roupement Semis Direct

RAPPORT DE MISSION

DE M. RAKOTONDRAMANANA A AMPARY ()

PROJET BASSIN VERSANT PERIMETRE IRRIGUE le 20 Juillet 2005

TCP/MAG/3003 (I)

Lot V A 26 Y Ambatoroka BP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar Téléphone: 020 22 276 27 [email protected]

M. RAKOTONDRAMANANA, Directeur du GSDM, a effectué une mission dans le périmètre d’Ampary le 20 juillet 2005 où la FAO met en œuvre un projet intitulé « Appui à la valorisation des bassins versants et des périmètres irrigués, TCP/MAG/3003 (I) ». Cette visite fait suite à la rencontre avec le représentant de la FAO (M. Martin SMITH) le 30 mai 2005 au GSDM et avec deux responsables du projet le 15 juillet. Lors de ces rencontres, la FAO a émis le souhait d’inclure les techniques agro-écologiques dans ses actions et aimerais bénéficier des compétences disponibles au GSDM.

La visite a été guidée par M. Thierry RANDRIARIMALALA, consultant, Mlle Herma MULLER, stagiaire, et un technicien du Génie Rural à Ampary que nous tenons à remercier ici.

1. Le sol, la végétation et la pluviométrie

Le périmètre d’Ampary se trouve dans la région de volcanisme récent de l’Itasy (volcanisme du quaternaire moyen) entre Analavory et . C’est une zone à très forte densité de population (107 hab/Km2 pour Analavory), qui entraîne d’habitude une forte dégradation de l’environnement. Les sols sont parmi les plus fertiles de Madagascar au même titre que ceux de Betafo. Il s’agit de sol « chocolat », riche en matière organique et bien structuré. Les tanety sont fortement cultivés et sont sujets à de forte érosion à cause des fortes pentes et à cause de l’absence de végétation. Des formations de lavaka en amont du périmètre entraînent l’ensablement des canaux d’irrigation obligeant l’AUE à faire des curages périodiques. La végétation herbacée qui reste est constituée d’Hyparhenia et un peu d’Aristida par endroit. La présence d’Hyparhenia de façon généralisée témoigne d’un sol non compacté (cas général des sols de volcanismes récents). La végétation arbustive est très rare et est constituée d’Eucalyptus et de pins. Les bas fonds et les colluvions de bas de pente, quand ils ne sont pas cultivés (très rares), sont colonisées par le Cynodon dactylon, le Sida rhombifolia, le Tithonia, le Boreria etc…

Les principales cultures de cette zone de l’Itasy d’après un recensement PPI de 1999, sont dans l’ordre des surfaces, le riz irrigué, le riz pluvial, le manioc, l’arachide, le haricot, la pomme de terre et la tomate. Les paysans pratiquent dans les bas fonds soit une double culture de riz soit un binôme riz/cultures maraîchères. Dans la double culture de riz, la première saison est repiquée en Août pour être récoltée en Décembre tandis que la 2ème saison est repiquée en Janvier pour être récoltée en Mai.

Bassins versants et bas fonds avec des sols fertiles (photo ci-dessus) - 2 – Rapport de mission DE GSDM Ampary v finale 22 07 05

Les principales cultures maraîchères sont la tomate, la pomme de terre, le petit pois et le haricot vert.

Petit pois en contre-saison, une bonne biomasse pour le riz en semis direct après la récolte des grains

La pluviométrie du périmètre d’Ampary se situe dans la fourchette des 1700 à 1800 mm par an répartie sur 6 mois (plus proche du relevé de Soavinandriana que de ) et dont l’intensité pluviométrique maximum enregistrée en début de pluie est de 78 mm (Soavinandriana), ce qui est à craindre pour l’érosion des bassins versants fortement dégradés car les pluies les plus érosives sont les pluies de début de saison où le couvert végétal est le plus faible.

