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Continuité

Siège de Québec de 1759 L’efficacité du « camp retranché » Serge Rouleau

Rives et dérives Numéro 121, été 2009

URI : https://id.erudit.org/iderudit/15669ac

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Éditeur(s) Éditions Continuité

ISSN 0714-9476 (imprimé) 1923-2543 (numérique)

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Citer cet article Rouleau, S. (2009). Siège de Québec de 1759 : l’efficacité du « camp retranché ». Continuité, (121), 54–55.

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SIÈGE DE QUÉBEC DE 1759 L'EFFICACITE DU « CAMP RETRANCHE »

Le champ de bataille du Sault de Montmorency est maintenant occupé par le quartier Saint-Grégoire-de- Montmorency, à Beauport. Les sites des redoutes Johnstone (gauche) et du Sault (droite) sont indiqués par des flèches. Photo : Ville de Québec

défensive a permis de repous­ ser une redoutable machine de guerre déployée dans la grande région de Québec.

TOUT POUR NE PAS QU'ILS DÉBARQUENT ! La tactique défensive visait à empêcher le débarquement des troupes ennemies et leur avancée vers la ville. Les che­ L'an 2009 marque le 250 e anniversaire du siège de Québec, qui a mins étaient une composante importante de ce système, car l'efficacité de la tactique rési­ détruit une grande partie de la ville. Pourtant, ce n 'était pas faute dait dans la capacité à dépla­ cer rapidement des unités d'un imposant système défensif : loin de se cantonner aux plaines pour contrer un débarque­ ment ou une attaque. Des retranchements ont donc été d'Abraham, il s'étendait à l'est au-delà de l'enceinte de la capitale de érigés près du rivage et un « ouvrage à corne » (front de la Nouvelle-. Visite du « camp retranché », fortification pourvu de deux bastions reliés par une cour­ dans les actuels Limoilou et Beauport. tine) a été aménagé pour défendre l'accès au pont flot­ tant mis en place pour la par Serge Rouleau défense de Québec, environ retranché » a donc été établi à durée du siège. Ce point de 12 000 étaient en état de com­ l'est de la ville, couvrant un passage correspond à l'empla­ Le siège de Québec a com­ battre. territoire de plus de 10 km cement actuel du pont mencé au printemps 1759. En En dépit de la position straté­ aujourd'hui intégré aux Drouin, à Limoilou, et le che­ mai, des feux ont été allumés gique de la ville sur le pro­ limites de Québec. min principal, au tracé du che­ pour annoncer l'arrivée d'une montoire du cap Diamant, Outre la mise en défense de la min de la Canardière. escadre anglaise composée de l'état-major de la colonie vou­ cité, les dispositions pour for­ Parmi les emplacements pro­ quelque 170 navires, dont lait tout faire pour empêcher tifier le paysage environnant pices à un débarquement, le 49 navires de guerre. Cette un débarquement sur la rive se sont avérées déterminantes rivage situé entre les rivières flotte transportait une armée nord du Saint-Laurent. C'est pour la suite des événements. Saint-Charles et Beauport avait de 8500 soldats aguerris pou­ que Wolfe, inspiré par l'opéra­ À son arrivée à Québec, Wolfe été estimé particulièrement vant compter sur l'appui de tion réussie de Phipps en a dû modifier ses plans en rai­ vulnérable. L'embouchure de 13 500 marins et 1900 bouches 1690, souhaitait répéter l'ex­ son de solides retranchements la rivière Saint-Charles a donc à feu. Sur plus de 16 000 indi­ périence dans le secteur de la près du rivage. Pendant été obstruée par l'échouage de vidus disponibles pour la Canardière... Un « camp presque trois mois, la stratégie deux navires et une chaîne

