MORTHOMIERS – CHEMIN DE FER DES MINIERES IRSP n°18157.1 Inventaire des Réseaux Spéciaux et Particuliers

Chemin de fer reliant les minières de Morthomiers

au Canal de Berry (Marmagne) MC

Code INSEE – Commune(s)

18050 – La Chapelle-Saint-Ursin 18138 – Marmagne 18157 – Morthomiers

Cher

N°RSU N° officiel Intitulé Ouverture Fermeture 18050.05M / Les Bordes – Port sec La Chapelle PV ? ? 18050.06M / Puits d’Ignoux – Port sec La Chapelle PV ? ? 18050.07M / La Chapelle PV – Canal de Berry ? ? 18050.08M / Les Carrières – Champ de la Dispute carrière ? ? 18138.01N 690 000 Marmagne – 1847 En service 18138.03N 695 000 Marmagne – Saint-Florent-sur- 1861 En service 18138.04P / EP gare d’eau de Pont-Vert Vers 1861 ? 18050.00P / La Chapelle PV – Les Grosses Terres ? ?

1800 1825 1850 1875 1900 1925 1950 1975 2000 2025

Carte des environs de Bourges - 1882 Gallica.bnf Annales des mines - 1886 Mines ParisTech Nouvelles annales de la construction – 6ème année - 1860 Gallica.bnf Congrès géologique international : Compte-rendu de la VIIIème session… Gallica.bnf

Protection du patrimoine Chapellois – Les puits de mines Commune de Morthomiers Commune de la Chapelle-Saint-Ursin Dictionnaire des communes de la (1864) Google livres Le Patrimoine des Communes du Cher – Editions FLOHIC La métallurgie du fer autour d'Avaricum (Bourges) dans l'Antiquité Persée

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Extrait de la carte des environs de Bourges – 1882 – Source : Base de données Gallica de la Bibliothèque Nationale de France

Quais de transbordement voie ferrée zone d’extraction

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A partir de 1837, une importante activité d’extraction de minerais de fer se développe sur les communes de Morthomiers, La Chapelle-Saint-Ursin et Marmagne, situées à l’ouest de Bourges. Ces minières alimentent principalement les usines du Cher et de l’Allier (Commentry, Montluçon). En 1858, avec près de 1/5ème de la production française, le Cher est le département qui extrait le plus de minerai, devant la Haute-Marne, la Haute-Saône, la Moselle, la Meuse, le Pas-de-Calais et la Côte-d’Or. Extrait de la carte du département du Cher – 1903 Source : Base de données Gallica de la Bibliothèque Nationale de France

Dans un premier temps, l'exploitation s'effectue par des tranchées à ciel ouvert pour le minerai se trouvant en surface (3 à 4 mètres de profondeur) et par puits et galeries pour les filons dont la profondeur atteint de 8 à 15 mètres de profondeur. Vient ensuite l'ouverture des grandes exploitations régulières à une profondeur de 30 mètres : Les Carrières, Les Bordes, Ignoux, La Corne et Prunet (ou Prunay). Le 1er mars 1886, la Société de Châtillon- Commentry, propriétaire des lieux, cesse en grande partie les travaux. Ils sont abandonnés dix ans après, repris en un point en 1899 (3 000 tonnes extraits) et encore une fois abandonnés vers 1901.

La majorité du minerai était acheminée jusqu’au Canal de Berry (1835-1955), à l’aide d’un chemin de fer sur lequel circulait des wagonnets tractés par des chevaux (source : Protection du Patrimoine Chapellois).

