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Téterchen à travers les siècles.

Ces notes historiques sont

une juxtaposition de renseignements

recueillis dans différents ouvrages,

aux archives départementales, paroissiales

et communales. 3

La Période Antique :

De tout temps, l’homme semble avoir occupé le site de Téterchen. Le site le plus connu est celui près de Hargarten au lieu-dit « Masselborn » à quelques mètres du ban de Téterchen. Il date de la période du « Rubané », environ 5000 ans avant J .C., d’une civilisation venue du Danube et qui ornait leur poterie de rubans. Dans un autre endroit, au lieu-dit « Etzenacker », on a trouvé un outil datant de la même période. Il s’agissait d’un aiguisoir ou éclat de burin avec un tranchant sur la longueur. Au lieu-dit « Hinter der Mühle », on a trouvé des « Tumuli » abritant des sépultures incinérées datant de l’Age de Fer I et II. Ces tumuli ont été fouillés superficiellement en 1993 puis recouverts de films géotextiles et de remblais de protection. En plus du grand tumulus, il y a 5 autres tumuli plus petits. Une photographie aérienne montre une extension de la nécropole aux champs environnants avec la localisation d’au moins 9 tumuli.

La Période Celtique et Gallo-Romaine :

Entre 500 et 800 ans avant J .C., arrivèrent les celtes, tribus indo-européennes venues peupler le Pays de Nied. Ceux-ci appelèrent les romains à leur secours au 1er siècle avant J.C. contre les germains. Ces derniers battus cèderont le territoire aux romains. De cette période subsiste quelques vestiges. Dans la forêt du Bambesch, un peu au NORD de la côte 366, ont été localisées en 1996 des substructions, un mur, une route avec des fragments de tuiles, de vases et des meules prouvant une occupation du site. Un peu partout sur le ban aux lieux-dits « Hinter der Mühle », « in den Eichen », « Brechnacher Ecke »…., on a pu localiser des débris de tuiles, des morceaux de briques, des monnaies, des poteries…

Des Invasions du IVème Siecle au Moyen-Age :

Les hordes germaniques, barbares ont envahi notre région, pillant et dévastant pour s’installer en terre conquise. En 451, Attila et les Huns passèrent le Rhin et défilèrent sur nos terres. Les germains se sont unis et sous l’appellation les « Francs » les chassèrent. Sous Clovis, Téterchen a fait partie du Royaume Mérovingien, puis après la mort de ce dernier, du Royaume de Reims et enfin du Royaume d’Austrasie à partir de 567 dont sera la capitale. Les Francs nous ont légués leur dialecte que nous appelons aujourd’hui communément le francique ou « Platt ». Au IX è et X è siècle, ce sont les Hongrois qui envahirent notre région, ainsi que les Normands qui remontèrent le cours de la . De ce chaos est né la féodalité.

De 925 à 1273, la Lorraine est rattachée à la Germanie. Le pays s’est couvert de châteaux-fort. Il est morcelé en petits domaines dont les Seigneurs locaux se comportèrent en tyrans. Dans les bois du « Bambesch » subissent quelques vestiges ainsi qu’un fossé de plusieurs dizaines de mètres qui semblent être les ruines d’un ancien château-fort. Le « Bambesch » a pu être à cet effet un site idéal. 4

En ce qui concerne l’origine du nom du village, 3 thèses s’opposent :

Selon la légende, 3 des filles du seigneur de ce lieu fondèrent en 1276 un couvent pour s’occuper des malades et servir Dieu. L’histoire voudrait que le seigneur allant rendre visite à ses 3 filles, s’exclama « Je vais chez mes 3 filles » qui traduit en allemand devient « Ich gehe zu meinen Töchterchen « . Il en serait resté Téterchen…..

La seconde thèse viendrait du latin « Tétericus ». Pendant la guerre de trente ans, vers 1635, les suédois, alliés aux Français, brûlèrent et saccagèrent bon nombre de villages. L’un des conquérants Tétericus aurait installé ses soldats et leurs familles à l’endroit actuel du village. Mais les documents attestent l’existence du village bien avant cette guerre….

La dernière thèse est certainement la plus réaliste. Un chef Franc du nom de Diedrich Thierry aurait établi son camp fortifié dans une ferme de l’endroit, à l’époque des grandes invasions du IV è siècle. D’où « Dietrichheim » avec ses nombreuses déformations. Ce terme se retrouve d’ailleurs dans plusieurs actes : en 1242 Tittrichen en 1262 Téterchen en 1302 Tétterich en 1607 Tétergen

C’est sans doute l’appellation allemande pendant l’annexion qui a été la plus proche du terme primitif Diedringen.

