N°118 ZIBELINE 12.05 > 16.06.18 Mensuel culturel engagé du Sud-Est Le festival OH LES BEAUX Gap : tous de Marseille jours ! DEHORS ENFIN !

3€ L 11439 - 118 - F: 3,00 - RD La Ville de Gap et le théâtre La passerelle présentent GRATUITTOUS DEHORS Théâtre / 1ères de création (ENFIN)! J’AI PEUR QUAND 23 > 26 LA NUIT SOMBRE MAI 2018 Festival des arts de la rue À GaP Edith Amsellem ± 1h30 en libre circulation (artiste de la Ruche) / Cie ERD’O ≥ 12 ans

SPECTACLE EN PLEIN AIR ! RDV AU MERLAN > 20H, 20H30 OU 21H

Départs en navette vers le lieu de représentation : 20h15 / 20h45 / 21h15 Retour vers St-Just (métro) et Le Merlan (parking) : 22h / 22h30 / 23h / 23h30 Parking gratuit au Merlan Buvette sur le lieu du spectacle Tenue confortable recommandée 01 02 03 JuiN 2018

© Edith Amsellem

Edith Amsellem et la compagnie ERD’O tirent le fil rouge d’un Chaperon en quête de ses origines. Loin des best-sellers édulcorés de Perrault ou des frères Grimm, cette installation vivante, en libre circulation dans un parc boisé, vous invite à (re)découvrir les versions originelles de ce conte issues de la tradition orale… Une proposition buissonnière et déambulatoire pour se réapproprier un récit initiatique qui enseigne aux jeunes filles l’audace et la liberté.

Un rendez-vous MP2018 Quel Amour ! en coréalisation et coproduction avec La Criée, Théâtre National de Marseille 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Tarifs : 15 / 10 / 5 / 3 € infos & réservations > avenue Raimu, Marseille 14e > 04 91 11 19 20 / www.merlan.org AVRIL MAI 2018

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CULTURE ET SOCIÉTÉ Mission de Mensuel payant paraissant le deuxième samedi du mois Édité à 20 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 Marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732 service public Imprimé par Riccobono Imprim’vert - papier recyclé « Le théâtre est au premier chef un service public, tout comme le gaz, Crédit couverture : © Alouette sans tête l’eau, l’électricité ». Conception maquette Tiphaine Dubois Si aujourd’hui l’affirmation de Jean Vilar nous sidère, ce n’est pas parce

Directrice de publication & rédactrice en chef que l’utilité sociale des arts n’est plus à la mode. Non. Mais parce que Agnès Freschel l’eau, le gaz et l’électricité ont été privatisés. En revanche l’art rempart [email protected] 06 09 08 30 34 Rédactrice en chef adjointe contre la barbarie, qui doit aller jusque dans les prisons, les hôpitaux et les Dominique Marçon [email protected] 06 23 00 65 42 écoles ghettos, la mission sociale des artistes, tout cela est acté, compris, Secrétaire de rédaction Anna Zisman admis. Par les artistes et les acteurs culturels, dévoués, missionnés, [email protected] 06 88 46 25 01 surqualifiés et sous-payés, placés dans une constante concurrence, et soupçonnés toujours d’élitisme. ARTS VISUELS La culture service public ? L’essentiel de l’argent public alimente Claude Lorin [email protected] 06 25 54 42 22 les ors du Château de Versailles et de l’Opéra de , et LIVRES Fred Robert la restauration du patrimoine privé. Stéphane Bern y [email protected] 06 82 84 88 94 veille. Hors de cette sphère aristocratique, la puissance MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel publique délègue aux artistes des missions de [email protected] 06 20 42 40 57 CINÉMA service public, tout en exigeant une rentabilité Annie Gava [email protected] 06 86 94 70 44 de leurs projets, un équilibre économique, 118 Élise Padovani un nombre de représentations, un « impact [email protected]

WRZ-WEB RADIO ZIBELINE public » mesurable. Et en baissant le financement ÉDITO Marc Voiry [email protected] de cette mission déléguée, qui consiste à répondre aux droits culturels des Français. Polyvolants Chris Bourgue Oui, l’ambition vilarienne d’inscrire l’art dans l’histoire [email protected] 06 03 58 65 96 sociale était belle, et son souvenir fait affleurer aujourd’hui Gaëlle Cloarec [email protected] 06 72 95 39 64 la mémoire des grandes nationalisations d’après-guerre, de la Maryvonne Colombani [email protected] 06 62 10 15 75 sécurité sociale, de l’audiovisuel public. Du gaz et de l’électricité Marie-Jo Dhô financés par l’État. D’Air , des PTT, de la SNCM et de la SNCF, [email protected] Marie Godfrin-Guidicelli qui assuraient la continuité territoriale, portaient le courrier et les colis [email protected] 06 64 97 51 56 tous les jours jusque dans les coins reculés, jusque chez les ultramarins. C’est aujourd’hui cette idée même du service public qui est perdue. Maquettiste Philippe Perotti La rentabilité a gagné, dans les esprits, dans les médias qui ne croient [email protected] 06 19 62 03 61 plus à leur mission d’information et gèrent l’audimat. Qui préfèrent les Commerciale Rachel Lebihan micros-trottoirs d’usagers excédés plutôt que l’explication, à portée [email protected] 07 67 19 15 54 La régie de leur travail d’enquête : si le service public du transport disparaît, Jean-Michel Florant [email protected] 06 22 17 07 56 des territoires seront définitivement désertés ; les avions, la voiture, les Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Frédéric camions et les cars gagneront, au détriment de notre santé, de notre Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion mobilité. Et de notre droit à disposer, parce que nous payons des impôts Cordier, Caroline Gerard, Delphine Dieu, Hervé Lucien, Julie Bordenave qui sont censés les financer, des services publics que nos parents ont Administration Catherine Simon gagné de haute lutte sociale. [email protected] AGNÈS FRESCHEL Houda Moutaouakil [email protected] 04 91 57 75 11 Chargée des abonnements Marine Jacquens [email protected] 06 46 11 35 65 Communication Louis Giannotti [email protected] 04 91 57 75 11 Exposition 25 avril—10 sept. 2018

O r Mu c e m

Avec le soutien de Avec la participation exceptionnelle du musée du Louvre Partenaires :

Photographie : Lingot en forme de disque plat, Élam (actuel Iran), Suse, vers 1500-1200 av. J.-C., Paris, musée du Louvre, département des Antiquités orientales © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux Exposition 25 avril—10 sept. 2018 sommaire 118

SOCIÉTÉ États des eaux (P.6) politique culturelle Conférence régionale des arts et de la culture à Mougins (P.7) ExtraPôle, ou la production des arts de la scène en questions (P.8-13) Place aux compagnies, Aubagne (P.14) Balance ton Off (épisode 3) (P.15) La décentralisation ministérielle sur la sellette (P.19) Faut-il sauver les Chorégies d’Orange ? (P.20-21) Musées d’Avignon, Forum des médias, Le coeur a ses saisons, Cie si sensible - Place aux Compagnies 2018 © Christophe Raynaud de Lage Contexte(s) au Merlan (P.22-23) événements O r Mu c e m Le Mucem, la Nuit européenne des Musées (P.24-25) FESTIVALS Oh les beaux jours, Printemps du livre de Cassis (P.26-27) Les Eauditives, Comédie du livre (P.28-29) Festival de Marseille, Uzès danse (P.30-31) Le Merlan, l’Erac (P.32-33) Printemps des comédiens, Tous dehors enfin !, Théâtre Forain (P.34-35) Requiem pour L., Alain Platel - Festival de Marseille 2018 © Chris Van der Burght GR2013, Tendance clown, critiques Arts et festins du monde (P.36-37) Spectacles, rencontres musiques (P.46-61) Scènes de bistrots, Aix en Juin (P.38-39) Marseille, Aix, Pertuis, Martigues, Berre, Arles, Cucuron, Avignon, Caravansérail, Joutes musicales, Château-Arnoux, Toulon, Correns, Montpellier, Monte-Carlo Musique à la ferme (P.40-41) L’Édition, Marsatac, le Bon:Air (P.42-43) Couleurs Urbaines, Sons dessus de Sault, Jazz des 5 continents (P.44-45)

AU PROGRAMME DU MOIS Musiques (P.62-66) Spectacles (P.68-79) Silva, Fanny Soriano - Tous dehors (enfin) ! © Vincent Brière cinéma [P.80-84] Marseille, La Ciotat, Aix, Fos, Grans, Port-St-Louis, Toulon, Montpellier Arts visuels [P.86-91] Marseille, Aix, Châteauneuf-le-Rouge, Les Baux-de-Provence, Istres, Arles, Lourmarin, Reillanne, Avignon, Carpentras, Montpellier, Sérignan

Avec le soutien de Avec la participation exceptionnelle du musée du Louvre Partenaires : livres [P.92-97] Exposition Soleil chaud, soleil tardif, Photographie : Lingot en forme de disque plat, Élam (actuel Iran), Suse, vers 1500-1200 av. J.-C., Paris, musée du Louvre, les modernes indomptés à la Fondation van Gogh, département des Antiquités orientales © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux Crâne, patrimoine [P.98] Vincent van Gogh, Paris, mai 1887 6 société

État des eaux Gravière sur la commune de Cheval-Blanc, Vaucluse © G.C.

L’AGENCE DE L’EAU RHÔNE- la moitié des efforts à faire ». Les MÉDITERRANÉE ET CORSE VIENT urgences : décorseter les rivières, encourager la végétalisation des DE PUBLIER UN BILAN SUR LA berges. Car un parcours entravé et SANTÉ DU RÉSEAU AQUATIQUE : artificialisé fragilise leur capacité à se régénérer, tout en favorisant DES AVANCÉES, MAIS L’EFFORT les inondations en cas de forte pluie. Et, inlassablement, écono- EST À POURSUIVRE... AVEC miser. Dans la cité phocéenne, MOINS D’ARGENT l’Agence de l’Eau a négocié la suppression d’une partie des ans notre numéro de janvier, nous avions « boîtes de lavage » de la chaussée, consacré un article au circuit de l’eau en une spécialité locale qui consiste © Métropole Aix Marseille Provence DMéditerranée, en évoquant les actions à ouvrir grand les vannes d’eau menées pour la dépolluer et l’économiser face à mobilisant les collectivités et le tissu industriel local potable pour nettoyer les rues. Un million de l’aggravation du réchauffement climatique (lire avec l’aide de l’Agence de l’Eau** ont permis une mètres cubes seront épargnés chaque année. Dans le courant d’une onde pure, Zibeline n°114 nette amélioration de la qualité des milieux », ce qui Des efforts payants et des démarches promet- ou sur journalzibeline.fr). Nous revenons sur ce a un effet bénéfique direct sur la faune et la flore. teuses, donc, mais dommage ! Le budget de sujet primordial à l’occasion de la publication par En ce qui concerne l’état chimique des eaux la structure va baisser : après une année 2017 l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée et souterraines, il est stable depuis 2009, 87% étant exceptionnelle à 550 millions d’euros, Laurent Corse* d’un bilan établi en 2017, après analyse « bon » sur le continent, la totalité en Corse Roy prévoit 480 millions en 2018, 400 millions des données récoltées depuis 1990 dans les moins affectée par les pollutions aux nitrates. en 2019... Là aussi, l’austérité va frapper. cours, nappes et plans d’eau de son territoire. GAËLLE CLOAREC Verre à moitié vide Verre à moitié plein L’Agence de l’Eau constate une baisse de la *En France 6 Agences de l’Eau, établissements publics du ministère chargé du Développement Première constatation : le nombre de cours toxicité moyenne des substances phytosani- durable, ont pour mission de contribuer à réduire d’eau en « bon ou très bon état » a doublé ces taires envers le milieu aquatique, parce que la les pollutions de toutes origines et à protéger les 25 dernières années, pour atteindre 52% sur le réglementation retire (très) progressivement ressources en eau et les milieux aquatiques. continent, tandis que la Corse peut s’enorgueillir les substances les plus dangereuses du marché, d’aller jusqu’à 86%. Les rivières sont toujours mais relève que la quantité totale de pesticides **L’Agence perçoit une redevance auprès de tous les usagers de l’eau et la redistribue sous forme polluées, mais la tendance est à la baisse sur le vendus n’a pas diminué. Précisons que selon d’aides financières pour des actions de préservation long terme, grâce notamment aux efforts des les données publiées par le ministère de l’En- des milieux aquatiques et de la biodiversité. communes pour améliorer réseaux d’assainis- vironnement en 2017, sur les milliers de tonnes sement et stations d’épuration. Les Hydrocar- épandues chaque année en France, les produits Pour connaître la santé des cours d’eau près bures Aromatiques Polycycliques dégagés par « toxiques, très toxiques, cancérigènes, mutagènes de chez vous, il existe une appli disponible le chauffage résidentiel et le transport routier sont ou reprotoxiques » représentent encore 23% des sur iPhone et Androïd : Qualité des rivières. moins présents, de même que les micropolluants ventes... Lors de la conférence de presse donnée Elle donne accès aux données de l’Agence sur émis par l’industrie, comme les solvants chlorés à Marseille le 10 avril dernier, Laurent Roy, leur état écologique, la présence de poissons, ou les retardateurs de flamme. Idem, moins de directeur général de l’Agence Rhône Médi- invertébrés, algues, le taux d’oxygène... métaux lourds. Apparemment, « les opérations terranée Corse, ne plastronnait pas : « Il reste politique culturelle 7 Tous à Mougins !

LE 9 AVRIL À LA SCÈNE 55 À MOUGINS, LES PROFESSIONNELS DE LA CULTURE ET DES ARTS ONT RÉPONDU MASSIVEMENT PRÉSENT À L’INVITATION DE LA RÉGION PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR

ertains ont franchi les berges du Rhône, d’autres ont traversé les massifs monta- Cgneux pour participer à la Conférence permanente des Arts et de la Culture, lieu d’échanges et de propositions créé le 30 juin 2016 par le Président du Conseil régional d’alors, Christian Estrosi, absent à la grand- messe. Un comité directeur constitué de vingt personnalités -Charles Berling, Olivier Py, Irina Brook, Bernard Foccroulle…- étant chargé de veiller à la mise en œuvre des politiques suggérées par la Conférence. L’heure était donc à la restitution de leurs travaux auprès des responsables de labels nationaux, d’établisse- ments d’enseignement supérieur, de théâtres, de festivals, de centres d’art et d’associations qui, par leur force de propositions, maillent et irriguent le territoire. Quand la séance s’ouvre, l’ambiance est bon enfant dans la salle (on est entre soi) mais teintée de protocole (pupitre et estrade réservés aux officiels). L’un après l’autre, les membres de la commission culture ont remercié la Région « qui a fait un travail de © JP Garufi soutien plus important qu’avant, notamment dans numérique, la valorisation du patrimoine, la à naître pour structurer l’offre lyrique et la l’accompagnement des compagnies de la région » structuration et le renforcement des identités filière cinématographique, coordonner les selon Dominique Bluzet1, tandis que « La régionales, l’accroissement de l’économie de actions des collectivités publiques et les acteurs Région a permis des rencontres qui ont débouché production du secteur culturel. Aucun calendrier associatifs. Sans oublier le projet de « mobiliser sur des propositions concrètes avec le Pavillon ni arbitrage budgétaire précis sont annoncés, le jeune public et l’encourager encore davantage Noir pour la création d’une biennale de danse » excepté le rappel de l’augmentation du budget dans la consommation d’offre culturelle et dans la constate Pascale Boeglin-Rodier2. Alain de la culture en 2016 (+ 53 M€) et en 2017 pratique artistique » qui fit réagir à haute voix Arnaudet3 met en avant « le soutien de la collec- (+ 10%). « La nouvelle ambition culturelle de la Frank Éric Retière, directeur du Théâtre du tivité territoriale qui est primordial pour assurer Région, précise Renaud Muselier, passe par Briançonnais, qui milite pour la sensibilisation le rayonnement de notre région dont la dynamique « la création du label Pôle régional de mécénat du jeune public et non pour sa consommation. culturelle est importante » et Alain Chouraqui, culturel pour favoriser la synergie entre le monde MARIE GODFRIN-GUIDICELLI président-fondateur de la fondation du Camp culturel et le monde de l’entreprise ; le lancement des Milles, exprime « toute [sa] gratitude à la d’une plateforme de crowdfunding qui permettra Région qui a compris que l’activité culturelle de de soutenir des projets en amont ; l’organisation [son] lieu patrimonial permet de faire vivre les d’un « forum annuel du patrimoine et de l’inno- enseignements du passé ». vation » ; la création d’un appel à projet annuel 1 Directeur des théâtres du Gymnase, thématique pour inciter les associations à innover et des Bernardines, du Jeu de paume et Bilan et annonces à renouveler leurs pratiques ; la création d’un comité du Grand Théâtre de Provence Après ce satisfecit collectif, qui sentait l’obli- d’experts qui réfléchira à la mise en place d’un pack 2 Co-directrice de la scène nationale gation politique, la parole des élus s’avère plus pédagogique à destination des enseignants pour les Châteauvallon - Le Liberté avec Charles Berling instructive et pragmatique. En présence de enfants et à la démocratisation de la pratique des 3 Directeur de La Friche la Belle de Mai 4 5 PhilippeVittel , Richard Galy et Michel langues régionales ». À ces annonces, certains 4 Vice-président de la Région en charge de Bissière6, Renaud Muselier, président de intéressés sont stupéfaits d’apprendre leur l’identité régionale et des traditions la Région, dresse un bilan opérationnel des nouvelle feuille de route… De fait, espérons 5 Président de la commission Rayonnement culturel, ateliers de la Conférence 2017 qui a planché sur que les structures concernées par les thèmes de patrimoine et traditions ; Maire de Mougins le mécénat, l’innovation et le développement 2018 soient associées aux projets qui viendront 6 Conseiller régional délégué à la création artistique 8 politique culturelle Produire des spectacles en région

APRÈS LA CRÉATION DU PÔLE DES ARTS DE LA SCÈNE, DESTINÉ À MUTUALISER LES MOYENS DE COPRODUCTIONS ET SOUTENIR AINSI LA CRÉATION RÉGIONALE, LA RÉGION-PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR A MIS SUR ORBITE EN 2017 UN PLAN D’AIDE À LA PRODUCTION DU SPECTACLE VIVANT, EXTRAPÔLE. LE PÔLE ET SON EXTRA SONT PILOTÉS PAR LA FRICHE BELLE DE MAI. ZIBELINE FAIT LE POINT SUR CES DISPOSITIFS ET SUR LES MOYENS DE PRODUCTION DES SCÈNES DE P.A.C.A. C’est Extra ! LE DISPOSITIF RÉGIONAL verse donc 300 000 euros par an à la Friche Oui, et nous allons désormais y inviter systé- qui pilote l’ExtraPôle, et consomme cet argent matiquement un membre du réseau Traverses EXTRAPÔLE, QUI S’ADRESSE AUX en basculant un éventuel excédent sur l’année (voir L’Avis du Réseau Traverses p.14 ), pour suivante. Nous avons édicté des règles strictes que nos travaux soient mieux compris par les OPÉRATEURS CULTURELS CAPABLES pour encadrer le dispositif : nous aidons au théâtres de la région. FINANCIÈREMENT D’ASSUMER minimum 3 spectacles par an, à hauteur de Vous avez le sentiment qu’ils sont incompris ? 30% de leur coût, s’ils réunissent au moins En partie, cela peut être vu comme le fait de UNE PRODUCTION DÉLÉGUÉE, 3 coproducteurs qui les diffusent au moins donner de l’argent à ceux qui en ont déjà, les ENTAME SA DEUXIÈME ANNÉE DE 3 fois chacun. Il s’agit de prendre en charge « gros » contre les « petits », mais ce n’est pas tout le processus de la production, depuis son le sens du dispositif. FONCTIONNEMENT. RENCONTRE AVEC élaboration jusqu’à la diffusion déléguée. Les Pourquoi, par exemple, n’y-a-il pas dans ce FLORIAN LAURENÇON, DIRECTEUR trois coproducteurs doivent s’engager sur un comité les directeurs des scènes nationales en minimum de 25 000 euros, et avec les 30% de dehors de celle de Toulon ? GÉNÉRAL ADJOINT DES SERVICES la Région on est donc sur une base minimale Ce n’est pas un classement d’importance, mais de 120 000 euros par production. une mise en synergie. Il ne s’agit pas, comme EN CHARGE DE LA CULTURE À LA Qui compose ce comité de production ? avec le Pôle des Arts de la Scène, de réunir RÉGION, QUI L’A CONÇU Dès l’origine Paul Rondin du Festival des coproducteurs pour soutenir la production d’Avignon, Dominique Bluzet des Théâtres de la région, anticiper sa diffusion, veiller à Zibeline : Pourquoi ce dispositif d’aide à la (Gymnase, Jeu de Paume, Grand Théâtre de l’emploi culturel local. Il s’agit d’un disposi- production ? Provence et Bernardines ndlr), Macha Makeïeff tif « Extra » Pôle justement, de production Florian Laurençon : Quand je suis arrivé et Irina Brook qui dirigent les deux centres déléguée. Les membres du réseau Traverses dans ce territoire, à la DRAC d’abord puis à dramatiques de la Région, Alain Arnaudet n’ont pas la capacité financière d’assumer une la Région, je me suis rendu compte que les directeur de la Friche et Jan Goossens du production déléguée, ou d’apporter un socle opérateurs ne travaillaient pas ensemble, et que Festival de Marseille, auxquels se sont adjoints de 25 000 euros à une coproduction. Le but cela ne relevait pas de divergences esthétiques. récemment Daniel Benoin d’Anthéa (Antibes) est de faire exister ces spectacles en les pro- À partir du Pôle des Arts de la scène (voir ainsi que les codirecteurs du Théâtre Liberté, et duisant correctement, ce qui fera baisser leurs l’encadré Pôle des Arts de la rue p.11), j’ai créé un désormais de Châteauvallon, Pascale Boeglin coûts d’approche pour les scènes régionales outil pour faire en sorte qu’une mise d’argent et Charles Berling (voir L’Extrapôle p.11). qui pourront, ensuite, les programmer. Nous public les incite à produire ensemble. La Région C’est donc un comité qui a vocation à évoluer ? accompagnons à la diffusion, et donc nous suite p.10 9 Produire des spectacles en région

nth oulo ign enoin, A éa, Anti nale de T n et Châ ival d’Av on © Ch el B polis atio teau est risto ani © e n val n, F ph D Ph cèn lon di e R ili r, s © on a p ie V R yn D od in ul a uc R ce a ud a n- n P d p li t B e eg e L o re a B n g le g e a e c r s a P

Petit lexique de la production Les contrats qui régissent les relations entre les artistes qui les créent et des conditions très variables, de quelques jours sans présentation et les salles qui les diffusent diffèrent : coréalisation, coproduction, publique, à plusieurs années pour les artistes associés qui bénéficient production déléguée, contrat de cession, résidence... ces mentions aussi d’aides à la production et/ou à la diffusion. que nous lisons sur les programmes de nos théâtres ne relèvent pas du même partage du risque, ni du même engagement. Les contours La « fausse coproduction » : les compagnies s’occupent en général de en sont flous et variables, et dépendent généralement des moyens la production de leurs créations et prennent seuls le risque financier : des scènes qui les proposent. ils en sont les producteurs. Mais ils cherchent des financeurs dits « coproducteurs » qui viennent apporter une somme variable, La production par les compagnies : la plupart des spectacles sont produits entre 100 000 et 5000 euros, sans intéressement à l’exploitation des par les compagnies sur leurs moyens propres, parfois en coréalisation : spectacles. La disparité des volumes de ces coproductions pousse l’établissement qui accueille prend en charge la communication et souvent les compagnies à multiplier les coproducteurs pour parvenir l’accompagnement technique, et partage avec la compagnie une partie à « boucler » leurs productions. Les coproducteurs, par ailleurs, des recettes. Plus couramment, les théâtres passent des contrats s’engagent sur des options d’achat des représentations. de cession, c’est-à-dire achètent les représentations, et payent les défraiements de transport et d’hébergement. Les contrats de cession La production déléguée : un groupe de producteurs se réunit pour peuvent être engagés avant la création du spectacle, et entrent alors, produire un spectacle. L’un d’entre eux est désigné comme producteur pour partie, dans le montage de la production. délégué, c’est à dire qu’il s’occupe, pour la compagnie, de réunir les fonds, et de suivre la production puis la diffusion des représentations. Les conventions de résidence : dispositif d’usage récent et souple, il Dans les « vraies coproductions » les coproducteurs assument le permet aux théâtres d’aider les compagnies avant la création, en les risque financier et sont intéressés au bénéfice, ou doivent compléter faisant bénéficier d’un lieu de répétition et d’apports techniques. les sommes prévues au prorata du contrat passé. Ces productions, en Le lieu n’a pas d’obligation de coproduire ou même de diffuser cours seulement dans les « grandes » maisons, peuvent si elles ont ensuite le spectacle élaboré durant la résidence, même si c’est en du succès permettre de générer des recettes propres. Elles entrent général le cas. Les résidences se concluent de plus en plus souvent dans le cahier des charges des Centres dramatiques, et des Opéras par des sorties de résidence, qui permettent de présenter un premier nationaux, ainsi que dans ceux de certains Centres chorégraphiques état du travail de création. Les résidences peuvent avoir des durées et Centres de création musicale nationaux. 10 politique culturelle

veillons à ce que le coût du plateau, qui a beaucoup augmenté ces dernières années, reste raisonnable, pour que les spectacles puissent tourner dans la région. Et sur les 300 000 euros que la région apporte, 100 000 euros sont consacrés à la diffusion régionale, sur toutes ses scènes. Sans que ce soit un bureau n Simo ëlle Ga © d’aide à la diffusion, un autre dispositif régional existe pour cela. ce Ni e d Comment s’effectuent les choix des productions ? al n o ti a C’est le comité de programmation qui décide, sans aucun conseil N e tr â é de ma part sinon économique, pour veiller à l’équité de la h T , k coproduction. Chacun arrive avec ses opportunités, discute, o o r B

a puis ensemble ils votent. n i r I Pas d’arbitrage de votre part ? Pas de critères ni de règles ? Non, pas d’arbitrage, mais quelques règles bien sûr : il ne de Marseille © tival Dan Fes ny s, Wi faut pas que les artistes du comité présentent leur sen lle os ms Go n propre production, on veille à ce qu’il n’y ait Ja pas de troc entre opérateurs... Pas de critères de multidisciplinarité, de parité, de compagnies régionales ? Si ! Au moins une compagnie régionale par an, et une autre qui s’appuie sur l’emploi régional pour sa création. Pour la parité on n’y est pas... mais

er Macha Makeïeff veille très active- zg et M r ie ment au rééquilibrage. Quant à la v li O multidisciplinarité, oui, il s’agit des © le il e s arts de la scène en général, c’est-à-dire r a M

e de toutes les formes sauf l’opéra. d

l a n Pourquoi pas l’opéra ? o i t

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N Parce qu’il est produit très différemment,

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t â et que nous sommes en train de mettre au é

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f point un dispositif de mise en synergie des opéras f

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k reposant sur les bases de leur fonctionnement.

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h Les membres d’ExtraPôle sont donc ceux

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M qui ont le pouvoir de faire fabriquer des spectacles. Ils font généralement partie aussi des comités d’experts qui décident des conventionnements, des subventions, à toutes les échelles, et participent à la conférence régio- nale (voir p 7). N’y a-t-il pas un

z a R risque à cette concentration de la c ri E décision artistique dans les mains © e h c i r de quelques-uns ? F

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, Oui, le risque existe, mais on arrête le t e D d o m u dispositif quand on veut... et pour l’instant a i ni n q r ue A B lu on constate plutôt une grande ouverture. n z i e t, a L l e s Th utre

A é âtres © Caroline Do Même si on doit améliorer le repérage des com- pagnies régionales, sans que cela donne l’impression d’une ligue 1 internationale et d’une ligue 2 locale. Pour l’instant les deux productions régionales concernent Ézéquiel Garcia-Romeu et le Centaure. N’est-ce pas un signe peu enthousiasmant pour les interprètes de la région, que la production de ces deux spectacles de marionnettes et de chevaux, dont le coût est essentiellement technique ? En tous les cas cela ne dénote pas un désamour des acteurs ! Dans le spectacle de Garcia-Romeu il y a beaucoup de monde au plateau... Êtes-vous pour l’heure satisfait de ce qui a été accompli ? Le dispositif, qui est né en juillet, a déjà permis la production de Sopro, de Où sont les ogres ? et de Sanctuary, et celle d’Ézéquiel Garcia-Romeu. Où sont les ogres ? a peu tourné, Sanctuary, qui est allé à Hambourg et Athènes, n’est pas adaptable dans la région. Nous devons améliorer cela, y veiller davantage à l’heure du choix, pour fabriquer un répertoire qui puisse circuler au local comme à l’international, et mieux travailler la diffusion. Ainsi cette année Thomas Joly dans la Cour, avec Thyeste (voir l’encadré Les productions d’Extrapôle p.13), prévoit Charte graphique MP2018 une forme plus légère, adaptée. Et nous devons dialoguer avec Bloc marque MP2018+Ville P/01A le réseau Traverses, et écouter les remontées du réseau vers ExtraPôle. Ce dispositif est aussi fait pour eux. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

Le Pôle des Arts de la scène Composé de Liliane Schaus (Uzès danse), François La Criée 18/19 Cervantes (metteur en scène), Sylvie Gerbault (3bisf), Théâtre national de Marseille Direction Macha Makeïeff Emilie Robert (Théâtre Massalia) et Paul Rondin (Festival d’Avignon) le Pôle, créé en 2015, est présidé par Alain Lancement de la Arnaudet (La Friche), et Laetitia Padovani (La Friche) en Couleur ______assure le suivi opérationnel comme celui de l’ExtraPôle. Il dispose d’un budget de 260 000 euros annuels et coproduit SaisonCouleur CMJN Couleur18/ RVB Couleur Pantone19© C : 00 % R : 255% Solid coated : 485 C M : 93 % V : 00 % les projets pour lesquels il est sollicité par au moins deux Solid uncoated : 485 U J : 100 % B : 00 % coproducteurs. L’apport du Pôle est fléché vers la masse N : 00 % ______salariale, et « une connexion avec le territoire est néces- saire ». Depuis 2015, le Pôle a aidé à la production de 58 Abonnez-vous ! 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com Photographie @ Macha Makeïeff spectacles, dont deux tiers de compagnies régionales, dans tous les arts de la scène.

L’ExtraPôle RÉUNIS POUR UNE SÉANCE DE TRAVAIL, LES

Noir MEMBRES DU COMITÉ DE PROGRAMMATION ONT ______LIVRÉ QUELQUES IMPRESSIONS Zibeline : Comment s’est passé, pour vous, la naissance de l’ExtraPôle ? Dominique Bluzet : MP2013 nous avait appris à travailler ensemble et, du moins sur son territoire, on avait pris l’habitude de se parler. Paul Rodin : Nous nous sommes rapprochés aussi durant les conférences régionales, pendant l’entre-deux-tours des élections, avec la menace du Front national. Nous avons ressenti le besoin de bomber le torse et de nous serrer les coudes, d’appeler ensemble à préserver la liberté de création. Macha Makeïeff : Oui, la nécessité politique était là, avec l’idée que la création artistique est une arme. C’est ce territoire qui nous lie à présent, nous sommes persuadés qu’il faut défendre concrètement la vie artistique, parce que les artistes peuvent lutter contre la tentation du repli, et nous ouvrir sur l’autre, sur la compréhension et l’empathie. Jan Goossens : Nous avons ressenti que ce territoire avait besoin de grands projets de théâtre et de danse, pour parler de lui-même, pour regarder et accueillir le monde. Autour de cette table il n’y a pas que de grandes statures, mais tous nous avons de grandes ambitions pour lui. L’ExtraPôle a été L’AMOUR EN [COURTES] PIÈCES suite p.12 SAMEDI 26 MAI WWW.THEATREJOLIETTE.FR - 04 91 90 74 28 12 politique culturelle

la clef de notre rapprochement, et le résultat la scène qui est bien rodé et apprécié par les Dominique Bluzet : 280 000 € en coproduction au niveau de la production et de la diffusion artistes de la région, qui en bénéficient en cette année. est déjà étonnant. Un catalogue émerge, et priorité. En dehors des budgets dédiés au Pôle Vincent Brochier (pour Daniel Benoin) : Les la conscience que la région est un territoire et à l’ExtraPôle, la Friche consacre 320 000 € montants engagés cette année par Anthéa sont international de production. à la production de 300 000 € dans 5 productions et 125 000 € Macha Makeïeff : Plus qu’un catalogue, je Pascale Boeglin-Rodier : Le Théâtre Liberté dans 6 coproductions. dirai un répertoire, cohérent et polymorphe. a 1 ou 2 productions déléguées par an, et y Quelles évolutions vous semblent nécessaires ExtraPôle est un outil pour un élan, qui existait, consacre entre 200 000 et 300 000 €, selon pour ce dispositif ? et qu’il a renforcé. qu’il en a 1 ou 2... Pour les coproductions, Macha Makeïeff : On n’a qu’une année d’exis- Cela a-t-il augmenté vos propres budgets de pro- c’est entre 150 et 200 000 €. tence, on expérimente, il faut qu’on apprenne duction, et à quel niveau de production êtes-vous ? Paul Rondin : Pour le Festival d’Avignon le à mieux faire tourner nos productions. Il y a un Jan Goossens : Le Festival de Marseille volume global est de 400 000 € en produc- embouteillage de la diffusion, des problèmes de coproduisait peu jusque là. Cette année (voir tion déléguée et 400 000€ en coproductions. calendriers, il faut qu’on invente une circulation. p 30) 30% de notre budget est consacré à la Macha Makeïeff : Entre 100 et 300 000 € de Dominique Bluzet : Il faut que l’on améliore production, et chaque année nous aurons 1 ou production pour la production principale, plus la notre relation avec les autres opérateurs du 2 spectacles en production déléguée. production de l’artiste associé, qui est variable. territoire, qui ont l’impression que l’on crée Alain Arnaudet : Nous avons défini 3 niveaux Irina Brook : À Nice également, une pro- deux niveaux parmi nous. Il faut les associer d’accompagnement à la Friche, qui est une duction principale entre 100 et 300 000 €, un aux choix, parce que s’ils n’ont pas toujours coopérative regroupant Massalia, les Bancs artiste associé produit entre 100 et 150 000 €, les moyens ils ne manquent pas d’expertise. Publics, Zinc... Nous aidons en nature et en et un accompagnement en coproduction entre A.F. ingénierie ; depuis 2015 il y a le Pôle Arts de 10 000 € et 20 000 € par projet.

L’avis du réseau Traverses Une trentaine de théâtres, de taille et de sta- une scène conventionnée Enfance et jeunesse, nous mais un suivi de diffusion. tuts très divers, a pris l’habitude de travailler choisissons des artistes dont nous avons vu le travail, Choix des productions : nous coproduisons, sauf ensemble à la diffusion. Sept d’entre eux nous sur des projets qui nous semblent singuliers et exception, les créations des 10 artistes associés (7 parlent de leurs moyens de production, et de pertinents. En favorisant les compagnies de la région. La Bande, 3 La Ruche), et 60% des coprods vont leur sentiment sur les dispositifs Pôle des arts Pôle des Arts de la scène : Je fais partie du comité aux artistes régionaux. 6 artistes associés sont des de la scène, et ExtraPôle. artistique et technique du Pôle et suis assez fière de femmes. ce que nous réalisons et notamment des nombreux Pôle des Arts de la scène : Il permet de rassembler PIERRETTE MONTICELLI, effets de levier qu’il a eu sur un grand nombre de les coproducteurs autour d’un projet artistique au THÉÂTRE DE LA JOLIETTE, MARSEILLE productions. Mais je suis juge et partie... bénéfice de la production, et d’étudier la faisabilité Budget global 1 777 000€, dont 229 000 € ExtraPôle : Les premiers choix artistiques me en amont. pour la coproduction. Ne pratique pas la paraissent bons. Mais consacrer 300 000 € aux ExtraPôle : Pour l’instant, le dispositif n’est pas production déléguée opérateurs les plus importants après avoir augmenté limpide. Mais les choix artistiques sont beaux ! Choix des productions : Il se fait autour des auteurs les soutiens à certains et au moment d’annoncer une L’accompagnement d’artistes m’importe énor- contemporains, mis en scène par des compagnies de baisse des moyens pour la création pour d’autres mément, j’aimerais vraiment y voir plus clair et la région (8 sur 10) accompagnées en résidences me paraît tout à fait contestable. y être impliquée. longues (3 ans). Pôle des arts de la scène : c’est un partenaire ÉLODIE PRESLE, THÉÂTRE DURANCE, CHÂTEAU-ARNOUX PHILIPPE ARIAGNO, devenu indispensable, un véritable coproducteur. Budget global : 1 150 000 € dont 150 000 € LA PASSERELLE, SCÈNE NATIONALE DE GAP Sa présence a permis à un grand nombre de projets de production Pas de production déléguée. Budget global : 2 100 000 €, dont 115 000 € d’aboutir, dans un contexte de baisse générale des Critères de choix des productions : Nous rencon- pour la production. Pratique la production moyens de création. trons les artistes et équipes artistiques et travaillons déléguée ExtraPôle : les choix de production sont intéres- avec des réseaux de coproduction (Tribu, Traverses, Critères de choix des productions : L’instinct, le sants, mais le dispositif reste encore flou pour les Tridanse). Nous choisissons par rapport au propos goût, la viabilité du projet, la rencontre humaine, autres opérateurs : nous voudrions participer au et à la forme, avec une attention particulière à la et la connaissance au préalable du travail de la dispositif de diffusion des spectacles, y apporter notre création régionale, à la musique et au jeune public… compagnie (on a déjà vu le travail et on aime), avec souci des écritures contemporaines, des auteurs et du ExtraPôle et Pôle des Arts de la scène : Il serait une attention particulière aux projets régionaux. texte. Et veiller à produire davantage de femmes ! souhaitable que nous soyons plutôt consultés à ce Pôle des Arts de la scène : C’est très bien ! sujet par la Région et l’ExtraPôle. ExtraPôle : Il faudrait plus de clarté, et d’accueil : ÉMILIE ROBERT, THÉÂTRE MASSALIA, MARSEILLE nous n’avons pas pu avoir de places pour voir Sopro Budget global : 1 100 000 €, dont 49 400 € FRANCESCA POLONIATO, l’an dernier ! Mais si des tarifs « régionaux » nous pour la coproduction. Ne pratique pas la SCÈNE NATIONALE DU MERLAN, MARSEILLE permettent de recevoir en tournée ces spectacles, production déléguée Budget global : 2 267 263 € dont 77 114 € pour c’est une bonne chose pour nous aussi. Critères de choix des productions : Nous sommes la coproduction. Pas de production déléguée, Les productions de l’ExtraPôle Sanctuary de Brett Bailey, production déléguée Festival de Marseille, créé le 16 juin Où sont les ogres ? de Pierre-Yves Chapalain, production déléguée Festival d’Avignon, créé le 6 juillet Sopro de Tiago Rodrigues, production déléguée Festival d’Avignon, créé le 7 juillet Kirina de Serge Aimé Coulibaly, production déléguée Festival de Marseille, création le 29 juin Thyeste de Sénèque, mise en scène Thomas Jolly, production déléguée Festival d’Avignon, création le 6 juillet Centaures, quand nous étions enfants, de Fabrice Melquiot, par Camille&Manolo, production déléguée Les Théâtres (+ CDN de Nice) création octobre 2018 Le Petit théâtre du Bout du monde, opus II, d’Ézéquiel Gar- cia-Romeu, production déléguée CDN de Nice, création en octobre 2018 Épouse-moi de Christelle Harbonn, production déléguée La Criée (+ les Théâtres), création saison 2018/2019

SYLVIE GERBAULT, 3BIF, AIX Budget global : 450 000 € dont 100 000 € pour la coproduction. Pratique la production déléguée « de temps en temps ». Critères de choix des productions : la pertinence artistique, la non reproduction des modèles existants, en accordant une attention particulière aux compagnies de la région. Pôle des Arts de la scène : Je fais partie du comité du pôle et je pense qu’il a atteint ses objectifs : une modification du mode d’investissement des directions de théâtre dans la coproduction de spectacles. ExtraPôle : Nous avons trop peu d’information sur ce dispositif.

