La plus importante opération antiterroriste du GIGN... : L'intervention à -Marignane (décembre 1994)

Autor(en): Micheletti, Eric

Objekttyp: Article

Zeitschrift: Revue Militaire Suisse

Band (Jahr): 141 (1996)

Heft 2

PDF erstellt am: 04.10.2021

Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-345610

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La plus importante Operation antiterroriste du GIGN... L'intervention ä Marseille-Marignane (decembre 1994)

Par Eric Micheletti1

Cree en il y a plus 1994, pour liberer 70 otages ges d'un groupe de terroristes de vingt ans pour repondre retenus par 4 terroristes du GIA. ä la menace terroriste, le algeriens dans un Groupe d'intervention de la Airbus d'Air France. Mis en Moins d'une quinzaine nationale alerte le 24 decembre, 35 de minutes plus tard, le devient rapidement une hommes du GIGN attendent gouvernement frangais est reference pour les unites jusqu'au 25 decembre, dejä prevenu par la DGSE speciales d'intervention. II s'est sur la piste de Palma qui a des agents en Algerie, taille une reputation mondiale de Majorque, l'ordre entre autres ä l'aeroport apres l'extraordinaire d'intervenir sur l'aeroport d'AI- d'Alger. En outre, la France Operation de liberation d'o- ger. En fait, leur avion s'en- ecoute en permanence les tages intervenue sur l'aero- vole pour la France, et Communications radio, tant port de Marseille-Marignane l'intervention a lieu le 26 avec policieres que militaires, en decembre 1994. 3 groupes, soit 52 hommes. avec ses avions d'ecoute Apres 20 minutes, les de Gabriel C'est ä la fin 1973 que le type Sarigue, ou terroristes tues ; il a le commandement de la sont y Atlantic 2, ou avec navire trentaine de gendarmerie nationale decide une blesses, de la DGSE, le Berry. dont 9 dans les du la mise sur pied de deux rangs unites d'intervention GIGN. Jamais, une teile Aussitöt ä Satory, deux action mettant en jeu autant auxquelles il est delegue une groupes du GIGN, ceux de d'otages n'avait ete tentee alerte, competence : le premiere et deuxieme regionale et reussie. groupe d'intervention de la se rassemblent. Neuf gendarmerie nationale ä heures apres le debut de la Maisons-Alfort, l'autre ä prise d'otages, 40 hommes ä bord Airbus Mont-de-Marsan. Ces deux Samedi 24 decembre s'envolent d'un unites A300 identique ä celui sont regroupees en 1994 ä 11 h 15, sur l'aeroport 1976 pour former le GIGN. Houari Boumedienne d'Alger. En septembre 1982, cinq d'Alger. Quatre hommes en elements du GIGN sont tenue du personnel d'Air detaches La du groupe pour Algerie penetrent dans determination constituer l'ossature du VAirbus d'Air France en des terroristes GSPR, charge de la protection partance pour Paris. Ils se du chef de l'Etat. precipitent dans le cockpit Dans I'Airbus bloque sur oü se trouvent les trois d'Alger, selon les Les l'aeroport premisses hommes d'equipage, sor- passagers liberes, les terroristes de l'operation tent leurs armes et prennent sont jeunes, entre 20 le contröle de l'appareil. et 25 ans, le cheveu court et Le GIGN intervient sur Les passagers ne se sans barbe, polis mais l'aeroport de Marseille- doutent encore de rien, determines. Apres avoir mo- Ivlarignane, le 26 decembre mais ils sont dejä les ota¬ difie leur exigence, ä savoir

Redacteur en chef du mensuel Raids, ancien des troupes aeroportees francaises. A couvert de nombreux conflits. specialement au Moyen Orient et en Asie du Sud-Est.