La Guerre de Trente Ans :

La guerre de Trente Ans, c’est une guerre religieuse commencée en 1618 et terminée en 1648.

En 1624, le duc de Lorraine Charles IV rompit la neutralité et s’engagea au côté des Autrichiens. C’est alors que la décida de l’occupation du duché de Lorraine. A partir de cette date de terribles batailles s’engagèrent dans notre région apportant son lot de fléaux: peste, misère, violence, des pillages… dans tout le pays de Nied. Les archives paroissiales de Téterchen nous rapportent dans une copie, les exactions commises par les différents armées dans la région, relatées par le curé Champlon d’. Les villages sont affamés et les bâtiments détruits.

Le 29 septembre 1635, une terrible bataille s’engagea autour du village. Aux environs de Tromborn, l’armée alliée, composée de 6 compagnies françaises et 400 mousquetaires, affronta l’armée impériale composée de 9000 hommes. Le combat se déroula dans un marécage. Les Français perdirent 200 hommes et plusieurs officiers périrent. Les impériaux déplorèrent la perte de 500 Croates et de plusieurs chevaux tués ainsi que de nombreux prisonniers. On peut sérieusement penser que le lieu de cette terrible bataille soit situé en direction de , car c’est là le seul marécage situé sur le ban de Téterchen. En 1642, pendant cette guerre, il n’y avait plus à Téterchen que trois hommes. Par la suite, le village eut grand mal à retrouver une population décente.

Après la guerre de Trente Ans, Téterchen formait une communauté administrée après un conseil, un maire et un syndic représentant les intérêts des habitants du village. Le village possédait des bois, des champs répartis entre ses habitants qui payaient une taxe pour faire les récoltes. Lorsqu’il s’agissait d’une question importante (choix du berger, partage des biens, élection de la matrone …) on se réunissait sur la place à la sortie de la messe. 5

La Révolution à Téterchen :

Dans la revue le pays Lorrain de 1905 Monsieur Pierre Braun publia un commentaire sur le registre municipal de Téterchen de 1790 à 1796 ; on n’y parle ni de la mort de Louis XVI, ni de la fête de la fédération, ni des massacres de septembre mais deux sujets particuliers s’imposent : l’invasion étrangère qui concerne au premier chef les régions frontalières et la religion ainsi qu’ avoir un curé. Mais si l’enthousiasme pour défendre la patrie était sincère et profond au début, la politique excessive du gouvernement entraîna progressivement un mauvais vouloir puis même une grande désaffection.

La rédaction du cahier incombait à l’instituteur Jean Toller, le savant du village, le chantre et le greffier. La déclaration ouvrant ce registre date du 8 août 1790 : « Nous, soussignés et sous marqués, Citoyens de la municipalité de Téterchen … considérant que l’assemblée nationale a décrété qu’il serait fourni aux municipalités des armes et munitions de guerre pour pouvoir résister et repousser en cas de besoin les ennemis de la Nation; pour nous conformer au serment que nous avons prêté de maintenir de toutes nos forces et de tout notre premier pouvoir la nouvelle constitution de l’Etat, avons résolu de faire demander au ministre de la guerre ou au commandant du département des fusils, sabres et gibernes nécessaires pour pouvoir, par les effets plutôt que par les paroles, répondre aux vœux de l’assemblée nationale. Promettons et jurons de verser jusqu’à la dernière goutte de notre sang, non seulement pour maintenir l’heureuse constitution qu’elle vient de nous accorder, mais encore pour résister aux efforts de tous les ennemis de la nation. En foi de quoi, nous avons signé la présente délibération.» Comme le 26 septembre, aucune arme n’était arrivée, on renouvela la demande et la commune reçut 70 fusils. Mais il manquait un tambour. Ainsi le corps municipal convoqua le conseil général, c'est-à-dire les notables, pour décider de vendre un hêtre sec de la forêt du Bambesch pour acheter le tambour.

