H enri PO L G E Archiviste du Conservateur du Musée d’

NOMENCLATURE OFFICIELLE DES CHATEAUX DU GERS EN 1810

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Imprimerie F. COCHARAUX

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NOMENCLATURE DES CHATEAUX DU GERS EN 1810

Henri POLGE Arohfviit$ duG«rs Conservêtiur du Musèê d'Aueh

NOMENCLATURE OFFICIELLE DES CHATEAUX DU GERS EN 1810

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Imprimerie F. COCHARAUX

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•XJ[ ans les pays du Gers comme dans la plupart des provinces françaises, la vie locale des communautés d’Ancien régime s’organise autour de deux -monuments essentiels, l’église paroissiale et le château. Mais si l’art religieux a fait dans ce pays l’objet de quelques travaux d’ensemble, il n’en est pas de même des châ­ teaux, pourtant très nombreux et souvent fort dignes d’intérêt, pépinières des fameux cadets de Gascogne. Certains ouvrages fortifiés semblent remonter, si l’on en croit leur appellation, comme , cas- Irum de Monte Lugduno, à l’époque préromaine. L’anti­ quité, nous a légué un certain nombre de camps, castra, castéras (du bas-latin castellare), tels ceux de Beau- caire ou de , encore insuffisamment étudiés ou de mottes, difficiles à distinguer des tum uli con­ temporains dont la liste est publiée dans le Bulletin de la Société archéologique du Les Gers. localités habitées à l’époque romaine ont pu devenir à l’époque féodale île véritables châteaux-forts, comme Meilhan, Aemilianus, dans la commune d’Ordan-Larroque. Au Moyen âge les grands châteaux féodaux se mul­ tiplient : ils se situent généralement au centre des circonscriptions qu’ils dominent, comme Durban, Ter­ mes, Pardai'llan, Montesquieu, Monllezun-Pardiac Castelnau-Barbarens, Montaut-les-Créneaux, Bilan, etc. Les ruines grandioses de ces puissantes construc­ tions s’élèvent généralement au sommet de coteaux abrupts et escarpés faciles à défendre parce qu’accès malaisé. Ils ne se différencient guère des châteaux de la même époque dont la conserve un peu partout de nombreux vestiges. Une catégorie plus spécifiquement locale de châ­ teaux-forts est celle qu’on est convenu d’appeler, depuis Philippe Lauzpn, des châteaux gascons dont le prototype serait le château, encore existant de Sainte-Mère. Si nous partageons dans leur ensemble les vues 6