2. Le périmètre d’Ampary

Le bassin versant du périmètre d’Ampary fait 109 km2 (information recueillie sur place). Le périmètre est composé de deux parties : la partie amont du barrage de dérivation et la partie aval. Le périmètre a été transféré à l’AUE en 1996. D’après ce qu’on a vu lors de la visite, l’AUE (composée de 96 membres) assure bien le curage des canaux principaux qui sont toujours ensablés à cause de l’érosion en amont. Un technicien du Génie rural assure l’appui à l’AUE La FAO a mis en place 6 groupes de contact (Farmers Field School), chaque groupement comprenant 25 membres.

Un canal principal transféré à l’AUE et bien entretenu (photo à droite)

- 3 – Rapport de mission DE GSDM Ampary v finale 22 07 05

3. Les propositions du GSDM pour une gestion intégrée du périmètre par l’utilisation des techniques agro-écologiques

Il faut rappeler d’abord que le GSDM regroupe toutes les compétences disponibles actuellement à Madagascar sur les Systèmes de Couvertures Végétales permanentes du sol (SCV). Actuellement, le GSDM est composé de dix organismes membres dont des organismes de recherche et de formation (FOFIFA, ONG TAFA), des organismes de diffusion (ANAE, FAFIALA, FIFAMANOR, BRL- Madagascar, VSF – CICDA, INTER AIDE) et des sociétés privées (VERAMA, SD Mad). Le GSDM est en train de capitaliser tous les acquis de ses membres notamment ceux de TAFA qui a accumulé des résultats sur plus de dix ans dans certains sites de références comme les Hauts Plateaux et le Sud Ouest. Le GSDM a, en particulier, écrit un document appelé « Stratégie du GSDM pour la mise au point, la formation et la diffusion des techniques agro-écologiques à Madagascar » (document joint) qui essaie d’harmoniser l’approche de diffusion des SCV au niveau paysan que nous proposons aussi dans le périmètre d’Ampary. Par ailleurs, des tableaux de synthèse des itinéraires possibles en SCV sont en cours de validation et qui serviront d’ébauche à l’établissement d’un Manuel de semis direct à Madagascar.

L’approche du GSDM consiste en une approche intégrée de toute la toposéquence du sommet jusqu’au bas fonds en y intégrant l’agriculture, l’élevage et le reboisement. En ce qui concerne Ampary, plusieurs itinéraires de semis direct peuvent être proposées en fonction des pratiques et des demandes des paysans, dont les principaux sont listés ci-dessus (sans être exhaustif) sur la base de la visite rapide sur terrain :

• La stabilisation des lavaka

La stabilisation des lavaka peut être faite en protégeant la couronne et l’intérieur. La technique consiste à implanter des graminées avec de fort système racinaire (les Brachiaria , le Paspalum notatum, Cynodon dactylon etc..) et certains arbustes bien adaptés (Acantospermum sp.). Il est préférable de mélanger les espèces.

• L’association manioc + Brachiaria

Associé au manioc, le Brachiaria améliore la structure du sol et peut multiplier le rendement du manioc par 2 ou par 3 sur la base d’expériences dans plusieurs régions notamment au Lac Alaotra où les premiers essais ont été faits. Le Brachiaria peut être cultivé en dérobé sur des parcelles de manioc existant ou planté en même temps que le manioc. Après la récolte du manioc, le sol est totalement protégé contre l’érosion et les animaux peuvent y pâturer.

• La production de riz pluvial sur couverture morte de Stylosanthes guianensis

Après une bonne production de biomasse de Stylosanthes guianensis, de très bons rendements de riz pluvial (5 à 6 t/ha) ont été obtenus en semis direct en tuant le Stylosanthes par fauchage au niveau du pivot (sans herbicide). Le GSDM est en train d’importer de la Thaîlande 1,3 tonnes de semences de Stylosanthes guianensis var CIAT 184 (résistante à l’anthrachnose) pour ses membres à cause de l’efficacité de cette technique pour la riziculture pluviale. Par ailleurs, le Stylosanthes est aussi un excellent fourrage. Il peut être produite en culture dérobée dans le maïs par exemple, puis laissé pendant une campagne supplémentaire pour produire plus de biomasse et éventuellement des graines pour les semences.