AGNÈS LOUDES, THÉÂTRE VITEZ, AIX Budget global : 363 796 €, pas de budget de production, mais dégage 10 000 € en aides techniques. Choix de la programmation : Nous sommes sur du préachat, et nos critères sont le propos, le texte, les sorties d’école, avec une priorité aux compagnies de la région. Pôle des Arts de la scène : J’apprécie énormément ce dispositif dont le fonctionnement est transparent (fiches sur le site de la friche) et souple. Plusieurs sortes de partenaires peuvent être associés ou porteurs. Nous l’avons été pour la Criatura avec Le cas blanche neige où nous avons pu établir un budget sur 2 ans, avec de l’artistique et de l’action culturelle. Cela a permis à cette compagnie de trouver une nouvelle place professionnelle. C’est rare ! Cela permet de mesurer les coûts de production et son équilibre via la diffusion, à 2, avec la compagnie. ExtraPôle : Il est évident que nous ne pouvons être associés à la production en amont vu notre surface financière ! Ces «gros »opérateurs ne sont pas des ennemis, ce sont des autres. Les spectacles produits sont de très bons spectacles. 14 politique culturelle À l’écoute des compagnies PLACE AUX COMPAGNIES AFFIRME POUR LA 3E ANNÉE SON SOUTIEN À LA PRODUCTION DU SPECTACLE VIVANT. ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE CHAVE, DIRECTEUR ARTISTIQUE DE LA DISTILLERIE, À AUBAGNE

Zibeline : Comment définir Place aux Compagnies ? Christophe Chave : C’est un dispositif de soutien à la production du spectacle vivant dans notre région, dont La Distillerie est le porteur de projet, qui met en lumière tout le travail fait au cours de l’année. Ce n’est pas du tout un festival. C’est un temps donné, sur un territoire donné, avec un choix artistique de compagnies Le coeur a ses saisons , Cie si sensible © Christophe Raynaud de Lage qui sont dans un processus de création. Après un temps de résidence à La Distillerie, cha- Le public, et des professionnels (une ving- concret. Puis on fait un bilan avec elles en cune d’entre elles reçoit une enveloppe de taine de diffuseurs et producteurs de la région septembre/octobre pour savoir où elles en soutien de 2000 euros, un accompagnement Paca) assistent à des sorties de résidence, à des sont dans leur production, et avec qui elles logistique, technique et de communication. chantiers en cours. Pour la première fois cette travaillent. Sur les deux années précédentes année le Cercle de midi est partenaire (avec elles ont toutes trouvé un point de chute ! une dizaine de programmateurs), ce qui ouvre Tous les projets accueillis cette année (à La des perspectives de diffusion supplémentaires. Distillerie pour les sorties de résidences, au L’échange, la réflexion, le partage sont pri- Comoedia, transformé en plateau de travail pour vilégiés- au-delà de toutes querelles-, entre les premières de créations et à la Médiathèque les compagnies, les structures et l’institution. Marcel Pagnol pour les lectures) ont d’ores Le but étant que les compagnies puissent, le et déjà des soutiens à la production. La pièce mieux possible, mener à terme, dans le temps et de Martin Crimp que met en scène Jesshuan financièrement leurs projets de création. Et que Diné (L’Exploitation Théâtre), qui était les structures et les professionnels entendent proposée en lecture l’année dernière est ce qu’elles ont à dire sur leurs besoins, leurs soutenue par La Joliette, le 3bisf, et était en nécessités et leurs temporalités. résidence au Bois de l’Aune (Lire aussi sur Comment choisissez-vous ces compagnies ? journalzibeline.fr) ; le Cadran d’Ensuès va Il faut déjà qu’elles aient un travail en cours, aider la Cie 1000 Tours, la Cie Lr a ren- pas ou presque fini. Ce sont souvent des jeunes contré le réseau Traverses ; Le Grand bureau compagnies, ou peu aidées, et qui valent vrai- des merveilles (Cie Pirenopolis) est coproduit ment le coup d’être vues, lues et entendues. par le réseau La Tribu ; Le Cœur a ses raisons La Distillerie n’a jamais fait de la création (Cie Si sensible) est épaulé par la Spedidam, pour la création, on est un tout petit lieu aidé par la Comédie de Poitou Charentes ; qui intervient auprès de compagnies qui ont et Olympe de Gouges (Cie La Bretzel) par le déjà un petit suivi de soutien à la production, Comoedia, Joliette et Générik Vapeur ; sans institutionnelle ou par le biais de théâtres oublier la lecture de Tout est là (Cie Stélisto sur la région. On ne veut pas de projets qui de Tempo), soutenue par le CR des Hauts e 11 édition naissent et meurent avec Place aux compagnies, de France, La Distillerie… 19 mai > 3 juin 2 18 ça n’aurait aucun sens. PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE MARÇON Comment sont-elles accompagnées après la LANÇON-PROVENCE manifestation ? CHÈVRERIE HONNORÉ - DOMAINE DE LA CADENIÈRE La Distillerie ne peut pas assumer un soutien www.musiquealaferme.com complet. Un passage de relais se fait donc Place aux Compagnies jusqu’au 26 mai 07 81 97 10 58 avec des théâtres, des structures, présents lors Aubagne de la manifestation, qui sont plus à même 04 42 70 48 38 d’apporter financièrement un soutien plus ladistillerieaubagne.wordpress.com

ACADÉMIE MUSICALE PHILIPPE JAROUSSKY Numéro spécial FESTIVALS + la suite Zibeline 119 de notre enquête #BALANCETONOFF sur le OFF 3 € chez tous Avignon Off, sortie en kiosques les marchands le 15 Juin de journaux ou l’éloge de l’opacité

n mouvement est né qui veut clarifier, moraliser, réguler la vie du Off. Non pour la contraindre, mais pour en signaler Ules dérives et les abus. Les compagnies se regroupent et se Abonnez- défendent, les théâtres permanents expliquent leur fonctionnement, la presse relaie cette prise de conscience... qui intervient après un début de reprise en main d’AF&C, l’association qui régule le vous ! Off, qui a créé un fonds de soutien aux compagnies, une charte de bonnes pratiques et des aides à la professionnalisation. Prise de conscience qui intervient, aussi, après l’exigence d’observer les Pour retrouver votre journal lois du travail : un jour de relâche par semaine, des fiches de paye chaque mois dans votre boîte légales, une déclaration des recettes, l’observation des règles de sécurité et d’accueil des handicapés. aux lettres, abonnez-vous Qui s’en plaindrait ? Et bien, cela est possible... Voilà qu’une nouvelle en remplissant et envoyant fédération des théâtres avignonnais s’est créée, AF&T, concurrençant AF&C, remettant en cause le droit du travail et les avancées sociales ce bulletin, ou directement sur au prétexte de la rentabilité, pointant le fait que les créneaux ne notre site journalzibeline.fr sont pas remplis pour la première fois cette année, et que le nombre des compagnies désirant se produire pendant le Off est en baisse. Oui, les théâtres avignonnais, une quarantaine à ce jour, dont tous Zibeline, le mensuel culturel engagé du Sud-Est les théâtres permanents qui pourtant -nous le soulignions dans notre article du mois dernier- respectent la loi et défendent une www.journalzibeline.fr WRZ-Webradio zibeline certaine idée du théâtre, oui, une quarantaine de théâtres se liguent pour... protester contre une volonté de régulation qui risque de faire ZIBELINE diminuer l’attraction du Off ! Bulletin d’adhésion Rediviser On peut comprendre que les théâtres craignent la fin de l’opacité des conditions d’accueil : pour parvenir à programmer dans une Prénom et nom : ville où la spéculation immobilière a fait grimper le prix des salles, leurs créneaux ont augmenté. Mais la plupart des théâtres fédérés Adresse postale : dans AF&T ont-ils conscience qu’ils rejoignent Greg Germain et Raymond Yana, qui ont successivement été mis en minorité à AF&C ? Qu’ils s’allient à Bernard Le Corff, qui gère les 59 créneaux du Collège de la Salle, générant des bénéfices énormes Adresse électronique (en lettres capitales) : dont personne ne sait ce qu’il reverse au diocèse qui lui loue les lieux ? Avignon Off n’a-t-il pas assez souffert de sa gestion pendant Téléphone : des années par deux associations concurrentes ? Et cette alliance des lieux a-t-elle pour but de contrer l’association des compagnies, Profession et centres d’intérêt : (Facultatif. Cette information nous est utile pour mieux Sentinelles, dont les représentants sont présents à AF&C ? connaître, et donc mieux satisfaire, notre lectorat.) Il serait plus raisonnable, plutôt que d’empêcher l’enquête et l’ap- plication de la loi, de regarder du côté de ceux qui, en bas de la rue de la République, laissent 11 mois par an le Palace fermé, et promeuvent dans l’espace public leurs stand-up dans des parades Choix d’abonnement et/ou d’adhésion : débordant largement le cadre autorisé. Du côté des hôteliers qui (Encerclez la formule choisie) font flamber les prix l’été, augmentant considérablement le coût du Off pour les compagnies. 30€ 25€ 27€ ...... € À Zibeline, nous continuons l’enquête. Le questionnaire ABONNEMENT ADHÉSION ABONNEMENT ADHÉSION ANNUELLE #BalanceTonOff est en ligne pour quelques jours encore, avant ANNUEL ANNUELLE «PARRAIN» DE SOUTIEN (Montant à partir de 40€) publication des résultats de l’enquête, le 16 juin. AGNÈS FRESCHEL Détachez ce bulletin d’adhésion et envoyez-le, accompagné de journalzibeline.fr/balancetonoff/ votre règlement à : Zibeline / BP 90 007 / 13201 Marseille Cedex 01. Vous pouvez également adhérer ou vous abonner directement en ligne sur notre site journalzibeline.fr dans la Rubrique « adhérents ». 16 politique culturelle La centralisation culturelle sur la sellette

’est une réalité, que depuis 10 ans nous ne cessons de répéter dans Zibeline : le LE 19 MARS FRANÇOISE NYSSEN, MINISTRE Cdéséquilibre culturel entre Paris et les Régions, du point de vue de l’engagement DE LA CULTURE, FAISAIT UNE DÉCLARATION de l’État, est sidérant, et contraire à l’Egalité qui est pourtant un des trois piliers de notre FRACASSANTE SUR LE DÉSÉQUILIBRE DE République. C’est aujourd’hui Françoise Nyssen, ministre de la Culture, qui l’affirme : l’État dépense 139 euros pour un francilien FINANCEMENT ENTRE PARIS ET LES RÉGIONS. et 15 euros par habitant des autres régions. Une situation à laquelle elle veut s’attaquer : SES SOLUTIONS SONT-ELLES À MÊME « Tous les Français ont les mêmes droits. Je veux les mêmes chances, les mêmes possibilités pour tous... D’ENGENDRER PLUS D’ÉQUITÉ ? j’affirme solennellement, puisque c’est une chose qui me tient à cœur, que les droits culturels ne sont pas des droits accessoires, pas plus que le droit à global, une politique déterminée pour ces territoires Le Larousse rappelle aussi que le mot latin qui l’éducation ou le droit à la santé. » ruraux, ultramarins, périurbains identifiés comme a donné Province (et Provence !) désignait les Elle aurait pu relever d’autres déséquilibres : prioritaires, pour investir le cercle de proximité des territoires vaincus. Ces connotations sont le l’Île de France concentre 60% des emplois citoyens, loin du cœur des métropoles. » fondement de notre centralisme qui méprise culturels et 57% du tourisme étranger ; elle Méconnaissance des territoires ? S’il existe, à le provincial et le plouc (habitant d’un village héberge peu d’enfants et de retraités mais l’échelle de chaque région, des déséquilibres en breton), et les confond. beaucoup d’étudiants, le revenu médian y est de centralité entre Montpellier et l’Hérault, Car déplacer le problème historique du cen- supérieur de 20% au revenu des français, et Nice ou Toulon et les petites communes de tralisme culturel français pour le confondre les cadres, chefs d’entreprise, commerçants et l’arrière-pays, elles ne sont pas du même ordre avec une opposition champs et villes, c’est professions intellectuelles y sont nettement dans les villes plus pauvres : Avignon n’est ignorer qu’il y a d’autres villes que Paris en plus nombreux, surtout à Paris (69% de la pas mieux dotée par l’État que Cavaillon ou France... 12 millions de Français vivent en population parisienne, contre 42% en France). Orange ; Arles, Aix et Martigues bénéficient milieu rural, 12 autres millions en Île de France, Des différences démographiques qui expliquent d’équipements nationaux tout autant que et 42 millions dans ces villes de province qui aussi l’abondance de l’offre culturelle à Paris, de Marseille, et Nîmes est franchement délaissée. reçoivent 15 euros de l’État par habitant... et même que la centralité de l’administration du L’effet de centralité des métropoles, qui se ne font pas pour autant partie des territoires ministère (dépenses en personnel) mais aussi de justifie en partie parce qu’il n’est pas illogique ruraux, ultramarins, ou périurbains qui vont la presse et de l’audiovisuel public expliquent de regrouper les équipements là où le plus de bénéficier du plan de 6,5 millions du Ministère. une partie du déséquilibre abyssal des budgets. gens habitent et travaillent, n’est vraiment pas Ce qui d’ailleurs sur un budget de 10 milliards du même ordre que le déséquilibre constaté d’euros, ne peut être présenté comme une avec le véritable centre de la vie culturelle mesure de rééquilibrage... française, c’est-à-dire la Capitale. Provincial ou plouc ? Ce déséquilibre culturel est tellement ancré Mais au fond, est-ce de ce déséquilibre dont il est qu’il a pénétré notre langue, relayé par Bal- question ? Très rapidement dans le discours de la zac et Sévigné. Le mot provincial, si français, Une décentralisation Ministre une confusion apparaît entre l’opposi- désigne bien celui qui n’habite pas la capitale, inachevée tion Paris/Régions et celle de l’urbain et du rural. mais il est entaché de son sens second : qui Reste que le constat de l’inachèvement « Je refuse qu’il y ait la culture des villes et la culture marque une gaucherie, un manque d’aisance que de la décentralisation semble, enfin, posé. des champs. Mon ministère doit porter un projet l’on attribue, par opposition à Paris, à la province. Notre région du grand Sud-Est est d’ailleurs La centralisation culturelle sur la sellette

particulièrement touchée par les « zones premier théâtre à plus d’une heure. » Or nous vie culturelle en région a été affectée par les blanches » définies par le Ministère (voir la ne vivons pas dans ces déserts culturels, et les baisses de financement du ministère de la carte ci-dessus). Étrangement, ce ne sont pas « zones blanches » naissent du délaissement, ou Culture, mais surtout par les baisses successives les territoires alpins ou les arrière-pays qui sont des difficultés économiques, des collectivités des dotations aux collectivités par l’État. Car le plus mal lotis par les deniers du Ministère : locales et territoriales. ce sont elles qui, en province, financent la peu peuplés, ils possèdent des établissements Car ce que la Ministre ne pointe pas, parce culture. (voir tableau ci-dessous) financés par l’État et, au prorata de la dépense qu’elle n’y peut rien sans doute, c’est que la par habitant, ils arrivent loin derrière les zones périurbaines de Marseille, Toulon ou Aix. Dépense culturelle par habitant en 2014 La carte colore les « zones blanches » en rouge « 86 bassins de vie, où il y a moins d’un équipement en Ile de France en Région PACA en Occitanie culturel public pour 10 000 habitants ». C’est dire que le maillage de la décentralisation a fait son œuvre en 70 ans, et le problème de l’inégalité Par l’État 139,20 € 19,90 € 13,80 € des Français face à leurs droits culturels ne se mesure pas en termes d’éloignement des La Région 7,80 € 11,90 € 11,90 € équipements, en particulier dans la région. La Ministre cite en exemple de désert culturel le Les Départements 14,40 € 21,80 € 26,30 € Limousin ou la Guyane : « Je pourrais vous parler de cette famille guyanaise qui m’explique que la Communes 132,00 € 133,10 € 126,90 € première bibliothèque est à plusieurs heures de route, ou de voie navigable. Ou de ce couple d’enseignants, Groupements 56,00 € 56,30 € 43,70 € rencontré dans le Limousin, qui trouve le premier de communes cinéma à 20 minutes, le premier musée à 50, le suite p.14 18 politique culturelle

rD 1P nK T © 20 ans des baisses de financements de l’État. Tous assument les missions d’itinérance, de résidences, de création dont il est question dans le plan de la Ministre. À la Passerelle de Gap les Excentrés, scènes itinérantes qui investissent jusqu’aux villages les plus reculés, existent depuis 20 ans. L’école du spectateur, le dispositif « Curieux de nature », le festival « Tous dehors, enfin ! » sont autant d’outils que la scène nationale perfectionne chaque année pour aller vers les populations éloignées, malgré les diminutions des financements. Et tous les établissements nationaux font de même : la Garance a ses « Nomades », le Ballet Preljocaj ses « Guid », les FRAC multiplient les expos hors les murs, les prêts d’œuvres aux musées et galeries... Le Merlan, avec ses 10 artistes en résidence, tisse des liens serrés entre artistes et territoire, et s’attache même à y réfléchir (voir p 23). L’Orchestre National de Montpellier, qui n’a pas grand chose à envier aux orchestres En Île de France les plus riches... Tant parisiens, sinon leurs financements, se produit la dépense cultu- que cette inégalité existera, partout en grandes et petites formes. Et tous relle de la Région et des tant que l’État ne dotera pas plus mènent des actions de médiation en milieu départements est faible, ailleurs, ce généreusement ses établissements régionaux scolaire, fomentent des rencontres avec les sont les collectivités territoriales qui payent : en exigeant des collectivités parisiennes ce qu’il spectateurs, des temps d’échanges et de fête, l’Opéra de Paris est entièrement financé par exige des provinciales, inventer une itinérance travaillent sur les publics dits « empêchés », l’Etat, ceux de Marseille, Toulon, Nice et Avi- des chefs-d’œuvre et des productions parisiens ceux qui ne peuvent se rendre au spectacle gnon (presque) entièrement par les villes. Plus aura un côté franchement surplombant. car ils sont en prison, à l’hôpital ou invalides. étonnant encore, les établissements nationaux : Ils le font avec des artistes en résidence qui l’état est minoritaire dans le financement de intègrent le public à leur démarche de création, l’Opéra national de Montpellier, les centres et la partagent. Et les collectivités ne sont pas dramatiques, chorégraphiques ou musicaux, Rififi chez les Nationaux en reste : lorsqu’elles sont opérateurs, elles les musées nationaux de province, sont majori- de Province imaginent des Scènes de Bistrot (voir p 38), tairement pris en charge par les collectivités et Car le plan de la Ministre (voir encadré ci-des- ou des In situ qui en Occitanie exposent des les villes, alors que les théâtres nationaux, dont sous) a déclenché une levée de boucliers bien commandes contemporaines dans des lieux 4 sur 5 sont à Paris, sont entièrement financés compréhensible, d’abord celle de l’Association patrimoniaux, pour que chacun y accède. par l’État. Résultat direct : les provinciaux des Centres dramatiques Nationaux, suivis des payent beaucoup plus d’impôts locaux que les Centres de Création Musicale, des Centres Parisiens (taux d’imposition locale le plus bas chorégraphiques, des FRAC, des Musées et de France à Paris 13%, il est de plus de 40% Scènes nationaux, ou conventionnés par l’État. Rétablir la confiance à Marseille), alors que ceux-ci bénéficient Autant d’établissements qui maillent depuis 60 Faut-il en faire davantage ? Sans doute, tou- pourtant des meilleurs équipements, et sont ans le territoire provincial, et souffrent depuis jours, et les scènes nationales itinérantes qui

Le plan ministériel « Culture près de chez vous » Doté de 6,5 millions d’euros annuels, qui devraient atteindre 10 contemporain millions en 2022, il consiste à : faire circuler les « chefs-d’œuvre iconiques » des musées nationaux favoriser l’itinérance des spectacles dans des lieux non dédiés : les tels la Joconde (un catalogue précis sera dévoilé lors de la Nuit des festivals et structures culturelles qui produisent des spectacles dans Musées dans des lieux muséaux et non muséaux) des structures mobiles, des lieux polyvalents ou dans l’espace public organiser des expositions événementielles des fonds des musées seront aidés par le Ministère nationaux dans des lieux non muséaux prévoir des tournées de l’Opéra de Paris, du Théâtre National mettre en place 200 Micro-folies, Fab-Lab conçus par 12 « grands de Chaillot et de la Comédie Française dans toute la France, et en opérateurs du Ministère » (tous à Paris, sauf le Festival d’Avignon) particulier dans les territoires ruraux (communes de moins de 5000 qui permettent une approche ludique et interactive des « grandes hab.) et ultramarins œuvres ». L’État participera à hauteur de 15 000 euros à l’installation, porter une attention particulière aux cirques traditionnels itiné- pérenne ou éphémère, de ces structures en milieu rural ou dans les rants, alors que le Ministère s’est jusque là concentré sur le cirque quartiers « Politique de la Ville ». 19

ÉCOLE RÉGIONALE D'ACTEURS DE CANNES & MARSEILLE s’inventent actuellement à Chaillol ou à Sault (voir p 44), les Micro folies, relèvent des mesures nouvelles bienvenues. Mais les tournées des établissements Nationaux parisiens, de la Joconde et autres chefs-d’œuvre des musées parisiens, qui sont terriblement onéreuses et grèveront les budgets peed décentralisés du Ministère, relèvent pour les acteurs acharnés de la décentralisation, en province, d’un véritable camouflet. (voir encadré ci-dessous) s leving

Extrait du communiqué de l’Association des Centres Dramatiques Nationaux :

« Une fois encore les « déserts culturels », les « zones blanches » sont regardées d’un point de vue surplombant et aérien. Quant à nos établissements, chevilles ouvrières de la structuration d’une véritable politique culturelle décentralisée sur le territoire, ils sont une nouvelle fois laissés sans perspectives et sans considération. Comment est-il possible, en partant d’un état des lieux aussi lucide, de répondre par encore davantage de centralisme ? Deman- der aux établissements nationaux parisiens de rayonner davantage dans nos campagnes et autres « zones blanches », en diffusant leurs productions sur ces territoires, relève au mieux d’une méconnaissance totale de la situation, au pire d’une irresponsabilité politique et d’un mépris pour l’ensemble des acteurs culturels. La décentralisation, projet franco israélien • textes Hanokh levin • mise c’est-à-dire la présence en région d’institutions d’envergure en scène laurent brethome • avec 5 élèves comédiens nationale, productrices d’œuvres à rayonnement national, de l'eracM • 5 élèves comédiens de nissan nativ acting est à l’œuvre depuis soixante-dix ans. N’aurait-il pas été studio - • coproduction eracM / le menteur plus intelligent et efficace de s’appuyer sur cette expertise ; volontaire plus glorieux, d’agir hautement pour que l’État redonne du souffle à cette politique d’ensemencement local et de coaction avec les collectivités territoriales et les opérateurs locaux ? » MARSEILLE - IMMS DU 8 AU 13 JUIN 2018 (relâche le 10) Ce mépris n’est pas nouveau, et on se souvient des déclara- Réservations 04 88 60 11 75 tions en juillet 2017 de Régine Hatchondo, directrice de la création artistique au Ministère, face aux directeurs de CANNES - THÉÂTRE LA LICORNE Centres Dramatiques Nationaux : « Quand vous me parlez d’argent, vous ne me faites pas rêver… Votre modèle économique LE 16 JUIN 2018 est à bout de souffle... Heureusement, j’ai autre chose que vous Billetterie www.cannes.com dans ma vie ». Outrée à juste titre, l’ACDN avait réclamé sa démission. Françoise Nyssen, à la suite sans doute du PARIS - THÉÂTRE DE L’AQUARIUM communiqué des Centres dramatiques, vient de se séparer de la directrice, partie vers ARTE, signifiant peut être ainsi DU 21 AU 24 JUIN 2018 que le mépris et la méconnaissance allaient cesser. Réservations 01 43 74 99 61 On le souhaite : il serait vraiment dommage que le constat de l’inégalité territoriale, et de la nécessité de remettre en AVIGNON - LA MANUFACTURE route la décentralisation, reste lettre morte à cause de la maladresse des mesures mises en œuvre. DU 17 AU 26 JUILLET 2018 (relâche le 19) AGNÈS FRESCHEL Billetterie www.lamanufacture.org

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Couleurs : ATTENTION : Défonces et surimpressions, ainsi que grossis maigris, ne sont pas gérés Couleurs Pantone ® : sur le fichier. P.3135 P.273 P.390

Couleurs à composer : 20 politique culturelle Quel prix politique pour les Chorégies ? AU BORD DE LA FAILLITE DEPUIS DES ANNÉES, EN DIFFICULTÉ DEPUIS QUE JACQUES BOMPARD, MAIRE D’EXTRÊME DROITE, DIRIGE LA VILLE, LES CHORÉGIES D’ORANGE ÉTAIENT EN MARS 2018 AU BORD DE LA CESSATION DE PAIEMENT

n financement public exceptionnel s’ap- prête à sauver cette institution qui fêtera Ul’an prochain ses 150 ans d’existence, la consacrant plus ancien festival d’. Une solution qui tranche avec les décisions prises par l’État et la Région depuis 1995, c’est-à-dire l’élection de Jacques Bompard, alors Front national, à la tête de la Ville.

Au chevet des Chorégies d’Orange Les représentants de l’État et les élus des col- lectivités territoriales étaient rassemblés le 12 avril à Avignon, pour une improbable union de personnalités. Renaud Muselier, président de la région Paca (LR), Maurice Chabert, président du conseil départemental de Vaucluse (LR), Michel Bissière (LR), vice-président de la Commission culture de la région Paca et © Jean-Pierre Garufi actuellement président des Chorégies d’Orange, Marc Ceccaldi, directeur régional des Affaires ses acteurs culturels, ses écoles supérieures… Quelle liberté de création ? Culturelles, John Benmussa, Sous-préfet, et « La culture n’est pas seulement dans notre ADN, On se souvient des Chorégies d’Orange avant Jean-Louis Grinda, directeur depuis 2017 des c’est aussi 5% de notre PIB ». Il redéfinissait aussi 1995. De ses concerts au jardin, de ses risques Chorégies d’Orange, partageaient la table et la le rôle du politique dans la vie culturelle : « Ce artistiques, de ses créations. On sait que, depuis, parole avec Jacques Bompard, maire d’Orange. n’est pas au politique de dire ce qui est beau ou elles ont été malmenées périodiquement par Le constat était identique pour tous : « On n’a laid, mais il doit soutenir la culture, et le caractère la Ville, lâchées partiellement par l’État et la pas le droit de laisser tomber un tel monument ». sacré de la liberté de création ». Nécessité donc Région qui n’ont pas su prendre la décision Renaud Muselier développait les termes de d’assurer « la continuité de ce fleuron culturel de cesser de les cofinancer avec une muni- ce sauvetage, après avoir insisté sur la place de notre région », l’année même où la Région cipalité d’extrême-droite, ou de maintenir essentielle de la culture dans notre région, a sacrifié Babel Med, symbole d’une culture leurs financements pour en faire un lieu de avec ses sites classés, ses nombreux festivals, ouverte sur le monde, la jeunesse et l’autre rive ? résistance culturelle. Les Chorégies sont donc 21

morale : « Les Chorégies d’Orange ne sont pas orangeoises, mais internationales. Depuis trois/ quatre ans, elles ont connu un « petit tangage », mais ont trouvé un équilibre grâce à Jean-Louis Grinda, si l’on ne compte pas la dette. Il est sain que les financeurs prennent la direction des choses, dans l’obligation de faire des recettes, finan- mais pas sain que l’argent public soit géré par de la participation de l’État, « les diminutions cées à 80% par les billets vendus, et donc des structures privées. » Sain ? On ne peut de moyens sont conséquentes : alors que nous avons programmant année après année Verdi, Bizet que se souvenir des éclats qui ont conduit des compétences différentes avec la loi NoTRE, et Verdi, dans des productions consensuelles à la démission du directeur des Chorégies, nous participons lourdement au financement des passant à la télé. Les directeurs font ce qu’ils Raymond Duffaut, en 2016, sur fond de Chorégies, nous ne sommes pas un tiroir-caisse ». peuvent, et il fallait, c’est certain, sortir les conflit avec le maire qui voulait placer son Chorégies de cet appauvrissement artistique par adjointe à la présidence du festival lyrique. une refonte de son financement public. Mais D’ailleurs les banques refusaient l’emprunt L’avenir des Chorégies, s’asseoir à la table de Jacques Bompard et lui souhaité afin de combler un déficit cumulé laisser la parole sur le sens de l’engagement qui s’élève à 1,5 millions d’euros, et il n’est pas et d’Orange public, vraiment ? Faut-il rappeler que ce maire, du tout certain que les Amis des Chorégies, La programmation 2018 (20 juin au 4 août) qui qualifie la dynastie Le Pen de modérée, a association qui administre le Festival et reste est donc préservée, aucun spectacle n’est interdit les drapeaux étrangers lors des mariages majoritairement affiliée à Jacques Bompard, supprimé. Mais la réflexion pour le futur est dans sa commune, qu’il a demandé pardon accepte la liquidation au profit d’une société loin d’être achevée : les Chorégies font partie « pour les enfants qui ne naîtront pas » lors de où elle ne sera plus majoritaire. d’une procédure de classement au Patrimoine débats parlementaires sur l’avortement en Car Renaud Muselier annonce la création Mondial de l’UNESCO, et dans le cadre de 2014, qu’il demande d’« entraver » ceux qui d’une SPL, Société Publique Locale, pour la Conférence Permanente des Arts et de pratiquent l’avortement, qui a par analogie remplacer l’association loi 1901 qui gère le la Culture (voir p20), Renaud Muselier a assimilé le mariage homosexuel à un inceste, festival. Même si l’association n’a pas (encore ?) « décidé de créer un groupe de travail, autour de une union polygame ou pédophile, qu’il prononcé la liquidation. « Cette SPL fera une Dominique Bluzet et de Monsieur Grinda, pour refuse comme sa femme maire de Bollène offre de reprise qui garantira la conservation des réfléchir à l’avenir du modèle des Chorégies ». de les célébrer en sa mairie ? Quelle culture emplois (cinq temps pleins), des contrats, de la Avec une volonté forte d’amener la jeunesse peut-on défendre avec lui, qui sous-finance marque et l’apurement des dettes ». À quelle à la culture, et la création d’un aménagement sa médiathèque, déplorait en 1995 la « culture hauteur ? Le Sous-préfet précisait la répar- qui existe déjà sur les autres grands festivals, cosmopolite » des Chorégies, et dont le fils, Yann tition des comptes : « La SPL sera dirigée par dispositifs pédagogiques et places offertes. Bompard, conseiller départemental de Vau- la Région, et son financement sera à hauteur de Avec ou sans censure implicite ? L’an denier, cluse, a mené la fronde contre les subventions 51%, celui de la ville d’Orange de 33% et celui les collégiens cosmopolites réunis pour Pop the allouées au Festival d’Avignon qui « aborde du conseil départemental de 16%. Le partenariat Opera chantaient en français, anglais et pro- le thème du transgenre » et proposait de les des collectivités sauve les Chorégies. L’État n’ap- vençal. Pourraient-ils défendre les répertoires orienter plutôt vers les Chorégies de son père ? paraît pas dans la SPL, mais maintient son aide, d’autres rives méditerranéennes ou caribéennes, 450 000€ cette année, et salue le volontarisme dans une ville où l’on interdit les drapeaux et l’ingénierie territoriale mise en œuvre. » Il étrangers, et où on lutte contre le mariage Ce qui est sain selon s’agit « d’une opération particulièrement délicate homosexuel et le droit à l’avortement ? pour les deniers publics » fait remarquer Renaud MARYVONNE COLOMBANI ET AGNÈS FRESCHEL Bompard Muselier, qui en appelle à une augmentation Népotisme et appel à la censure n’empêchent La conférence « quel avenir pour les pas le maire de donner, devant des représentants chorégies ? » a été donnée le 12 avril de l’État et des collectivités, des leçons de à l’Hôtel du Département, Avignon

Ecoutez, on est bien ensemble francebleu . fr

FB_encartGenerique_200x70.indd 1 12/03/2018 09:52 22 politique culturelle Gratuité aux musées ! LA VILLE D’AVIGNON ADOPTE LE la fréquentation de leurs musées augmenter considérablement. PRINCIPE DE L’ENTRÉE LIBRE POUR « Il y a là un enjeu de démocratie, le SON PATRIMOINE MUSÉAL MUNICIPAL manque à gagner sera compensé en termes d’attractivité de la ville, mais aussi, surtout, par le plaisir de voir es 800 000 touristes et 90 000 festivaliers des visiteurs plus nombreux devant qui traversent chaque année la Ville d’Avi- nos chefs-d’œuvre. La gratuité est un Lgnon, son Pont, son Palais et ses théâtres, enjeu d’égalité donc, pour combler les s’attardaient très peu dans ses musées, que les fossés culturels, mais de liberté aussi, habitants négligeaient tout autant : à peine car on a un autre rapport au musée 90 000 visites dans les 5 musées en 2016 ! Il quand on peut y passer une demi-heure fallait réagir, d’autant que les musées d’Avignon pendant la pause déjeuner, y amener un possèdent des collections exceptionnelles, ami voir un tableau, un seul tableau, exposées dans des bâtiments sublimes, et qu’on a aimé. » formant un tout cohérent et très complet. Les relations avec les musées privés Le label Avignon Musée adopté en 2017, d’Avignon ont également été pen- permettant une communication commune, sées : le risque de voir les touristes et l’organisation d’une semaine de la gratuité préférer le Petit Palais ou le Musée et d’événements transversaux, a conduit à Calvet, gratuits, à la Collection une hausse de fréquentation de 14%. Suite à Lambert ou au Musée Angladon, cette expérience concluante, la gratuité des qui demeureront payants, existe.

musées a été adoptée à l’unanimité par le Sainte Elisabeth, École d’Avignon, fin du XVe ?. Tempera et huile/panneau bois 26X20. Mais il est question de concevoir des Petit Palais © E. Lambert - C2RMF conseil municipal, malgré le manque à gagner projets communs, et de parier que de 100 000€ qu’elle induit. Parce que « la Helle, maire d’Avignon (PS), mais aussi parce la gratuité entrainera un mouvement profond culture n’a pas de prix », comme l’affirme Cécile que les villes qui ont adopté la gratuité ont vu qui ramènera les habitants au musée, comme Derrière l’actualité INFORMATION, DÉSINFORMATION, THÉORIES DU COMPLOT, FAKE NEWS... ENSEIGNER L’ESPRIT CRITIQUE, UN SACRÉ DÉFI

n Forum des Médias avait lieu le 12 avril dans les locaux de l’ex-CRDP, désormais UCanopé1, à Marseille. Rassemblant élèves, enseignants et professionnels de la presse, il s’agissait de récompenser les meilleurs médias scolaires de l’Académie d’Aix-Marseille, réalisés

en classe sous forme écrite, radio ou multimédia. Un zadiste, dessiné par Red © Gaëlle Cloarec Après la remise des prix, une douzaine d’ateliers le premier expliquait qu’« inventer un style, ça de prêtre, avant de se faire dédicacer, avec esprit étaient prévus, portant sur la déontologie du peut prendre 10 ans » ; le second précisant : de corps et générosité, les œuvres des élèves. journaliste, l’édition d’un journal papier, ou « Moi je voulais avoir le trait de Franquin, et au encore l’animation d’une webTV. final je travaille comme Hergé, en laborieux ». Enseigner l’esprit critique Pour opérer une synthèse de l’actualité en une Un peu plus loin, l’atelier Désinformation et Dessiner l’actu image la plus évocatrice possible, il leur faut esprit critique ne comptait que des adultes. L’un des ateliers était consacré au dessin de « transformer la réalité brute avec notre lumière », en L’occasion pour les enseignants de faire état presse : les auteurs Ysope (Le Ravi) et Red (Le évitant l’écueil de l’autocensure. Démonstration de leur détresse : « Il est difficile, voire impossible, Ravi, Reporterre, L’Âge de faire) répondaient cha- immédiate, ils ont croqué en deux coups de d’organiser un simple débat en classe, où l’on s’écoute leureusement aux questions des jeunes sur leur crayon un zadiste effacé du paysage par le gaz parler les uns les autres, sans tomber très vite dans métier. Pour rassurer les aspirants dessinateurs, des lacrymos, ou Emmanuel Macron en soutane la défiance et les invectives ». En cause, le passage 23 Écouter le territoire une habitude, en ravivant leur plaisir et leur goût. Quand LE MERLAN A PROPOSÉ DEUX JOURS DE DÉBAT SUR LES aux touristes, il est question de les amener à rester plus longtemps dans une ville que les tour-opérateurs considèrent RAPPORTS ENTRE UN BÂTIMENT CULTUREL ET SON QUARTIER comme une étape courte ! Et, de fait, chacun gagnerait à s’attarder dans les collections l’heure où le monde culturel en région s’insurge contre la vision de époustouflantes de peinture italienne du Petit Palais, ainsi la Décentralisation du ministère de la Culture, ils posaient quelques que face à son patrimoine unique de sculpture et peinture Àparadoxes... avignonnaises ; au Musée Calvet, qui possède des collections Celui du premier débat d’abord, où des habitants de ces Quartiers de Marseille extraordinaires de peinture classique, moderne et contempo- dits Nord pour ne pas dire pauvres, racontaient leur fierté de ce lieu de raine, mais aussi une collection égyptienne, asiatique, d’art culture, que certains ne fréquentaient pas pourtant, comme s’il n’était pas d’Islam, d’art premier... et un fonds de dessins remarquable ; vraiment pour eux. Paradoxe qui était relayé aussi dans le second débat, deux musées d’art passionnants, complémentaires du bijou où les bailleurs et travailleurs sociaux, les enseignants, disaient la difficulté qu’est le Musée Lapidaire (antiquités), mais aussi du Palais à mettre en place des actions culturelles, ou éducatives, qui concernent du Roure (arts, littérature et traditions provençales) et du les habitants. Car le sentiment de délaissement pousse au rejet de tout ce Musée Requien (histoire naturelle). que l’on ressent comme institutionnel, y compris quand l’institution se Gratuits depuis le 20 avril, ils accueilleront cet été (à partir penche sur vos besoins... du 30 juin), ensemble, l’exposition Mirabilis, conçue par Les institutions culturelles, justement, avaient la parole lors du troisième Christian Lacroix comme un itinéraire à partir du Palais débat, qui fut passionnant. Parce que tiraillé. Les directeurs de lieux culturels des Papes. Miraculeux ? réunis étaient, tous, des militants de l’action culturelle. Activistes, pour AGNÈS FRESCHEL certaines, comme Béatrice Josse qui en prenant la direction du Magasin de Grenoble a profondément changé la fabrique même de l’art, pariant que les habitants « sauraient faire », débattre, administrer, créer, médiatiser ; ou comme Myriam Marzouki (metteure en scène) qui détesterait « être l’artiste d’un territoire » tout en affirmant qu’elle veut concerner la population des lieux délaissés, et défendre la diversité sur les scènes. Qui est arabe ici ? avignon.fr/ma-ville/culture-et-tourisme/avignon-musees demande-t-elle. Quelques mains se lèvent dans la salle, à son étonnement. Classe et diversité Mais est-ce bien de cette diversité dont il est question, et quelle aurait été sa réponse si elle avait demandé que les non bacheliers venus au colloque lèvent la main ? La fracture culturelle se pense en termes de classes et de savoir... Paul Ardenne, critique d’art et universitaire, fit preuve du continuel du monde virtuel où règnent les trolls2 au monde recul nécessaire pour poser autrement le problème. En effet les rapports réel, et l’attrait pour l’émotionnel au détriment de l’analyse : entre l’institution culturelle et les territoires pauvres est toujours ambigu : « Internet est la nouvelle industrie du divertissement ; plus c’est souvent fabriqué contre l’art institutionnel, le hip hop, le street art ou en gros plus ça passe ». Qu’est-ce qui fait que l’on accepte une 68 l’art situationniste ont perdu de leur force subversive, et esthétique, information sans contester sa validité ou même s’interroger lorsque l’institution les a fait monter sur scène ou entrer au musée. La à son sujet ? Qui a intérêt à mener le lecteur ou l’internaute résistance, constitutive de l’art, s’accommode mal des territoires figés et sur tel ou tel terrain ? Le représentant du Mesclun, publi- des modélisations. cation portée par des habitants de la cité des Flamants (14e Que doit faire, alors, un programmateur culturel ? Ouvrir les portes 24h sur arrondissement de Marseille), soulignait avec raison que 24 pour qu’ils deviennent des lieux de vie pour tous, comme le suggérait une les journalistes professionnels peuvent aussi faire des choix « habitante » ? Ne pas être prescripteur de formes mais écouter davantage les idéologiques à questionner : « Ce que l’on ne dit pas ou ne attentes, au risque d’une programmation consensuelle, puisqu’aujourd’hui montre pas est également révélateur ». les arts dits populaires sont formatés par les industries du divertissement ? Les professeurs présents au Forum des Médias se sont Hortense Archambault, directrice de la MC 93 (Bobigny) proposait sentis très seuls ces dernières années, même si des outils, d’adopter une démarche modeste : être à l’écoute, et ne pas oublier ce que développés notamment par le Clémi3, apparaissent. Sur l’on représente. C’est-à-dire l’institution, même lorsqu’elle veut apporter les tables, on trouvait en accès libre brochures et dossiers la culture en banlieue, même lorsqu’elle programme sur scène le reflet pédagogiques. Le thème 2018 de la Semaine de la presse militant des inégalités sociales. et des médias dans l’école était « D’où vient l’info ? ». Et pour renverser le regard, rien de mieux que Juste Heddy, de Mickaël Mais où va-t-elle ? Phelippeau, qui conclut le week-end : le solo est construit avec ce jeune GAËLLE CLOAREC homme fascinant qui a toujours vécu là, au quartier, entre la boxe et l’armée, 1 Réseau de création et d’accompagnement pédagogique la violence et le racisme. Le théâtre, pour lui, est important. Heddy, pour dépendant du ministère de l’Éducation Nationale. le théâtre, est essentiel. 2 Provocateurs agressifs sur les réseaux informatiques AGNÈS FRESCHEL 3 Centre pour l’éducation aux médias et à l’information, il a pour mission d’apprendre aux élèves une pratique citoyenne des médias. Contexte(s) Art/territoire a eu lieu au Merlan, Marseille, les 13 et 14 avril 24 événements Héritages L’Or s’expose au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée

près le succès de Roman- Photo (90 000 visiteurs), AOr, la nouvelle exposition du Mucem a débuté. Elle ras- semble près de 800 pièces, chiffre exceptionnel d’après Myriame Morel-Deledalle, l’une de ses commissaires. Un avis partagé par Jean-François Chougnet, patron de l’établissement : « Le Louvre notamment s’est montré généreux, y compris en prêtant ses faux, ce qui pour un musée est très courageux ». Ainsi que par Jean-Roch Bouiller, co-com- missaire, pour lequel « le dialogue entre pièces historiques, œuvres contemporaines et collections du Mucem fait la grande force de l’exposition, sans qu’une accu- mulation de beaux objets n’oc- culte une dimension plus sombre, politique, guerrière, de l’or ».

Il est vrai que le parcours pré- Sebastiao Salgado, Serra pelada, Brésil, mine d’or, 1986 © Sebastiao Salgado sente une grande variété d’uni- vers, reliés par le fil doré du métal précieux, honte d’avoir monnayé un souvenir de sa grand- Rouge Vivier aux enfants à partir de 6 ans, virant parfois, comme de juste, au clinquant. À mère et qui s’interroge : « quand vous héritez assorti d’un atelier d’initiation à suivre en famille. l’entrée, The treasure room, immense gouache de quelque chose, est-ce vraiment à vous ? ». Enfin, un rendez-vous important :L’appel du 8 de Gilles Barbier réalisée en 2012, réveille des juin, lancé par SOS Méditerranée. L’objectif, fantasmes de guerrier viking. Un peu plus loin, Au programme du mois à l’occasion d’une soirée festive et musicale une vidéo : le doux bruit de mains plongeant Parmi les autres événements du Mucem en ce (en présence notamment de l’écrivain Daniel dans un sac de pièces endort Louis de Funès, printemps, ne ratez pas la table ronde animée Pennac et du groupe Les Ogres de Barback, ministre des finances du Roi d’Espagne dans par Emmanuel Laurentin le 14 mai. Elle portera ainsi que des DJ Oil et Big Buddha) étant La folie des grandeurs de Gérard Oury. Une sur l’iconographie et la symbolique de Mai 68. de soutenir l’action de cette association qui a affiche de 1915 demande un sacrifice : « Pour L’historienne Sophie Gebeil et le réalisateur affrété en février 2016 un navire pour recueillir les la France, versez votre or ! » Les splendides Jacques Kebadian se demanderont en quoi migrants naufragés. 30 000 personnes ont ainsi tirages gélatino-argentiques de Sebastião affiches, tracts et photographies ont nourri et été secourues, avec le Centre de coordination Salgado, prêtés par le Centre national des arts influencé la construction médiatique de notre des sauvetages en mer de Rome et Médecins plastiques, révèlent les atroces conditions de mémoire collective. Ni, le 31, le colloque en sans Frontières. SOS Méditerranée fonctionne à travail des mineurs brésiliens dans les années entrée libre centré sur l’œuvre de l’historien plus de 90% grâce aux dons privés, la politique 1980, photographiés comme des termites trem- Benjamin Stora, à l’occasion de son départ de l’État français dans ce domaine étant ce pés de boue. Le pouce de César en bronze à la retraite. Le grand spécialiste de l’histoire qu’elle est... poli, venu du Musée d’art contemporain de coloniale et de l’immigration, chaleureusement GAËLLE CLOAREC Marseille, côtoie une troublante sculpture de entouré de ses élèves et collègues, donnera une Louise Bourgeois, aux mamelles métalliques. leçon spéciale sur les enjeux de sa discipline. De ce riche contenu, outre les très belles pièces La Nuit Européenne des Musées fait étape archéologiques rassemblées (notamment des le 19 mai au Fort Saint-Jean et au Centre de casques grecs du VIe siècle avant J.C.), ressort conservation et de ressources du Mucem à la particulièrement le parcours parallèle réalisé par Belle-de-Mai (lire page suivante). Ainsi bien- le duo d’artistes gethan&myles. Après avoir sûr que le Festival Oh les beaux jours !, le racheté des bijoux mis « au clou » au Mont de dernier week-end de mai (lire p 26). Le premier Piété, ils ont mené l’enquête pour retrouver leurs week-end de juin sera quant à lui consacré à anciens propriétaires et écouter leur histoire. la langue des signes : un spectacle de contes Mucem, Marseille Celle de Mathilde, par exemple, qui raconte sa bilingues français/LSF sera proposé par la Cie 04 84 35 13 13 mucem.org 25

Le 19 mai, la 15e Nuit européenne des musées permettra Un musée, de parcourir gratuitement des lieux, découvrir des expositions et participer à de nombreux événements la nuit ludiques et insolites uelque 640 événements émailleront La Nuit européenne des musées sur l’en- Qsemble du territoire, notamment dans la région, richement dotée d’animations familiales. Impossible d’être exhaustif car chaque musée déploie un trésor d’inventivité pour faire se croiser tous les arts ! Au musée d’Allauch la nuit s’annonce fondante et croquante à la fois, alliance de poésie, de joyeux délire, de marionnette maladroite, de fausse magie et de vraies chansons. Des duos chorégraphiés par Simon Bailly révèleront l’éclat et le relief Mucem J4 passerelle - FSJ - éclairage Yann Kersalé © Mucem - Lisa Ricciotti Architectes Rudy Ricciotti et Roland Carta d’œuvres choisies dans la collection du Musée du collège Longchamp dirigé par Frédéric de la classe de 5e du collège Coin-Joli-Sévigné Réattu à Arles ; des visites nocturnes et des Isoletta (collaborateur de Zibeline) investira conteront les grands épisodes de la mythologie ateliers d’initiation à la poterie seront proposés la place d’Armes pour un concert dont les grecque ; de même qu’au Musée d’Histoire par le Musée des Arts et traditions populaires mélodies nous entraineront, justement, dans quand les élèves de 5e du collège Notre Dame de Draguignan au moment où le Musée de la l’univers de Picasso ; et le CCR se prêtera de la Major évoqueront la vie quotidienne au préhistoire des gorges du Verdon, à Quinson, à un jeu collectif, « Espace Game - Le tarot Moyen-Age à travers un choix d’œuvres. Le organisera un ciné-débat avec l’auteur-réalisa- des mauvais sorts », autour du jeu de tarot même musée organisera une projection-ren- teur et préhistorien Marc Azéma. À l’Espace de Marseille. Par petits groupes, les équipes contre autour de l’exposition Marseille et mai de l’art concret à Mouans-Sartoux, au cœur de devront libérer de leur coffre des cartes maudites 68 pour témoigner de ce qui a changé dans l’exposition Dialogue concret, Carlos Cruz-Diez conservées au Mucem afin de le sauver d’un nos vies, une lecture déambulatoire « La vérité et la donation Albers Honegger, Eve Risser funeste sort… Au CCR toujours, les commis- vraie sur la fondation de Marseille ! » et une interprètera au piano Le seul parce que sans saires en herbe du collège Versailles de la Belle démonstration de tournage céramique. Au pourquoi possible, transcription pour piano de Mai présenteront l’exposition Rêvons la ville Préau des Accoules, l’exposition Si la couleur d’Eve Risser des peintures d’Anne Pesce. qu’ils ont entièrement conçue et imaginée : m’était contée servira de décor au spectacle cette nuit-là, ils passeront leur grand oral ! interactif de la comédienne Sabine Goyon, Pleins feux sur Marseille Le [Mac], l’artiste Yazid Oulab et l’École Retour chez grand-mère. Enfin, au Musée Le J4, le fort Saint-Jean et le Centre de supérieure d’art et design Marseille-Méditer- des arts décoratifs, de la faïence et de Conservation et de Ressources (CCR) res- ranée invitent artistes, étudiants et public à la mode, les productions des élèves inspirés teront ouverts jusqu’à minuit pour laisser libre partager diverses expériences artistiques durant par leur visite du musée s’acoquineront avec accès aux expositions Voyages imaginaires, « La nuit des Veilleurs » et le Musée Cantini les chefs-d’œuvre de la collection tandis que Picasso et les ballets russes, entre Italie et ouvrira exceptionnellement ses espaces à la dans la cour de la Vieille Charité, la Cie Espagne, Or (voir page ci-dessus) et Rêvons la musique pour un concert avec Eyma Jazz Sun of Shade exécutera des pas de danse… ville. Dans le cadre de l’opération « La classe, Quartet. L’opération « La classe, l’œuvre ! » MARIE GODFRIN-GUIDICELLI l’œuvre ! », le Mucem accueillera deux projets prendra tout son sens au Musée d’archéo- pédagogiques : l’orchestre de la classe de 3e logie méditerranéenne quand les jeunes nuitdesmusees.culturecommunication.gouv.fr

22—27 mai 2018

frictions littéraires à Marseille Atelier 25 Atelier : littérature & histoire, BD, amour, sciences, futurs, musique, jeunesse ohlesbeauxjours.fr D’après © Yohanne Lamoulère, création graphique création Lamoulère, Yohanne © D’après 26 festivals littérature Marseille, ville littéraire

Depuis longtemps la ville que les écrivains aiment tant attendait un festival littéraire à son échelle. Oh les beaux jours sont là, enfin !

vec son beau titre, le nouveau festival littéraire de Marseille revient pour sa A2e édition. Fort de son succès en 2017 avec la fréquentation de 12 000 personnes, il programme plus de 120 invités, soit 60 propo- sitions pour 6 jours de festival, du 22 au 27 mai. Lors de la conférence de presse du 19 avril, Anne-Marie d’Estienne d’Orves, adjointe à la Culture de la Ville, s’est réjouie de cet « évé- nement phare » qui contribue au rayonnement de Marseille et « permet d’élargir les territoires de la lecture ». On sait qu’elle a dû lutter pour imposer l’idée qu’un festival littéraire ancré dans le territoire était nécessaire à Marseille : pendant des années les énergies littéraires ont été découragées, et Colibris de la Marelle, les rencontres littéraires en librairie ou au Mucem, ont défriché un terrain difficile, puis disparu faute de financements, et à force de clichés : Marseille serait une ville inculte où l’on n’aime pas lire...

