que les chaînes françaises demandent des garanties à leurs prestataires sur ce point. Il faut impérativement que les recommandations du CSA en matière de diversité soient appliquées aussi à tous les prestataires des diffuseurs conventionnés et donc également au doublage. Dans leur rapport annuel, les chaînes doivent dorénavant répondre à cette problématique.

3. Que la HALDE se saisissent de ce dossier et que les lois contre la discrimination soient appliquées en vertu de l’égalité d’accès à l’emploi.

47 LES RADIOS NATIONALES

Les radios conventionnées ont les mêmes devoirs que les chaînes de télévision en matière de diversité. L’article 47 de la loi pour l’égalité des chances du 31 mars 2006, donne pouvoir au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de veiller à ce que la programmation des radios et des télévisions reflète la diversité de la société française. Le CSA doit en outre rendre compte dans son rapport annuel de l’action des éditeurs dans ce domaine. L’ignorance de cette loi est compréhensible de la part du grand public, un peu moins pour les diffuseurs. A l’exception du groupe Radio France - le seul à avoir œuvré de manière structurante sur cette question - les autres radios ignorent ou font semblant d’ignorer cette obligation. La situation est extrêmement contrastée pour ne pas dire déséquilibrée dans ce secteur. Des initiatives positives sont, néanmoins, entreprises par certaines radios.

1 - LE POLE RADIOPHONIQUE PUBLIC :

En prenant la décision stratégique de créer une « Mission Diversité » et en inscrivant la fonction dans l’organigramme, Jean Paul Cluzel, Président de Radio France poursuit l’objectif de mieux faire remplir au groupe radiophonique ses missions de service public avec la question de la diversité.

Dans le prolongement en mars 2007, le groupe public signe un accord sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Dans le cadre de la négociation sur l’emploi des personnes handicapées, le groupe public radiophonique comptabilise 67 professionnels.

Interrogé par le Club Averroes, pour Jean-Paul Cluzel, il ne s’agit ni de discrimination positive, ni de quota, mais d’une ouverture naturelle vers des profils diversifiés. « Tous les viviers de compétences sont explorés : âge, sexe, handicap, origines, les choses avancent à Radio France » nous confie Jean-Paul Cluzel.

A l’antenne, des nouvelles voix, de nouveaux visages ont fait leur apparition. Une journaliste non-voyante et lauréate de la Bourse Julien Prunet a intégré d’abord le service des sports de France Inter et ensuite, en région, la rédaction de France Bleu Rochelle. La même année 2008, France Info et France Inter intègrent chacune un(e) journaliste issu de la diversité, à l’instar des rédactions de France bleu Ile de France et France Bleu Orléans qui enregistrent la venue de nouvelles voix. Quant aux 8 jeunes professionnels issus de la diversité formés en contrat d’apprentissage, ils sont depuis diplômés. Certains, encore trop peu, bénéficient de contrats de remplacement et sont présents à l’antenne sur France Info ou France Inter.

48 L’égalité de traitement impose à tous un passage obligé par le planning avant toute embauche. 15 nouveaux apprentis suivent…

Derrière l’antenne, la technique assume sa part de diversité. Son dispositif de formation par apprentissage, lancé après celui des journalistes, produit ses premiers fruits avec trois jeunes diplômés. Diversité également au niveau de l’embauche de cadres administratifs à la Direction de la Communication ainsi qu’à la Direction de l’Informatique du groupe public.

Les contenus évoluent. En dehors des rendez-vous existants, les radios du groupe n’ont pas négligé la diversité à travers le choix d’invités, de portraits de sujets traités, d’opérations spéciales, de partenariats. Sur France Culture, la nouvelle émission « A plus d’un titre » est animée par un professionnel issu de la diversité. Sur France Inter, un animateur issu de la diversité a animé avec brio la rubrique culturelle de la matinale. Omar Ouahmane et Fahim Benchouk ont initié l’émission politique « Pas de Quartier ». Bleu Ile de France a ouvert deux nouveaux bureaux de reporters en résidence à Evry-Melun et à Argenteuil. Deux bureaux qui complètent ceux déjà installés à Versailles, Bobigny, Créteil et Nanterre.

La Maîtrise de Radio France ouvre en septembre 2007 un deuxième site à Bondy, en Seine Saint-Denis, et propose aux enfants de 8 à 18 ans une formation musicale et de chant de chorale de très haut niveau. Le but est de ne pas oublier les quartiers privés d’activité artistique et de briser les préjugés.

En matière de sensibilisation et de pédagogie, le groupe public organise à Paris et en province des sessions de formation sur le thème général de la lutte contre les discriminations, de la promotion de l’égalité et du management de la diversité.

« La diversité à la radio ne se voit pas comme à la télévision. Elle doit s’entendre à travers voix, signatures, emplois et contenus. Radio France est le seul groupe radiophonique à y travailler activement et en constante progression depuis 2004. Ce n’est pas encore la révolution parce que les résistances persistent » assure Jean-Luc Aplogan, journaliste et Responsable de la Diversité à Radio France.

2 - LE POLE RADIOPHONIQUE PRIVE :

L’ensemble des radios privées conventionnées par le CSA dispose d’un cahier des charges et des obligations identiques à celui des télévisions en matière de respect de la Diversité. Or, à ce jour, elles semblent l'ignorer. Des carences illustrent une vision donnant un primat à une situation où la diversité, tant à l'antenne et que dans les contenus, n'a quasiment pas évolué par rapport à l'année précédente.

La première radio de France conduit à petit pas sa mission d’une meilleure intégration sur son antenne de la dimension de la diversité. Cette implication se manifeste par la présence sur la grille des programmes de l’animateur à succès Sébastien Folin, d’interventions habituelles de polémistes dans les talks « On refait le monde » avec Nicolas Poincare et dans « On refait le match » avec Christophe Paco. La rédaction compte dans ses rangs une journaliste société issu de la diversité. Dans les tranches horaires dédiées à la parole des auditeurs, il est fréquent d'entendre des auditeurs aux origines multiples. RTL doit continuer 49 à s’ouvrir à la diversité multiethnique. Avec la demande faite au CSA d’une autorisation de fréquence pour le projet de radio numérique « Radio 128, radio de la diversité et des nouveaux talents », le groupe RTL devrait connaître une amélioration quantitative et qualitative de la présence des minorités dans l’ensemble de l’entreprise.

Dans son histoire, Europe 1 s’est toujours distinguée par une quasi absence de diversité sur son antenne. Aujourd’hui, la rédaction compte 2 journalistes issus des minorités sur 101 journalistes er encartés. Dans les émissions, la station de la rue François 1 compte une « meneuse de jeu » métisse, et seul Laurent Ruquier se caractérise par une présence permanente de chroniqueurs issus de la diversité dans sa bande d’humoristes. Nous connaissons l’intérêt que porte M. Alexandre Bompard à la place de la diversité dans les médias. Avec sa récente nomination à la tête d’Europe 1, nous espérons qu’il se montrera fortement incitatif dans la coloration des personnels d’antenne et d’encadrement.

Le contenu des programmes des émissions s’inscrit dans un périmètre qui tient compte des minorités visibles. Les sujets, les

interventions d’auditeurs sur l’antenne légitime les efforts engagés pour une plus grande diversité à l’antenne. Cet état des lieux encourageant est consolidé par la responsabilité d’émissions sports confiée à Karim Benani et Maryse Ewange-Epée. La diversité de la société française s’exprime aussi avec « les Grandes Geules » Karim Zeribi et Gaston Kelmann. Toutefois, si la détermination de RMC est encourageante, le groupe Nextradio doit engager un effort important sur BFM radio, où aucun journaliste de la rédaction n'est issu de la diversité.

3 – LES RADIOS MUSICALES :

Etat de la diversité sur les réseaux musicaux FM

L'état de la diversité sur les réseaux musicaux est alarmant. En particulier dans les radios musicales destinée à un public jeune.

A part Mustapha, chroniqueur matinalier de NRJ et Medhi, animateur sur Skyrock, aucune des radios musicales4 n’est en mesure de présenter, dans son organigramme, des animateurs et journalistes issus de la diversité. Quand le Club Averroès a pris langue avec les responsables des programmes pour établir un diagnostic et faire des propositions, nous nous sommes entendus dire : « Nous n'avons pas de problèmes avec la diversité, beaucoup des chanteurs que l'on passe sont noirs ou arabes. » ou encore « Nous sommes sensibles à la diversité, nous avons un animateur d'origine italienne ou portugaise ».

Et pourtant le succès des entreprises radiophoniques est fondé sur la diffusion d’une majorité de titres afro-américains (Rihanna, 50 cent, Lenny Kravitz, ou autres Sheryfa Luna...). Il est

4 (Europe 2, Fun, RTL2, Nostalgie, Chérie FM, Virgin radio, Rfm, Mfm, Voltage fm, Rire et chansons) 50 navrant et regrettable qu’elles n’appliquent pas de politiques d’embauches en cohérence avec le socle que constituent les musiques diffusées et un auditoire jeune et multiethnique.

Nous relevons aussi des témoignages qui font état de l’humiliation de certains professionnels candidats ou en poste dans les réseaux musicaux, à qui l’on a demandé de manière pressante de franciser leurs patronymes. Puis, la diversité faisant son chemin, de reprendre leur prénom d’origine !

Les responsables des réseaux musicaux ont écouté nos arguments. Tous ont fini par reconnaître leurs lacunes dans ce domaine et ils se sont tous engagés à améliorer de manière significative cette situation déplorable pour la saison 2009. Définitivement, l’excuse du « on ne trouve pas de compétences » ne doit plus exister.

Par ailleurs, nous demandons que la problématique de la diversité soit un préalable aux candidats à l'arrivée de la radio numérique en 2009 et surtout qu’elle soit l’occasion de recrutements des professionnels issus de la diversité.

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51 LA PRESSE ECRITE NATIONALE

Si la presse écrite et magazine fustige à longueur de colonnes le manque de diversité dans les autres médias (télévision, radio), elle se croit en dehors du débat, et ne fait aucun effort visible pour tenter de remédier à ces problèmes au sein de ses rédactions.

Dans le précédent rapport, nous observions déjà que la plupart des journaux reconnaissaient que leur équipe était trop « monocolore » et était loin, très loin, de refléter l’image de la société française. Ce que nous avons constaté de pire reste en l’état. Ainsi, les rares moments où ces journaux recourent à des pigistes issus des minorités, c’est pour leur confier des reportages sur la banlieue (et évidemment, uniquement lorsqu’il y a des tensions palpables) ou des questions liées au terrorisme. Comme si ce journaliste n’était capable de couvrir que ce seul sujet, et que les autres membres de la rédaction ne pouvaient pas réaliser une interview d’une personne issue de l’immigration. Et quand l’origine du journaliste pourrait s’avérer utile pour un poste plus « noble », on ne voit pas plus d’effort : le tableau des correspondants dans les différents pays qui ont un lien avec l’immigration (l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie) s’avère tout aussi monocolore.

Ces lacunes touchent pratiquement tous les quotidiens nationaux et les grands news magazines. Les exceptions (infimes) ne peuvent suffire. D’autant, faut-il le rappeler, que la presse écrite de notre pays bénéficie d’importantes aides publiques. Il serait concevable d’attendre d’elle qu’elle s’engage davantage sur cette question de la diversité. Les médias audiovisuels ont des obligations, la presse écrite… pas encore.

Les Etats Généraux de la presse constituaient une belle occasion d’évoquer cette question. Il n’en a rien était. La composition des pôles de débat (dont un intitulé « Médias et société ») restait désespérément monocolore (à l’exception de l’intervention du responsable de Bondy Blog), malgré la présence d’une soixantaine de journalistes et de professionnels des médias.

La raison invoquée est toujours la même : difficultés budgétaires, pas de journalistes formés. Si la première cause peut s’entendre, la deuxième ne tient pas. Les écoles de journalisme accueillent de plus en plus de jeunes issus de l’immigration, mais ces derniers semblent trouver relativement plus d’écoute dans les autres médias (radio, presse professionnelle, Internet).

Il y a un autre problème qui nous apparaît également grave, alors qu’il ne nécessite aucun effort de la presse écrite, sinon un minimum d’attention. Dans le contenu des journaux : les témoignages, les interviews et les portraits sont extraordinairement monocolores. Comme s’il n’existait pas en France de médecin d’origine asiatique, de trader ou de cadre dynamique noir, de dirigeant de PME d’origine arabe (l’occasion d’en interviewer n’a pourtant pas manqué). Dans les pages « débats » des différents journaux, on reste aussi dans « l’ethnicisation », il serait intéressant, et assez simple, de rendre plus transversales ces pages.

C’est dommage, car on connaît la valeur de symbole et d’impact de la presse écrite sur les médias audiovisuels, ces derniers puisent leurs témoignages et leurs sujets dans les quotidiens et les magazines. De la même manière, les télés et les radios font appel à des journalistes de la presse écrite, quelle que soit leur couleur, pour nourrir leurs équipes de chroniqueurs. C’est dire à quel point rendre plus diverse la presse écrite pourrait constituer un grand pas en avant pour tout le reste.

52 Comme l’an passé, le Club Averroès formule le vœu que cette situation ne perdure pas. A la suite d’un dîner organisé avec les dirigeants de Prisma Presse, et d’Amaury, les groupes se sont engagés à recruter, en respectant bien sûr les critères de compétences, des journalistes pour leurs différents titres et leurs sites Internet. Espérons que cette démarche puisse inspirer d’autres groupes de presse.