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la liberation des dirigeants sagers et que les seuls qui lent par des Pseudonymes, du FIS, ils fönt des declarations risquent de mourir, ce sont ne touchent pas la nourriture aux otages, affirmant eux-memes et l'equipage. avant que les passagers vouloir donner une legon Tres vite, les experts s'aper- ne l'aient mange ; ils jouent aux Frangais. Leur goivent que l'action a ete alternativement le röle de determination, ils la montrent planifiee et que les terroristes « bons » et de « mechants ». en executant un policier al- sont bien entraines. gerien, un diplomate viet- A Marseille-Marignane, les Les services de namien de GIGN et un employe hommes du consta- renseignements algeriens identi- l'ambassade de France teront que, pour tromper fient rapidement le chef, ä Alger. leurs adversaires, les terroristes Abdul Abdullah Yahia, 25 portent des vestes ans, alias « l'Emir ». II Ils affirment en souriant et casquettes de membres appartient au GIA et est n'avoir rien contre les pas¬ de l'equipage. Ils s'appel- responsable de la mort, le 3 aoüt 1994, de 3 gendarmes et 2 agents consulaires frangais. Les negociateurs avec *mi~M lesquels il dialogue consta- tent son frangais approxi- matif et son intelligence limitee : il ponctue chaque phrase par « Inch'Allah ». M % - Prets pour intervenir K* • ä Alger

L'Airbus du GIGN a atterri MM ä 2 heures du matin sur la piste de Palma de - que aux lies Baleares. A » j+ < l'interieur, les 35 hommes du groupe attendent, tandis * le commandant Favier que regoit en continu appels telephoniques et fax de la cellule de crise ä Paris. e~L Soudain, un message du ministere de l'interieur: « Preparation en vue d'une Intervention sur l'aeroport d'Alger ». Tous sont prets et l'equipage attend le feu vert 1 pour decoller. Deux heures plus tard, le contre-ordre arrive. Le gouvernement frangais veut persuader le gouvernement algerien d'accepter que le GIGN soit present sur l'aeroport d'Alger pour « assurer une assistance technique durant l'assaut », dans le cas oü l'unite d'assaut algerienne

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interviendrait. Les equipes du GIGN attendent pendant 24 heures, ponctuees d'ordres et de contre-ordres. Enfin le message : « Direction £ Alger, toutefois aucun atterrissage sur l'aeroport n'est pour le moment prevue ». \ ^Airbus du GIGN approche de la cöte algerienne, puis fait demi-tour en direction ¦m de Marseille. C'est lä que le piege doit se refer- •mm mer sur les terroristes, une m action sur le territoire national ^ VÄ 22{*(' etant plus facile qu'ä /i Alger oü, pour intervenir sans crainte, le GIGN aurait l'EPIGN), le patron d'Air D'emblee, Paris a pris les eu besoin d'une zone « se- France, Christian Blanc, et menaces des terroristes au securite, les Algeriens curisee ». Le gouvernement son conseiller pour la serieux, alors que algerien avait refuse. qui n'est autre que pensaient qu'ils bluf- Meme si Alger avait ete Philippe Legorjus, ancien faient. A 21 h 31, les terroristes d'accord, le pire etait ä commandant du GIGN. La tuent le cuisinier de craindre durant l'intervention determination des terroristes l'ambassade de France et le du GIGN, par exemple est extreme. L'operation jettent son corps sur tar- des bavures des services risque d'etre tres dure, aussi mac. Le ton monte tres vite d'intervention algeriens. le commandant Favier entre le Premier ministre le Pendant que le GIGN se ordonne-t-il au capitaine frangais Balladur et Pose ä Marseille-Marigna- Tardy de constituer un President algerien. Zeroual ne, des messages sont troisieme groupe ä Satory, en donne finalement l'ordre envoyes ä l'equipage de VAirbus battant le rappel des hommes de degager les obstacles France. detourne, par chance en vacances, et de devant l'avion d'Air sans que les pirates s'en rejoindre. Une vingtaine de De son cöte, le pilote a tout les apergoivent. «Tächez par gendarmes-parachutistes tente pour convaincre tous les moyens de decol- de l'EPIGN, sont encore terroristes de s'envoler pour ler d'Alger et de vous diriger embarques dans un Transall la France. vers la France ». ä destination de Mar- seille-Marignane. Le Les ordres d'Edouard commandant maintenant Favier a Balladur clairs : intervenir A Marseille, le 26 decembre sont tres 51 gendarmes avec lui. les otages ä 2 heures, une cellule pour sauver de commandement vient et mettre les terroristes de nuire. Le de se constituer dans la hors d'etat tour de contröle. Autour du Le piege est en place commandant Favier peut ainsi etablir prefet de region, le chef du son plan d'attaque. Au dernier GIGN, le commandant Alger, 1 h 30. \JAirbus moment, il faudra Favier, et le commandant en d'Air France avec 172 otages pourtant tout second, le capitaine Kim, (63 ont ete liberes modifier et intervenir au plus qui arrivent de leur Airbus, entre-temps), s'est envoie en vite. bientöt rejoints par le colonel direction de la France. Le Janvier du GSIGN, le gouvernement algerien, ce- A 3 h 12, lorsque VAirbus commandant Pattin, son dant aux pressions de Paris, atterrit ä Marignane, les adjoint (ancien patron de a donne son aecord. groupes d'intervention du

