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SAINT-AVOLD auxXVIIIème et XIXèmesiècles (1680/e0à 1870/90)
Croissanceet stagnationd'une petite ville desconfins germaniquès
TOME II
Thèsede doctoratprésentée par Denis SCHNEIDER
Jury: H.W. Herrmann,professeur émérite à I'universitéde la Sarre,rapporteur, J.P. Lehners,professeur au centreuniversitaire de Luxembourg,rapporteur, G. Michaux, maîtrede conférencesà I'universitéde Metz, A. Wahl, professeurà I'universitéde Metz,directeur de thèse. 1998 B]BLIOTHEAUEIrililt iltilililrililUNIVERS]TAIREilil ilriltilt ilil]il il]tDEil] rill IJ|ETZ 031 3065617 Universitéde Metz UFRLeffres :.ll' LlllTi{ËOUEUfl IVERgiTHnE i tf;îTFÉâ . NETZ. NoInv. Jn80s?L gB Coto L/11,ù- ltt
Lea. HA6NSIN SAINT-AVOLD aux XVI[ème et XIXème siècles (1680/90à 1870/e0)
Croissanceet stagnationd'une petite ville desconfins germaniqués
TOME II
Thèsede doctoratprésentée par Denis SCHNEIDER
Jury: H.w. Herrmann, professeurémérite à I'universitéde la sarre,rapporteur, J.P. Lehners,professeur au centreuniversitaire de Luxembourg,rapporteur, G. Michaux, maîtrede conferencesà I'université de Metz, A. Wahl, professeurà I'universitéde Metz,directeur de thèse. 1998 316
4 Les échecsde la grande industrie.à St-Avold
Avant les guerres du XMIème siècle, une industrie s'était installée dans la forêt de St-Avold,la verrerie.
Au XVITIème siècle, l'exploitation à des fins industrielles de la fbrêt ne reprit que tardivement.En 1720,une description des forêts de la gruerie6l0les montrait toutes de hautesfutaies, aucune vente n'étaitprogrammée,lesYq de réserveétaient inexploités. Un peu plus tard, en 1728, un négociant de Saumur obtint du duché la possibilité d'exploiter des cubages considérablesd'arbres de marine (plus de 6 pieds de circonférence) dans toutes les fbrêts situéesà moins de 5 lieues de la Sarre, ce qui concernait la totalité de la forêt de St-Avold6lr.
Cependant, les chantiers de coupe itinérants établis par ce négociant jouissaient d'une franchise complète par rapport au droit commun, les ouvriers n'étaient pas rattachés aux communautés des environs, ne payaient pas d'impôts et échappèrent donc totalement au contrôle administratif des grueries concernées. Aussi, nous ne disposons d'aucun renseignement sur I'exploitation réelle de la forêt. Les retombées économiqueslocales étaient de toute manière faibles car les forestiers se déplaçaient avec leurs animaux domestiques qui paissaient sur place et s'auto approvisionnaient très certainementdans une large mesure. Ils formaient une sorte de village itinérant et plus ou moins autarcique. Les cabarets des environs en tiraient cependantquelques profits, de même que les commerçantslocaux.
Mais le duché, déjà sous influence française, cherchait à valoriser ses fbrêts. C'est pourquoi,en 1747, alors que les anciennesgrueries venaient d'être dépossédéesde leurs prérogativespar la création de maîtrisesdes eaux et forêts6l2,des négociationseurent lieu avec des maîtres de forges étrangers qui obtinrent deux ans plus tard I'autorisation de construire des hauts-fourneauxet des forgesà Creutzwald et à Ste-Fontaine6l3. Une industriefondée sur I'exploitationlocale du fer s'établit donc dansla forêt de St-Avold.
610 Registresde la gruerie de St-Avold, AD MM, B 12.362. 6ll Même source. 6tz Editde 1747 destanislas,cf. C. Guyot : [,esforêrs lorrainesjusqu'en 1789,Nancy, 1886, 264. 613 R. Capot-Rey: Lo région industielle sarroise.Etude géographique ,Pais 1934,p 358. a1-
- Le fer
Ce n'est qu'en 1750qu'un véritableétablissement industriel permanent fut crééà nouveaudans la forêtde St-Avold.En effet,par un anêtdu conseil,du29 novembre 1749, une concessionde 20 ans et prenanteflèt en 1750, était octroyéeà un < sieur QuienD, qui permettaità celui-ci de rechercherdans l'étendue de la forêt ducaleles filons metalliquesqu'il pounaittrouver et exploiter6to.II étaitautorisé en outreà installersur le coursdu Merle uneforge et uneafiFrnerie pour traiter le mineraiet le duchélui garantissait I'exploitationde 4500arpents de bois(dans les cantonsdes environs) pour approvisionner en combustibleses établissements.La maîtrisede Dieuzeattribua en effet en 1750à euien plusde 150arbres à bâtimentpour réaliser cette opération615. En 1759,on trouvaità Ste-Fontaine,lieu-dit sur lequelavait été installée cette entreprise(aux limites du ban de St-Avold,Ste-Fontaine est à 314de lieuesde Hombourg et ù 2 lieuesde St-Avold),une forge, un fourneau,des marteauxet martinetsutu.C'était doncun de cesétablissements intégrés qui transformaientdes minières métalliques locales en produits finis assez variés. Cependan! cette usine forestière demeura un petit établissement,fragile de surcroîtet sur bien des plans.Dès 1757-59,il avait changéde mains et il s'intégraitdans le cadreautrement plus vastedes entreprises du maîtrede forges de Hayange,Wendel, dont les opérationslocales couwaient désormais les trois massifs fbrestiersplus ou moins mitoyensde La Houve de Merten, La Houve de Creutzwaldet Saint-Avoldainsi qu'une concession de t 1.000arpents dans la forêt de Bouzonvilleult,en plus de ses autresétablissements mosellansu't. De tous les établissementslocaux de Wendel, Ste-Fontaineresta le plus petit.
614 AD Mlvt c 307. 615 AD MM, B tz.36g. 616 AD MM, Bl2.o77,p2g. 6t7 '. P. Fritsch Les \Vendel,rois rJe I'acierfrançars, paris 1976,p33. 618 En 1757, Charles Wendel était maîne de forge à Hayange, à la suite de son père et l'établissement datait de 1704. Depuis cette date, il fournissait I'armée française en produits d'artillerie, notammentles arsenauxlocaux de Verdun, Mefz, Sarrelouis...Désirerm d'accroître ses productions, il avait d'abord songé à agrandir l'établissement de Hayange. Il avait écumé tout le bois des environs et s'était heurté à I'opposition des paysans de la région qui cherchaient à conserver leurs usagesforestiers des déprédationsdes usines. Il avait ainsi perdu un procès auprès de la chambre des comptes de Bar. Aussi, pour se développer, il devait gagner de nouvealx horizons, proces$rsclassique de concentrationhorizontale. (P. Fritsctr, ibiderr, pp 3l-32.) De plus, la reprise de Ste-Fontainepermettait à Wendel de se rapprocher géographiquernentde l,un de ses clients, I'arsenal de Sarrelouis.Au milieu du XVIIIème siècle, I'extension de I'activité des maîtres de forges ne pouvait se faire sur un seul site, pour des raisonstechniques. Il leur fallait s'étendreen incorporant des établissementsgéographiquement dispersés. Ainsi, Gouly fbndateurde Goffontaine en 1751 avaitpar la suiterachetéet regroupé4 autresétablissernents dans un ravon de 25 km autour 318
Or, cetteusine n'était pas à la hauteurdes besoinsde son nouveaupropriétaire, aussice maîfre de tbrgesdemanda-t-il et obtint-t-il dès 1758,I'autorisation de construireà Hombourg une nouvelle forge, de plus grande puissanceet qu'il ne pouvait localiser ( ailleurs, les conditions potamologiques> étant bien meilleures à Hombourg. On retrouve donc ici la limite locale introduite par la faible disponibilité en eaux (quantité, régularité et fbrce du courant), sur I'amont d'un petit bassin hydrographique,celui de la Rosselle et la nécessitépour tout industriel un peu substantielde se déplacervers l'aval du bassin.en I'occurence Hombourg. On peut établir un diagnostic de l'échec de lentreprise de euien et Moritz. D'une part, c'étaient de petits maîtres de forges, ils n'avaientni la surface f,rnancière6le,ni la surface sociale de leur repreneur. En effet, les frères Quien, à I'origine des nouveaux établissements, avaient été auparavant directeurs d'une fbrge du comte de Nassau- Sarrebruckuto. En créant Creutzwald et Ste-Fontaine, ils se lançaient à leur compte, c'étaient des techniciensdénués de capitaux et donc particulièrementexposés à l'échec. Par contrq Charles Wendel, déjà propriétaire d'une grosseforge, zujet français et fournisseur de I'armée, nanti de la dot importante de sa femme, une D'Hauzen, famille liée financièrementaux maîtres de forge locaux, obtint du duché de Lorraine avec lequel il était déjà en affaire, des conditions beaucoupplus avantageusesque les frères euien, l0 ansplus tôt621.
de Sarrebruck, '. cf Fred Gouvy La maison Gouvy depuis sa fondation jusqu'à nos jours, évolution de^sméthodes de fabrication des aciers, in Le ù travers lesâges, Nancy 6re fer 1956, pp 345-353. Ih utiliserent la caution du beau père de De Wendel HauzerL c'est pourquoi, à la mort de celui-ci, L'héritier, maître de forge était bien plaçé pour reprendre les établissements chancelants voire en liquidation de Quien et Moritz (AD MM, B 12.076, fD40). ll y eut d'abord plusieurs repreneurs' peut-ête le groupe des créanciers de Quien, avant que Wendel ne se détache comme seul intervenant (cf. J. Gayot et R. Herly : La métsllurgie des Paystle Ia Sarre Moyenne jusqu,en /815, Nancy-Paris-Strasbourg,1928, p I56.). AN, Ql-802, cité par J. Gayor er R. Herly, ibidern, p 155. :?621 Pour une requête de 1759, contenant 18 points (AD MM, B 12.377,1760, arrêt du conseil consécutif) il obtint gain de cause sur toute la ligne. Notamment, Le Sieur de Hayange obtint du duché une franchise totale d'impôts pour ses ouwiers, ce qui lui permettait d'attirer àes ouwiers éhangers, toujours nombreux sur les chantiers spécialisés. ll obtint aussi leur rattachement à la paroisse de Hombourg, si bien que St-Avold en perdit le confiôle, dès les années 60. euien, auparavant, n'avait pas cet avantage. La ville I'avait attaqué en justice pour I'obliger à payer le < pfirndungeld >, taxe locale sur les consommations achetées (AMSA, délibérations, 17 féwier 1753 12 et féwier 1757).Il perdit le procèset fut < exécuté>> dans ses biens par la maréchausséeen 1760 pour le paiementdes arriérés(Gerardy, l'r,66,n" 3940, p326). 319 Aussi, lorsqueQuicn se heurtaà des difficultés techniquesimprévues ou sous- estimées,son entreprise manqua rapidement de capitaux et il dut passer la main à Wendel622.