Mais la volonté publique de créer un grand Marie Darrieussecq et Arnaud Cathrine © X-D.R festival littéraire a repris du poil de la lettre après MP2013, et a failli aboutir sur un festival seconde, performance littéraire qui réunit sept danseuse livreront des passages du recueil importé sans ancrage sur le territoire. Elle auteurs autour de scènes d’amour au cinéma de nouvelles S’aimer quand même ; histoire s’est concrétisée grâce au projet de l’asso- qui les ont marqués, rejouées et commentées d’une liaison ratée de Grégoire Bouillier ; ciation marseillaise Des livres comme des sous la direction d’Alexandra Tobelaim. Les enfin Philippe Katerine et un musicien idées créée en 2015, codirigée par Nadia jours suivants mélangeront les propositions complice évoqueront l’amour mais aussi la Champesme (libraire, Histoire de l’œil) autour de grands thèmes : l’amour, thème de mort (Mucem, 27 mai). et Fabienne Pavia (éditrice, Le Bec en Marseille 2018, puis les relations qu’entre- Le futur sera revu et corrigé à l’occasion l’air). Le conte serait beau si le compte l’était : tient la littérature avec l’histoire, la fiction, la d’une nouvelle traduction de 1984 d’Orwell, l’événement est très largement sous-doté, et musique, la bande dessinée, les sciences et la jamais réédité depuis 1959 ; un concert des- c’est avec une énergie et un dévouement jeunesse… avec des formules originales qui siné avec cinq dessinateurs sous la houlette sans bornes que l’équipe pousse les portes renouvellent l’entretien littéraire : ainsi cinq d’Alfred mettra en images une scène du des musées, ouvre ses tiroirs, fait appel à auteurs au cours de portraits-kaléidoscopes roman accompagnée de la musique live de des musiciens, des dessinateurs, investit les seront mis en relation avec des invités surprise, Yan Wagner. Quant à Pierre Ducrozet il théâtres, l’Alcazar, la Friche, le Mucem et la pour évoquer ce qui les fait vibrer : Laurent livrera avec la musique d’Isard Cambray Salle des Rotatives de la Marseillaise. Combien Gaudé, Dany Laferrière, Philippe Claudel, ses interrogations sur l’avenir de la modernité d’années tiendra-t-elle à coup d’emplois aidés Pierre Lemaître et Laurent Mauvignier. et la place de l’humain. et de demi-salaires ? Pourra-t-elle continuer Pour parler d’amour, Marie Darrieussecq et à proposer un festival d’une telle qualité ? Arnaud Cathrine ont visité six musées de Dessin, photo, sciences la ville et choisi des objets autour desquels Les bédéistes seront à l’honneur : Guy Delisle Amour et avenir ils ont libéré leur imaginaire : la restitution de dessinera la géographie des lieux présents Car la qualité y est, et l’abondance... Cela l’expérience aura lieu au Mucem le 26 mai ; dans l’œuvre de Jean Echenoz, tandis que commence le 22 mai avec L’amour 24 fois par Isild Le Besco, trois comédiennes et une Sébastien Gnaedig dialoguera avec Sorj 27

Chalandon dont il a adapté Profession du de l’histoire des migrations juives avec le premières expériences amoureuses avec pour père en bande dessinée. roman graphique de Camille de Toledo toile de fond les événements tragiques de La photographie aura sa place avec des propo- et Alexander Pavlenko, Herzl, une histoire 2015, récit fort et riche qui touchera toutes sitions inédites d’Yves Pagès, qui s’intéresse européenne, et du regard contradictoire des les générations (Les Rotatives, 25 mai). aux écrits muraux et autres graffitis (Rota- femmes sur mai 68 avec Leslie Kaplan et Pour les petits ? des conférences dessinées tives, 26 mai), Florence Aubenas et Bruno Isabelle Sommier. avec les auteurs d’albums de La petite bédé- Boudgelal évoqueront leur immersion dans thèque des Savoirs des éditions Le Lombard, Marseille tandis que Marie Darrieussecq Frictions et ouverture des animations ludiques, notamment à La confiera ses souvenirs d’enfance. Pour retrouver leur histoire intime, David Vann Criée. Et une rencontre scolaire ouverte à tous Les sciences de la vie proposeront de jeter et Michèle Audin partiront à la recherche avec Erik L’Homme, auteur de best-sellers un nouveau regard sur la Terre avec le d’échos à leurs écrits dans les collections du pour la jeunesse, autour de son dernier roman philosophe Bruno Latour qui livrera une Mucem. Et les « frictions littéraires » mettront Nouvelle Sparte ((Friche, 23 mai). conférence-spectacle (Criée, 24 mai) ; sur face à face trois duos d’auteures, échanges Car l’équipe d’Oh les Beaux jours ! travaille la ville avec Olivia Rosenthal qui parlera d’expériences et d’univers littéraires : Natha- toute l’année pour que la littérature devienne, de ses animaux invisibles (Criée, 25 mai) ; lie Kuperman et Véronique Ovaldé, Jakuta à Marseille, la nourriture quotidienne de tous. sur le corps et l’esprit avec la romancière Alikavazovic et Emmanuelle Lambert, Et pour l’offrir, toutes les manifestations en Joy Sorman qui lira en musique son dernier Constance Debré et Dominique Sigaud. journée sont gratuites et un Pass permet un roman Sciences de la vie (Mucem, 27 mai). Le partage des découvertes littéraires est tarif réduit pour les propositions en soirée... L’histoire se taille aussi une belle part avec également un principe : du groupe de hip- CHRIS BOURGUE ET AGNÈS FRESCHEL Patrick Boucheron, médiéviste éclairant, qui hop La Rumeur avec la participation du collabore avec Bruno Allary de la Cie Rasse- comédien Reda Kateb lors d’un concert gna, mélangeant les échos et les époques dans inédit (Fort St Jean, 26 mai). Et les jeunes Oh les beaux jours ! 22 au 27 mai Contretemps, spectacle musical inédit avec ne sont pas oubliés : Arnaud Cathrine Marseille flûte, guitare et danse. Il sera aussi question présentera sa trilogie À la place du cœur, 09 72 57 41 09 ohlesbeauxjours.fr

La littérature en dialogue

Marie Darrieussecq et Arnaud Cathrine © X-D.R e Printemps du Livre de Christine Orban (Avec le corps qu’elle a…, Cassis a 30 ans, une belle Albin Michel) avec David Foenkinos (Vers Let longue histoire d’amour la beauté, Gallimard) ; Jean-Noël Pancrazi entre auteurs et lecteurs qui se (Je voulais leur dire mon amour, Gallimard) fêtera, comme chaque année, avec Valérie Perrin (Changer l’eau des fleurs, au sein de l’écrin magnifique Albin Michel) ; François-Henri Désérable qu’est la Fondation Camargo. (Un certain M. Piekielny, Gallimard) avec C’est bien « L’amour dans tous Claire Berest (Gabrièle, Stock) et Diane ses états » qui sera le fil rouge Ducret (La meilleure façon de marcher est des rencontres, débats, discus- celle du flamand rose, Flammarion). sions et partages merveilleux, et Enfin,Christian Carion, auteur et réalisa- souvent intimes, qui nous lient teur, sera particulièrement mis à l’honneur : les uns et les autres à travers les il sera reçu pour ses deux ouvrages En mai, livres et la lecture. Et l’occasion fais ce qu’il te plaît (Flammarion) et Joyeux d’appréhender, et comprendre, Noël (Perrin), et quatre de ses filmsL’Affaire

l’acte d’écrire… © X-D.R Farewell, Une hirondelle a fait le printemps, Chacune des trois journées sera Mon garçon et Joyeux Noël (deux projections rythmée, en jazz, par le Trio Tenderly qui Dieu, Odile Jacob) avec Anny Duperey (Le par soir, à 18h45 et 21h au Centre Culturel). ouvrira les rencontres animées par Patrick rêve de ma mère, Ed. du Seuil) ; Mazarine DO.M. Poivre d’Arvor et Marc Fourny (après Pingeot (Magda, Ed. Julliard) avec Cali (Seuls l’inauguration par Danielle Milon, maire les enfants savent aimer, Flammarion) ; Vla- 30e Printemps du livre de Cassis, à l’origine de la manifestation, et dimir Fédorovski (Au cœur du Kremlin, Des 19 au 21 mai des auteurs invités). Seront présents, entre tsars rouge à Poutine, Stock) avec Xavier de Fondation Camargo, Cassis autres : Boris Cyrulnik (Psychothérapie de Moulins (Les haute lumières, J.-C. Lattès) ; 04 42 01 31 60 printempsdulivre.fr 28 festivals littérature Ondes poétiques La ZIP de Barjols et les éditions Plaine Page défendent la poésie contemporaine dans ses manifestations performées, plastiques et livresques. Vitrine majeure de cette Eauditives 2018 © MC Mots à la Galerie du Canon ou au Musée workshop/performance/chorégraphie de la effervescence, le festival National de la Marine, et s’autorisent une Cie 7Pépinière et l’ÉSADTPM, on visionnera Les Eauditives escapade au Lycée Raynouard de Brignoles. le documentaire de Stéfanie Brockhaus et On se plaît à déambuler d’une performance à Andreas Wolff, The Poetess, qui évoque l’autre : les lieux ne sont pas seulement des Hissa Hillal, poétesse saoudienne qui, e festival Les Eauditives fête ses dix écrins où se déroule quelque chose, mais finaliste du plus grand show télévisé du ans avec un deuxième embarquement s’irisent de palettes nouvelles ; les poètes monde arabe, Million’s Poet, s’empara de Lpour Toulon. La ville, déjà l’an passé, avait donnent du sens jusqu’aux endroits qu’ils l’occasion pour dénoncer les extrémismes et accueilli cette manifestation itinérante et hantent, et en transforment notre percep- devint un symbole politique pour la liberté. déjantée au cœur de divers lieux culturels. tion. Patrick Sirot ouvre les festivités avec Catapultant les termes en un beau néolo- Plus de quarante auteurs, artistes et étudiants son exposition Portraits de Poètes : paroles gisme, les étudiants de l’ÉSADTPM livreront de l’ÉSADTPM* proposent un itinéraire poé- libres ou entravées selon les régions de la leurs Poéssonies. Transmission, réflexion et tique de la Galerie Les Frangines au Théâtre planète, mais qui trouvent toujours un moyen pratique se déclinent avec force, que ce soit Liberté, du Port des Créateurs à la Galerie de dire, d’effectuer les rapprochements qui avec ces derniers ou les lycéens de Brignoles Salle des Machines, à l’Hôtel Départemental deviennent évidences signifiantes une fois qui rendent compte de leurs travaux par un des Arts du Var, de la Librairie Le Carré des formulées. On Écouter(a) le silence lors du ensemble de vidéo-poèmes, réalisés avec le Des livres plein la ville

epuis 1986, la Comédie du sûr). La cheffe de file est peut-être Livre à Montpellier a su se Anna Enquist, l’une des plus Drenouveler au fil des éditions. connues ici. Son Quatuor (Actes Conservant son caractère premier, Sud, 2016), ouvrage sombre et qui consistait à faire se rencontrer musical (elle est aussi pianiste) public et auteurs dans les allées est une synthèse romanesque des de stands aux couleurs de chaque grands thèmes qui parcourent librairie (10, cette année), à côté son œuvre : musique salvatrice, des maisons d’éditions locales et sentiments sourds (elle est aussi des associations littéraires, elle psychanalyste !), fragilité des est devenu un événement plus liens. Herman Koch, très lu « éditorialisé ». Il y eut d’abord aussi en France et traduit dans les programmations thématiques une cinquantaine de pays (der- autour de littératures étrangères, nier ouvrage : Cher Monsieur M., puis les Cartes Blanches à un Belfond), sera là avec d’autres, auteur, et la délocalisation de confirmés ou émergents, comme certains rendez-vous en dehors Thomas Olde-Heuvelt, nouvelle des lieux fondateurs de la place sensation du thriller fantastique de la Comédie et de l’Esplanade. (salué par Stephen King), auteur Pierre Ducrozet © Jean-Luc Bertini Cette année, la Comédie sera du terrifiantHex (Bragelone). Le balayée par un petit vent frais du nord, tout faire découvrir ces courants littéraires que l’on maître du dessin de presse Willem (Libération) droit descendu des Pays-Bas et de la Belgique. commence seulement à appréhender en France ouvrira la voie à des noms moins connus 30 auteurs et dessinateurs sont invités à nous (hormis les auteurs de bandes dessinées, bien (Judith Vanistendael, Tom Schamp,...). concours de Claudie Lenzi et Éric Blanco (chevilles ouvrières et fondateurs des Eauditives) à partir de poèmes de Julien d’Abrigeon. Expositions, performances, nous mènent sur les rives de la Palestine (Tarik Hamdan), d’Algérie (Mustafa Benfodil), d’Italie (Viviane Ciampi), d’Israël (Roy Chicky Arad). Les entretiens animés par des journalistes s’attachent aux 100 ans de la mort d’Apollinaire et aux auteurs publiés cette année aux éditions Plaine Page. L’on (re)découvre avec bonheur, au cours de multiples performances, Cédric Lerible, Maxime Hortense Pascal, Serge Pey, auxquels se joindra parfois le saxophoniste Olivier Culoma. Cette confrontation joyeuse des arts apporte un regard aiguisé, sans cesse renouvelé, en une indispensable distanciation où les esthétiques joutent, et nous donnent de nouvelles lectures de notre monde. Ici, ce sont les poètes qui nous parlent de poésie avec une pertinente profondeur. MARYVONNE COLOMBANI * École Supérieure d’Art de Design Toulon Provence Méditerranée

Les Eauditives 17 au 28 mai Divers lieux, Toulon 04 94 72 54 81 plainepage.com

PARUTIONS PRÉSENTÉES AUX ÉDITIONS PLAINE PAGE : Je suis d’accord, Natyot, collection Les Oublies, 5€ Suite Apollinaire, Jacques Demarcq, collection Calepins, 10€ P.Articule, Julien d’Abrigeon, collection Connexions, 10€ Rire et gémissements, Tarik Hamdan, collection Connexions 10€ La suite infinie du monde est dans le colimaçon, Béatrice Brérot, collection Calepins, 10€ Bleu autour, Viviane Ciampi, collection Calepins, 10€

La bande dessinée bénéficie désormais d’une place importante dans l’ensemble des propositions. Ainsi, une exposition, Infinity 8, présentera les différents auteurs de cette série éponyme dès le 18 avril à l’Espace Bagouet. La Carte Blanche est offerte à la lauréate du Prix Goncourt des Lycéens, Alice Zeniter (L’art de perdre, Flammarion). Elle invite six écrivains (Jakuta Alikavazovic, Alain Damasio, Pierre Ducrozet, Julia Kerninon, Sylvain Pattieu et, bonne joueuse, Éric Vuillard) avec la réalisatrice Amandine Gay. Lectures et rencontres croiseront ces différentes plumes. Deux éditeurs seront à l’honneur : Sabine Wespieser (8 auteurs invités) et Rue du Monde, qui depuis plus de 20 ans enchante la littérature jeunesse, son fondateur Alain Serre et le dessinateur Zaü en ambassadeurs. L’an dernier, 15 000 livres se sont vendus en trois jours. Un bol d’air et d’idées pour la littérature contemporaine. ANNA ZISMAN

Comédie du Livre 25 au 27 mai Divers lieux, Montpellier comediedulivre.fr 30 festivals danse

Requiem pour L., Alain Platel © Chris Van der Burght Marseille accueille le monde Pour sa 23e édition le Festival de Marseille se veut plus ouvert que jamais. À tous les publics, à l’Afrique et au monde, à toutes les esthétiques, à la multidisciplinarité, aux habitants de Marseille. Mais surtout à l’avenir ! Entretien avec son directeur, Jan Goossens

Zibeline : L’édition 2017 était la première billetterie ont été clairement au-dessus de nos Marseille, dans la multidisciplinarité. dont vous aviez conçu entièrement la pro- attentes, qui étaient optimistes ! Mais, plus Le Festival 2018 conserve-t-il le même grammation. Quel bilan en avez-vous tiré ? qu’au niveau quantitatif, le public a également esprit ? Jan Goossens : Cette première édition changé dans sa composition : davantage de Le cadre reste le même, mais nous nous a donné l’indication claire et forte que ce jeunes, davantage de spectateurs qui viennent sommes plus fortement engagés dans des nouveau projet peut susciter l’adhésion voir une ou deux propositions, un nombre coproductions : le montage final deKirina sur ce territoire. Avoir un impact. Toucher important de spectateurs qui viennent pour se fait à Marseille, nous accompagnons Éric un public populaire comme au Silvain ou la première fois, et la billetterie solidaire* Minh Cuong Castaing pour la création dans 100% Marseille, étonner et questionner qui explose. Nous sommes allés nettement de Phoenix depuis 1 an. Notre engagement artistiquement comme le Rito de Primavera au-dessus des quotas, nous avons financé 400 vis à vis des jeunes artistes du territoire se ou le spectacle de Julien Gosselin qui ont places supplémentaires sur nos fonds propres traduit aussi dans les Mars Lab, des petites provoqué des discussions, et l’étonnement. pour les gens en situation de précarité, avec formes qui seront présentées aux Bernardines. Est-ce que vous avez noté une évolution plaisir, car cela fait la démonstration éclatante Nous proposons aussi des séries plus longues, du public ? que chacun a besoin de culture et d’art quand Requiem pour L., de Platel et Cassol, sera Oui, une évolution notable. Nos salles étaient il peut y avoir financièrement accès. Il y a joué trois fois au Silo, Kirina, de Serge Aimé pleines à 87% alors même que nous avons eu aussi une forte présence professionnelle, Coulibaly et Rokia Traoré, quatre fois en considérablement augmenté le nombre régionale et internationale, correspondant à première mondiale sur le Grand Plateau de de places mises en vente. Nos recettes de notre projet : s’ouvrir au monde, s’ancrer à la Friche : l’important est de faire venir de 31 nouveaux spectateurs, que le bouche-à-oreille fonctionne, même si cela peut faire baisser le taux de remplissage. Le Festival de Marseille reste-t-il un festival de danse ? Uzès, en quête À l’international on dit que je suis devenu un programmateur de danse, et ici qu’il n’y en a pas assez ! Si le Festival est clairement multidisciplinaire, la part de la danse est prépondérante. Mais de danse émergente il s’agit de danses au pluriel, de mouvement, de corps, dans des esthétiques aussi différentes que celles d’Olivier Dubois, epuis 23 ans, le festival Uzès danse déploie les nouvelles Lisbeth Gruwez, Eko Supriyanto ou Boris Charmatz. Jamais écritures européennes dans les lieux patrimoniaux ou inso- de danse comme discipline académique. Et on débute avec un Dlites de la cité cévenole. Artiste associé à La Maison CDCN, projet qui n’appartient pas au domaine de l’art vivant mais que David Wampach met à profit sa carte blanche pour installer un je suis très fier de proposer :Domo de Europa est une exposition chapiteau et inviter le public à partager des moments inédits avec de Thomas Bellinck, un projet lourd en termes de montage, son équipe artistique. Des expériences en continu ou en pointillé, une première en France portée aussi par le Mucem et MP2018. depuis l’éveil du corps et de l’esprit à la soirée clubbing avec Sa fiction nous projette dans l’avenir d’une Europe qui revient sur l’homme orchestre Erwan Ha Kyoon Larcher et le DJ Lebe son passé. En fait cette anticipation nous parle de notre présent, Mit, en passant par des petits-déjeuners, des ateliers de danse, de ce que l’on pourrait perdre si on persiste dans le repli actuel, des filages… pour tous entrer dans le mouvement ! Mouvement nationaliste et insulaire, en renonçant à construire une Europe qui aura été irrigué dès le 13 juin avec sa pièce Endo où le corps, unie autour d’autres intérêts que le calcul économique à court au centre de l’action dansée, est « à la fois matière, support, sujet terme. C’est passionnant. et spectateur ». Du théâtre aussi, avec Jan Lauwers... Avant le week-end de clôture, le festival ouvre la boîte de Pandore … et Viviane De Muynck, qui est une grande dame... La Chambre avec deux soli de la trilogie Choreoversations du brésilien Thiago d’Isabella avait marqué Marseille, Jan Lauwers a continué son Granato : Trança qui emmène le corps dans des états de transe trajet et aujourd’hui son théâtre qui avait déclenché une vraie et Treasured in the Dark à l’ambiance mystérieuse. Avec The révélation fait naître une tenson, très belle, entre rébellion et Automated Sniper de l’allemand Julian Hetzel qui use de la forme maîtrise, avant-garde et classicisme. Il vient à Marseille avec conférencière pour interroger les nouvelles formes de violence un grand texte, Guerre et Térébenthine, adaptation du grand et Le jour de la bête, portrait de groupe de la barcelonaise Aina classique de Stefan Hertmans, un roman d’amour durant la Alegre. Côté scène française, Malika Djardi met en dialogue première guerre mondiale que les Français connaissent peu. dans 3 le vivant (le corps) et l’inerte (un monolithe), Fabrice Ce sera au Gymnase, et il y aura aussi du cinéma à l’Alhambra, Ramalingom joue les briseurs de genres en croisant hip-hop une conférence de Felwine Sarr, grand penseur de l’Afrique, et danse contemporaine (Nós, tupi or not tupi ?), Olivier Muller au Mucem... convoque les gestes et les postures d’un soulèvement dans sa Et de la musique ! création 2018 HooDie, Emmanuel Eggermont creuse la question Des musiques, au pluriel aussi, et dans des formes multidiscipli- de la cité à la manière d’un archéologue (Polis). À la croisée de la naires. Un concert d’Imhotep et Soly Casey en plein air et en France et des États-Unis, Bryan Campbell se fait rédacteur en entrée libre Koko Dembelé maître du reggae au Mali en première chef de la « revue performative » Marvelous. Formes émergentes partie de Jupiter, figure emblématique de Kinshasa. Et puis et approches expérimentales sont la colonne vertébrale de ce bien sûr Fabrizio Cassol, qui avec une partie de l’orchestre de festival qui agrège spectacles, expositions, ateliers, tables-rondes, Coup fatal et deux chanteurs du Macbeth de Brett Bailey, est allé projections, rencontres, pique-niques et surprises diverses… beaucoup plus loin dans l’adaptation musicale de Mozart. Et la MARIE GODFRIN-GUIDICELLI musique de Rokia Traoré dans Kirina, dont le point de départ est l’histoire politique et culturelle de l’Afrique de l’Ouest, de Uzès danse Soundiata Keita, fondateur de l’empire du Mali et symbole d’une 13 au 17 juin 04 66 03 15 39 lamaison-cdcn.fr gestion démocratique africaine. Dans la tradition mandingue des griots il est question de l’avenir, et de la marche d’un peuple. Sur Le Jour de la Bête, Aina Alegre © Laurent Philippe scène il y aura dix danseurs, six musiciens et une quarantaine de figurants marseillais. Une grande production qui est possible grâce au dispositif ExtraPôle, et dont la création aura lieu à Marseille avant la Ruhr Triennale qui est aussi coproducteur. PROPOS RECUEILLIS PAR AGNÈS FRESCHEL

* La Charte Culture propose 2000 places à 1 € aux personnes en situation de précarité ou de handicap. Un dispositif financé parArte , la préfecture à l’égalité des chances et toutes les mairies de secteur de Marseille, sauf le 13/14 (maire Stéphane Ravier, FN) et celle du 2/3 (maire Lisette Narducci).

Festival de Marseille 15 juin au 8 juillet Divers lieux, Marseille festivaldemarseille.com 32 festivals spectacles Chaperon rouge pour enclos humain

Après les terrains de sports et les cours d’école maternelle, le collectif ERD’O investit les parcs et jardins publics avec un Chaperon rouge aux allures de safari introspectif

e conte du Chaperon rouge fait partie d’un patrimoine commun, qui transcende L époques et continents. Pour en retrou- ver l’essence, Edith Amsellem a choisi de piocher dans des versions non expurgées issues de la tradition orale, quelques siècles avant le happy end consacré par les frères © Edith Amsellem Grimm. « Viol, pédophilie, gérontophilie, can- de rouge… pour espaces verts. Un véritable chacune de ces générations : l’homme idéal nibalisme, scatologie et fétichisme y sont enclos de jeu, parquant cinq comédiens menant de la grand-mère, de la mère, d’un chaperon réunis en un cocktail explosif ! » commente quatre parcours différents, sur deux sessions hétérosexuel, et d’un chaperon bisexuel ». la directrice artistique du collectif ERD’O, répétées en boucle. Quasi-muséographique, passée experte dans l’art d’ausculter les cette « installation vivante » donne la parole Conjurer les peurs collectives plus troubles relations humaines, après ses au chaperon et à son ascendance -mère et Le loup s’y fait peu à peu l’allégorie d’une audacieuses relectures de Gombrowicz et grand-mère. « Il ne s’agit pas d’un spectacle virilité prédatrice, une figure récurrente dans de Laclos. Comme la metteuse en scène a anti hommes ! », précise Edith Amsellem. « La l’univers du collectif ERD’O -Valmont dans Les aussi le goût de l’espace public, elle invente figure du loup y est polymorphe. Il embrasse liaisons dangereuses, ou le Prince d’Yvonne, cette fois une inédite scénographie tissée tour à tour les figures masculines que fantasme princesse de Bourgogne. L’animalité est ici La non-demande en mariage

n connaît le principe du speed dating, ces rencontres ultrarapides qui se déclinent sous diverses formes : même les chercheurs s’y mettent pour transmettre un fragment de leur savoir (lire à © Olivier Quéro O ce sujet notre article Quelle science veut-on ? sur journalzibeline.fr). Mais qui sait où est née cette pratique ? Il s’agit d’une méthode créée par un rabbin américain dans les années 1990, pour promouvoir les mariages intracommunautaires en mettant en contact successivement, durant quelques minutes, des célibataires compatibles. Son efficacité étant basée sur une première impression fugace, la félicité du futur couple n’est évidemment pas garantie... Le metteur en scène Laurent Brethome, considérant manifeste- ment qu’elle pouvait être améliorée et rendue plus corrosive encore, l’adapte au « mode de vie urbain contemporain : décadence, vitesse, surconsommation, mensonge et dépression ». Le speed dating devient Speed LevinG, un projet franco-israélien mené avec l’École Régio- nale d’Acteurs de Cannes et Marseille et le Nissan Nativ Acting Studio de Tel Aviv. Cinq étudiants de chaque structure ont travaillé ensemble sur quatre textes du dramaturge Hanokh Levin, Une mouche, Être ou ne pas être, Que d’espoir, et Parce que moi aussi je suis un être humain. En y intégrant des chansons, pour produire un cabaret bilingue, français/hébreu, où l’ironie (dé-)frise la cruauté. Il est précisé qu’à l’issue de chaque soirée, les organisateurs LES 25 ET 26 MAI

transcrite par la corporalité du danseur performer Yoann Boyer, un être hybride nourrissant une relation quasi chamanique à la nature, apte à embrasser d’un même élan les arbres, la terre et les femmes. Les comédiennes sont pour certaines des fidèles du collectif ERD’O, telle Anne Naudon, qui campa dès 2012 une inénarrable Merteuil, puis la Reine de Gombrowicz en 2015 ; ou encore Laurène Fardeau, sortie de l’ERAC en 2013, qui endossa le rôle d’Yvonne. Chacune porteuse d’un pan de l’histoire du féminisme, elles en transcrivent les enjeux aux étapes clés de la vie d’une femme. Déambulant autour de l’espace de jeu, le public pourra y suivre l’histoire par le prisme successif de chacun de ces personnages, « comme au musée… ou au zoo ! », s’amuse Edith Amsellem, qui s’est toujours repue de mises en abyme autour du statut du spectateur-voyeur. En marge des représentations, l’action artistique Broder la ville utilise les équipements urbains -grillages, barrières…- comme autant de trames de canevas, prompts à accueillir en écarlates lettres capitales des phrases issues d’ateliers d’écriture : « Je \ / veux être au sommet du vide » dominant Marseille depuis les AU PROGRAMME : CIRQUE, THÉÂTRE, MARIONNETTES, quartiers Nord, « J’aimerais ne plus rougir » en face du Théâtre LECTURE ET CONFÉRENCE JEUNE PUBLIC du Merlan… En jetant en pâture ces peurs collectives aux yeux du monde, il s’agit toujours pour Edith Amsellem de « trouver Propositions à 6€ et en entrée libre un écrin pour que la proposition artistique résonne plus fort. » www.theatremassalia.com JULIE BORDENAVE FRICHE LA BELLE DE MAI

J’ai peur quand la nuit sombre 23 au 26 mai Théâtre du Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org Salagon, musée et jardins à Mane, Alpes de Haute-Provence Rendez- vous mettront en fuite les participants qui souhaitent se revoir mutuellement : l’objectif est d’aboutir à des mariages qui ne aux verront jamais le jour. Rendez- L’œuvre sera créée début juin à l’Institut Méditerranéen des 2 et 3 jardins vous Métiers du Spectacle (Friche la Belle-de-Mai, Marseille), avant aux de continuer sur son élan. Elle sera notamment présente à juin Cannes le 16 juin (Théâtre La Licorne), et cet été, dans le cadre 2 et 3 jardins du Festival d’Avignon, à La Manufacture (16 & 17 juillet, puis du 20 au 26). 2018 juin GAËLLE CLOAREC 2018 Speed LevinG 7 au 13 juin La Méditerranée, IMMS, Marseille : Chevalvert un jardin à ciel ouvert 04 95 04 95 78 eracm.fr : Chevalvert Conférences, animations, spectacles, visites Design graphique

Design graphique guidées, espaces artisans et producteurs

16 juin

Théâtre de la Licorne, Cannes 04 89 82 20 95 cannes.com

17 au 26 juillet Tarif : 4€ par jour - Gratuit pour les moins de 6 ans La Manufacture, Avignon À partir de 14h le samedi, de 10h à 19h le dimanche 04 90 85 12 71 lamanufacture.org www.musee-de-salagon.com Retrouvez-nous sur

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rendezvousauxjardins.fr #RdvJardins 34 festivals théâtre rue Le Printemps sera chaud à Montpellier

oilà, on y est, cette année le Printemps des Comédiens est passé du côté de VMontpellier Méditerranée Métropole, après de longues tractations avec le Départe- ment, initiateur du festival en 1987, pour une répartition des compétences respectant la loi NOTRe. Un changement dont il est de bon ton aujourd’hui d’annoncer qu’il s’est fait dans la continuité et la concordance, l’ensemble des parties (État, Département et Métropole, donc) se félicitant des « remarquables et exception- nelles relations entre tous » (Bernard Travier, vice-président de la Métropole, délégué à la Culture). Les dissensions ont été mises en sourdine. Le Département reste le principal partenaire financier, avec 1,2 million d’euros versé, et Jean Varela vient de quitter ses fonctions de directeur artistique de l’EPIC Hérault Culture pour se consacrer pleinement à son poste de directeur du festival*, qu’il Le Procès, de K. Lupa © Magda Hueckel occupe depuis 2011. Un geste fort, qui répond de créations, de spectacles internationaux 5 heures de spectacle, 17 comédiens, pour un à la demande de Jean-Claude Carrière, présentés en premières françaises, de pièces voyage entre fiction et réalité, dans un temps président historique du Printemps : développer récentes en tournée, de compagnies régio- qui traverse les époques. La déambulation, le festival, devenu depuis quelques années nales mises au premier plan, de chantiers de rendez-vous traditionnel du festival, sera feuil- l’un des plus importants dans le domaine spectacles en cours de création... L’ouverture letonesque. Le Collectif 49701 reprend le des arts vivants. sera polonaise, et donnera le ton : politique, flambeau avecLes Trois mousquetaires, version Étalée sur la totalité du mois de juin, la foisonnant, inventif, inquiétant et inspirant : série. Trois épisodes (deux représentations en programmation compose un savant dosage Le Procès mis en scène par Krystian Lupa, intégrale, 7 heures !) à suivre, au sens propre Nature et culture epuis 2013 il est un ren- avec les airs de trois musiciens dez-vous que l’on ne s’avise (Collectif FredandCo, même lieu, Dpas de rater dans les Hautes- les 1er et 2 juin). Alpes : fêter l’arrivée des beaux jours lors du festival Tous dehors Spectacles caustiques (enfin) !Aussi le premier week- Parmi les propositions plus « mus- end de juin convergeront vers Gap clées » du festival (nos préférées), les amateurs d’arts de rue de qua- on ne saurait trop vous conseiller lité, ravis de retrouver l’ambiance de courir voir La jurassienne de chaleureuse qui caractérise la réparation, hilarante session manifestation, portée par l’équipe de mécanique auto, une affaire du Théâtre La Passerelle. L’an de famille vraiment « en marge passé, malgré une pluie diluvienne du commerce international ». Il survenue au mauvais moment, faudra aussi découvrir le spec- 21 000 spectateurs ont pu appré- Miss Dolly, Marcel et ses drôles de femmes © Xavier Alvarez tacle solo de Jean-Marc Royon cier les spectacles. Croisons les doigts pour elle invite à la rêverie, comme si l’astre était et son personnage d’alcoolique gouailleur, que cette année la météo soit favorable, car de descendu jusqu’à nous (tous les soirs, au parc pour mesurer sa performance à l’aune de belles découvertes attendent petits et grands. de La Providence). En journée, il sera d’ailleurs celle de Christophe « Garniouze » Lafargue, possible d’entrer soi-même en apesanteur, sur venu en 2014 et inégalé depuis. Ainsi que Rêves éveillés un tapis volant, avec Le Manège du Contrevent Maure Aura de l’Association Des clous, de À commencer par une spectaculaire lune de la Cie Grandet Douglas, installé sur les et avec Véronique Tuaillon. Clown ayant flottante de sept mètres de diamètre, conçue pelouses. Autre « féérie lumino-poétique », un beaucoup fréquenté les hôpitaux, elle sait par un plasticien anglais, Luke Jerram, à partir champ de coquelicots géants qui s’éveillent à de quoi elle parle quand il s’agit de mener d’images de la Nasa. Éclairée de l’intérieur, la tombée de la nuit, pour entrer en résonance un ardent combat pour la vie. 35 Au vert sous les platanes du terme, dans les allées du Domaine d’O. Le spectacle des élèves de l’ENSAD est aussi un moment attendu chaque année depuis la présentation mémorable par Richard Mitou d’un texte de Jean-Luc Lagarce en 2011. Cette année, 10 comédiens de la promotion 2018 pour 4 pièces et 4 metteurs en scène : 4 X 10. Amélie Enon, François-Xavier Rouyer, Stuart Seide et Gildas Milin croiseront les approches et multiplieront les univers textuels. Le reste de la programmation annonce un mois de juin où le théâtre sera à son plus haut niveau. Macbettu, spectacle en Sarde d’Alessandro Serra, Le Faiseur de théâtre par André Engel, Hate, écrit, mis en scène et joué par Laetitia Dosch et le cheval Corazon (scénographie Philippe Quesne), Jean-François Sivadier qui recrée son Italienne scène et orchestre ; beaucoup d’autres encore, et finalement, et bien,On s’en va (texte Hanokh Levin, mise en scène Krzysztof Warlikowski). ANNA ZISMAN

* Il prendra ses fonctions à temps plein au Printemps des Comédiens à compter du 1er juillet 2018. Kléber Mesquida, président du conseil départemental de l’Hérault, a souhaité que Jean Varela poursuivre cependant la programmation « Théâtre » de l’EPIC Hérault Culture (sortieOuest). Le Tour complet du coeur © Jean-François Gaultier

e théâtre forain de Gilles Cailleau installera son chapiteau, ses Printemps des Comédiens 1er au 30 juin caravanes et sa yourte Kirghize dans la cour du 3bisf, à l’ombre des Domaine d’O et autres lieux, Montpellier Lplatanes, du 23 mai au 3 juin. L’occasion pour le public du lieu d’arts 04 67 63 66 67 printempsdescomediens.com contemporains, et les habitants du centre hospitalier Montperrin, de (re) découvrir les spectacles de sa compagnie Attention fragile, participer aux ateliers et partager un peu leur vie de nomades. Invités par le 3bisf et les Amis du Théâtre Populaire d’Aix-en-Provence, Gilles Cailleau et sa troupe débarqueront en fanfare pour lancer l’apéro d’ouverture qui donnera le ton des autres rendez-vous : forcément festifs, clownesques Acrobaties et conviviaux ! Gilles Cailleau, le « garçon de théâtre » comme il se défi- Comme toujours, les circassiens seront largement repré- nit lui-même, a concocté un programme au maillage fin et serré : sept sentés à Gap. Fanny Soriano revient avec Silva, œuvre de représentations de son plus grand succès, Le Tour complet du cœur qui, danse-voltige inspirée par la nature préservée du Domaine en 37 comédies, tragédies et tragi-comiques, fait entendre toutes les de Charance. D’Espagne nous arrive un dompteur de mât, pièces de Shakespeare ; trois représentations de Tania’s Paradise sur Joan Català. Les quatre équilibristes de La mondiale une micro-scène circulaire propice aux confessions de la jeune femme ; générale seront présents, avec leurs bastaings, lourds blocs quatre séances de l’atelier « Le clown nous invite à sortir des sentiers de bois aux dimensions variables. Ainsi que l’équipe de battus » pour que naissent l’émotion du jeu et de la rencontre ; trois Marcel et ses drôles de femmes, quatuor d’acrobates séances de « Tea-time aériens » ou comment faire l’expérience des agrès issu du Centre National des Arts du Cirque de Châlons- aériens sous la férule de la comédienne, danseuse de tango et circassienne en-Champagne. Ou encore Monsieur O, qui régalera le Hadas Lulu Karen, interprète de Tania’s Paradise. Le tout ponctué jeune public avec sa maîtrise ludique du hula hoop. d’impromptus, d’apéros aériens, de brunchs ouverts à tous et pour tous. Bien-sûr, on va regretter de ne pas revoir le superbe Slow Des propositions fidèles à la mission d’éducation populaire et d’école du Park, clou de l’édition 2017 avec ses escargots-acrobates spectateur des ATP qui œuvre à la rencontre du public avec les artistes, (qui avaient adoré le temps pluvieux), mais il faut se faire une équipe, une démarche, un univers. En sortant les spectacles du cadre une raison, et comprendre qu’il n’est pas possible de les du théâtre pour les déplacer dans un lieu de vie et de création, le 3bisf inviter chaque année. Le reste de la programmation vaut et les ATP font honneur à la compagnie de théâtre itinérante qui, depuis tellement le détour qu’un caprice serait malvenu ! 1999, préfère rêver à ciel ouvert que ronronner dans une salle obscure. GAËLLE CLOAREC MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Tous dehors (enfin) ! Théâtre forain 1er au 3 juin 23 mai au 3 juin Gap 3bisf, Aix-en-Provence 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu 04 42 16 17 75 3 bisf.com 36 festivals 1001 Nuits sous les auspices du GR2013 À l’occasion de MP2018, le Bureau des Guides poursuit l’activation artistique de son GR2013. La saison 2 des 1001 Nuits propose 7 événements à l’échelle de la métropole

ans le hall du 152 La Canebière, investi depuis octobre par le Bureau des Guides Ddu GR2013, les moustiques se réduisent en confit pour agrémenter une confiture, ou se font houspiller par de vindicatifs Playmobil. Cette mini-exposition, venant en écho à la 1001 Nuits - Bureau des guides du GR 2013 © Caroline Dutrey soirée Les Animaux ont la parole du 28 avril que sont le Massif de l’Étoile et l’Étang de la part belle à l’arpentage sensoriel : visite dernier au camping Marina Plage de Vitrolles, Berre. Fidèles au postulat du GR2013, les 1001 gustative du paysage avec le Collectif SAFI, s’inscrit dans la pléthorique programmation Nuits proposent de « jouer avec le paysage, Trekdanse de Robin de Courcy, balade littéraire imaginée par le Bureau des Guides dans le le mettre en perspective, en profondeur, pour avec la Folie Kilomètre… cadre de MP2018 : 21 propositions sur 7 mois regarder et ressentir différemment ce qui nous à échelle de la métropole. 1001 Nuits est le entoure », nous explique Loïc Magnant, Déclamer son amour premier événement d’envergure depuis le coordinateur de la production. Toujours, les au paysage révélé du tracé du sentier en 2013, cette désor- propositions artistiques se pensent en écho Jusqu’en juin, la saison s’articule autour des mais célèbre boucle se croisant à Aix, pour à un contexte et se maillent avec les acteurs Corps métropolitains, pour en appréhender rayonner autour des deux espaces naturels locaux. De février à avril, la Saison 1 faisait l’organicité. Au pied de la Sainte-Baume le Clowns toujours

d’aujourd’hui ». Les tarifs iront de 6€ à 15€ la place, et le festival, qui investissait volontiers les pelouses du Palais Longchamp ou les places du quartier Noailles, se déplacera vers d’autres lieux. L’Hôpital de la Timone, par exemple, dès l’ouverture le 11 mai : Le Rire Médecin, association qui forme et emploie des clowns hospitaliers dans les services pédiatriques, y fêtera sous la forme d’un cabaret ses 15 ans de présence. Taillé sur mesure pour les petits patients, leurs proches et le personnel soignant, il est gratuit et ouvert au public. Le Théâtre Nono sera aussi de la partie, en ouvrant ses portes à la faramineuse Compagnie n°8. Lors d’une Garden party mémorable, le 19 mai, neuf comédiens emme- nés par Alexandre Pavlata brocarderont Garden party, Cie N°8 © Béa-Gillot l’aristocratie avec le regard de « sociologues du our la 13e fois, le festival Tendance clown, gère le lieu et la manifestation, malgré un superflu ». Le 23 mai, on se rendra au Centre porté par le Daki Ling, aura lieu à Mar- remaniement dans l’équipe et des difficultés pénitentiaire des Baumettes, pour un Pseille. Le nom de cet ancien monastère budgétaires. « spectacle d’erreur qui fait peur (…) avec médiéval devenu tour à tour jeu de paume, L’édition 2018 annonce en effet, en raison de des illusions et beaucoup de promesses » école de musique ou salle des ventes signifie l’évolution des contraintes de sécurité dans assuré par Frédéric Blin, que l’on connaît « Jardin des Muses » en sanskrit. Espérons l’espace public (et de leur coût), « moins de pour son travail avec les Chiche Capon et qu’elles présideront encore longtemps aux parcs, moins d’extérieur, moins de gratuit mais les Clowns sans frontières. destinées de l’association City Zen Café, qui toujours la crème de l’expression du clown Parmi les autres propositions, on retiendra 37

19 mai, le musicien électro Stéphane Massy proposera une création musicale imaginée avec des détenus, à l’issue d’une semaine de Recette sucré-salé résidence dans le parc départemental de Saint-Pons. À Cabriès le 12 juin, Hendrick Sturm plongera dans la mémoire de la présence militaire américaine sur le plateau de l’Arbois. À Gardanne le 17 juin, à Gardanne l’urbaniste gonzo Nicolas Mémain et le Collectif Etc narreront l’histoire du Puis Morandat, dernier site minier construit dans le sud de la France… Chaque événement se ponctue par le rituel du Coucher du soleil, invitant le public à déclamer son amour au paysage via un haut-parleur géant. Le Bureau des Guides profite également de l’événement pour affiner le concept de son GR, en l’asseyant comme un véritable équipement culturel de coopération : « De Vitrolles à Aubagne en passant par Martigues, Miramas, Marseille ou Aix-en- Provence, le sentier opère le lien géographique entre les principales structures culturelles du territoire », souligne Loïc Magnant. « Nous souhaitons coopérer avec les acteurs culturels qui jouxtent son tracé : nous les aidons à sortir de leurs murs en amenant une curiosité envers le paysage, eux soignent la rencontre avec le public, c’est une belle complémentarité. » Ainsi, la coproduction effectuée avec le GMEM le 5 mai, qui a présenté sa nouvelle création Pétrole sur la base d’aéromodélisme d’Aix. Le Bureau continue également de bûcher sur les « Hospitalités du GR », projet de structures éphémères permettant d’habiter littéralement le sentier. En septembre prochain dans le Parc de l’Arbois sera inauguré le Rocher, un observatoire du paysage construit par les collectif SAFI, Etc et Geoffreoy Mathieu. JULIE BORDENAVE

Lalita © Paul Evrard 1001 Nuits, saison n° 2 jusqu’au 30 juin ’est en goûtant aux saveurs des cuisines du monde, en dan- gr2013.fr/1001-nuits sant aux rythmes des musiques du monde et en découvrant Cla richesse artisanale du monde que l’on œuvre à créer ou à entretenir l’amitié entre les peuples. La Ville de Gardanne l’a bien compris qui organise les 18 et 19 mai la manifestation Arts et Festins du monde pour « montrer une fois de plus que nos différences culturelles traduisent nos similitudes ». Du particulièrement le solo de Marie-Magdeleine, qui raconte une rond-point de la gare jusqu’à la mairie, en passant par l’office Histoire de fous avec son G.R.A.I.N., « Groupe de Réhabilitation après de tourisme, l’esplanade de l’église et le cours Forbin, l’espace un Internement ou N’importe quoi ». Rien de tel que la vision décalée public se transformera en une gigantesque scène à ciel ouvert de cette actrice venue du théâtre de rue pour remettre en question le avec les Chroniques formosanes (danse), Fast Bastard jugement porté sur les troubles mentaux (le 24 mai, au Daki Ling). Gang Band (Bohemian groove), Zahaar (musique orientale), Elle sera aussi sur scène le lendemain soir, avec Clara Gasnot et Africa Tiékala (déambulation au rythme des djembés), The Camille Durand-Tovar, pour recracher leurs histoires d’amour Grasslers (folk), Bekar (chanson groove aux accents Yiddish) mal digérées. et Lalita (Christina Rosmini, chanson méditerranéenne). Sans oublier les spectacles programmés à La Friche ! La structure de Mais aussi en halle gourmande pour picorer les spécialités de la Belle de Mai accueillera le 26 mai les circassiens de La Mondiale Bretagne, du Mexique, de Grèce ou du Liban. En marché forain Générale (voir p 70), les acrobates et la structure métallique « art pour promouvoir les créations artisanales des cinq continents. nouveau » de la Cie Les p’tits bras, un prophète teinté d’hémoglobine En ludothèque géante pour accueillir familles et enfants le (Cie Du grenier au jardin), et enfin leDétachement international temps d’un atelier musical ou d’un nouveau jeu à expérimenter. du Muerto Coco, tout juste sorti de résidence à la Cité des arts de Enfin, à la mi-temps du parcours saltimbanque, Gardanne la rue (voir p 69). installera un espace solidaire et équitable qui regroupera les Pour conclure ce festival, Tendance Clown intègre la programmation associations engagées dans des actions de solidarité ou de des Dimanches de la Canebière, le 27 mai, avec la Cie Kartoffeln développement durable. en mode « on va à la plage » sur le parvis du Lycée Thiers, avant un M.G-G retour au bercail en compagnie de Marc Prépus et Viktor French, musiciens... mais pas que. GAËLLE CLOAREC