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GIGN sont dejä en position le personnel des pistes. s'envoler vers un pays derriere des bätiments Durant leur travail, ils consta- moins hostile au Moyen- d'Eurocopter, et chacun tent que les portes ne sont Orient, soit, beaucoup plus espere que l'avion va se garer ni piegees ni bloquees. horrible, les terroristes veulent ä l'endroit prevu... L'appareil D'autres elements parviennent faire exploser l'avion suit la petite Renault 4L ä fixer des microphones en vol au-dessus de la capitale. avec son gyrophare. Cinq sur les hublots et le fu- Dans la matinee, un minutes plus tard, le dialogue selage, ce qui va permettre correspondant anonyme a commence. Les terroristes de suivre les mouvements telephone au consulat frangais exigent le nettoyage des islamistes. d'Oran pour annoncer des toilettes, le plein d'eau que l'avion « est une bombe et du kerosene. L'un des volante destinee ä negociateurs du GIGN a pour Une bombe volante exploser sur Paris ». mission, avec un autre, de se faire passer pour un Les « negociations » Le commandant de bord adjoint du de prefet, charge continuent jusqu'en milieu annonce : « Vous avez une negocier avec les terroristes d'apres-midi, lorsque les heure et demie pour faire le et le pilote. terroristes, dont un seul parle plein, sinon ils libereront frangais, fönt remonter la des otages, mais peut-etre Le jour vient de se lever; tension. Ils exigent du pas dans l'etat que vous es- dans VAirbus, la tension carburant pour s'envoler vers perez... » Plus tard, le monte et descend au gre du Paris, considerant Marigna- commandant de I'Airbus trans- ä « jeu » des terroristes. II ne comme une escale met: « Ils n'ont rien perdre. faut gagner du temps, tel technique imposee par le manque Ils sont decides ä mourir est l'ordre de Paris, et de carburant. La precision donc, si on ne satisfait surtout de ne pas laisser de leur demande, 22 pas leurs revendications, il l'avion redecoller. L'ordre tonnes de kerosene, fait n'y aucun probleme pour d'assaut sera donne, des craindre le pire. II en faut 10 eux. Si vous saviez tout que les conditions seront pour aller jusqu'ä Paris, et l'arsenal qu'il y a dans il 4 l'avion En les terroristes favorables. Les experts pensent y en reste encore dans ». effet, que cet assaut aura les reservoirs. Deux disposent de deux lieu la nuit suivante, quand hypotheses : soit il ne s'agit pas AK-47, une Uzt et deux la fatigue aura eu raison d'atterrir ä Paris, mais de pistolets, un Makarov et un des islamistes. Aus-si la cellule de commandement, "T les negociateurs cherchent ä faire trainer les choses. L'une des difficultes des negociateurs sera le manque d'informations, car les • Algeriens ont cache une partie des donnees essentielles dont ils disposaient concernant les preneurs d'otages.

Le ravitaillement en eau demande potable presque .'\ une heure, les manuten- tionnaires ayant pretendu- ment peur d'approcher de l'avion. Ceux qui s'appro- chent, ce sont des hommes du GIGN, habilles comme