En fait, le site de Ste-Fontainesoulûait de nombreux inconvénients. D'une part, il était dans la partie amont du bassinde la Rosselle.Le Merle, sur lequel étaient installées les usinesbénéficiait bien de quelquesétangs de retenues,en chapelet et encore en amont, mais cela ne suffisait pas à assurerla pérennitédu travail des forges. De longues périodes de chômage résultaient des étiages, du gel des eaux fàcilité par la fàiblesse du courant. De plus, les usagerssitués en amont, scierieset moulins de I Hôpital, pour leur propre sauvegarde,suscitaient des dégâtsen aval, lors des fortes pluies623.
A Ste-Fontaine,on subissaitdonc aussi bien le chômaged'étiage que les dégâts des eaux. Ainsi, dès mars 1760, De Wendel dut faire face à une grosse inondation avec rupture de digues,bâtiments emportés,ensablement des 1its...20.000f de pertesestimées. D'autre part, Quien avait ouvert son établissement après avoir fait des decouvertes de filons métallifères dans les sables proches de Freyming. or ce minerai se révéla à I'usage, de qualité insuffîsante,il fallut aller chercherla matière première dans une fbrêt ducale voisine, la Houve de Merten, à des distancesde 3 à 8 lieues, ce qui accrut les frais d'exploitation62a.
Enfin, quelles qu'aient été ces difficultés, les capacitésd'approvisionnement en bois' fbndamentales dans I'alÏnage des métaux et en attendant le développement de la houille, avaientatteint pratiquementleurs limites naturelles,dès 1765-1770.En effet, en 1750, Quien avait obtenu 4500 arpents de révolution de coupe pour sesétablissements. En 1765'De Wendel utilisait rien que dans la forêt de St-Avold, car il avait aussi des coupes dans les fbrêts communalesde Hombourg ou dans la Houve de Creutzwald, dans celle de Merten et à Bouzonville, 6250 arpents de révolution de coupe. A cette époque, les 7
622 En 1757-58, Iaffaire était en liquidatiorL les créanciers s'étaient muttipliés, les ouwiers nétaient plus payés(B 12.076,fb 40). 623 on trouve à St-Avold et dans toute la région un grand nombre de contentieux dus agx comporteme,nt des meuniers, aussibien au XVIIIème siècle qu'au XIXème. Les meuniers baraient I'eau en période détiage et pouvaient inonder des terres, gâter des prairies, en amont de leurs moulins, tandis qu'en période de crue, ils ouvraient les vannesen grand et provoquaient des dégâts en aval. 624 AD MM, B l2.o7g. p 359. 320 communes affouagèresutilisaient elles-mêmesdes superficies dont la révolution s'établissaità environ3000 arpents6r5.
Les sols de la forêt du Warndt étaient très ingrats, souvent marécageux, toujours pauvres parce que sablonneux,soumis aux chablis. Il y avait des landes à bruyères,beaucoup de taillis clairs, la régénérationdu bois était très lente, les différences de qualités d'un canton à I'autre réservaientdes surprises,certaines années626. Aussi, il fallait souvent requérir'des aménagementsparticuliers, obtenir de nouvelles conditions pour régulariserI'approvisionnement62T .
On se heurtait donc à Ste-Fontaine à beaucoup de difficultés techniques qui justifiaient le faible calibre de I'établissementet sa spécialisationrapide comme affinerie et non plus comme fbnderie.
Après sa création, la fbrge de Ste-Fontaineavait été intégrée à un ensemble plus vaste d'établissementslocaux par les Wendel et son fourneau ne fut plus utilisé pour produire de la fonte, ce qui ne se faisait plus qu'à Creuzwald, mais seulementpour af;finer les fontes de Creutzwald. Pour accroître la production, les potentialités locales étant limitées, il fallut égréner les établissements nouveaux (Hombourg) ou rachetés (St- Louis628), le long desrivières62e. Ceffe organisation se maintint sous le Consulatet I'Empire où I'ensembledes établissements était réuni sousla houlette d'un même maître de forge, le Baron d,Hausen. A cette époque,Les deux hauts fourneaux de Creutzwald qui travaillaient en alternance, fondaient le minerai, qu'on allait déjà chercher à plusieurs lieues, le même établissement moulait une partie des fontes et faisait affiner le reste dans les établissements de Hombourg6'0, Ste-Fontaine63let St-Louisu". Selon la conjoncture et Ia disponibilité des
62s Calcul établt par une moyenne de l0 plans de coupes réalisés par les maîtrises pour des colrununes desenvirons, entre 1759et 1762,AD MM, B 12.077et 12.07g,8lz.0g2 et 12.0g3. Cf les procès-verbauxdes visites de 1765et 1791dela forêt 627:: de St-Avold,B l2.tl5. Exemple, requête de Philippe Courageu:r, directeur des forges de Hombourg, dont dépendait Ste-Fontaine,en mai 1765,B12.089,fD 164,plus loin. fb 306. 028 St-Louis était à % de lieue de Ste-Fontaine, comme de Hombourg, sur Ie confluent du Merle et de la Rosselle. 62e C'est cette organisationd'une entrepriseintégree de 4 établissementsque décrivit De Dienich dans sa description des gites de nilnerai et des bouches àfeu de la France, tI[, paris, l7gg, cité par Gayot et Herly, op. cit., p 158. 630 Deux feux d'affinerie et deux martinets. Pour tout ce paragraphe AD Mosellg I S 516, informations données pour la période qui va de la préparation des statistiquesde Colchen (An 9) aux statistiquesde 1814-1816. 63r Deux feux d'affrnene. 321 facteursde production, l'un ou l'autre des établissementstravaillait plus. D'autre part, en l'An 9 le charbonavait totalementdétrôné le bois dansla fbnderiecomme dansI'aftinase. cela avait diminué l'emploi saisonnierdans les forêtsdes envrrons. Si 350 à 400 ouwiers étaient employésdans I'ensemble des établissements,la production resta modeste, notamment parce que ces chiffres cachent un sous-emploi systématique de la main-d'oeuwe qui n'était très occupée que tout à fàit saisonnièrement633.
L'emploi dans l'établissement métallurgique (( integré >>,en lg06
Ouvriers de la Ouwiersextérieurs Total manufacture Creutzwald T4 94 108 Hombourg 25 207 232 Ste-Fontaine 10 0 10 St-Louis 8 0 8 Total 57 301 3s8 Les débouchésde cette entrepriseétaient constitués comme sousles Wendel par les arsenauxrégionaux mais aussipar les départementslocaux, Moselle, Meurthe et Vosges, des marchandsde fer redistribuantles matériauxà quelquesquincailleries, coutelleriessemrreries et clouteri"so'o.
632 Platinerie et atelier de fabrication de tôle, four à réverbere, chaufferie, cisaille et trois marteaux et martinets. St-Louis était 3/q à delieae de Ste-Fontaine,comrne de Hombourg, sur le confluent du Merle et de la Rosselle. 633 Les statistiques nous donnent souvent le nombre de journees payées aux différents ouwiers des établissements. Cela pennet d'évaluer [e nombre de jour de travail annuel par ouwier. Ainsi, en 1834/35 on relève les données suivantes pour la main-d'oeuwe permanente de Creutzwald et Sainte-Fontaine : Main d'oeuwe Journéespayées Nbred'ouwiers Nbre de jours de de l'établissemenr travail par ouwier Mine de Creutzwald t4 1500 Lavoir de Creutzwald I 80 35 201 Forge de Creutzwald 24 4990 Affnage de creutzwald 4+3 400+60 Etablissement de 8 2000 8 250 St-Fontaine
A Ste-Fontaine, on se rapprochait du plein emploi, mais à Creutzwald on en était loin, d'autant que certains spécialistes n'étaient pas interchangeablesou déplaçables. Tous ces ouwiers avaient aussi des jardinages ou des cultures, un petit élevage. Quant aux bucherons ou voituriers. leurs contributions à l'établissementétaient beaucoup plus momentanées. 634 Cf. annexesur les clouterieslocales. 322 Production et c url uredans lesetabltssements blissem métallursioues lor :aur (F.n tonnes l814 Minerai ernpl. à Fonteprod. à Fers de Fersde Ste-Font. Creutzwald Creutzwald Hornboulc et St-Louis ler trirnestre 774 327 49.5 0 2èmetrimestre 775 326 45 l5 3èmetrimestre 326 65 t7 4ème trirnestre 775 32s 171 292 Total 3099 1304 330 324 Au cours des restructurationsdu capital qui survinrentsous I'Empire, les établissements locaux cessèrentd'appartenir à la mêmeentreprise. Creufzwald changea alorsd'orientation, développant le moulagedes fontes et l,affinage. Les autresfbrges, par contre,s'approvisionnèrent désormais en tbnte dans le Pays-Haut et nonplus seulement à Creutzwald.Elles suivirent une évolution autono.eurt. Hombourgprit une certaineampleur, diversifiant sa productiondans les fers et aciers, tandisque St Louiset SainteFontaine devinrent réputés pow leurstàbrications de socsde chamres.
Les productions locales (en tonnes) Etablissement Productions 183I 1835 1839 1843 1846 Creutzwald Mine (minerai produit) Lavoir 2s3 473 494 384 ( ninerai lavé) 27r 473 449 ? Forge (fonte) 249 371 630 618 420 fonte moulée ? ? 234 247 Fers d'affinage au ch. bois 44 45 29 Fers d'affinage au charbon 8 2l ll Hombourg Fers au charbon de bois 59 31 r82 140 Fers au charbon 3s2 1204 1069 Four à réverbère t20 300 220 Total 50s 4ll s30 1687 1429 Ste Fontaine Fers d'affinase 20s 91 t64 180 170 St Louis Fers d'affinase 164 8l ll0 90 Les productions métallurgiqueslocales atteinrent leur apogée sous la Monarchiede Juillet et cessèrentensuite de sedévelopper.
Seull'établissement de Hombourgse modernisa décisivement en adoptant la vapeur tandis gue les autres établissementsen restaientà une puissancede travail purementhydraulique.