Le 9 décembre 1861, la ligne Bourges – Montluçon est ouverte à l'exploitation. Le minerai peut alors être chargé à la station de La Chapelle-St-Ursin, qui se situait au passage à niveau de la route de Villeneuve-sur-Cher. Port de Pont-vert

Les deux stations de La Chapelle-Saint-Ursin A l’origine, il n’était pas prévu de stations entre la bifurcation de Pont-Vert (Marmagne) et Saint-Florent-sur-Cher. Sur insistance des communes traversées, la construction s’une station fut accordée au passage à niveau de la route de Villeneuve-sur-Cher (actuelle D16). Ce choix avait été dicté par la proximité des minières et le projet d’un « port sec ». Au début des années 1900, la municipalité de La Chapelle-Saint-Ursin se met d'accord avec la compagnie d'Orléans pour ouvrir une nouvelle station plus proche du bourg, au lieu-dit « Le Ponceau ». Malgré la réticence la commune de Morthomiers, qui porte l’affaire devant la justice, elle ouvrira en 1910. Cette création impliqua la suppression et le transfert à la nouvelle station, du service voyageurs et des services messageries, denrées et colis postaux, et une modification du nom. La première station devint « La Chapelle- Saint-Ursin P.V. » et la nouvelle prit le nom de « La Chapelle-Saint-Ursin G.V. » (ci-contre vers 1920).

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La carte de 1882 permet de tracer assez précisément les ramifications des voies ferrées. Celles-ci semblent anciennes et pourraient remonter aux années 1840.

La desserte des sites d’extraction Ci-dessous, la vue aérienne de 1950 de l’un des anciens sites d’extraction, situé au nord-est de Morthomiers. Il est possible d’apercevoir l’ancienne plateforme mentionnée sur la carte de 1882. Le tracé en pointillés verts semble également correspondre à une ancienne plateforme ferroviaire. D’autres traces peuvent laisser supposer l’existence d’autres ramifications (tracé en pointillés oranges).

Les Bordes

Le Puits d’Ignoux

Le tracé en pointillés verts bifurque vers l’ouest et semble partir en direction des Etangs de Prunay (ou Prunet), ruines emplacement d’autres sites d’extractions, aujourd’hui noyés. Des ruines sont visibles sur la vue de 1950. Le Puits d’Ignoux Les Bordes

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La gare de fret de la Chapelle-Saint-Ursin La vue aérienne de 1950 présente Vers le Canal l’environnement de la gare de fret de la de Berry Chapelle-Saint-Ursin. Les traces de l’ancienne ligne minière sont en partie visibles, ainsi que la supposée voie, indiquée en pointillés verts sur les VA précédentes. Vers les Cette dernière semble se raccorder au mines chemin de fer Bourges – Montluçon (raccordement nord ?). Il pourrait donc s’agir, non pas d’une portion à voie étroite, gare mais d’un ancien embranchement particulier à voie normal. On distingue le passage de la ligne minière sous les voies de la Cie du PO. Une petite portion de voie semble rejoindre une petite carrière (tracés en pointillés jaunes).

Ci-dessous, le site en 1961, avec des traces encore bien visibles.

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Sur la vue de 1950, la trace se dirigeant vers le sud s’approche au plus près du chemin de fer de Bourges à Montluçon (raccordement sud ?). Le port sec devait être situé face à la gare. Il n’existerait plus aucunes traces de nos jours. Même l’ancien passage sous la ligne de chemin de fer aurait été comblé.

Ci-dessous, la gare de La Chapelle-Saint-Ursin « Petite Vitesse ». La direction de Montluçon est à droite. Le PN est sur la gauche (cliquer sur la CPA pour accéder à Street View).

Le site est totalement remanié à la fin du XXe siècle. La gare est détruite à la fin des années 1970 pour laisser place aux voies desservant les silos Soufflet Agriculture. D’autres EP desservent un recycleur, les sociétés NEXTER et MBDA.

silos

recycleur NEXTER

MBDA

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Du port sec au Canal de Berry La ligne minière longeait le chemin de fer de Bourges à Montluçon sur environ 2,5 km. Dans traversée de La Chapelle-Saint-Ursin, elle passait sous l’actuelle rue Jean Moulin, par une ouverture pratiquée dans le pont de la Cie du PO (ci-contre, vue aérienne IGN de 1985 ; ci-dessous, de 1962 – cliquer sur la vue ci-contre pour accéder à Street View 3D).

Ci-contre, le tracé et le mur de soutènement sont visibles.

La voie s’écartait ensuite en direction du Canal de Berry.