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siere blinde, rien qu'ä la couleur ou la forme des yeux, on se reconnait. Personne ne parle. Chaque U equipe est commandee par son chef de groupe mais, ¦¦; parmi elles, il y a le a commandant Favier, les / mm"r^^m capitaines Kim et Tardy. ;->..; Bloques dans •.?¦•. 1 de i».' -.--¦ % le poste pilotage m SS .-..' »s « Go » Les vehicules rou- lent de concert, pas tres vite, car ils ne sont pas prevus pour faire mouvement , avec plusieurs char- dans les premiers rangs. La avec l'escalier deploye. Ils geurs, des grenades ar- porte avant droite s'ouvre, arrivent par l'arriere de tisanales et des pains de tous redoutent qu'un otage l'avion, lä oü la visibilite est la plastic. ne soit encore abattu et jete plus reduite. Manque de sur le tarmac comme ä chance, l'un des terroristes Apres avoir regu l'assurance Alger. L'un des terroristes se penche par la porte qu'une Conference braque son arme, un Maka- arriere gauche ouverte, et tire de presse va etre organisee rov et tire deux coups contre une premiere rafale, sans au pied de la passerelle, les la tour. On sait qu'il y a resultat. Moins de cinquante terroristes liberent deux deux terroristes ä l'avant metres I La porte arriere otages, ä condition que la et deux ä l'arriere. II est se referme, les deux passerelle soit enlevee. Des 17h 05. Le Premier ministre, extremistes courent ä l'avant qu'elle est degagee, ä sans cesse tenu au rejoindre leurs camarades 16 h 45, les deux reacteurs courant, vient de confirmer qui couchent au sol l'equipage de YAirbus sont mis en l'ordre d'intervention. dans le poste de marche. Aussitöt le GIGN pilotage. Au meme moment, croit ä un decollage et Le commandant Favier a les vehicules se separent, ordonne de faire barrer les remanie son dispositif. deux vers les portes Pistes. Avant que les Pendant que les 8 tireurs d'elite arrieres droite et gauche, le vehicules commencent ä bou- en tenue camouflee, prennent dernier vers la porte avant ger, l'avion se dirige vers la de nouvelles positions droite. Celui-ci doit tour de contröle. La tension sur les toits des bätiments, contourner l'aile, et les terroristes est maintenant extreme, les 3 equipes d'intervention, ont le temps de voir car tout le dispositif respectivement de 8 l'equipe approcher. d'intervention doit etre modifie... et 10 gendarmes, se sont installes sur 3 escaliers Dans l'avion, les otages L'appareil a stoppe ä mobiles fixes sur vehicule. Les tentent de se coucher. Les moins de 100 metres de 3 conducteurs appartiennent 7 gendarmes de l'equipe l'aerogare. Dans l'avion, au GIGN. avant, dont le commandant 'es terroristes paraissent Favier, bondissent et avaient tres excites, et l'un d'eux Sur les marches, chacun les dernieres marches, commence ä reciter un se regarde et, pour la tandis que le premier ouvre passage du Coran. « Quand j'ai premiere fois avant une la porte de tout son poids. entendu ces phrases, j'ai action, on se serre la main Un gendarme plonge ä compris que c'etait la fin », d'un escalier ä l'autre. Meme l'interieur, tandis que les terroristes dira l'un des otages assis avec le casque et la vi¬ tirent en rafales avec

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capitaine Kim. 67 secondes apres le debut de l'assaut, les portes de secours droite et gauche sont ouvertes les SV et toboggans deployes. Les passagers y glissent, aussitöt recuperes par les elements de l'EPIGN, 27 hommes, qui leur ordon- M nent de se coucher, les 1 mains sur la tete. A l'avant, la Situation est bloquee, quand l'un des terroristes reussit ä lancer une grenade dans la demi- obscurite. Explosion dans la carlingue qui renverse le commandant Favier; un gendarme dejä blesse au leurs fusils d'assaut. II est parce qu'ils l'auraient pris bras et ä l'epaule, regoit des fauche par 5 balles, tandis pour un terroriste. eclats dans le bas ventre qu'il replique avec son et les jambes. Nouvelle revolver MR73. 2 coups et 2 Au meme moment, ä la explosion... silhouettes disparaissent, porte arriere gauche, le blessees. Les rafales des groupe d'intervention, oü Pendant que le groupe gendarmes, derriere lui, se trouve le capitaine Tar- avant parvient ä fixer les repondent. Un second dy, fait irruption dans terroristes dans la cabine gendarme prend un balle dans l'avion, en hurlant aux otages de pilotage, les deux chaque jambe, mais continue de se coucher. Cuisine, autres groupes avancent par ä tirer avant de s'e- toilettes, placards sont fouil- bonds successifs, chaque crouler sur une passagere. les, tandis que les gendarmes binöme se postant aux zo- Un troisieme, puis un remontent les travees. nes-cles de l'appareil. 84 quatrieme sont ä leur tour Avec les torches fixees sur secondes apres le debut de touches. Le commandant leurs PM, ils verifient som- l'assaut, le toboggan avant Favier, entre en sixieme position, mairement qu'aucun terroriste droit est active avant de se miraculeusement n'est ne s'est glisse parmi degonfler, dechire par une pas blesse. Les balles les corps allonges. A rafale. Moins de 20 secondes passent ä travers les cloisons l'avant, les tirs sont inces- plus tard, le toboggan en agglomere, tandis que sants, courtes rafales du avant droit est deploye, qui les terroristes tirent ä bout GIGN pour empecher les servira ä un gendarme de bras par la porte de la islamistes de bouger, et blesse ä l'epaule et au dos. cabine. Un autre gendarme longues rafales des terroristes Celui-ci recevra ses est atteint par une balle ä travers les cloisons. premiers soins sous le feu par tiree ä travers la paroi. La Les deux elements de tete deux medecins du groupe. fumee et la penombre du deuxieme groupe sont genent les gendarmes qui touches, un gendarme L'un des gendarmes du sont obliges de soulever prend une rafale dans son groupe avant lance ä la par instant la visiere blindee gilet pare-balles. deuxieme minute de de leur casque l'assaut une premiere grenade d'intervention. Le copilote saute Les premiers passagers aveuglante par le hublot et sur le tarmac. Seul le sang- sont evacues par les portes rate son coup. Elle explose froid des elements d'appui arrieres par le troisieme sous le nez de l'appareil. 20 evite qu'il ne soit touche groupe, qui comprend le secondes plus tard, il en