Tendance Clown #13 Arts et festins du monde 11 au 27 mai 18 et 19 mai Divers lieux, Marseille Divers lieux, Gardanne 04 91 33 45 14 dakiling.com 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr 38 festivals musiques Tous au bistrot ! Scènes de Bistrots veut bouleverser le rapport des populations rurales avec la culture

epuis le 27 avril et jusqu’au 26 mai deux compagnies régionales sillonnent les La Fabia © Juan Conca Dvillages reculés des de la région Provence- cantine scolaire et portage aux personnes la Région produit 30 représentations de 4 Alpes-Côte d’Azur, pour 18 représentations, dépendantes... Ils doivent aussi proposer des spectacles, 2 au printemps dans le 06, 84 et précédées d’un repas (de 18 à 25€). Le dispositif informations touristiques, une restauration 83 et 2 en automne dans les 04 et 05, pour un Scènes de Bistrots s’appuie sur le réseau de terroir reposant sur des circuits courts, et budget annuel de 70 000 €. L’organisation et des Bistrots de pays, ces établissements, une programmation festive et culturelle. Le le soutien technique sont mis en place par souvent derniers commerces des villages, qui label existe depuis 25 ans et la région PACA la Régie culturelle, et les Bistrots participent permettent aux communes reculées de rester regroupe 50 établissements, soit un quart des aussi aux cachets des artistes. La formule, en vie. Pour être labellisés les Bistrots doivent Bistrots de France. qui permet également de soutenir la créa- être ouverts toute l’année, et présenter une Ce réseau essentiel pour la vie des territoires tion régionale, existe depuis 4 ans. 20% du multiplicité de services, bar et restauration, ruraux a la possibilité, 2 fois par an et hors public assiste à un spectacle pour la première mais aussi souvent épicerie, Internet, voire saison estivale, d’accueillir des artistes : fois, et 30% du public pousse, aussi pour la Brillant miroir du Festival d’Aix Le Festival Aix en Juin animées de Luc Coadou (15 juin) ; Françoise roumain George Enescu (26 juin) ; le récital Atlan et le Chœur amateur Ibn Zaydoun d’Alphonse Cemin, au piano, dont les très est devenu un événement et de sensuels Chants d’Amour (16 juin) ; Viva contemporaines Shadowlines du britannique artistique majeur, prélude Amore par les chanteurs de la Résidence Georges Benjamin (27 juin). Le Palomar Trio Mozart de l’Académie du Festival d’Aix : enflammera aussi l’Hôtel Maynier d’Oppède, du prestigieux Festival Mozart toujours (16 juin). Trois concerts des grâce aux mélanges de sons improbables de qui fête ses 70 ans Lauréats HSBC de l’Académie se poseront la mandoline électrique de Patrick Vaillant, d’Aix à l’Hôtel Maynier d’Oppède : le Trio Sōra, du tuba de Daniel Malavergne et de la avec une œuvre du compositeur portugais batterie de Frédéric Cavallin (28 juin). Un n entendra trois concerts à l’Abbaye contemporain Vasco Mendonça (22 juin) ; le concert et Prix Gabriel Dussurget rendra de Silvacane : Messe du Pape Marcel duo piano/chant (Florian Caroubi/Andreea hommage au premier Directeur du Festival Ode Palestrina, par l’Ensemble Les Voix Soare) dans les captivantes mélodies du d’Aix (1948), incroyable découvreur de jeunes artistes lyriques : Krzysztof Baczyk donnera un récital le 30 juin au Conservatoire Darius Milhaud, avant de recevoir ce prix. Des spectacles illumineront aussi cette édition : La Nuit d’Antigone, écritures contempo- raines de femmes en Méditerranée, poèmes syriens, turcs, égyptiens... mis en musique, soutenus par le chant vibrant et le ùd de Moneim Adwan (9 juin au Conservatoire Darius Milhaud) ; Du Chœur à l’ouvrage, opéra contemporain pour enfants de Benjamin Dupé, avec la Maîtrise des Bouches-du-Rhône (13 et 14 juin au GTP) ; Cacher la profondeur, autour des opéras de Richard Srauss et de sa Cacher la profondeur - Théâtre impérial de Compiègne © Patrick Delicque 17 18 18 première fois, les portes des Bistrots ! Le dispositif facilite donc la mixité et la vie culturelle rurale, avec des propositions artistiques étonnantes : ainsi l’an dernier c’estMAI une danseuse indienne JUIN qui MAI JUIN MAI JUIN a fait vibrer Saint-Roman-de-Malegarde (voir journalzibeline.fr) et les propositions 2018 sont tout aussi exigeantes et ouvertes THÉÂTRE / CLOWN LES ÉCHAPPÉES THÉÂTRE / CLOWN LES ÉCHAPPÉES THÉÂTRE / CLOWN LES ÉCHAPPÉES sur le monde. Czardas Princesse réunit trois musiciens d’exception : le vio- loniste virtuose Yardani Torres Maïani, le guitariste de jazz Engé Helmstetter et l’accordéoniste Sorin Andreescu, pour un programme alliant répertoire tzigane,RIEN musique hongroise,À DIRE RIEN À DIRE RIEN À DIRE swing et klezmer, mais aussi Brahms et Piazzolla, enLeandre explorant Leandre Leandre MAR 22 MAI 19:00 PEYRUIS MAR 22 MAI 19:00 PEYRUIS MAR 22 MAI 19:00 PEYRUIS les liens entre les folklores et les musiquesMER savantes... 23 MAI 19:00 ST-MARTIN-LES-EAUXAcento MER 23 MAI 19:00 ST-MARTIN-LES-EAUX MER 23 MAI 19:00 ST-MARTIN-LES-EAUX Flamenco réunit la danseuse La Fabia, JesusJEU 24 MAI de 19:00 la ManuelaLE CHAFFAUT-ST JURSON JEU 24 MAI 19:00 LE CHAFFAUT-ST JURSON JEU 24 MAI 19:00 LE CHAFFAUT-ST JURSON 19:00 CHÂTEAU-ARNOUX-ST-AUBAN 19:00 CHÂTEAU-ARNOUX-ST-AUBAN 19:00 CHÂTEAU-ARNOUX-ST-AUBAN (chant) et Antonio Cortès (guitare) pour unVEN flamenco 25 MAI traditionnel, VEN 25 MAI VEN 25 MAI enflammé, inventif. Les bistrotiers jouent le jeu, et servent tortilla, gaspacho et paëlla ! La Fabia © Juan Conca PRÉSENTATIONAGNÈS FRESCHEL PRÉSENTATION PRÉSENTATION Czardas Princesse le 11 mai à Peillon (06), le 12 à Beuil (06), le 18 DE SAISON DE SAISON DE SAISON à Saint-Roman-de-Malegarde (84), le 19 à Moissac-Bellevue (83), le 25 à Saint-Martin-de-Pallières (83), le 26 à Murs 2018-2019(84) 2018-2019 2018-2019 Deux soirées en compagnie de quelques artistes invités Deux soirées en compagnie de quelques artistes invités Deux soirées en compagnie de quelques artistes invités Acento Flamenco et de notre équipe. et de notre équipe. et de notre équipe. le 11 mai à Saint-Antonin-du-Var (06), le 12 à CaseneuveN’oubliez pas de réserver, à partir du 1er juin. N’oubliez pas de réserver, à partir du 1er juin. N’oubliez pas de réserver, à partir du 1er juin. (84), le 18 à Oppède (84), le 19 à Beaumettes (84), [nombre de place limité] [nombre de places limité] [nombre de place limité] 19:00 19:00 19:00 le 25 à Sauze (06), le 26 à Beuil (06) 19 + 20 JUIN 19 + 20 JUIN 19 + 20 JUIN 04 42 94 92 00 laregie-paca.com 04 92 77 68 86 bistrotdepays.com Projet1_Mise en page 1 25/04/18 10:55 Page1 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr e 10  correspondance avec le librettiste Hugo Von Hofmannsthal, par les artistes de l’Académie du Festival (20 juin à l’Hôtel Maynier LES EAUDITIVES d’Oppède). Le Concert final des musiciens de la Résidence arts & poésies Mozart de l’Académie donnera à entendre les Airs et ensembles de Mozart (23 juin à l’Hôtel Maynier d’Oppède). Les répétitions d’opéras donnés lors du Festival d’Aix, ouvertes au public, seront TOULON l’occasion d’une immersion avec des artistes invités sur le plateau de l’Archevêché, du GTP, du Jeu de Paume pour retrouver les 17 chefs-d’œuvre Didon et Enée, L’Ange de Feu, Ariane à Naxos, La Flûte Enchantée, et découvrir l’opéra contemporain Seven 18 Stones du tchèque Ondřej Adámek. À noter aussi, le parcours urbain présentant Orfeo & Majnun, prologue à l’opéra conçu par 23 Airan Berg qui se déroulera le 8 juillet : performances, fanfares et chants réuniront tous les interprètes de ce projet participatif 24 (24 juin sur le Cours Mirabeau). 25 À côté du septuagénaire voisin, aux prix souvent inabordables pour un public modeste ou les étudiants, Aix en Juin propose des 26 prix attractifs, la découverte de jeunes talents, l’ouverture vers la création et l’innovation : pass à 20€ donnant droit à toute la 27 programmation, billets à 5€, gratuité pour les moins de 30 ans ! Rare dans la région en cette période... festivalière ! 28 YVES BERGÉ MAI Aix en Juin 9 juin au 3 juillet 2018 Divers lieux, Aix-en-Provence 08 20 922 923 festival-aix.com www.plainepage.comwww.plainepage.com 40 festivals musiques Oasis musicale

e terme de Caravansérail n’est pas sans évoquer l’Orient, celui fascinant des Mille Let une Nuits. Rendez-vous des marchands au cours de leurs longs voyages, le lieu est imprégné des senteurs d’épices, de musc, vibre des couleurs chatoyantes des étoffes précieuses, s’emplit de récits fantastiques et de musiques venues des quatre coins du monde. Échanges, partages, foisonnement envoûtant d’une myriade de genres, de rythmes, de cadences… délices sans nombre du cosmo- politisme, de l’accueil, de la générosité. Deux jours précieux se parent de ce terme et nous invitent dans l’écrin du Théâtre Silvain, à l’invitation de la Cité de la Musique, de Arts et Musiques, de la Maison du Les dames de la Joliette © Mangaretto Chant et de MCE Production/L’éolienne. orientales, indiennes, africaines, balkaniques, sens que celle des Dames de la Joliette (à Temps d’écoute des échos de la planète avec américano latines, en mélodies épicées et lire sur journalzibeline.fr), les cinq interprètes des formations toutes œuvrant à Marseille bouillonnantes. Le Duo Luzi-Nascimento arpentent la Méditerranée par des chants et dans la région, Caravansérail, festival entrelace guitare et mandoline en délicates qui rendent hommage à la poésie écrite par des musiques du monde, fort du succès compositions instrumentales et chantées les femmes, bouleversantes de justesse, de de l’an passé, renouvelle son pari avec des inspirées du choro de Rio de Janeiro, du forro rythmes, d’originalité. Départ pour les Balkans artistes de haut vol. Internationaux, les musi- dansant ou du frevo de Recife, soutenus par les avec Aksak qui évoque dans son 7e album ciens de la Tit’ Fanfare mêlent influences percussions de Wander Pio. Palette irisée de une Europe Orientale où la danse jubile, où

Le printemps joute à Correns le festival rend visible l’intense travail de recherche et de création qui s’échelonne sur l’année entière, et offre un espace aux diverses formations qui ont œuvré, réfléchi, composé, réorchestré, remodelé, analysé, techniques, pratiques et répertoires. Il s’agit de faire un point sur ce que l’on a coutume d’appeler « musique du monde », de lui rendre justice. « Les musiques d’essence patrimoniale ont des choses intéressantes à nous dire, participent à la construction mentale des peuples… Il y a un rapport étroit entre nature, culture, cosmos dans ces musiques qui construisent et transmettent », rappelle Franck Tenaille, programmateur et conseiller artistique du Chantier (Centre de création des musiques traditionnelles et du monde). À l’heure où l’on se tourne vers l’écologie, « les sociétés Roger Raspail © Willy Vainqueur Roger Raspail © Willy humaines ont pris acte depuis longtemps yez, oyez ! La nature bourdonne, les et rythmes, à fêter le renouveau des Joutes de la nécessité de ne pas séparer la nature fleurs éclosent, les fruits se forment, les musicales de Correns. Un festival parmi tant et la culture mais de les féconder l’une par Ochamps reverdissent, tout embaume, d’autres ? Que nenni ! Il n’est pas question l’autre ». Véritable poumon dans le territoire respire, zinzinule, bourdonne, bruit, frémit, de rassembler sur un temps donné une série rural de la Provence Verte, les activités du palpite. Et les musiciens entre frettes, peau de concerts, si intéressants soient-ils. La Chantier insufflent une vraie dynamique de de tambours, cordes, anches, bois, taillés, démarche du Chantier, structure organisa- création à travers les résidences d’artistes. sculptés, creusés, limés, s’apprêtent, vocalises trice, ne se contente pas d’un rituel printanier, L’aspect pédagogique est aussi essentiel 41 Country music... les musiques traditionnelles jouent de l’improvisation et de la création contemporaine… Autre approche des musiques tziganes avec le groupe Nova Zora, qui hante Bulgarie, Hongrie, Russie, et cultive nostalgie et esprit de fête avec ses quatre musiciens et trois chanteuses. Le Duo Maria Mazzotta (voix) et Bruno Galeone (accordéon) s’immisce dans le répertoire des Pouilles, avec un travail méticuleux de recherche, et s’empare des répertoires méditerranéens avec une verve virtuose, en dépoussiérant, parfois avec humour, les traditions. Plongée dans l’Afrique du Sud, portée par la langue natale de Mandela, le Xhosa, grâce à Sibongile Mbambo : la terre des ancêtres frémit d’histoires où spiritualité et humanité se fondent. Enfin, les sonorités traditionnelles de l’Afrique du Nord, du jazz, des harmonies latines, turques, tziganes de Fanfaraï Big

Band et ses douze musiciens nous donneront à parcourir le Jérémie Honnoré © Simon Barral Baron globe en une conversation stimulante des instruments issus arrainé par des personnalités musicales de premier choix, Sofi Jeannin de toutes les cultures. Leur dernier disque (sortie le 27 avril) et Bruno Rigutto, le festival Musique à la Ferme prendra place à Raï is not dead, renvoie à une parole libre, émancipée des PLançon-Provence et Salon-de-Provence. L’éclectisme est un mot qui conservatismes sclérosants. semble convenir au directeur artistique et pianiste Jérémie Honnoré, MARYVONNE COLOMBANI tant dans le programme embrassant une période historique large, de la Renaissance à nos jours (Hersant, Pärt...), à l’éventail esthétique et Caravansérail 15 & 16 juin stylistique ouvert, de la mélodie française au jazz... que dans la diversité Théâtre Silvain, Marseille des concerts, de l’iconique Schubertiade au tremplin pour jeunes talents. 0 892 68 36 22 festival-caravanserail.com Aux portes de l’été, ce festival champêtre décloisonne le monde un peu corseté de la musique classique et permet à chacun de venir picorer un moment de musique et de poésie. Rien d’étonnant donc à ce que l’univers créatif bouillonnant de la Renais- sance soit représenté dans deux concerts présentant deux volets de cette période : l’or des Sacqueboutes de l’Ensemble Sacqueboutae redorera le blason des Scheidt, Holborne... dans un répertoire enlevé de danses, canzon et polyphonies, musique brillante et sonore qui contrastera avec avec un long travail en amont avec les professeurs et plus de l’intériorité de la musique élisabéthaine de John Bull, Gibbons... dans un 1000 élèves qui bénéficient de ces actions. Le village entier de délicieux duo basse de viole (Marianne Muller) et accordéon (Vincent Correns (premier village entièrement bio de France), participe, Lhermet). Le XIXe siècle, autre période riche et foisonnante de l’histoire avec pléthore de bénévoles de tous âges, à offrir cinq scènes de la musique, sera admirablement représenté dans une palette allant à plus de 30 concerts dont 8 créations du Chantier. On pourra du Romantisme allemand au monde de la mélodie française, en passant s’intéresser aux instruments traditionnels, galoubets et flûtes par les couleurs gorgées de soleil des ibériques Albeniz et Granados. Des qui fréquentent l’électro (Montanaro, Sébille), à la vielle qui interprètes de premier choix : Girolamo Bottigieri au violon, Rémy se mêle à la flûte (Artho Duo), ou encore aux tambours qui Cardinale sur Pleyel d’époque 1830 !, ou encore Jérémie Honnoré, chantent l’esprit du Gwo-ka (Roger Raspail), tandis que Sébastien Hurtaud au violoncelle et tout une constellation d’artistes Guy Thévenon nous fait découvrir les premiers instruments qui joueront Schubert, César Franck, Brahms, Berlioz, Duparc, Ravel, de l’humanité, lithophones, cornes, os, coquillages… Les Liszt sans oublier le couple Schumann, Clara et Robert ! Pas si loin de polyphonies glisseront de la Renaissance (Voix animées) cet univers « romantique », le 7e art trouvera également sa place dans de aux chants traditionnels corses (Lea Antona Trio), ou aux grands classiques, de Titanic à Cinéma Paradiso... doux moments de Caraïbes (La Petite Bête qui swingue). Occitanie et Provence nostalgie avant de se régaler des rythmiques endiablées du Trio Surel, (Julie Garnier, Miqueu Montanaro…) dialogueront avec la Segal & Gubitsch dans un Swing à la ferme qui s’annonce explosif ! Colombie, l’Argentine, le Moyen-Orient, l’Afrique, les Balkans… Le Festival n’oublie pas la relève et pense à l’avenir en permettant à de Concerts intimistes, interprètes virtuoses, nous invitent à un nouveaux talents de l’Académie Musicale Philippe Jaroussky de se voyage fantastique autour du monde auquel nous aura préparés mettre au devant de la scène ; plus jeunes encore, les enfants des classes la conférence animée par Franck Tenaille, Les musiques des de CM1 des écoles de Lançon- Provence chanteront un mini opéra de peuples. L’âme du monde palpite indubitablement à Correns. Julien Joubert sous la direction de Nicolas Debard et, toujours, M.C. Jérémie Honnoré au piano qui prendra soin de ces « Jeunes pousses ». CHRISTOPHE FLOQUET

Les Joutes musicales Musique à la ferme 17 au 20 mai 19 mai au 3 juin Divers lieux, Correns Divers lieux, Lançon-Provence, Salon-de-Provence 04 94 59 56 49 le-chantier.com 07 81 97 10 58 musiquealaferme.com 42 festivals musiques L’Édition, sur les rives du son

onçu en collaboration entre le tourneur parisien et une boîte sortie de Music Hole il y a dix ans, on s’énerve parfois des paroles en marseillaise hyperactive en termes d’accompagnement d’artistes marabout-de-ficelle (aux belles allitérations deLasso et Sous Le Sable Cet de production de concerts (La SAS), ce festival « à répond ici l’absurdité vaine de Twix). D’ailleurs, autant la taille humaine » prend peu à peu sa place dans le chanteuse, qui oscille entre babils dadaïstes (Fille paysage marseillais depuis sa création en 2015. à Papa) et comptines médiévales (Les Loups) a Il a trouvé son écrin au Théâtre Silvain, qui conquis un public, autant elle possède ses n’a jamais été aussi actif ces dernières contempteurs. Mais Camille reste unique années, notamment avec des soirées en son genre ce qui reste en soi une exceptionnelles organisées par le col- petite performance. Avec elle, la pop afro lectif Borderline. C’est là que les 7 et solaire du nomade d’origine congolaise 8 juin prennent place les concerts Témé Tan et la pop synthétique du têtes d’affiche deL’Édition . D’abord duo Hollydays devraient donner avec Polo & Pan, héraults français de beaux accents acidulés à cette d’une électro-pop à la fois acces- soirée d’été. À noter le lendemain sible et sophistiquée. Le duo a su une soirée gratuite au MAC avec

a n i Daedalus rassembler en quelques titres ludiques s l’électro hors normes de , la s e M et solaires, surjouant une dimension techno climatique de Mondkopf et la k ic r t a artificielle très 80’s, un large public de P chanson ovni, orientale et post-moderne, © le néophytes en électro, qui apprécieront il de Johan Papaconstantino, plus une m a aussi L’Impératrice, sextet parisien jouant C clôture festive en bateau le dimanche. dans le même bac à sable avec un registre un H.L. peu plus éclectique, et le live en trio de Danton Eeprom, le pirate marseillais de l’électro déviante dont on L’Édition attend un troisième album prochainement. Le lendemain, Camille 7 au 10 juin viendra présenter son nouvel album, le toujours très inventif Ouï. Théâtre Silvain, MAC et bateau L’Illienne, Marseille Si on se rappelle un très beau concert au Palais des Congrès à la 04 96 17 57 26 ledition-festival.fr Marsatac, 20 ans et toutes ses dents

’an dernier, le festival des Britannique Rejjie Snow et de son musiques urbaines et électro- flow rafraîchissant, sur le punk funk Lniques a réussi son atterrissage dingo/bricolo de nos chouchous au Parc Chanot. Un défi peu évident zaïrois Kokoko!, sur l’électro-rock relevé haut la main (une histoire incendiaire des Marseillais de d’habitude…) en évitant des obs- Nasser qui vienne présenter sur tacles qui ne manqueront pas de leurs terres leur nouvel album The se poser à nouveau cette année : Outcome paru ce printemps, ou le salles à la chaleur étouffante et live audio-visuel de Chloé, dont le sonorisation aléatoire d’espaces dernier album Endless Revisions pas toujours propices à la musique. est une petite merveille d’électro- Mais comme chaque année depuis nique sensorielle. Sans compter sa création il y a 20 ans (bon anni- que le festival pare à la chaleur versaire !), Marsatac met d’abord et aux limites des sonos avec un en avant son armada de têtes d’af- © Florian Gallene début de soirée en extérieur (à fiches rivalisant avec les « gros » festivals son rôle de découvreur avec (entre autres) partir de la fin d’après-midi) et un « bonus » européens : les têtes de pont IAM et Nekfeu la house lumineuse et toute en rondeurs de en clôture à la plage le dimanche (de midi à et les dernières sensations françaises comme Ross From Friends (qui se produira en live 20h) pour un troisième jour en forme d’after Moha La Squale, le producteur Myth Syzer après Aphelion, un maxi remarqué chez Ninja en plein air. et Lomepal (featuring Roméo Elvis) pour Tune) et le rap hardcore et bien dérangé des HERVÉ LUCIEN le rap, Nina Kraviz, Paul Kalkbrenner ou États-Uniens Ho99o9 (prononcer « horror »), Boris Brechja pour la techno. Là où Marsatac à classer clairement dans le registre des voix se révèle plus curieux et intéressant, c’est politiquement incorrectes de l’Amérique des Marsatac 15 au 17 juin dans les interstices de cette programmation surburbs. Dans des genres différents, on perdra Parc Chanot et Plage du Roucas, Marseille « poids lourds » : l’événement joue pleinement aussi volontiers la tête sur le rap mellow du marsatac.com 43 Là où le Bon Air nous porte ’est un des lieux les plus hallucinants qui aura été donné à Marseille pour écouter Cde la musique. Depuis son ouverture, le toit-terrasse de la Friche Belle de Mai (8000 m2 aménagés en contrebas de l’espace d’expo- sition du Panorama) permet de découvrir les sons d’aujourd’hui en plein ciel, au faîte d’un des plus singuliers équipements culturels de la ville. Et depuis trois ans maintenant, Le Bon : Air, festival porté par la société Bi-Pôle installée à la Friche, ne fait qu’accentuer cette impression positive. C’est là que chaque soir est donné le départ du marathon d’un week-end qui aboutit ensuite dans trois espaces distincts, plus sombres et confinés, certes, à partir de 22h30 : La Boîte, le Ballroom (les deux occupant les salles dites des Plateaux) et évidemment le Cabaret Aléatoire. Cette année, le line-up de 30 artistes du Bon Air, clairement orienté vers l’underground décomplexé, mélange valeurs sûres, découvertes et artistes locaux. Joy Orbison © X-D.R On y repère entre autres le petit prince de la techno anglaise Daniel Avery qui vient de faire paraître son nouvel album Song for Alpha, le pionnier du post-dubstep anglais Joy Des femmes aux beats puissants Orbison, le prodige islandais de la techno sans En 2016, lors du festival Marsatac, on tombait live/DJ plutôt costaud, on s’en doute. Avalon compromis Bjärki, le mix global de Malcolm, en arrêt au milieu de la nuit devant Paula Emerson n’a pas à frémir devant le mur du la curiosité éclectique de Louise Chen et les Temple au Cabaret Aléatoire. Un mix furieux, son de sa consœur : avec sa techno cérébrale figures souvent féminines de la nouvelle scène étouffant même, à base de techno surpuissante, largement saupoudrée d’électronica abs- électro française, suisse et allemande comme tribale et industrielle, qui jouait à fond le jeu traite, l’Américaine est une valeur montante Myako, Oko, Sassy J ou Perel (nouvelle de la transe. Avec cet arsenal musical impla- et sa mine d’étudiante rangée (elle n’a pas sensation siglée DFA). Pour valider l’ensemble, cable, la Britannique entend refléter 30 ans) laisse peu augurer de son le grand pionnier de la house américaine Mr l’état de chaos du monde amour pour la techno, contracté Fingers alias Larry Heard (en live) et les actuel et, même si on le très tôt dans les raves DJ’s Bone et Stingray soldats de la techno sait bien entamé, cette clandestines de San originelle de Detroit viendront valider cette bande-son digne de Francisco. Celles-ci ébullition. Notons que parallèlement à des Game of Thrones fait extraient cette native

Bam- acteurs émergeants comme le Parisien peur. Cette radica- i de l’Arizona d’une

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bounou ou le hérault de la scène vogguing lité s’accompagne a sage carrière de

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a frenchy Kiddy Smile, les acteurs locaux du d’une démarche i développeuse infor-

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T mouvement électro sont représentés, avec les militante : alors matique. Derrière ©

e l DJ’s du shop marseillais Extend & Play, le qu’elle sort des p ses lunettes et sous m e T

Tropicold L’Amateur a collectif de mix avec disques sur les plus l une coupe de che- u a (programmateur avisé du festival) et Why grands labels, la musi- P veux sage qui tranche Pink ?, la house brute du duo aixois Dub cienne coupe les ponts avec l’allure étudiée des Striker ou les membres du collectif Méta- avec l’industrie musicale, clubbeuses/modeuses phore : Donarra et Shlagga qui interprète qu’elle juge misogyne et iné- européennes, elle a su inté- en live ses remixes du groupe pionner des galitaire, pour partir prodiguer des grer les valeurs cruciales (partage, années 80 marseillais Martin Dupont, pour formations en Musique Assistée par Ordinateur engagement, créativité) d’une scène tournée boucler la boucle. Enfin le dimanche après- vers les enfants défavorisés. Mais quand elle vers le futur, toujours prête à accueillir les inno- midi, ateliers et boums dédiés aux enfants revient en 2012, c’est le couteau entre les vateurs, qu’ils soient aventuriers ou militants. sont en accès gratuit. dents. Désormais basée à Berlin, elle prodigue H.L. HERVÉ LUCIEN ses mixes violents et sombres dans les clubs électroniques les plus réputés et crée son Le Bon : Air propre label Noise Manifesto, principalement 1er juin er 1 au 3 juin dédié aux artistes femmes et trans. Sur scène, Cabaret Aléatoire, Marseille Friche Belle de Mai, Marseille l’artiste innove avec une performance hybride le-bon-air.com le-bon-air.com 44 C du Phare àLucioles qui faisaitdela diffusion -les« Loïc Guénin : C’étaitaudébut une structure pouvez-vous nouslesrappeler ? Phare àLuciolesontbeaucoup évolué, Zibeline :En15anslesmissionsdu Phare àLucioles compositeur, du musicien et directeur artistique EntretienavecLoïcGuénin, performances… ans musiquesdecréation, improvisées, Le FestivalSonsDessusdeSault Bersault continuent decélébrerleoaïenprônant leurs débuts, lesMassilia Sound System du genre. Le1 sur unemusiqueatypiquedéjouantlesclichés auspices avecunrapludiqueetvirtuose, posé est) lancentleshostilitéssousmeilleurs Cunninlynguists (nomévocateurs’ilen Le s’accorde aveclelineuptrèshotdufestival. Elle s’annoncechaudeettrépidantesielle un week-end, afindelancerlasaisond’été. reggae, raggaetrapserontmaîtresdujeupour long de l’année dans le milieu des musiques, fessionnels duspectacle, trèsactifstoutau souvent bénévoles, encadréspardespro musiques urbaines.Grâceàdespersonnels un territoire qui ne privilégie pas toujours les Rap, reggae ragga 22 maiàl’OmégaLive, les Américains de festivals fête sa10 l’initiative del’associationCulturePlus ouleurs urbaines, festivalvaroiscrééà er e édition, unebellelongévitésur musiques juinauChapiteau, 34ansaprès » proposaient concerts, musical Rendez-vous Rendez-vous -

sound system.Tonton David clôturera, lui, et locauxsesuccèderontaumicroenmode et enaftersconcerts, desMC’s nationaux Aux côtésdecestêtesd’affiche, enbefore High Patrol le soundsystemduquatuorbretonStand scène ragga hip hop frenchy, tout comme le Tourangeau estundesleadersdecette Biga Ranxviendra bercer le bassin seynois, sous lemêmesoleil, lereggaedancehallde ayant retrouvédelaverve. Lelendemain, reggae hexagonal(quichanteenanglais) hop Théo etOgachincarnentlarelèved’un de Naâman, lesjeunespoussesreggae/hip porte-étendards locaux.Débutéeauxcôtés pourrait biendonnerdufilàretordrenos une blague, le duo parisien deJahneration n’est passidifférente. Avant eux, etcen’estpas l’identité locale, età50kmdeMarseilleelle le festival le 3 juin : longtemps sorti des radars lesquels travaillaient ensuite avec les élèves Là j’aidéveloppé des résidences d’artistes, professeur demusique danslecollègedeSault. sud-, puisdel’actionculturellelorsque j’étais deux fois par mois sur le secteur Ventoux conférences, débatsetprojectionsdecinéma enfestival , dansunregistreplusrubadub. mêle depuis 11 mêle depuis11 Loïc Guénin©Vincent Beaume

Cunninlynguists © X-D.R. travaillera avec les artistes durant le temps travaillera aveclesartistes durantletemps groupe entre15 et20adosduterritoire, qui qui serait« par saison, de3semaines, avecunaxefort On prévoit de faire entre 5 et 10 résidences de laSacem… On alesoutienduministèrede laCulture, dences d’artistes, toujours en milieu rural. et doncaveclapossibilitédefaire desrési- un appartement avecplusieurs chambres, cien collège, avecdessallesdetravail, et On arécupéréunlieusurlacommune, l’an- Quel est-il ? année, maisunnouveauprojet estencours… l’accueil dupublic. Cedispositif prendfincette FRAC, du choix des œuvres à l’installation et Nice et Paris), et portent un projet avec le du territoireetau-delà(Lyon, Marseille, Sète, sorties quilesconfrontentaumilieuculturel les artistesenrésidence, etparticipentàdes heures d’ateliersparsemaine, travaillentavec en plusdesenseignementsclassiques, ilsont3 tiques quiconcernelesélèvesdela6 Cursus RecherchesetExpérimentations Artis Un peuplustardaétémisenœuvreleCREA, au collègeaveceux. vitrine artistiquedetouteslesactionsmenées jouaient unedeleurcréation, quiestdevenula Festival au Festival puis est né le Jazz en Luberon ; à descréationsensuitejouées, àl’époque, où ces artistes Sons DessusdeSaultoùcesartistes Art etPaysage ». On va monter un ». Onvamonter un e àla3 e : : - 45 Marseille au cœur du Jazz après avoir porté le mouvement naissant du raggamuffin en VF, l’interprète de Peuples du Monde se produira dans un club du Mourillon, Le Satyn’s à Toulon. Bref et il faut le dire : une belle brochette d’artistes masculins que Souad Massi (programmée en préambule le 26 mai à l’Espace Malraux à Six-Fours), n’aura pas le loisir, malheureusement, de diversi- fier… Révélée il y a près de vingt ans avec son folk oriental tout en douceurs, représentative d’une jeunesse algérienne en quête de liberté, la Kabyle incarne toujours une musique née en Afrique du Nord mais qui se veut universelle. Investie aujourd’hui dans le mouvement citoyen Ibtykar (Innovation) en Algérie, sa musique est aussi l’occasion de donner une voix aux exigences de liberté, de démocratie et d’égalité entre hommes et femmes dans ce pays, un vrai défi dans le Erik Truffaz © Justine Hamy Maghreb aujourd’hui. our sa 19e édition, qui se déroulera cette année du 18 au 27 juillet, le HERVÉ LUCIEN Marseille Jazz des cinq continents s’offrira encore une fois une Pprogrammation de choix. La jeune vedette de la Soul Selah Sue, le Couleurs urbaines groupe mythique Kool & the Gang, l’interprète sénégalais Youssou 22 mai au 2 juin Divers lieux, La Seyne, Toulon, Six-Fours N’Dour feront partie des nombreuses têtes d’affiche de cette édition. En festival-couleursurbaines.com avant programme, place aux concerts de juin, avec cinq soirées excep- tionnelles assurées par le très éclectique trompettiste Erik Truffaz, qui puise cette fois son inspiration dans la musique du Moyen-Âge : sa pièce pour trompette et voix La Voce della Luna associe le Choeur Emelthée de l’Opéra de Lyon dirigé par Marie-Laure Teissèdre. S’ensuivront deux concerts dans le cadre grandiose de l’Hôtel Dieu de Marseille, les Before HD : le trio du jeune vocaliste Kevin Norwood s’y produira le 19 juin, de leur résidence ; l’idée est de les suivre sur plusieurs années puis le groupe Francine y diffusera son Jazz aux couleurs pop et folk pour les faire travailler sur la réflexion artistique d’un territoire, le 26 juin. À noter que ces deux concerts seront proposés gratuitement, suivre la genèse d’un projet... Avec des lieux partenaires comme tout comme le sera celui de Robin McKelle. Aussi à son aise dans la La Passerelle de Gap, La Gare de Coustellet, mais aussi la Soul, le Blues, le Jazz ou le Rhythm’n’blues, la chanteuse américaine bibliothèque, l’école de musique et l’école primaire de Sault. d’origine irlandaise transcendera les courants le 22 juin, aux pieds de la Le Festival Sons dessus de Sault a t-il évolué ? très pittoresque villa Bagatelle. Ce prélude se poursuivra le 24 juin, puisque Non, depuis 11 ans on a toujours voulu proposer une program- le festival investira les Dimanches de la Canebière. mation éclectique et pointue, qui mêle en même temps des Mise en bouche copieuse, mais loin d’être rassasiante. La suite du festival artistes professionnels et des élèves du cursus CREA. Il sera est attendue avec appétit ! certainement différent l’année prochaine, avec le nouveau LOUIS GIANNOTTI projet, mais en restant toujours un festival très populaire avec une programmation exigeante. La Voce della Luna, Erik Truffaz et le Chœur Emelthée Cette année nous recevons les groupes Aksak, Frisette, La 12 juin, abbaye Silvacane, La Roque-d’Anthéron 13 juin, abbaye de Saint Victor, Marseille Mossa, qui proposent des répertoires très festifs et populaires 14 juin, église de la Sainte Famille, Istres avec une grande qualité d’exécution ; nous accueillons aussi le 15 juin, église Sainte Madeleine, Martigues clarinettiste Xavier Charles, en solo, Mathieu Bec qui joue 16 juin, église Saint-Michel, Cassis de la batterie horizontale et travaille les matières sonores, le poète Dominique Quelen qui va performer sur Noorg, notre Kevin Norwood Trio 19 juin projet avec Eric Brochard, une musique de drone électro Hôtel Dieu, Marseille acoustique ; et bien sûr tous les projets CREA, de la photo… La particularité cette année c’est qu’on accueille un ensemble Robin McKelle de musique contemporaine, L’Instant donné, avec trois sets. 22 juin Donc rendez-vous le 10 juin dès midi pour partager un repas Villa Bagatelle, Marseille avec les artistes sur la place du village, avant d’enchaîner les Francine concerts toute la journée ! 26 juin PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE MARÇON Hôtel Dieu, Marseille

Les dimanches de la Canebière Festival Sons dessus de Sault 24 juin 10 juin Lieux publics, Marseille Le Phare à Lucioles, Sault 04 90 64 12 26 pharealucioles.org marseillejazz.com 46 critiques spectacles Ceux qui disent oui

epuis trois ans Alexis Moati et sa quatrième mur, compagnie Vol Plané se sont installés les conventions, Dà la Gare Franche, et un de leurs projets leurs propres phare pour cette longue résidence au cœur limites quand des quartiers déshérités de Marseille était ils décrivent la mise en place du Groupe des 15, classe avec un dégoût libre du Conservatoire de Marseille destinée, que l’on sent hors les murs, à des jeunes de Marseille, pour véritable, les l’essentiel venus des quartiers, dans un prin- incestes fonda- cipe de mixité et de rencontre. teurs du cycle de Ils ont été 25 à partager le projet, c’est-à-dire Thèbes. Ils sont les sorties, les répétitions et tournées de la frais, vivants, compagnie, et surtout l’enseignement et le mis en scène dialogue, qui les ont transformés. Heddy dans l’énergie, Salem travaille au Merlan (voir p 23), Warda la plasticité Rammach a joué dans L’Atelier de Laurent © Vinvent Beaume et l’amour du Cantet, Mama Bouras a réussi le concours leur voix, à incarner, mais pas à effacer qui théâtre caractéristiques de la Cie Vol plané. de l’ERAC... Et au-delà des réussites indivi- ils sont. Et ils rendent à Antigone toute sa On aura besoin de leurs visages sur les écrans, duelles ils font groupe, et sont tous entrés de force de révolte. Celle de Sophocle, celle de et de leur singularité sur les scènes. plain-pied dans la vie. Bauchau, bref celles où Créon a tort, est un AGNÈS FRESCHEL Sur scène, leur singularité se voit : ils ne sont père indigne, un tyran opposé au bien public pas devenus ces corps lisses, maigres, blancs, qui pense par catégories et méprise les femmes ces voix sans accent qui mangent les syllabes et la jeunesse. Les jeunes passent d’un rôle à qu’on aime à faire sonner, au Sud. Ils ont l’autre, enfilent des t-shirts qui portent le nom Le Projet Antigone a été joué à la Criée, appris à bouger, à danser même, à faire porter des personnages, disent non, brisent tout, le Marseille, le 14 avril

Cléopâtre fait son cinéma

eux écrans blancs boule à facettes malicieusement incarnée par en angle droit, l’actrice. Une sphère réfléchissant les images, Ddes pupitres, des leurs sens et leurs impacts. Ainsi l’évocation chaises, un homme à verbale de scènes du film de Mankiewicz la guitare et la lumi- suscite le désir de revenir à ce péplum. Le neuse et pétillante cinéma devient déclencheur de paroles et Judith Henry por- semble renvoyé au royaume des ombres de tant son Platon sous le la caverne platonicienne. L’héroïne, elle, est bras. Le ton est donné une icône devenue une idole car elle s’est et les ombres des deux incarnée dans des corps, des représentations artistes, projetées fortes, questionnées ici comme autant de sur les fonds vides reflets irréels. Entre l’Idée et le réel, le texte grâce à l’éclairage progresse. Nos relations au visuel sont ainsi transversal, figurent interrogées, mises à plat sur fond blanc. Face non seulement les © X-D.R. à un Marc-Antoine apathique qui joue de illusions platoniciennes mais aussi les dif- L’écrivain-performer fait dialoguer son héroïne la guitare, dans une grammaire musicale férents angles choisis pour donner la parole successivement avec Marc-Antoine, Elisabeth minimaliste, la reine traverse les siècles pour à l’icône égyptienne. Taylor, le public, les femmes d’aujourd’hui... La inviter les femmes réelles à vivre leurs désirs Christophe Fiat et Judith Henry proposent diversité des adresses se lit dans les différentes sans jamais y renoncer. une Cléopâtre pop. C’est-à-dire une mise en postures de la comédienne qui parvient, dans DELPHINE DIEU question et en tension d’un phénomène cultu- une vibrante fragilité, à porter ce texte aux rel populaire. Qu’a donc à nous dire cette reine registres variés. De l’épopée revisitée au chant antique aujourd’hui ? Cette étape de travail d’amour, des constats lucides d’une femme à Montévidéo est l’occasion d’une lecture libre et intelligente aux descriptions enjouées La plus belle des femmes a été proposé mise en espace de La plus belle des femmes. des mille robes possédées, Cléopâtre est une à Montévidéo, Marseille, le 11 avril 47 Le désir des femmes

e duo formé entre Syl- Christine Walter, survient l’évocation de vain Groud et Bérénice l’amour. Tendre, douloureux, enivrant, troisième LBejo renverse la musique Sacre. Désir, plaisir, amour le trajet féminin la plus dansée sur les scènes, vers l’homme se déploie sur la musique de proposant un Sacre du prin- Stravinsky comme une évidence, sans doute temps divisé en trois temps parce qu’il peut, 110 ans après, se montrer du désir. aussi actif que celui de l’homme. L’argument de la musique Ce discours en danse d’autant plus précieux de ballet de Stravinsky est qu’il reste rare : les chorégraphEs sont de celui de la poursuite sexuelle, moins en moins programmées, et dansent le désir masculin étant le rarement le plaisir amoureux, comme si la moteur, jusqu’au sacrifice mémoire codifiée du pas de deux les accrochait de l’Élue. Or dans ces Trois à la position d’objet à conquérir, qui hésite sacres le chorégraphe, qui et qui cède. Un déséquilibre contre lequel est un merveilleux danseur, Sylvain Groud, nommé directeur du Centre se pose en objet du désir. Il Chorégraphique de Roubaix, compte lutter, se dénude, s’habille, se fait en programmant des femmes, en les invitant à © Eric Miranda élégant, et bouge si bien travailler sur la beauté du corps des hommes, qu’il provoque le surgissement sur scène ses gestes banals, en bougeant avec elle, en continent inconnu du désir. de la comédienne, qui l’enlace et lui déclare l’enlaçant de ses bras et ses mains précieux. AGNÈS FRESCHEL sa flamme. Son attirance physique plutôt, La comédienne devient danseuse, parle de irrépressible (texte d’Anne Bert), qui la son corps transformé par l’amour (texte de dépasse. Le danseur se protège, étonné, Françoise Simpère), et lui danse la transe, la puis se laisse approcher, et invite le corps perte de soi, la fureur, le plaisir. Et puis enfin, Trois Sacres a été joué/dansé aux de Bérénice Bejo dans sa danse. En reprenant sur la très belle correspondance d’Olivier et Bernardines, Marseille, du 10 au 14 avril

Naufrage humain

a Compagnie cannoise à saluer). Le travail effectué Arketal évoque avec par les comédiens (anciens de Lfinesse et beauté le naufrage l’ERACM) est minutieux et sen- du Titanic. À travers le prisme sible : leurs corps d’humains se d’un personnage attachant, mêlent aux matières multiples Giovanni Pastore, nous suivons composant les personnages la dernière soirée du paquebot animés, de taille et d’esthé- censé insubmersible. Giovanni tiques différentes, créant un émigre, clandestinement, vers univers à part entière. Maniés le nouveau-monde pour fuir par trois acteurs en trois points la misère et la décrépitude du différents, comme c’est le cas monde ancien. Derrière lui se dans le Bunraku japonais, les profilent tous les exilés, toutes les protagonistes évoluent avec victimes des inégalités sociales fluidité, expressivité et poésie. d’un monde difficilement habi- Les quatre acteurs alternent © Brigitte Pougeoise table, hier comme aujourd’hui. ainsi les rôles et passent avec Le texte de Patrick Kermann est puissant arrêtés par le départ. La mise en scène de aisance du jeu à la manipulation d’objets, de et ciselé. Le présent du naufrage offre des Sylvie Osman sert admirablement l’écriture marionnettes. L’ensemble crée une pièce ouvertures sur les souvenirs et c’est toute nostalgique de l’auteur. Tout semble nimbé envoûtante et émouvante qui, unissant les une vie qui se raconte. Les fantômes pas- du voile de l’onirisme qui peut seul, peut-être, morts aux vivants, invente un langage scénique sés et futurs hantent la scène en créant une dire avec humilité et justesse les tribulations et textuel consolateur. atmosphère suspendue. Le temps est comme des plus démunis. Les marionnettes sont DELPHINE DIEU arrêté finalement et devient l’instant continu magnifiques et touchantes, voire troublantes de tous les naufrages, de tous les adieux. de vie (la scénographie et la fabrication des Passager Clandestin a été présenté au Théâtre À la terre natale, à la mère, aux possibles marionnettes, par Greta Bruggeman, sont Joliette, à Marseille, les 19 et 20 avril 48 critiques spectacles Sans achever Mahler

du concert, et de l’élé- boue, s’abreuvent dans des flaques, tuent gance bouleversante longuement un poisson, creusent, fracassent de Mort à Venise, avait les murs, hystériques ou neurasthéniques, dans besoin d’être interro- un univers si loin de la symphonie de Mahler gée dans une salle qu’on se demande pourquoi c’est cela qu’on de théâtre où cette entend... Pourtant cela se répond, comme la emphase n’a plus cours. danse du torero épouse les mouvements du Affrontant de face la 5e taureau. Si les références de Jeanne Candel, Symphonie de Mahler, distanciées, populaires, latines, sont aux anti- Demi-véronique suit au podes de celles de Mahler, elle suit pas à pas corps sa force étrangère sa symphonie : procession funèbre, mise en et insaisissable. La terre, orage, toute la violence désespérée de secoue, la fracasse, pour la première partie est incarnée, malaxée. Puis la laisser, respectueuse- elle laisse place à des contre-performances de ment, entière et arrêtée. cirque dans la seconde partie, primesautière : Les spectateurs sont Caroline Darchen et Lionel Dray y sont © Jean-Louis Fernandez accueillis par un acteur furieux et hilarants... Enfin vient l’Adagietto a demi-véronique est une passe de corrida, monté sur des enceintes diffusant une musique célèbre qui, dans un apaisement déchirant, qui permet de mettre fin à la danse avec déformée, et commentant nos raclements de forclos sans l’achever la demi-véronique. Par Lle taureau, et de replier la cape en arrêtant gorges, rires, toux et déplacements comme une apparition, et l’immobilité qui gagne. la charge de l’animal. Quel rapport avec le un chef d’orchestre s’empare d’un matériau AGNÈS FRESCHEL spectacle de Jeanne Candel ? Et pourquoi sonore. C’est de la cérémonie du concert dont la 5e Symphonie de Mahler ? Sans doute parce il est question mais le rideau se lève sur une que la symphonie, symbole d’un art savant chambre noire, brûlée, les images baroques Demi-véronique, création collective de La vie brève, hyper-romantique, des règles cérémonieuses se succèdent, les acteurs se maculent de a été jouée au Bois de l’Aune, Aix, les 19 et 20 avril