On remarque également qu’un quotidien comme « Le Parisien » a fait un effort notable, et un effort des plus visibles. Non seulement, sa rédaction a recruté plusieurs journalistes issus des minorités qui traitent d’autres sujets que la banlieue (ils signent dans des rubriques diverses et variés : société, investigation, sport…), mais le journal n’hésite pas dans ses témoignages (qui constituent une vitrine importante de son travail) à faire intervenir des personnes issues de l’immigration, de toute les immigrations, et des personnes de couleur. Ainsi, ses rubriques fortes avec photos des témoins (« Face à nos lecteurs », deux ou trois pages, avec annonce de une; et « Votre avis », sorte de micro-trottoir) restent les meilleurs reflets de la diversité française. Ces efforts du « Parisien », et surtout la qualité professionnelle d’un de ses journalistes, issu de la diversité, ont abouti à lui confier des responsabilités importantes. C’est, à notre connaissance, l’un des rares à assurer la rédaction en chef adjoint d’un quotidien. Il est même amené à diriger le prochain quotidien sportif du groupe Amaury, pour faire face à la concurrence.

Par ailleurs, le Club a noté quelques changements qui l’engagent à poursuivre ses efforts, notamment l‘organisation de rencontres. Ainsi, çà et là, dans tel magazine, on peut lire la signature d’un journaliste issu de l’immigration qui couvre pour son service un parti politique.

La presse quotidienne nationale reste difficile d’accès. On peut le constater jusque dans les remplacements, ou même les stages : les portes sont bien fermées.

53

LA PUBLICITE

L’ARPP (Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité, anciennement BVP) n’a pas reconduit en 2007 son étude sur la diversité ethnique dans la publicité en France, contrairement aux deux années précédentes.

Rappelons que l’étude menée par l’ARPP sur l’année 2006 (la plus récente disponible) faisait apparaître les taux de représentation suivants, déclinés par catégories de supports : ƒ Télévision : 17% ƒ Affichage : 9% ƒ Presse : 3%

L’ARPP déclarait en conclusion de l’étude : « Cette photographie objective de la présence aujourd’hui de la diversité ethnique du paysage publicitaire français est encourageante (…) Elle témoigne de ce que cette diversité existe et se renforce 5. »

Qu’en est-il exactement ? Comment la diversité de la société française est-elle représentée en 2008 dans la publicité ? La situation s’est-elle améliorée depuis notre dernier rapport ? ou bien a t-elle stagnée, ou s’est-elle dégradée ? Quelles sont les causes de la mal- représentation des « minorités visibles » ? En 2008, quels annonceurs ont mené des campagnes de communication « à l’image de la société » ? A contrario, quelles sont les campagnes qui ont persisté à ignorer ou mal-représenter les minorités ? Dans un secteur encore timide sur les questions d’égalité des chances, quelles mesures les agences de publicité et les annonceurs ont-ils prises en 2008 pour favoriser la mixité sociale et la diversité ethnique ? Et compte tenu de la responsabilité de la publicité dans le processus d’évolution des mentalités, comment ce média peut-il contribuer à la cohésion sociale ?

Pour répondre à ces questions, nous établirons d’abord un panorama des conférences et débats organisés en 2007/2008 sur le thème « Publicité et Diversité ». Nous étudierons les problématiques qui y ont été soulevées. Puis nous analyserons les faits marquants et d’actualité qui ont émaillé cette année. A l’heure de l’élection du Président Barack Obama à la tête de la plus grande puissance mondiale, quel meilleur slogan pour ce challenge que… « Yes we can » !

5 “Représentation des Minorités Ethniques dans la Publicité, 2007” 54 CONFERENCES ET DEBATS ORGANISES SUR LE THEME « PUBLICITE ET DIVERSITE » EN 2007 / 2008

L’année 2007/2008 a été marquée par l’organisation, notamment par le Club Averroès, de conférences au cours desquelles le thème de la « Représentation des minorités dans la publicité » était abordé. Voici un point relatif à quelques-unes de ces manifestations :

ƒ Le 17 janvier 2008, dans le cadre de la « Semaine Publicité, Communication et Médias » (Palais de Tokyo, à Paris), une conférence était organisée par TF1 Publicité sur le thème : « Nouvelle Cour, de l’idée à la réalité : une Agence de publicité à La Courneuve pour changer l’image des jeunes diplômés du 93 ».

Nous avions déjà évoqué l’agence « Nouvelle Cour » dans notre rapport 2007. Créée à l’initiative de TF1 Publicité et de TBWA\France, l’un des objectifs de « Nouvelle Cour » est d’aider de jeunes diplômés à faire leurs premières armes dans les métiers de la publicité, afin de révéler des talents qui existent dans nos banlieues. Le Club Averroès est intervenu lors de cette conférence, durant laquelle furent exposées les conditions de la création de l’agence, son mode de fonctionnement, ainsi que ses réalisations. Depuis 2006, « Nouvelle Cour » a élaboré de nombreuses campagnes avec des annonceurs prestigieux (SFR, BNP Paribas, SNCF, Groupama, etc.). Citons Affiche de la « Semaine Publicité, notamment la campagne réalisée pour le Communication & Médias 2008 » compte du Ministère de la Culture et de la Communication, dans le cadre de la « Semaine de la Langue Française », lancée le 14/03/08.

Signalons d’autre part la création de la Fondation TF1, baptisée « Fondation de la Réussite ». Présidée par Nonce Paolini et dirigée par Claude Cohen, cette fondation soutient des initiatives associatives ou individuelles porteuses de projets liés aux métiers du groupe TF1. Les bénéficiaires sont des jeunes de banlieue, prioritairement issus de quartiers dits « fragiles ». Comme l’a déclaré Claude Cohen : « Ce sont ces opérations, parmi d’autres, efficaces mais avec peu de discours et beaucoup d’actions, qui nous feront avancer dans le domaine de la Diversité. »6

ƒ Le 11 mars 2008, une conférence organisée au siège de TF1 par Carat – AEGIS Media a porté sur le thème suivant : « La Communication en France intègre-t-elle bien la diversité ? ». Animée par Robert Namias (TF1), cette conférence réunissait des personnalités et des professionnels de la communication, parmi lesquels : Claude

6 Conférence Carat-AEGIS Media du 11/03/08 portant sur le thème : « La communication en France intègre-t-elle bien la diversité ? » 55 Cohen (TF1), Laurent Joffrin (Libération), Christian Polge (Coca-Cola France), Marie- Laure Sauty de Chalon (Carat-Aegis Media), Jean-Pierre Teyssier (ARPP), Marie- Pierre Bordet (AACC) et Patrick Lozès (Cran).

Cet événement fut aussi l’occasion de découvrir les résultats d’une étude Carat- AEGIS Media / CSA. A l’origine, cette étude s’était fixée pour objectif de « mieux connaître le jugement des différents résidents sur la manière dont les marques prennent en compte la diversité de la population française dans leur communication ». Les « résidents noirs » ont été interviewés les premiers.

Le constat de cette étude est sans équivoque (voir les graphiques ci-contre) :

- 43% des personnes résidant en France estiment que « la publicité n’est pas à l’image de la société »

- 62% des « résidents noirs » jugent que « la publicité n’est pas représentative de la population française ».

Dans son édition du 11 mars 2008, le quotidien « Les Echos » a analysé cette étude et en a tiré la conclusion suivante : « (…) on peut juger que la population française s’apparente de plus en plus à un vaste melting-pot lorgnant le modèle américain. Mais une pensée dominante, sous-tendue par l’ambition d’être le plus consensuel possible, renvoie les publicitaires à la représentation d’une population presque uniformément blanche, catholique, née de parents et de grands-parents français.» 7

ƒ Le 26 mars 2008, un forum intitulé « Medias et Nouvelles Générations Urbaines : exclusion ou intégration ? » était organisé par Trace TV, avec l’Ambassade des Etats-Unis, le Club Averroès et le soutien du magazine « Stratégies ». La manifestation, qui se déroulait dans les Salons France Amériques à Paris, a réuni des professionnels et des experts des médias, parmi lesquels : Robert Namias (TF1), Jean-Louis Missika (Free), Philippe Tassi (Médiamétrie), Nicole Bacharan (politologue), Patrick Weil (CNRS), Alexandre Michelin (Microsoft), Sonia Rolland (actrice), Abbas Bendali (Solis), Audrey Edwards (journaliste), etc.

7 « Les Echos » - La publicité face au tabou de la diversité - 11 mars 2008 56

Le but de ce forum était de dépasser les clichés et les idées reçues, et d’informer les décideurs, les annonceurs, les publicitaires et la presse de la réalité de ces populations et de leurs pratiques médias.

Les thèmes suivants furent abordés au cours des débats : - Qui et combien sont réellement les « Nouvelles Générations Urbaines » ? - Quels médias consomment-elles ? - Sont-elles mesurées dans les études d’audience de référence ? - Quelle est l’approche des annonceurs, des institutions et des agences médias face à ces « Nouvelles Générations Urbaines » ? - Quel regard portent-elles sur les médias ? - Sont-elles créatrices de nouvelles tendances ? - Sont-elles « prescriptrices » de nouveaux modes de consommation ?

Concernant la thématique « Publicité et Diversité », les enseignements suivants ont pu être tirés : - Les « Nouvelles Générations Urbaines » sont mal connues des publicitaires et sous- évaluées par les marques, dont elles sont pourtant souvent les premiers consommateurs. - Le terme de « diversité » commence cependant à faire écho et à attirer des publicitaires et des annonceurs qui comprennent qu’ils doivent s’inscrire dans la tendance. - Malgré toutes les contraintes liées à l’absence de référentiel ethnoracial, il est aujourd’hui possible de mener des études marketing sur les comportements de consommation spécifiques aux « Nouvelles Générations Urbaines », afin d’approcher ces marchés de manière relativement fine. Il est en effet important pour les publicitaires et les annonceurs de pouvoir caractériser les potentiels de conquête de ces publics, afin de leur proposer des offres qui correspondent à leurs attentes, et de développer des stratégies de communication ciblées.

ƒ Le 29 mai 2008, dans le cadre de la « Journée de la Diversité »8 de Sciences Po, Jean-Pierre Teyssier, Président de l’ARPP, est intervenu dans le panel « Diversité et Performance Economique ». A la question : « Dans la publicité, la diversité fait-elle vendre ? », deux réponses furent apportées par M. Teyssier : - directement : quelque fois. C’est le cas du marketing ethnique dans la publicité cosmétique. Mais ce marché serait trop étroit en France, limité et rare. Autre exemple : « faire vendre » en faisant appel à de grands témoins issus de la diversité (exemple : Zinedine Zidane). Mais attention aux stéréotypes car ils risquent d’enfoncer les communautés dans certaines spécialités. - indirectement : toujours. La reconnaissance de la diversité ferait vendre car « toute marque doit satisfaire sa responsabilité sociale ». Dans les valeurs qu’elle propose au marché et au public, l’entreprise devrait assumer les problèmes qui se posent à la société : multiculturalisme et diversité.

8 « La diversité, à l’épreuve des faits, à l’échelle du monde » 57 ƒ Le 8 juin 2008, à l'occasion de la « Semaine de la France » sur CNN International, le network américain a organisé un débat (au Sénat, à Paris) intitulé : « France On The Move ». Le débat a réuni les personnalités françaises suivantes : Christine Lagarde (Ministre de l'Economie et des Finances), Luc Besson (cinéaste), Marie Drucker (journaliste), Maurice Lévy (PDG de Publicis) et Amélie Mauresmo (tenniswoman).

Voici quelques extraits des interventions passionnées, sincères et lucides de Luc Besson et Maurice Levy, sur le thème de la « diversité culturelle » (en V.O) :

- Luc Besson: « Can I talk about the neighbourhood for one second? (…) The racism is still there and still very big. I see all of the young guys, and believe me, sometimes they have to put on their CV… they don’t put where they are from because if it’s a wrong neighbourhood they know they won’t be taken. And sometimes, they put a fake name, just to get the meeting. As soon as they are Arabic or black… they’re out! And that’s a big issue that the French have to face. We’re still racist, and we have to face it, and we have to work on it. Because honestly the neighbourhood for me is the biggest treasure of energy, creativity… it’s huge! You can’t even imagine! ... We need to be aware of that, we need to face it and put our hands a little more towards these people, because I am fascinated by their energy.”

Luc BESSON (Cinéaste)

- Maurice Levy: “I agree with Luc. It’s clear that we have still a job to do which is very difficult on the suburbs. We are all guilty for not having done properly our jobs since the 70’s! But the good thing is that France is facing the issues. And I remember a time where France was a little bit arrogant, not looking at the realities (…) We have to work on integration, we are doing a poor job at this. (…) We are not spending enough money, and we are not doing exactly what we should in order to integrate much better the immigrants and the next Maurice LEVY (CEO Publicis) generations.”

58 ƒ Le 24 juin 2008, dans le cadre de « l’Université d’Eté du SNPTV9 » (Eurosites George V, à Paris), le Club Averroès a organisé une conférence portant sur le thème suivant : « Comment la communication des grandes marques en France reflète-t-elle les « minorités visibles » et la diversité ? La pub « black, blanc, beur » : source de créativité, de performances et d’innovations ? »

Cette conférence réunissait : Nicolas Bordas (Président, TBWA\France), Alex Magloire (Directeur Marque et Identité, Orange), Patrick Bonnet (Directeur de l’Emploi, Suez), Mansour Zobéri (Directeur de la Diversité, Casino), et Olivier Laouchez (Président, Trace TV).