archéologiques de Philippe Lauzun, nous sommes en revanche très sceptiques sur la signification stra­ tégique que leur assigne leur auteur lorsqu’il les considère comme les points d’appui d'une double ligne frontière qui aurait séparé le domaine français du domaine anglais à la suite du traité d’Amiens de 1279. (Voir notre plaquette Valence-sur-Baise et son canton, Auch, Cocharaux, 1955, ip. 29). Le caractère arbitraire de cette théorie apparaît clairement dans la difficulté où se sont trouvés les archéologues locaux qui travaillaient après Lauzun, tels Z. Raqué, de faire entrer dans le système des châteaux- du même type qui ne sont pas situés sur cette frontière et qu’on appelle « les petits châteaux gascons ». Pour des raisons de chronologie, de topo­ graphie ou de conception architecturale, d’autres châteaux gersois du Moyen âge ne peuvent recevoir l’appellation de châteaux gascons au sens que lui donnait Lauzun : ce sont par exemple ceux de La Devèze, de Roquefort, de Herrebouc, de , de (1370-71), de , etc. A partir de l’extrême fin du Moyen âge, les progrès de la poliorcétique, la décadence des grandes maisons féodales comme la Maison d’Armagnac et l’influence croissante de la monarchie modifient considérablement le climat comme les besoins de la construction. Les châteaux sont de moins en moins des forteresses, de plus en plus de grandes demeures d’habitation. Fla- marens, construit en 1469, est sans doute le premier exemple dans le fiers de ces conceptions nouvelles si harmonieuses et si heureusement proportionnées où apparaissent d’amples fenêtres à meneaux crucifor­ mes, des tours rondes au lieu des tours carrées tra­ ditionnelles et des toitures à forte pente couvertes de tuiles plates à crochet. A cette catégorie se ratta­ cheront plus ou moins directement une aile du châ­ teau de Gaumont à Cazaux-Savès (1525-35), ainsi que les châteaux dû Bartas à Saint-Georges (1567-69), de Madirac à (1582), d’Esclignac à , de à , de Saint-Gricq à Auch, de Léberon à Gassaigne, etc... Ce goût croissant du confort se manifestera plus encore au xvii " siècle à Beau ni on t-s u r-Los s e (1602- 22), à (1610), au Rieutort, commune de Roque'laure (1616-50), à où le château conserve toutefois une allure fort militaire (1620), à Saint-Mézard, à Maniban (achevé en 1644), à Gaumont (reconstruit partiellement en 1659-60), à Lamazère, à la Gassaigne-Saint-Avit, à Lamaguère, etc. Au xvni" siècle, le sens de l’esthétique s’allie à la commodité de vastes communs qui font du château un véritable microcosme économique : ainsi à Puysé- gur (restauré en 1735), à Latour, commune de Sama- tan, à Marignan, commune de Bars (1747), à (1750-84), à Espujos, commune d ’ Ord an-La r r oq u e (1773), à Mazères, commune de , à , haut-lieu gascon du bon goût et de l’élégance à la fin de l’Ancien régime. Sous la Révolution beaucoup de ces châteaux seront vendus comme Biens nationaux ; certains échappent pourtant à l’aliénation, comme celui de Latour, parti­ cularité qui assure le sauvetage d’un mobilier presti­ gieux. D’autres seront rachetés au lendemain de la tourmente comme , mais combien sont rava­ gés comme Lucvielle ou démolis comme . Au xix" siècle s’ouvre une période de restauration qui s’achèvera à peu près avec la première guerre mondiale. Le château de Saint-Blancart, incendié à la fin du siècle, est reconstruit ; d’autres châteaux font l’objet de remaniements à la mode du temps, avec des toits d’ardoise ou de faux créneaux ou une décora­ tion renouvelée qui peut s’inspirer, comme à , de la mythologie. L’influence du romantisme se fait sentir dans les châteaux comme dans les églises qui trop' souvent s’inspirent d’un prétendu style gothique. L'Inventaire officiel dont nous donnons le texte ci- dessous est encore inédit ; on conçoit sans peine l’intérêt qu’il présente au point de vue social comme au point de vue archéologique. Il complète et conti­ nue heureusement celui qui avait déjà été publié dans ce même Annuaire en 1890. H. P o lge . - 8 —

Renseignements fournis à San Excellence le Minis­ tre de l’intérieur, comte de l’Empire, sur les monu­ ments français, et principalement sur les anciens châ­ teaux de France qui ont existé et qui existent encore dans le département du Gers, en exécution de la cir­ culaire du 4 juin 1810.

1" A rrondissement d ’A uch

Le château de Marsan <1), situé dans la commune de ce nom est beau et vaste ; une partie est bâtie & la moderne, el l’autre paraît être de toute antiquité : on a trouvé depuis peu en faisant des fouilles, des fondemens qui annoncent que ce château a eu des for­ tifications ; presque entièrement détruit dans le xi' siècle par l’effet des guerres que le descendant d’Odon Fallu, comte de Fezensac, eut à soutenir en faveur de l'archevêque d’Auch, son oncle, il fut reconstruit au moyen des fonds que fournit à ce seigneur le cha­ pitre de cette ville. En 1448, Arsieu, Baron de , fit dona­ tion à son frère Barthélémy de ce château qui appar­ tient aujourd’huy à M. de Fezensac, héritier et chef de cette maison.

Le château d ’Orbessan (2) est situé dans la com­ mune de ce nom, sur un site élevé, dominant la plaine du Gers, et assez rapproché de cette rivière. Ses bâti­ ments, qui ne sont pas anciens, ont été réparés et embellis, de nos jours, par M. le président d’Orbessan qui n’avait rien épargné pour en faire une agréable demeure; il a joui des agrémens de ce séjour tout le teins de sa vie, et l’on regrette que, par sa mort, il soit tombé au pouvoir d’un propriétaire, qui préférant l’utile à l’agréable en a déjà fait disparaître tout ce qui en faisait l’ornement.