Le transbordement avec le Canal de Berry Sur le plan de 1882, le transbordement s’opère en dessous de la bifurcation de Pont-Vert, aux Renfermes. Sur la vue aérienne de 1961, des ruines sont visibles (cercle jaune). Le port devait être situé à l’est, sur la même parcelle.

Les Renfermes

Ancien port ?

Lors de la construction du chemin de fer de Bourges à Montluçon, une gare d’eau et de marchandises est créée à Pont-Vert. L’ancien port des Renfermes aurait-il alors été comblé ?

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Avant l’ouverture du chemin de Pont-Vert fer de Bourges à Montluçon, par la Cie du PO, il est possible qu’un embranchement particulier ait été posé entre le chemin de fer de à Bourges (ouvert en 1847) et Les Renfermes. Des ? traces sont visibles sur la vue aérienne de 1950 (ci-contre) et 1961 (ci-dessous). Devenue inutile après la création du port sec de ruines La Chapelle-Saint-Ursin, la voie aurait été déposée.

La portion de ligne minière, entre le port sec et le port du Canal de Berry, aurait été conservée uniquement pour permettre l’acheminement du minerai jusqu’aux Hauts-fourneaux uniquement desservis par voie d’eau : Bourges, , ,…

Les fourneaux de Bourges En 1838, les Forges et Fonderies de Bourges sont créées sur l’emplacement d’un ancien moulin, au bord du Canal de Berry (actuelle salle de spectacle ‘’Le Palais d’Auron’’). En 1860, elles sont transformées en pointerie.

Les Hauts-fourneaux de Bourges-Mazières (ci-contre) sont créés en 1847. Ils sont situés au sud de la ville, à proximité de l’actuel plan d’eau du Val d’Auron. Ils ne furent desservis par le rail qu’à partir du 1er octobre 1888. C’est à cette date que le chemin de fer métrique de Bourges à Dun-sur-Auron est ouvert. Auparavant, l’usine n’était desservie que par le Canal de Berry. En 1901, le haut-fourneau n°1 ferme. Le dernier s’arrête en 1908.

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Ci-contre, le site de Pont-Vert en 1962, avec en traits pleins, les voies confirmées.

Une voie parallèle au canal devait logiquement exister pour faciliter le transbordement. L’une des deux voies perpendiculaires devait accueillir les wagons à décharger dans les mini- péniches (le Canal de Berry était au gabarit anglais) ; la seconde, les wagons en attente de départ.

Les anciennes cartes postales du site sont rares. Seules deux ont été trouvées. Celle-ci-contre est prise en direction du nord-est (flèche verte).

La seconde est prise en direction de l’ouest.

A l’extrême droite, l’arrière d’un wagon est visible sur l’une des deux voies rejoignant le canal. Des plaques tournantes permettent de diriger les wagons à l’intérieur de l’usine.

Accident dramatique à Pont-Vert Un marinier, habitant Montluçon, a été victime d’un grave accident arrivé à la gare du canal, à Pont-Vert, près de Marmagne. G…, maître marinier, allait procéder au transbordement de sa cargaison dans les voitures de la compagnie d’Orléans. Quatre wagons, amenés à cet effet, se trouvaient sur la voie, non loin des bateaux. G… donna l’ordre à ses hommes de les faire avancer. Il se mit lui-même à pousser les deux premières voitures qui étaient à quelques mètres devant les autres. Ces dernières ne tardèrent pas à les atteindre, et l’on cria alors au marinier de prendre garde à lui. Il le fit et se retira aussitôt. Mais après le choc des tampons, il crut pouvoir reprendre sa place, et se précipita l’épaule en avant. Malheureusement, il avait mal calculé son élan, et il vint s’abattre dans le vide entre le deuxième et le troisième wagon, qui lui mettait l’épaule et la tête en bouillie. La mort a été instantanée. G… était originaire de Saulzet (Allier), et âgé de soixante et un ans ; il laisse une femme et quatre enfants. LE RAPPEL – 30 décembre 1887 Les registres d’état civil de Marmagne (AD du Cher) apportent les précisions suivantes : L’accident a eu lieu le 23 décembre 1887 vers 15 heures. Le marinier se nommait Joseph GRELET. Il était né à Saulzet et était marié avec Marie GERIGNY.