Les enseignements que nous avons pu tirer de cette

conférence sont les suivants :

- Les minorités ethniques sont sous-représentées dans les écrans publicitaires et, quand elles le sont, elles incarnent alors des rôles clichés récurrents. L’assignation identitaire est la règle : Noirs marabouts ou rappeurs, Maghrébins épiciers, Asiatiques cuisiniers ou judokas, … La plupart du temps, la présence d’un Noir, d’un Maghrébin ou d’un Asiatique est liée à la mise en scène d’un stéréotype ; - Dans le domaine du sport ou de la musique, on voit des Noirs, mais dès que le sujet devient « sérieux » (banque, automobile, …) c’est forcément un homme blanc qui est représenté, car plus fédérateur selon les annonceurs et les publicitaires ; - La plupart des annonceurs et des agences sont relativement frileux dans leur représentation des minorités. Ils privilégient l’assimilation républicaine et le « color- blindness » ; - Cependant certains annonceurs et agences, notamment les intervenants à cette conférence, choisissent de se démarquer de ce conformisme en intégrant la diversité dans leurs castings ; - Ce manque de visibilité du pluriethnisme dans la publicité serait à l’image des difficultés d’intégration des « minorités visibles » dans la société ; - La réticence des annonceurs trouve souvent une justification marketing : le refus d’une approche segmentée des consommateurs ; - La publicité reproduit une image de la France qui ne correspond plus à la réalité. La société française a de la difficulté à se représenter dans sa diversité ; - L’Etat et les associations doivent utiliser davantage la publicité, afin de projeter une image positive de la diversité culturelle, promouvoir l’égalité et marginaliser les discriminations ; - A l’exception des industries cosmétiques, la plupart des annonceurs rechignent à adopter l’approche du marketing ethnique en vigueur aux Etats-Unis, où les attentes supposées de chaque population sont analysées et les messages publicitaires ciblés pour chaque communauté (noirs, asiatiques, hispaniques, …) ; - Les blocages seraient davantage le fait des annonceurs : crispés sur leurs ventes, frileux et allergiques au risque, ils pré-testent, testent et post-testent leurs campagnes publicitaires ; - Concernant l’emploi : il est nécessaire que les agences ouvrent enfin leurs portes à des candidats issus de la diversité, de parcours différents et de milieux variés. Une précision sur ce point : la Présidente d’une grande agence déclarait récemment : «Dans certains métiers, la création notamment, on peut faire venir des gens d’origine diverses. Les banlieues, par exemple. Pour les métiers stratégiques, c’est plus

9 SNPTV : Syndicat National de la Publicité Télévisée 59 compliqué car ils nécessitent une vraie culture de l’écrit. » Voilà une idée préconçue, tenace et récurrente, quant aux compétences linguistiques des « jeunes de banlieues ». Leur culture de l’écrit ne se limite pourtant pas aux graffitis. - Au final : il y a un consensus sur le fait que la publicité doit mieux rendre compte de la diversité des Français.

N.B : Nous remercions Stéphane Martin, Directeur Délégué du SNPTV, pour avoir permis l’organisation de cette conférence lors de cette Université d’Eté.

ƒ Les 28 et 29 septembre 2008, dans le cadre du forum « Diversité 08 »10 organisé par l’association « tolède » et AEGIS Media11 (Cité des Sciences et de l’Industrie, à Paris), l’une des plénières était consacrée au thème suivant : « Médias, communication et marketing : rôles et opportunités dans la promotion de la diversité ? Les médias ont-ils manqué le train de la diversité ? » Cette conférence, animée par Laurent Joffrin (Libération), a réuni entre autres : Nonce Paolini (TF1), Maryam Salehi (NRJ Group), Marie-Laure Sauty de Chalon (AEGIS Media), Stéphane Roussel (SFR), etc.

L’intervention de Marie-Laure Sauty de Chalon (CEO AEGIS Media Southern Europe) témoigne de l’engagement fort d’un acteur majeur de la publicité en faveur de la diversité culturelle dans la communication et les médias. Voici la retranscription de quelques extraits de son intervention :

- « On change en profondeur dans une entreprise quand on cesse l’endogamie, quand on arrête effectivement que les stages soient « sourcés » soit par ses clients, soit par les enfants des collaborateurs mais, et c’est ce qu’on a fait chez AEGIS, « sourcer » ses CV un peu partout. Aller chercher dans les quartiers là où on a besoin d’aller rechercher des talents, plutôt que d’aller vers les « écoles des dirigeants » par exemple. Ça c’est vraiment des mesures concrètes qui font qu’on s’ouvre, qu’on ouvre son cœur, qu’on ouvre ses portes, et qu’on ne reproduit pas des schémas. Il faut transformer à partir des Ressources Humaines. »

- « [Concernant] les entreprises qui se sont avancées dans la diversité : une étude montre de façon absolument claire que 70% ont vu une amélioration de leurs résultats, moins de turn-over, moins d’absentéisme, etc. (…) Nous on a 50 sociétés et on a mené une enquête dans l’entreprise (…) On se disait : est-ce qu’on a tous les mêmes accès ? Est-ce qu’il n’y a pas des endroits qui font de la discrimination, de l’endogamie ? Donc on a mené une enquête en interrogeant les gens qui étaient récents chez nous, en interrogeant les managers, et en faisant même quelque chose qui est illégale, mais que néanmoins on a considéré qu’il fallait qu’on fasse : on a regardé sur nos listings comment on était représenté. Donc on fait du comptage. Pour aller vraiment loin là-dessus, et pour regarder exactement où et comment on était. Il faut là-dessus être extrêmement vigilant, être engagé et avoir des instruments de mesure. (…) Je pense qu’il faut absolument élargir ses sources de CV, et passer des partenariats avec toutes les écoles. »

Analysons à présent quelques faits marquants en 2007/2008, sur le thème « Publicité et Diversité ».

10 Le forum était animé par François-Xavier de Sambucy (Président du Cercle Montherlant). 11 AEGIS Media est le leader européen du conseil média et achat d’espace avec 27% de part de marché en France. Il appartient à AEGIS Plc., 5ème groupe mondial de communication, coté à la bourse de Londres. 60 PUBLICITE ET DIVERSITE : QUELQUES FAITS MARQUANTS EN 2007 / 2008

1) PUBLICITE, DIVERSITE ET STARS DU SPORT :

Dans son « Rapport sur l’année 2005 », le Conseil de l’Ethique Publicitaire (instance mise en place par l’ARPP en 2004) soulignait, au sujet de la représentation des minorités visibles dans la publicité, que « certains éléments lui semblaient préoccupants » : « La sur- représentation des minorités visibles dans les secteurs du sport et de la musique risque, par effet d’accumulation, d’ancrer un stéréotype, non pas dégradant mais réducteur, pour ces populations12. (…) Dans un contexte où la société française elle-même peine à intégrer ses communautés, le Conseil a insisté sur la responsabilité sociale de la publicité dans le processus d’évolution des mentalités. Il a suggéré que les annonceurs opérant dans des secteurs de grande consommation, à fort effet d’entraînement donc, s’engagent plus résolument dans la voie d’une meilleure représentation des minorités ethniques. »

Ces préoccupations de l’ARPP vont dans le bon sens et sont à saluer. Le recours par les publicitaires à des icônes du sport essentiellement, érigées en « emblèmes de la diversité », reste cependant très fréquent en 2008, Championnat d’Europe des Nations et Jeux Olympiques de Pékin oblige. L’un des exemples les plus frappants : Zinedine Zidane, le numéro 10 légendaire.

Tête d’affiche préférée des annonceurs, Zinedine Zidane est omniprésent : il est aujourd’hui l’ambassadeur de compagnies d’assurances, de lunetiers, d’opérateurs téléphoniques, de l’agro- alimentaire,… Au-delà de ses exploits sportifs, son charisme et son image s’arrachent : Zidane est proche du peuple, ce qui représente une valeur inestimable pour les grandes marques. En fait la star Zidane est devenue une vraie marque : il est non seulement un relais d’influence auprès des jeunes « Adidas » des quartiers dits sensibles, mais aussi un accélérateur de notoriété, et donc de ventes.

Une interrogation subsiste toutefois : les célébrités issues de la diversité sont-elles devenues des réponses globales aux problématiques locales telles que le « malaise des banlieues » ? Zidane est le symbole d’une France rassemblée, et le leader de la France métissée, celle qui aime sa diversité. A son corps défendant, il reste le capitaine de l’équipe « Black-Blanc-Beur », l’exemple de ce modèle multiculturel, aux vertus peut-être surestimées dans la foulée de la Victoire des Bleus au Mondial de 1998, « Generali Assurances » mais toujours porteur de projets et de réussites... Ce modèle pluriel vaut d’être mis en valeur. Et pas seulement dans le sport et la musique. Combattre les stéréotypes, notamment dans la publicité, est nécessaire afin de montrer que la réussite est possible en France pour les minorités, dans le monde des affaires, des sciences ou de la politique.

12 Lire à ce sujet : « Sport, malédiction des Noirs ? » de Mathieu Méranville – Calmann-Lévy - 2007 61

Autres exemples : Ö En 2006, la marque de prêt-à-porter masculin De Fursac décide de mettre en scène le basketteur Tony Parker dans ses campagnes publicitaires. « Il incarne la jeunesse, l’ambition et l’intégration multiraciale » déclarait alors le PDG de la marque. Malheureusement, malgré une visibilité maximale (métro, 2.200 bus, PLV, annonces, presse, cinéma) cette campagne n’a pas accroché le consommateur et n’a pas eu d’impact sur le marché. En 2008, la marque a arrêté sa campagne avec l’icône du basket pour repartir sur une

stratégie plus conventionnelle. Pourquoi cet échec ? Remet-il en cause le recours à des « stars de la diversité » Tony Parker dans les stratégies de marque ? S’agit-il simplement d’une « De Fursac » erreur d’appréciation ? C’est la seconde hypothèse qu’il faut retenir : l’écart était trop important entre la marque et son égérie, qui manquait de crédibilité en ambassadeur (la tenue costume-cravate n’est pas associée au monde du basket). La vraie star, c’est le concept du produit, et il est primordial que la célébrité (de la « diversité » ou non) soit en adéquation avec lui.

Ö Thierry Henry prête son image, entre autres, à Tommy Hilfiger, et il semble que l’adéquation entre les deux univers fonctionne mieux que la « distorsion » Tony Parker / De Fursac. Tommy Hilfiger a de toute évidence un ADN de marque proche à la fois de l’univers du sport et des « nouvelles générations urbaines » (dans les années 90, les groupes de rap américains s’étaient « appropriés » les vêtements Tommy Hilfiger dans leurs clips video).

Thierry Henry « Tommy Hilfiger »

2) PRODUITS DE GRANDE CONSOMMATION : EMERGENCE D’EGERIES PUBLICITAIRES ISSUES DE LA « DIVERSITE ». EXEMPLE : RACHIDA BRAKNI

En 2008, la comédienne Rachida Brakni a fait une entrée remarquée dans le monde des égéries de la publicité française, apparaissant dans des campagnes presse et TV de premier plan :

- L’Oréal Paris : Déjà récompensée d’un César et d’un Molière, Rachida Brakni a été choisie comme ambassadrice par L’Oréal Paris. Elle rejoint ainsi la dream team composée d’une trentaine d’ambassadrices mondiales parmi lesquelles : les Américaines Andie McDowell et Milla Jovovitch, la Chinoise Gong Li, la Française Laeticia Casta et la star indienne Aishwarya Rai. La marque de cosmétiques aurait choisi Rachida Brakni pour « représenter les femmes d’origine maghrébines ». 62 L’Oréal a pris conscience, en France, de la nécessité d’intégrer les composantes ethniques dans ses stratégies marketing.

L’Oréal Paris L’Oréal Paris L’Oréal Paris (visuel Presse, 2008) (visuel Presse, 2008) (visuel Presse et spot TV, « Les Noirs Glossy » « Khôl Minéral » 2008)

- Banque LCL :

Dans ce spot, diffusé en 2008, une cliente, incarnée par Rachida Brakni, attend qu'on lui propose un financement pour son projet. Le banquier lui propose « Solution Conso » et lui promet une réponse de principe immédiate. Devant l'incrédulité de la cliente, il ajoute : « déblocage des fonds en 48 heures ». La cliente ne le croit toujours pas. Il termine avec : « sinon LCL rembourse 100€ ». Le banquier lui demande enfin si elle est heureuse. Elle répond : "C'est ça, je cherchais le mot !". LCL Il s’agit d’une performance d’acteur, dans un (spot TV, 2008) plan séquence de trente secondes, où la « Solution Conso » comédienne peut exprimer tout son talent. Ce spot est l’un des plus réussi parmi les vingt films réalisés depuis 2005 par l’agence ASAP (Aubert Storch Associés Partenaires) pour la banque LCL, anciennement le Crédit Lyonnais (parmi les autres comédiens ayant tenu ce rôle : Pierre Arditi, François Berléand, Gérard Darmon, etc.). D’un point de vue marketing, la réussite de cette campagne tient à son positionnement original : un bénéfice client qui s’exprime dans des preuves produits, la force de l’exécution de la campagne avec des codes très forts (bandes bleues, client omniprésent), évoluant vers une saynète de comédie. Le résultat est éloquent : au dessus des standards en terme de score prouvé (32% vs 20%) et de reconnaissance (89% vs 79%). Evénement rare : ce spot joue habilement la carte de l’indifférenciation et de la banalisation. Si on n’y prête pas attention, on ne remarque pas que le personnage est issu des minorités ethniques. Diversité, efficacité et créativité ont exprimé là leur pleine mesure.

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3) PRISES DE CONSCIENCE ET ENGAGEMENTS DES PROFESSIONNELS DE LA COMMUNICATION :

- En couverture de son numéro du 2 juillet 2007 (ci-contre), l’hebdomadaire « CB News » titrait : « Bilan Cannes : Pourquoi la France fait tache ». Revenant sur le bilan français lors du Festival de Cannes de la Pub 2007 (seulement deux films récompensés), l’édito osait même le titre suivant : « Le lancinant mal français ». Quelques extraits de cet édito : « Une véritable débâcle… Créatifs et responsables d’agences sont rentrés la tête basse. Profil bas. Un peu honteux. Et humiliés… Peut-être faudrait-il que nos créatifs s’expatrient deux ou trois ans…»

- Un an plus tard, le magazine « Stratégies » n’est pas en reste, et enfonce le clou dans son édition du 9 octobre 2008 avec le titre : « Manque d’audace des annonceurs, manque de talent des agences, manque de moyens des deux côtés ? Le niveau créatif des spots à la télévision est plutôt faible. »13

A la question : « Pourquoi la publicité à la télévision est-elle aussi mauvaise ? », le magazine « Stratégies » avance notamment l’hypothèse suivante : « le manque de talent ou de folie des créatifs, combiné à l’absence de courage des annonceurs, soucieux de ne déplaire à personne et qui, in fine, ne plaisent à personne. »

Voilà des tableaux bien sombres de l’état de la création publicitaire en France. Pourtant un constat est évident en 2008 : les choses changent et avancent mais trop lentement, du fait de blocages. Des prises de position se font de plus en plus nombreuses pour accélérer une meilleure prise en considération de la diversité culturelle dans le secteur de la publicité d’une part, et pour un sursaut créatif d’autre part.