(1) Canton

(3) Canton d’Auch-sud. (4) Canton d’Auch-sud. (5) Canton de . (6) Canton d’Auch-sud. _ - 1 6- ee nom, ne présente que des ruines, qui en démon­ trant son antiquité, ne donnent aucun indice de l’usage pour lequel elle avait été construite. Bâtie sur une éminence, elle présente de trois côtés la forme d’une rotonde, les murailles en sont d’une solidité et d’une épaisseur extraordinaire, et il ne reste aucun vestige du couvert ni de la boiserie, il a été trouvé dans les environs de cette tour une muraille d’or, qu’on croit appartenir au tems de l’empereur Adrien et plusieurs (pièces de monnaies du comte de ('.entulle d’Astarac, ou xn* au xiii" siècle. 11 de ce nom, passa autrefois des comtes d’Armagnac dans la maison de . Il était dans les guerres de la ligue une place de sûreté pour les catholiques ; c’est aujourd’hui un grand pavillon carré accomodé à la moderne et qui appartient au fils du ci-devant marquis de Pins. l>e château de Montaut (12), situé dans la ville de ce nom a été jusqu’à la Révolution, le chef-lieu des baronies de Montaut. Les barons de ce nom étaient des grands seigneurs de ce pays, qui y jouissaient de gros privilèges. Il est possédé par un descendant de ces anciens barons.

L’ancien château de Castelnuu-Barburens (13) sjtué dans la ville de ce nom, fut pendant longtemps la rési­ dence des comtes d’â ' ‘ ir leur place — VI — contre des traces de l’architecture gothique. L’on reconnaît facilement que les caves de ce bâtiment for­ maient autrefois une église avec les dépendances, et l’on voit encore à l’entrée de ces souterrains un grand arceau gothique qui en était la porte principale. Dans une des encoignures se trouve une tour carrée et sail­ lante qui fut sans doute île clocher de cette église aujourd’huy totalement dominée par l’élévation du terrain extérieur. 'Ce château dut devenir, dans les siè­ cles suivants, une place de guerre, et alors la tour fut élevée à une hauteur considérable et elle fut tran­ chée a son sommet. Le château fut entouré de fossés, et avec la terre qui en provint on éleva considérable­ ment le terrain, et l’on fit des terres-pleins. On pra­ tiqua ,part,ouit des meurtrières, et l’on construisit dans les angles des guérites saillantes : à ces marques d’antiquité, qu’on joigne l'épaisseur des murs qui est de deux mètres, leur dureté, leur solidité et leur construction en grande partie de briques, on aura la conviction qu’il était capable d’une grande défense. Dans une des avenues de ce château se trouve un tombeau antique qui fut découvert à dans le milieu du xvin" siècle, et fut transporté à Mazères par ordre de M. de Morttillet, archevêque d’Auch. Ici la tradition populaire est évidemment erronée. Klle porte que ce château a appartenu aux chevaliers du Temple, ce qui ne peut être puisqu’il était la pro­ priété d’un seigneur gascon, qui le donna aux arche­ vêques d’Auch, à l’époque de la création de cet ordre. Il est demeuré la maison de plaisance de ces pré­ lats jusqu’au tams que devenu propriété nationale, il a été acquis par un négociant de Bordeaux.

2° A rrondissement de Condom

L’abbaye de Flaran (16), située dans la commune de Valence, qui appartenait à des religieux de l’ordre de Saint-Benoît, fut fondée, dit-on, par les comtes d'Armagnac. Les bâtimens en sont beaux et vastes,