Textes en rebonds

lain Béhar, sur une solli- un tremblement de terre, un coup citation de Moïse Touré, d’état, ou à la réussite d’un tel Aavait écrit un court pas- au dernier concours de tricotin. sage pour la pièce 2147, Et si Jouant de la distorsion du temps l’Afrique disparaissait (à lire et de l’espace, le protagoniste de la sur journalzibeline.fr et dans le future pièce, Le Grand N’Importe Zib’ 115 ). Ce sont « les bribes de Quoi, télescope les choses, en ce moment-là » que cet artiste une ivresse salvatrice, dénonce inclassable reprend, développe, et la perte des repères, avec des gens à l’occasion du troisième Rebond de qui préfèrent s’entasser dans la l’année, se propose de nous lire. Ce photo plutôt que de la regarder. Le seront « 42 minutes de (s)on travail » : tragique s’inscrit dans une sorte La clairière du grand n’importe de cinémascope ; l’effarement, le quoi. On le suit, acculé dans une peut-être celui du Grand n’importe quoi © MC. Bateau en papier, burlesque, l’absurde, s’embrasent impasse improbable par une armée de rats métissages… On est tous embarqués dans d’ironie. Les accumulations prennent un relief (souvenir de Casse-noisette ?). Les phrases cette narration fantastique et fantasque où incantatoire, célébrant la multiplicité, les s’enchaînent, en un rythme cadencé, à l’ins- bouillonnent les images, où le temps perd sa richesses humaines infinies par leur diversité… tar d’une improvisation classique, virtuose, direction, avec une « terre qui tourne dans un Métapoésie, couleurs pop à la Andy Warhol… démesurée, étonnante, nous conduisant dans sens puis dans l’autre ». Au cœur de l’orgie « On traîne dans l’écriture et on s’y perd… un univers où se superposent « Baudelaire et verbale s’immisce la colère, politique, sociale, la faute à la couche d’ozone ! »… Un régal les majorettes » et des catastrophes de fin qui passe les travers de notre époque à la de fin gourmet ! du monde… Le récit « post-apocalyptique » moulinette. Tout se télescope, sans hiérarchie, MARYVONNE COLOMBANI part d’une Afrique fantasmée, et imagine des imitant l’aplatissement de toute chose par les migrations généralisées vers un immense journaux télévisés qui dévident de manière Lecture donnée le 9 avril bateau de papier, lieu de refuge de tous les égale les informations, même temps dédié à au Bois de l’Aune, Aix-en-Provence C’est pas juste ! © Agnès Maury

on, ce n’est pas juste ! L’aînée des deux sœurs qui doit donner l’exemple, céder sur tout, même l’achat d’un seau de plage Ndécoré d’une manière stupide, pour satisfaire les caprices de la plus petite, justement parce qu’elle est plus petite… Cette dernière trouve que la plus grande est insupportable, « se croit trop », prend des airs, justement parce qu’elle est la plus grande… Naïveté, fraîcheur, ton de l’enfance, avec une délicate exactitude qui renvoie tous les spectateurs à leurs enfances propres. Le texte de Sébastien Joanniez joue des résonnances, en croisant les mots des deux enfants (Emilie Alfieri et Sofy Jordan), monologues où chacune parle de l’autre, miroirs déformés par l’accumulation des griefs, des rivalités. Difficile d’être l’aînée, tout autant d’être la « petite » alors que l’on souhaite plus que tout « être grande »… Détruire les objets de l’une, imposer ses choix, ne pas hésiter à mentir, à bouder, à s’enfermer dans le mutisme ou la colère… Les portraits se dessinent en creux, abondés par le regard de l’autre, son vocabulaire, son langage particulier (lié à l’âge des deux protagonistes, phrases courtes et mots écorchés pour la plus jeune, formulations plus construites et termes plus précis lorsque la plus grande s’exprime). Les personnalités des deux petites filles sont brossées avec intelligence et humour, jusque dans la scénographie en épure qui délimite les espaces par de grands panneaux tendus de papier de soie. Quelle jubilation de le déchirer, exprès ! Les adultes interviennent, pas toujours à bon escient, parfois injustement, ou rétablissent l’équilibre, sous le regard enfantin, sans concession. Trouver sa place dans l’architecture familiale, être soi. Les mots prennent ici une valeur cathartique, tissent, comme malgré eux, grâce à l’alternance des monologues, le lien infrangible de la fratrie. En devenant théâtrale, la récrimination devient un lieu où l’on s’affirme, où l’on grandit… et la complicité se noue enfin dans la reconstruction commune du château de sable. Échos finement orchestrés par la mise en scène d’Agnès Pétreau. la ciotat berceau du cinéma MARYVONNE COLOMBANI e J’aime pas ma petite sœur a été donné par la Cie 36 festival Senna’ga le 18 avril au théâtre de Pertuis du premier film à venir 26 mai francophone Espace Robert Hossein, Grans cinéma eden-théâtre, la ciotat / 30 mai - 3 juin 2018 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr infos : www.berceau-cinema.com - Billetterie : www.edencinemalaciotat.com

Partenaire Officiel

LA CiotAt Agathe Rescanières 04/2018 Mylène Demongeot par Henry Coste © Collection privée - Conception, réalisation

en partenariat avec la ville de la ciotat 50 critiques spectacles L’histoire d’une « fée-garçon »

e suis pas un garçon » ! Le cri est déchirant, plusieurs fois proclamé «Jpar Alyan qui traverse la scène en courant, vêtu d’une robe rose de princesse, celle de sa grande sœur Nina. Alyan a cinq ans et sait –il l’affirme déjà, son souhait a tout de la certitude- que plus tard il voudrait être maman. Et princesse. Seule sa sœur semble prendre la mesure de son mal-être, sa mère aussi, un peu, qui trouve la situation angois- sante quand son père, trop occupé par son travail, pense qu’il s’amuse. Il ne veut fâcher personne, mais la question le taraude : est-ce qu’il peut refuser cet état qui © Adrien Patry ne lui va pas du tout, donner à quelqu’un ce essentiel à la prise de conscience de tous. Si le travestissement général de la fin -papas, qui n’est pas à lui dans ce corps, simplement Le texte de Catherine Zambon aborde mamans, directeur de l’école dansent tous, revenir en arrière et le « refaire autrement » ? intelligemment, et avec franchise, mais aussi en robe, comme Alyan- peut faire sourire, Sa baguette magique n’y change rien ; jusqu’à légèreté et poésie, la question de l’identité ce ne n’est que de courte durée. Car leur ce que, dirigée vers sa sœur pour la faire dis- sexuelle, du genre, en s’adressant avant tout engagement souligne bien la difficulté de la paraître et prendre sa place, ça fonctionne… aux enfants. Sans didactisme ou tentative de prise de conscience, spectateurs y compris, Car entretemps Nina, pour défendre et soutenir réponse généralisée. qui fait dire à l’un des protagonistes : « ça a son petit frère qui « a le droit d’être comme il La mise en scène d’Emilie Le Roux alterne choqué, ça choquera encore ». veut », a subi brimades et agressions violentes les tableaux courts, joués (magnifiques et DOMINIQUE MARÇON de la part des enfants de l’école, s’est coupé les sensibles comédiens) ou éclairés d’apartés cheveux pour alerter ses parents, puis a décidé qui nourrissent la pièce de confidences, voire Mon frère, ma princesse de disparaître. Parce qu’elle n’était pas écoutée, d’aveux parfois déchirants, qui placent chacun a été joué le 11 avril encore moins entendue. Point de rupture face à ses questionnements et responsabilités. au Théâtre des Salins, Martigues La vie, envers et contre tout

d’octogénaires, ayant refusé saisons. Le public est disposé de chaque d’être relogés, ne pouvant côté d’un double écran, sous lequel trois imaginer de quitter la terre qui maquettes de la ferme à divers moments les a vus naître, leur ferme avec sont scrutées par des caméras manipulées vache, cheval, chien et chat. en temps réel sur le plateau. Des images Sans électricité, et donc sans s’incrustent alors, focus arrêtés qui prennent le téléphone, sans eau courante, relai pour poursuivre le récit des événements, avec une vieille radio qui ces- quand l’équipe n’était pas là. sera de fonctionner finalement. Sans commentaires, sans explications Mais le travail est incessant : superflues, l’urgence du témoignage entre il faut s’occuper de planter les en résonnance avec le temps qui s’écoule, pommes de terre, faucher les lentement, implacablement, dans ce coin blés, ramasser et scier le bois... du monde irradié. « On vit, c’est tout » ne Autant de gestes de tous les cessent-ils de répéter. Mais la perte du cheval, © Frederik Buyckx jours de plus en plus difficiles à puis de la vache, vont transformer le tempo. ls sont face caméra, assis devant une vieille exécuter, qui prennent le temps qu’imposent Pétro meurt, Nadia reste seule. Et va devoir barricade, ne bougent pas ou très peu, ne les corps usés. Qu’importe, « l’essentiel c’est quitter sa chère terre, à son corps défendant, Iparlent pas. Le silence environnant nous la santé » dira-t-elle, sans qu’on ne puisse pour rejoindre sa fille qui vit loin de là. « Ils enveloppe, on sent qu’il va falloir prendre le discerner-là un quelconque trait d’humour. m’ont récupérée et ramenée… jusqu’ici. » temps. Leur temps. Car ici il ne s’écoule pas Bart Baele et Yves Degryse (collectif DOMINIQUE MARÇON comme partout ailleurs. En fait il s’est arrêté Berlin), et la journaliste Cathy Blisson qui le 26 avril 1986, jour de l’explosion de réacteur la première a rencontré Pétro et Nadia, les de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Zvizdal ont suivis, filmés, durant cinq ans, de 2011 à est un village situé dans la zone contaminée ; 2015 pendant de cours séjours (une semaine, Zvizdal a été donné les 12 et 13 avril c’est là que vivent Pétro et Nadia, couple pas plus, zone contaminée oblige) au fil des au Théâtre d’Arles 51 Un homme, une femme, une psy

’Amour dans tous ses états, plutôt qu’une se situe dans l’in- pièce de théâtre, est un laboratoire où l’on teraction que crée L est invité à observer et analyser l’évolution ce personnage de d’une relation amoureuse. Les cobayes sont psychothérapeute Céline et André, interprétés respectivement avec le public. par Sandra Valentin et Hervé Pauchon Les spectateurs dont la voix est familière aux auditeurs de observent et s’im- France Inter. pliquent dans l’his- Le début est tout feu tout flamme. Ils se ren- toire qui se déroule contrent, ils se plaisent et se désirent. Une sous leurs yeux. Ils passion brûlante naît. Entre chaque saynète, s’impliquent d’au- © Fabienne Rappeneau Marie Lise Labonté (qui est psychothé- tant plus qu’il est facile de s’identifier aux failles, nos faiblesses, avec légèreté. Quitte rapeute à la ville) intervient, commente et comportements d’André et Céline. Cette à contredire Alain qui écrivait « On n’instruit questionne le public. Dès le début, elle nous histoire renvoie au vécu de chacun de nous, pas en amusant », cette « leçon » sur les travers a prévenus : ces deux-là, ça ne va pas durer. nos erreurs, nos maladresses. Le dialogue relationnels en est le parfait contre-exemple. Quand elle dit en citant Coluche : « Le couple entre la salle et la scène est l’axe original CAROLINE GERARD permet de résoudre les problèmes qu’on n’au- du spectacle. rait jamais eu tout seul », elle démontre que la Comme un cours de sciences naturelles où le relation à deux catalyse les souffrances non professeur, par l’observation, voire la dissection, cicatrisées du passé. Les non-dits en attente guiderait les élèves vers la compréhension et les frustrations constitueraient le poison du des lois de la nature, la psychothérapeute pro- couple. Au fur et mesure que le récit avance, cède avec les mêmes méthodes. L’effet miroir elle va décortiquer la mécanique destructrice que constitue ce couple est non seulement L’amour dans tous ses états s’est joué au qui se met en place. L’originalité du spectacle instructif mais drôle aussi, car il révèle nos Théâtre du Chêne Noir, Avignon, le 10 avril La peine de mort en question

n 1829, profondément révolté blanc de la cellule, insistantes qu’une société puisse faire à et interprétatives. De la petite El’accusé ce que, précisément, fille qui court sur la plage avec elle lui reproche, Victor Hugo écrit un ballon, pour évoquer la fille Le dernier jour d’un condamné. du condamné à mort, jusqu’au Il s’agit d’un condamné à mort discours de Badinter en 1981, elles qui décrit, durant les vingt-quatre agacent par leur côté appuyé. Fran- dernières heures avant l’exécution çois Bourcier semble peu faire de la sentence, les six semaines confiance au public et à sa capacité qui se sont écoulées depuis son à s’approprier le texte d’Hugo. procès : les diverses rencontres De nombreux lycéens sont venus, avec le friauche, le directeur de ce jour-là, assister à la représen- la prison, le prêtre, sa fille, et aussi © Chantal Depagne-Palazon tation. Nés longtemps après ses états d’âmes qui oscillent entre rage, tonnerre scandent violemment le texte, de l’abolition de la peine de mort (nombreux angoisse et repentance. façon excessive, comme pour rappeler au sont d’ailleurs, chez nous, ceux qui plaident Ce texte est porté à la scène par François spectateur la sentence fatale qui attend le son retour), ils ont été confrontés à une réalité Bourcier. William Mesguish interprète le personnage. À de trop rares occasions, l’acteur encore trop présente dans de nombreux pays. misérable criminel. Celui-ci évolue dans un s’écarte de cet espace, se rapproche du bord Ce texte reste d’une impérissable actualité : espace symbolisant la cellule, limité au fond de scène, braque son regard limpide sur le afin d’agiter les consciences, le jouer est par un mur blanc dans lequel s’inscrit une public et s’adresse sobrement à lui. À cet incontestablement salutaire. petite fenêtre armée de barreaux. Il hurle sa instant, la sincérité du personnage vibre, touche C.G. révolte, ses peurs, se jette au sol à plusieurs beaucoup plus sensiblement le spectateur. reprises comme s’il était abattu par le poids William Mesguish est beau, émouvant, humain. de son destin. Il semble pris de folie. Des La parole de l’acteur est souvent accom- Le dernier jour d’un condamné a été donné les flashes de lumières vertes et des coups de pagnée de vidéos projetées sur le mur 12 et 13 avril au Théâtre du Balcon, Avignon 52 critiques spectacles Jeux d’États

ragiques « Jeux d’en- l’affect »*. Le texte de Vincent Fouquet, fants » que ceux qui dans une mise en scène d’une redoutable Tmenèrent à la première efficacité (Sébastien Valignat), conduit guerre mondiale… La Com- l’ensemble au vertige débridé des colères, pagnie Cassandre rend depuis les aveuglements terrifiants, les rodo- sensible « ces disputes de montades, les mensonges, les approximations, bac à sable »* dans son les fuites, les supputations diverses, les jeux approche remarquable- d’alliances… « Personne ne voulait la guerre. ment documentée de la L’affirmation du contraire est un mythe »*, courte période de 38 jours qui participe de la propagande, comme celle, qui précéda les débuts du conçue par Edwards Bernays engagé par conflit. Pas de conférence le président Wilson pour faire basculer l’opi- pontifiante cependant, nion américaine et permit l’entrée des USA comme l’incipit de la pièce © Pierre Grosbois dans le conflit. Résonnance glaçante avec pourrait le faire craindre, avec l’installation elle-même liée à l’Angleterre par l’Entente notre actualité : cette nuit-là, on apprenait de la table, des micros, les essais, l’entrée des cordiale, tandis que l’Allemagne s’engage les frappes en Syrie… « spécialistes » sentencieux qui attendent avec à soutenir l’Autriche-Hongrie. Les comé- MARYVONNE COLOMBANI impatience les retardataires. Poncifs, formules diens sont tous excellents dans un exercice à l’emporte-pièce, graves hochements de d’équilibre où la vérité des personnages his- * Propos tenus par la troupe lors du bord tête, cèdent vite la place aux acteurs mêmes toriques reste tangible jusque dans les traits de scène après la représentation. du conflit. Voilà, dans la foulée de l’attentat forcés de la caricature. Le ton de la comédie de Sarajevo, l’empereur d’Autriche-Hongrie, domine, elle qui « au contraire de la tragédie François-Joseph, qui veut faire preuve de qui écrase, n’empêche pas de réfléchir »*, et fermeté et menace la Serbie, que défend la « permet d’éviter le côté commémoratif, d’une Quatorze a été donné le 13 avril Russie, cette dernière soutenue par la France, grand-messe nationale qui ne s’adresse qu’à au Théâtre Durance, Château-Arnoux-Saint-Auban

À La Bastide !

l fait bon vivre à La Bastide-Clairence. Classé Dans ce portrait de vil- parmi les Plus Beaux Villages de France, lage en chair et en os, Ile bourg aux 1000 habitants défend ses l’actualité mondiale traditions basques et s’accroche à ses deux affleure. Pourtant, rien écoles élémentaires (une publique, l’autre n’est abordé fronta- religieuse) pour continuer de respirer au lement, les nouveaux présent. arrivants sont à peine Huit villageois s’installent un à un devant le évoqués. Mais ils sont public. Figure ouverte, regard franc. Ils font bien là, en creux parmi spectacle. Ils sont spectacle. Ils incarnent leur ces Bastidots ancrés village. On est là pour les voir et les écouter dans le territoire. raconter leurs histoires. Leurs origines. Le Tout est un peu trop retour au village après les hasards de la vie. beau - trop gentil : Le métier de potière. La dure vie de paysan aucun adversaire du d’il y a 60 ans. La responsabilité de maire. Ils © Pierre Nydegger & Laure Cellier projet fictif puis réel sont eux, jusqu’au bout des ongles. Un long chuteraient... La performance a pris corps de l’accueil de migrants n’est sur le plateau. préambule projeté sur un écran expliquait dans une mise en situation de cette fiction, Le recours aux citations de professionnels de au début de la représentation la genèse de à laquelle prirent part le maire et quelques la profession (Agier, Arendt, Todorov, Rabhi) ce spectacle. Massimo Furlan, performeur, Bastidots complices. Les autres villageois et aux formules pontifiantes sur l’hospitalité avait été convié par un ami habitant de La ont vécu « en vrai » cette proposition à la fois transforment la prestation en une course au Bastide à faire une intervention. L’homme de provocatrice et novatrice. Et finalement, une « Tout est bien qui finit bien ». Cette fois, on théâtre s’était saisi (en 2014) d’une inquiétude famille de Syriens a été accueillie pour de entre en pleine fiction. lancinante : la hausse des prix de l’immobilier, bon à La Bastide. Massimo Furlan a continué ANNA ZISMAN chassant la jeunesse du bourg. Il avait trouvé ses interventions, ceux qui avaient joué le la réponse : l’accueil de migrants. Aussitôt jeu ont continué de jouer, jusque sur scène Hospitalités a été joué les 10 et 11 avril le village allait perdre son aura et les prix dorénavant. au Théâtre de la Vignette à Montpellier 53 Un Mockumentary d’enfer

laquements de doigts. Très vite, la salle sauvé par le messie, répond : claquements de doigts généra- extrait d’un monde Clisés. Saïd Gharbi, comédien danseur invivable, choisi pour complice de longue date de Wim Vande- évoluer dans celui-ci, keybus ouvre Mockumentary of a saviour sans début ni fin, sans en robe de bure. Il baisse les mains. Silence. but, mais pourquoi ? « I « Pourquoi Dieu nous a-t-il créés ? Pour jouer want to feel ! » clame avec nous. » Le spectacle du chorégraphe multi l’un d’eux. Alors ça styles et multi succès annonce d’emblée la hurle, ça roule, ça couleur : il sera religieux. Il y sera question danse (très bien), ça d’un sauveur. Un mocumentaire : une forme se triture les sens détournée pour aborder le sujet par le biais et les méninges. La de la fiction. Ils sont six sur la scène, sous un © Danny Willems musique embrase le cercle-couvercle oppressant. Le ciel, les cieux, ce groupe humain improbable, en dehors de tout (Charo Calvo, avec Manuel Poletti de le mystère, le pouvoir invisible. Des corps tout, microcosme à eux seuls. Le temps s’est l’IRCAM), le ciel tombe sur les têtes, le messie disparates. Le gigantesque Flavio D’Andrea, arrêté, ils ne savent pas ce qu’ils attendent. a la voix d’un enfant perdu. Et puis ça y est, qui se désole chaque fois qu’il envoie bouler Et puis un corps tombe du ciel. Gros ventre tout s’éclaire : ils montent dans les travées Yun Liu, aussi menue qu’effrayante lorsqu’elle à l’air, sorti de sa combinaison orange. « C’est et nous passent le message : « Quelqu’un développe ses gestes d’arts martiaux. Il pleure peut-être un signe d’espoir ? » Beaucoup de vous aime ». Ouf, on est sauvés. Claquements et recommence aussitôt. Elle valdingue et suppositions (texte Bart Meuleman). Et de doigts. se relève. Ronde infernale. Anabel Lopez soudain l’homme se relève ! Stupeur sur le ANNA ZISMAN est enceinte jusqu’aux yeux. Ce n’est pas plateau, saisissement dans la salle (tombé de un costume, l’accouchement est imminent. plusieurs mètres, surgit de nulle part, cela ne Jason Quarles, impérial, et Maria Kole- pouvait être qu’un mannequin !). Wouter Mockumentary of a saviour a été joué les 11 et 12 gova, maigre et douce à la fois, complètent Bruneel est le septième élu. Un psychologue avril à hTh, domaine de Grammont, Montpellier

Une ZAT tout Prés d’Arènes

a 12e Zone Artistique Tem- Caroline Cano (texte et mise poraire a été mitigée. Un jour en scène) propose des verres Lde pluie, un jour de franc de Pic Saint Loup, et raconte beau temps. Un jour les tables avec fougue que sa plus grande prévues autour des food trucks folie, c’est d’avoir épousé son (toujours plus nombreux d’une mari qui toujours la surprend si édition à l’autre) tristement fort. C’est tout une kyrielle de recouvertes de film plastique, personnages qui se passent le l’autre débordant de familles flambeau d’une rue à l’autre, les en goguette. Des propositions trois comédiens donnent vie et étonnantes et fortes, d’autres droit de cité, au sens propre du qu’on a l’impression de voir à terme, à tous les bizarres. Un chaque épisode des ZAT mont- jardinier récolte des bananes pelliéraines (les conteurs, les et des oranges poussées dans acrobates, les artistes échappés Regards en biais © Marc Domage les haies. D’autres habitants, dans l’espace public, cette année moins per- embarque tout le monde. Le voilà grimpé sur intégrés comme lui à la mise en scène, tissent cutants que d’autres fois). Toujours, et tant un lampadaire, il nous diffuse des enregistre- et incarnent quelque chose que nous tous mieux, la volonté d’intégrer les habitants du ments de vents d’ici et là. Et il a l’idée de les pouvons toucher du doigt. Il y a soudain une quartier (Prés d’Arènes), cette fois peut-être mélanger. Un mix de vents. Noël (Collin Hill) communion entre les spectateurs du haut, encore plus partie prenante des spectacles. a un grain. Et il le crie à tous les vents. Une ceux restés dans leur tour, et ceux du bas : Retenons, parce que la rencontre fut magni- autre (Sarah Fréby) nous entraine dans son partout la folie sème ses graines, et nous fique et courageuse, lesRegards en biais de sillage, rue des Épicéas : elle va s’envoler, elle sommes là pour cultiver leur poésie. la Cie montpelliéraine La Hurlante. Rue monte sur les épaules d’un spectateur, il faut A.Z. des Abricotiers, Noël Folly surgit en cou- courir, battre des bras, ça va marcher, c’est rant et bondissant : « Venez ! Vite ! On va certain ! On croise un couple qui fête son être en retard ! » Son regard est lumineux, il anniversaire de mariage au bas d’un immeuble. La ZAT s’est tenue à Montpellier les 14 et 15 avril 54 critiques spectacles En attendant la pluie bienfaitrice…

près le succès de The Color of Time traditions ancestrales de l’agriculture et les créé pour Marseille 2013,toujours en danses traditionnelles ou sacrées, avec des Atournée, qui s’inspirait des traditions bâtons de pluie invoquant la bienveillance des indiennes, la Cie Artonik a effectué une dieux. Portant des palmes desséchées par la résidence au Cambodge pour découvrir les pénurie d’eau, les danseurs déambulent dans traditions khmères au sein d’une association la nuit, éclairés par des poursuites hissées qui forme des jeunes aux arts graphiques et par une vingtaine de bénévoles. Des dessins de la scène. Installés à la Friche de la Belle de originaux de Craoman et des découpes aux mai depuis 1994, ses deux co-directeurs artis- effigies de divinités effectuées par Caroline tiques, Caroline Sélig et Alain Beauchet Sury animent les façades. Le tout baigne ont créé de nombreux spectacles de rue qui dans une musique composée par les trois allient arts plastiques, danse, musique, pour complices musiciens du groupe Nataraj mettre en scène le quotidien et le rêve. Leur XT, qui marient magnifiquement instruments nouvelle création : Sangkhumtha, « espoir » en classiques et traditionnels khmers, créant Khmer, évoque la raréfaction des ressources des ondes musicales tout à fait originales. en eau dans de nombreuses régions asia- Présentation très prometteuse ! tiques. Une vingtaine d’artistes ont mis leurs CHRIS BOURGUE émotions et leurs craintes en gestes et en musique. Les trente minutes présentées en Présenté en avant-première le 21 avril lors de la soirée L’Étoile du Nord à La Cité avant-première lors de l’événement L’étoile des Arts de la rue (Marseille) Sangkhumtha : du nord organisé à la Cité des Arts de la © Marie-Christine Ferrando hope sera créé le 18 mai à La Rochelle. Rue démarrent sur des rythmes très actuels, plastique. Images de notre monde de l’accé- Cette création est dédiée à Alain Beauchet, une chorégraphie échevelée et déhanchée lération et de la consommation débridée. Puis, disparu prématurément en novembre 2017 sur un tapis de déchets jetés hors de sacs déambulation dans un univers qui rappelle les et qui laisse un vide douloureux derrière lui.

L’amour à Cucuron

e grand ménage de printemps, fes- mobilisent et font ce que ne fait pas l’État », tival des arts en espace public du Sud confirme le journaliste. Devant le succès de LLuberon, a eu lieu du 19 au 22 avril, avec ce temps d’écoute, Romaric Matagne, qui une programmation plus inégale que lors des coordonne le festival, explique son intention éditions précédentes. Sans doute parce qu’il de poursuivre un travail sur la façon dont le accueillait plusieurs tout jeunes spectacles, son circule dans l’espace public : « C’était

à peaufiner, commeParrêsia #2 du collectif un premier fil à tirer, pour voir où ça va... » Les amoureux de Cucuron © G.C Bonheur Intérieur Brut, ou EkivokE, de Autre ambiance, très poignante elle aussi Micro Focus. mais d’une vitalité plus adaptée à la rue, avec Mais deux propositions ont marqué les esprits. Quizas de la Cie Amare. Deux danseuses-co- Dans un verger, sous une pluie de pétales - la médiennes explosives (Maëva Lambert et floraison des cerisiers étant bien avancée - Amandine Vandroth) ont réussi l’exploit les auditeurs de BoxSons, média audio créé de soulever le thème éculé du sentiment par Pascale Clark et Candice Marchal, amoureux, en récoltant des récits anonymes ont découvert un reportage enregistré dans au fil de leurs résidences. Maëva Lambert une école scolarisant des migrants à Ivry- raconte avoir été surprise, dans les cités du sur-Seine. Les nombreux enfants assis sur Nord, de découvrir que les enfants de familles l’herbe, très attentifs, ont posé de multiples monoparentales, très nombreuses, grandissent questions au réalisateur venu le présenter, sans rêver à l’amour, tant il est associé pour Hayati Basarslan. Des habitants du Luberon eux à des disputes et séparations. Un spectacle apportant leur propre témoignage : à La Tour drôle et profond, ponctué de textes d’André d’Aigues, on se relaie auprès d’une famille de Gorz, Roland Barthes ou Henri Laborit, auquel migrants pour un coup de main administratif on pressent un bel avenir. ou les accompagner chez le médecin. « Les GAËLLE CLOAREC politiciens disent toujours que les français ne veulent pas les accueillir, mais à chaque Le Gand Ménage de Printemps s’est tenu à fois que l’on va quelque part on voit qu’ils se Cucuron, Vaugines et Cadenet du 19 au 22 avril. critiques rencontres 55 Le cauchemar de Snowden

n spécialiste en modélisation est Le chercheur constate que la majorité intervenu à la BMVR Alcazar des fonctions régaliennes sont peu à Ule 14 avril dernier pour parler peu grignotées par les grandes entre- d’intelligence artificielle au public prises, privées, qui misent sur l’IA : la marseillais. L’invité du cycle de défense (cybersécurité), la sécurité conférences d’Opera Mundi, Jean- intérieure (systèmes de reconnaissance Gabriel Ganascia, a une double for- faciale, surveillance des citoyens...), mation d’ingénieur et de philosophe : battre monnaie (PayPal, Bitcoin...). Et il a donc commencé son exposé en bientôt la perception de l’impôt (le fisc imbriquant l’histoire des idées et utilise Google Maps pour débusquer la cybernétique. Si les aspects très les piscines non déclarées), la justice, techniques de sa démonstration en la santé, l’instruction... Sa conclusion ont dérouté certains - pour expliquer © Cécile Arnold s’est faite sous forme de question : que les scientifiques cherchent à simuler ce qu’on s’affole à l’idée d’être dépassés peut-on se sentir libre dans un monde dominé le fonctionnement du cerveau avec leurs par des robots plus intelligents que nous par des humains qui utilisent l’intelligence algorithmes, il a détaillé celui d’un réseau de (la « singularité technologique »). Parce que artificielle ? Et comment faire pour que la neurones à trois couches - il a réussi à rattraper d’après Jean-Gabriel Ganascia, cela dissimule peur ne masque pas les dangers réels ? Le tout le monde en revenant... à la politique. leur ambition réelle : rivaliser, à l’aide de leur cauchemar, on y est déjà. Derrière ces machines qui nous connaissent toute-puissante technologie, avec les États. GAËLLE CLOAREC mieux que nous-mêmes, puisque nous les Pour lui, « la mémoire n’est pas un disque dur ; nourrissons de au quotidien, au point datas sinon on pourrait y stocker tout ce que l’on La conférence L’intelligence artificielle et le qu’elles en arrivent à anticiper nos désirs veut, et surveiller tout ce qu’il y a dedans : vivant de Jean-Gabriel Ganascia, organisée avant même que nous n’en ayons conscience, la pire dictature ». Le cauchemar d’Edward par Opera Mundi, a eu lieu à la Bibliothèque il y a des hommes. Qui ont tout intérêt à Snowden, en somme. de l’Alcazar à Marseille le 14 avril.

Histoire partagée

ne rencontre avec Jean-Pierre Filiu, Méditerranée », sans historien du Moyen-Orient contempo- embrayer avec un Urain à Sciences Po Paris, et Rostane accompagnement Mehdi, directeur de Sciences Po Aix, a dans la durée. Mais conclu le premier cycle des Rendez-vous face à des régimes de demain portés par l’Institut méditerra- à bout de souffle, il néen de recherches avancées à Marseille. croit que l’on peut Comme toujours lors de ces débats publics, se préparer à la suite, le Théâtre du Gymnase était plein. Il faut dire en restant au plus près que le thème de la soirée, les révolutions et des populations. Ce à contre-révolutions en Méditerranée, était quoi Rostane Mehdi brûlant. Syrie, Libye, Égypte, Israël, Iran... rétorque « j’aime- autant de poudrières. Les deux invités de rais partager votre Stéphane Paoli, concepteur avec Thierry optimisme, mais je Fabre de ces Rendez-vous, ont évoqué les crains la stratégie du De gauche à droite : Stéphane Paoli, Jean-Pierre Filiu, Rostane Mehdi © G. C. rapports compliqués du droit international pire, une logique suici- avec la force et la morale. économiques ou de sécurité, sont en jeu ». En daire dans ces pays ». Et pourtant, lui répond Une morale qui, selon Jean-Pierre Filiu, ancien Syrie, notamment, l’un et l’autre estiment que son interlocuteur, « Ce qui se passe là-bas diplomate, est « une arme stratégique que l’on l’intervention internationale est un facteur affecte notre vie ici. On voit les conséquences utilise trop peu ». En laissant les dictatures d’instabilité durable, parce que chacun des immédiates - attentats, réfugiés -, mais cela perdurer sans réagir dans le bassin méditer- acteurs, russes, américains ou turcs a son touche aussi nos valeurs. Notre histoire est ranéen comme ailleurs, les gouvernements propre agenda. « La solution, qui serait de partagée, qu’on le veuille ou non. » occidentaux se discréditent et instillent un reconstruire par le bas un contrat social, est G.C. doute chez leurs propres concitoyens. Son donc empêchée. » confrère renchérit : « Jean-Pierre Filiu pense que les européens ont nombre de nos dirigeants La rencontre Quels grands défis politiques se contentent d’une façade démocratique : cela « raté l’occasion de 2011, lorsque les Printemps et internationaux ? s’est tenue le 24 avril peut être commode quand d’autres intérêts, arabes ont fait chuter le mur de la peur en au Théâtre du Gymnase, Marseille 56 critiques danse L’inénarrable performance de Peeping Tom

e style Peeping Tom est reconnaissable au premier coup d’œil et toujours bluffant ! LOn ne se lasse pas de l’entrelacement de la danse avec la théâtralité, le texte, les chansons, la scénographie et, parfois, la pratique amateur. La première image de Vader (Père) évoque un tableau d’Edward Hopper : tout y est figé, grisâtre, malgré les rideaux de velours rouge et le faux air de salle des fêtes. Vader (Père), créé en 2014, est le premier acte d’une nouvelle trilogie (Moder (Mère), Kind (Enfant)) à l’esthétique hyperréaliste, semblable à la précédente Le Jardin, Le Salon, Le Sous-sol. Avec les mêmes principes fondateurs : éléments de décor cheap, personnages au caractère exacerbé,

superposition d’actions tragi-comiques. Et Vader © Herman Sorgeloos le même regard acide et aimant sur la vie : simplement de son manteau devient un acte règle des moustiques) s’enchevêtrent à vitesse Léo le père est en détresse, nouvel arrivé quasi héroïque ! Au sous-sol de la maison de grand V. Comme si une épidémie contagieuse dans son dernier refuge, l’antichambre entre retraite, l’assemblée a les cheveux blancs, la de folie et d’absurde contaminait chaque le monde des vivants et celui des morts… démarche malhabile, les gestes hésitants et se personnage, de la bande de Peeping Tom en Si ce temps est propice à l’introspection, il laisse guider par un personnel névrosé. Une costumes de scène au groupe d’amateurs l’est aussi pour le lâcher prise. Des situa- fois enclenchée, d’abord comme un métro- dont il faut saluer la performance. tions burlesques naissent des contorsions nome, la mécanique se dégrippe très vite au MARIE GODFRIN-GUIDICELLI physiques inimaginables - à moins que cela fil d’un texte échevelé énoncé en français, en ne soit l’inverse -, fer de lance de l’écriture anglais et en coréen ; la salle se transforme chorégraphique du tandem Gabriela Carrizo en mouroir ; les scènes réalistes (la toilette Vader a été donné les 13 et 14 avril et Franck Chartier. Avec eux, se débarrasser d’un vieil homme) et surréalistes (l’attaque en au Pavillon Noir, Aix-en-Provence

Indispensables fantaisies dadaïstes

rendre des libertés avec les avec la musique, de situations formes, jouer des conve- burlesques ; de la même façon Pnances comme le feraient leurs bustes se superposent à des enfants, inventer un nouveau des images de jambes projetées, langage qui serait imagé, dansé, gestuelle exagérée qui rappelle les musical… « Ils font quoi là ? » collages et assemblages impro- « Ils nous regardent, à travers bables dada recréant une image, un cadre » « C’est bizarre… » racontant une autre histoire, dans Ils sont un peu « dada » ces deux un univers fait de gaieté créa- danseurs hip hop, qui glissent du trice. Si l’impression de départ cadre strict et rigide d’un tableau s’avérait « bizarre » pour beaucoup qui délimite leurs gestes et leurs de bouts de chou présents au visages, à la scène de tous les Forum de Berre, la magie des possibles, attirante et accessible ! © Laurent Ferrigno tableaux successifs, montages Rafael Smadja et Iliass Mjouti n’aspirent aussi du cinéma muet de Charlie Chaplin ou de sons, d’images et de mouvements dansés, qu’à jouer dans et de l’espace qui s’offre à Buster Keaton ! emportait l’adhésion de tous. Belle occasion eux, essayer tout ce qui passe entre leurs Hors du cadre tout s’anime, prend vie : les pour laisser toute sa place à l’imaginaire et mains, par le corps, obstacles ou lumières, pour corps se réveillent, se déplient, la danse se à la liberté ! construire et déconstruire le spectacle. Pour frotte aux illusions et effets d’optique. Les DOMINIQUE MARÇON donner à voir, à des spectateurs souvent très deux interprètes remodèlent leurs visages en jeunes (à partir de 3 ans) toutes les facettes y superposant des photos d’yeux, de bouches Zoom Dada a été joué le 18 avril à la inspirées du dadaïsme, du surréalisme, mais (moues étranges, sourires éclatants…), jouant, salle polyvalente de Berre L’Étang 57 Danser l’abstraction ?

es Ballets de Monte Carlo font sans doute violoncelliste soliste Marc partie des rares formations à être capables Coppey, sous la houlette Lde danser avec une telle éloquence l’aca- de Pascal Rophé), aux démisme rigoureux d’un Balanchine, et son répétitions qui évoquent redoutable Violin Concerto. Sa grammaire des élytres d’insectes, en néo-classique était rendue avec une précision une tentative de narration de métronome, assortie d’un supplément (scénographie Aimée d’âme, qui accordait au brillant des interprètes Moreni). Superbes mou- une certaine distanciation jubilatoire, qui vements d’ensemble au s’emparait avec humour des références à la cœur de jeux de lumière comédie musicale américaine. La géographie poétiques (Dominique quasi mathématique des différents tableautins Drillot), transmissions en tisse des échos entre les « quintettes », les chaîne, duos, trios, myriade © Alice Blangero ensembles, et sublime les deux pas de deux Abstract-Life de détails précieux difficiles qui savent rendre une puissante émotion, entre l’incarnation de la vie et les concepts à appréhender dans leur particularité propre déclinant tous les registres. À la pièce baignée abstraits. Le travail du directeur des Ballets, tant le propos est dense. Écartelée entre la de lumière et portée par la musique de Stra- habituellement construit à partir d’improvi- recherche d’un sens et une abstraction qui vinski, les recherches du violon (Liza Kerob), sations avec ses danseurs, sur des musiques n’en a guère, cette proposition laisse perplexe, dont la complexité se transcrit dans la danse, choisies, subit de nouvelles contraintes. Il bien que séduisante par son indéniable beauté répondait un monde en clair-obscur post puise alors dans le vocabulaire chorégraphique virtuose. apocalyptique fondé sur la composition de élaboré depuis des décennies, et se sépare MARYVONNE COLOMBANI Bruno Mantovani, (commande du Printemps du lien organique entre gestes et phrases des Arts de Monaco), Abstract, titre auquel musicales pour s’adapter aux fulgurances, le chorégraphe Jean-Christophe Maillot aux tempêtes sonores (magistral Orchestre Spectacle donné du 26 au 29 avril ajoute le terme Life, soulignant la dichotomie Philharmonique de Monte Carlo, avec le au Grimaldi Forum, Monte-Carlo.

Printemps du livre Cassis du 19 au 21 mai 2018

avec la participation 30 de nombreux écrivains : Boris Cyrulnik ANS Annie Duperey Grégoire Delacourt Christian Carion Mazarine Pingeot Cali

Vladimir Fédorovski Xavier De Moulins Jérôme Clément Dan Franck Christine Orban David Foenkinos

Jean-Noël Pancrazi Valérie Perrin François-Henri Deserable Claire Berest Diane Ducret

Rencontres Littéraires animées par Patrick POIVRE D’ARVOR et Marc Fourny 58 critiques musiques L’épreuve du temps

ngmar Lazar est un jeune pianiste bourré de dons. Il a donné Chopin (Nocturnes op.48), fougue dans la délirante Mephisto-Valse de un récital mettant en lumière d’indéniables qualités ainsi Liszt, brio pour le final particulièrement virtuose de laSonate Iqu’un potentiel impressionnant. C’est Marie-Josèphe n°4 op. 9 de Prokofiev. Dans Ravel et ses Miroirs, les Jude qu’on avait annoncée au Théâtre National « Oiseaux tristes » chantent et enchantent quand de Marseille, mais elle a dû déclarer forfait pour l’« Alborada del gracioso » emporte le public des raisons de santé et la maison Lyrinx vers des danses hispaniques. Ingmar Lazar a fait appel à son dernier poulain pour la ne s’épanche, ni ne s’attarde : ses tempi, remplacer. Ingmar Lazar vient d’enregis- plutôt enlevés, ne souffrent d’aucune trer pour le label marseillais, inlassable faille technique. Aucun accroc à se découvreur de talents, un magnifique mettre à l’oreille au fil d’un récital disque consacré à Schubert. Ce qui est dressé au cordeau ! L’interprète y remarquable chez ce jeune pianiste, met du souffle et de la force, de la c’est qu’il sait rendre à chaque opus couleur et du courage... Cependant, il son style propre, en adéquation avec manque peut-être au tableau général son temps, et ce malgré un Steinway un geste singulier, un coup de patte qui de concert ayant tendance à, justement, serait propre à l’artiste et qui fascinerait uniformiser les interprétations. De fait, il d’autant plus que le pianiste possède les ©

n’y a pas grand chose de commun entre le Je atouts pour y parvenir. Au temps de faire an e -M pianoforte de Mozart (fin du XVIII siècle) et ar son œuvre ! c B ou rd celui, considérablement hypertrophié au passage on JACQUES FRESCHEL romantique, de Prokofiev ou Ravel (au XXe siècle). Au récital, son clavier sonne avec modestie, simplicité dans la fameuse Fantaisie en ré mineur K.397 de Mozart, avec poésie chez Ingmar Lazar était en concert le 9 avril à Marseille à La Criée.

Signatures contemporaines

ne fois n’est pas coutume, c’est à un ou Wanda, voir Zib’ concert de musiques d’aujourd’hui qu’on 117), ses cycles de Us’est rendu : un programme proposé par mélodies, le jeune Les Amis de Saint-Victor autour des trois créateur puise dans compositeurs marseillais Lionel Ginoux, des sources poé- Régis Campo et Nicolas Mazmanian. tiques pointues une C’est dans la crypte souterraine de l’abbaye matière sémantique marseillaise que s’est massé le public, autour qui laisse libre cours des artistes, tels d’antiques fidèles... Dès à une imagination lors, une alchimie s’est produite : les vieilles toute personnelle. pierres, riches d’un passé millénaire, sont Il développe une entrées en résonance avec les harmonies matière sonore, d’aujourd’hui. Il faut dire aussi qu’on avait une langue et un invité une musicienne exceptionnelle ! lyrisme qui fondent

Emmanuelle Bertrand, rayonnante, a porté Lionel Ginoux & Emmanuelle Bertrand © Amis de Saint-Victor une véritable signa- le concert vers des sommets artistiques et ture. Dans une autre émotionnels rares. Dès ses premiers murmures Bénédicte Pereira) qu’on a entendu dans mesure, plus traditionnelle du point de vue au violoncelle (Après un rêve de Fauré, seul les Cinq rondels de Charles d’Orléans (1998) formel et harmonique, Nicolas Mazmanian opus « classique » à l’affiche), secondée par de Jean-Michel Damase. L’équilibre des voix, possède un style propre : ses Cinq miniatures Nora Lamoureux à la harpe, la barre a été la justesse de ton, l’engagement artistique (2017) oscillent entre les musiques du monde placée haut... elle n’est pas retombée ! Omni- font de cet ensemble vocal un des fers de (l’Arménie de Komitas) et des arrangements présente, Emmanuelle Bertrand a défendu, lance de la musique chorale dans la région. Et jazzy qui rendent sa partition immédiatement en solo et avec une grande générosité de jeu, c’est en compagnie de ces dix voix-là qu’on accessible. les partitions de Pascal Amoyel (Itinérance, a pu découvrir deux œuvres inédites. War is J.F. 2003) comme le vibrant hommage à Henri kind (2017) confirme (si besoin est !) qu’on Dutilleux signé Régis Campo ( possède dans la région l’un des compositeurs To be alive in Le concert Trois compositeurs à cœur power, 2016). C’est aussi l’ensemble vocal français les plus talentueux de sa génération : ouvert a été donné à Marseille dans féminin Hymnis (dirigé avec talent par Lionel Ginoux. Dans ses opéras (Médée Kali l’Abbaye de Saint-Victor le 12 avril 59 Une issue au labyrinthe

’écrivain belge « orchestral », soutenant le chant, souvent Henry Bauchau cauchemardesque à l’image des peurs du L(1913-2012), dans jeune patient. Elle est omniprésente, mais laisse sa correspondance une place nécessaire au discours, au récit en et ses journaux, mosaïque des voix parlées et/ou chantées de livre ses réflexions Raphaële Kennedy et Vincent Bouchot. intimes au sujet Leur duo émeut au delà du propos, par leur de la rédaction de présence puissante et complice, amplifiée son roman L’enfant par la « mise en son » fantasmagorique de bleu paru chez Actes l’ingénieux-ingénieur Franck Rossi. Le Sud en 2004. Le vieil spectacle d’ « art total » vaut aussi par la poésie homme y évoque son de la création vidéo d’Isabelle Françaix expérience de « psy- © Isabelle Françaix et ses images mouvantes illustrant le livret, chothéraprof » vécue auprès de Lionel D., un Le spectacle L’île paradis qu’on ne doit pas tout en s’en échappant, incluant par touches adolescent psychotique qu’il a rencontré, en dire tire les fils de cette double expérience, discrètes des plans des productions de l’artiste hôpital de jour dans les années 70, comment il de l’écriture et de la création, des cris et des Lionel D. qui, au moment des rappels, est l’a, une douzaine d’années durant, guidé vers douleurs, des peurs et des voix du démon, met venu participer aux saluts, plaçant l’émotion la création plastique. C’est aussi à sa vocation en forme, au prix d’un travail méticuleux, un collective à son comble. d’écrivain qu’il fait référence, suscitée, une labyrinthe de sons et d’images, de couleurs et J.F. trentaine d’années auparavant, par sa propre de mots, de voix et de chant... où chacun peut cure psychanalytique... Ou comment des êtres se perdre au gré de son imaginaire. La musique bloqués dans leur existence trouvent une électro-numérique de Pierre-Adrien Charpy L’île paradis qu’on ne doit dire a été créé issue à leur « labyrinthe » : par l’art ! développe un monde sonore riche, parfois à Marseille, le 27 avril, Salle Musicatreize.