< Consistancedes usines>1636 en 1867
Puissancehvdraulique PuissancevaDeur Creutzwald 35 cv 0 Hombourg [8 cv 86 cv Ste-Fontaine 38 cv 0
635 Notice cornplète de l'évolution de la propriété industrielle locale, en marge des statistiques pourI'année 1839. AD Moselle,1 S 518. 6-16 Séried'états statistiquesannuels dans les liassesl s 520 et 521. 323
Les établissementsde Ste-Fontaineet St-Louis restèrentdes établissements modestes tant pour leur productionque pour I'emploi qu'ils représentèrent.Cela signifie que ces deux usinesfurent marginaliséespar l'évolution industrielledu département.En effèt, la production métallurgique de la Moselle se développait d'année en année, si bien que les établissementstels que Ste-Fontainedisparurent pratiquement des statistiquesdans les années 1850-1870, devenus trop faibles par rapport aux < locomotives >> départementales63T
La uction de Ste-Fontaine en tonnes Date 1814 t826 I 828 183I 1835 1839 1843 1845 1846 r866 Ste Fontaine 205.6 164 180 200 170 120 St Louis 164.5 8l tt0 n9 90 Total 324 JO/ 356.5 370 91 245 290 319 260
A ste-Fontaine,en 1849,il n'y avait toujoursque 5 ouvriers638.on peut estimerqu'un siècleauparavant, la situationde l'établissementétait déjà identique.En effet, le < facteuret régisseur> de la forge était cotisé( pour lui et sesouwiers > à g sous de pied-certain63een 1753et I I sousen 1854-55.C'était une cote moyennequi pouvait correspondreà un atelierde trois à six travailleurs.Certes, durant la saisondes coupes de (donc bois avantI'utilisation du charbon)ou durantles périodesde travail intense,on embauchaità Ste-Fontainedes bûcherons, des voituriers, des manoeuwes. Selon Colchen, en I'An 9, en Moselle,durant le maximumsaisonnier d'activité métallurgique, l,industrie métallurgiqueemployait2252 personnes pour 351 employéspermanents. Le rapportétait de I à 10640.C'était donc une cinquantainede personnesqui trouvaientsaisonnièrement du travail grâceà la forge de Ste-Fontaineet probablementplus dansles villagesproches de Hombourgou de L'Hôpital qu'à St-Avoldqui étaitplus étoignée. L'emploidirect aux forgesde Hombourget Ste-Fontaioeunt Août 1854 Awil 1856 Janvier1859 Décembre1859 1865 t867 Hombourg 85 t2l 110 il0 155 Ste-Fontaine 8 8 il t0 10 l0 637 c'est notamment le cas des rapports annuelsde I'ingénieur des mines (AD Mosette, I s 412) où Ste-Fontaine n'apparaît plus au milieu du siècle, alors qu'elle est toujours mentionnée sous le PremierEmpire (l S 516-517). 638 AD Moselle,ZzTM. 63e Coefficient multiplicateur de chacun des chefs de famille dens la repartition de la subvention reclameepar le duché aux habitants de la ville. L'échelle de ces coefficients allait de 2 sous à 3l sous.AMSA, art.36-37. 640 De Dietrich faisait déjà la même estimation pour l'établissement de Dillingen (Sarre, 47 ouwiers pour 400 pèresde famille liés à cette usine) dans sa description des gitesde ntinerai et des bouchesà /èu..., cité par Goury, op. cit. et par J. Gayot et R. Herly, 64t op. cit. Rapportsde gendannerie.AMSA, utt. JOg. 324 De plus,la métallurgie localeabandonna assez tôt le mineraitiré dessables du Warndt'dont les filons étaient disperséset nese trouvaient qu'en fàible quantité. Dès la fin du XVIIIèmesiècle, la fonderiede Creutzwald s'approvisionnait à St-pancré, dans le pays- Haut642 en I 8l 1, les , forges de Hombourg et Ste-Fontaineachetaient des fontes allemandesde Rhénanie6a3 et dansles années1850, les dernièresmines de fer sarroises disparurent,la métallurgie de cetterégion important entièrement sa matièrepremière de I'extérieur6oa' Les chemins de fer arrivèrentà point pour permettrecette mutation. carla productionlocale de fer était entièrementépuisée. D'autrepart, à cetteépoque, Ie charbonavait déjàplus ou moins totalement remplacéle bois dansla métallurgie. Mais surce plan,la Sarreavait desmines anciennes à la productionbien assise, alorsque les prospectionsne faisaientque commeilcerclans le futur bassinhouiller lorrain, handicapedepuis 50 ans par des conditions géologiques défavorables. Aussi, quand charles II De wendel6as voulut se rapprocher de ses approvisionnementsen charborqen 1853,il créa un nouvel étabtissementà proximité de Sarrebruck,à Stiring, sur la frontièresarroise et surla ligne de cheminde fer entreMetz et sarrebruckqui venait d'être achevée66.car le premierpuits de charbonproductif foncé en Lorraine se trouvait à Petite-Rosselle,dans le prolongementimmédiat du charbon sarrois. Enlin, le troisième facteurde productionimportant pour la métallurgieétait la sourced'énergie nécessaire à la transformationdu minerai. Sousce rapport aussi,une révolution s'était produite,I'introduction de la vapeurqui af;franchissaitles établissements descours d'eau. Là encore, le site de Ste-Fontaine,sous le SecondErnpire, ne pésentait plus le moindreavantage: on n'avait plusfranchement besoin du Merle,comme on n,avaitplus fondamentalement besoinde la forêtlocale et commele minerailocal n'était plus exploité.
R. Capot-Rey,op. cit., p366. qr:.: R' Capot-Rey: Le développement économique des pays sanois sous la Révolution et l-'Empire,1792-1815, pmis, 192g,p t7g. 644 A Creutzwald mêmq la concession de la mine de fer fut officiellement abandonnee en lg66- 67, da fait de (rapport de l,ingénieur des mines, 1867' AD Moselle, I S 412). Mais I'exploitation avait cessédès lg6l et n,avait pas repris dansles annéessuivantes (l S 520). 64s Longtemps les wendel ne durent leur noblesse qu'à leur état de maîtres de forges. c,est seulementdans les années1780 qu'Ignace De Wendel vit sa noblesseconfirmée < définitivement >> par le Roi de France.Cf. p. Fritsch,op. cit., p 36-37. 646 R. Capot-Rey,op. cit., 1934,p 3à0. 325 Au regarddes nouvellesconditions industrielles d'autres sites étaientmieux placés et surtout l'établissement de ste-Fontaine,toujours resté modeste et marginal, n'avait jamais atteint la taille critique qui en aurait fait l'ernbryon d'une usine de grande dimension'Car il en est des usinescomme des villes, le bâti existantreprésente un capital accumulé qu'on abandonne difficilement. Ce n'était pas le cas de Ste-Fontaine,petit investissernent qu'on pouvait abandonnerfacilement au profit d,un autre. De surcroÎt,l'établissement de Ste-Fontainecomme celui de Creutzwaldavait cesséd'appartenir aux De Wendel dès l'époque des nationalisationsrévolutionnaires. Il avait été racheté par de petits maîtres de forges, Simon et Frécot. Il sortit donc de la stratégie des De wendel qui auraient pu en faire une gïosse usine lorsque les conditions techniquesauraient été réunies.
Et l'établissement de Creutzwald qui était de plus grandetaille (55 ouvriers en 1860) dut éteindreses hauts-fourneaux dès 1863-646a7,tandisque Ste-Fontaine,disparut en 1875.
En fin de compte, la fonderie de Ste-Fontainese justifiait avant la Révolution, dans un contexte de dispersion générale des usines métallurgiques,situées à proximité de leurs approvisionnementsen minerai et en bois, sur des cours d'eau qui pouvaient être de faible débit étantdonnée la modestiede la production6a8. Cependantet de ce fait, Ste-Fontainen'eut qu'un très faible impact sur la ville. L'usine était éloignée de l'agglomérationurbaine, tournée vers les communeslimitrophes de Hombourg ou de L'Hôpital, de faible dimension et d'autre part, c,était une initiative extérieure, dont les productions s'adressaient à des marchés d'une autre dimension (fournitures à I'armée française), qui courcircuitait la ville à tous points de vue. D,ailleurs I'irnplantations'était négociée à Nancy tout à fait indépendammentdes autoritéslocales
647 1861 selon R- capot-Rey, op.cit., p 359. cependant au début des années1g60, la fonte produite à creutzwald ne représentaitplus que 0,37o de la production de la Moselle, autour de 300 t par an et elle ne disparut des statistiquesqu'en I g65. Productions de hombourg et Creubwald de des 1862 AD lS4l2etlS5?o (en tonnes) 1859 l86l r862 1864 1865 1866 1867 Hombourg l 100 1600 1283 t502 r496 Creutzwald 375 313 320 500 435 0 Total dénartem. 93.714 r29.2rl 146.0t6 195.000 228.000 205.000 235.500
Tout en restant petit un établissernent,Hombourg s'est maintenu, tandis que Creutzwald qui n'a pasprogressé depuis 1825 (capacité moyenne 648 de 350 t. de fonte Il s 516]), a disparu. Sur l'évolution de la localisafion des établissementsrnétallurgiques samois, voir R. Capot-Rey, op. cit. 1934.p 351 et suivanres. 326 qui venaienten 1749 d'être dépossédéesde la juridiction forestièreau profit de Dieuze, nouveau sièged'une maîtrisedes Eaux ef fbrêts.Dès cetteépoque, la region métallurgique qui se constitua sur la Sarreà partir de 1750,inclua tout le Warndt rnais laissa St-Avold sur ses marges,comlne la ville devait plus tard, rester longtemps marginale par rapport au bassinhouiller lorrain qui lui aussise développalongtemps uniquement dans la depression du Warndt
Au moment de la Révolution industrielle, le site de Ste-Fontainese heurta à ses limites naturelles et finit par perdretout intérêtpar rapportaux établissementsvoisins. Mais c'est en fin de compte la petitesse de la société qui possédait l'établissernentqui est I'argument majeur de sa perte. car entre 1g50 et 1g60, non seulement on finit par trouver du charbon à proximité (à L'Hôpital) mais encore on construisit une voie ferrée, de sorte que Sainte-Fontaine,en toute objectivité aurait pu, aurait dû survivre et même se développerà des dimensionsbien plus vastes.
Alors pourquoicela ne fut-il pas le cas sinon parcequ'il s'agissaitd'une petite entreprise familiale qui hésita ou refusa de faire le grand saut que la législation permit quelques annéesplus tard, celui de la société par action qui lui aurait permis de réunir les capitaux nécéssairesà une extensiondécisive de I'affaire. Ajoutons enfin que de toute manière, après 1870, le changementdes horizons politiques régionaux entraîna la fermeture de pratiquement tous les établissements métallurgiquesdu warndt lonain, y compris les plus modernes(stïning). Mais depuis 1850 se profilait déjà le développementd'un bassin houiller dans le même cadre géographique.
- Le charbon
Dès la fin de I'Ancien Régimeet surtout sousle PremierEmpire quand la Sarre était devenueun départementfrançais, le charbonsanois était devenuune source d'énergie importanteen Mosellecomme le montrela nombreusecirculation des voitures dehouille dans le secteurde SrAvold,dès cette époque.