(16) Commune et canton île Valence-sur-Baïse. 1S et sont habités par M“' Thore qui en acquis la propriété de la Nation. L’abbaye de Prouillan (17), dans la commune de Condom, appartenait à des religieuses de l’ordre de Saint-Dominique, et passait plutôt pour un prieuré que ipour une abbaye. Ses bâtimens sont en assez mauvais état et ne frappent l’œil que par leur éten­ due. C’est cet établissement qui paraît désigné pour devenir le dépôt de mendicité de ce département. Le château de Bonus (18), situé dans la commune de ce nom, n’a jamais été achevé suivant le projet du précédent propriétaire qui se proposait de ne faire de la partie construite qu’une aile du bâtiment dont il avait conçu le projet. Il appartient à M. le Baron de , et a été érigé en Baronie par décret. Le château de BusOa (19), dit anciennement de Maniban, situé aux. environs de la ville de Valence, ne présente qu’un grand corps de bâtiments sans piquer en rien la curiosité des artistes par la forme de son architecture. Tous les autres châteaux de cet arrondissement qu’on devrait plutôt appeler des maisons de campagne, n’offrent rien d’intéressant, par des faits historiques ou des traditions populaires, ou par la forme de leur architecture. Aussi l’on se bornera à en donner l’énu­ mération avec les noms des propriétaires. Lamothe- (20), appartient à la veuve Four- tet d’Eauze. Castelnau-d’Auzan (21), autefois à M. le Président Lacaze, appartient aujourd’huy à M. Boileau ; Fourcès (22), à la veuve Daspe, de Toulouse ;

(17) Commune et canton de Condom. (18) Canton de Valence. (19) Commune de Mansencomc, canton de Condom. (20) Commune de Cazeneuve, canton de Montréal. (21) Canton de Montréal. (22) Canton de Montréal. — 14 — Manlinc (23), à M. Carrère ; Balarirt (24), à M° de Mazelière. Ces deux châteaux sont situés dans la commune de Montréal et les pro­ priétaires ont le projet ou ont bien besoin de le faire réparer ; Le château de (25), dans la commune de ce nom, était autrefois à l'évêque de Condom, et a été vendu comme propriété nationale ; Beaumont (2(>), qui appartenait à M. de Brivasac, est aujourd’huy à M. de Mazelière qui l’a acquis de ce premier ; Fondelin (27), M. de Marin ; Verduznn (28), MM. Bezoles et Champêtre ; Cahuzar (29), aux demoiselles Campagne ; Fous sériés (30), à M. Laterrade ; Pegriac (31), à M. Dubernet ; Poiu/pardin (32) à M11' de Beaumont, ne sont plus que de vieilles masures ; Goalard (33). L’on a trouvé près de l’ancienne ville d’Eauze, dans

(23) Commune et canton de Montréal. (24) Ibidem. (25) Canton de Condom. (2fi) Canton de Condom. (27) Commune et canton de Condom. (28) Commune de Castéra-Verduzan, canton de Valence. (29) Commune et canton de Condom. (30) Ibidem. (31) Ibidem. (32) Ibidem. (33) Ibidem. - 1 5 - , l’espace qui se trouve entre les murs et la rivière des rfiines qui indiquent qu’il a existé dans ce lieu un ancien •monument, pris pour un Temple consacré à Gérés. La notice descriptive qui en a été faite par M. le médecin Layral, inspecteur des eaux thermales de 'Barbotan, et que nous joignons à ces renseigne­ ments, fera connaître les détails de cette découverte. - 1 6 - Le château de Barbet (37), situé dans la même com­ mune, appartient à M. Mai-cellier Gaujac. Il est remar­ quable par sa beauté et sa situation au Sud-Ouest de la ville, et la grandeur de ses bâtimens, ornés de quatre tours et bâtis à la moderne. Le château de Lubusquière (38), situé dans la com­ mune de , existait dès le xiv' siècle ; il est flanqué de quatre tours, ayant encore leurs pierres et des meutrières. Le château de Montégut (39), situé dans la commune de ce nom, n’est intéressant que par son ancienneté, et sa position élevée sur laquelle l’on ne peut parve­ nir que par la partie méridionale. , Le château de Puyluusic (40), situé dans la com­ mune de ce nom, n’a d’intéressant que son ancienneté et les fortifications que les traditions populaires lui ont données dans les teins reculés. Le château de Pe-llefigue (41), situé dans la com­ mune de ce nom, est remarquable par l’ancienneté et l’étendue de ces bâtiimens, réparés à la moderne et sa position sur un plateau élevé dominant la plaine de la Gimone. On voit à l’Ouest de ce château, et à la distance d’environ 5 mètres, un monticule en forme de pain de sucre, haut de 5 mètres et de 50 pas de circon­ férence — il est formé de terre, décombres, et sable de rivière, ce qui a fait croire que c’est une ancienne redoute. Le château de Samgnac Laussoue (42), situé dans la commune de ce nom, a été reconstruit de nos jours