Quelques exemples :

Ö Dans « La Publicité Autrement »14, Jean-Marie Dru, Président de TBWA (Groupe Omnicom, et l’un des plus grands réseaux mondiaux d’agences de publicité), écrivait en 2007 : « Je souhaite que TBWA devienne l’une des entreprises les plus métissées, le lieu de tous les brassages. C’est une des conditions pour faire de notre réseau ce qui arrive de plus intéressant dans ce métier. » Le 17 décembre 2007, le magazine américain « Adweek » titre : « John Wren, CEO du Groupe Omnicom15 annonce la création d’un « Comité de la Diversité », doté d’un budget de 1,25 millions de $. La mission de ce comité est de favoriser une plus grande diversité ethnique au sein des effectifs des agences de publicité du groupe Omnicom. ». Le 29 mai 2008, Carlos Ghosn (CEO de Renault-Nissan) et Jean-Marie Dru (Président de TBWA, Groupe Omnicom) participent côte à côte à la « Journée de la Diversité » organisée par

13 Stratégies n°1516 du 09/10/08 - page 36 : « Les spots cherchent un nouveau souffle » 14 « La Publicité Autrement » - Gallimard – janvier 2007 15 Le Groupe Omnicom comprend les agences suivantes (entre autres) : BBDO, DDB, OMD, TBWA, etc. 64 Sciences Po à Paris. Résultat direct de la synergie commune de ces deux groupes en faveur de la diversité : le 4 novembre 2008, le constructeur automobile Renault-Nissan décide d’attribuer son budget media européen, d’un montant de 800 millions €, au réseau OMD (Omnicom), au détriment de Carat (Aegis Media). Au final, sur un plan purement financier, le retour sur investissement d’Omnicom s’avère plus qu’appréciable.

Ö Dans son blog16, Philippe Lentschener, Président de Publicis France17, écrit en mai 2006, à propos d’un article du magazine « Stratégies » : « Le magazine « Stratégies » a traité d’un sujet intéressant, celui du racisme dans la publicité ou d’une façon moins provocante, de la représentation des minorités (…) Tout ce qui est dit est juste sur la non- représentation des minorités. Tout est dit sur le fait qu’un Noir ne vante qu’un dessert au chocolat ou une Asiatique qu’une sensualité au Calendula (…) Depuis vingt ans, je suis le témoin de tant de tentatives pour mettre des noirs, des jaunes, des arabes, des asiatiques, des tout ce que vous voulez dans des pubs. Je suis le témoin de toutes ces tentatives pour avoir des visuels qui ont de la personnalité et ne sont pas la trilogie Ferrero, Kinder, Kirche, Küche. Et depuis vingt ans, bien des annonceurs nous disent « non, c’est trop tôt, on ne peut choquer notre public (…) » »

Ö Enfin, voici l’extrait d’une tribune de Frédéric Beigbeder (ex-publicitaire, animateur, écrivain, …), publiée en décembre 2000 dans l’hebdomadaire « Stratégies »18, en réponse à la polémique qui faisait rage à cette époque autour de son roman satirique « 99 F », qui épingle les travers de la publicité. Un texte prémonitoire qui nous permet de mesurer le chemin considérable déjà parcouru en huit ans, et ce qu’il reste à parcourir :

« …J’ai la certitude que la publicité va crever si elle continue de travailler comme elle le fait. (…) J’ai écrit « 99 F » pour déclarer la guerre aux annonceurs frileux et dictatoriaux, aux réunions minables et interminables, aux tests absurdes et méprisants, aux commerciaux peureux et humiliés. Bien entendu, il existe des gens qui se battent et font de bonnes choses dans ce métier, mais ils constituent l’exception courageuse qui confirme la règle de lâcheté vénale généralisée. (…) Je suis tout de même fier d’avoir révélé au grand jour comment la publicité est en train de détruire la planète en toute irresponsabilité ; je pense pourtant qu’il n’est peut-être pas trop tard pour structurer le métier autrement, pour créer de nouvelles lois contre le racisme et le sexisme, pour contraindre les annonceurs à davantage d’éthique et de respect, pour restaurer la confiance des clients dans les créatifs, pour réorganiser les lobbies de consommateurs et réformer le BVP. »

En 2000, dans son roman, Frédéric Beigbeder stigmatisait une multinationale fictive, aux pratiques « discriminatoires » : Madone. Derrière ce nom se cachait évidemment… Danone. Huit années ont passé, et nous apprenons que le 16 octobre 2008 Franck Riboud, Président de Danone, est venu présenter son groupe aux étudiants de l’Université de… Villetaneuse ! Voici quelques extraits du discours qu’a tenu Franck Riboud devant ces étudiants du 9-3 : «Je souhaite que les entreprises en finissent avec le modèle de reproduction des élites. A condition d’avoir l’envie, vous avez votre place chez nous et pas moins de talent que les étudiants des grandes écoles de commerce. » Franck Riboud a ensuite envoyé un message à l’attention de ses collaborateurs en charge du recrutement : « Venir ici va faire du bruit en interne. Toute la hiérarchie de

16 http://lentschener.blogs.com/mon_blog_philippe_lentsch/2006/05/sur_la_publicit.html - Philippe Lentschener est l’auteur, entre autres, de « La Nouvelle Renaissance » - Editions Le Cherche Midi - 2004 17 Publicis France comprend les agences Publicis Conseil, Publicis Dialog, Publicis Constellation (ex-Régions), Publicis Et Nous, Publicis Net et Loeb & Associés. 18 « Stratégies » N°1172 du 19/12/2000 65 Danone va se dire qu’il faut dorénavant recruter plus dans la diversité, commencer par prendre des étudiants de partout… »19. Un discours digne du Président Obama. Les temps changent aussi chez Danone.

Il existe donc des raisons d’être optimiste. Qu’on en juge également par les récentes campagnes publicitaires des opérateurs de téléphonie mobile : elles concilient efficacité, créativité et innovation avec une représentation objective d’une France métissée qui, peu à peu, et difficilement, trouve sa place dans la production publicitaire. En voici des exemples :

4) CONCILIER EFFICACITE, CREATIVITE, INNOVATION ET DIVERSITE. L’EXEMPLE DES OPERATEURS DE TELEPHONIE MOBILE (SFR, BOUYGUES TELECOM & ORANGE) :

Pragmatique, le secteur des télécoms a fortement évolué en matière d'acquisition de nouveaux clients et accorde une importance croissante à son territoire de communication. Résultat pour SFR, Bouygues Telecom et Orange : leur communication fonctionne particulièrement bien sur les « Nouvelles Générations Urbaines », publics jeunes et très impliqués par la téléphonie mobile.

Ö SFR : Campagnes « Neuf Box SFR » et « Le Pacte SFR » :

Campagne « Neuf Box SFR » Campagne « Le Pacte SFR » en TV depuis le 12/10/08 en TV depuis le 05/10/08

SFR marque cette rentrée 2008 avec 2 campagnes publicitaires peu communes (voir ci- dessus). En effet, toutes deux ont choisi des représentants des « minorités visibles » comme personnages centraux. Le spot « Le Pacte SFR » se termine d’ailleurs par une vue panoramique incluant la Place Stalingrad et le boulevard de La Chapelle, symboles parisiens de la diversité culturelle, où un métro aérien nous invite à le suivre !

Cependant, rien de surprenant à cela : ces campagnes SFR sont signées par l’agence Leg20 dont le Président et Directeur de la création, Gabriel Gaultier, tenait un discours lucide et instructif, en 2005, dans les colonnes de l’hebdomadaire « Stratégies »21. Quelques extraits de cette interview : - Stratégies : « La formation des créatifs est-elle à la hauteur en France ? » - Gabriel Gaultier : « La réponse réside essentiellement dans la politique des agences. Avant, c’était facile de mettre un pied dans une boîte, d’avoir un stage rémunéré.

19 Stratégies n°1519 du 30/10/2008 20 L’agence Leg a obtenu 5 récompenses dont le Grand Prix au « Gand Prix 2008 de la publicité, internet et des stratégies médias » du magazine « Stratégies » 21 « Stratégies » n° 1383 du 29/09/05 66 Aujourd’hui, qui peut tenir un an sans revenus ? Du coup, cela élimine plein de gens qui n’ont pas la chance d’avoir des parents friqués derrière eux. Et c’est dommage parce qu’ils sont plus le reflet de notre époque, ils ont plus envie aussi (…) Profitons de notre rapprochement avec l’AACC22 pour encourager les agences dans une politique hardie de recrutement. » - Stratégies : « Les créatifs français ne sont-ils pas trop franco-français ? Voyagent-ils assez ? » - Gabriel Gaultier : « (…) Voyager, pourquoi pas, mais déjà aller voir ce qui se passe au-delà du périph’, ce n’est pas mal (…) Je trouve qu’on ne tente pas assez de choses dans les agences. Finalement, la publicité est un milieu très conservateur. »

Ö Bouygues Télécom : campagne « Le Répertoire de Mathieu » :

Lancée le 19/09/07 cette campagne, conçue par l’agence DDB Paris, était destinée à insuffler une dimension humaine à la communication de Bouygues Telecom. Elle met en scène une plaine réunissant deux cents figurants supposés

matérialiser les contacts du répertoire d’un dénommé Mathieu.

Voici ce que Jean-Michel Stassart, Directeur Publicité et Média de Bouygues Telecom, répondant à la question « Est-ce qu’une marque à intérêt à intégrer la diversité dans sa communication ? », déclare à propos de ce spot de publicité23 :

« Moi, ça fait vingt ans que je mets des Noirs dans mes publicités. Je l’ai fait pour « Maisons Bouygues » en 1987, et l’emblème de Bouygues Telecom était une personne Noire pendant deux ans. Actuellement, le film « Neo » qui est à l’antenne, si vous le regardez bien, vous avez une galerie de portraits d’une dizaine de personnages : il y a deux Noirs dedans. Premièrement, ça ne pénalise pas : les scores d’impact, de reconnaissance, d’attribution que j’ai vus sur ces films ont été les meilleurs. Il y avait aussi du print, et de la PLV en magasins. Deuxièmement, à chaque fois, la force de vente, qui pouvait un peu « tiquer », est venue me voir en disant : « Ben dis donc, on a des Noirs qui rentrent dans le magasin et qui disent : « Parce que vous mettez des Noirs dans votre pub, je viens acheter chez vous ! » ». Donc premièrement ça ne pénalise pas, au contraire je pense que ça dope l’impact de ces publicités. Et deuxièmement, ça a des retombées commerciales directes. »

22 AACC : Association des Agences Conseils en Communication 23 Conférence Carat-AEGIS Media du 11/03/08 portant sur le thème : « La communication en France intègre-t-elle bien la diversité ? » 67 Ö Orange : campagne « Plus loin ensemble / Together we can do more » : Lancée le 05/07/08 en Angleterre, puis dans le reste du monde, cette campagne « repose sur une observation majeure : nous entrons dans un modèle qui repousse les frontières entre les individus, les cultures, les nationalités, et où chacun repense son rôle dans la société. » Elle exprime l’idée que « nous sommes et serons ce que les autres nous aident à devenir et à accomplir dans la vie. » Créée par le Groupe Publicis, cette campagne se décline en TV, radio, presse, web et affichage.

Autres exemples :

Nescafé Dolce Gusto BNP Paribas Coca-Cola

Lancée le 03/12/07, sur « Campagne Prélib’ », En 2008, Coca-Cola intègre la le net exclusivement, portée par le duo diversité dans ses publicités en cette campagne donne d’humoristes Eric et Ramzy France. Signalons qu’aux Etats- carte blanche à Jamel et destinée aux étudiants. Unis les deux groupes les plus qui donne dans L'illustration de cette emblématiques de l’« american l’improvisation (ci-dessus campagne fait référence au way of life » ont nommé des PDG une parodie de George film "Dans la peau de John issus des minorités à leur tête : Clooney). Une série de 6 Malkovitch". Date Muhtar Kent pour Coca-Cola épisodes imaginée, d'affichage : 09/06/08 au (depuis le 1er juillet 2008) et Indra produite et développée 14/07/08. Nooyi pour Pepsi-Cola24 (depuis le par Publicis Net. 14 août 2006). Et en France ? A quand un patron du CAC 40 ou d’un grand média issu des minorités ?

24 PepsiCo emploie plus de 60.000 personnes en Inde, et va investir 345 millions € dans ce pays dans les trois prochaines années. Indra Nooyi est d’origine indienne. 68 Last but not least : dans notre rapport 2007, nous avions dénoncé le fait que la publicité « persiste à exclure de toute représentation les enfants issus des minorités visibles ». Or, en 2008, après avoir organisé en France un « Grand casting / jeu concours »25 destiné aux enfants âgés de 3 à 10 ans, la marque Kinder a intégré la diversité dans sa communication, à la fois dans ses nouvelles campagnes publicitaires TV et sur ses packagings (voir ci-contre). Kinder n’oublie pas pour autant les adultes : la campagne « Providence » pour Kinder Kinder Bueno, mettant en scène le footballeur Visuels des quatre packagings ème Didier Drogba, a été classée 2 au sélectionnés pour être distribués en « Palmarès 2008 des publicités préférées 26 France en 2009 des Français » , derrière la saga « What Else? » de Nespresso avec George Clooney.