Aprèsles traitésde Parisde 1815,tous les puits de houille se situaienten territoire étrangeret les tarifs douanierstrès protectionnistesde l'époquerenchérirent le coût du charbonpour les Mosellans.Cependant, la consommationde charbons'accrût à mesure que les productions industriellesse développaientet le besoin d,un approvisionnementnational poussa à renouvellerles sondagesdans le secteurfrontalier 327 proche de la Sarre où l'on savait déià, au moins clepuisle prernier Empire, que les gisementsse prolongeaientsous le territoiremosellan. Depuis la fin de l'Ancien Régirne,les besoinsde combustibleavaient renchéri le bois et c'est pourquoi, on utilisait de plus en plus le charbon.Cependant, de nombreux efforts visaient à dirninuer le prix des combustibles,la Sarrebénéficiant d,une rente de situation qui lui permettait de pratiquer de hauts prix et de les augmenter encore chaque fois que la situation internationale se tendait car ce charbon traversait une frontière. on vit notamment se développer dans le Warndt et à Bitche, I'exploitation de tourbières. dans les prairiesdes fondsde valléede diversvillases6ae. La production destourbières villageoises Villages 1835 1839 1848 1860 19670"' Ham s Varsbere 31 28.3 Varsberg 147 Porcelette 245 203.7 Creutzwald 4.5 22.6 Longeville les St-Av. L'Hôpital Bénine les SçAvold tt.4 237 r20 7)\ Bitche s24 558 437 430 272 Total 804.5 971 674 550 344.5 Dans un premier temps, elles se multiplièrent car elles permettaient d'améliorer les prairies,en prélevantla tourbesur laquellene poussaitqu,une herbe aigre65r-La tourbe fut utilisée pour les besoinsdomestiques, les distillerieset les teintureriesrurales. Cependant,les résewesétaient de faible ampleur,on peut voir sur le tableauci-dessus que la productionplafonnait déjà , à Porcelette,avant 1g39et mêmeà Bitche' plusgros producteur,avant 1848. C'était du restedes exploitations irrégulières qui s'arrêtaientici, reprenaient là, au gré des possibilitésdes propriétaires.A Ham sous Varsberg,les quatre ouwiersqui exploitèrentla tourbièreen 1839,n'y travaillèrentque l5 jours dans l'année.A Porcelette,la même année,6 ouwiers produisirentde la tourbe durant 72 jours. Dans les années1860, on ne travaillait que 45 à 60 jours par an dans toutesles tourbières locales.
64e Sur les tourbières,plusieurs tableaux statistiquesannuels et des commentaires,AD Moselle, t s 517à 521. 650 Dans les années60, la production était devenuetrop faibte pour que l'ingénieur des mines se soucie de leur précision. Il repétaitalors les chiffres de I'année 65r précédente. Les épaisseursde tourbe semblentavoir été faibles, I à 2 mètresdans le Wamdt, 2,5 à3mètres dans le secteur de Bitche. Toutefois, en 1866, un propriétaire de Lachambre (Michel Jochum) possédantune tourbière estiméeà 500.000 m3 sur le territoire de St-Avold-L'Hôpital voulut trouver descapitaux porx'son exploitationen vendantune participation(affiche de 1g66, I s 520). Il faisait miroiter 6 à 8 rnètresd'épaisseur de tourbe. 328
Grap. l6 Evolution de la production des tourbières locares en tonnes
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r--...----t..- I -l --1 -{-l -f
c-al-16 tI:e99 3Ssg8g d6àéë#
--- l-- -- -û- Production des tourbières du Wamdt ... de llitche
L'exploitationde la tourberesta donc un bricolagemomentané. L'important, c'étaitIa houille.
Si sur le tenitoire sarrois6s2le charbonafTleurant était exploité depuis le moyen-âge, en Moselle,le charbonn'affleurait pas et n'avait par conséquentjamais été exploité. Mais au XD(ème siècle,que ce soit en Sarreou en Moselle,il fallut pour accroîtrela production ou la créeq utiliser la techniquedes puits qui allaient chercherle charbon en profondeur.Là encore,les conditionsgéologiques étaient meilleures en Sarre ou les morts-terrainsqui surplombentla houille sontplus solideset moins acquiferesque le grésbigarré qu'on trouveen Moselle.
Dansles années1820, les Sarroiscreusèrent donc des puits d'exploitation et en Moselle,on fit de rnême.Le conseilgénéral notamment finança des sondages à Teterchen et dansla forêt de Creutzwald,dans les années1820-18246s3. En Moselle,les déceptions furent nombreuseset I'on ne put débouchersur une production,du fait deséboulements et
6t2 R. Capot-Rey,op. cit., pp252-253. 653 AD Moselle, I S 478. Jacquot,Note sur la découvertede la houille à Creutzwald et à Carling, MAM, juillet 1854, repris en awil 1855 (AD Moselle, 8H22.474) fait I'histoire des sondages réalisés en Moselle- Parallèlemen! un certain nombre de découvertesplus ou moins prometteuses de tourbe, lignite, houille, donnèrent lieu à des recherchesréalisées par des particuiiers, un peu paftout en Moselle, mais surtout dans I'arrondissementde Sarreguernines(l S 477 et 47g\. 329 des fortes venues d'eau, ni à Schoeneck(1820), ni plus tarcl à Stiring ou à petite- Rosselle65a
ll fallait attendreque des améliorationstechniques, le recourssystématique au pompageà l'aide de grossesmachines à vapeur,la congélationdes acquifèrestraversés par les puits, permettentla mise en exploitation du charbon. Il fallait aussique les besoinsen houille devinssentcriants et qu'un rnoyenbon marché d'évacuation de ces pondéreux ftt réalisé vers les centres de consommation français,ce qui fut le cas dès lors que I'on construisiten 1852une ligne de cherninde fer entre Metz et Sarrebruck,elle même consommatricede charbon.
Mais aussi bien sur le plan technique de la faisabilité que sur le plan géologique des découvertes concrètes,ce sont les avancéesréalisées dans le secteur de Schoenecket Petite-Rosselle qui, montrantl'existence positive du charbondans le soussol français et la viabilité de son exploitation, relancèrent,après 1848,les recherches. On assista alors à une ruée sur le Warndt des milieux d'affaire régionaux et nationaur, renseignéspar les ingénieurstandis que le public était informé par le mémoire de l'ingénieur des mines Jacquot, écrit en 1853655et qui reconnaissaitdes indices probablesde charbon,dans le secteurde L'Hôpital-creutzwald.
La plupart des sondageseurent lieu entre lg52 et I g596s6. Des sociétésse constituèrentà Paris pour beaucoupou à Metz et Nancy, des hommes d'affaires du Nord, liés au bassinhouiller du Pas de Calais récemmentmis en concession, souvent associés à des industriels ou des personnalités locales, aidés ou associés à un grand nombre d'ingénieurs réunirent des capitaux et du personnel et de kilomètres en kilomètres creusèrentle soussol du warndt657. Pratiquement surgies du néant, ces compagnies avaient pu rassembler en quelques semaines le matériel nécessaireet elles avaient lancé au travail des groupes importants d'ouvriers. En 1854, une cinquantaine d'ouwiers opéraient sur quelques
654 R. Haby, Les houillères paris, Lorraines et leur région, thèse, 1965,pp 7I-74. et R. Capot- Rey, ibidem. 655 E. Jacquol Etudes géologiques sur Ie bassinhouiller de la Sane faites en lg17-4g et 50, Paris, 1853 (AD Moselle, BH 8037). Plus tard, le même auteur écrivit une synthèse sur les développernents des rechercheset des productions de fer et de houille dans sa Descrition géologique et minéralogique du départementde la Moselle,Puis,ls6g 656 (AD Moselle, FjH2709). B. Desmars (les : Adminisftation ntines et entrepri.sesprivées, la réparlition du bassinhouiller lorrain sous le secondlimpire, in Lorrainedu feu, Lorraine 6s7 du fer, AD Moselle,1996. lbidern. 330 sondages65*,dans la forêt de St-Avolcl,et en novembrede la niêrne année,g sondagesse creusaientdans le canton, à Carling, I-'t{ôpital, Freyming, mais aussi dans la forêt de Saint-Avold (canton du Zang, au Nord de la ville), au Wenheck (plateau au Sud de la ville). En avril 1855, c'étaient l0 sondagesqui s'approfondissaientet un document de l8586se mentionne41 sonclagesfinalement réalisés entre Schoeneck, Falck et St-Avold. Sur le territoiremême de la communede St-Avold, I'essentieldes sondagesse fit dans la forêt, au nord de la ville, entre 1852 et 1857. Vers 1g55, il y eut jusqu'à 3 sondagessimultanés. juillet En 57, enfin, celui de Ia Compagnieclzarbonnière de l,Esr trouva' à 385 mètresde profondeur,une veine houillèrede 1,9mètres de puissance6uo. Cette effervescence suscita bien des espoirs, à St-Avold comme dans les communesenvironnantes et l'on suivit avecanriété les progrèsde ces sondages.
En effet, dans les années 1850, Ia population locale atteignait son maximum historique' la crise qui avait suivi 1846 avait fait réapparaîtredes tensions sur les prix alimentaires et en même temps avait généréun chômage plus ou moins permanent66l, tandis que la Révolution de 1848, les journées de Juin avaient engendré espoirs chez les uns, craintes chez les autres.Le 8 janvier I847,le conseil municipal évoquait l,existence de plus de 400 ouvriers pauvresdans la commune662. Le chantier du chemin de fer avait momentanément occupéquelques personnes en 1849-51.La municipalité,pour occuperles chômeurs entretenait par période, en hiver des < ateliers de charité )) sous fonne de chantiers d'entretien sur les chemins vicinaux, ainsi durant l'hiver 4B/4gou encore en mars 1854, quand des rumeurs de guerre contribuèrent à une crise conjoncturelle663.La commune avait approuvé la création d'un < dans I'école communale, en mai 1849, à l'initiative du curé, des Dames de Ste-Chrétienne (les institutrices) et du bureau de bienfaisance.Il y avait à cette époque environ 200 enfants considérés comme indigents (1/3 de I'effectif total) et dont les frais de scolarité étaient couverts par la municipalité. Des distributions de soupesde légumes étaient organiséesau
658 AMSA! art. 56g. 65e ADMoselle,lS477. 660 AD moselle, I S 478. 66r Le gonflement rapide du nombre des passeportsd'indigents en 1847-4g reflète bien le reflux des émigrantsde la region depuis Paris atteintepar la crise, cf chapitreprécédent. AMSA, déliberationsmuniçipalss. 663l:: Dès le 8 janvier 1847, le conseil municipal, réuni exfraordinairement,avait voté lg00 frs de crédits pour la création d'un chantier de terrassementsur la route de porcelette. Cela lui permettait d'obtenir du gouvemement un appoint d'un tiers de cette somme, puisé sur un fond de 4 rnillions rnis à la disposition des communes qui mettaient en place des ateliers de charité. (AMSA, délibération janvier du 8 1847).Ce genrede montagesfinanciers se renouvela par la suite. 331 profit des indigents répertoriés,plus de 50 famillest'6a.Même la garnisonparticipait au financement de 15 rationsquotidiennes par prélèr,ernentsur les soldesdes soldats665 . La pauvreté avait donc un caractèreobsédant, ces annéeslà, et le dérnarrageen trombe des sondageshouillers ne pouvait que susciter de très gros espoirs.La municipalité estimait ainsi, le ,,forqes 10 fevrier 1856 que 9 moulins pouvaientse transformeren et autresfabriques" dès que I'extractiondu charboncommencerait666.