Match au sommet

n peu à l’image d’un match de foot, quand Rossini et son librettiste Angelo UAnelli provoquèrent la rencontre entre deux cultures méditerranéennes en 1813 dans L’Italienne à Alger, ce n’était que pour la beauté du spectacle, un prétexte à une série de joutes vocales ébouriffantes et non dans le but d’opposer deux nations aux mœurs éloignées. En l’ayant très bien compris, le metteur en scène Nicola Berloffa a ima- giné pour cette saison à l’Opéra de Toulon un « Dramma giocoso » plus comique que tragique, l’aspect dramatique de l’œuvre ayant été littéralement balayé au profit du burlesque et de la bouffonnerie, art dans lequel le compositeur transalpin savait exceller © Cédric Delestrade avec truculence. Déjà auteur d’une scéno- cette comédie délirante où triomphe in fine pour venir à bout d’un bel canto redoutable graphie enjouée dans Un Ballo in Maschera l’intelligence féminine. Le plateau de solistes où l’on regrettera juste un léger manque de la saison précédente, il signait également ici ne déméritait pas et emportait l’adhésion puissance, dû à des timbres singuliers mais les costumes, aidé par les décors ad hoc et des amateurs d’opéra italien, emporté avec au demeurant légers sur certaines parties de somptueux de Rifail Ajdarpasic, donnant autorité par Andrea Mastroni qui donnait au la tessiture. À ce bémol près, l’articulation à l’ensemble une cohérence esthétique sans personnage de Mustafà (basse) un caractère musicale excellente et le jeu scénique parfait faille et visuellement saisissante. Dans ce patibulaire, mélange subtil d’autoritarisme emportaient l’auditoire dans une pyrotechnie duel au sommet, c’est Francesco Cilluffo pervers et de naïveté placide. Cette incarnation vocale digne d’éloges. qui arbitrait les innombrables airs, duos et mettait en orbite la performance des deux rôles ÉMILIEN MOREAU ensembles d’envergure que compte la par- principaux, Laura Verrecchia (Isabella, plus tition, dirigeant d’une main alerte l’orchestre mezzo qu’alto), et Alasdair Kent (Lindoro, L’Italienne à Alger a été donné les 13, 15 et 17 avril et les chœurs, personnages eux-mêmes de ténor) qui rivalisaient de talent et de technique à l’Opéra de Toulon 60 critiques musiques Mélodies et chansons françaises

’est à un concert inhabituel que nous Si celui-ci, analyste précieux de l’histoire montra l’étendue de son registre dans Un ont conviés nos collaborateurs Jacques musicale, se perdit un peu, ce jour-là, dans Chant d’Ulysse, de Lionel Ginoux, partition CFreschel et Fred Isoletta, l’un au chant, de longues périphrases, la thématique autour difficile et d’une beauté toute contemporaine, l’autre au piano. Un concert conférence joli- de la mer avait tout d’un voyage, et inventait imprégnée d’une délicate inspiration antique : ment intitulé De Fauré à Ferré, avec une mise une sorte de medley à la française, cheminant dans la lignée figurative de la mélodie française, en perspective du musicologue Lionel Pons. sans à-coups de la chanson populaire à la le compositeur fait entendre les tourments de mélodie française, en passant par l’opérette l’âme et les cris des sirènes... La Mémoire et marseillaise, la chanson à texte et la création la mer et Marseille de Ferré furent interprétés contemporaine. avec une fine et émouvante musicalité, devant Jacques Freschel, baryton au timbre cha- une salle comble : les concerts de l’Alcazar, leureux et aux intonations d’une justesse gratuits, rassemblent un public nombreux qui au cordeau, avait conçu son récital autour vient écouter les avants goûts des propositions d’airs évoquant la Méditerranée, et déclinait musicales marseillaises. Car De Fauré à Ferré en plusieurs chapitres les thèmes du départ, sera repris à l’Église des Réformés, en version de la mémoire, de la rencontre, de Marseille... concert, l’orgue de Philippe Gueit remplaçant Les extraits s’y répondaient par analogies ou le piano de Fred Isoletta... contraste, Calogero et Helmert côtoyaient sans MARYVONNE COLOMBANI complexe Duparc et Fauré, Ferré et Trenet mêlaient leurs vers à ceux de Baudelaire ou Concert donné à L’Alcazar, Marseille, le 21 avril Rimbaud, ne souffrant à aucun moment de la comparaison : il faut dire que le baryton à venir servait avec la même délicatesse la chanson et la mélodie françaises. Accompagné avec De Fauré à Ferré une belle complicité par Fred Isoletta, il donna 27 mai à 17h toute sa mesure comique dans la Chanson Église des Réformés, Marseille marseilleconcerts.com

© Marie-Anne Baillon du cabanon popularisée par Fernandel, puis

Trans Kabar, l’esprit est là l est encore temps de se avec des instruments tradition- lever et de bouger tout nels, mais l’esprit est là, c’est ce «Iça ! » exhorte Jean-Di- qui compte. » glisse entre deux dier Hoareau, l’enthousiaste morceaux Jean-Didier Hoareau, chanteur de Trans Kabar, avant qui s’accompagne néanmoins d’entamer le dernier morceau de du kayamb, instrument percussif la soirée. À ce moment-là, il y a emblématique de la Réunion. beau temps déjà que la plupart Idéalement complété par Sté- des spectateurs s’est dégagée de phane Hoareau à la guitare, l’ankylose du siège pour répondre Théo Girard à la contrebasse à l’impérieux appel du rythme. et Ianik Tallet à la batterie, Trans Aux quatre coins de la salle, les Kabar oscille entre mélopées lan- pieds s’affolent, les hanches cha- goureuses et rengaines endiablées loupent, s’avoisinent, dans une aux accents incantatoires, aux-

inénarrable chorégraphie, dont © N’Kruma Lawson Daku quelles la salle est souvent invitée la seule cohérence semble être la joie de se et festives, le marqueur d’une identité forte. à adjoindre un contre-chant. Jusqu’au bout, déborder ensemble. Et comment imaginer Craignant ses intonations émancipatrices, le rythme, renforcé par les secousses des qu’il en fût autrement, tant la musique de l’administration coloniale ira même jusqu’à sursauts cadencés du public, ne faiblira pas, Trans Kabar sonne comme une invitation réprimer lourdement sa pratique dans les bien au contraire. La preuve qu’aujourd’hui à l’exultation des corps et à la réunion des années 50 et 60. Le Maloya finit pourtant encore, les particularismes peuvent aussi esprits, dans la grande tradition du Maloya. par s’extraire de la clandestinité dans les rassembler. Ce genre musical réunionnais, apparu décennies suivantes, mâtinant la coutume de LOUIS GIANNOTTI sur l’île à partir du XVIIe siècle et fruit du modernité, par imprégnation de rock, de jazz métissage progressif entre esclaves et colons, ou de reggae, sans toutefois perdre de vue Trans Kabar s’est produit le 21 avril à demeure, outre ses dimensions populaires ses origines. « C’est vrai qu’on ne joue pas la Cité de la Musique, Marseille 61 Familiarités du cœur

e souffle de lumière, grands espaces, grâce des saisons où le monde le tremblement renaît… Thèmes de la musique classique «Lconcentré qui persane, compositions de Bijan Chemirani rayonne de certaines ren- ou de Shadi Fathi se croisent, virevoltent, se contres contredit parfois sa réinventent. L’ancrage dans la tradition n’im- propre brièveté et s’étend pose pas de limite poussiéreuse, les musiques comme une lente alchimie ancestrales, loin d’être des pièces de musée, sur tout le reste de la vie.»* Le restent toujours en mouvement, dans un dia- poème d’amour ouvre le CD logue permanent avec la contemporanéité. concocté avec délicatesse Les divers apports s’étoffent d’échos dans par Shadi Fathi, lumineuse cette mise en acte de l’hospitalité où chacun interprète des instruments accueille l’imaginaire de l’autre… Un disque subtils que sont le setâr d’une poésie et d’une élégance rare. et le shourangiz, et Bijan © Muriel Despiau M.C. Chemirani, une référence pour le jeu du terme est composé de deux mots, cœur et zarb, qui tisse de virtuoses contre-chants aux familier », Shadi Fathi sourit, « qui est familier *d’après un extrait de la Douzième de mélodies des luths à long manches. Rencontre au cœur, semblait une bonne présentation poésie verticale Roberto Juarroz précieuse entre ces deux artistes nourris de de notre conversation musicale ». Le disque, Présentation le 10 avril à L’Éolienne, Marseille musique traditionnelle persane, ayant, chacun, enregistré au studio du Théâtre Durance, n’est Sortie du CD Delâshena le 18 mai chez Buda appris auprès des plus grands maîtres. Depuis pas ici qu’une simple captation destinée à Music –Distribution Socadisc (MCE Production) 2016, le duo mêle aux inspirations classiques saisir l’instant, mais conduit l’auditeur au une approche plus contemporaine et nous cœur d’un voyage poétique où le temps et Concert de sortie de l’album le 1er juin livre aujourd’hui un ensemble de 14 titres l’espace échappent à la matière. Promenade à la Cité de la Musique, Marseille rassemblés sous le nom de Delâshena. « Le éblouie dans les jardins de l’âme, appel des 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

Les voix des tambours

es tambours au loin et une mai- son de maître brûle… les rythmes «Dconstituent un langage commun aux esclaves qui, depuis le XVIIe, sont convoyés aux Amériques et n’ont pas forcément la même langue… », sourit Roger Raspail, complétant l’introduction documentée de Frank Tenaille lors de la rencontre qui précède le concert de fin de résidence de son ensemble. « Les tambours du Gwo Ka résonnent en Guadeloupe depuis l’arrivée des premiers esclaves. Fortement enracinée dans la ruralité de l’île, cette manifestation musicale symbolise la reconquête par la population de © MC. son identité profonde, le public d’aujourd’hui culturel immatériel de l’Humanité. Gardien de rythmes ou plutôt cadences de base du Gwo renoue avec cette culture lors des soirées la valeur patrimoniale du Ka, Roger Raspail Ka, chacune correspondant à une signification Léwoz, au cours desquelles on se livre aux a apporté sa contribution artistique à une particulière. La virtuosité n’est jamais gra- improvisations dansées, chantées, jouées sur multitude de groupes, dont celui de Cesária tuite, mais souligne l’appartenance de cette les percussions ». Les tambours sont fabriqués Évora, de Kassav, d’Anthony Joseph,... À la musique à une aventure humaine séculaire, à l’origine à partir des « gros quarts » (d’où demande du Chantier, il a accepté le projet et, à l’instar du jazz ou du reggae, répond leur nom) de tonneaux destinés à achemi- d’une variation autour du « Ka », accompagné par sa vertu de résistance à une philosophie ner les salaisons. Ce tambour, symbole de par des musiciens de haute volée, Maryll de vie. Un art communicatif du bonheur ! ralliement et de résistance, servit à annoncer Abbas (accordéon et vocalises jazzées), M.C. des rassemblements clandestins, voire des Moïse Marie (chant, basse, percussions) révoltes contre les propriétaires de plantations, et Jony Lerond, alias Somnanbil, (chant, Concert donné le 20 avril au Fort Gibron, Correns. qui en sanctionnèrent l’usage… en vain ! percussions). Avec une belle complicité, On pourra entendre L’esprit du Gwo Ka lors des En 2014 le Gwo Ka est inscrit au Patrimoine cette formation talentueuse décline les sept Joutes de Printemps à Correns, le 20 mai (lire P 40) 62 au programme musiques bouches-du-rhône

Orchestre Philharmonique OSAMU

La fille du tambour major L’Odéon nous donne rendez-vous en Lom- bardie sous l’occupation autrichienne (1800) durant les campagnes napoléoniennes. Jeunes filles au couvent, amours contrariées, Irena Gulzarova © Ernest Kurtveliev reconnaissances, passages drolatiques, et

L’Orchestre Philharmonique de Marseille une conclusion où tout se finit bien, scellée Orchestre symphonique AMU © quitte les ors de l’Opéra pour la salle du Silo par des mariages. Une délicieuse opérette L’orchestre symphonique dont s’est dotée en un programme comprenant trois grandes d’Offenbach menée avec entrain par Guy l’Université d’Aix-Marseille en 2015 (OSAMU) pièces, L’Apprenti sorcier de Paul Dukas Condette dans une mise en scène de Jack est non seulement une initiative originale en (qui ne connaît la version de Fantasia ?), le Gervais. France, mais sait aussi faire preuve d’une Concerto pour piano (Irena Gulzarova) grande qualité, en recrutant étudiants et et orchestre n°5 en fa majeur op. 103, dit membres du personnel de l’AMU au meil- « Égyptien » de Camille Saint-Saëns, et leur niveau. On aura le plaisir de l’entendre Le Tricorne de Manuel de Falla avec la sous la direction du jeune et talentueux chef, mezzo-soprano Marie-Ange Todorovitch. Sébastien Boin au parc de Bagatelle dans Le tout sous la direction précise et enlevée le cadre de son Festival de Musiques. de Lawrence Foster. 14 juin 17 mai Parc de Bagatelle, Marseille Silo, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com 04 91 55 11 10 / 04 91 55 20 43 Jennifer Michel © Arnaud Hervé opera.marseille.fr 26 & 27 mai Odéon, Marseille 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr Sortir au jour Ernani 22 & 23 JUIN 29 JUIN 30 JUIN LES NUITS FLAMENCAS UN BREAK à MOZART 1.1 HUGH COLTMAN Cendrillon KADER ATTOU / — ACCRORAP — ORCHESTRE DES ™ ÉLYSéES Les versions du conte sont multiples. Le Ballet JESúS CARMONA THE GREAT AMERICAN de l’Opéra Grand Avignon reprend l’histoire MARíA PAGéS SONG BOOK de Cendrillon dans une chorégraphie d’Éric 0 18 Belaud, sur la musique de Sergueï Prokofiev, 2

© Anne Loubet-MP2018 É dans les décors d’Emmanuelle Favre. Le T

merveilleux, la magie, conduisent le récit, où Création Musicatreize 2018 en coproduction É SCÈNE NATIONALE l’adresse de la jeune fille et les pouvoirs de la avec MP2018 « Quel amour ! », l’oratorio fée surmontent tous les obstacles… a capella de Zad Moultaka, Sortir au jour, s’inspire du Livre des morts égyptien, et Francesco Meli © X DR 1er & 2 juin connaît deux versions possibles : un concert L’opéra de Verdi, inspiré du drame roman- Odéon, Marseille participatif avec des chœurs amateurs (l’in-

tique de Victor Hugo nous entraîne dans 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr vitation est lancée !) ou un concert à 16 voix E l’enchevêtrement d’intrigues à l’issue tragique. solistes et bande. La première version sera R T Elvira (Hui He), aimée d’Ernani (Francesco jouée à l’Abbaye de Silvacane, la seconde CHÂTEAUVALLON Â É Meli) est promise à Silva (Alexander Vino- dans l’écrin de la salle Musicatreize. A H gradov) qui ourdit une conspiration contre M P H I T Don Carlo (Ludivic Tézier), futur Charles 20 mai Quint… grandeur, reconnaissance, terrible Abbaye de Silvacane, La Roque d’Anthéron 6 & 7 JUILLET 20 & 21 JUILLET 27 & 28 JUILLET vengeance… dans une mise en scène de abbaye-silvacane.com ALEATORIO LE TRIOMPHE DE L’AMOUR GOLDEN DAYS Jean-Louis Grinda, sous la houlette de Sous la présidence de S.A.R la Princesse de Hanovre Lawrence Foster. 22 mai MARIVAUX ATERBALLETTO Salle Musicatreize, Marseille LES BALLETS MISE EN SCÈNE DENIS PODALYDÈS Johan Inger 04 91 00 91 31 musicatreize.org 6 au 16 juin DE MONTE-CARLO Opéra de Marseille Jean-Christophe Maillot 04 91 55 11 10 / 04 91 55 20 43 opera.marseille.fr T. 04 94 22 02 02 CHâteauvallon.com 63

Salut Salon

Quatre mains pour un clavecin Nuits de l’âme Rareté que celle d’un programme à quatre Dans le cadre des Mercredis du Conser- mains pour un clavecin, les œuvres du réper- vatoire, le théâtre La Colonne accueille toire n’abondent guère… Jean-Marc Aymes une soirée d’une intense poésie, grâce au et son élève, Yukari Ishikawa, claveciniste pianiste Bruno Rigutto (lauréat entre accomplie, interpréteront de petits bijoux, autres du concours Tchaïkovski 1966) qui depuis des œuvres du jeune Mozart, à celles © Thorsten Wingenfelder interprètera les Nocturnes de Chopin. Pour de Jacques Duphly ou Pancrace Royer. Un La virtuosité espiègle des musiciennes rend compléter l’atmosphère des soirées de Nohant, rendez-vous précieux ! ce quatuor incontournable, avec Angelika l’auteur et comédien Jean-Yves Clément Bachmann ou Rahel Rilling (violon), Iris lira quelques-uns de ses poèmes écrits en Siegfried ou Meta Hüper (violon et chant), l’honneur du compositeur. Anne-Monika von Twardowski ou Olga Shkrygunova (piano), Sonja Lena Schmid ou Frederike Dany (violoncelle). Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns côtoie avec humour des chants issus du folklore, un air de tango, une musique de film, tandis que des sketches désopilants tissent l’architecture de l’ensemble. Irrésistible ! Jean-Marc Aymes © Eric Bourillon Jean-Marc Aymes Bruno Rigutto © X DR

1er juin 29 mai 23 mai Salle Musicatreize, Marseille Théâtre des Salins, Martigues Théâtre de la Colonne, Miramas 04 91 90 93 75 musicatreize.org 04 42 49 02 00 les-salins.net 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr

22 & 23 JUIN 29 JUIN 30 JUIN LES NUITS FLAMENCAS UN BREAK à MOZART 1.1 HUGH COLTMAN JESúS CARMONA KADER ATTOU / — ACCRORAP — ORCHESTRE DES ™ ÉLYSéES THE GREAT AMERICAN MARíA PAGéS SONG BOOK 0 18 2 É T

É SCÈNE NATIONALE

E R

T CHÂTEAUVALLON Â É A H M P H I T 6 & 7 JUILLET 20 & 21 JUILLET 27 & 28 JUILLET ALEATORIO LE TRIOMPHE DE L’AMOUR GOLDEN DAYS Sous la présidence de S.A.R la Princesse de Hanovre MARIVAUX ATERBALLETTO LES BALLETS MISE EN SCÈNE DENIS PODALYDÈS Johan Inger DE MONTE-CARLO Jean-Christophe Maillot

T. 04 94 22 02 02 CHâteauvallon.com 64 au programme musiques vaucluse var alpes maritimes gard hérault

La Traviata

Ensemble C Barré Vincent Courtois Poésie de Federico García Lorca, musi- Artiste associé au théâtre de Nîmes, le com- ciens masqués, embarquement pour le rêve positeur violoncelliste Vincent Courtois assuré avec l’Ensemble C Barré, dirigé par prend pour base de son travail de recherche La Sébastien Boin, dans une mise en scène Tosca de Puccini et reprend, sous le titre Les onirique de Pablo Volo. Ce délicat opéra de Démons de la Tosca, le thème du démon de la chambre pour baryton-basse s’enveloppe création artistique. Traversée collective, avec d’électronique, d’élans, de retours, en un rêve saxophone, basse électrique, piano, batterie, éveillé envoûtant. « El Niño Lorca », éternel- voix, violoncelle, pour une pièce musicale lement émerveillé de la beauté du monde. d’une époustouflante liberté novatrice. Maria Teresa Leva © X DR Maria Teresa

La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils a inspiré à Verdi l’un de ses plus beaux opéras, La Traviata. Les amours impossibles de Violetta (Maria Teresa Leva) avec le beau, mais influençable Alfredo Germont (Davide Giusti) seront mis en scène par Stefano Mazzonis di Pralafera et dirigés © Andrea Graziosi par Samuel Jean, à la tête de l’Orchestre 1er juin © Christophe Charpenel Auditorium Jean Moulin, Le Thor Régional Avignon-Provence. 04 90 33 96 80 auditoriumjeanmoulin.com 29 mai Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 8 & 10 juin 04 66 36 65 10 theatredenimes.com Opéra Confluence, Avignon 04 90 14 26 00 operagrandavignon.fr

Un Barbier Inspiré de l’opéra-bouffe Il Barbiere di Siviglia, Nabucco mais adapté à un jeune public, en insistant sur Nabucco Politique et jalousie amoureuse s’entremêlent l’aspect de comédie, Un Barbier est adapté L’opéra de Verdi, inspiré du drame d’Au- inextricablement dans la partition de Verdi. avec jubilation par Gilles Rico et mis en scène guste Anicet-Bourgeois et de Francis Cornu, Nabucco, chef d’œuvre du compositeur, par Damien Robert. L’œuvre enjouée de Nabuchodonosor, évoque l’épisode biblique évoque un épisode de l’ancien testament, mais Rossini fait renaître les personnages de Rosine de l’esclavage des Hébreux à Babylone. Les rappela à ses contemporains leur situation, (Valentine Lemercier), Figaro (Mathieu Milanais, subissant l’occupation autrichienne sous le joug de l’occupation autrichienne. Gardon), Almaviva (Pierre-Emmanuel s’identifièrent au fameux chœur des esclaves, Ce bijou du répertoire lyrique sera dirigé par Roubet), Bartolo (Thibault De Damas), Va pensiero… On pourra l’applaudir deux Michael Schønwandt, dans une mise en Basile (Olivier Dejean) sous la houlette fois, avec la même distribution à Nice et à scène de John Fulljames. d’Adrien Perruchon. Toulon, où les orchestres et chœurs « maison » seront dirigés respectivement par György G.Ráth et Jurjen Hempel.

3 au 6 juin Opéra, Toulon 04 94 92 70 78 operadetoulon.fr

18 au 24 mai Opéra, Nice 04 92 17 40 79 opera-nice.org Valentine Lemercier © X DR Valentine 19 mai Opéra Confluence, Avignon 04 90 14 26 00 operagrandavignon.fr Giovanni Meoni © X DR 15 au 20 mai Opéra, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr au programme musiques bouches-du-rhône gard 65

Le Banquet des sources Ruben Paz y su Chévéréfusion

Paolo Fresu, Omar Sosa, Trilok Gurtu Le trompettiste sarde, le pianiste cubain et le percussionniste indien sont trois des plus talentueux musiciens de la scène jazz actuelle. Le concert qui les réunit pour clore la saison jazz du GTP s’annonce des plus colorés, leur goût commun pour les expériences musicales

les plus variées créant une fusion qui « nous Ruben Paz © Fred Reggalover emporte dans une transe hypnotique d’un Avec Ruben Paz et son groupe Chévé- Bruno Allary © Muriel Despiau genre nouveau ». réfusion composé d’une dizaine de musi- Joué une première (et seule) fois lors de l’ex- ciens, c’est Salsa para todos ! Le flûtiste et position Le Banquet - De Marseille à Rome il saxophoniste cubain, qui a fait de Marseille y a un an, Le Banquet des sources a depuis son port d’adoption depuis 1998, mêle à la été retravaillé par Bruno Allary, Nathalie musique afro-cubaine de ses origines des Négro et Sylvie Paz lors de résidences de sons jazz et word qui font danser. Du groove création à La Cité de la Musique. Les sons envoûtant de la cumbia aux rythmes affolants des guitares, du saz, du piano et des percus- de l’afrobeat, vamos a bailar ! sions se rejoignent dans des compositions

qui font voyager des rythmes des Balkans © Elio Guidi 9 juin aux Gymnopédies de Satie. 18 mai Cour de l’école Igor Mitoraj, Cornillon-Confoux GTP, Aix-en-Provence 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr 08 2013 2013 lestheatres.net 18 mai Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com alt-J Frédéric Fromet Trio Les auditeurs de France Inter connaissent Yann Cléry Frédéric Fromet, il chante l’actualité, version caustique, à la guitare, dans l’émission Par Jupiter tous les vendredis. S’il dit ne rien prendre au sérieux, c’est néanmoins très sérieusement qu’il concocte ses textes per- cutants et bourrés d’humour et de seconds degrés. L’accordéon de François Marnier © X DR et la contrebasse de Rémy Chatton com- En 2012, les Britanniques ont immédiatement plètent le trio. connu le succès avec An Awesome Wave, œuvre pop follement tarabiscotée. Séparé après leur deuxième album mais pas fâché,

© Cyril Gabbero le trio s’est reconstitué pour Relaxer (nouvel Dans son dernier album Motozot (moi, toi album à paraître le 2 juin chez PIAS). La for- et vous en créole guyanais), le compositeur, mule, mélange de rock cowboy, d’avant folk chanteur et flûtiste mêle à des rythmes blues, climatique et d’électro bricolo est toujours funk et rock les sons des tambours de la tradi- aussi atypique et d’ailleurs Joe Newman (et tion guyanaise, issus notamment de la culture sa voix hors-normes), Gus Unger-Hamilton bushinengué (du nom des « Nègres marrons » et Thom Green n’ont rien changé à leurs de Guyane, esclaves qui prirent la fuite au © Sandra Sanji habitudes de composition et d’enregistrement. temps de l’esclavage). Il est accompagné par 24 mai Les fans ne seront pas déçus. Sonny Troupé à la batterie, Boris Kulenovic Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 à la basse, Karim Attoumane à la guitare, theatre-semaphore-portdebouc.com 15 mai Jean-Emmanuel Fatna aux percussions Dock des Suds, Marseille et du DJ Charly Sy. 04 91 99 00 00 dock-des-suds.org

19 mai 16 mai Cité de la Musique, Marseille La Paloma, Nîmes 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com 04 11 94 00 10 paloma-nimes.fr 66 au programme musiques bouches-du-rhône gard vaucluse hérault

South Vintage Festival Yeah !

Dominique A Depuis 25 ans, il est une des figures tuté- laires de la pop française, qui a littéralement enfanté une nouvelle génération d’artistes, de Katerine à Barbara Carlotti. Mais l’auteur du Twenty-Two Bar n’en a jamais fini avec

les dilemmes qui fondent son identité de Kokoko ! © X DR musicien. Ainsi cette année sont sortis deux Le festival vauclusien créé par Laurent Garnier albums développant ses deux inclinations & co propose une vision à 360° de la musique

© X DR. contradictoires : Toute Latitude fraie avec actuelle. Au delà de la pop de Girls in Hawaii, Rendez-vous atypique et festif pour le weekend l’électricité tandis que La Fragilité développe de la techno planante de Rone ou de l’électro de Pentecôte. L’équipe marseillaise de Ze Bour- un côté plus intimiste. Les deux nourrissent déglinguée d’Aufgang, on sera sensible geoiZ prend la main sur le festival familial au son live conçu lors d’une première à La Phil- au live du récemment césarisé Arnaud Moulin de l’Arc. Sur deux scènes pendant trois harmonie de Paris mi-avril. Rebotini (pour 360 battements par minute jours, la programmation placée sous le signe de Robin Campillo) au récital post-classique du voyage mêle figures populaires comme de Vacarme (les violonistes Carla Pallone, Dick Rivers avec des rockers underground Christelle Lassort et le violoncelliste Gaspar talentueux (le Portugais The Legendary Claus) ou au retour dans l’arène des sons Tigerman) et d’énergiques groupes régio- afro avec le punk funk insensé des Zaïrois naux : Rodéo Spaghetti, Cowboys From de Kokoko ! ou le rap-électro de Thsegue. Outerspace ou PorCaPiZZa SHoW. Un espace exposants et un volet animation pour 1er au 3 juin petits et grands est aussi prévu. Château et autres lieux, Lourmarin

© Jean-Baptiste Millot festivalyeah.fr 19 au 21 mai 18 mai Les Passagers du Zinc, Avignon Domaine du Moulin de l’Arc, Trets 04 90 89 45 49. passagersduzinc.com 09 87 32 35 37 southvintagefestival.com 26 avril This is Not A Love Song Rockstore, Montpellier 04 67 06 80 00 rockstore.fr Thérapie TAXI

La Mossa Lilia Ruocco, Aude Marchand, Emma- nuelle Ader, Gabrielle Gonin, Sara Giom- metti et Mélissa Zantman ont créé en 2015 cet ensemble polyphonique entièrement © X DR Mike Milosh © Genevieve Medow Jenkins féminin dédié aux musiques du monde. De Hit Sale fait partie de ces plaisirs coupables l’Italie au Brésil, en passant par l’Albanie, la Belles têtes d’affiches pop-rock pour le festival qu’on avoue volontiers. Un rap-pop sexy/ Finlande, la Réunion et l’Occitanie, les voix gardois, désormais bien installé dans le pay- déluré clairement modelé par des experts en s’emparent de la profondeur des chants tra- sage national : Phoenix, Beck, The Jesus & refrains accrocheurs qui empruntent autant ditionnels et l’incarnent comme l’évoque Mary Chain, Sparks… Sont attendus en lives à la chanson sentimentale qu’aux hymnes en leur nom, avec une “mossa”, en roulant des la pop asymétrique de Deerhunter, la lounge plastique des années 80. Simulacre d’affron- hanches tel qu’on le fait à Naples. Organisée ouatée de Rhye et de son troublant chanteur tement féminin/masculin (Salop(e)), le jeune par Garance, une jolie boucle dans le départe- androgyne Mike Milosh, la séduisante soul duo Adélaïde/Raphaël déploie une tension ment pour faire voleter ces voix au grand air. hagarde de Nick Hakim, le rock hardcore du sexuelle sous-jacente, post moderne et assez stakhanoviste californien Ty Segall, la country drôle, sur fond de mix acidulé un rien futile dans folk classieuse de Father John Misty... Une Le 28 mai à Morières-les-Avignon (Espace Folard), lequel la bonne variété (oui, ça existe) va puiser le 29 mai à Maubec (Salle des Fêtes) belle réserve de gourmandises pour les fans inlassablement pour renaître de ses cendres. le 30 mai à Cavaillon (Place de la Révolution), de nouvelles tendances musicales. le 31 mai à Caumont (Jardin Romain), er 25 mai le 1 juin à Gadagne (Parvis de l’Arbousière) 1er au 3 juin Le Cargo, Arles et le 2 juin à Bonnieux (Boulodrome). La Paloma, Nîmes 04 90 49 55 99 cargodenuit.com lagarance.com 04 11 94 00 10 thisisnotalovesong.fr Sans titre-3 1 27/04/2018 14:53

7 - 10 JUIN 2018 MARSEILLE

CAMILLE • POLO & PAN L’IMPÉRATRICE • TÉMÉ TAN • DAEDELUS DANTON EEPROM LIVE ! BAND ! • MONDKOPF HOLLYDAYS • JEAN TONIQUE JOHAN PAPACONSTANTINO

THÉÂTRE SILVAIN MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE MARSEILLE [MAC] CROISIÈRE ÉLECTRONIQUE

LEDITION-FESTIVAL.FR ©Elodie Lascar - Mise en page ©Marie Masi ©Elodie Lascar - Mise en page ©Marie 68 au programme spectacles bouches-du-rhône var

Bouvard et Pécuchet Les parisiens

Yvonne princesse de Bourgogne Après « Les liaisons dangereuses sur ter- rain multisports », voici « Yvonne, princesse de Bourgogne sur château-toboggan » ! Édith Amsellem cherche, depuis 2011, © Christophe Raynaud de Lage

© Enguerrand en confrontant le théâtre aux lieux décalés Adapté de son roman éponyme sorti en 2016 C’est dans des costumes réalisés par Macha et à l’aléatoire, l’endroit « where the magic chez Actes Sud, la pièce d’Olivier Py décrit, Makeïeff que Jérôme Deschamps et Micha happens ». Pour son adaptation du texte en 4h30, dans un tourbillon d’intrigues, de Lescot interprètent les deux greffiers-copistes, de Witold Gombrowicz, c’est au Parc de la grandes tirades, de dialogues philosophiques, imaginés par Gustave Flaubert comme Colline Puget que sont convoqués la magie, et de sexualité débordante, toute une humanité deux escargots frénétiques sur le chemin la princesse, et « la cruauté nue, l’égoïsme à la fois misérable et flamboyante de politiques, de croix de leur vanité. Une épopée de la infantile et la perversité polymorphe ». À artistes, courtisan(e)s, prostitué(e)s, homos, bêtise humaine très méchante et très drôle, partir de 13 ans. hétéros, transexuels en quête de leur propre actualisée par quelques touches personnelles vérité. Une comédie lyrique et corrosive. de Jérôme Deschamps, également metteur en scène de cette farce au « burlesque triste ». 26 & 27 mai À partir de 12 ans. Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net 15 au 19 mai La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com

13 mai Happy Hour Théâtre de l’Olivier, Istres © JM COUBART 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr 31 mai & 1er Juin Parc de la Colline Puget, Marseille 22 au 26 mai 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

29 et 30 mai Théâtre Liberté, Toulon La maladie de la mort 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr Du non-amour dans une chambre d’hôtel au bord de la mer. Librement adapté du roman de Marguerite Duras, un spectacle de cinéma en direct mis en scène par Katie Mitchell, Frères avec Laetitia Dosch, Nick Fletcher et Irène

Du théâtre et théâtre d’objet proposé par la Jacob. Une exploration du vide existentiel, © Alice Piemme Cie Les Maladroits, qui se penche avec de l’absence d’émotion entre un homme Deux danseurs italiens, Mauro Pacca- humour et sensibilité sur les vies, liées à la et une femme, de l’intimité, du genre, de gnella et Alessandro Bernardeschi qui guerre d’Espagne et à l’exil en France, d’An- la pornographie et du sexe. Un des textes se connaissent depuis 20 ans, jouent de leur tonio, Angel et Dolorès. Par l’intermédiaire parmi les plus implacables et dérangeants proximité amicale et physique pour partager de bibelots, jouets, cartes postales, tasses de de Marguerite Duras. avec le public, pendant cet Happy Hour où un café, santons, crucifix, les petits-fils d’Angel Spectacle déconseillé aux moins de 18 ans. danseur en vaut deux, quelques tranches mou- se réapproprient un passé disparu, ressus- vementées de leurs expériences communes. citent les héros et les défaites, les espoirs et Le tout en huit tableaux, où s’entremêlent les douleurs, et transmettent le goût de la plumes, perruques, déhanchements comiques, jeunesse et des utopies. À partir de 11 ans. entrechats, réalités et fictions.

17 et 18 mai 12 au 16 juin La Criée, Marseille Les Bernardines, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com 08 2013 2013 lestheatres.net © Stephen Cummiskey

15 & 17 mai Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net 69

Plateaux ouverts/ Sorties d’ateliers

Jeunesse en mai Tout le monde aime Sous-titrées « Écrire et jouer l’amour », ce sont les super-héros deux journées et deux soirées de présentation Sirènes & midi net, le rituel urbain de Lieux du travail mené pendant toute la saison, sur le Publics sur le parvis de l’Opéra de Marseille, thème de l’amour, par le Théâtre de la Joliette, s’enrichit d’un mystérieux nouvel opus. Un dans trois lycées (Montgrand, Victor Hugo, accusé, pas de juge, pas de jurés, mais une Saint-Exupéry) et deux collèges partenaires foule en colère... qui ne sait même pas pourquoi

(Izzo, Vieux-Port). Accompagnés par 5 auteurs Lamoulere D’où venons nous © Yohanne elle l’est. La Mondiale Générale présente et 8 artistes intervenants, collégiens et lycéens Sept soirées pour témoigner de la vitalité des sa création 2018 sous forme de spectacle-ins- donneront à voir en public leurs visions de ateliers artistiques conduits tout au long de tallation. En recourant comme précédemment l’amour. l’année par les artistes proches de la scène aux bastaings, courtes poutres de bois, la nationale de Marseille. Tout un programme spécialité du circassien Alexandre Denis. qui sera inauguré, le mercredi 30 à 19h, par Stimmlos d’Arthur Perole, chorégraphie liée au romantisme de Wagner et de Baudelaire, 6 juin Lieux publics, Marseille revisitée par un groupe de seniors accom- 04 91 03 81 28 lieuxpublics.com pagnés de jeunes interprètes de la CieF.

30 mai au 6 juin Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org © SIGRUN SAUERZAPFE - MP2018 18 & 19 mai PompierS Théâtre Joliette, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr La Töy Party Sortie de résidence pour le Détachement international du Muerto Coco, à la Cité des arts de la rue. Avec une obsession, le L’amour en (courtes) pièces jouet pour enfant, et plus précisément le jouet 5 textes commandés par le Théâtre de la Joliette électronique (du clavier au pingouin à piles), à 5 auteur.e.s sur le thème de l’amour donnent ses artistes bâtissent un monde. L’objectif lieu à 5 petites formes courtes, constituées de avoué est de refaire le chemin de l’enfance duos et trios, mis en scène par 4 metteur.e.s à l’adolescence puis à l’âge adulte, « mais de en scène, qui seront jouées par 6 interprètes. manière plus libre cette fois ». Prémisses de l’amour, drame shakespearien, La création de Töy Party aura lieu dans le origine de l’humanité, roadmovie déjanté, cadre du Festival Tendance Clown. rupture ancienne qui resurgit.. Rendez-vous en journée sur un parcours déambulatoire © Gilbert Scotti dans les divers lieux du J5/ArchiCulturel, Imaginé à partir d’un fait divers sordide large- 24 mai Lieux publics, Marseille et en soirée au théâtre. ment commenté : l’histoire d’une amoureuse 04 91 03 81 28 lieuxpublics.com transie, fascinée par un beau pompier, pompier 26 mai qui après s’être satisfait, la jettera en pâture Théâtre Joliette, Marseille à ses copains de caserne. Un texte écrit par 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr Jean-Benoît Patricot qui sonde l’abus, le consentement, le désir, le mépris, l’amour. Un huis clos où se joue « une lutte sans merci entre le machisme calculateur et l’amour pur et total ».

22 mai Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr 70 au programme spectacles bouches-du-rhône

Cabanes

Culotte et crottes de nez La noche flamenca Michel et Michelle apprennent à vivre Maria Pérez et son Centre Solea rallient le ensemble. Cela implique des compromis, Théâtre Nono pour une nuit-kaléidoscope parfois des disputes, mais il faut reconnaître consacrée au flamenco. La star en sera sa que quand on est deux les orages font moins fille Ana, accompagnée de la crème des peur. La Compagnie du Dagor s’inspire de danseurs sévillans. Musique, danse et repas

l’œuvre de jeunesse d’Alan Mets, faite selon © Sylvie Girond à l’espagnole, avec tapas, tortillas et vins son éditeur (L’École des Loisirs) « d’aventure À l’heure où l’on détruit sans pitié celles andalous... une bonne façon de célébrer cette et de mystère, de pirates et de baleines, de des zadistes de Notre-Dame des Landes, expression populaire immémoriale, inscrite rêverie et d’humour, de personnages loufoques le pouvoir évocateur des cabanes a touché depuis 2010 au patrimoine immatériel de et tendres ». Du théâtre sans paroles destiné Sylvie Giron. La danseuse et chorégraphe a l’humanité par l’Unesco. aux 5 ans et plus. centré sa nouvelle création autour de cet abri de bric et de broc « où tout est possible ». Chloé 26 mai D’Aniello et Jazz Barbé l’accompagnent Théâtre Nono, Marseille sur scène lors d’une « parenthèse onirique 04 91 75 64 59 theatre-nono.com pour petits et grands bâtisseurs ».

29 mai Klap Maison pour la Danse, Marseille Scène Ouverte 04 96 11 11 20 kelemenis.fr Le Théâtre Nono ouvre sa scène aux artistes de tout poil, qu’ils soient acteurs, metteurs

© Thiérry Laporte en scène, chanteurs, danseurs, musiciens, ou 26 mai encore plasticiens. Ne pouvant répondre à Théâtre Massalia, Marseille Danser avec Nusrat / Faire feu toutes les sollicitations dont elle fait l’objet 04 95 04 95 75 theatremassalia.com pour présenter leur travail au public ou aux professionnels afin d’en assurer la promotion, la structure les accueillera ponctuellement lors de Scènes Ouvertes, succession de formats Week-end de clôture courts, dont voilà la première édition Le Massalia a ouvert sa saison 2017-2018 par un anniversaire, en fêtant joyeusement ses 30 ans. Mais comme on ne célèbre jamais assez les bonnes choses, rebelote ! Le dernier week-end de mai sera l’occasion de boucler sa programmation avec les fidèles du théâtre. L’auteure Claire Rengade dévoilera notam- Faire Feu © M.Barret-Pigache ment sa revue numérique constituée tout au Le même jour, Thomas Lebrun et Michel long de l’année, tandis que Catherine Ger- Kelemenis présenteront leurs pièces réalisées main donnera une « simple conférence » pour avec les jeunes interprètes de la formation enfants et parents, sur son métier de clown. Colline (Istres). L’un et l’autre se sont gorgés de leur énergie, de leur vitalité, de leur capacité à s’embraser. Si le premier fait appel à la musique spirituelle de Nusrat Fateh Ali Khan, le second cherche ardemment à disparaître dans le geste qui s’efface.

12 juin Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr Le Gros SAbordage © Hervé Tartarin

26 & 27 mai

Théâtre Massalia, Marseille © Jeanne Lois 04 95 04 95 75 theatremassalia.com 2 juin Théâtre Nono, Marseille 04 91 75 64 59 theatre-nono.com 71

Dingo Dingue Stadium

What do you think? Entre littérature et danse, dans la suite du spectacle Vers un protocole de conversation, Georges Appaix et sa Cie La Liseuse offrent un nouveau chapitre dans la pure ligne alphabétique d’une pensée dansée, d’un mouvement qui renvoie à une écriture

du monde, habité d’un humour décalé et © X DR d’une subtile sensibilité. Poursuivant son travail qui unit réalité et fiction,Mohamed El Khatib s’est attaché aux supporters du RC Lens, autoproclamés « meilleur public de France ». Témoignages sur le foot, mais aussi sur la vie, extrais filmés, enregistrés, réécrits, un spectacle-perfor- mance auquel participent 53 supporters… Monumental et unique ! © Richard Patatut

« La folie est un long poème qui se conserve 8 & 9 juin au frais » ! Lacan, Bonnafé, Oury… la fine Bois de l’Aune, Aix-en-Provence © Elian Bachini fleur de la psychanalyse est convoquée par 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr Christian Mazzuchini mais aussi les poètes 29 & 30 mai Bois de l’Aune, Aix-en-Provence comme Tarkos, Bellier, envahissent la scène 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr derrière les plumes d’indien de l’acteur, prolixe, brillant, intarissable, amoureux des mots, Rice en un spectacle jubilatoire et profond. (lire journalzibeline.fr) Finir en beauté 15 & 16 mai Le BLA convie Mohamed El Khatib pour les Bois de l’Aune, Aix-en-Provence dernières représentations de Finir en beauté. 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr Pièce, ovni théâtral, confidence intime, mono- logue sensible, dans lequel l’acteur, metteur en scène, dramaturge, évoque la mort de sa mère, son deuil, et l’environnement admi- Infidèles nistratif kafkaïen qui entoure de procédures insupportables ce moment terrible. © LIU Chen-hsiang Le Cloud Gate dance Theatre of Taiwan nous entraîne dans un voyage époustouflant au cœur d’une Asie magnifiée dans une cho- régraphie influencée par les arts martiaux. Lin Hwaï-min s’inspire du cycle de la vie du riz, imprègne ses 24 danseurs de l’univers des villageois. Les éléments envahissent un plateau végétal où évolue la troupe avec un Un été avec Monika d’Ingmar Bergman, 1953

© talent poétique rare. Il n’est guère plus besoin de présenter la compagnie tg STAN / De Roovers, fidèle 15 & 16 mai du Bois de l’Aune, qui revient avec un bel Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence hommage à Bergman, qui aurait eu 100 ans 08 2013 2013 lestheatres.net cette année. C’est à son œuvre d’écriture que s’attache cette troupe inventive, qui joue entre mots et aspects visuels avec une délicate élégance. © Anthony Anciaux - Fonds Porosus

24 & 25 mai 31 mai & 1er juin Bois de l’Aune, Aix-en-Provence Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr 72 au programme spectacles bouches-du-rhône

Du chœur à l’ouvrage Roméo et Juliette

Distancias paralelaS C’est l’Espagne entière qui débarque au Pavillon Noir grâce au duo chorégraphié et dansé par deux artistes hors pair, Antonio Pérez et David Sánchez. Du flamenco au contemporain, toutes les danses y passent,

© Christophe Raynaud de Lage classique de la Escuela Bolera, langage de © X DR L’opéra pour voix d’enfants, coréalisé avec la danza estilizada, castagnettes et « furia Libre interprétation de l’oeuvre de William le Festival International d’Art Lyrique d’Aix- latina »… La danse se glisse avec une virtuose Shakespeare, la pièce de la Cie Le Mille- en-Provence, conçu et mis en scène par Ben- élégance dans tous les registres. Une « danza Feuille se situe en un temps où la science est jamin Dupé sur un livret original de Marie española » sublimée. parvenue à maîtriser la dimension émotionnelle Desplechin, est une perpétuelle nouvelle des êtres humains... et donc leur propension création puisqu’il s’appuie sur les chœurs à tomber amoureux. Via une scénographie d’enfants liés à chaque salle de spectacle. kaléidoscopique, l’usage de marionnettes, Un petit bijou d’intelligence et de fraîcheur. de miroirs déformants et de masques de cire, (lire journalzibeline.fr) elle évoque des individus « pris dans la toile d’une société vouée au culte de l’image » ; 13 & 14 mai qui est déjà la nôtre. Grand Théâtre de Provence, À partir de 10 ans. Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net 15 mai Théâtre Fontblanche, Vitrolles © X-DR 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr 25 & 28 mai Pavillon Noir, Aix-en-Provence Chotto Desh 04 42 93 48 14 preljocaj.org El Niño Lorca

Ce que le jour doit à la nuit La saison voyageuse de Velaux se referme sur un petit bijou d’Hervé Koubi, inspiré du roman éponyme de Yasmina Khadra. Douze danseurs autodidactes s’emparent avec passion des langages issus de la danse © Richard Haughton contemporaine et africaine, du hip-hop, de Entre images animées, dessins, ombres la capoeira, pour un parcours qui revisite chinoises et danse, le solo Chotto Desh, adapté l’histoire, entre Orient et Occident. Un hymne de la pièce DESH, conduit les jeunes specta- dédié au mouvement. teurs sur les traces d’un jeune homme qui rêve Delattre © Jean-Yves de devenir danseur. Le récit semi-autobiogra- Il est mort en 1936, assassiné par les milices phique d’Akram Khan, entre Londres et le franquistes, mais quelque chose de ce brûlant Bengladesh, est porté par une danse virtuose poète a survécu, résistant à l’interdiction totale et singulière et prend des allures initiatiques. de ses écrits en Espagne sous le régime de Magie visuelle et sonore à partir de 7 ans. Franco. L’auteure et compositrice Christina Rosmini s’accompagne du guitariste Bruno 15 au 17 mai Caviglia pour un spectacle musical centré Pavillon Noir, Aix-en-Provence sur sa vie et son œuvre. Retrouvez notre 04 42 93 48 14 preljocaj.org © Didier Philispart critique enthousiaste de ce spectacle sur 2 juin journalzibeline.fr. 25 mai Espace Nova, Velaux Théâtre des Salins, Martigues 04 42 87 75 00 espacenova-velaux.com 04 42 49 02 01 les-salins.net 24 mai Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr 73

Olympe de Gouges...