5) PUBLICITES « CORPORATE » ET DIVERSITE : De nombreux groupes français ont lancé en 2008 des campagnes institutionnelles, dites « corporate », valorisant les principes d’ « Egalité des Chances » et de « Diversité » (voir les exemples ci-dessous). Mais qu’y a-t-il dans ces campagnes publicitaires : de simples bons sentiments visant à se donner bonne conscience ou bien un engagement réel de lutter contre toutes les discriminations ? S’agit-il d’anticiper d’éventuelles reproches de discrimination ?

ACCOR PSA PEUGEOT CITROËN TOTAL « Votre sourire a de l’avenir » « De nos différences naît « Le monde entier est présent notre différence » chez Total »

25 www.30anskinderchocolat.fr / Casting - Jeu concours organisé du 01/01/08 au 27/07/08 26 Palmarès Ipsos TV 2008 69 Comme en témoigne la « mésaventure » survenue en 2008 au groupe ACCOR (visuel ci- dessus), ce genre de publicité peut être à « double tranchant ». Le sociologue Michel Wieviorka relate ainsi les faits dans son « Rapport à la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche » portant sur la Diversité27 : La Halde a lancé en 2008 une importante étude, un « testing » qu’elle a qualifié de « géant » et qui a porté sur des grandes entreprises à qui ont été adressées des centaines de paires de CV en réponse à leurs offres d’emploi. Chaque couple était identique s’il s’agit des compétences, la différence étant dans le patronyme (à l’évidence bien français, ou au contraire évoquant une origine étrangère) ou dans l’âge. Résultat : trois entreprises ont été mises en cause par la Halde, dont ACCOR pour discrimination envers les candidats d’origine maghrébine ou d’Afrique subsaharienne. Le coup en termes d’image est rude.

Certains groupes, par contre, ne se contentent pas d’un simple visuel « profession de foi », et mènent des campagnes de communication de grande ampleur en faveur de l’ « Egalité des chances ». C’est le cas des groupes Bouygues et Vivendi :

Ö Le 3 novembre 2008 le groupe Bouygues a lancé sa première campagne « corporate ». Conçue par l’agence Saatchi & Saatchi et baptisée « Construire l’avenir, c’est notre plus belle aventure » cette campagne met en valeur les actions de l’entreprise en matière de développement durable et notamment de diversité culturelle. Campagne TF1 intitulée : “Et si la télé se mobilisait ?”

Le site internet dédié à cette campagne28 précise notamment que TF1 consacre 20 millions d'euros chaque année pour soutenir des associations caritatives, et a créé une Fondation favorisant l'emploi des jeunes de banlieue (dont nous parlons plus haut). Signalons d’autre part la retransmission par TF1 du « Concert des Enfoirés » (au profit des Restos du Cœur) et du « Concert pour la Tolérance ».

Ö Le groupe Vivendi, un leader mondial de l’industrie du divertissement numérique mène également des actions concrètes en faveur de « l’Egalité des Chances » à travers ses campagnes de communication. En 2008, le groupe Vivendi a lancé le programme « Create Joy »29 destiné à favoriser l’épanouissement de jeunes en difficulté grâce à l’initiation aux métiers du groupe et au soutien aux jeunes talents. Le programme « Create Joy » soutient des projets portés « Create Joy » par des associations et des ONG. Programme de solidarité de Vivendi

27 Michel Wievorka : « Rapport à la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sur la Diversité » - Editions Robert Laffont - 2008 28 www.construirenotreavenir.com 29 www.vivendi.com/vivendi/Notre-programme-de-solidarite 70 De même, dans le « Rapport Développement Durable 2007/2008 » du groupe, on peut lire : « En 2007, la Direction du développement durable a créé un « réseau des compétences de la diversité » qui a pour objectifs de mutualiser les bonnes pratiques du groupe en matière de diversité, échanger sur les difficultés rencontrées, identifier les cabinets de recrutement ou de management aptes à rechercher les compétences et les hauts potentiels parmi les personnes issues de la diversité. »

Pour les groupes Bouygues et Vivendi (et d’autres), compte tenu de l’ampleur de ces nouveaux programmes et des moyens développés, il ne peut s’agir seulement d’un « coup médiatique ». Leur volonté de lutter contre les discriminations dans les carrières des médias et de l’audiovisuel mérite d’être encouragée, accompagnée et soutenue. L’objectif clairement affiché est de prouver une évidence : les équipes diversifiées sont plus performantes.

6) « DERAPAGES » EN 2007/2008 :

Ö Radio Nova et « Le Blues » : « Le Blues » fait partie des 8 spots publicitaires réalisés par l’agence de communication Young & Rubicam pour le compte de Radio Nova. Ce spot publicitaire met en scène un esclave noir fouetté par son "maître" blanc. Le spot se termine par le slogan: « Une chose est sûre, ce sont bel et bien les Blancs qui sont à l’origine du blues ». La polémique a pris une telle ampleur, et les réactions du public ont été si hostiles face à ce spot, que Radio Nova a décidé de retirer ce film de sa campagne publicitaire, et a publié le message suivant à l’intention de ses Radio Nova auditeurs : Spot « Le Blues »

« Un de ces films, intitulé « Le Blues » pose visiblement un grave problème à certains d’entre vous qui nous ont dit : “on ne peut plus voir ces images, même pour la “bonne cause”. Pour ne pas heurter nos amis et ne pas ajouter à ces souffrances, nous avons décidé de retirer ce film. Avec nos excuses, et avec la volonté de poursuivre le nécessaire travail de mémoire, nous qui luttons depuis toujours pour cela. »

Ö La banque LCL et ses « étudiants » : A une toute autre échelle, et sur un mode bien mineur, citons la campagne publicitaire intitulée « Rentrée étudiante », diffusée en TV du 31/08/08 au 20/09/08. Un banquier s’adresse à de jeunes étudiants, afin de leur proposer divers produits et services financiers : assurance, avance rentrée, carte de paiement... Etrangement, aucun représentant de la « diversité » ne figure parmi ce groupe d’étudiants. La « diversité ethnique » est pourtant très présente sur les campus français… LCL « Rentré étudiante »

71 7) A L’ETRANGER : Citons trois polémiques, portant sur le thème « Publicité / Médias / Diversité », qui ont défrayé la chronique en 2007/2008 hors de nos frontières :

- Août 2007 / Etats-Unis : Sous la pression des internautes, la marque de micro-processeur Intel a été contrainte de retirer les affiches de sa nouvelle publicité (visuel ci-contre). Le visuel montrait six sprinters noirs dans leur starting-block, accroupis en position de départ. Au milieu : un homme blanc, qui semble être le patron, pose fièrement. Le but : mettre en valeur la vitesse et la puissance des microprocesseurs Intel. Le problème est que les six athlètes accroupis sont noirs et que la manager est blanc. Accusé de faire du « racisme subliminal », le directeur marketing d'Intel a reconnu le "caractère insultant" de l'affiche et a déclaré : « Nous avons fait une grave erreur. Je sais pourquoi et comment. Mais cela ne nous excuse pas pour autant »30.

- 08 août 2008 / Etats-Unis : plusieurs journaux américains relèvent que la chanteuse Beyonce a été “blanchie” sur la dernière campagne publicitaire à laquelle elle a participé, aux Etats-Unis, pour la marque de cosmétiques L’Oréal (voir photos « comparatives » ci-contre). La marque a démenti.

- Juillet 2008 / Italie : « Vogue Italie » a réalisé en juillet 2008 un numéro « 100 % black ». Le but de l’opération consistait à dénoncer et mettre fin à une idée préconçue, selon laquelle un mannequin noir sur une publicité ou en couverture d’un magazine ferait moins vendre. Au final ce numéro, rapidement en rupture de stock, a obtenu un succès sans précédent. Aux Etats-Unis, il a été déclaré « numéro le plus recherché de Vogue « A Black Issue » Visuel Presse « YSL » tous les temps ». Juillet 2008 2008

30 http://www.intel.com/news/sprintad.htm?iid=homepage+news_sprintad 72 Il est notable que les premiers responsables de l’absence de mannequins représentant la diversité dans les publicités et les défilés sont les maisons de mode : elles ont dévolu le casting des mannequins à des agences spécialisées qui ne prennent aucun risque et suivent le courant. Résultat, ces agences proposent des tops models qui se ressemblent toutes, des blondes aux yeux bleus. En France, il y a deux ans, l’agence Elite a beaucoup communiqué sur les castings qu’elle organisait dans nos banlieues. Où sont donc passées les lauréates ? Selon l’agence Elite : « Nous avons beaucoup cherché mais, hélas, aucune Rebeu ou Black n’avait les mensurations requises pour devenir mannequin. »…

Mais c’est également une question de marketing : les créateurs de mode doivent juger que le recours à des mannequins « diversité » est trop « segmentant », et que le pouvoir d’achat des femmes de couleur n’est pas suffisant pour en faire des clientes. Grossière erreur : pour preuve, la campagne publicitaire actuelle « Yves Saint Laurent » avec Naomi Campbell (visuel ci-dessus), relayée par la distribution gratuite d’un flyer géant tiré à 500 000 exemplaires, est un énorme succès.

CONCLUSION :

En conclusion, voici un extrait d’un échange, orchestré par la magazine « Stratégies »31, entre deux générations de « Fils de pub » : Jacques Séguéla (Havas) et Farid Mokart (FFL) :

Stratégies : « Dans son livre No Logo, Naomi Klein se livre à une attaque en règle contre le pouvoir manipulateur des marques. Qu'en pensez-vous ? »

Jacques Séguéla : « La publicité manipule, évidemment ! Tout le monde manipule, vous avec vos questions, nous avec nos réponses... Cela n'empêche pas d'instaurer un échange, cela n'empêche pas la société de consommation d'avancer. »

Farid Mokart : « Ce n'est pas à la publicité de lutter contre le « côté obscur » des entreprises. Nous sommes juste là pour fabriquer des messages simples et efficaces sur leurs marques et leurs produits. Toutes les entreprises ont quelque chose à se reprocher, les agences de publicité comme les autres. Si on ouvre ce type de débat, il faut aller jusqu'au bout. S'intéresser aux entreprises qui financent ou ont financé le Front National, aux marques qui ne veulent pas de Blacks dans leurs spots. Certaines d'entre elles sont des clientes des agences d'Havas Advertising... »

Jacques Séguéla : « Vous avez raison. J'ai imposé des Noirs à des marques qui n'en voulaient pas, en discutant avec leurs responsables. Est-ce que je vais virer une marque parce qu'elle me refuse un Black ? Non. Je ne vais pas ruiner mon entreprise et licencier des gens pour cela... Les marques racistes en France, cela n'existe plus. C'était vrai il y a une vingtaine d'années. Je me souviens d'une publicité Citroën avec Grace Jones qui a été interdite aux Pays-Bas ! »

Farid Mokart : « Cela nous est déjà arrivé de devoir nous battre pour imposer des personnages noirs dans une publicité. Ce n'était pas un débat racial ou un problème de quota, mais un problème de cohérence par rapport à la cible. Sur ce sujet, notre approche est, encore une fois, technicienne. Si la cible est pluriethnique, nous nous adapterons. Là encore, nous sommes pragmatiques. »

31 « Stratégies » n°1212 du 09/11/2001 73

PROSPECTIVE : LA TELEVISION MOBILE PERSONNELLE

Courant 2009, en France, seize chaînes pourront être visionnées sur les téléphones portables, ou les baladeurs vidéo. Il s’agit de :

ƒ Treize chaînes retenues par le CSA, dans le cadre de la Télévision Mobile Personnelle (TMP) : TF1, M6, Canal +, Eurosport, BFM TV, Direct 8, W9, NT1, Virgin 17, Orange Sport TV, EuropaCorp TV, i>Télé et NRJ 12. ƒ Auxquelles viendront s’ajouter trois canaux préemptés par le service public : France 2, France 3 et Arte.

Le CSA avait reçu 35 dossiers de candidature. Il a retenu les 13 chaînes citées à l’issue d’auditions qui se sont tenues en avril 2008.

L’une des propriétés majeures de la TMP est de représenter la convergence par excellence : ƒ elle offre un complément d’audience pour les chaînes, ƒ elle représente une opportunité de marché pour les opérateurs télécoms et les industriels, ƒ elle crée une ouverture pour les publicitaires.

Jamais aucun média n’avait autant fait converger les intérêts des différents acteurs média et télécom. Ces acteurs sont positionnés à des niveaux différents sur la chaîne de valeur et un modèle économique collaboratif se dessine progressivement.

Une question se pose : « La diversité sera-t-elle prise en considération dans la programmation des chaînes de la TMP ? »

Voici les principaux éléments de réponse, apportés notamment par Monsieur Michel Boyon, Président du CSA, lors de la conférence de presse du 12 novembre 2008.

ƒ Dans la quasi-totalité des cas (11 chaînes sur 13, ou 14 sur 16 si on inclut les chaînes publiques) nous assisterons, dans un premier temps en tout cas, à la reproduction de la « chaîne mère ». Il y a cependant deux cas nouveaux dont EuropaCorp de Luc Besson.

ƒ Dans le cas de la société EuropaCorp (qui ne dispose pas encore de chaîne), Luc Besson a mis l’accent sur la question de la diversité lors de son audition devant le CSA, le 14 avril 2008, en déclarant notamment : « Nous recevons environ 1.200 scénarios par an : des programmes différents, des idées différentes de séries et de personnages récurrents. Nous en recevons beaucoup et principalement de province et de banlieue. On a envie d’organiser cette masse énorme de talents. On veut avoir cette ouverture d’esprit, car elle nous manque cruellement dans l’ensemble des médias. »

ƒ Pour les autres chaînes : il est prévu la reproduction du programme originel. Les chaînes dupliqueront sur mobile les grilles existantes.

ƒ Selon Monsieur Michel Boyon : « Toutes les chaînes de la TMP, au bout d’un moment, vont avoir envie d’adapter une partie au moins de leurs programmes à ce qu’est la

74 consommation de télévision sur mobile. (…). A partir du moment où il y aura des programmes distincts, il est évident qu’on peut prendre en compte spécifiquement cette dimension diversité. Sachant que pour le reste, elle est prise en compte au titre de l’action globale sur les chaînes principales (sur les chaînes mères). »

Nous nous félicitons de cette prise de position, et nous sommes heureux de constater les engagements forts et sincères du Président du CSA en faveur de la représentation de la diversité culturelle dans les programmes de télévision, et notamment des futurs programmes de la TMP.