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lance une seconde qui de- Par radio, le commandant velle Intervention des clenche dans le cockpit une Favier donne alors tireurs d'elite. Le pare-brise aveuglante lumiere, mais l'ordre aux 8 tireurs d'elite de VAirbus est perce par eile semble n'avoir aucun d'ouvrir le feu sur cibles. plus de 17 projectiles de effet sur les terroristes, en Leurs armes « couvrent » 7,62 mm, groupes en fonction etat second, qui continuent tous les angles du cockpit. des tireurs. Silence. A ä tirer. Un autre gendarme L'un des terroristes est tue la vingtieme minute de est blesse au sommet de net. 17 h 21, nouveaux tirs l'assaut, une voix se fait l'escalier. des FR-F1. Au total, les entendre dans les haut-par- tireurs d'elite lächent, sur leurs de la tour de contröle ordre, entre 10 et 20 coups : « Ici le commandant de Ordre chacun. A l'avant de l'appareil, bord, ne tirez plus, ils sont il faut imperativement tous morts » de « Tir nourri » epauler le premier groupe, aussi 4 GIGN remontent Le colonel Janvier reper- par la passerelle avant qui cute l'information au En moins de quatre commandant a servi ä l'assaut. Le chef Favier. Celui-ci, se minutes, tous les passagers mefiant d'une ultime ruse ont ete evacues. Le d'equipe monte, courbe, groupe quand une rafale est tiree des islamistes, ordonne aux oü se trouve le capitaine survivants de sortir les Kim au juger par un islamiste. opere sa jonetion avec mains la Le les Le gendarme est projete en sur tete. gendarmes du groupe commandant et un Steward sor- avant, dont la sont arriere, car une balle vient plupart SIG tent alors totalement ha- blesses. Ces derniers leur de fracasser son P-228, eile le gards, enjambant les corps hurlent, dans le bruit des est rentree sous canon ressortir le de terroristes. C'est fini, rafales, qu'il faut des munitions pour par Son lui a on comptera plus de 1500 et du materiel. Aussi pontet. arme sau- le ve la vie. coups tires, ainsi qu'une capitaine Kim court ä dizaine de grenades. l'arriere de l'appareil, deva- le la passerelle arriere pour Au bout de 10 minutes, 17 h 35. Avec les sirenes reclamer aux equipes d'appui les tirs provenant des terroristes des ambulances comme des fusils ä fönt pompe, un se plus espaces. fond sonore, le commandant bouclier des Les pare-balles, et gendarmes estiment Favier envoie un message bonbonnes Toutefois, 2 3 de gaz. que ou d'entre eux sont radio laconique ä la le Olivier morts. sur tarmac, Toutefois, une tour de contröle : « Operation Kim grenade lancee se rend compte que est encore terminee, pertes limitees depuis le l'emploi de gaz genera poste de pilotage ». La du autant prise d'otages les gendarmes, car dans la carlingue. Explosion vol d'Air France 8969, qui pour l'assaut, personne n'a et rafales du GIGN. aura dure 54 heures, est Pris son masque de Nouvelles minutes intermi- terminee. protection pour ne pas s'en- nables. Un seul terroriste combrer. semble encore en vie. Nou¬ EM.

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