Mais les armes sont dangereuses lorsqu’elles sont mal utilisées et c’est pourquoi le 21 novembre, le maire, Mathias Théobald, dut écrire au directoire du district que : « Jean Schneider, aubergiste agit nuit et jour avec son fusil, en tirant derrière chez lui, et quelquefois même par ses vitres, ce qui pourrait occasionner des malheurs à tout le village, surtout lorsqu’il est dans le vin … Nous avons arrêté qu’il est très nécessaire de lui faire prendre son arme ; mais comme tout le monde le craint lorsqu’il est dans le vin, et nous-mêmes, ce qui est la cause que personne n’a le courage d’approché, c’est pourquoi nous prions, Messieurs les administrateurs d’ordonner aux cavaliers de la Maréchaussée de saisir la dite arme à feu. »

Le 1er janvier 1791, les dîmes furent supprimées. Il fallut du coup décharger les décimateurs (ceux qui percevaient la dîme) de la fourniture des bêtes mâles. Si chaque individu gagnait à ne plus payer les dîmes, la communauté de Téterchen devait inscrire à son budget l’entretien d’un taureau, d’un verrat et de trois béliers, soit 220 livres. La commune était déjà endettée par un emprunt pour l’achat en 1788 d’une seconde cloche.

Le 7 février 1791, la municipalité convoqua le curé, Nicolas Thil, pour lui demander de prêter le serment exigé par la loi et le curé écrivit : « Je jure de veiller avec soins sur les fidèles de la paroisse qui m’est confiée, d’être fidèle a la nation , à la loi et au roi, de maintenir de tout mon pouvoir la constitution décrétée par l’assemblée nationale et acceptée par le roi, en tout ce qui n’est pas contraire à la doctrine de l’église catholique, apostolique et romaine. » Le curé se rendit vite compte que son serment n’était pas celui qu’on lui demandait. En chaire, le dimanche suivant il expliqua à ses paroissiens son serment sans aucune restriction, ce qu’il ne pouvait pas faire. Le curé Thil continua à assurer son ministère comme si de rien n’était. 6

L’expulsion du curé de Tromborn fit une mauvaise impression sur la population. Par la suite les mesures relatives au clergé furent très mal accueillies et la population prit progressivement ses distances avec le pouvoir et une sourde opposition commença à se manifester contre le maire qui, excédé, fut obligé deux mois plus tard de démissionner.

On vota pendant trois semaines pour lui trouver un successeur. Mais chaque élu se défilait, l’un avait trop d’enfants, l’autre déjà assesseur du juge de paix refusait de cumuler tous ces honneurs, le troisième avait une grave maladie…. Le conseil prit une résolution énergique : « Nous demandons que les dénommés ci-dessus … qui ont refusé l’emploi, soient privés de la qualité de citoyens actifs et des émoluments communaux ; d’ordonner que tous ceux qui refuseront désormais soient privés des mêmes droits ; et d’ordonner en outre que l’on procédera dans huitaine à une autre élection.» Ce fut ainsi que Jacques Crauser devint maire de Téterchen.

Pendant la première année de son mandat, le nouveau maire s’occupa uniquement des affaires communales (fontaine, pont, bois, fiscalité …) mais suite à la proclamation de la « patrie en danger », il fallut constituer une garde nationale et munis de la cocarde tricolore 12 hommes partirent pour au grand honneur du village. Puis vinrent les réquisitions de voitures et de chevaux pour les convois militaires, la moisson allait débuter et au premier appel, seuls le maire et Mathias Steinmetz acceptèrent de partir à Metz d’où ils gagnèrent Givet. Le 7 août, un nouvel avis demanda 6 charriots à Metz et le conseil désigna 4 propriétaires de chevaux et 2 de bœufs qui refusèrent prétextant « que le mandement ne parlait ni de bœufs ni de vaches et qu’au reste ils se moquaient du commandement de la municipalité.» Ils furent condamnés à une amende. Le 17 août, suite à une nouvelle convocation, les propriétaires de bœufs ne se déplacèrent même plus et les autres excédés se rebellèrent, le conseil dut demander au district de prendre des sanctions. Le 19 août, l’armée prussienne franchit la frontière près de Longwy et le maire ordonna des gardes nuit et jour aux entrées du village. Puis le 17 septembre, arriva un messager venait de Boulay : « Citoyens, écrivait à deux heures du matin le directoire de Boulay, la patrie vous appelle aux armes ! Volez au secours de Thionville que l’ennemi menace ! Le district en vertu de la réquisition qu’il reçoit du général Kellermann, requiert les gardes nationales de votre commune de partir à l’instant même et de se rendre à Villers-Bettnach pour suivre le commandement de Monsieur Krieg, lieutenant-colonel, commandant des volontaires du centre. Rassemblement pour 10 heures ce matin. » L’ordre arriva alors que les paysans étaient aux champs et on perdit du temps, suffisamment pour que lorsque le maire en tête, ils arrivèrent à Villers-Bettnach, le colonel Krieg soit déjà parti. Ils retournèrent donc dans leurs foyers munis d’une attestation disant qu’ils avaient été soixante treize « tous armés de fusils, fourches à foin, faux et haches. Ainsi se termina la première levée en masse à Téterchen.