Le coup d'Etat de Louis-Napoléon avait restauréles structuresde surveillance de l'opinion, orientéesdans des cantonscomme celui de St-Avold, essentiellementvers la classe ouwière- Il nous est resté aux archives municipales de Saint-Avold quelques rapports bi mensuels ou mensuels de la gendarrnerie locale sur la conjoncture économique667. Ces rapports constituent un véritable feuilleton de l'évolution des sondageshouillers entre mars 1854 et juin 1860. On suit très précisémentdans ces textes I'approfondissement des sondages,les problèrnestechniques rencontrés tels que les venues d'eau, les couches géologiques traversées,les bans de houille atteints, l,évolution des cuvelages,I'intemrption des travaux par manquede capitaux.
On trouva du charbon mais souvent en faible épaisseur ou en grande profondeur66s et surtout les venues d'eau étaient considérables,les terrains sablonneux s'effondraient. La multiplication des frais engendrés par ces difficultés techniques entraînait des interruptions de travaux par manque de capitaux66e.Les découvertes se ponctuèrentde réjouissances populaires6Toet I'activité de recherchehouillère contribua au plein ernploi, alors même que la conjoncture était rendue maussadepar la guerre de Crimée671. Les entreprisesqui operaient localement comme la Compagnie Charbonnière du Hoclwald ou la Compagnie Houillère de la Moselle employèrent en 1g5g-59 des effectifs de 90 à 130 personneschacune, en tout, 350 à 450 ouvriersétaient alors occupés aux sondages.
Pendant quelques années, on voulut croire à St-Avold, que les sondages aboutiraient.
Phs de 300 personnesfurent inscritesà cette soupepopulaire 665:: durant l,hiver tg54-55. AMSA, art.568,rapport de mars 1g54. 666 AMSA, délibération du l0 féwier 1g56. 667 AMSA. art. 56g. 668 1,34 m de banc houiller à 285 m de profondeur, dans la forêt de Zangou encore 93 cm à 467 m de profondeur, à Porcelette,AD Moselle^ | S 477. AMSA, art. 568, rapporrdejarrvier1g55. 670i: lbidenr,rapport d'avril 1855. 67t lbidern, rapportd'octobre1855. Et ce n'érait pas sans raisons;;r0","" lg-s7, on trouva effectivernentdu charbonsur le territoirecommunal.
Cependant, la campagne de sondages aboutit f,rnalement à I'octroi de 1l concessions minières qui couvraient une bonne partie du Warndt, mais seules trois exploitations en surgirent, celle frontalière de Schoeneck-petite-Rossellequi prit un essor rapide, celle de Carling qui s'affirma malgré de grandesdifficultés techniques,celle enfin de L'Hôpital qui se développaplus tardivement grâce à des procédésde fonçage nouveaux et sernble-t-ileffi caces672.
La production de houille de la Moselle ut,
Puits St-Max de Carlins Puits de L'Hôpital Puits de Schoeneck Nombre Production Production Production d'ouwiers 1860 40+40 200t 50.704t 1861 74+37 1548r 61.864t 1862 104+46 3610t. 25-30t / iour 0 89.820t 1863 136+37 8041r 0 tt7.t72t r864 140+31 17.641t50t/iour 0 123.060t 1865 220r45 17.718t 0 133.846r 1866 252+35 16.379t 0 165.514t 1867 10.539t 1800t30t/iour 170.139t Le puits de Carling mit en exploitation, dès lS62-1g64 deux étages de production, à la profondeurde230 puis 280 mètres.Puis, il développaun troisièmeétage à 355 mètres. Mais le cuvelage vieillit mal, les venues d'eau de plus en plus importantes contraignirent à limiter la production, à doubler le cuvelage. euant à L,Hôpital, la compagnie des Pereire et Mony qui I'exploitait utilisa un procédé constammentvanté par l'ingénieur des mines mais qui nécessitades annéesde travaux avant de débouchersur une quelconque production. Toutes les difficultés rencontrées, l'énormité des capitaux à immobiliser avant une perspectivede profit refroidirent les autresconcessionnaires qui se réfugièrent dans une attitude attentiste. Ainsi, en 1861, la Compagnie charbonnière tJe I'Est combla ses sondagesde la forêt de St-Avold et replanta en arbres les secteurs endommagés67a.
Cependant,toutes les conditions étaient réuniespour une expansionrapide vers 1870 : énonnité des besoinsfrançais, rente de situation des charbonnagesde Sarre qui vendaient leur production chèrementdès que la conjoncture se tendait, intéressementde
t:_: Rapportsannuels de 1862à 1867de |ingénieur desmine, AD 673 Moselle, I s 412. AD Moselle,I S 412 et I S 520-21. 674 AD Moselle,I S 478. capitaux nationauxaux concessionslocales, chemins de fer à portée des exrstence reconnuedu charbonet existencede moyenstechniques d'exploitation67i. Mais dansl'immédiat, à St-Avold,il fallut se rendreà l'évidence.Comme les cheminsde fer avaientfrôlé la ville par le Sud,les charbonnagesallaient la frôler par le Nord-Est.Les seulspuits qui débouchèrentsur une extractionhouillère frrent ceux de Carling-L'Hôpital,qui dèslors setransforma en un "bourg-charnpignon",grâce à une forte immigration,à desmariages précoces rendus possibles par le travailqui ne manquaitpas et à une forte féconditéde la populationouvrière consécutivement à cette précocitédes mariages. De plus, le métier de mineur était une spécialitéplus ou moins familiale, comme tous les métiers,aussi, peu de Naboriensen tirèrent profit, très probablement. L'émigrationvers Paris offrait déjà un exutoireà la populationde la ville qui par ailleurs avaittoujours été occupée dans d'autres activités que celles liées aux mines.D'ailleurs, dès l'époque des sondages,un bon quart des ouwiers des compagniesétaient des étrangers, venusdes pays germaniques, tandis que d'autresvenaient aussi d'horizons differents mais Français676.
Il y eut donc bien un début de développement des charbonnages,dans le Wamdt lorrain, mais son incidence sur la ville de St-Avold resta très limitée. Le recensementde 1866 ne constatala présenced'aucun mineur parmi les habitants.Les conséquencesfurent même négativesdans une certainemesure car d'une part, les puits exploitésaboutirent à la croissancerapide d'une nouvelle agglomération de type plus ou moins urbain,à 5-6 km de St-Avoldet d'autrepart ils contribuèrentà dévier les lignesde chemin de fer locales et par conséquentà laisser la ville à l'écart (relativement)du nouveauréseau de transport. Ainsi, St-Avold ne devint ni une agglomération métallurgique, ni une agglornérationcharbonnière, ni un noeudferroviaire. Et ce n'estpas tout.
67s La guerre de 1870 et l'annexion inversèrentla situation économiquedu bassin mosellan. Dans le Reicll celui-ci était geographiquement marginal par rapport aux marchés, dans I'ombre des charbonnagesde Sarre déjà bien plus développés et les besoins allemands pouvaient de toute manière être satisfaitspar ailleurs. 676 AMSA' art. 568, les rapports de gendarmerie surveillaient spécialement les ouwiers Sgnngers, craignant des menéessubversives et notaient soigneusementleurs effectifs cantonaux. En décenrbre 1855, trois étrangersfruent "renvoyés"(des entreprisesou de France?), à la suite de troubles sur les chantiers,ce qui produisit "un bon efTet"sur les autres,selon la gendarmerie. 334
- Le plomb et le cuivre
ll y avait,à "cinqcent pas" de la ville, uneancienne mine de plombargentifère et de cuivre677,dont I'exploitationintermittente avait peut-êtrecommencé dès le néolithique.
D'aprèsune notice desmines de Franceabandonnées rédigée en 1826par le servicedes ponts et chaussées,les travauxavaient repris sur le Bleyberg< quelquestemps avant la Révolution>> et avaientensuite été abandonnés, <>, faute de bénéfices6i8.
On en trouvequelques échos dans les délibérationsmunicipales. En 17g6-g7, unjuif de Sarrelouis,Cerf Worms,avait repris à soncompte I'exploitation de la mine de plomb du Bleiberg6tn.Mais le lavagedes mines dans les eaux de sourcede cette colline avait contaminéla fontainede la tuillerie et tué les chevauxdu tuillier par intoxicationau plomb. L'entrepreneuravait donceu desdiflicultés avecles autoritésmunicipales, il avait cherchéà louer desprairies de I'abbayeen amontde la ville poury installerses lavoirs et usines.La municipalités'était opposéeà cetteentreprise, arguant des risques qu'elle ferait pesersur la ville, autanten ce qui concerneles animaux,que l'ensablementdes prairies par les effluentssablonneux, le comblementdes cours des ruisseaux et les difficultéspour les moulinsqui en résulteraient.
ll sembleque ces oppositionsaient décourageCerf Worms, et un nouvel entrepreneur,un Sieurde la Guenonnièreessaya alors en 1789d'utiliser directementle moulin d'Oderfang,ce à quoi s'opposaencore la communequi reconnaissaitI'utilité de sonétablissement mais lui demandaitde s'installerà un endroitmoins nuisible. Pourtant,sous la Révolution,c'est bien à Oderfangque s'effectuaitle travail du minerai.
A l'époquedu Comité de Salut Public, un des Jacobins,acquéreur de biens nationaux6s('et de ce fait installéà St-Avold,Watremet z, avaitreprisl'extraction locale du plomb, alors que Ie gouvernementmobilisait toutes les ressourcesnationales. dans un
^^6+^..+^ l^ ---^-^ J- -- !-- -t | | ô vl.,rrrçÀlç rrç guçlrç, uË pcnurlc eI oe llamDee oes pnx.