(37) Ibidem. (38) Canton de . (39) Montégut-Savès, canton de Lombez (40) Canton de Lombez. (41) Ibidem. (42) Canton de . — 17 — par \1. Debon qui en est propriétaire. On y remarque certaines constructions d'une rare beauté et que les connaisseurs admirent. Le château de Tanquonet (43), dans la commune de Larrôucau, a été réparé à la moderne par M. Raynal qui en est le proprietaire depuis 17(58. II était dans les tenis reculés garni de créneaux dans les parties du Levant et du Midi. L’on y voit encore une visible tour de forme circulaire avec un escalier en spirale. Le château de Sauve terre (44), dans la commune de ce nom, appartient à M. de Resseguier, de Toulouse. Bâti sur un rocher en pain de sucre, au commence­ ment du ix" siècle, sa structure était gothique et dans les proportions des fortifications anciennes, un comte d’Armagnac y opposa, pendant plus de 30 ans, de vigoureuses résistances aux Normands et Danois réu­ nis qui ravageaient la Gascogne. Ce n’est plus aujour- d'huy qu’une vieille masure dans laquelle se trouve un canon de fer d’une grosseur assez considérable et de 4 mètres de longueur. L’ancien château de Samatan (45), dans la commune de ce nom, était par sa situation une citadelle d’une longue défense. Malgré ses fortifications et la profon­ deur de ses fossés, la ville et le château furent ruinés par l’effet des guerres des Français contre les rois d’Aquitaine ; il ne reste aujourd’huy de cet ancien château que les fossés et des fondements. Le château de Lusserade (46), dans la commune de Samatan, appartient à la dame de Vaillac, était anciennement la demeure des comtes de Comminges. Le château de Pradel (47), dans la commune de

(43) Aujourd’hui commune de Mongauzy, canton de Lombez. (44) Canton de Lombez. (45) Chef-lieu de canton. (46) Canton de Samatan. (47) Ibidem. - 18 — Saimatan, est remarquable par son ancienneté et par la naissance de Belleforest, auteur d’une cosmographie ancienne. Le château de Polmlron (48), situé dans ia com­ mune de ce nom, devenu propriété nationale, a été donné à la cohorte de la Légion d’honneur dont ce département fait partie. Le château de Caumont (49), situé dans la commune de Cazaux-Savès, se fait remarquer par sa belle posi­ tion et son architecture qui est un mélange du gothi­ que et du Moyen âge. Il esl de forme carrée, flanqué de belles tours, et d’un bastion qui lui sert de défense. Ce château appartenait à une branche cadette de la Maison souveraine de l’Isle-Jourdain. Marguerite de ce nom et héritière de cette branche le porta dans^la maison d’Epernon. Lé célèbre duc de ce nom y a pris naissance, et à l’extinction de cette maison il passa par héritage dans celle du feu le marquis de Lavalette de Montgaillard. Il est possédé aujourd’huy par Mll,e de Mac-Mahon, la fille de son héritière. Le château de (50), situé dans la com­ mune de ce nom, est placé sur un plateau d’une élé­ vation considérable et qui domine toutes les contrées voisines. Devenu propriété Nationale, il a été donné à la Légion d ’honneur. Le château de Bézéril (51), situé dans la commune de ce nom sur un plateau voisin de la grande route de Lombez à , n’offre qu'un corps de logis carré, ayant à chaque angle une tour de même forme. Il appartient à la Maison de Chopin et est devenu par sa succession la propriété-de M. Penderis. Le château de Peyrigtie (52), dans la commune du

(48) Ibidem. (49) Ibidem. (50) Ibidem. (51) Ibidem. (52) Commune de Seysses-Savès, canton de Samatan. 19 — même nom, n'a d’intéressant que son ancienneté qu’on dit remonter à pins de trois siècles, il est la propriété de M. Doujat.