La religion allait à nouveau compliquer la vie locale; le curé Thil était mort et la commune avait demandé qu’on lui accorde comme remplaçant, l’abbé Arnould, l’ancien curé de Tromborn qui avait été expulsé l’année précédente et qui vivait à . Le district de Boulay ne put entériner cette demande d’autant plus que deux mois plus tard paraissait le décret de déportation des prêtres réfractaires, il fallut donc demander à l’évêque d’organiser une élection, soit de désigner un desservant provisoire. De plus, les décrets d’août prononçaient la dissolution de tous les ordres religieux, le père Antoine Bisch, confesseur de la communauté religieuse, ne prêta pas le serment, quitta le village et se retira à Boulay chez le juge de paix où il ne fut pas inquiété. La municipalité reçut alors deux lettres pour fournir un état des religieuses, l’autre pour faire transporter à Boulay l’argenterie. Le registre porte la mention « On a répondu et envoyé l’argenterie.» Cette impassibilité ne correspond pas avec la tradition locale qui rapportait les adieux émus et prophétiques de sœur Marie-Jésus et cache sans doute la colère des habitants. 7

A partir de cet acte, la ferveur révolutionnaire manque, les délibérations deviennent plus courtes et sombres, on sent la misère grandir au village. Il n’est plus question que de logements de troupes, de réquisitions excessives, d’insoumission. La vie locale politique s’envenime, il y a une liste de suspects, on dénonce, on perquisitionne, l’ancien maire est arrêté, le nouveau est menacé et insulté.

Le 20 septembre 1793, on tentait de déchristianiser la France et parmi les mesures, on décida de laisser une seule cloche dans chaque clocher alors que Téterchen en avait encore deux dont une fondue en 1788 sur laquelle la communauté devait encore mille livres. On répondit donc à la réquisition de la manière suivante: « La municipalité ne se refuse à abandonner une de ses cloches, comme étant une nécessité pour la patrie, mais d’un autre côté, elle a le regret de l’abandonner à cause que les cloches font partie du lustre de la religion. »

Mais en parlant de religion, Téterchen voulait un curé. Le curé constitutionnel de Tromborn assurait tant bien que mal un service, mais les vitres de l’église étaient brisées et il pleuvait sur les autels. Le conseil réclama donc la nomination du citoyen Abel, curé de , puis les deniers dus à l’église suite à la vente de ses biens mais il n’eut aucune réponse. Il supplia donc l’évêque de nommer le citoyen Antoine Bisch, ancien confesseur du monastère, mais l’évêque nomma ce dernier à Volmerange et -Macker. Le conseil expliqua à l’évêque que ces deux villages étaient trop importants vu l’âge du prêtre. L’évêque en convint et le nomma comme vicaire à Varize. Le conseil de Téterchen renouvela sa demande, appuyé par l’intéressé et Téterchen eut enfin son curé le 2 octobre 1793. Mais au début de 1794, Robespierre fit fermer les églises et la municipalité dut faire abattre les croix sur le monastère et l’église. Pendant ce temps, le père Bisch continuait à dire sa messe ouvertement dans une salle particulière jusqu’à l’arrivée des représentants en mission qui motiva une série d’arrestations dont celle du père Bisch qui fut dirigé sur les prisons de Verdun.

Les habitants de Téterchen étaient à nouveau sans curé et ils recommencèrent à manifester : « Considérant que le citoyen Antoine Bisch s’est toujours conduit en brave homme depuis vingt ans qu’il habite notre commune, tant dans le ci-devant convent des religieuses comme confesseur que comme administrateur constitutionnel de notre paroisse, qu’il s’est montré dans toute circonstance en bon citoyen, en nous prêchant l’union et la concorde, nous et tous les citoyens le verraient avec plaisir habiter parmi nous ; pourquoi nous demandons qu’il soit renvoyé de Verdun. Si toutefois notre demande n’est pas contraire à la loi et aux intérêts de la République.» Et le père Bisch fut relâché et revint à Téterchen.