Le développement de la TMP en France, et son ouverture à la diversité culturelle et aux « nouvelles générations urbaines », représenteront des challenges excitants à relever en 2009.

En effet, comme l’écrit Eric Besson32 dans le Rapport « France Numérique 2012 : Plan de Développement de l’Economie Numérique », présenté le 20 octobre 2008 au Palais de l’Elysée : « …la télévision mobile personnelle serait, à l’instar de la TNT, appelée à connaître un large succès populaire. Elle représente une évolution majeure des modes de consommation télévisuels, de la même façon que le transistor a littéralement transformé notre façon de consommer la radio. La dynamique mondiale de la TMP se met en place et il est important pour la France d’en bénéficier. Derrière les pays pionniers (Corée, Japon), les marchés de la TMP tendent à se multiplier, notamment en Europe : après l’Italie qui vient de passer le millionième mobispectateur, l’Autriche et la Suisse ont profité de l’Euro 2008 pour lancer leur réseau DVBH. Il convient en outre de souligner l’importance du développement de ces nouveaux services audiovisuels, qui représente une frontière technologique stimulante pour les acteurs du secteur de la télévision. Il doit notamment permettre de renforcer la place de la France sur les marchés internationaux des équipements notamment professionnels (valorisation des industries françaises) et des contenus audiovisuels. Les enjeux sont ainsi tant industriels que culturels et tout retard dans ce domaine risquerait de pénaliser la France. » 33

32 Secrétaire d’État chargé de la Prospective, de l’Évaluation des politiques publiques et du Développement de l’économie numérique 33 Page 25 du rapport. Informations complémentaires : www.francenumérique2012.fr 75

PRECONISATIONS

Tous les observateurs, le Club Averroes, le CSA, les professionnels des médias arrivent au même constat : la représentation de la diversité dans les médias n’a pas franchement évolué ces dix dernières années, malgré les promesses et les engagements.

La stratégie d’achats massive de programmes américains qui prennent en compte la diversité des populations à un temps fait croire à ce début de normalisation. Mais l’enjeu premier pour le club Averroes comme pour les diffuseurs consiste à ce que les médias reflètent la diversité des composantes françaises.

Une récente enquête quantitative du CSA sur 10 ans de politique de diversité sur les grandes chaînes hertziennes a mis en lumière cette insuffisance. Cependant, l’étude du CSA aussi « généreuse » soit-elle n’apporte rien que l’on ne sache déjà. Pire, elle élude l’essentiel : la représentation qualitative. Quel est l’intérêt de comptabiliser de la même manière un professionnel ou une personne noire, arabe ou asiatique qui passe 3 secondes à l’écran et un professionnel blanc qui présente 1 heure d’émission ? Quel élément tirer du comptage de 10 comédiens noirs qui jouent exclusivement dans des rôles anxiogènes ? Ce que retient le Club Averroes de cette enquête, c’est le « coup de gueule » de M. Michel Boyon, Président du CSA à l’encontre des diffuseurs.

Lorsque cette sous représentation de la diversité existe, elle est particulièrement associée à des thématiques clichés et anxiogènes, contribuant ainsi à durcir les tensions au sein de la population française.

A travers cette étude annuelle sur l’état des lieux de la diversité dans les médias français, nous avons mis en lumière les limites de l’autorégulation des diffuseurs, de la réglementation actuelle et de son application. La diffusion, l’année précédente, de l’audit France Télévisions sur la réalité de ces discriminations pratiquées en son sein n’a eu aucun effet. L’autorégulation n’ayant aucune incidence, il est nécessaire de trouver d’autres moyens qui permettront de « passer à la vitesse supérieure ».

Le Club Averroès rappelle qu’il est disponible pour participer à la définition et à la mise en œuvre d’une action concertée dans le but de promouvoir toute forme de diversité dans les médias français.

La problématique de la diversité n’ayant pas progressé en 2008, les préconisations de l’année dernière restent toujours valables, et sont agrémentées de nouvelles préconisations, concernant notamment la fiction, le doublage, ou encore le cadre juridique.

Le Club Averroès réclame la création d'un groupe de travail autour du CSA réunissant les représentants de l'industrie des médias, des juristes, des associations professionnelles, des écoles de journalisme, de La Halde et de personnes qualifiées pour examiner la représentation de la diversité, trouver les moyens de la promouvoir et lutter contre les discriminations.

Son rôle sera d’élaborer une stratégie visant à produire des données et des outils de références qualitatifs sur la diversité et d’identifier des pratiques exemplaires afin de les diffuser. Ce groupe de travail aura à mesurer l'efficacité des politiques mises en œuvre pour lutter contre les pratiques discriminatoires. 76 Le Club préconise de donner une compétence légale renforcée au CSA, à propos des contenus à l’antenne, et à la Halde, concernant les ressources humaines dans les entreprises audiovisuelles.

S'agissant de France Télévisions, un amendement au projet de loi sur l’audiovisuel public introduit pour la première fois cette obligation de diversité. Il faut que cet amendement s’applique également à tous les diffuseurs publics (radios et chaînes parlementaires) et privés.

Nous renouvelons notre demande auprès du CSA, afin qu’il tienne compte de l'engagement des diffuseurs en matière de diversité, dans les futurs appels à candidature, par exemple pour la radio numérique, la télévision en haute définition et la télévision sur mobile.

En matière d’emploi dans l’industrie des médias, nous sommes favorables à des procédures d'embauche favorisant l'égalité de traitement, avec obligation d’information et de transparence dans le recrutement. Chaque diffuseur aura l’obligation, une fois par an, d’être audité par un cabinet indépendant en Ressources Humaines qui adressera son rapport au CSA ainsi qu’à la Halde.

Les diffuseurs ont souvent prétexté une absence de CV de professionnels de la diversité pour justifier de leur non recrutement. Le Club Averroes va mettre en place pour 2009 une cv-thèque actualisée et consultable par les professionnels. Il y ajoutera une liste de projets par catégorie : animation, documentaire, fiction, divertissement, édition, casting…

Nous réclamons toujours à Médiamétrie ainsi qu’à tous les instituts de sondages de mettre en place des mécanismes qui garantissent la représentation des minorités dans les échantillonnages.

Il faut imposer une présentation type des organigrammes de direction des différentes sociétés des diffuseurs intégrant les informations suivantes, et consultables sur leur site Internet : ƒ photos ƒ nom, prénom ƒ titre ƒ lien hiérarchique

Il faut inscrire dans le contrat de mandature des Présidents de chaînes de radio ou de télévision l’obligation de promouvoir la diversité à l’antenne et dans les carrières.

Il faut prévoir des sanctions à l’encontre des diffuseurs en cas de condamnation pour discriminations.

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LES ANNEXES

1. Les Textes juridiques

2. Amendement Diversité au projet de loi sur l’audiovisuel public, sur l’action du CSA et de la Halde en matière de diversité

3. Y a-t-il eu une volonté de « purification ethnique » au service des sports de France 2 ?

4. Doublage et Diversité : l’enquête d’Anne Jacqueline et Yasmine Modestine

5. « Câble, satellite, TNT : l’autre grande famille de la télé »

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1. Les Textes juridiques :

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2. Amendement Diversité au projet de loi sur l’audiovisuel public, sur l’action du CSA et de la Halde en matière de diversité :

N° ASSEMBLÉE NATIONALE

2008

PROJET DE LOI RELATIF A LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE ET AU NOUVEAU SERVICE PUBLIC DE LA TELEVISION (n° 1209)

Commission

Gouvernement

AMENDEMENT

présenté par M. Frédéric LEFEBVRE Député

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ARTICLE ADDITIONNEL

Avant l'article 15, insérer l'article suivant :

« France Télévisions, pour assurer une pleine égalité dans l'accès à ses effectifs des hommes et des femmes subissant des désavantages liés à leur race ou à leur origine ethnique et une plus juste représentation de la diversité des programmes, met en place une action positive, conformément à l'article 5 de la directive 2000/43/CE du Conseil de l'Union Européenne.

Un compte rendu annuel permet d'évaluer l'efficacité des mesures adoptées en application de l'alinéa précédent. »

EXPOSÉ SOMMAIRE

La programmation audiovisuelle de France Télévisions, entité de service public, doit être un modèle de diversité et de pluralisme culturel. Pour ce faire, la diversité ethnique, raciale et culturelle de la France doit apparaître tant dans ses programmes que dans ses effectifs. France

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Télévisions a déjà mis en place en 2004 un vaste plan d'intégration en faveur des hommes et des femmes d'origines raciales, ethniques et culturelles différentes. Depuis quatre ans, ce plan tend a favoriser leur égal accès aux emplois, mais aussi leur représentation dans les programmes audiovisuels. L'effectivité de cette représentation est réalisée grâce à une plus large mixité culturelle dans le public des plateaux télévisés, parmi les invités et les animateurs des émissions audiovisuelles et dans les thématiques des programmes diffusés.

Ce plan a été adopté sur le fondement de l'article 5 de la Directive 2000/43/CE du Conseil de l'Union européenne du 29 juin 2000 qui instaure le principe de l' « Action positive » et dispose que « Pour assurer la pleine égalité dans la pratique, le principe de l'égalité de traitement n'empêche pas un Etat membre de maintenir ou d'adopter des mesures spécifiques destinées à prévenir ou à compenser des désavantages liés à la race ou à l'origine ethnique ». Aujourd'hui, il est nécessaire d'inscrire cette démarche dans la loi afin d'assurer la diversité culturelle de notre programmation audiovisuelle mais aussi de favoriser par ce vecteur l'intégration des citoyens d'origine raciale ou ethnique différente à la société française.

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3. Y a-t-il eu une volonté de purification ethnique au service des sports de France 2 ?

LISTE DES EVICTIONS A LA DIRECTION DES SPORTS DE FRANCE TELEVISIONS EN 2005 ET 2006 :

ƒ Malik BOUKETIR : Directeur de production et de l’administration - sortie en mars 2005.

ƒ Raouf CHAÏBI : Directeur de production et de l’administration - sortie en mars 2005.

Cas d’autres collaborateurs issus de la diversité :

ƒ un collaborateur travaillant depuis plusieurs années à France Télévisions comme chargé de production intermittent. Après différentes missions réussies aux sports, son recrutement en CDI a été proposé en commission paritaire de septembre 2004 (direction des sports, DRH, syndicats). Cet excellent professionnel a été écarté des sports après l’éviction de Malik et Raouf.

ƒ un collaborateur en contrat de qualification : Malik Bouketir avait accepté de le prendre en contrat de qualification au service gestion des sports en mars 2005. Malik parti, 1 semaine avant le début de sa formation, il a été informé que les sports ne souhaitaient pas le garder. Cela a engendré de graves soucis dans ses études puis dans le renouvellement de ses papiers. Il a été obligé de repartir dans son pays d’origine.

ƒ un collaborateur rattaché à la direction technique : il gérait l’ingénierie technique des jeux olympiques depuis 1992 avec un succès unanimement reconnu. Son directeur l’informe en février 2006 que la direction des sports ne souhaite plus travailler avec lui.

ƒ une collaboratrice occupant le poste de gestionnaire : fin 2004, Malik Bouketir, responsable du secteur, l’avait proposée en priorité des demandes de promotion. Malik parti, le nouveau responsable l’a retirée des listes de promotions.

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DISCRIMINATION A FRANCE 2

MALIK BOUKETIR

Malik Bouketir a été recruté par France 2 en 1983. Son travail a toujours été fait avec sérieux, intégrité et réussite. Après un parcours intégrant des études et beaucoup de travail personnel, il accède en 2002 au poste de directeur de production et administrateur des sports de France Télévisions. De 50 à 600 personnes à manager. Budget de 150 millions €.

L’évolution de la rémunération que l’on pouvait attendre au vu des nouvelles responsabilités confiées à M.BOUKETIR ne se fait pas. Les personnes nommées pour des responsabilités moindres avant et après lui sont mieux rémunérées.

La réussite professionnelle de M. BOUKETIR dans ses nouvelles responsabilités est incontestable et incontestée :

- En 2003 : France Télévisions reçoit un 7 d’or pour la qualité de la retransmission du centenaire du Tour de France ; le championnat du Monde d’athlétisme à Paris est encensé par les médias français ; la retransmission de la coupe du monde de rugby en direct d’Australie est une réussite.

- En 2004 : le championnat d’Europe de football recueille une audience inédite; le Tour de France augmente son audience et ses téléspectateurs; les jeux olympiques d’été à Athènes sont diffusés, pour la 1ère fois en France, 24h sur 24h sur les antennes de France 2 et France 3.

Pendant ces 3 années (2002, 2003, 2004) toutes les autres retransmissions (Stade 2, Roland Garros, le Tournoi des 6 nations, Paris Roubaix, la Coupe Davis, …) se déroulent avec succès.

Pour ce qui concerne la gestion financière, l’argent public est entre de bonnes mains : - 7 M€ d’économie sur la production en 2004 (une première lors d’une année aussi chargée en évènements majeurs). Le conseil d’administration du groupe l’indique dans son rapport annuel. La gestion des sports est efficace et financièrement saine.

Au 1er semestre 2004, le directeur délégué aux sports (n° 2 dans la hiérarchie) tient des propos discriminatoires envers les seuls rares responsables issus de la diversité (M. BOUKETIR ET R. CHAÏBI). Souhaitant leur présence à une réunion, il s’adresse à son assistante en ces termes : « convoquez moi les 2 arabes ».

2 journalistes témoignent de l’ambiance tendancieuse à l’encontre de M. BOUKETIR.