Un rapport d'expert,commandité par I'administrationdu départementde la Moselleafin de savoirsi I'extractiondu plomb et du cuivre,à St-Avoldet à Vaudrevanse y.'. Sur la colline appelée"Bleiberg", é4rmologiquement,,montagnede plomb'. Publiéepar le Moniteur,2g octobre 1326(AD Moselle, I S 4l l). :::67e AMSA, délibérations,2g juiilet l7g6 et 25 avnl 17g9. 6tr0 La sécularisationde I'abbayede St-Avold avait donné lieu à la ventede ses biens. noramment sestemes et sesmoulins. 335 (Sarrelouis)s'irnposait du point de vue des urgencesnationales, décrivit les potentialitésde la mine de plombdu Bleiberg68t. Elle pouvait faire travailler 25 ouwiers, tant à I'extraction du minerai, en galeries,qu'au voiturageet au lavagedes mines, à la fonte du plomb qui se réalisaientà un kilomètre en contrebasde la colline, dansdes bâtiments en bon état, situés en aval du gros étang d'Oderfang. Cette étendue d'eau régularisait le débit de la Rosselle qui en était l'émissaire et assuraitainsi à l'établissementune très bonne continuité de I'activité au cours de I'année.Watremetz obtint donc, si I'on suivit les conclusionsde I'expert,la possibilitéde réquisitionner 30 mineurs et l0 "brouetteurs", une trentaine de tonnes de houille aux charbonnages de Nassau, 150 f de poudre par mois et 12.000 f d'avance financière pour lancer I'exploitation.
On ne sait rien de la poursuite de cette activité, au-delà de cette époque de tensions économiques. Il est waisernblable que le caractère marginal de cette mine en entraîna la fermeture, dès que les prix baissèrent, comme le suggèrele rapport des ponts et Chaussées de 1826. Cependant,dans les années 1850, quand I'attention nationale se fixa sur les potentialités charbonnières du Warndt, wre Société Anonyme des Mines et Fonderies de Cuivre du Rhin, dont le siège se situait à Cologne, demandaune concession de 109km2 dansle Warndt,incluant le territoire de St-Avold, enjuillet 1g57682.
En novembre 1860, une nouvelle demande de concession fut déposée à la préfecture, émanantd'un négociantde Cologne, Guillaume Meurer, par le truchementd,un Naborien, Nicolas Altmayer, qui était son représentantlocal6s3. Elle déboucha sur une concession de 47 km2, I'administration des mines refusant d'attribuer les territoires du Warndt sur lesquels la présence de minerai n'était pas assez reconnue. Des sondages avaient été effectués solts la direction de Altmayer, dans la forêt de Longeville dès l g5g684.
En 1862, I'extraction avait commencé au même endroit et une usine avait été construite sur le carreau de la mine pour traiter le minerai. Une quinzaine d'ouvriers nermânenfs ef errfanf rla in.'m.lio-. Â+^i^-+ ^*-t^-..{- : ^-- 11-r,r uv Jvwu4rrwrr vl(lrvrrl strrPruyçs a ççl çlaollssement ou tlocnwald. L'on pensait,à cetteépoque reprendre l'exploitation du plomb,à St-Avold.Cependant, les
AD Moselle, L S 476,rapporr du 23 ventose,An II. ::l682 AD Moselle, I S 476,affiche de 1g57. 683 Ibidem- ll se pourrait que Guillaume Meurer agît pour le compte de la même société de Cologne. En tous les cas,il achetapersonnellement en 1865, toutes les mines d,une,,Contpagnie Anonyntedes Mines de Cuivre du Rhin,. 684 lbidern, autorisationde I'administrationdes Eaux et Forêts,de iuillet l g5g. -r36
résultats de la rnine de Longeville furent rapidement décevants.C'est pourquoi, la cornpagnieenvisagea de prospecterd'autres sites, plus ou moins proches.
Elle avait ainsi tenté vainementd'obtenir, dès 1863,une deuxièmeconcession qui aurait pu élargir ses capacités dexploitation dans le Warndt, du côté de Falck et Hargarten.Puis, en 1867,une troisièmedemande de concessionportant sur le secteurNord (Falck et Hargarten) était déposée cette fois-ci par un architecte de Cologne, pour son propre compte ou pour celui de la mêrne société, on ne sâit. Mais à cette date, non seulement il ne semble pas qu'une activité extractive ait jamais redémarré à St-Avold mêrne, mais encore la découvertede Longeville avait déjà fait long feu. Production de la mine du Hochwald (forêt de Longevi[e) 68s
Minerai traité Cuiwe exûait 9/o t862 1351t 15.950ke l.I8 o/o 1863 9070t 74.000ke 0.816% t864 9981t 30.000ke 0.300%
En effet, dès le deu.xièmesemestre de 1864, après une lente diminution, la teneur en cuivre de cette mine était tombée à 0,25 %. Altmayer expliquait donc au service des mines que I'extraction avait été interrompueau début de 1865686.Elle devait reprendre après des manoeuvresportant sur le capital de la société,rachetée alors par Maurer. En octobre 1868,la mine du Hochwaldétait toujoursabandonnée687.
Cependant,ce qui est sûr, c'est que les métaux non ferreux, dans la région, étaient répandus mais dispersés et en faibles teneurs. lls obligeaient donc les concessionnairesà une activité nomadequi plus est condamnéeà s'épuiserassez vite. En fin de compte, cette prospectionavait été encore bien plus décevanteque les sondageshouillers et St-Avold ne devait jamais se trouver au centre d'une intense activité minière688.
Statistiquesdans les rappofts des ingénieursdes mines, AD I S 412 et stat. I 686:t: S 520. lbidem. Rernarqueen marge de statistiquessur I'industrie minerale en 1g67, I 521. 688::: s C'est seulementvers l9l0 que le bassinminier enjamba ta ville pour s'étendre sur le plateau lorrain (siège de Folschwiller-Faulquemont).Alors St-Avold, toujours peu concernéepar les mines, se trouva au centre des charbonnages.Enfin, vers 1950, quand I'on chercha une superficie assez vaste pour accueillir les industries de transfonnation de la houille (centrale thermique, cockerie, carbo chimie), on la trouva sur le territoire communal, dans la forêt, à coté de ôading où se ffouvaient déjà quelquesétablissements chirniques (cockerie, unités de benzol et d'ammoniac. AD Moselle, 8 AL | 20). Des cités ouwières ou destinéesà I'encadrementfurent implanteesà proximité et firent alors de St-Avold à la fois une ville industrielle(siège de la direction des industries chirniques) et une ville résidentiellepour de nès nombreux personnelsde ce complexe. Conclusion
En fin de compte, l'artisanatnaborien du XVIIIème siècle était cornparableà celui des autres villes des environs, peu spécialisé,il remplissait essentiellementdes fonctionsbanales d'approvisionnement local.
Au XIXème siècle, les initiatives naboriennesfurent peu nombreuseset de peu de puissance,comme à Faulquemont mais à la difference de villes comme Sarreguemines
et Boulay, qui bénéficiaientde conditions plus avantageuses,à la fois sur le plan de la position géographiqueou du site (navigabilité de la Sarre, plus grande disponibitité et permanencedes eaux de la Nied par rapport à la Rosselle,ou de la Nied d'aval par rapporl à la Nied d'amont) et sur le plan des fonctions centrales,pour Sarreguemines.
Cependant,les chemins de fer, en 1850, favorisèrentSt-Avold, si bien qu'on peut constatertout de rnême quelques développementsindustriels locaux, sous le Second. Empire, notammentdans l'industrie chimique.
Certains établissementsartisanaux étendirent quelque peu leurs productions, mais I'essentielde l'industrie locale resta artisanale,mobilisant assezpeu de capitaux et n'exploitant que le marchécantonal.
D'autre part, si la sidérurgie ou les charbonnagespurent s'implanter dans les environs,St-Avold resta à l'écart de cesdéveloppements très modernes.
Finalement, en 1870-75, les aspectsnovateurs bien que réels, les premières retombées de la présencedes chemins de fer notamment, n'empêchaient pas la ville de continuer à régresser.A l'époque de I'annexion, les investissementsindustriels, en dehors de l'établissementHertz ne semblentavoir reprisqu'après 188568e, c'est-à-dire au moment où l'Etat allemandchoisit st-Avold pour installerune très grossegarnison.
Chemin faisant, nous avons pu constater que les faiblesses naboriennes semblentliées à un déficit d'élites locales,de notableslocaux, dont les enfantsdevaient s'orienter plus vers l'émigration que vers un investissementsur place.
Cependant,certains aspectsde la réalité pourraient tout aussi bien nous faire adopter le point de vue inverse : ce sont les élites < retraitées> qui se sont opposées à
68e On peut I'observer aux datesde dépôtsde demandesd'autorisation d'investissementsauprès de I'administration: ( AD Moselle-Moselle.8 AL 119-I lg-t?O20 etei 414414\ Dates Nombrede dossiers Nature 1888et 1893 2 Petits établissementslocaux (Friderich et provot) 1896et 1898 2 Une brasserieet l'usine à gaz de St-Avold l90l 2 Petitétqblissement local et Sarreet Moselle,(Carlins) I904et l9l I 2 Abattoirset Sarreet Moselle,(Carlin.e) 338 plusieursinitiatives industrielles,au nofir de questionsd'envrronnement. Ces réactionsont sansdoute dissuadé les plus actifs d'investir sur placeet les ont fait choisir l'émigration.
C'est finalementun faisceauconvergeant de conditionsdéfavorables, les unes structurelles (géographiques) et les autres plus accidentelles,qui aboutirent à l'échec de l'industrialisation de la ville. Résumonsces conditionsdéfavorables en ce qui concernela questiondes élites.
D'une part, très souvent et un peu partout, on constate que les initiatives économiquesles plus productivesviennent d'étrangers et non de vernaculaires.pourquoi ? probablementparce que ces étrangersne sont pas waiment en compétition avec le reste de la population où ils s'installent,ils ne suscitentpas de jalousies, pas d'oppositions,ils attirent même I'aide des autorités, puisqu'ils représententun bénéfice net pour le lieu. Ils peuventdonc s'installeret s'étendretrès facilement.
Or, dansle cas de ces étrangers,ils n'avaient pas de raison de s'intéresserà une ville abandonnéepar l'administration. C'est pourquoi, St-Avold bénéficia peu de leurs initiatives.
D'autre part, dans le cas des initiatives vernaculaires,on I'a vu, elles furent stérilisées par des oppositions internes. Une seule d'envergure, la faTencerie,échoua finalement pour d'autres raisons(l'audace trop grande de l'entrepreneur),ce qui ne prouve rien.
A une condition, au vu du cas de Sarreguemines,ces initiatives vernaculaires auraient pu devenir productives.Il aurait fallu que les élites économiqueslocales forment un groupe homogène à l'intérieur duquel se nouent des alliances et se désamorcentles conflits. A Sarreguemines,c'est I'idéologie napoléoniennequi fut le ciment de ces élites locales. Or à St-Avold, les élites étaient divisées,plusieurs familles étaient monarchisteset liées à la restauration catholique. D'autres étaient sans doute napoléoniennes comme partout en Lorraine et la division dans un milieu trop peu nombreux ne donna en fin de compteà aucundes deux clans un impact suffrsantsur la ville.