La révolution ne fit plus vague à Téterchen, le train-train s’installe et le 12 juin 1796, l’église est officiellement rouverte et rendue au culte.

L’église de Téterchen :

Avant la construction de la nouvelle église en 1839, Téterchen possédait une église plus ancienne qui se situait à l’emplacement même de l’ancien cimetière. Cet édifice étant devenu très vétuste, le culte y fut interdit en octobre 1756. Les offices furent célébrés de 1756 à 1759 dans la chapelle des religieuses du couvent puis dans un bâtiment communal. Les paroissiens se faisaient enterrer dans les cimetières aux alentours : Brettnach, Hargarten et .

C’est la première pierre de la nouvelle église qui nous fournit les renseignements relatifs à la construction du nouvel édifice religieux : 8

« L’an du seigneur 1839, le 12 juin, moi première pierre j’ai été posée solennellement sous Louis Philippe roi de France, sous Monseigneur Besson évêque de Metz. Monsieur François Muller étant maire et Monsieur Geissenhover étant instituteur et Jean Grosse étant curé.» Après cette cérémonie, les habitants se mirent ardemment au travail. La bénédiction a eu lieu le 31 août 1840, soit 1 an 2 mois et 19 jours après le début des travaux.

En 1893, l’autel latéral gauche est consacré à Notre Dame avec une statue de Sainte Brigitte et une de Saint Jean de la Croix et l’autel de droite à Saint Joseph avec Saint Sébastien et Saint Wendelin.

Le 24 avril 1940, l’armée française fit démonter les cloches. Il y en avait une cloche de 35 kg à la mairie, le couvent en avait deux de 10 et 30 kg plus un carillon de trois timbres et l’église en avait 4 pesant respectivement 400, 800, 1000 et 1500 kg. La sonnerie se faisait manuellement. Il y avait également une horloge.

Reconstitution de l’église de 1750

Le couvent de Téterchen :

A la fin du XIII è siècle, 3 jeunes filles pieuses s’unirent pour consacrer leur vie à Dieu et joignirent leurs biens pour servir les malades. Leurs parents riches leur firent construire un petit couvent. Au XVI è siècle, les jeunes filles qui soignaient les malades se firent persuader 9 d’embrasser la règle de St. François qui d’ après la tradition a été fondée pour des sœurs hospitalières « vouées au soulagement des pauvres malades ».

Le couvent fut détruit une première fois au XV è siècle en 1429 ou 1444. C’est Jean, fils du Duc de Lorraine qui le rebâtit en 1462. L’église aurait été baptisée en 1480, soit 18 ans plus tard.

Au XVI è siècle, le monastère eut à souffrir des guerres de religions et en 1596 les religieuses se plaignirent d’avoir perdu le peu qu’elles possédaient pour vivre et entretenir leur religion. Le petit monastère ne se remit pas de ce désastre et le nombre des religieuses a fortement diminué. C’est l’ordre de Cîteaux qui accepta d’incorporer le monastère à l’ordre de St Benoit. Les sœurs de Cîteaux n’ont jamais pu prendre possession du couvent car les batailles autour et à Téterchen en 1635 laissaient un pays dévasté et le monastère ne s’en sortit pas indemne. Le couvent fut successivement relevé puis à nouveau ruiné, pour être enfin rebâti. La reconstruction du monastère apporta un regain de ferveur : de nouvelles sœurs grises arrivèrent.

Les sœurs quittèrent le couvent en octobre 1792 pendant la grande Révolution.

Le monastère connut alors l’occupation par des troupes, des dégradations et une succession de ventes et de changements de propriétaires.

Le couvent comprenait deux chapelles, l’une dans le bâtiment même, élevée en l’honneur de Notre Dame du Perpétuel Secours et l’autre dans un oratoire intérieur destinée aux exercices privés des novices En 1825, la chapelle dédiée à l’Immaculée Conception ainsi que les ailes Nord et Sud furent détruite. 10

En 1843, l’abbé Laglasse de Téterchen racheta les bâtiments, il prit l’habit monastique en 1846 et remit le couvent aux Rédemptoristes. C’est le 28 janvier 1847 que les Pères Rédemptoristes s’y installèrent avec le père Laglasse et que le couvent de Téterchen fut officiellement fondé.