- 4 – Rapport de mission DE GSDM Ampary v finale 22 07 05

• L’écobuage :

Lorsque le paysan ne peut pas se permettre de se payer des engrais, on peut lui proposer l’écobuage, une technique qui permet d’obtenir dès la première année des rendements élevés. Cette technique est très efficace notamment dans les endroits où le taux de matière organique dans le sol est élevé (cas des sols volcaniques). Une technique très efficace est, entre autres, la culture de pomme de terre sur écobuage suivi de l’avoine en 2ème cycle (biomasse pour la campagne suivante).

• Le Cynodon dactylon

C’est une graminée qui couvre bien le sol en produisant beaucoup de stolon. Sous couvert de Cynodon dactylon, le sol est bien structuré. Le tifton, une variété hybride de Cynodon dactylon, est un fourrage d’excellente qualité et très riche en protéine. Le Cynodon peut être tué ou contrôlé avec le glyphosate et le rendement du haricot semé directement sur le mulch obtenu est très bon.

• Les variétés de riz poly-aptitude SEBOTA dans les rizières à mauvaise maîtrise d’eau

Tout le bas fonds peut être cultivé avec la technique de gestion des Rizières à Mauvaise Maîtrise d’Eau (RMME) en utilisant les variétés de riz poly-aptitudes SEBOTA qui sont des variétés en même temps pluviales et irriguées. La qualité des grains de ces variétés avec des grains longs et fins est exceptionnelle. Ces variétés représentaient 7 ha au Lac Alaotra l’année passée et ont augmenté jusqu’à 300 ha en 2004/2005 (encadrement de TAFA, SD Mad et BRL). Les rendements pendant la campagne 2004/2005 avec une fertilisation moyenne ont varié entre 3 et 7 t/ha en grande culture. Après le riz on peut implanter des légumineuses volubiles (dolique, niébé, Vigna umbellata), de la vesce ou l’association avoine + vesce pour augmenter la fertilité et supprimer tous les problèmes de mauvaises herbes. Le riz est semé directement sur le mulch de légumineuse qui est simplement roulé ou couché (sans herbicide). On peut aussi faire suivre le riz de maraîchers en semis direct (le simple paillage multiplie le rendement par 1,5 sur la base des résultats de BRL).

Ces quelques itinéraires SCV ne sont pas exhaustifs. Ils sont donnés seulement pour montrer les possibilités.

Le GSDM avec un de ses membres, l’ONG TAFA, propose les actions concrètes suivantes pour la campagne 2005/2006 :

• Implantation de deux sites de références dont un en amont du barrage (Maromana) et un autre en aval (Ampary). Ces sites vont servir de vitrines des itinéraires choisis et serviront aussi pour les formations de paysans . • Encadrement rapproché des paysans autour des sites sans trop se disperser (stratégie de diffusion du GSDM). • Une formation de sensibilisation courte aux techniciens sur place concernés par le projet qui permettra d’identifier un chef de site à former par la suite sur le tas pour le suivi des sites et des terroirs encadrés • Une formation de longue durée d’au moins un technicien du projet au sein de TAFA (formation sur le savoir faire dans les sites et les terroirs de TAFA).

L’élaboration de ces propositions concrètes, qui exige la participation de TAFA, ainsi que les coûts y afférents ne peuvent rentrer dans le cadre de ce rapport à ce stade.

- 5 – Rapport de mission DE GSDM Ampary v finale 22 07 05

Conclusions et recommandations

Les itinéraires de SCV sur sols volcaniques sont parmi les plus faciles à cause de la bonne fertilité initiale des sols, de leur forte teneur en matière organique et de leur bonne structuration. Néanmoins, la pratique de ces itinéraires nécessite un apprentissage sur le tas assez long (learning by doing) d’où la nécessité d’une bonne formation des agents. A l’intérieur d’un terroir, l’expérience du GSDM montre que la meilleure technique est la diffusion entre paysans. Il faudra identifier quelques paysans qui ont bien réussi qui pourront par la suite servir de formateurs pour les autres.

Le GSDM espère pouvoir formuler une offre concrète si la FAO le souhaite sur la base de ce rapport de mission. Ce projet pilote sera une bonne démonstration pour une action de plus grande envergure dans la région.

- 6 – Rapport de mission DE GSDM Ampary v finale 22 07 05