Le château de Castillan (53), qu’on voyait dans les teins les plus reculés, dans la commune de ce nom, était d’une très belle forme, garni de quatre grosses tours, et de fortifications très considérables. Il apparte­ nait au cidevant duc d’Esclignac, et a été démoli pen­ dant la Révolution à l’exception d’ûne tour, qui menace ruine, des fortifications et des fossés. Le château de Clermont (54), situé dans la commune de ce nom, qu’on dit être un des plus anciens et des plus forts du pays, n'olfre aucun vestige de cette vétusté, ni de ses moyens de défense. Il appartient aux comtes de Dubourg et Vallier et a été réparé dans le goût le plus moderne. Le château de Casse mort in (55), situé dans la com­ mune du même nom, n’a de remarquable que son antiquité, placé sur un site élevé, des restes de for­ tifications, de fossés et d’un pont-levis annoncent qu’il a dû être fortifié. La famille Chastaignier le possède. Le château de Monbrun (56), dans la commune de ce nom, a été construit vers le xiv* siècle. Sa forme, qui est moderne, présente une masse de bâtimens flanqués de 4 tours de différentes grandeurs. Il est possédé depuis plus de 300 ans par la famille Pins. Le château de Puym inet (57), dans la commune de Cologne, est bâti sur un rocher et dans une situation agréable. La forme est élégante et dans le goût le plus moderne. Les évêques de Lee tou re en avaient fait une

(53) Castillon-Savès, canton de l’Isle-,Jourdain. (54) Clermont-Savès, canton de l’Isle-Jourdain. (55) Commune de l’Isle-Jourdain, même canton. (56) Canton de Cologne. (57) Commune et canton de Cologne. - 20 maison de plaisance, qui esl devenu la propriété de la célèbre famille Bastard. L'abbaye de Lomhez (58), que possédait depuis plu­ sieurs siècles la ville de ce nom, était un monastère de l’ordre de Saint-Augustin. Il fut érigé en abbaye de Notre-Dame vers le milieu du viif siècle. Le Pape Jean XXII érigea celte abbaye en évêché l’an 1367. Son premier évêque fut Arnault-Roger de la famille du comté de Comminges. L’église cathédrale qui dépendait de cette abbaye n’offre rien de bien remarquable à l’extérieur. Le clo­ cher très élevé, en forme de tour octogone, est hardi­ ment construit et la flèche qui fut détruite par la foudre, il y a près d’un siècle, devait rendre ce bâti­ ment très imposant. L’intérieur de l’église offre une voûte superbe qui fixe l’attention des vitraux placés dans quelques unes de ses parties, et notamment, les quatre évangélistes rivalisent par la beauté des couleurs et l'élégance du dessin avec ceux de la basilique d’Auch. L’orgue en est beau et le dispute en bonté à tous les instrumens de ce genre. L’abbaye de Sim one (59), dans la ville de ce nom, quoique sécularisée avant la Révolution, date des premiers jours de notre monarcnie. Clovis en fut le fondateur,

(58) Chef-lieu de canton. (59) Canton de Lombez. (60) Canton de Cologne. - 21 - démolis pendant la Révolution, et l’on regrette surtout un vaste escalier en pierre travaillée d'un goût vrai­ ment admirable. Un tombeau très ancien, en marbre blanc el de forme carrée se voyait avant la Révolution dans l’église des cidevant minimes de Cazaux. Les côtés de marbre noir étaient chargés d’inscriptions en lettres d’or, et, au-dessus, l’on voyait deux figures en marbre blanc el de grandeur naturelle ; l’une représentant un guerrier armé de pied-en-cap, et l’autre la figure d’une femme. Ms avaient l’un et l’autre les pieds appuyés sur les tlancs d’un lion qui était alongé sous la plante des pieds de ces deux personnages. On prétend que ce tombeau était le mausolée des fondations du château de Gaumont ; le cercueil en plomb qui renfermait les cendres de ces personnes illustres fut porté au district de l’Isle-Jourdain, el on ne sait ce qu’il est devenu. il existait dans l'église de Gastillon un tombeau de M. le général Fontérailles, dont le buste était porté sur un piédestal en marbre avec des inscriptions sur les principaux laits d’armes de ce militaire. Ce petit mausolée, dont le travail étail précieux, a été vendu pendant la Révolution. l-es autres châteaux de cet arrondissement, qui ne sont dans le fait que des maisons de campagne que la vanité des propriétaires ont accoutumé a être appelés de ce nom, n’offrant aucun intérêt, ni sous le rapport des arts, ni par des faits historiques, l’on se bornera â les énumérer en indiquant les propriétaires. Le château de Poussignan ((>1), dans la commune de Damades ;