Les quêtes et l’aide des habitants ont permis la reconstruction ainsi que l’agrandissement de l’édifice. On y a même accolé un bâtiment pour devenir un séminaire provincial. En 1852, la deuxième chapelle fut reconstruite. Le Bambesch a fourni les pierres, le sable et le bois.

Les pèlerins affluèrent de partout, même des pays voisins. En 1867, on y distribua 16.000 communions.

La guerre de 1870 vint interrompre la vie monastique des pères : le « Kulturkampf de Bismark » est à l’origine d’un nouvel exode de plus de 20 ans. Les pères furent expulsés en 1873. Le couvent devint un hôpital militaire allemand et c’est à cette époque que fut crée le cimetière allemand de la route de Brettnach. L’activité du couvent cessera une nouvelle fois lors du 1er conflit mondial de 1914-18 car la plupart des pères et frères ont dû rejoindre les unités armées. En 1939, le village fut évacué et le couvent servit d’asile successivement aux troupes françaises, allemandes et américaines.

C’est en 1945 que les pères purent revenir sur leur lieu de prières et d’études. Ils auront comme mission la propagation de la foi. Au vu d’un manque croissant de vocations, la suppression du couvent fut prononcée en 1964. De 1965 à 1989, le bâtiment servit de maison de retraite à l’hôpital de Boulay. Il fut ensuite racheté par un citoyen allemand puis par la commune de Téterchen et pour terminer par une société immobilière pour en faire des logements. La chapelle est restée la propriété de la commune.

Les chapelles de Téterchen :

Outre les deux chapelles citées dans le couvent, la troisième était la chapelle du cimetière des Pères Rédemptoristes. En 1955, on signalait près de la gare une chapelle néogothique en mauvais état qui contenait une statue du Bon Dieu de Pitié du XVIe siècle et contre les murs les tombes des religieux. Il s’agit sans doute de cette chapelle Saint Wendelin. Selon la légende, l’ermitage de Saint Wendelin aurait existé à l’endroit même où se trouvait la chapelle. Quelques noms d’ermites y ayant séjourné vers 1777: Baumanns Pierre Lindreau Michel Hopp Nicolas

Le cimetière allemand de 1870 à Téterchen :

Situé au carrefour des routes de Tromborn et , il rappelle les combats qui eurent lieu à Téterchen en juillet 1870 où une vingtaine de soldats furent enterrés. Le terrain servit aussi de cimetière protestant. 11

Trois tombes sont encore visibles; l’une ne porte pas d’inscription et la plus importante nous apprend qu’une entreprise de sondage prospectait la région en 1900. L’autre tombe est celle d’un enfant mort en bas-âge de culte protestant.

Pâques 1913

Isterhoff ou Alschiderhoff :

Dans la mémoire collective d’un village rôde toujours le souvenir d’habitants qui ont marqué la vie d’une commune. A la sortie de Téterchen, à droite de la frontière du ban d’Ottonville, se trouve le lieu-dit « ALTZ », où en 1706 on a fait construire la ferme ALSTERHOF, près de la forêt du Alstadt ou Lavald, disparue de nos jours, non loin des tumulus et des vestiges d’anciennes habitations époque gallo-romaine.

Dessin de Henri Bacher 12

Le 14 octobre 1767, un inventaire fut fait suite au décès du propriétaire Jacob Linden, demeurant au lieu-dit appelé vulgairement « Alt Stat ». Dans l’inventaire, on peut s’apercevoir que ledit fermier était un fermier assez aisé au vue de l’importance de l’énumération des biens : Par exemple : dans l’écurie à chevaux : 9 chevaux et 3 poulains dans l’écurie à vaches : 5 vaches, 6 porcs et 6 petits porcelets dans la basse-cour : 27 oies, 2 coqs, 12 poules et 18 poulets

La communauté de Téterchen :

En 1802, le ban de Téterchen se compose de 527 hectares de terres productives pour une population de 442 habitants dans 100 maisons. Chatellux dans son inventaire du département de la Moselle en 1860 citait un ban de 875 hectares dont 590 de terres labourables, 69 de prés, 148 de forêts et 28 de jardins et vergers.

Les villages voisins avaient attribué aux habitants de Téterchen le sobriquet de « die Batzerte » c’est-à-dire « les fanfarons ».

Vincent GUILLAUME, un passionné d’Histoire locale

Téterchen octobre 2012

Bibliographie : - le couvent des sœurs grises par Jean Baptiste Kaiser - SHAN - Archives paroissiales et communales - Archives personnelles