Les élites naboriennesanimaient le commerce et les servicesurbains. On peut donc approcherces couchesen étudiant ces secteurséconomiques éminemment urbains. 339
Si l'artisanat se concentreet se diversifie particulièrement en ville, c,est encore plus le cas du commerce et des servicesen général, secteurséconomiques qui sont les plus spécifiquernenturbains.
Graphique I Evolution du nombre desemprois << tertiaires >> (en indice,base 100 en l7g5)
Evohrtin des frux m indice
dm*niesmlcclerç
Il n'est donc pas étonnantque, comme le montre le graphique ci-dessus,le commerce ait toujours été, entre 1700 et 1870, un secteur plutôt important de I'activité naborienne6eo.
Dès 1711' le nombre des marchandsde toutes naturesétait très élevé. ll tendit à s'affaiblir légèrement,au long du XVIIIème siècle,proportionnellernent à la population. Au XIXème siècle, par contre, la croissancedu commerce reprit de plus belle, surtout après1840. Remarquons toutefoisque cette importancedu commerceavait quelquechose de tautologique ; elle procèdait logiquement de la faiblessede I'artisanat et de I'industrie
6e0 L'indice du commerce est presqueconstarnment supérieur à ceux de l'emploi et des feux, entre 1708et 1785. 340 que nousavons analysée précédernrnent. Le commerceétait d'autantplus rmportantpour la ville que l'artisanatétait languissantr,el aux services, Quant dansIa sociétéimpécunieuse du XVIII-XIXème srècle,ils restèrent le parent pauwe de I'activité économique.Non seulement ils représentèrent toujours un petit nombred'individus, mais encoreleur évolution pour positive qu'elle ait été, ne fut pas spectaculaireu". Cependant,cette évolution fut celle qui échappale plus aux Naboriens'En efTet,la plus grande partie des servicesdont nous parlons dépendaitde centresde commandement supérieurs6e3,il s'agissait des servicespublics de loin les plus importantscomme le montrele tableausuivant :
Commerce et servicesrcesà St-Avotd-41'ot0,nombre d'em ts Cornrnerce Selices Total Total Publics Privés Total Relisieux 17tl 4'7 t2 5 t7 21 85 1784 66 49 l0 59 25 r50 1806 89 21 20 4l 4 134 1866 155 60 24 84 t2 2sl La comparaison entre les devenirs locaux des secteurssecondaires et tertiaires (graphique2, page suivante)est significativede la médiocritéde la croissancenaborienne. entre 1700et 1870 : on savaitque I'artisanats'était peudéveloppé, or le secteurtertiaire se développaencore moins et margréla < bonnetenue >r du commerce. En 1708,il y avait autantde rnondedans le < tertiaire)) que dansl'ensemble de I'artisanat'En 1866,ce même avait décrochépar rapportà l,artisanat,il ne représentaitplus que trois quarts des emplois de l'artisanat.C'est une nouvelle preuvede I'importance des facteurs politiques dans le devenir des villes. Car la faiblesse de l'évolution du secteur tertiaire fut essentiellementdue aux servicespublics, donc aux choix gouvernementaux.
Toutefois, dans cette médiocrité générale, le colnmerce, qui justement dépendaitun peu plus que le restede I'initiative locale,avait évoluéun peu mornsrnal que les autresservices.
6et A partir de 1750, les pétitions des officiers municipaux répétaient sans cesse que la seule richessede la ville était son cotnrnerce, on répétait .o,rrr"nt que le ban était stérile et l,artisanat de peu de conséquence.(Ex. délibération du 16 aorit 1751. <Graph.2 Evolutionscomparées des secteurs secondaires et tertiaires (en nombretotal d'emplois de cessecteurs)
4(n-. l- Seclqrsqrrirre 350 I I - - - sedqr t riai j ] , .. -,/ m'f ..
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I Evolution du commerce:
1) Le commercenaborien au XWIIème siècle:
En principe, on pourrait supposer que les villes avaient des fonctions commerciales d'autant plus affirmées qu'elles étaient grandes.Or, I'estimation chiffrée que I'on peut réalisergrâce à Coster6e-s,vers 1761montre plutôt le contraire.Le commerce était sensiblement proportionnelà la populationdes villes. Probablementparce qu'il était encore peu hiérarchisé. Certes, il y avait déjà grand et petit commerce,mais on le trouvait plus ou moins un peu partout.La taille de cescommerces variait aussiproportionnellement à la population, aussi les plus gros se trouvaient-ils à Nancy, ce que montrent les inventaires d'atermoiementde la juridiction consulairede Nancy.Mais dans cette ville. il y avait aussi beaucoupde petits boutiquiers.
6e5 Coster par qctit,ités cité D. Hainzelin Le.s c:ommerc'iale' d'A. Crampel, marchancl à Lunétil\e, 17 5U- I 77 5. maîfrse, Nancy, 1970,p 13. 342
Les fonctions commerciales des villes vers 1760_65
Populationu''n Nbre de corrunerÇantsoo7Cornmerçantsi|00 hbrs Bar le Duc r0.000 100 I Nancy 22.s00 223 0,99 Pont-à-Mousson(1769) 6700 57 0,8s Lunéville t2.000 100 0,93 ( Château-Salins1769) 1670 t4 0,93 (175 Foug l) 600 5 0,83 St-Avold 2630 2l 0,9
Notamment,le comnterced'entrepôt, qui aurait eu un âge d'or au XMIIèrne siècle en Lorraine' à l'époque de Stanislas6es,pouvait s'exercer à partir de n'importe quelle ville, son arme majeure étant le courrier et son initialisation se réalisant sur les foires où allaient presquetous les marchands.Du reste,un exemplede ces < marchands- magasiniers>' Claude Gaillot de St-Dié (3465 habitantsen 1750) a été étudié et prouve cettedispersion grand du colm'nerced'entrepôt6ne. Ce type de commerces,était développé en Lorraine grâce à la position intermédiaire de cette région, entre France et Allemagne et du fait du statut douanier appelé < à l'instar de l'étranger effectif ,rto0. Le commerce lorrain s'exerçait, point du de vue de I'Etat français,librement avec I'Allemagne mais était soumisà tous les droits douaniersavec la France.En conséquenceles grandsmarchands d'entrepôt importaient d'Allemagne vers la Lorraine beaucoupde produits qui repartaient ensuiteen contrebande vers la France.Inversement, ils achetaienten Francebeaucoup de textiles qu'ils revendaient en Lorraine mais surtout en Allemagne. C'était donc à la fois un commerce gros de et d'import-export, dans les deux sens de la direction France-pays germaniques-Nous aurons à nous demanderdans quelle mesurece type de commerce s'est exercéà SrAvold.
6e6 Pour Lunévilte, D. Hainzelin, ibidern et pour Bar-le-Duc, c. Airnond, Bar-le-Duc,pp 200 et 273, extrapolation entre les populations de 1706 (recensement\et 1779 (Durival) et Lepage_ statistiquede la Meurthe,1843. 6e7 source : coster cité par D. Hainzelin:, ibidem.,p 13 6e8 et AD MM, c 415 et c 453. P. Boyé La Lorraine comnterçante,sous Ie règne nominal de Stanislas, 1737-l766,Nancy. 1899. " 6ee M.J. Fournel+ les actit'ités de C. Gaitlot, marchand magasinier de St-Dié, 4e t7l2 à t761. rnaitrise,Nancy, 1970. 700 F'Y' Le Moigne, I'e c'ontmercetles provinces étrangères(Alsuce, Lyèc,hés, Lorraine) dans la cleuxièmemoitié du XVIIIènte sièc'le, in Aires et structures du comrnerce français au XVIIIèrne siècle,colloque de I'association françaisedes historiens économistes, paris, oct. 1973. Lvon- 1975. 343 Nos sources,les dénominationsdes commerceset les inventairesaprès décès, nous pennettentd'analyser les typesde cornmercesnaboriens au XVlllèrnesiècle. de voir ce que les contemporainsappelaient commerÇarxt ou marchand.
borien au XVII Dans les grandes villes, la spécialisationdu commerceavait été précoce,car I'importancedu marché local de ces villes permettaitd'atteindre une grandetaille même sur un petit nombrede produits. Ainsi, lorsqu'AntoineCrampel, ancien tailleur d'habits de Lunéville, ville de cour, devint marchand,vers 1758,si pendantquelques temps il vendit un peu n'importe quoi, en fonction des occasions ou pour se fixer une clientèle. rapidementil centrason activité sur le tissuet la mercerieT0l. A St-Avold, à pareille époque,s'il existait bien quelquesspécialistes comme nousallons le voir, la plupartdes marchandsétaient très peu spécialisés. Un grand nombre de mentions que l'on a de commerçants montrent leur caractèregénéraliste. Ils pouvaientvendre du grain, du vin, de la bierre et des chevaux7o2, < toutessortes de marchandises...>, du grain du poisson,du vin et des chevauxrO3; grain, navette,chevaux, toile, lin et autresdenrées7oa, du foin, du seigledes grains,de I'avoine. des vins étrangerset du paysTos. En 1779 encore,au moment oir les réfonnesroyales imposèrent de nouveaux statutscorporatifs, les marchandsdressèrent une liste significative des membresde leur confrérie:
Les membres de la confrérie des marchands en ll79
Dénorninations Nombre < Marchand, mercier, quinqualier et épicier > t7 ( Marcnand,rnercter, quinqualiel, épicier et confiseur >> I ( Marchand éptcier r) t < Marchand de fer, d'acier et quinqualier >i 2
Il n'y avait donc parmi eux gue peu de spécialistes.Comme le montre le tableausuivant, c'est le recensementde 1866 seulementqui fit apparaîtreun très grand
7ot D. Hainzeliq ibidern,pp l4-I7. 702 AMSA, délibérations,l5 août 170g. 7o-r lbidern,7 mars 1716. 7(x lbidern,Décernbre 1734. 705 lbidenr,4 nai l74t. 344 nombre de commercesspécialisés, témoins des prernièresconséquences de la révolution industriellesur la distribution.
Les emplois du commerce à St-Avold 706
Com. alimentaire Epicerie Corn. sénéral Corn.spécialisé Total 17l 30 8 8 I 47 1784 43 0 2l 2 66 1806 1 50 I 25 89 1866 62 20 2 5l 155
De plus, au XVIIIème siècle, ces marchandsgénéralistes exerçaient parfois aussi d'autres activités. ll y avait une certaine interpénétration entre le monde du comrnerce,celui desoffices et celui desfermes.