Le château de Gensac (62), dans la commune de ce nom, appartient à M. Colomès-Monbrun ; Le château de Gammet <6.3), à M. de Ga navet ; Le château de Saint-Soulan (64) ; (61) Commune de St-Loube-Am., canton de bombez. (62) Commune et canton de Condom. (63) Canton de bombez. (64) Canton de Samatau. — 22 — Le cliâ'teau de Laxsegnan (65), aux environs de la ville de ; Le château de Latour (66), à Mlle Tournié Vaillac ; Le château de Lamothe (67), à M. Guillon, procureur impérial près le tribunal de Tombez ; Le château de Darollex (68), à MM. Pairie frères ; Le château de L affaçfe (69), à WP18 Laclaverie Pins ; Le château de Poligne (70), à M. De&paignol ; Le château Lahillaire (71), à M”° Gibenudeau ; Le château de Savignac-Mona (72), à M. Domézon, ex-trésorier de France ; Le château de (73), à M. Faussa ; Le château de Villeneuve (74), nouvellement cons­ truit par M. de Souville ; Le château de Gixcaro (75), à M. Sambuci ; Le château de Maurens (76), à M. Desinnorens, ex- président du Parlement de Toulouse ; Le château û'Endouf telle (76), à M. de Bon ton tan ;

(65) Commune

5° Arrondissement de Mihandk Le château de Monlezun (85), situé dans la com­ mune de ce nom, appartenait autrefois à la Maison souveraine des Comtes de Pardiac. Ce n’est plus au- jourd’huy que des ruines sans aucun intérêt pour les arts.

Le château de (86), situé dans la com­ mune de ce nom, qui n’offre plus que des murailles et des souterrains, appartenait jadis à la Maison sou­ veraine des comtes d’Astarae.

(77) Ibidem. (78) Ibidem. (79) Ibidem. (80) Ibidem. (81) Roquelaure-Snint-Aubin, canton de Cologne. (82) Commune de Calonvielle, canton' de Cologne. (88) Canton de Cologne. (84) Ibidem. (85) Canton de . (8(1) Caillou de Mirandc. 24 Le château de (87), situé dans la ville de ce nom, était autrefois la demeure des comtes d'Asta- rac. Quoiqu’en mauvais état il est cependant habitable, et la famille Passerieu qui en est devenu propriétaire, y fait sa résidence habituelle. Son architecture n’a rien de remarquable, ce sont des murs très épais, des salles très spacieuses, mais sans aucun ornement. C’est un château tel que ceux qu’on construisait dans les pre­ miers siècles de la monarchie, dans un pays (miséra­ ble, désert, pii les beaux-arts étaient inconnus. Le seul fait historique qui le rattache à l’existence de ce châ­ teau, c’est que vers la fin du xvi" siècle, il fut pris par Henri IV, roi de Navarre, qui le mit sous la garde de M. de Saint-Cricq, gentilhomme. Ce dernier ne tarda pas à être assiégé par les catholiques qui brû­ lèrent toute la charpente du château avec Saint-Cricq et ses compagnons. Le château de Thermes (88), près de la rivière de l’Arros, a été construit par les comtes d’Armagnac au commencement du xni° siècle. C’est une belle masse en pierre de taille qui était ornée de tourelles récemment détruites. 11 y a une tour carrée haute d’environ 80 pieds, et dont l’aplomb n’a pas démenti d’une ligne. Ce château de l’espèce de ceux qu’on appelait castnim, dominait sur une belle seigneurie qui devint l’appanage d’un bâtard d(’Armagnac. L’abbaye de (89), située dans la com­ mune de ce nom, appartenait à des religieux de l’ordre de Cîtaux. Les anciens bâtimens n’existent plus, les nouveaux qui n’étaient pas finis au commencement de la Révolution, servent de logement à M. Saintes, qui en est devenu le propriétaire. Ils n’offrent rien de remarquable en architecture, sculpture ny peinture. L’abbaye de Lacaze-Dieu (90), située dans la com­ mune de Beaumarchés, appartenant à l’ordre des Prê­