Au cours de l’année 2005, Daniel Bilalian, nouveau directeur des sports, fait le ménage :

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6 personnes issues des « minorités visibles » vont être écartées de la direction des sports dont Malik BOUKETIR sans autre explication que « on réorganise ».

Un rapport commandé par France Télévisions en 2006 sur la diversité à France Télévisions reconnaît que la discrimination est présente dans cette entreprise.

Monsieur Edouard PELLET, directeur chargé de la diversité à France Télévisions, reconnaît sur la radio BFM le 21 novembre 2007 que le racisme est présent à France Télévisions.

Malik BOUKETIR malgré son parcours, sa réussite et ses compétences sera mis au placard pendant 2 ans. Puis un poste sans responsabilité et sans personnel à manager lui sera imposé en 2007. Pendant ce temps, la nouvelle direction des sports débordera de ses budgets et son audience baissera comme jamais (30 M€ dépensés dans un magazine foot qui sera un échec, budget jeux olympiques en hausse, …)

La discrimination sociale et raciale, la jalousie, la lâcheté continuent à s’imposer à France Télévisions.

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4. Doublage et Diversité : l’enquête d’Anne Jacqueline et Yasmine Modestine

Ö TABLEAU DE SYNTHESE :

COMEDIEN FILM/SERIE ROLE COMEDIEN DOUBLEUR Tyrees Allen Women’s Murder Club (07-08) Warren Jacobi blanc Alias (2005) Gordon Dean blanc Sharif Atkins Urgences Michael Gallant blanc Les 4400 Garry Navarro blanc Anthony Azizi 24h Chrono Rafik blanc Obba Babatundé Dawson’s Creek Pal. Green blanc Le Silence des Agneaux,1991 Tim Langhorn blanc Dwight Bacquie Victim of Beauty Sgt. Robinson blanc Alimi Ballard Numb3rs Agt. D. Sinclair blanc Thomas Barry Cold Case Will Jeffries blanc Michael Beach Urgences Al Boulet (R) blanc Ultime Pouvoir Agt. Winston (P) blanc Gary Beadle Absolutely Fabulous Olivier blanc Carlos Bernard 24h Chrono Tony Almeida blanc Don Cheadle The U.S. of Leland Pearl Madison blanc Urgences Paul Nathan blanc Rush Hour 2 Kenny blanc Mission to Mars Luke Graham blanc Point Limit Jimmy Pierce blanc L’Etoile du Bronx E Manigault blanc Volcano Emmit Reese blanc Hors d’atteinte Maurice Miller blanc High Secret City J. Littleton blanc Tommy Davidson Le Père Noël a disparu, 2000 Max blanc Sean P D Combs L’Ombre de la Haine, 2001 L. Musgrowe blanc Bill Cosby Le Cosby Show C Huxtable blanc Pancho Demming NCSI G. Jackson blanc Vin Diesel The Fast and the furious D. Toretto blanc The Fast… Tokyo drift D. Toretto blanc Baby Sittor S. Wolfe blanc xXx X. Cage blanc Taye Diggs Ally McBeal Jackson Duper blanc Kevin Hill Kevin Hill blanc Grey’s Anatomy Dr S Bennett blanc Private Practice Dr S Bennet blanc Gary Dourdan Les Experts Las Vegas récurrent blanc Rockmond Dunbar Prison Break B M Franklin blanc James Earl Jones Fantasia 2000 Hôte blanc The Meteor Man Moses blanc A la poursuite d’oct. Rouge J. Greer blanc Jusqu’au bout du rêve T Mann blanc Jardins de pierre Sgt Nelson blanc Chiwetel Ejifor American Gangsters Huey Lucas blanc Giancarlo Esposito The Street Tom Divak blanc South Beach Robert Fuentes blanc Ice-T Armés et Dangereux C Note blanc Laurence Fisburne Assaut au central 13 Marion Bishop blanc Biker boys Smoke blanc Matrix Reloaded Morpheus blanc Revolutions Morpheus blanc Matrix Morpheus blanc Prisonniers sans chaines 1998 S. Fortlow blanc Cadence R Stokes blanc

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Double détente Lt Ch. Stobbs blanc Morgan Freeman voix habituelle blanc The Dark Knight blanc Dennis Haysbert 24 H chrono Pdt. V. Palmer blanc Jamie Foxx Ray Ray Charles blanc Miami Vice R. Tubbs blanc Michel Gerard Gilmore Girls Y Truesdale blanc Tyrese Gibson blanc Danny Glover Raymond Ken Hollister blanc Saw Det. D. Tapp blanc Au delà des barrières Tom Spader blanc La Famille Tenenbaum H. Sherman blanc L’idéaliste Juge T. Kipler blanc L’Arme fatale IV R. Murtaugh blanc Maverick Bandit blanc L’Arme fatale III R. Murtaugh blanc L’Arme Fatale II R. Murtaugh blanc L’Arme Fatale I R. Murtaugh blanc La Couleur Pourpre Albert blanc Albert Hall 24h chrono Alan Milliken blanc Apocalypse Now Cdt Philips blanc Apocalypse Now Redux,2001 Cdt Philips blanc Mahershala Karin-Ali Les 4400 R Tyler blanc Agence Matrix Jelani blanc Samuel L. Jackson Fresh Sam blanc Jurassic Park Ray Arnold blanc Do the right thing Senor Love Daddy blanc Cuba Gooding Junior Figthing Temptations Darin Hill blanc American Gangsters Nicky Barnes blanc 50 ° Farhenheit Arlo blanc Spike Lee Do the right thing blanc Carl Lumbly Alias Marcus Dixon blanc James McDaniel NYPD Blues réucurrent blanc Sheemar Moore Esprit Criminel récurrent blanc Les Feux de l’Amour Malcolm Winters blanc Joe Morton American Gangsters C. Williams blanc Eddie Murphy Le Flic de San Francisco Scott Roger blanc Mulan Mushu blanc Amaury Nolasco Prison Break F Sucre blanc David Oyoelowo MI-5 Danny Hunter blanc Harrison Page Ally McBeal Rev. M. Newman blanc Jerrod Paige American Gangsters M. Ali blanc Mheki Phifer L’Armée des Morts André blanc Honey Chaz blanc Urgences G Pratt (R) blanc Wendell Pierce The Fighting Temptations Rev. Lewis blanc Ray W Brassfield blanc Lionel Ritchie Les Feux de l’amour Lionel Ritchie blanc RZA American Gangsters blanc Vicellous Shannon 24h Chrono Keith Palmer blanc Rondell Sheridan Phénomène Raven V. Baxter blanc Will Smith Independance Day Cap. S. Hiller blanc Roger G. Smith American Gangsters Nate blanc Wesley Snipes Drop Zone P Nessip blanc Mo’ better blues S. Henderson blanc Blair Underwood LAX (2004-2005) blanc Courtney B. Vance NY section criminelle Ron Carver blanc Reginald VelJohnson La Vie de Famille blanc Piège de Cristal Sgt. A. Power blanc

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Denzel Washington American Gangsters Franck Lucas blanc Déjà Vu Doug Carlin blanc Inside Man K Frazier blanc Un Crime dans la tête Ben Marco blanc Le plus beau des combats 2001 blanc Training Day Alonzo Harris blanc Bone Collector L Rhyme blanc Hurricane Carter R Carter blanc Le Témoin du mal J Hobbes blanc USS Alabama blanc Le Diable en robe bleue E Rawlins blanc L’Affaire Pélican G Grantham blanc Philadelphia Joe Miller blanc Beaucoup de bruit pour rien, 1993 blanc Mo’ better blues B Gilliam blanc Glory Pvt Trip blanc A soldier’s story Pfc Peterson blanc Jason Weaver Ladykiller W. Funthes blanc Forest Whitaker Urgences, saison 12 blanc Panic Room Burn Man blanc Bird Charlie Parker blanc Legitime défense Marcus Clay blanc La quatrième dimension Presentateur blanc Battlefield Earth Ker blanc Vengeance secrète Agt J. Bernard blanc La mutante Dan Smithson blanc Smoke Cyrus Cole blanc Body Snatchers Major Collins blanc Jeux d'adultes D. Duttonville blanc A Rage in Harlem Jackson blanc Hitman Dekker blanc Criminal Justice Jessie Williams blanc Deux flics à Downtown 1990 Dennis Curren blanc Johnny Belle Gueule Dr. S. Fisher blanc Good Morning, Vietnam 1987 Garlick blanc Ennemy Within blanc Robert Widsom Prison Break Norman Lechero blanc D. B. Wong New York Unité Spéciale blanc David Brian Woodside 24 H Chrono Pdt C. Palmer blanc

COMEDIENNE FILM/SERIE ROLE

Reiko Aylesworth 24h Chrono Michelle Dessler blanche Angela Bassett Bienvenue chez les Robinson blanche Garcelle Beauvais Models Incs. Cynthia Nicols blanche Halle Berry L’Ombre de la Haine (2001) blanche Déchéance Dorothy Dandridge blanche Opération Espadon (2001) G. Knowles blanche Boomerang (1992) Angela Lewis blanche Traci Bingham Alerte à Malibu Jordan Tate blanche Tempestt Bloedsoe The Cosby Show Vanessa blanche Da Bratt Glitter (2002) Louise blanche Naomi Campbell blanche Fastlane Lena Savage blanche blanche Tawny Cypress New York 911 Sharon Burns blanche Rae Down Méthode Zoé blanche Megalyn Echikunwoke 24 H Chrono (2001) Nicole Palmer blanche Kimberley Elise Juste Cause blanche

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Close to home Maureen Scofield blanche Anjanue Ellis E-Ring Jocelyn Pierce blanche Vivica A. Fox Missing : disparus sans laisser de traces blanche Alias Toni Cummings blanche Les Feux de l’Amour S Simmons blanche Le Prix à Payer F. F. Sutton blanche Ravira Gina The Closer récurrent blanche M. Jean-Baptiste FBI Portés disparus Viviane Johnson blanche Lisa Nicole Carson Ally McBeal Renée (réccurent) blanche Aftershock : tremblement de terre à New York Evie Lincoln blanche principal saisons Merin Dungey Alias 2+3 blanche Summerland S. Redfox blanche Private Practice N. Bennett (pilote) blanche April Grace The Shield blanche blanche Erica Gimpel Les Anges du Bonheur Sydney Jessup blanche Profiler (1996-2000) Angel Brown blanche Whoopi Goldberg Alarme Fatale 1993 Billy York blanche Jasmine Guy Dead like me (2003) Roxy blanche Irma P. Hall Ladykiller Marva Munson blanche Regina Hall Ally McBeal Cornetta Lipp blanche Lisa Gay Hamilton The Practice R. Washington blanche Melissia Hill American Gangster Redtop blanche Aïsha Hinds Mr. Brook blanche Whitney Houston Bodyguard rôle principal blanche Où sont les hommes ? S. Jackson blanche Marjean Holden Otage (2005) Carole Flores blanche Cherry Johnson Punkie Brewster rôle principal blanche Penny Johnson 24h chrono (01-04) Sherry Palmer blanche Les 4400 (2007) Rebecca Parish blanche October Road (07-08) Leslie Etwood blanche Urgences (98-99) Lynette Evans blanche T’Keyah Cristal Keymah Phenomene Raven Tonya Baxter blanche Regina King Miss FBI (2005) Sam Fuller blanche 24h Chrono Sandra Palmer blanche Sanaa Lathan Nip/Tuck Michelle Landau blanche Tina Lifford Urban Legend 3 blanche Otage blanche Eva Longoria Desperate Housewives récurrent blanche Dragnet Gloria Duran blanche Wanda de Jesus Créance de Sang blanche Queen Latifah Vacances sur Ordonnance, 2006 blanche Bronx à Bel Air, 2003 blanche Apparitions, 2002 Midge Harmon blanche Sana Lathan Nip / Tuck (2006) récurrent saison 4 blanche Audrey McDonald Private Practice Dr. Naomi Bennett blanche Michael Michele Urgences Dr Cleo Finch blanche Homicide Det. R Sheppard blanche Kevin Hill Jessie Gray blanche Dark Blue (2002) B Williamson blanche Tia & Tamera Mowry Sister, Sister blanche Lymari Nadal American Gangsters Eva blanche Parminder Nagra Joue la comme Beckham principal blanche Urgences Neela Ragostra blanche M. « Kem » Likasu Thandie Newton Urgences (R) blanche

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Pour le Meilleur et pour le pire blanche Les Maitres du Jeu, 2003 Tiffany blanche Entretien avec un Vampire, 1994, Yvette blanche Enuka Okuma Sue Thomas, l’oeil du FBI, Lucy Doston blanche Tonye Patano Weeds (2005) Heylia James blanche CHH Pounder The Shield rôle principal blanche Kyla Pratt Dr Dolittle (1998) Maya Dolittle blanche Dr Dolittle (2001) Maya Dolittle blanche Amila Ramanujan Numb3rs Navi Rawat blanche Gloria Reuben Urgences Jeanie Boulet blanche Missing : disparus sans laisser de traces blanche Homicide Det. T. Walker blanche Espions d’Etat Lisa Fabrizzi blanche En quête de preuves blanche La douleur du passé Barabara Ann blanche La Fête de la Toussaint Cécile Ste Marie blanche Le Prix de l’indiscrétion Eve Dodd blanche La Femme mousquetaire Lady Bolton blanche The Agency Lisa Fabrizzi blanche Little John Nathalie Britain blanche Le Secret du Vol 353 Rose Tucker blanche Timecop Fielding blanche Les dessus de Palm Beach H Moragne blanche C. Espinoza (146 Judy Reyes ep.) blanche Victoria Rowell Diagnostic Meurtre Amanda Bentley blanche Rekkha Sharma Tory Foster Battlestar Galactica blanche Sonja Sohn Cold Case (saison 4) Toni Halstead blanche Judith Scott La Faille Residente (2007) blanche Tamara Taylor FBI Portés disparus blanche Tamara Tunie New York Unité Spéciale Dr M. Warner blanche Marsha Thomason Las Vegas blanche Gina Torres Standoff Cheryl Carrera blanche 24h Chrono Julia Milliken blanche Rachel True Half and half Mona Thorne blanche Aïsha Tyler Nip / Tuck guest, II, 3 blanche guest blanche 24 heures Marianne Taylor blanche Ghost Whisperer Andrea Moreno blanche Aya Sumika Numb3rs Agt. Sp. Liz Warner blanche Kim Staunton Dérapages Incontrôlés blanche Raven-Symone Phénomène Raven rôle titre blanche Dr Dolittle (1998) Charisse Dolittle blanche Dr Dolittle 2 (2001) Charisse Dolittle blanche Indira Verma Coup de Foudre à Bollywood… Miss Bingley blanche Rome Niobe blanche Melora Walters Agence Matrix Lia Larkins blanche Chandra Wilson Grey’s Anatomy M. Bailey (recurrent) blanche Kristen Wilson Dr Dolittle (1998) Elise Dolittle blanche Dr Dolittle 2 (2001) Elise Dolittle blanche Hattie Winston Scrubs Margaret Turk blanche Backer M Wyborn (129 ep.) blanche Jackie Brown (1997) Simone blanche Tracy Wolfe L’arme fatale blanche Aloma Wright Scrubs Laverne Roberts blanche

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Ö INTERVIEWS ET TEMOIGNAGES DE PROFESSIONNELS DU DOUBLAGE :

Véronique Alycia (blanche) : Derrière un micro, seul le tempérament est mis à jour alors c’est merveilleusement complémentaire pour moi, car je joue des personnages que je ne représente pas physiquement : princesse, enfant, sorcière, animal, bombe, blonde. Personne ne me catalogue par rapport à mon physique… mon panel de jeu est plus large, si j’ai les tripes pour le jouer.