Festi’ Pitchou Un soir chez Victor H. Le « rendez-vous des familles et des enfants » Sa fille Léopoldine, morte noyée dans la fleur de aura lieu comme chaque année à Vitrolles, au sa jeunesse, lui manquait tellement que Victor Parc de Fontblanche. Toute l’après-midi du 2 Hugo s’est laissé convaincre d’un dialogue juin se succéderont spectacles et ateliers. Dans possible avec les défunts, par la pratique la première catégorie, on citera notamment du spiritisme. Le poète en exil à Jersey a

Pierre et le loup, sous forme de conte dansé © X DR tenu chronique de ses séances, menées avec par la Cie Lalande, ou Dépêche-toi, de la Cie Trois splendides comédiennes (Laure Desser- un cercle de proches jusqu’à ce que l’un Clandestine, fruit d’une résidence au Théâtre tine, Catherine Swartenbroekx et Muriel des membres y mette fin par un coup de Massalia. Dans la seconde, une découverte de Tschaen) s’emparent de la figure féministe folie. La Cie Les 3 Sentiers s’empare des la gravure, une fresque collective, ou encore et révolutionnaire par excellence, Olympe procès-verbaux pour en faire un spectacle une initiation à la harpe. de Gouges. Guillotinée en 1793, celle qui a étonnant. rédigé la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ainsi que des écrits contre l’esclavage leur a inspiré une conférence à plusieurs voix. Parce que la figure de la femme de lettre est complexe, nuancée, autant que puissante et inspiratrice.

Olympe de Gouges, de l’intérêt d’ouvrir sa gueule, ou pas 24 mai Dépêche toi © Cie Clandestine Le Comoedia, Aubagne © X DR 2 juin 04 42 18 19 88 aubagne.fr 17 au 19 mai Théâtre Fontblanche, Vitrolles Les Salins, Martigues 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr 04 42 49 02 00 theatre-des-salins.fr

Les trois sœurs

Résistantes Les Arts de la Rue Stanislas Grassian met en scène l’histoire La commune de Charleval (13) organise d’une résistante, Liliane Armand, poursuivie la 6e édition de son Festival Les Arts de la par les nazis en 1944. Réfugiée dans une mai- Rue, au centre du village et sur la promenade son close, elle dût s’en remettre à la solidarité Adam de Craponne. Au programme, entiè- des pensionnaires. Une pièce qui a remporté rement gratuit, le cabaret-guinguette de la un franc succès au festival Off d’Avignon Cie Cirk’Mosphère (Cadenet) de 16h à 20h, en 2017, pour sa puissance évocatrice : en puis à 21h une démonstration de piano et partant d’un récit individuel - on entend la diva sur échasses (vous avez bien lu !) par voix de la vieille dame, enregistrée avant sa la Cie La Rumeur. mort - elle en arrive à sonder les rapports © Norbert Ghisoland entre conscience politique, préjugés sociaux, Suite à une résidence de création en 2017 Divers Lieux, Charleval et instinct de survie. au 3bisf (Aix-en-Provence), Danielle Bré 26 mai propose son adaptation d’Anton Tchekhov à 04 42 28 56 46 charleval-en-provence.org l’ère contemporaine, en invitant les spectateurs à « jouer aux Trois sœurs avec les quatre acteurs et le musicien présents sur le plateau ». Une façon pour elle de sonder les impasses d’une société frappée de morosité, en dressant le parallèle entre l’univers du dramaturge russe et le nôtre. © Xavier Cantat 16 mai 30 & 31 mai Le Comoedia, Aubagne La Distillerie, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr 04 42 18 19 88 aubagne.fr 74 au programme spectacles bouches-du-rhône var

J’habite une ville... Tartuffe Les quatre centres sociaux de Port-de-Bouc, ainsi que les collèges Frédéric Mistral et Paul Éluard, ont participé à la création de ce spectacle, réalisé à partir d’une collecte Rue de la bascule de témoignages d’habitants de la commune. Germain est depuis longtemps facteur dans L’objectif étant de « questionner son identité, le quartier d’une ville où toutes les maisons l’apport des différentes populations méditerra- se ressemblent et où tout le monde se néennes, la mixité, la mémoire mais aussi une connaît. Aussi, le jour où il trouve une lettre ville future, utopique, rêvée ou fantasmée ». sur laquelle figure un mystérieux destinataire et une adresse étrange, sa curiosité vire à © Olivier Dancy J’habite une ville, de la mémoire à l’utopie l’enquête générale ! Au cœur de son théâtre Tartuffe est un imposteur. Si Orgon se laisse 8 juin d’objets, Marina Le Guennec raconte et prendre à ses mensonges, il n’en est pas Le Sémaphore, Port-de-Bouc donne vie à cette communauté de curieux de même pour sa femme Elmire, rusée et 04 42 06 39 09 personnages… bien décidée à démontrer l’hypocrisie du theatre-semaphore-portdebouc.com personnage. Dans la mise en scène de Jean de Pange (Cie Astrov), le public entoure les protagonistes, témoin complice des joutes verbales qu’ils Alex Vizorek s’échangent et acteur du piège monté par est une œuvre d’art Elmire pour démasquer Tartuffe.

15 & 16 mai (à l’Usine) L’Olivier, Istres

© Marion Héry 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr 16 mai Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr

19 mai Works La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr

Immerstadje La dernière création d’Hamid Ben Mahi aborde la fougue et la folie de la jeunesse par le biais de ce mot inventé, qui ouvre grand les portes du rêve et du jeu ! Cinq interprètes se

© Mathieu Buyse parent de costumes et d’accessoires impro- Quel est le lien entre l’humour et l’art ? Alex bables pour traverser un monde de tous les Vizorek ! Le spectacle de l’humoriste belge, possibles, celui d’un imaginaire sans borne,

qui cultive la dérision, l’originalité et l’in- exaltant. Le chorégraphe ne cesse de casser Milena & Michael © EMANUEL GAT telligence, est hilarant et surréaliste : l’art les codes du hip hop pour les réinventer, loin Composé de quatre pièces, indépendantes moderne, la musique, la sculpture, le cinéma des clichés, enrichis de sa signature. mais cohérentes dans leur ensemble, Works sont prétextes à des questions existentielles est un programme spécialement conçu par le qui ne trouvent de réponses que dans d’ab- chorégraphe Emanuel Gat pour cette soirée surdes paradoxes désopilants. Et instructifs ! au Théâtre de l’Olivier. Une seule pièce de groupe, Couz, et trois duos, Milena & Michael, 18 mai Sara & Sunny, Genevieve & Karolina, qui Forum des Jeunes, Berre L’Étang reflètent son besoin de retour à l’essentiel, 04 42 10 23 60 forumdeberre.com « l’acte de danse », l’essence même du langage chorégraphique. 14 mai

Théâtre du Rocher, La Garde © JP Marcon 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr 25 mai 26 mai L’Olivier, Istres Théâtre de Fos 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse 75

Dad is dead – Manifeste

Malfoutus Les Vagues Ils sont cinq personnages mal foutus, qui vivent Sylvie Boutley adapte et met en scène ensemble en toute amitié dans un joyeux le roman de Virginia Woolf, l’histoire de six désordre : il y a un « troué », une « pliée », une amis, trois filles trois garçons, dont la vie « renversée », un « mou » et un « raté ». Tout se s’écoule de la petite enfance à la vieillesse. Un passe à merveille jusqu’à l’arrivée d’un sixième septième personnage, Perceval, reste invisible, larron, « parfait », qui va provoquer de dôles © Pierre PLANCHENAULT sa présence centrale étant le fil qui les relie de confrontations. Maréva Carassou donne Dans Dad is dead, sans cesser de pédaler tous. Cinq groupes de six acteurs figurent vie aux personnages de Béatrice Alemagna, autour d’une piste circulaire, et tout en les monologues intérieurs, ces « vagues » qui avec des marionnettes faites de bois flotté, effectuant des acrobaties invraisemblables, explorent autant le temps qui s’étire que les coquillages, plumes. Dès 6 ans. Arnaud Saury et Mathieu Despoisse voix intérieures qui se répondent. (Mathieu Ma Fille Foundation) conversent, Pièce présentée par le pôle théâtre du Conser- échangent sur le bien-fondé du militantisme, vatoire à Rayonnement Régional du Grand sur les mystères de l’identité sexuelle, sur les Avignon. contradictions qui nous habitent tous et les choix que l’on fait… Hilarant et pertinent ! Tout aussi bavard, Manifeste réunit A. Saury et Olivier Debelhoir pour un jeu d’équilibres sur cales qui les fait dépendre l’un de l’autre…

© X DR 15 & 16 mai © X-DR 30 mai Théâtre d’Arles 18 mai L’Olivier, Istres 04 90 52 51 51 theatre-arles.com 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr Théâtre des Halles, Avignon 04 90 85 52 57 theatredeshalles.com

Des Paradis My Ladies rock La chair et l’algorithme Après My Rock, Jean-Claude Gallotta livre Résolument ancrée dans le présent, la pièce sa playlist rock ultra-féminine, chorégraphiée de Jean-Louis Bauer, mise en scène par en hommage aux figures incandescentes Antoine Campo, décortique, jusqu’à l’anéan- passées et présentes de la scène internatio- tissement algorithmique, la vie d’une de nos nale –de Janis Joplin à PJ Harvey, en passant contemporaine, Jeanne, aliénée à son téléphone par Patti Smith et Marianne Faithfull, entre portable. Travail, famille, amis, amours, santé… autres-, patchwork énergique et émouvant de son monde se fait de plus en plus virtuel, pièces dansées par sa compagnie le Groupe jusqu’à l’installation d’une application sensée Émile Dubois, auxquelles se mêlent des lui faciliter la vie… Pièce programmée dans le images d’archives. cadre du Festival Sciences en Scène organisé © Martin Argyroglo par le Café des sciences d’Avignon. Après Des autres paradis, spectacle partagé avec des habitants d’Arles et des alentours, Kevin Jean propose sa dernière pièce, un trio qui interroge la notion d’insularité à partir des transformations que subissent les humains au sein d’une nature perpétuellement bouleversée. Avec Laurie Giordano et Bastien Lefèvre, qui complètent le trio, la danse révèle une coha- bitation faite de corps à corps, de peau à peau.

22 mai (au musée Départemental Arles Antique) Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com © Benoite Fanton © KFStudio 1er juin 31 mai L’Olivier, Istres Théâtre des Halles, Avignon 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr 04 90 85 52 57 theatredeshalles.com 76 au programme spectacles vaucluse alpes var

Les Nautilus

Les Terrains vagues La domination masculine Sur une île, une décharge, un terrain vague De la forme très particulière de domination où vivent quelques étranges personnes : une qu’est la domination masculine selon Pierre femme-maison, une petite fille trop à l’étroit Bourdieu, aux extraits de mythes et de contes dans sa chambre, un architecte fantôme, un kabyles analysés par Tassadit Yacine, Jeremy incendiaire… Chacun cherchera à s’éman- Beschon (collectif Manifeste Rien) tire un ciper des autres pour se construire. Pauline © Samuel Rubio spectacle qui « expose de manière ludique une Haudepin, du Groupe 43 de l’Ecole du Théâtre Écrite par Jean-Marie Piemme, à leur domination que l’on pense d’ordre naturel, National de Strasbourg, adapte très librement demande, pour les étudiants du master alors que celle-ci est d’ordre culturel ». Seule et met en scène le conte des frères Grimm, interprétation dramatique de l’Institut sur scène la comédienne Virginie Aimone Raiponce, dans le cadre des cartes blanches national supérieur des arts du spectacle et s’appuie sur cette riche matière pour mettre d’élèves proposées par Stanislas Nordey. des techniques de diffusion de la Fédération en relief la violence symbolique infligée aux Wallonie-Bruxelles, la pièce relate la vie d’un femmes jour après jour. groupe de jeunes activistes vivant en com- munauté. Entre les espoirs d’une société 16 & 17 mai nouvelle et les réalités de la vie, le collectif Théâtre Liberté, Toulon se structure pour envahir l’espace public. 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

25 & 26 mai 15 mai Théâtre de l’œuvre, Marseille La Garance, Cavaillon 04 91 90 17 20 theatre-œuvre.com 04 90 78 64 64 lagarance.com © Jean-Louis Fernandez 14 mai Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 lesdoms.eu Au point du jour Le Pays lointain Ultime pièce de Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain raconte le retour chez les siens, après une longue absence, « d’un homme jeune à Pourquoi Jessica a-t-elle l’heure de sa mort ». Il a à leur parler, leur dire quitté Brandon ? qu’il va mourir, mais n’en fera rien. Famille, La question amuse mais l’on n’en saura pas amis, amants seront de ce voyage introspectif beaucoup plus momentanément. Pour le et essentiel, dans les mots comme les silences, savoir il faudra suivre la reconstitution d’un que met en scène Clément Hervieu-Léger puzzle fou dont les pièces font appel à la avec une troupe, une « famille », de comédiens comédie, à la musique, s’apparente parfois à © SILEKS exceptionnels. une conférence, mais aussi et surtout à divers Comment faire en sorte que le petit déjeuner outils numériques (jeux vidéos, projections…). soit un moment exceptionnel dans votre jour- Le comédien Emmanuel De Candido et le née ? En répondant présent à l’invitation de musicien Pierre Solot brouillent les pistes la Cie Presque Siamoises qui se propose de entre réel et virtuel. vous le rendre spectaculaire ! Café, thé, tartines et autres viennoiseries vous seront servis par les deux acrobates contorsionnistes Flora Le Quémener et Sophie Ollvion, et leur facétieux factotum Vincent Hanotaux… Tout sera prétexte au plaisir, à la légèreté, à © Jean-Louis Fernandez l’extra ordinaire ! 25 & 26 mai Châteauvallon – scène nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com 19 & 20, 22 au 24 mai Théâtre La Passerelle, Gap

© Cie MAPS - P. Beheydt © Cie MAPS - P. 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu 29 mai Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 lesdoms.eu au programme spectacles var 77

La Fresque L’arrière boutique #7 Le Cabinet de Curiosités, en résidence au Théâtre du Rocher, propose de passer derrière le rideau, au cœur de la création où se Traité de la boule de cristal côtoient formes courtes et éclectiques : dans David Wahl est un conteur, un conférencier, L’arrière boutique, des propositions d’un soir, un inventeur, un historien ; bref, un artiste ! des présentations de travaux en cours, mêlent Dans ses récits, il convoque faits avérés, propos les expressions. Danse, musique, théâtre, de de savants et de fous, anecdotes et dates 18 à 23 h, pour découvrir la création régionale inscrites dans les ouvrages érudits. À l’écouter, et échanger avec les artistes. on part en voyage dans le temps, et la vérité prend des allures de fiction. Peut-être allons- 28 mai nous savoir enfin ce que nous réserve l’avenir ? Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 tandem83.com

© Jean-Claude Carbonne Sweet home... En évoquant un conte inspiré des récits Rita Burattini, échappée de l’Illustre chinois, Angelin Preljocaj entraine ses dix Famille Burattini campe un personnage interprètes dans une chorégraphie tout en aussi cynique que frustré, cruel et ridicule. Une finesse et sensualité : l’histoire d’un amour véritable sorcière qui fomente le projet de faire fantasmé, qui mêle merveilleusement le rêve fuir tous les habitants de son immeuble, pour et la réalité. Le chorégraphe dessine, avec les enfin pouvoir en profiter seule... Sa haine des pas des danseurs, les cheveux des femmes, autres la poussera à fomenter une stratégie

une histoire traditionnelle qui réveille nos © Philippe Savoir David Wahl entre farce et machiavélisme. Drôle et mordant. désirs et nos questions d’aujourd’hui. Sur Par le Théâtre de la Licorne. Tout public. 12 & 13 juin la musique de Nicolas Godin (groupe Air), Châteauvallon - Scène Nationale, Ollioules et dans les costumes d’Azzedine Alaïa. 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

30 mai au 2 juin Châteauvallon - Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com Images Venue de la scène internationale street dance, Antoinette Gomis propose une première J’ai des doutes création, consacrée à Nina Simone. Avec le © Christophe Loiseau Hommage en forme de création musicale « dansigneur » Laurent Verite, elle transforme Sweet home, sans états d’âme au grand poète à l’humour absurde qu’était les mots en gestes pour les malentendants, et 22 mai, Médiathèque, Le Muy Raymond Devos. François Morel assemble sa chorégraphie mêle hip hop, afro, free style, 23 mai, Salle des fêtes, Bargemon des textes du maître et se les approprie, avec danses traditionnelles de sa Guinée Bissau 24 mai, Centre d’animation, Figanières sa verve et son humour : de l’humour au d’origine. Alors les textes de Simone résonnent 25 mai, Salle polyvalente, Trans en Provence carré en quelque sorte ! Antoine Sahler dans sa peau et ses pas pour un plaidoyer 26 mai, Salle polyculturelle, Vidauban l’accompagne au piano. Aucun doute : ce adressé à toutes les femmes, à tous les Noirs. 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com sera un grand moment d’émotion et de rire.

7 au 9 juin Châteauvallon - Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com © Rabgui 15 juin Châteauvallon - Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com 78 au programme spectacles var alpes-maritimes

Rock’n chair Darius

D’un battement d’ailes Dans un aéroport, deux êtres se rencontrent. Un oisillon, tombé du nid, perdu. Une dame, tombée sur la tête, engagée l’esprit à l’envers dans la vie. Deux solitudes, au milieu des dangers, vont se comprendre et s’entraider. © Nina-Flore Hernandez Avec la complicité du Chat-Poubelle, pas très © Richebe La danse, appréhendée comme un jeu. Le beau, mais plein de ressources dans ce monde Il s’agit pour Paul (Pierre Cassignard), public est sur scène avec les quatre inter- de brutes à apprivoiser. Par la Cie Artefact. célèbre « nez », de créer des fragrances qui prètes. Le plateau est celui d’un jeu de société. rappellent ses meilleurs souvenirs à Darius, le On tire des cartes avec les règles à suivre : 30 mai fils malade de Clémentine Célarié. Anne « lent », « proche du public »,… Il y a aussi PJP, Le Revest les Eaux Bouvier adapte le roman de Jean-Benoît les cartes « action », et les jokers. Les Doors 0800 083 224 polejeunepublic.fr Patricot dans une mise en scène subtile et accompagnent le jeu au son. La CieF invente sensuelle. Les souvenirs se matérialisent à une danse ludique, qui s’élabore en direct, travers les odeurs et les mots, la rencontre dans un joyeux mélange de spontanéité et entre la mère et Paul éclot, et peut-être de création commune. À partir de 8 ans. Envol reprendront-ils goût à la vie. Dans un aéroport. Un homme, cabossé de la 22 mai vie, y passe ses jours et ses nuits depuis si 15 mai Salle Saint-Exupéry, Draguignan longtemps qu’il ne se souvient plus depuis Théâtre de Grasse 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com quand. Sa raison vacille. Il ramasse un oiseau 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com presque mort. Il le soigne. Il réapprend à vivre grâce à l’attention qu’il porte à ce mouchoir froissé. Les chiens policiers, les contrôles, L’Effet escargot les barrières, il saura les surmonter avec ce Là, maintenant, tout de suite… compagnon imaginaire. Et il retrouvera son intégrité. Une histoire de migrant racontée aux enfants avec la poésie de la Cie Artefact. Didier Landucci © Thibault Teychene L’art de se sortir de toutes les situations avec panache et humour… Quel atout ! Didier Landucci (Les Bonimenteurs), dans une vraie-fausse conférence, nous livre les clés de l’improvisation théâtrale. Quel que soit le © Manu Reyboz © X DR. sujet, il s’agit de trouver le personnage qui Du cirque qui fait numéro de tout bois, y com- 1er juin saura emporter l’assemblée, les mots qui font pris des planches de skis ! La Cie Kadavresky PJP, Le Revest les Eaux rire et rêver à ce que tout cela soit vrai. Et il met tout sur le plateau : les objets sont les 0800 083 224 polejeunepublic.fr assure que chacun en est capable ! accessoires, et la danse, la musique, le théâtre font le ciment des acrobaties. Jusqu’à ce qu’un Là, maintenant, tout de suite ; ou l’art d’improviser escargot traverse la piste et bouleverse tout ! 16 mai, Terrasse des Arts, Châteauneuf de Grasse 17 mai, Centre de loisirs des Aspres, Grasse 9 juin, Sillans la Cascade 18 mai, Salle polyvalente, Le Tignet 10 juin, Claviers 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com 16 juin, Les Arcs 17 juin, Chateaudouble 23 juin, Saint Antonin du Var 24 juin, La Motte 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com au programme spectacles alpes-maritimes gard hérault 79

Pierre et le loup

Poetry Event Los trabajos improductivos Dans Dialogues avec Rothko, elle avait déjà Sur scène, deux gangsters ayant purgé leur dialogué avec la peinture. Elle danse cette peine de prison, un comédien, et le metteur en fois dans et avec la poésie, la calligraphie. Les scène argentin Gerardo Naumann, jouant mots sont les siens. La légendaire danseuse son propre rôle. Théâtre documentaire, matière chorégraphe Carolyn Carlson offre une per- vivante, la pièce interroge les façons de faire, formance scénique qui élève le corps comme © Jean-Claude Carbone les savoir-faire. Ceux des voleurs, ceux du une sculpture en perpétuel mouvement, le La Cie (1) Promptu transpose cette pièce, comédien, ceux de l’auteur. Des façons d’être, verbe comme une danse de la pensée. musicale avant tout, en une chorégraphie de bouger, de nommer. Les manières, dans Spectacle gratuit, dans le cadre de La Nuit qui, en plus des thèmes sonores associés à leur singularité, d’être au monde. européenne des musées. chaque personnage, leur offre un mouvement de danse. Pierre sautille, l’Oiseau est rapide comme le vent, le Grand-père a la tremblote, le canard marche avec des palmes, et le loup... est puissant, troublant... Une jolie façon de pénétrer dans l’univers de la danse.

24 mai Scène 55, Mougins © Gerardo Naumann 04 92 92 55 67 scene55.fr 15 au 17 mai Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

Choréoversations Cendrillon

© Yoshi Omori © Yoshi Joël Pommerat excelle dans l’adaptation des contes traditionnels. Sans jamais tourner en 19 mai (deux représentations) Jardin du Musée d’Art et d’Histoire dérision le propos, et toujours en lui rendant de Provence, Grasse une profondeur contemporaine. Camille De 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com La Guilloniere met en scène son texte. Réinterprétation de la réinterprétation. Cruauté, sacrifice, révélations, acceptations, décou- vertes et courage donnent à la pièce tous Cannes Jeune Ballet les ingrédients d’un conte universel. Dans Les jeunes danseurs en voie de professionna- le cadre des représentations du Grand Tour !

lisation du Cannes Jeune Ballet Rosella © X DR Hightower, dirigés par Paola Cantalupo, Thiago Granato, chorégraphe performeur présentent des extraits de Cantate 51 (Mau- germano-brésilien, est en résidence au rice Béjart), Altro Canto (Jean-Christophe Théâtre de l’Odéon à Nîmes, dans le cadre Maillot), Larmes blanches (Angelin Prel- de la création du dernier solo de sa trilogie jocaj), et en avant-première une création Choréoversations. Depuis 2013, cette série de Lukas Timulak, des Ballets de Monte de soli, proposés chaque fois à différents Carlo. Soirée de gala ! chorégraphes, ouvre une réflexion sur un large champ thématique : histoire, nature, espace,

transmissions... Les deux invités sont cette © Pascal Riondy fois « Stone » et « Ounce ». La présentation 16 mai, Salle Jean Ferrat, Portiragnes des deux premiers soli aura lieu en juin lors 17 mai, Salle polyvalente, Creissan 18 mai, La Tour sur Orb du Festival Uzès Danse. (voir p.30). 19 mai, Théâtre sortieOuest, Béziers 8 juin, Parc du Château Girard, Mèze 9 juin 9 juin, Butte du Château, Pézenas lieu à définir, Nîmes sortieouest.fr

© N.Sternalski 04 66 36 65 10 theatredenimes.com 15 mai Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 scene55.fr 80 au programme cinéma bouches-du-rhône

Cour(t)s-y-vite ! Aux Capucins

Avec Anna Qu’est-ce que je peux faire, je sais pas quoi faire. Aller passer une soirée avec Anna Karina le 24 mai à L’Eden Théâtre de La Ciotat où l’égérie de la Nouvelle Vague, l’icône des Made in China, de Vincent Tsui © Miyu Distribution sixties vient présenter un film culte du couple Une programmation de courts choisis PAR Godard/Karina, et son premier long-métrage des enfants POUR des enfants, c’est ce que tourné en 1973. À partir de 18h30, Vivre sa vie proposent pour la 15e année les clubs Cinétilt de Jean-Luc Godard suivi de Vivre ensemble des écoles Révolution, Bernard Cadenat et du d’Anna Karina, une chronique douce-amère © Marmitafilms collège Belle de Mai. Tout au long de l’année, sur l’usure des sentiments. Une Place de marché. Celle des Capucins les élèves ont visionné des courts-métrages, à Bordeaux. Lieu de mixité urbaine, où se les ont analysés, commentés et en ont retenu croisent des Bordelais de toutes générations, quelques-uns. Ils les présenteront le 6 juin à des « étrangers », et le soir venu, des fêtards. 14h30 au cinéma Le Gyptis au public qui pourra De l’aube à la nuit, avant, pendant et après le ainsi voir L’École des facteurs de Jacques marché, au centre et alentour, Anna Feillou Tati, La première séance de Jonathan Bor- a pris le temps des rencontres pour faire le gel, Rentrée des classes de Jacques Rozier, portrait de ce quartier. Son documentaire Aux Made in China de Vincent Tsui et bien Vivre ensemble © Malavida Capucins sera projeté au Vidéodrome2 en sa d’autres. Une excellente manière de s’appro- 24 mai présence. Une séance organisée par Image Eden-Théâtre, La Ciotat prier un langage commun : celui du cinéma. de Ville. (Les dialogues de l’urbain #14) 04 88 42 17 60 edencinemalaciotat.com

6 juin 15 mai Le Gyptis, Marseille Image de Ville, Aix-en-Provence 04 95 04 95 95 lafriche.org La Juste route imagedeville.org Le 27 mai à 18h30 Art et essai Lumière propose à l’Eden Théâtre de La Ciotat, La Juste Algérie route, un film en présence de son réalisateur, Les Intemporels Ferenc Török. Une sorte de western hongrois, en noir et blanc. Dans un paisible village, au lendemain du bombardement de Nagasaki, on s’apprête à célébrer le mariage du fils du notaire tandis que deux juifs orthodoxes arrivent, chargés de lourdes caisses. Un bruit circule qu’ils sont les héritiers de déportés et que d’autres, plus nombreux, peuvent revenir réclamer leurs biens. Leur arrivée questionne la responsabilité de certains et bouleverse le Les portes de la nuit, Marcel Carne © X-D.R Enquête au paradis © Zootrope Films destin des jeunes mariés. Trois films ce mois-ci dans le cycle déve- Le 16 mai à partir de 18h, Merzak Allouache loppé par Scènes & Cinés. Les Portes de sera à L’Eden Théâtre de La Ciotat pour pré- la nuit, de Marcel Carné (1946), dans sa senter son dernier opus, Enquête au paradis, dernière collaboration avec Prévert pour le ainsi qu’un autre de ses films qu’il a choisi,Les scénario : la fin de la guerre à Paris, les clans Terrasses. Dans son docu fiction, il questionne qui se déchirent, l’amour qui survient, sur des Algériens de toutes conditions sur leur la chanson les Enfants qui s’aiment. Le Bel vision du paradis, esquissant ainsi par touches Antonio (1960), où Mauro Bolognini aborde successives un véritable état des lieux de la le thème tabou de l’impuissance masculine, et société algérienne. La Flèche brisée (1950), de Delmer Daves, un © Septième Factory des premiers westerns qui adopte un point de 16 mai 27 mai vue réaliste sur les Indiens et les colons blancs. Eden-Théâtre, La Ciotat Eden-Théâtre, La Ciotat 04 88 42 17 60 edencinemalaciotat.com 04 88 42 17 60 edencinemalaciotat.com dates réparties dans 3 lieux pour les 3 films Cinéma l’Odyssée, Fos-sur-Mer Espace Robert Hossein, Grans Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis scenesetcine.fr au programme cinéma bouches-du-rhône var hérault 81 Rendez-vous à la Quinzaine

Les Citronniers Eran Riklis parvenait, en 2008, à aborder le conflit israé- lo-palestinien à travers la jolie métaphore d’une plantation de citronniers. Le ministre israélien de la Défense ordonne à Salma (Hiam Abbass) de couper ses arbres, sous prétexte que des terroristes pourraient s’y cacher. Salma, bien décidée à sauver son bien, trouvera une alliée inattendue en la personne de l’épouse du ministre. L’amitié entre les deux femmes passera au-delà des murs et des peurs. Séance en présence Hiam Abbass.

Amin, de Philippe Faucon © Pyramide Distribution Pour la 14e fois - et c’est SUPER ! - l’Alhambra cinémarseille du 22 mai au 3 juin reprend intégralement la Quinzaine des réalisateurs. La dernière programmation d’Edouard Waintrop, son délégué général : 20 longs et 10 courts-métrages.

En langue espagnole Parmi les longs, on notera la présence de 6 films en espagnol dont 3 lati- no-américains parmi lesquels le film d’ouverture à Cannes,Pájaros de verano (Les Oiseaux de passage) de Ciro Guerra et Cristina Gallego, « un film majeur » selon Edouard Waintrop, une guerre des clans en Colombie, la © Ocean films naissance des cartels de la drogue. El motoarrebatador de l’Argentin Agustín 17 mai Toscano « parle de gens qu’on ne voit pas dans d’autres films ».Dans Los Théâtre Liberté, Toulon silencios de Beatriz Seigner deux enfants et leur mère fuyant le conflit 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr armé colombien, dans lequel leur père a disparu, arrivent dans une petite île au milieu de l’Amazonie et découvrent... La réalisatrice basque Arantxa Echevarria, dans Carmen y Lola, raconte une histoire d’amour entre deux Hedy Lamarr : from extase to wifi jeunes femmes gitanes dans un milieu où l’homosexualité est un tabou, et La comédienne Susan Sarandon rend hommage à dans Petra de Jaime Rosales, une femme part à la recherche d’un père Hedy Lamarr. Elle fut paraît-il la première à simuler un qu’elle n’a jamais connu. Quant à Cómprame un revólver (Buy Me a Gun) orgasme au cinéma, dans Extase (1933). Mariée à un de Julio Hernández Cordón, « un film réalisé sans moyens, ce sera sans industriel travaillant avec l’Allemagne nazie, la jeune doute une leçon de cinéma ». juive autrichienne fuit sur un paquebot où le produc- teur Louis B. Mayer est subjugué par sa beauté et son Six films français et des invités. culot. Elle deviendra l’actrice la plus glamour des 40’s. Outre l’énigmatique Climax de Gaspar Noé, dont on ne sait rien, on pourra C’était aussi une inventrice, entre autres d’un système voir le deuxième film deRomain Gavras, Le Monde est à toi « coup de à l’origine du Wifi... Beauté, invention, liberté, tout pour cœur » de Waintrop. Joueurs de Marie Monge, la rencontre d’Ella (Stacy affoler. Avant-première en présence des associations Martin) avec Abel (Tahar Rahim) dans un Paris cosmopolite et souterrain, Montpel’libre et Femmes et sciences. Les Confins du monde de Guillaume Nicloux avec Gaspard Ulliel et Gérard Depardieu. En ouverture, le 22 mai à 20h30, Pierre Salvadori sera présent avec son film En Liberté, l’histoire d’une inspectrice de police (Adèle Haenel) qui découvre que son mari n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait mais un véritable ripou. Le 31 à 21h, Philippe Faucon sera à l’Alhambra pour présenter Amin, le récit d’un migrant venu seul de Mauritanie qui fait la rencontre de Gabrielle (Emmanuelle Devos). Et bien sûr, vous pourrez voir tous les autres films présentés àLa Quinzaine y compris les 10 courts-métrages le samedi 26 mai à partir de 14h30. Une chance dont il faut profiter ! ANNIE GAVA © Urban Distribution 15 mai Cinéma Utopia, Montpellier Reprise de la Quinzaine des réalisateurs 04 67 52 32 00 cinemas-utopia.org 22 mai au 3 juin Cinéma l’Alhambra, Marseille 04 91 46 02 83 alhambracine.com 82 au programme cinéma Andalousie, mon amour au théâtre Toursky, au Conservatoire, à l’Espace Julien, aux cinémas le Prado, le Miroir-Vieille Charité et les Variétés, on vivra à l’heure andalouse. Conférences, débats, rencontres littéraires, concerts et deux soirées cinéma ! Le 31 mai, flamenco et corrida en doublé au Prado. D’abord, à 18h45, Paco de Lucia : légende du flamenco, un film réalisé par Curro Sánchez, le fils du grand Paco, mort en 2014 à Cancun, né 66 ans auparavant à Algésiras, « entre deux eaux », et qui a su « culbuter » la tradition flamenca, comme en attestent les témoignages de Chick Corea, John McLaughlin, Jorge Pardo ou encore Rubén Blades ! Puis, à 21 h, en habit de lumière : Blancanieves. Pablo Berger revisite, dans un superbe film muet en noir et blanc, le conte de Grimm en le transposant dans le monde Blancanieves de Pablo Berger © Arcadia Motion Pictures impitoyable de la tauromachie. (Voir Zib 69). Le festival L’Espagne des trois Cultures, édition concernera désormais une commu- Le 6 juin, autre doublé autour de la mémoire créé il y a 16 ans, change de nom pour deve- nauté autonome différente. Du 26 mai au du franquisme avec la carte blanche donnée nir CultureS d’Espagne. Chaque nouvelle 10 juin, à la Friche de la Belle de mai, par le cinéma Les Variétés à Juan Madrid.

Premières œuvres

Fin mai, le Festival de Cannes est terminé, la Quinzaine à l’Alhambra aussi. On peut allègrement continuer à voir des films à La Ciotat avec le Festival du Premier Film Francophone qu’organise l’association Berceau du Cinéma en partenariat avec Les Lumières de l’Eden. En effet du 30 mai au 3 juin se tiendra la 36e édition : une compétition de 10 courts-métrages et 10 premiers longs-métrages sortis en 2017/2018, des films qui ne sont pas restés longtemps en salle ou des avant-premières, tous accom- pagnés par leur équipe. C’est ainsi qu’on pourra découvrir Luna, la belle adolescente rebelle et déboussolée dans Luna d’Elsa Diringer, l’amitié fusionnelle entre deux jeunes femmes fragiles, Céleste et Sihem, qui essaient de sortir de leur addiction dans La Fête est finie de Marie Garel-Weiss. (lire

journalzibeline.fr). Des jeunes aussi dans Les La Finale, de Robin Sykes © UGC Distribution Affamés que Léa Frédeval a adapté à partir de son roman, présenté en avant-première. Nicolas Giraud de Du soleil dans mes yeux. Pit Amargen : lorsque Sam émerge de son Des jeunes qui en ont assez d’entendre « c’est On suivra les trajectoires de deux travailleurs, sommeil dans un immeuble haussmannien normal, t’es jeune ! » et qui, bien décidés à l’un en France, l’autre à Tunis quand une usine parisien, il se retrouve au milieu d’un océan de changer les choses, vont faire entendre leur se relocalise dans Vent du Nord de Walid zombies. Il va devoir se protéger et s’organiser voix ! On assistera à la rencontre d’Irène Mattar. Si on aime les films de genre, on ne pour continuer à vivre. (Clara Ponsot) qui sort d’une dépression et manquera pas La nuit a dévoré le monde de Coté courts, outre les dix en compétition, de Yann, le marin, qu’interprète le réalisateur Dominique Rocher, adapté du roman de 4 films tournés en PACA dontBoomerang critiques cinéma 83 Pas de danse L’écrivain-réalisateur y présentera Malaga 1937, La Carretera de la Muerte. Un film documentaire qui se construit autour du récit que son père lui a fait de la conquête de Malaga par les armées du Caudillo. Suivi, à 21h30, de La Isla minima, le polar haletant d’Alberto Rodriguez couronné par 10 Goyas. On y est transporté dans l’ère post franquiste, durant la transition démocratique. Deux inspecteurs antago- nistes mènent l’enquête sur un double meurtre sordide dans la zone marécageuse du Guadalquivir et les cadavres enfouis de la dictature refont surface. ELISE PADOVANI

Foxtrot © Pola Pandora – Spiro Films – A.s.a.p. Films – Knm – Arte France Cinema CultureS d’Espagne – un amour d’Andalousie 26 mai au 10 juin ui a tué le soldat Yonatan Feldmann ? devant un tableau où se superposent des Divers Lieux, Marseille. Ou plutôt quoi ? Un concours de cir- enchevêtrements de lignes, figuration d’un horizontesdelsur.fr Qconstances ? La Parque goguenarde ? livre des destins ou construction mentale Une justice divine ? Une société qui arme arachnéenne du protagoniste. Elle fragmente des gosses ? Une culpabilité héréditaire ? les corps en gros plans, mains, jambes, bottes Un placide dromadaire ? Ou un scénario qui créant des champs opératoires, s’attarde sur ne laisse rien au hasard, où tous les détails un insecte prisonnier d’un bocal. Les plongées comptent, et qui donne son sens propre à verticales écrasent les personnages devenus l’expression officielle du « soldattombé » des pions, sur des carreaux Escher, entre pour la patrie ? échiquier et labyrinthe. Ailleurs, elles les de David Bouttin qui vient d’obtenir le Foxtrot est une tragédie en trois actes, une collent au sol ocre et boueux. Comme dans Grand prix du jury au Festival d’Ales et Le réflexion politique et métaphorique sur une le pas de danse du foxtrot, on revient sans Film de l’été d’Emmanuel Marre (Prix démocratie piégée dans une guerre inter- cesse au point de départ. Seules, les mains Jean Vigo). Profitons de la «La Fantaisie de minable, une parabole sur la transmission de Michael et Dafna Feldmann portant les 7 courts-métrages belges », en particulier des traumas familiaux et nationaux. Le film stigmates de leurs blessures intimes, en se Kapitalistis de Pablo Muñoz Gomez et précédent de Samuel Maoz, Lebanon, se joignant dans la dernière séquence, peuvent Avec Thelma d’Ann Sirot et Raphaël déroulait à l’intérieur d’un char, Foxtrot cir- encore donner l’espoir d’une paix personnelle. Balboni (lire journalzibeline.fr). Il y aura conscrit également son sujet en huis clos. Le Multiprimé, ce film très intelligent a provoqué aussi un Coup de cœur pour le cinéma premier acte se déroule dans un appartement la colère de Miri Regev, Ministre de la Culture, africain avec le multi primé Wallay de bourgeois, chic, gris, brun. Le deuxième sur une une réaction particulièrement stupide. Car, Berni Goldblat, le parcours initiatique route en plein désert, à un check point tenu si on est bien en Israël. S’il est bien ques- d’Ady de la banlieue lyonnaise à Gaoua, par quatre jeunes militaires. Ils dorment dans tion du poids de toutes les culpabilités, celle bourgade des environs de Bobo-Dioulasso un container échoué près d’un marécage, et des survivants de la Shoah comme de leurs au Burkina-Faso. Des projections pour les qui s’enlise peu à peu. Ce nulle part onirique, descendants qui voudraient bien tourner la jeunes ainsi qu’une Carte blanche aux surréaliste, qui apparaît en travelling avant, page. Si les « procédures » de Tsahal sont bien étudiants du Cours Florent. au début et à la fin du film comme un cadre, ridiculisées. Si on évoque évidemment les Pour commencer ce programme alléchant, est au cœur du triptyque. Le tragique s’y humiliations des Palestiniens par des jeunes le 30 mai à 19h, ce sera La Finale, une teinte d’absurde et donne quelques scènes gens dépassés par la situation, ainsi que les comédie de Robin Sykes, qui a remporté d’anthologie dont la danse (macabre) du jeune dérapages qui peuvent en découler, le film le Grand Prix du Festival du film de l’Alpe homme avec son fusil pour partenaire. Le dépasse largement le contexte géopolitique d’Huez 2018. dernier acte ramène à l’appartement familial local pour tendre vers l’universel, et nous ANNIE GAVA le limitant à la cuisine, quand enfin se libère parler à tous de douleur, et d’amour. la parole entre les parents. Toute la mise en ELISE PADOVANI scène traduit l’enfermement. Celui de la souffrance et des secrets du père qui s’est Festival du Premier Film Francophone construit en bon architecte une carapace Le film a été présenté en avant-première 30 mai au 3 juin au cinéma le César le 18 avril en présence Cinéma Eden-Théâtre, La Ciotat contre ses faiblesses et dont les excès de d’un des producteurs : Marc Baschet 06 23 92 59 52 berceau-cinema.com violence révèlent les failles. La caméra l’isole Sortie nationale : 25 avril 84 critiques cinéma

Garden party, des élèves de MoPA © Miyu distribution En Courts

eudi 19 avril, les spectateurs, amateurs de rythme ce court inspiré par la gravure et le de la marchandisation de la médecine et de courts-métrages qui sont venus voir le pro- conte. Le troisième, Estate, né d’une photo l’humain dans Panthéon Discount. On est en Jgramme 2 de La Criée Tout Court, ne sont prise en mai 2006 par Juan Medina sur une 2050. Un médecin, hors champ, fait passer à des jamais allés au Festival de Clermont-Ferrand, le plage des l’îles Canaries montre un homme patients un scanner au diagnostic infaillible. festival de courts le plus important au monde africain, à bout de forces, qui se traîne au Le « Sherlock » leur propose des traitements celui qui fait le plus grand nombre d’entrées milieu de touristes figés. Ronny Trocker adaptés à leurs moyens financiers et non à leur en France, comme l’a rappelé Emmanuel filme des personnages comme congelés, état. À l’un, un « arrêt volontaire des fonctions Vigne, directeur du cinéma Méliès à Port mettant en évidence la passivité devant la vitales » car sa mutuelle rembourse trop peu, de Bouc, chargé d’animer la séance. Ils ont tragédie migratoire. à l’autre, un effacement des souvenirs pour pu là en découvrir la richesse et la diversité Un documentaire dans la sélection, celui reformater son cerveau, à un aveugle, une tout comme l’avaient fait dans l’après-midi, d’Axel Danielson et Maximilien Van opération dont il n’a nul besoin. Un futur écoliers, collégiens et lycéens. Aertryck, Plongeons, qui pose la question angoissant ! Au programme 2, sept films proposés par du choix et la peur de se jeter à l’eau. Sauter ou Le dernier, Chasse royale, réalisé par deux Sébastien Duclocher du Festival de Clermont non d’un plongeoir de 10 mètres, seul, à deux. femmes, Lise Akoka et Romane Gueret, dont trois d’animation : le premier, Garden Qu’est-ce qui demande le plus de courage : campe une adolescente rebelle, d’un quartier party, film de fin d’études de six élèves de sauter ou faire demi-tour et redescendre ? populaire de Valenciennes à qui on propose MoPA (Arles), qui a obtenu l’Oscar du meilleur Avec un dispositif minimal - une caméra qui un casting. Après avoir longtemps hésité, court, nous présente un palace outranciè- cadre le tremplin, un micro qui enregistre elle accepte, et son petit frère voit déjà sa rement décoré, fontaines en forme de lion, tout ce qui se passe là-haut - les réalisateurs sœur à Paris… Angélique (remarquablement sièges en or, lit rouge luxueux : peut-être suédois ont su créer une tension extrême qui interprétée par Angélique Gernez), ne pleure un clin d’œil aux goûts de Donald Trump. ne disparait qu’au moment des sauts. jamais, est toujours en colère, crache des mots Laissé à l’abandon par les humains - le seul Le Comité de Gunhild Enger et Jenni violents, son seul mode de communication qu’on voit est un macchabée flottant dans la Toivoniemi se déroule en Laponie, où aussi bien dans son collège qu’au sein de sa piscine - il est envahi par des… batraciens se trouve Treriksröset (Le cairn des trois nombreuse famille. Un film coup de poing. qui s’en donnent à cœur joie. Un crapaud royaumes) marquant la frontière entre la On peut regretter que cette belle programma- drague une grenouille, un autre se gave de Norvège, la Suède et la Finlande. Les repré- tion n’ait pas rempli la salle de La Criée. Les caviar. Un film étonnant où le rire le dispute sentants de ces pays se réunissent pour choisir premiers beaux jours ont sans doute détourné au malaise. Le deuxième, multi primé, Goya une œuvre d’art qu’on y placerait. Mais rien les Marseillais des salles obscures ! du meilleur court, est l’œuvre du réalisateur et n’est évident quand le projet retenu est… ANNIE GAVA illustrateur espagnol Alberto Vázquez . Un une danse nordique. Un film qui montre avec petit ourson anxieux ignore s’il évolue dans humour que la démocratie n’est pas toujours le rêve ou la réalité, si ce qui l’entoure est un facile. C’est aussi avec un humour glaçant La Criée Tout Court a eu lieu au Théâtre décor ou sa propre vie. Un refrain « Decorado » que Stéphan Castang aborde la question La Criée du 18 au 21 avril à Marseille rtl2 marseille 280x400 rolling stones_Mise en page 1 05/04/2018 10:16 Page1

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marseille.rtl2.fr 86 critiques arts visuels Théâtre en exposition Ellipses