ts?) Chef-lieu de canton. (88) Aujourd’hui Termes-d’Arinagnac, canton d’Aignan. (89) Canton de Mirande. (90) Canton de Plaisance. — 25 - montrés, a été acquise de la Nation par M. de Fond- ville. Partie de ses bâtimens sont vieux et parties mo­ dernes, sans offrir dans l’ensemble rien d’intéressant pour les arts ni l’historique. L’abbaye de (91), ordre de Saint-Benoît, sur la rivière de l’Arros, fondée vers 1300 par un comte d’Armagnac, n’a que des bâtimens modernes, qui ont été vendus ainsi que les biens, dans les premières années de la Révolution. Son. église offre une cons­ truction qui date du siècle où l’abbaye fut fondée. Elle fut consacrée, et l’on voit enchâssée dans les murs qui sont entier de pierre de taille, la place des onctions, avec la lettre initiale du nom du prêtre célébrant. Son portail était orné de différentes ligures sculptées et assez bien conservées, mais le vandalisme révolution­ naire les a mutilées. L’abbaye de Saint-Mont (92), sur la rivière de l’Adour, anciennement de l’ordre de Saint-Benoît, réduite en prieuré vers le xnp siècle, n’a rien de remar­ quable. Les bâtisses en sont modernes et ont été ven­ dues pendant la Révolution. Celte abbaye fut fondée en 1040 par Bernard II comte d’Armagnac qui s’y fil moine et y mourut après 1063. Nous terminerons ces renseignements par quelques observations générales sur les châteaux, abbayes, monastères et monuments de ce département. Il est peu de départements qui nyent possédé, sur leur surface plus de châteaux et de monastères que le département du Gers. Mais les Guerres de Religion, qui affligèrent ce pays pendant longtemps, occasion­ nèrent la destruction d’un grand nombre d’entre eux, et des dégradations considérables dans les autres ; en sorte qu’aujourd’hui la plupart ne présentent que des ruines inutiles à l’histoire et à l’artiste. Quelques-nns cependant ont été reconstruits ou réparés dans le goût moderne, mais d’une manière très simple et pos­ sédés par des propriétaires de moyennes fortunes qui se sont abstenus des recherches de luxe. Enfin on peut

(91) Ibidem. (92) Canton de . — 2(5 — dire que dans ce moment il n’existe ([lie des masures insignifiantes de châteaux, ou des maisons de cam­ pagne dans lesquelles on ne trouve ni morceau remar­ quable d’architecture, de sculpture, de peinture, ni pièces hydrauliques, etc. Quant aux faits historiques, qui peuvent concerner les châteaux, la mémoire en a été détruite avec les archives des chapitres el des grands fiefs, dans les temps révolutionnaires, et à l’exception de quelques notes sur l’histoire ecclésiastique du pays, toutes les chartes et documents, que la méfiance et la jalousie tenaient sans cesse enfermées sous la clef, et déro­ baient à la connaissance de l’historien, sont aujour- d’huy perdus sans retour. T.es monastères étaient en grand nombre dans ce département ; mais la plupart de ceux qui portaient le Litre d’abbayes avaient été réduits depuis peu de siècles, en prieurés, ou réunis à d’autres, ou séculari­ sés. Un grand nombre étaient de fondation fort an­ cienne et avaient conservé leurs formes gothiques, jusqu’au moment oii les guerres de religion en entraî­ nèrent la destruction ou la dégradation. Ils ont donc, presque tous, été reconstruits depuis peu d’années et leur mérite sous le iapport de l’architecture est nul. Aujourd’hui tous ont été aliénés el appropriés à des établissements ruraux, à l’exception d’un petit nom­ bre, qui sont encore propriété de l’Etat. Tl n’a été recueilli aucun monument ou fragment historique ou d’art, à l'exception de quelques tableaux et livres. Les renseignements donnés dans les arron­ dissements s’accordent tous à dire qu’il n’en existait pas d’importants. Ces assertions, il est vrai inspire­ raient plus de confiance si elles élaient avancées par des personnes entièrement versées dans l’histoire de l’art et des monuments. Fait â Auch, le 14 Janvier 1811.