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Sur le cadastre, on peut observer deux bandes rejoignant Pont-Vert : Pont-Vert la première longeant le chemin de fer de Montluçon ; la seconde passant à proximité des Renfermes. Cette dernière porte le nom de Chemin rural dit des Mines, Les Renfermes jusqu’à sa jonction avec la Route de Marmagne (D23).

Le chemin de fer minier est indiqué en pointillés rouges (tracé approximatif selon le plan de 1882).

Sur la vue aérienne de 1961, un chemin passant sous les voies de la branche Bourges – Montluçon du triangle, est visible (cercle orange). Il longe ensuite la branche Vierzon – Bourges pour se terminer en cul-de- sac (flèche orange). Peut-être recevait-il une voie étroite.

A droite, les voies sont aujourd’hui traversées à niveau, mais sur la vue aérienne, un doute subsiste sur la présence d’un passage sous les voies (ovale rouge).

Ci-contre, extrait du cadastre avec une bande plus large au niveau du supposé quai de transbordement.

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Nommer un chemin rural « des Mines », ne peut être le fruit du hasard. Son utilisation était certainement liée à l’exploitation minière. Sous réserve d’avoir reçu une voie ferrée, jusqu’où allait-elle ?

La vue aérienne de 1961 laisse apparaitre d’anciennes ruines à la jonction du chemin rural avec la route de Marmagne. Il s’agirait de vestiges d’anciens fours à chaux, disparus dans les années 1970. Les carrières, aujourd’hui noyées, étaient exploitées à Pierrelay (commune de Bourges).

Une voie ferrée de type Decauville a donc pu exister entre les carrières, ces fours et Pont-Vert.

Mais pourquoi nommer le chemin rural « des Mines » ? La carte géologique du département du Cher (1849) mentionne une minière à l’ouest de la Grange Miton (ou Mitou) (cercle rouge). Peut-être un début de réponse…

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Pour le moment, les données concernant le chemin de fer minier restent insuffisantes. Voici une chronologie où les événements certifiés sont mentionnés en gras ; les supposés en italique.

. 1831 Ouverture de la branche nord-ouest du Canal de Berry, entre Fontblisse et Noyers-sur-Cher, via Dun-sur-Auron, Bourges et Vierzon (dessert Thaumiers et Bourges-Mazières) . 1835 Ouverture de la branche sud du Canal de Berry, entre Fontblisse et Montluçon, via Saint-Amand-Montrond . 29/01/1837 Autorisation d’extraction du minerai de fer sur le territoire de La Chapelle- Saint-Ursin . 1837 Ouverture de la branche nord-est du Canal de Berry, entre Fontblisse et Marseilles-lès-Aubigny, via (dessert Grossouvre, La Guerche-sur- L’Aubois, Le Chautay, et rejoint le Canal Latéral à la Loire) . Entre 1837 et 1847 Ouverture supposée du chemin de fer entre les minières et le Canal de Berry . 20/07/1847 Ouverture de la ligne Orléans – Vierzon – Bourges . Vers 1850 Création supposée d’un EP entre Pont-Vert et Les Renfermes . 09/12/1861 Ouverture de la ligne Bourges – Montluçon . Vers 1862 Création d’un port sec à La Chapelle-Saint-Ursin et d’une gare d’eau et de marchandises à Pont-Vert. Suppression supposée de l’éventuel EP des Renfermes. . 1882 Carte des environs de Bourges mentionnant le chemin de fer minier . 01/03/1886 Début de l’arrêt des travaux d’extraction . Vers 1890 Fermeture supposée du chemin de fer minier . 1908 Arrêt du dernier Haut-fourneau en activité dans le Cher (Bourges-Mazières)

L’écartement utilisé pour le chemin de fer minier est, pour l’heure, inconnu. Il pourrait s’agir d’un écartement métrique, tel celui utilisé pour le chemin de fer des minières de Saint-Hilaire-de-Gondilly (voir fiche IRSP n°18215.1).

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