Dernier volet de la thématique In lumine du Centre d’art intercommunal d’Istres, Lumière et spatialité est consacré à l’œuvre picturale et théâtrale de Lucio Fanti

eintre affilié très tôt au mouvement projet de commissaire) : Machine à écrire de la Figuration Narrative, Lucio Fanti (étain et miroir), Râpe (aluminium), Arbres Ppoursuit parallèlement voici plus de de Falstaff (bronze)...Quelques peintures et 40 ans un travail de scénographe. Installé aquarelles complètent la visite. En renfort de à Saint-Rémy de Provence depuis une la feuille de salle, on aurait apprécié aussi une dizaine d’années, il a été peu exposé dans partie plus informative sur les nombreuses la région. Le projet original du CAC d’Istres collaborations de l’artiste avec les metteurs vient combler cette lacune à partir de ses en scène les plus renommés –Bernard Sobel, réalisations pour le théâtre ou l’opéra. Peter Stein, Klaus Michael Grüber ou encore Le parti-pris des organisateurs a été de Jean Jourdheuil. Cette traversée dans la sélectionner des éléments scénographiques création plastique et théâtrale de Lucio Sigmar Polke - Moderne Kunst, 1968 conçus à l’origine pour des pièces de théâtre, Fanti se poursuit à Marseille au Théâtre repensés et exposés pour le Centre d’art de la Criée (jusqu’au 5 juin) et au FRAC Un titre surprenant, Paul Nash,Circle of the Monoliths, vers 1937–1938 contemporain en tant qu’œuvres à part Provence-Alpes-Côte d’Azur (jusqu’au 3 une sélection d’œuvres entière. De fait, les modalités d’exposition juin) où l’on pourra découvrir le documentaire différant du dispositif théâtral -espace réalisé par les étudiants de l’école supérieure hétérogène : la nouvelle scénique global éphémère- convertissent d’art d’Aix-en-Provence, le vendredi 18 mai exposition de la Fondation l’élément scénographique en un objet isolé à à 18h30, suivi d’une discussion en présence contempler pour lui-même. Réadapté à la salle de l’artiste. van Gogh compose un CLAUDE LORIN d’exposition, son « aura » plastique restreinte parcours déroutant sous le (espace, son, mouvement notamment) est compensée par l’accrochage dans une autre signe de la Méditerranée et forme de mise en scène : travail de la lumière/ ombre, éclats et reflets lumineux, jeux de Teatrini du soleil matière, modification du rapport d’échelle. jusqu’au 20 juillet Centre d’art contemporain Chaque salle propose ainsi une installation arcourant intercommunal, Istres Soleil chaud, Soleil tardif originale conçue entre l’artiste et la direc- 04 42 55 17 10 ainsi que la première rétrospective trice artistique Catherine Soria (et pose la ouestprovence.fr Pconsacrée au peintre anglais Paul Nash question de ce qui relève de l’artiste ou du marseilleexpos.com (1889-1946), le visiteur ne devra pas chercher un traitement stricto sensu de la lumière dans

Les feuilles volantes, 2018, Lucio Fanti, tirage marouflé sur papier Arche, d’après la scénographie de «Zand», B. Sobel, 2007. © Zibeline/C. Lorin les arts visuels. Pour la commissaire du projet, Bice Curiger, il s’agit davantage d’une méta- phore « questionnant le rapport des artistes à la Méditerranée, terre d’expérimentation, au modernisme, au post-modernisme ». Si le rapport couleur/lumière entre Adolphe Monticelli et Vincent van Gogh s’instaure d’entrée, le propos par la suite apparaît plus elliptique, tant les liens entre les œuvres ne tombent pas toujours sous l’évidence. On zigzague entre Picasso, Giorgio De Chirico, Germaine Richier, Alexander Calder, Joan Mitchell, Sigmar Polke, Etel Adnan. La belle surprise vient du choix iconoclaste porté sur l’inclassable musicien au patronyme évocateur, le coruscant Sun Ra tout impré- gné du mythe solaire. En fait, c’est surtout la période historique des années70 qui sert de pivot : la période dite « tardive » pour Picasso, mais aussi moment de renouvellement pour d’autres générations artistiques. C’est aussi 87 Ellipses

Paul Nash,Circle of the Monoliths, vers 1937–1938 Soleil Chaud, Soleil Tardif, le Midi de la France et la fréquentation des il sera utile de se tourner vers le catalogue à les modernes indomptés avant-gardes parisiennes qui nous mènent paraître prochainement, tandis que l’œuvre Paul Nash, éléments lumineux à découvrir l’œuvre du « moderniste » anglais de Paul Nash fait l’objet d’une monographie jusqu’au 28 octobre Paul Nash montrée pour la première fois en indépendante. Fondation Vincent van Gogh, Arles France. Afin de tirer tout le parti de l’exposition, CLAUDE LORIN 04 90 93 08 08 fondation-vangogh-arles.fr

Parc 4 >18 et Salons de Maison MAI 2018 Blanche 10 ANS

Entrée libre dans le Parc de Maison Blanche tous les jours de 9h à 19h

Salons ouverts du lundi au vendredi FROTTEMENT de 9h à 18h hors jours fériés

150, Bd Paul Claudel 13009 Marseille

www.marseille9-10.fr

M M 88 critiques arts visuels

« La Complainte du progrès », vue de l’exposition au Mrac, Sérignan, 2018. Au premier plan, Boulevard de la Villette, mars 1971, Jacques Villeglé, à droite, Coca-Cola, 1976-1986, Andy Warhol, au fond, Untitled (Skyline), 2007, Kader Attia. Photographie Aurélien Mole Toujours plus « Ah ! Gudule ! Viens m’embrasser, au Mrac et je te donnerai un frigidaire, un joli scooter... »

n 1956 déjà, Boris Vian prenait ses distances par un pouvoir invisible qui saurait mieux que subversif- s’oppose ainsi aux 19 buildings frigos avec l’esprit Trente Glorieuses. La com- nous comment être heureux, et une matérialité d’Attia -scintillants sous leurs milliers de miroirs Eplainte du progrès... Quel titre évocateur galopante devenue inquiétante, qui envahit carrés, froids, doublement froids. L’enseigne fon- et incisif ! Sandra Patron, directrice du Mrac, les espaces et déstabilisent nos certitudes. due d’un garage Speedy (Spee, 2010, Jean-Bap- le lui a emprunté pour l’une des trois expositions Sandra Patron a choisi de ne pas suivre un fil tiste Sauvage) vestige tronqué, témoin des de l’été de ce haut lieu de l’art contemporain chronologique, et présente des œuvres qui se émeutes de 2005, provoque la pièce de Richard sérignanais. Elle réunit un magnifique ensemble répondent dans un dialogue intime de formes et Baquié (Sans titre, 1985), assemblage d’ob- d’œuvres de 28 artistes qui triturent, inventent, de signes. Les pièces se répondent l’une l’autre, jets métalliques prélevés dans les décharges amalgament, dénoncent, rient de notre société et nous interpellent dans un langage que leur marseillaises, reconstitués en un immense « LE de consommation. Depuis les années 60, la coprésence rend intuitivement intelligible. Les TEMPS DE RIEN » mélancolique et poétique. réponse plastique au déferlement matériel, périodes s’entrelacent, les gestes artistiques se Beaucoup de grands noms encore nourrissent au bonheur arrimé à l’objet, se scinde dans ce confrontent et se confortent : la visite est bien le parcours. Warhol, Arman, Rotella... La qu’on pourrait circonscrire en trois « moments ». une incursion frontale dans quelque chose que vidéo du collectif danois Superflex (Flooded Il y eut d’abord le Pop Art et les Nouveaux nous ressentons chacun, entre frayeur et fasci- McDonald’s, 2008), qui en 21 minutes montre réalistes, qui se sont emparés de notre lexique nation. Témoins vigilants, traducteurs intimes, une réplique du fast-food, vidé de présence et environnement quotidien. Slogans, matières de Tom Wesselmann (Still Life #56, 1967-1969, humaine, saturé de logos, de bouffe et de détournées, icônes réinvesties : le regard critique tableau en trois dimensions, téléphone à cadran cartons, en proie à une montée des eaux qui passait par une instrumentalisation joyeuse et / monumental, cigarette fumante posée dans le submergera totalement, offre une fin apo- ou grave de ces vecteurs dont ils dénonçaient la un cendrier : solitude connectée) à Camille calyptique et peut-être libératrice. prééminence sociétale. Vingt ans plus tard, dans Henrot (Skypesnail, 2015, téléphones stylisés, ANNA ZISMAN un monde devenu globalisé, où les échanges diffusant des conseils-viatiques pour un mieux- Une « visite MiRACle » est proposée le 27 mai, en commerciaux sont hystérisés par les médias et vivre addictif) les artistes de cette Complainte compagnie de Maria Martinez, psychanalyste. Cet une production toujours plus rapide et massive, nous accompagnent et soulignent d’un trait événement s’inscrit dans le cadre d’un nouveau cycle de les plasticiens produisaient un langage dérivé lumineux, ravageur, les dérives contemporaines. rendez-vous : le musée invite des professionnels, issus de des stéréotypes du marketing triomphant. Le Boulevard de la Villette, mars 1971 de différents champ disciplinaires, à porter un regard sur les Aujourd’hui la situation est plus complexe. Les Jacques Villeglé fait dos (l’œuvre est présentée expositions à travers leur expérience et leur savoir-faire. flux se dématérialisent, tandis que les déchets au milieu de la salle, on tourne autour du châssis) incompressibles s’agrègent en montagnes à Untiteld (Skyline) (2007) de Kader Attia. La La Complainte du progrès toxiques, en continents flottants. Les artistes ville lacérée de Villeglé -morceaux d’affiches jusqu’au 16 septembre se plongent dans ce hiatus entre virtualité déchirées, éclats de tracts, traces d’images Mrac, Sérignan toujours plus investie par nos affects et désirs, ré agencés qui créent un instantané coloré 04 67 32 33 05 mrac.laregion.fr au programme arts visuels bouches-du-rhône 89

The big trouille Made in France Pour Julien Blaine, la lutte de 1968 continue et celle de 2018 recommence. Et toujours il manifeste, sous forme d’idéogrammes, d’expositions, de poésies ou d’éditions, comme on lance un pavé dans la mare. Dernière performance en vue à Marseille chez son complice Jean-François Meyer, galeriste et éditeur de son nouvel opus aux accents révolutionnaires et à la formule acérée : « Et après ça… la fête ? ». M.G.-G.

Galerie J-F Meyer, Marseille 10 mai au 28 juin 04 91 33 95 01 marseilleexpos.com

© Julien Blaine Arts Éphémères Des salons au jardin, Maison Blanche revêt ses habits de printemps à l’occasion de la manifestation Arts Éphémères. Pour sa 10e édition, Isabelle Bourgeois et Martine Robin imaginent tous les « frotte- ments », entre les genres, les styles, les matériaux, les ambivalences, les générations, mêlant talents en herbe et confirmés, travaux des étudiants et des ateliers publics des Beaux-arts de Marseille. M.G.-G.

jusqu’au 18 mai Parc et salons de Maison Blanche, Marseille 04 91 14 63 56 marseille9-10.fr

Éric Baudart, Cubikron 3.0, 2015 10 sommiers à ressort métalliques 200 x 200 x 200 cm Jardin des Tuileries Courtesy Galerie Valentin, Paris © Marc Domage Quel amour !? Entre point d’exclamation et d’interrogation, pas d’hésitation : la réponse du MAC est multiple, foisonnante et intergénérationnelle. De Monticelli à Kara Walker, plus de 150 œuvres de 68 artistes seront exposées tout l’été avec, notamment, quelques réponses spécifiques à l’injonction. L’amour sous toutes ses coutures sera ainsi exploré par le prisme de la création, tous médiums confondus et en toute liberté. M.G.-G.

jusqu’au 2 septembre Musée d’art contemporain [MAC], Marseille 04 91 25 01 07 culture.marseille.fr

Convulsion © Éric Rondepierre

Love Letters Le 10e Printemps de l’art contemporain irrigue Marseille, Aix-en-Provence et Châteauneuf-le-Rouge avec 12 expositions, des performances et des concerts placés sous le signe de l’année MP2018 Quel Amour !. L’itinérance est de mise avec des parcours découvertes à Marseille, une floraison de rendez-vous décalés dans les lieux, des finissages au gré des galeries et un focus exceptionnel sur la scène actuelle écossaise. M.G.-G.

À partir du 10 mai, durées variables selon les expositions Marseille, Aix-en-Provence, Châteauneuf-le-Rouge 09 50 71 13 54 marseilleexpos.com

La Cicatrice, 2013 © Frédéric Nakache - Où galerie Paradis 90 au programme arts visuels bouches-du-rhône vaucluse

Hervé André L’artiste marseillais Hervé André enchaine les « vies de tube » au gré de ses nombreuses huiles sur toile, encres de chine sur papier, gouaches sur carte et autres « haïkus mélopées cantilènes » qu’il chante à la guitare quand il a le blues. De cet état mélancolique naissent aussi des dessins animés à l’esprit satirique, celui-là même qui lui fait écrire qu’« un sang impur bat dans ses veines ». M.G.-G.

Affect 24 mai au 15 juin Urban Gallery, Marseille 04 91 87 43 35 facebook.com/urbangallerymarseille

Art War Raw Rat, 142 x 115 cm, 2015 © Hervé André

Plein soleil Sous la bannière « Plein Soleil », 49 centres d’art contemporain en France unissent leurs forces pour proposer un parcours d’expositions en miroir de la production et de la diversité des artistes qui y sont régulièrement présentés. Le 3bisf à Aix, le Cairn centre d’art à Digne, la Villa Noailles à Hyères, le Cirva et Triangle France à Marseille, l’Espace de l’art concret à Mouans-Sartoux, la Villa Arson à Nice sont les haltes à prévoir sur l’agenda estival. M.G.-G.

1er juin au 30 septembre 01 42 39 31 07 dca-art.com

Liv Schulman, L’Obstruction, 2017, Film HD 26’03, Production Triangle France avec le soutien de Mécènes du Sud Aix-Marseille

Paul Signac C’est à bord de son bateau l’Olympia que Paul Signac s’est rendu au début du siècle dernier dans le sud de la France, séduit par la lumière et les vibrations colorées. L’exposition réunit une trentaine d’aquarelles et lavis réalisés dans le Midi et le long des rivages de la Corse. Certaines œuvres, issues de collections privées, sont montrées pour la première fois. C.L.

La lumière du Midi 19 mai au 27 septembre Musée Yves Brayer, Les Baux-de-Provence 04 90 54 36 99 yvesbrayer.com

Paul Signac, Bateau sur le port d’Ajaccio, 1935, Aquarelle 28 x 43 cm, Inv RF 31432, © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay)-Michèle Bellot Cabu Le dessinateur satiriste est reconnu pour ses illustrations parues dans Le Canard enchaîné, Hara-Kiri, et bien sûr Charlie Hebdo. On sait moins qu’il était aussi un passionné de théâtre, auquel il se rendait plusieurs fois par semaine. Dans le noir, il esquissait des croquis à main levée. 34 de ces dessins sont présentés à l’occasion de la réouverture de la Maison Jean Vilar, dans le hall entièrement rénové aux couleurs du Festival d’Avignon.

Cabu, le théâtre à main levée. Croquis d’un spectateur amoureux 15 mai au 21 décembre Maison Jean Vilar, Avignon Cher Antoine, 1969 © V. Cabut 04 90 86 59 64 maisonjeanvilar.org au programme arts visuels vaucluse alpes hérault 91

Laurent Perbos Expositions d’art contemporain ou historiques s’offrent une belle vitrine au Centre d’art péda- gogique « qui fait bouger les lignes » en valorisant l’action du Centre de soutien pour personnes handicapées, du quartier, de la ville… Pour l’heure, le plasticien marseillais Laurent Perbos expose installations et sculptures aux côtés des œuvres réalisées par les artistes de l’APEI. M.G.-G.

CEVAD-APEI, Carpentras jusqu’au 4 juin 06 80 72 12 54 cevad.org

Oléa 2011, tuyau d’arrosage en pvc, 205 x 90 x 80 cm, exemplaire unique © Laurent Perbos Corps Corps entiers ou fragmentés, corps sensuels ou rêvés, corps elliptiques ou imaginaires, la représentation du corps dans la photographie va de pair avec la naissance du premier appareil photo, évoluant selon les contextes, les technologies et les tendances. Trois « mises en scène » différentes sont proposées par Pierre-Jean Amar, Sook Shin, Florence Verrier, invités de la galerie Parallax dédiée à la photographie contemporaine. M.G.-G.

Galerie Parallax, Lourmarin jusqu’au 8 juillet 06 60 55 20 60 galerieparallax.fr

Le dos de Julie 1986 © Pierre-Jean Amar Icare Les peintures de Luc Gerbier et Christiaan Kuitwaard ouvriront la cinquième saison de la galerie sous le signe d’Icare. Si les deux artistes partagent des motifs communs - paysage, portrait, nature morte – ce sont leur style et leur vision qui les singularisent. Le mythe antique servira de fil d’Ariane de la programmation jusqu’en novembre. C.L.

Quand les extrêmes se touchent jusqu’au 10 juin Galerie des Arts en Luberon, Reillanne 06 73 13 52 78 galerie-des-arts-en-luberon.com

Bomen, 11.12.2015 60 x 60, Christiaan Kuitwaard. Photo : courtesy Galerie des arts en Luberon

Figuerolles… la nuit Philippe Artaud ne prête aucune importance à sa collection. Sa passion est avant tout de correspondre avec le monde entier et récolter mille et une poésies volatiles, objets insolites et autres cartes postales improbables. Aujourd’hui la vidéo l’occupe, dont il tire toutes sortes d’incongruités télévisuelles : zapping, images volées en caméra cachée… Exposer sa collection tient aussi du miracle ! M.G.-G.

17 mai au 23 juin Atelier-galerie La Jetée, Montpellier 09 83 02 09 82 la-jetee.fr

Tapettes à mouches © collection Philippe Artaud (extrait) 92 critiques rencontres littéraires Coïncidence exorbitante

idéré : étymologiquement, subir l’influence néfaste des astres, être roman Austerlitz, que les Nazis utilisèrent pour entreposer les biens frappé de stupeur. Considérer : contempler les astres. pillés aux familles juives parisiennes pendant la Seconde SLors de la rencontre à la librairie L’Histoire de Guerre mondiale. Et c’est cette même guerre durant l’œil organisée dans le cadre de la Biennale laquelle Walter Benjamin tenta, exil après exil, des écritures du réel et autour de son essai de sauver sa bibliothèque pour finir par la Sidérer, considérer, Migrants en France disperser puis l’abandonner, n’emportant en 2017, Marielle Macé introduit son que l’indispensable, un masque à gaz propos en soulignant l’importance et des effets de toilettes… de l’effort littéraire pour dire juste Face à une actualité crue de flots et pour traiter avec justice. Quel d’images où toutes les existences monde nos mots et nos phrases ne se valent pas, l’auteure soutiennent-ils ? Comment, devant se réfère au texte Ce qui fait la situation des migrants, passer une vie, essai sur la violence, d’un état de sidération qui nous la guerre et le deuil de Judith saisit et nous tient éloignés, nous Butler et ouvre une réflexion sur la touche sans parvenir à nous relier, reconnaissabilité des vies. S’il faut à l’action de considérer, de regarder avoir conscience des souffrances, attentivement, avec égards, de tenir il faut également reconnaître les compte ? Sous nos yeux émergent personnes à partir de leur héroïsme des bords en plein centre et avec eux la et leurs réalisations, comme dans la brutalité des collusions de réalités comme jungle de Calais où églises, mosquées, celle des quais de Seine où un campement de bibliothèques, théâtre, écoles, restaurants, réfugiés érythréens, éthiopiens, somaliens, s’inscrit salle informatique, épiceries ont surgi du néant. M nt ariel Vince dans un côtoiement impossible avec La Cité du Design et le Macé © Olivier Un point de vue partagé par le collectif PEROU « pôle de la Mode, sa discothèque, le siège de la banque Natixis et la BNF. d’exploration des ressources urbaines » dirigé par Sébastien Thierry C’est d’ailleurs ce même espace, comme l’évoque Sebald dans son et composé de politologues, juristes, urbanistes, architectes et artistes

Bienvenue dans la Transparence

égion PACA 2040. Après le F.LA.S.H. (acronyme pour Faille Latérale du Système Hospitalier) de 2028, une crise sanitaire majeure due Raux assauts conjoints d’une grave épidémie de grippe aviaire, d’une canicule sans précédent et de brutales attaques informatiques, tout le système a été revu. Et corrigé ? Pas sûr. Malgré l’optimisation et la rationalisation des offres de soins, malgré les AV (assistants virtuels) qui mettent de l’huile dans les rouages des relations sociales et collaborent plus qu’efficacement avec chaque citoyen, malgré l’adhésion collective à la grande Transparence, à la Démocratie en santé, tout n’est pas si rose dans le meilleur des systèmes de santé.

Antoine, le protagoniste de l’histoire, sorte d’aiguilleur de la santé Rencontre avec Philippe Pujol (à droite) © Lisa Solano (il s’occupe de réguler les flux de demandes de soins en orientant les patients vers la structure la mieux adaptée à leur pathologie), l’apprendra à ses dépens… Dans son dernier ouvrage publié, Philippe Pujol a choisi la voie de l’anticipation. Mais le lauréat du prestigieux Prix Albert-Londres (pour sa série d’articles sur les Quartiers shit en 2014), l’auteur de La fabrique du monstre (2016) et de Mon cousin le fasciste (2017 ; lire chronique sur journalzibeline.fr) reste avant tout un journaliste. Marseille, 2040, Le jour où notre système de santé craquera est d’ailleurs sous-titré « enquête ». De fait, le récit s’appuie sur des centaines d’interviews, menées pendant plus de deux ans auprès de professionnels de la santé de l’Agence Régionale de Santé PACA. De fort instructives annexes le complètent, qui font le point sur les évolutions probables du système de santé en PACA. Pourquoi un tel critiques livres 93 Nos Possibles... qui installaient en 2012 une « Ambassade La rencontre avec Marielle Macé s’est tenue ous êtes debout, un micro à la du PEROU » dans un campement rom du le 5 avril à la librairie l’Histoire de l’œil, main... », ainsi débute le nouveau dans le cadre de la Biennale des écritures du bord de la nationale 7. Ce dernier fut rayé roman de Laurent Quintreau, qui réel organisée par le Théâtre de La Cité. «V de la carte en 2013 sous le coup d’un arrêté interpelle le lecteur en lui proposant de jouer municipal dont les 70 occurrences du mot différents personnages plongés dans des « considérant » ne manqueront pas d’être moments limites. À l’instar d’un Butor dans relevées et parodiées… À Calais, ce même La Modification ou des Livres dont vous êtes collectif dénonce le projet public d’un parc le héros, dix tableaux se succèdent, saisissant d’attractions, Heroïc Land dont le financement des instants où tout (semble) chavirer. Les s’élèverait à 270 millions d’euros, et propose destins se répondent, s’entremêlent pour à la place un chantier de l’hospitalité ; ce qui former un monde, miroir du nôtre, celui de la leur vaut un procès ! course à la performance, aux objectifs chiffrés, Le texte de Marielle Macé, tout en tact, en à la folie néo-libérale. L’auteur est romancier précision et en finesse, regorge de nombreuses et essayiste, mais aussi concepteur-rédacteur autres références empreintes de clairvoyance pour des agences de pub, et syndicaliste et d’humanité, telles Jean-Christophe Bailly, impliqué dans la vigilance aux formes de Francis Ponge, Henri Michaud, Edouard souffrances au travail. Ce qui nous guette, Glissant, Michel Agier… La rencontre avec publié récemment aux éditions Payot & l’auteure, en présence de l’association SOS Rivages, est le reflet de cette personnalité Méditerranée, est ainsi lumineuse et vive. Elle aux multiples casquettes. Ainsi, pour rendre résonne avec autant de force que la période compte de l’éclatement individualisant de est marquée par le projet de loi très contesté notre monde et des différents points de vue Asile et Immigration… Sidérer, considérer, Migrants en France qu’il suscite, l’auteur imagine une narration MARION CORDIER en 2017 Marielle Macé fragmentée que seul le Vous du lecteur peut éditions Verdier, 6,50 € tenir dans un ensemble cohérent. Dans une écriture simple, précise, mais non départie d’ironie, l’humanité est dépeinte dans ses hybris ancestrales : désir d’abolir la mort, l’échec, la faiblesse. Progressivement le réel représenté, identifiable, bascule dans le temps d’après et le récit devient celui d’une dystopie. Le transhumanisme, l’humain augmenté, l’intelligence artificielle sont questionnés sujet ? Pourquoi la SF ? C’est à ces questions, le « process », une sorte de « programmation dans leur utilisation à visée capitaliste. Les entre autres, que Philippe Pujol était invité à de la société par la machine ». Et de faire personnages déclinent alors nos possibles, répondre lors d’une rencontre à la librairie réfléchir un large public à des questions de avec humour et quelques pointes d’espoir. Maupetit. Le journaliste-écrivain-scéna- santé qui pourraient bien devenir cruciales ; Les signes de ce qui nous guette sont visibles riste s’est prêté au jeu avec spontanéité et à des questions politiques également, qui tout autour, et les alertes, nombreuses. À nous humour, émaillant ses réponses d’exemples touchent à la protection des données per- de les infléchir avec inventivité. précis et très parlants. L’ancien étudiant en sonnelles et aux pouvoirs grandissants de DELPHINE DIEU biologie, titulaire d’un master en science et l’intelligence artificielle. Mais comme il déteste santé, ne pouvait que s’intéresser à un tel se cantonner à un genre, il s’est pour l’heure Ce qui nous guette Laurent Quintreau sujet, d’autant qu’il a souvent eu affaire au attelé à la rédaction d’un « western figatelli », Éditions Rivages, 16,50 € milieu hospitalier ces dernières années, en tout en s’engageant dans plusieurs projets tant qu’accompagnant. Dans ce genre de audiovisuels. Philippe Pujol n’a visiblement situation « on attend et on observe » ; c’est ainsi pas fini pas de nous surprendre …et c’est qu’il a vu le langage de l’entreprise investir tant mieux. l’hôpital. Avec une logique de rentabilité, on FRED ROBERT gagne en efficacité… mais cela ne va pas Philippe Pujol était invité à la librairie sans une certaine déshumanisation. Ni sans Maupetit (Marseille) le 21 avril pour parler soulever certaines interrogations éthiques ; de son dernier livre Marseille 2040, Le jour car « trier les problèmes de santé », comme où notre système de santé craquera, paru le dit Philippe Pujol, n’est-ce pas à terme aux éditions Flammarion (15 euros). choisir qui et comment on va soigner ? Dans On peut aussi lire Marseillais du Nord : les seigneurs de naguère, paru aux éditions ce livre, il avoue avoir « poussé les curseurs Le Bec en l’air en 2016. De ce bel ouvrage, Macron à fond ». Afin de mettre en lumière enrichi des photographies de Gilles Favier, les dérives possibles d’un système fondé sur Philippe Pujol déclare qu’il est son préféré. 94 critiques livres Guerres et paix

vec Des ailes au loin, Jadd Hilal offre avec une délicate intelligence, se refuse à tout désordre ! », assène Dara à sa mère, lorsqu’elle un premier roman lumineux où les voix pathos facile. Les drames les plus terribles décide, fille de « deux parents à l’ONU », de Ade quatre femmes palestino-libanaises n’entament pas la vitalité de ces femmes, se marier avec un maçon à Arsoun. Mais les se croisent sur quatre générations : Naïma, déchirures se répètent, le départ du Liban née en 1930 à Haïfa, sa fille, Ema (1948), Dara inévitable. « Gigantesque(s) et minuscule(s) », (1974), fille d’Ema, Lila (1998), fille de Dara. les histoires particulières s’articulent avec Les guerres qui bouleversent le Moyen-Orient les remuements du siècle. L’écriture limpide influent sur les vies, les choix, poussent aux va à l’essentiel : un verbe, un nom suffisent à exils, nourrissent les nostalgies, installent des caractériser un personnage, une situation, une distances qui accordent des regards neufs émotion. L’ironie affleure, savoureuse. Ainsi sur les êtres. La violence réside aussi dans une colère maternelle devient un morceau le sort réservé aux filles, Naïma est mariée à de bravoure : « Elle a déployé tous ses talents 12 ans à un garçon de 21, qui lui-même a été de cantatrice orientale. Moitié martyre moitié forcé à cette union, pour « oublier » une autre, génitrice acharnée, elle a ténorisé un à un interdite… Chacune des protagonistes a un les sacrifices quasi coraniques auxquels elle caractère fort, résiste aux tempêtes du monde, s’était contrainte pour ses enfants… ». Un porte un regard d’une pertinente acuité sur roman sensible, au rythme soutenu, qui nous ce qui l’entoure. Brillantes, les descendantes donne à voir le monde autrement. de Naïma travaillent auprès des instances MARYVONNE COLOMBANI internationales, ce qui leur permet de partir, aux moments les plus dangereux des conflits qui ravagent le Liban, en Suisse. Genève, leur capacité d’indignation, leur volonté Ferney-Voltaire, deviennent les nouveaux d’émancipation, leur lucidité, ni leur humour. Des ailes au loin Jadd Hilal lieux d’ancrages. La fiction s’arc-boute au réel « C’est ça le paradoxe libanais ! L’envie de Éditions elyzad, 18.50 €

De mélasse et d’or

ourri par ses origines chilienne et véné- du trésor enfoui, qui déclare posséder des planteur et épouse la fille. Tous deux déve- zuélienne, amoureux des mots, de leur plans indiquant sa position. D’abord hostile, loppent l’exploitation, créent une distillerie Nmusique et de leurs parfums, inspiré par Serena se rapproche de Severo ; désormais dont la réputation dépasse la frontière. Ils en ses voyages, le très jeune Miguel Bonnefoy oublient le trésor du pirate, surtout après avoir a choisi d’écrire en français. Enthousiaste recueilli une petite fille sauvée des flammes, et généreux il avait charmé le public des Eva Fuego. Vingt ans après, l’enfant fragile Correspondances de Manosque en septembre devient une maîtresse-femme, autoritaire et dernier, évoquant la luxuriance des Caraïbes riche, crainte par tous. Le pays a changé, on où se déroule son dernier roman. Les premières y a trouvé du pétrole, l’or noir, et Eva Fuego pages de Sucre noir nous projettent dans un porte « le destin des reines ». Miguel Bonnefoy navire échoué dans la mangrove, au milieu de développe dans une langue chatoyante une la canopée. C’est celui du célèbre flibustier fiction proche de la réalité sociale du Venezuela Henry Morgan qui agonise en fond de cale qui n’a pas su reconnaître ses vrais trésors, avec son trésor. Trois siècles plus tard, nous ceux offerts par le travail de la terre, et qui a sommes dans un village et ses plantations de sombré dans l’inflation. cannes à sucre, dans un lieu qu’on suppose au CHRIS BOURGUE Venezuela mais qui n’est volontairement pas nommé par l’auteur, de même qu’il n’indique Miguel Bonnefoy est actuellement aucune date pour garder à son récit quelque en résidence à Manosque chose d’universel et d’intemporel, proche de l’univers de la fable. La famille Otero y vit dans une ferme. La fille, Serena, passionnée ils partent tous deux en forêt à la recherche de botanique, rêve d’un grand amour. Un jour de ses trésors : plantes inconnues et coffre Sucre noir Miguel Bonnefoy survient un jeune homme, attiré par la rumeur rempli d’or. Severo apprend le métier de Rivages, 19,50 €

96 critiques livres Irréversibles passés

ans l’Amérique où l’on dit que tout se le seul biais de la littérature, confrontation des Parallèlement, on suit les tribulations de la renouvelle et se refonde, l’Histoire s’im- imaginaires à la réalité, en un style nerveux, jeune Erna envoyée par son père à Dmisce, et les passés s’interposent. Avec aux dialogues vifs qui mêlent efficacement auprès de sa tante, Marga, diseuse de bonne Le bracelet, la romancière Andrea Maria aventure et faiseuse d’anges. Milieu proche Schenkel arpente le XXe siècle. Si le texte du pouvoir nazi, médecin affecté à Dachau… débute en 1943 par un court et énigmatique débâcle, départ pour les États-Unis… Carl épisode que seule la fin éclairera, le récit com- s’est refusé à rentrer au pays et vit aux USA. mence en 1938, dans la ville de Ratisbonne Il y rencontre Emmi. Désir de renouveau, de où vit la famille du petit Carl Schwarz. Les rompre avec l’horreur ? « Le passé n’existe exactions contre les juifs ont commencé, pas, (lui dit-il), la seule chose qui compte, c’est mais Monsieur Schwarz se refuse à penser le présent ». En 2010, ils sont mariés depuis au départ : certes, ses propres parents étaient 60 ans. Un coup de téléphone d’un homme juifs, mais lui a épousé une catholique, s’est mandaté par le Musée de l’Holocauste, des converti : « Je suis catholique, et aussi alle- lettres, une photographie, bouleversent le mand que vous » assène-t-il au docteur qui paisible bonheur du couple. Peut-on tout lui suggère la prudence et lui offre des billets gommer ? Qui est vraiment Emmi ? « Le passé de bateau pour Shanghai. Gretel, la mère, ne disparaît jamais »… Un roman bouleversant veut protéger ses enfants (Ida et Carl) d’un d’acuité sur ce qui nous fonde. « État qui les considère comme des moins que MARYVONNE COLOMBANI rien », et pousse à l’exil. Au port de Gênes, le père reste à quai, incapable de quitter sa patrie. La vie des expatriés se dessine alors leurs voix à la narration. Shanghai apparaît, Le bracelet Andrea Maria Schenkel, en un texte foisonnant de vie, de couleurs. « hydre gigantesque aux multiples visages », traduction Stéphanie Lux Découverte passionnée d’un Orient connu par subissant elle aussi les effets de la guerre. Éditions Actes Sud, 23 €

Un millésime

ur le bandeau qui habille la couverture, une Veil, fraîchement nommée à la présidence de chances qu’on leur tend, des avancements photo de groupe : la promotion Senghor de Radio France. Expliquer ces réussites hors qu’ils savent se ménager » explique Mathieu Sl’ENA (2001-2004). Parmi les 187 visages, du commun par le seul prisme du réseau Larnaudie. D’autre part, leur rapport au temps il n’est pas aisé de reconnaître celui du plus serait réducteur. Qu’est-ce qui fait que les semble aussi être un atout. Ils utilisent les célèbre d’entre eux, Emmanuel Macron. Bien trois concepts des Grecs pour l’appréhender : avant qu’il soit élu président de la République, chronos, la durée ; aiôn, la destinée ; kairos, il y a quatre ans, Mathieu Larnaudie a l’occasion. Autre corde à leur arc : ils sont mené une enquête sur cette promotion. Il façonnés pour utiliser un langage propre à la était intrigué par le nombre important de négociation, et ainsi infléchissent aisément ceux qui en étaient issus officiant dans les leurs interlocuteurs dans la direction voulue. cabinets ministériels. En 2017, après l’élection Au total, à l’ENA, plus qu’un savoir technique, présidentielle, il décide de ressortir ses dossiers. on y apprend un rôle. Plus qu’une école, c’est L’auteur dresse les portraits d’une trentaine un conservatoire. d’anciens élèves de la promo en essayant Outre un portrait d’Emmanuel Macron dressé de comprendre comment ils ont accédé si par ses camarades de promo, cette investiga- rapidement aux plus hautes sphères de l’État tion par l’éclairage qu’elle porte sur ces jeunes ou de la finance. Un noyau non négligeable gens constitue une formidable initiation au d’entre eux possèdent déjà un « pedigree » décodage des postures et agissements de avec des parents ou grands-parents énarques. l’élite qui nous gouverne. D’autres ont des origines plus atypiques avec CAROLINE GÉRARD néanmoins un parcours remarquable depuis leur sortie de l’école. Ne serait-ce que dans portes s’ouvrent aussi largement pour ces l’actualité de ce printemps, on retrouve en jeunes gens ? « Pour eux la mobilité est per- première ligne Mathias Vicherat en tant que manente, naturelle (…) ils changent de travail Les jeunes gens Mathieu Larnaudie directeur général adjoint de la SNCF ou Sybile constamment au gré des opportunités, des Éditions Grasset 18 € 97 Se réapproprier Proust

athalie Quintane écrit « Il faudrait Nathalie Quintane en réponse à l’éditeur va général avec une dimension politique. déclarer l’O.O.P.: un Oubli Obligatoire écrire Ultra-Proust, comme on a dit « Ultra- Pour Nathalie Quintane,« Proust attend des Nde Proust pendant un demi-siècle. ». Cette Gauche », un plaidoyer pour faire sortir les lecteurs qu’ils soient… des correcteurs ; et phrase exactement provocante fait réagir et œuvres littéraires de l’enclos dans lequel on qu’ils poursuivent, en quelque sorte, l’infini explose l’embaumement dont l’écrivain est travail de corrections et d’ajouts qu’est pour victime. Les Enthoven père et fils dans leur lui le travail de l’écriture. ». Comme l’auteur dictionnaire amoureux parlent de l’auteur de de la Recherche qui utilisait ses célèbres la Recherche comme d’un être bon, « le meil- paperolles pour les insérer dans le texte, elle leur ami du genre humain » quant à Antoine souhaite que les lecteurs s’immiscent dans Compagnon, il écrit que « des lecteurs très la littérature, la corrigent, la sorte du statut divers ont l’impression que Marcel Proust a imposé par les spécialistes. Mais, quelle écrit son livre uniquement pour eux ». Mais serait la façon d’y parvenir ? Elle ne le dit Nathalie Quintane déplore que Proust soit pas. Comme elle l’affirme : « Je ne suis pas réduit à ce rôle d’exhausteur de sensations. une intellectuelle engagée. Je suis poète. ». Souhaitant rééditer des extraits du Contre De même, ce livre n’est pas un essai mais un Sainte-Beuve, l’éditeur Éric Hazan demande écrit inclassable qui bouscule notre rapport à Nathalie Quintane un texte pour les figé à la littérature. accompagner. Elle n’est pas une proustienne CAROLINE GÉRARD patentée comme ceux précédemment cités. Mais est-il nécessaire d’être spécialiste pour pouvoir en parler ? Pour Nathalie Quintane, il est du devoir de chacun de s’emparer de la littérature quitte à la trahir. Elle ne doit pas les a volontairement enfermées afin qu’elles rester coincée dans le carcan dans laquelle puissent changer la vie, pas dans le sens où la maintiennent certains, la cantonnant ainsi l’on trouverait dans les œuvres une réponse Ultra-Proust Natahlie Quintane à sa seule fonction d’excitatrice du sensible. à nos questions existentielles, mais la vie en La fabrique édition 12 €

C’est quoi, être étranger ?

’Étrange et non « étranger », c’est le titre le suit du haut des immeubles. Rencontres pays. Les dessins au crayon ou feutre en noir de cette bande dessinée de Jérôme multiples qui soulignent la vulnérabilité et et blanc sur fonds de couleurs vives et unies L Ruillier. Celui qui est étranger n’est-il les difficultés du parcours de celui qui n’a ne sont pas tous dans des cases et occupent pas obligatoirement ressenti comme étrange, parfois la page entière. On suit ce récit très en effet, car différent, non connu, inclassable, rythmé avec une sorte de rage à la suite de donc rejeté ? Le héros en est un : plus grand, cet auteur résolument engagé dans les luttes plus gros, plus triste que les indifférents qui le sociales, qui semble manier ses crayons avec croisent ou les grincheux qui le surveillent. Il l’énergie de la révolte, convaincu de l’urgence a voulu quitter son pays pour aller ailleurs où d’alerter le plus grand nombre. la vie est meilleure, croit-il. Les pays ne sont CHRIS BOURGUE pas nommés, de même que le tarif du transit n’indique pas le nom de la monnaie. L’au- teur-dessinateur a voulu toucher les lecteurs Ce livre, soutenu par Amnesty International, fait partie de la sélection pour le de tous les pays et son récit a une résonnance Prix littéraire des apprentis et des lycéens amère en ces périodes où les problèmes de de la Région PACA qui sera décerné le 24 mai l’émigration sont de plus en plus préoccupants. Ses personnages sont des animaux et son « étrange » un gros ours aux yeux ronds et noirs qui disent son incompréhension de ce nouveau pays. Le récit est découpé en petits chapitres présentés par des personnages pas de nom. Sans papiers il travaille sur des qui le croisent : logeur, passant, même les chantiers, se cache le reste du temps. Mais L’étrange Jérôme Ruillier poissons d’un aquarium et une corneille qui la loi est plus forte et il sera renvoyé dans son L’Agrume, 20 € 98 patrimoine La nouvelle exposition du musée MARSEILLE Articuler l’histoire de Salagon, Céramiques, met en résonnance collections ethnologiques au contemporain et nouveaux potiers céramistes d’art

cuisson et le vaisselier présente une palette de gris à quelques exceptions près. Ce sont les Italiens, qui migrent dans la région aux XVe et XVIe siècles, qui apportent la technique de la céramique colorée, vernissée. Le catalogue précise que « L’implantation de ces « étrangers » DES

CINQ en Provence Occidentale a marqué un boulever- 18  27 JUILLET 2018 sement complet dans la production régionale ». JAZZ CONTINENTS Des villes spécialisées se développent alors, Moustiers-Sainte-Marie, Apt. L’industrie épouse les besoins de la société et son évolution…

Face à la globalisation La petite industrie céramique disparaît avec la production de masse qui marque la deuxième partie du XXe, les imprimantes 3D peuvent modeler l’argile, les logiciels remplacent les artisans… qui deviennent « artisans d’art », avec leurs pièces uniques, leur technique fine, complexe, les créations ne sont plus uniquement Jérôme Galvin, Service de Table (détail), Terre vernissée, 2017 Photo : N. Bineau utilitaires, mais s’orientent vers la sculpture, l s’agit vraiment d’une exposition de un humble artisan de Haute Provence avait refait le dessin, offrent des variations multiples, la maturité, sourit Isabelle Laban- en quelques jours le chemin que l’humanité construisent un discours sur le monde, dans «IDal Canto, directrice de Salagon avait mis des siècles à parcourir pour passer une pertinente distanciation, ainsi avec les musée et jardins, nous avons réussi à articuler de la roue pleine à la roue à rayons ». œuvres exposées de Jérôme Galvin, Fanny l’histoire et le contemporain, souligner l’intérêt Lavergne, Camille Virot, Jean-Nicolas des collections ethnologiques du musée et les De la terre à l’architecture Gérard, Agathe Larpent. Frivole parfois, la inscrire dans une histoire longue qui montre À l’origine de la céramique, il y a la terre, cinq porcelaine se fait perruque, fausses mousta- comment une société paysanne perçue comme argiles différentes se trouvent dans la région ches, les tomettes entrent dans l’espace public, immobile a évolué. » d’Apt ! Kaolin (porcelaine), marne, pour les connectées à vos smartphones, et racontent à Un objet symbolique ouvre l’exposition, sigillées fines, les ocres, la terre à briques, et la ceux qui les foulent l’histoire du lieu arpenté… une roue de terre cuite, découverte intacte smectite qui permet de dégraisser, bouche les Au fil des salles, le face à face entre l’ancien illustration : Ji Dahai et abandonnée aux intempéries en 1957 par trous du barrage de Serre-Ponçon, et s’utilise et le nouveau se charge de sens, accorde Pierre Martel. Il raconte dans sa revue, Les dans la fabrication d’un célèbre pansement au contemporain la poésie et l’épaisseur du Alpes de Lumière (n° 69) comment au cours gastrique ! Tuiles, briques, carreaux, un univers temps qui l’a mûri, et aux formes anciennes de la Deuxième Guerre mondiale, Marius de bâtisseurs naît ici. Travail de forçat depuis une éloquente mise en perspective. Roux, tuilier à la retraite, ne pouvant obtenir l’extraction à la pioche, le chargement des MARYVONNE COLOMBANI e les matériaux nécessaires pour réparer la roue fours, à la main (un four contenant 50 tonnes 19 FESTIVAL de sa charrette, en fabriqua une en terre cuite ; de matériaux) ! Céramiques, dialogue entre tradition et contemporain YOUN SUN NAH  THOMAS DE POURQUERY  SELAH SUE  CHICK COREA  JEFF MILLS & ÉMILE PARISIEN d’abord pleine et cassante, enfin avec des trous Les territoires bas-alpins, à l’image de la Pro- jusqu’au 15 octobre et qui résista parfaitement :« Sans le savoir, et vence, sont gris au Moyen-Âge : la céramique Musée de Salagon, Mane KOOL & THE GANG  YOUSSOU NDOUR  FRED WESLEY & MARTHA HIGH  JOHN SCOFIELD  JOHN simplement pour répondre à un besoin précis, locale subit un « enfumage » en fin du cycle de 04 92 75 70 50 musee-de-salagon.com MEDESKI  SCOTT COLLEY  JACK DEJOHNETTE  YOSHICHIKA TARUE  HENRI TEXIER  SOMI  ERIK TRUFFAZ  AVISHAI COHEN  CORY HENRY  SANDRA NKAKÉ  ACCOULES SAX  THE VOLUNTEERED SLAVES  ONEFOOT  DHAFER YOUSSEF  LUO NING  SYLVAIN RIFFLET  AWAKE  SARAH QUINTANA & Un catalogue extrêmement fouillé, indispensable complément, accompagne l’ensemble, propose en introduction le texte que Georges Duby avait écrit CHRISTOPHE LAMPIDECCHIA  GOGO PENGUIN  YILIAN CAÑIZARES  ROY HARGROVE  www.marseillejazz.com pour le catalogue de l’exposition montée en 1977 par François Mathey au Musée des Arts Décoratifs, intitulée Artistes/Artisans, où il décrypte les relations entre l’art et le pouvoir, les confusions entre notions d’esthétique et de culture. Céramiques, dialogue entre tradition et contemporain, sous la direction d’Isabelle Laban-Dal Canto, édité par le musée de Salagon, 20 €

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CINQ JAZZ18  27 JUILLET 2018 CONTINENTS illustration : Ji Dahai

19e FESTIVAL YOUN SUN NAH  THOMAS DE POURQUERY  SELAH SUE  CHICK COREA  JEFF MILLS & ÉMILE PARISIEN KOOL & THE GANG  YOUSSOU NDOUR  FRED WESLEY & MARTHA HIGH  JOHN SCOFIELD  JOHN MEDESKI  SCOTT COLLEY  JACK DEJOHNETTE  YOSHICHIKA TARUE  HENRI TEXIER  SOMI  ERIK TRUFFAZ  AVISHAI COHEN  CORY HENRY  SANDRA NKAKÉ  ACCOULES SAX  THE VOLUNTEERED SLAVES  ONEFOOT  DHAFER YOUSSEF  LUO NING  SYLVAIN RIFFLET  AWAKE  SARAH QUINTANA & CHRISTOPHE LAMPIDECCHIA  GOGO PENGUIN  YILIAN CAÑIZARES  ROY HARGROVE  www.marseillejazz.com

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