Source : http://www.rsdoublage.com

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RS Doublage : As-tu déjà rencontré des comédiennes à qui tu as prêté ta voix ?

Brigitte Bergès (blanche) : Non jamais mais j’aimerais beaucoup ! Rencontrer Gloria Reuben par exemple serait un grand bonheur, pour le coup, car je suis vraiment la « Voix Officielle » c’est moi qui la double systématiquement. Et c’est d’ailleurs amusant car je double énormément de blacks ! (…)

Source : http://www.rsdoublage.com

Solange Boulanger (blanche) : La palette de personnages que l’on peut interpréter est beaucoup plus importante qu’au théâtre ou au cinéma puisqu’on n’est pas visible. Nos caractéristiques physiques (blond, brun, grand, petit etc…) ne sont donc pas déterminantes pour rendre un personnage crédible, mais l’investissement personnel reste entier.

Source : http://www.rsdoublage.com ------

Série-Mania : Y a t il beaucoup de doubleurs blacks ?

Marie-Christine Darah (métisse): finalement, assez et puis, une fois encore, des acteurs comme Med Hondo (voix d'Eddie Murphy entre autres) ou Thierry Desroses (Eriq LaSalle) essaient de se diversifier et de ne pas se cantonner aux seuls acteurs noirs.

Série-Mania : Qui as-tu d'abord doublé ?

Marie-Christine Darah : J'ai fait des essais pour Robin Givens dans Rage in Harlem et bien que je n'ai vocalement pas d'accent type, j'ai été rapidement cataloguée "comédienne noire".

(...)

Série-Mania : Ton plus grand plaisir de pro ?

Marie-Christine Darah (...) c'est comme lorsqu'il m'a fallu entrer dans la peau de Madonna pour son film The Body, je devais être à la hauteur parce c'était elle qui m'avait imposée.

Source : Séries-Mania Nov / Dec 1999

------Laurent Girard : Dans Phone Game (2003) pourquoi avez vous remplacé l’excellent Emmanuel Jacomy sur Forest Whitaker ?

Thierry Desroses : C’était très spécial parce que le distributeur voulait à tout prix que ce soit un acteur Noir qui double un acteur Noir ! (…) http://voxofilm.free.fr/interviews.htm (interview du 04.09.2003)

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Laurent Girard : Et votre excellent travail sur Wesley Snipes dans les deux « Blade » (1998 et 2002) où vous descendez davantage votre voix dans les graves ?

Thierry Desroses : Je l’ai doublé à partir du film « Extravagances » (1996) et j’ai beaucoup souffert ! Je ne le connaissais pas et je trouvais que ma voix était trop lourde car il jouait un travesti en allégeant naturellement sa voix. Il parlait dans le médium, et en plus, Wesley Snipes est plutôt dans le baryton léger alors que je suis dans le baryton basse. Enfin, c’était un mode d’expression différent et c’était un agréable exercice. J’ai travaillé plus facilement sur « Blade », son personnage est un guerrier mi-humain mi-vampire, alors il a adopté une voix super grave. Je n’avais pas besoin de chercher mes graves puisqu’elles étaient là ! (rires)

Source : SFmag (http://www.sfmag.net/article.php3?id_article=1864)

Greg Germain : “Car, en France, de quoi peut bien vivre un acteur ethniquement différent quand on sait le peu de travail qu’il lui est permis d’espérer au cinéma, à la télévision ou au théâtre. (…) Donc, je suis d’abord venu au doublage pour l’argent. Je mesure néanmoins l’extraordinaire chance que j’ai eu puisque bien qu’ayant toujours refusé de prendre l’accent dit « noir », accent véhiculant tous les imaginaires racistes de la France postcoloniale, j’ai été ce que l’on appelle dans le jargon du doublage, une « tête de série », doublant des stars (Sidney Poitier, Denzel Washington et depuis maintenant 12 ans Will Smith) et presque uniquement des premiers rôles dans les séries TV, tout en acceptant selon mes besoins financiers d’autres rôles moins « prestigieux ».”

Source : http://www.cinamazonia.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=4&Itemid=7 (festival Cinemazonia 2005)

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Lucien Jean-Baptiste : (…) Mais le truc qui arrive très rarement, c’est de mettre des Noirs sur des Blancs, par contre, ils n’hésitent jamais à coller des plein de Blancs sur des Noirs. C’est une injustice (rires). Mais attention, ça ne veut pas forcément dire qu’un Noir doublera mieux un acteur de la même couleur. Je connais des comédiens africains qui n’ont pas connu la banlieue et quand on les met sur des Noirs du Bronx, ils n’y arrivent pas. (…)

(…)

En même temps, si on me donne un Blanc, j’ai tellement doublé des Noirs, ça me ferait quand même bizarre (rires) ! Ce qui est drôle, dans l’autre sens, ils ne se posent pas de questions ! J’ai déjà doublé des travestis, par exemple, mais toujours Blacks (rires).

Source : http://voxofilm.free.fr/interviews.htm (interview du 03.11.2003)

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Med Hondo (noir) : « les interprètes de ces voix, une dizaine environ, tels que Pascal Légitimus, Greg Germain, Jacques Martial, sont cantonnés dans un seul registre. » « Un comédien blanc peut toujours doubler une voix noire mais à part de très rares exceptions, l’inverse est pratiquement impossible. »

NB – voix française de Eddie Murphy.

Source : L’Humanité, 9 avril 1997

Annie Millon (métisse) : “D'autre part il est amusant de noter que, bien que travaillant à l'ombre des studios les castings voix se font également en fonction du physique. Pour ma part je double 90% du temps des comédiennes noires, métisses ou typées latino.”

Source : http://www.cinamazonia.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=5&Itemid=8

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(festival cinémazonia 2005)

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Céline Monsarrat (blanche) : “justement le doublage, puisque le physique n'intervient pas dans cette discipline, permet de sauter d'un registre à l'autre ».

NB : voix française de Julia Roberts.

Source : http://www.rsdoublage.com ------

Laurent Girard : Sur votre site "marcsaez.fr.fm", vous montrez votre admiration pour Don Cheadle ! Comment s’est passée cette rencontre à l’image ?

Marc Saez (blanc) : C’était une fusion de personnage sur le téléfilm L’ETOILE DU BRONX (1996), l’histoire vraie du basketteur Earl Manigault tombé dans la drogue. Don Cheadle avait une sensibilité incroyable, malheureusement, je l’ai suivi uniquement dans le téléfilm POINT LIMITE (2000), les films MISSION TO MARS (2000), RUSH HOUR 2 (2001) et quelques épisodes d’URGENCES (saison 2002). Pour des raisons aberrantes de ce métier, certaines boîtes ne cherchent pas à se renseigner sur la personne qui a fait la voix précédente, et je trouve qu’il y a aussi une forme de racisme, d’une certaine manière. Comme je suis Blanc, je ne peux pas doubler des Blacks. A partir du moment où on habite le personnage par son énergie et que Don Cheadle n’a pas d’accent particulier, je sais que je colle au timbre de sa voix, et j’ai compris son œil, je me sens très proche de son émotion, on s’en fout de la couleur. C’est tout aussi réducteur pour un acteur de couleur qui ne pourrait donc doubler que des acteurs de sa couleur de peau, c’est aberrant !

Sources :http://www.sfmag.net/article.php3?id_article=1856 et http://voxofilm.free.fr/interviews.htm (interview du 18.07.2003)

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RS Doublage : Que t'apporte réellement le doublage en tant que comédienne ?

Sasha Supera (blanche) : J'y suis beaucoup plus libre qu'à l'écran : il n'y a plus de "trop petite", "trop brune", "pas à la mode", etc. J'ai des rôles qu'aucun directeur de casting ne me confierait sur mon physique : petits garçons, petites filles, chinoises !

Source : http://www.rsdoublage.com

Sophie Riffont (blanche) : “en prinicipe, je double des Latines ou des Blacks”…

Source : interview Voxofilm (http://voxofilm.free.fr), 17 juillet 2003

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Julie Turin (blanche) : Par définition, n'étant pas moi-même à l'image, les barrières de critères physiques n'ont pas lieu d'être en doublage.

Source : http://www.rsdoublage.com

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RS Doublage : c'est une autre façon d'aborder ton métier, cela t'apporte certainement des choses que les autres branches de la profession ne peuvent pas te donner ?

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Laura Zichy (blanche) : La grande différence se situe dans l'attribution des personnages. J'ai une voix assez grave alors je double souvent des femmes plus âgées, des femmes de têtes ou des femmes noires alors qu'au théâtre j'ai souvent joué la victime ou la petite rigolote !...

Source : http://www.rsdoublage.com

Ö QUELQUES EXEMPLES DE SERIES :

Arnold et Willy (1978 - 1986) Dans Arnold et Willy,Todd Bridges, personnage de Willy, rôle principal, est doublé par Fabrice Josso, blanc, qui double également Malcolm-Jamal Warner (Theodore Huxtable) dans Le Cosby Show. Gary Coleman (Arnold) est doublé par Jackie Berger (blanche).

Le Cosby Show (1984 – 1992) Dans Le Cosby Show, Tempestt Bledsoe (Vanessa Huxtable), a été doublée par Joëlle Guigui, blanche, et Lisa Bonet (Denise) par Odile Schmitt. Dans Le Cosby Show, en fait, tous les rôles principaux sont doublés par des comédien(ne)s blanc(he)s, à l’exception du rôle de Phylicia Rashad qui est doublé par Maïk Darah.

Le Prince de Bel Air (1990 – 1996) Dans la série Le Prince de Bel Air, Philip, Carlton, Ashley Banks, personnages principaux sont doublés par Henri Djanick, Fabrice Josso, Valérie Siclay, blancs

Moesha (1996 – 2001) Brandy Norwood (Moesha Michell, rôle principal) est doublée par Valérie Siclay, blanche. Deidre Dee Mitchell, jouée par Sheryl Lee Ralph, est doublée par Françoise Pavy (saisons 1 à 4), puis par Michèle Bardollet (saisons 5 et 6), blanches.

The Barber Shop (2002) Tous les rôles principaux sont joués par des acteurs noirs. Ils sont doublés par des comédiens blancs (Catherine Desplaces, Serge Faliu…)

Ma Famille d’abord (2001 – 2005) Tous les rôles principaux joués par des comédiens noirs, et sont doublés par des comédiens blancs (Stéphane Ronchewski, Ninou Fratellini, Adelinde Chétail, Alexandre N'guyen, Calypso Asseline, Audrey Benayoun) Le doublage est dirigé par Maïk Darah, métisse.

24h Chrono (2001 - ???) Le président américain David Palmer, joué par Dennis Haysbert, est double par un comédien blanc ; de même que le personnage du Président Wayne Palmer (joué par D.B. Woodside). Les personnages de : la soeur de Wayne Palmer, la femme de David Palmer et ses enfants, joués par des comédiens noirs, sont doubles par des comédiens blancs. Kiefer Sutherland (Jack Bauer), en revanche, est également doublé par un comédien blanc.

Ö SOURCES :

Sites des comédiens doubleurs : Benoit Allemane : www.benoitallemane.com Maik Darah : http://darah.chez-alice.fr/ Gerard Dessalles : http://www.myspace.com/enthousiasme Med Hondo : www.medhondo.com Patrick Poivey : http://patrick.poivey.free.fr Marc Saez : http://site.voila.fr/marcsaez/index.jhtml http://www.myspace.com/marcsaez Sites spécialisés :

95 http://basedoublageduweb.free.fr/ http://buffy.free.fr/doublagissimo/index.htm http://www.castingmachine.com http://www.feuxdelamour.com/doubleurs.php3 http://dsd-ev.ifrance.com/Index.html http://www.objectif-cinema.com/lagazettedudoublage/000.php http://www.rsdoublage.com http://voxofilm.free.fr http://doublage.aceboard.fr/

Wikipedia : Acteur spécialisé dans le doublage : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Acteur_sp%C3%A9cialis%C3%A9_dans_le_doublage Actrice spécialisée dans le doublage : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Actrice_sp%C3%A9cialis%C3%A9e_dans_le_doublage

IMDB : http://www.imdb.com

Autres : http://www.cineamazonia.fr

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5. « Câble, satellite, TNT : l’autre grande famille de la télé » (source : VSD du 19 décembre 2007)

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