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mrJUt ffat* Aa C t sf IXJIK. .ri. L'KTON, VSIIKNI». <Ê0- INHr»*y*.*?*. transversale. Point central de l'avenue de Lisieux, au sud de nu*. \tj»PS v • A- cette zone, la ferme des la rue Hardy. PI". ~€' ) prêtres du Séminaire de Comme le déroulement des Québec a servi, au cours de événements entraînait de fré­ K K • W < l'été, de relais aux troupes et à quents déplacements des uni­ certains officiers de distinction, tés, les officiers responsables dont le sieur de Bougainville. du commandement devaient La propriété a aussi été utilisée se déplacer tout près de l'ac­ W comme dépôt pour l'artillerie et tion afin de prendre des déci­ diverses munitions. Le rivage sions rapides. Alors que les avait été garni de structures troupes et les miliciens dor­ militaires pour établir une maient sous la tente, les offi­ ligne de défense continue. De ciers de distinction avaient le nos jours, ce site correspond au privilège de loger dans des .r,,.*,* u AMUnuUl «iTMMr Domaine de . Ce habitations à proximité. Le •JdÉm parc urbain recouvre l'ancien 3 septembre, le marquis de Carte des environs de Québec en 1759 par Thomas Jefferys. Les tracé du rivage fluvial, mainte­ Montcalm avait installé ses retranchements sont illustrés sur le rivage du fleuve, de l'estuaire nant remblayé, et les sites des quartiers dans la maison du de la rivière Saint-Charles jusqu'à la rivière Beauport. retranchements français. sieur de Salaberry, tandis que III. : tirée de The Siege of and the Battle of the Plains of L'embouchure de la rivière le chevalier de Lévis logeait Abraham d'A. Doughty et G. W. Parmelee Beauport représentait un autre dans une maison du secteur point d'accès intéressant, à du Sault de Montmorency. Plus de 1000 grenadiers ont d'Abraham, est l'événement le marée haute, pour les embar­ donné l'assaut, appuyés par plus fréquemment associé à cations. En bordure fluviale, la CHAMPS DE BATAILLE, une opération navale et un l'été 1759. Le périmètre initial rive ouest du lit de la rivière a LIEUX DE MÉMOIRE barrage d'artillerie. Pendant de ce combat débordait large­ été garnie d'une ligne de Hormis les combats navals, les plus de sept heures, les ment les limites actuelles du défense composée de deux affrontements se sont surtout milices canadiennes et les parc des Champs-de-Bataille. redoutes et d'une série de déroulés sur le front de la troupes régulières comman­ La ligne de combat s'étendait retranchements joignant la rivière Montmorency. En dées par le chevalier de Lévis de la falaise jusqu'aux abords terre ferme. Les sites des juillet, des combats intenses ont résisté à l'attaque et au du boulevard René-Lévesque. redoutes riveraines se situent ont été menés dans le secteur bombardement. Le cœur de Les divers déplacements ont maintenant de chaque côté du des passages à gué de la rivière. ce champ de bataille se situait même atteint l'ancien tracé du boulevard Sainte-Anne, à Initialement, un corps d'élite autour de la redoute John­ chemin Sainte-Foy. De nos proximité de la piste cyclable. de 600 Canadiens et Amérin­ stone, dont le site correspond jours, la moitié nord du site de Malgré l'urbanisation et la diens alliés, sous les ordres du maintenant au quadrilatère cette bataille est envahie par vocation commerciale du sec­ sieur de Repentigny, avait été situé au nord du boulevard les édifices du quartier teur, les espaces libres lui posté dans ce secteur, l'un des Sainte-Anne, entre la 115e et la Montcalm. e confèrent un fort potentiel plus dangereux du siège de 113 Rue. Le paysage urbain, Noyés dans le tissu urbain, la archéologique. Québec. Ces emplacements à vocation résidentielle et majorité des ouvrages défen- Une autre redoute a été érigée coïncident maintenant avec commerciale, est dorénavant sifs de 1759 semblent avoir sur les hauteurs au nord de les abords du lac du Délaissé. complètement coupé de la sombré dans l'oubli collectif. l'entrée de la rivière Beauport. En dépit de l'avancée de la berge du fleuve par le réseau Pourtant, certains ont laissé À bonne distance du rivage, trame urbaine, le couvert routier. Les retranchements leur empreinte dans le paysage elle avait manifestement été forestier demeure important établis sur la crête de la falaise quelque temps : le contour de construite pour servir d'abri en sur une grande partie de sa font également partie du site l'ouvrage à corne aux abords cas de retraite précipitée des rive ouest. Les espaces libres de cet engagement, de même de la rivière Saint-Charles et troupes venant du Sault de pourraient encore abriter que l'emplacement de la celui de la redoute sur les hau­ Montmorency, et pour jouer quelques sites des affronte­ redoute du Sault, correspon­ teurs de Giffard ont été un rôle de sentinelle face à la ments de 1759. dant aujourd'hui aux terrains visibles pendant plus d'un zone boisée au nord. Selon ses Durant la journée du 31 juillet, entourant l'église Saint- demi-siècle. Sans compter que dimensions, elle pouvait abri­ un combat majeur s'est dérou­ Grégoire-de-Montmorency. plusieurs des sites du « camp ter une centaine d'hommes. Au lé aux retranchements mis en Des vestiges et des sépultures retranché » recèlent toujours e XX siècle, l'empreinte de cette place à l'ouest de la chute pourraient bien subsister dans de l'information inédite sur redoute était encore visible Montmorency. Une attaque le périmètre du champ de ces événements dramatiques. dans le paysage agricole. Son menée par l'élite de l'armée bataille. Qui sait ce que des fouilles emplacement se situe dans britannique a été dirigée Le dernier affrontement révéleraient au grand jour ? l'actuel quartier Giffard, contre les redoutes Johnstone majeur, survenu le 13 sep­ quelques mètres à l'est de et du Sault, près du rivage. tembre sur les plaines Serge Rouleau est archéologue.

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