Tel brigadier de la maréchausséepouvait tenir < boutique ouverte), en l'occurence un cabaretet pratiquer le commercede grains et bestiauxparallèlenent à sa fonction publiqueT0T. En 1716,le chirurgienKeyser figurait parmi les plus gros marchands de la ville, enrichi < durant les dernièreschertés >. En 1730, c'était le receveur-greffieren titre de la ville qui pratiquaitle commerce.On trouve aussi< un fennier du dornaine)) en 1734,un ( receveurde la vente des selsétrangers >> en 1746-47,un < commis-greffier> au greffemunicipal, en février176r, un ( commisà la régiedes cuirs > en l77r70s Cetteinterpénétration n'allait pas toujours de soi. En 1710,la prévôté-gruerie- chambre de police de St-Avold, après réunion solennelleavec le maire et les < élus > (notables cooptés),s'opposa à I'intrusion de Nicolas PernetT0ne., son sein. Cet individu, enrichi à St-Avold dans la fenne du magasinà sel et I'entrepôt, aussi bien du sel que d'autresmarchandis€St'O, venait d'acheterà Nancy la charged'assesseur-garde marteau à la gruerie de St-Avold.C'était une chargede juge, traditionnellementdévolue à un avocat. Aussi, la compagnieproposa au Duc de Lorraine le rachat au même prix (200 f,) pour contrer Pernet et faire exercet cette charge par le premier échevin en attendant qu,un
'-o^: Les statistiquescomprenant toutes les datesse trouvent en 707 annexe,à la fin de l,ouwage. Ibidern,5 août 1751. 708 lbidern,7 mars 1716,7 rnai 1730, 19 décembre1734,4 nu 1747,fevrier 176l,3l octobre 177t. 70e SurN. Pernet,AMSA:délibérations, 15 août 1708,26mai 1710,22 juilletlTl0,2gdécembre 1710.Rôle de la subvention17il et r71g. AD Moselle,invenraires 710 , B 6376. En 1709 il avait achetéune maison à Faulquemont, possédait vraisemblablementdéjà son logementde St-Avotd et pour environ 3000 f, de créancesdiverses. En 17l I, il était cotiséà 9 gros pied-certain, de ce qui le plaçaitdans le basdu groupedes 36 plus irnposés(15 % de la population). Cette modération relative venait probablement de sa position conjointe< d'entreposeurdu tabac > qui devaitlui donnelune exemption. 345 < digne sujet> se présente.Face à ce tir de barrage,Pernet dut se tourner vers un autre office, de moindre dignité, une charge plus financière, plus technique et dont la participation aux délibérationsdonna lieu plus tard (en 1772-75)à d'autresaffrontements. la chargede < receveur-secrétairede ville >>,qu'il achetaen décembre1710.
Les officiers et commis faisaient du commerce pour s'enrichir et les marchands, enrichis, achetaient des offices pour bénéficier d'exemptions fiscalesTll comme pour diversifier leurs placementsfrnanciers, voire pour préparer un héritage à leurs enfants.
D'autre part, le commerce,les fermes et les placementsf,rnanciers allaient de paire. Une bonne partie du commerce se faisait à crédit, on payait les fournisseurs fréquemment un an après livraison, et les clients payaient eux-mêmesfréquemment avec des retards considérablesTl2.Dans ces conditions,un office était un placementsûr, qui pennettait de mieux faire face à une éventuelle faillite, c'était un < stock de capital >. D'autre part, les < admodiataires> de fermes, quelles qu'elles soient, dîmes, domaine ducal,seigneurie particulièreou simple établissernentagricole, étaient amenés à rnanierde plus ou moins grossesquantités de produits sensiblescomme le blé, l'avoine, etc qui faisaient d'eux nécessairementdes commerçants.Enfin, les marchandsfaisaient partie du petit lot d'hommescapables par leur crédit financier d'avancerle prix desadjudications de fermes- Au besoin,d'ailleurs, ils s'associaiententre eux pour atteindrela massecritique nécessaire7l3. il n'est donc pas étonnant que l'on retrouve parmi eux beaucoup < d'admodiataires>.
L'exemple de Nicolas Pernet, ci-devant fermier du sel ou du tabac, receveur- greffier de St-Avold et réputé marchandaux yeux des asseyeursde la subventionest ici encore interessantTto. A sa mort, on lui devait une multitude de ( promessesD ou
7ll Cf. AMSA' art. 89, notamment I'exemple de Joseph Delesse,le < plus gros des marchands- magasiniers > de St-Avold, plus gros cotiséde la ville (docurnentde 1780).eour échapperà I'irnpôt il utilisa les trois moyens existantspar ... tois mariages successifs,la consfiuction de deux nouvelles maisonset I'achat d'une charge d'échevin municipal. Les collecteurspour ne pas perdre totalement gros ce contribuableaugmentaient systérnatiquement sa cotisation aux ponts et chaussées pour cornpenser Ia perte sur la subvention, quand il en était exempt. ll se plaignit finalement à la chambredes cornptesqui rnodéra sa cote de quelquespoints. 712 Nornbreux exemplesdans D. Hainzetin, op. cit. et M.J. Fournel, 7r'1 op. cit. on retrouve plusieurs exemples au XVIIIème siècle dans les inventaires après décès de ces contrats d'associationentre marchandset avec des détenteursde capitaux.pu, des officiers de I'année, notarnrnentpour participerà des adjudicationsde coupes "^"*ple 7r+ de bois. Nous analysonsici I'inventaireaprèsdécès de pernet,AD Moselle.B 6376. 346 < obligations> (environ150). La plupartde cespapiers avaient été signésdans le cadredes activitésconsécutives à des< admodiations> seigneurial"rttt. On peut ainsi suivre,année après année, les petits crédits (de quelqueslivres à quelquesdizaines de livres) accordéspar Pernet à des paysans,incapables de subvenir momentanémentà leurs charges, dans tel village dont il était le fennier. parfois. cela s'achevaitpar le dépeçagedu débiteur.
L'héritage laissépar Nicolas pernet (nov. l719)716
- 8800 f, de Frce - 8 quartesde blé et quelquesautres de
1273*. de Frce - I rnaison à StAvold et 2 jardins - 5 parts d'une autremaison à St-Avold - I maisonàFaulquemont - I maisonàBistain - Les meubles d'une maison . 5 lits
- 87 draps de chanwe - 26 drapsde lin ou de toile d'étoupe - 66 serviettesde chanwe - 23 nappesde chanwe - 45 serviettesd'étoupe - I toile de chanwe(100 aulnes) - I toile d'étoupede lin (45 aulnes) - 40 f. de chanwe - 13 t de fil de chanwe -Sfdelin-oruttlul - 60 f. de laine crue
environ 15.000 { de Lorraine
Ainsi, son frère, Jean Pernet et sa femme, Anne Fanar, avaient bénéficié de plusieursprêts de Nicolas, entre 1705 et 1716.A la suite de la mort de cette dernière. Nicolas Pernetrécupéra lapartd'héritage de son frère ainsi que tous sesautres biens après lui avoir intentéune procédure.
7r5 Pernet exerçait des fonctions de fennier seigneurialdans differents lieux, dans un rayon d,une vingtaine de kilomètres autour de St-Avold et sous-traitait une partie des revenus qu,il devait percevoir, par exemple les dîmes de Neu-Forweiller, pour lesquellesil existe plusieurs baux dans l'inventaire aprèsdécès' Aussi, les créancesqu'il possédaitencàre à sa mort étaientregroupées par en fonction de la chronologie des amodiationsqu'il 716-villages avait obtenuesde son vivant. Il y a plusieurs atomalies dans I'inventaire Pernet,peut-être dues au fait que sa veuve pouvait revendiquer des objets comme sa propriété propre, sur la foi de son contrat rJernariage. ll n'y a aucun objet de luxe. tapisseries...? aucun stock alinrentaireni aucunedette chez les mar-chands, bouchersboulangers..., ni aucunargent liquide ! Il estcertain que I'on passedes choses sous silence. 347
Dans un autre cas, on voit Nicolas Pernet récupérerles reconnaissancesde dettes d'un paysan, Henry Mineur, de Neu-Forweiller, village dont il était le fermier seigneurialsernble-til. Mineur avait contractéles 155f, de dettesdont on retrouvela trace, en 4 opérations,entte 1712 et 1717,auprès d'un boulangeret d'un huissierde Sarrelouis notarÏment' Ces deux personnages morts, leurs veuvesavaient réalisé ces papiersauprès de Pernet'Aussi, celui-ci ayant concentréles créancessur Mineur, acquit tous sesbiens. en 1717.
Graphique 3 Les dettesactives de la successionpernet 71?
- rnOl i -r-- I j Træ&Frers i lmj l I -_ I rr il -l- k€snanqmcnûùoÆes j I ï ii 1600+ iI il I il 1400i- it I i1 ^r I ]I il tmo tl + 1t I ll 8m1 ll I /l ffï tt iI I lt *l /i /I FÂ I tL I.,.:- ooJ , '_ù I ,V\ -\l l / it 0 ! I -+-t-{ -i -i . --,--ttl r--1 ;.-1 _-J -_:-t-t' | l=1_. :- _ -1'- j q-æo,c-ôtm+rô\0t_ gQqorc..tm.+ ra) \o c- æo\ ËÈsegsggësë999EEEEESEÊc. F.- F- C\ F- F\ N C- e\ C\ rC-
Toutes ces propriétés devaient être assez rapidement revendues car il n,en restaitrien en 1719. Pernet prêtait aussi à sa famille, son frère comme on l'a vu mais aussi son beau-frère, à des ofÏîciers occasionnellement,dans les villes des environs (Boulay, Faulquemont,Sarrelouis, St-Avold).On lui connaitenfin quatreautres opérations bien plus importantes(1200 à 1700 livres) mais réaliséesencore localernent, avec un sous-fennier.
7t7 Cefte courbe doit être observée avec circonspection : au début de la période, il y a peu d'opérations, mais c'est peut-être que la trace en a disparu. Constatonscependant, qu,il y a quelques papiers réglés (accompagnés de reçus) dans I'inventaire. Mais sont-ils tous là ? D,autre part. certains papiers (prêts) sont réglés probablement par d'autres (héritages,partages, cessions) mais I'inventaire n'en fait pas état. Il y a donc des < doubles-comptes> en quelquesorte et la succession ne pourra pasrécupérer 8800 rnais f plutôt dansles 7500. Enfin, 48 < promessss>, d,un livre de g0 pages de ( promesses) ne sont pas encore acquittéeset ne sont pas détaillées par l,inventaire : représentent-elles50 f ou 5000 ? Probablernent dans les 1000 f, si l'on en i,rge par les papiers détaillés. De sorte que les dettesactives de la successionreprésentent environ g500 f en [our. 348 un sergent de la prévôté de StAvold, peut-être un marchand de Saint-Avold, André Richard, en 1703.Un seul papier sembledirectement lié à des activités commerciales,un dû de 35 < escusrr (105 f) à un certain Jean le Jeune,< marchandà Sedan>, ...mais cautionné par son frère, de T'ritteling. Papier de f,rnancierplutôt que de marchand, de quelqu'un qui refinancede la dette,plutôt que de quelqu'unqui financedes achats.
En fin de compte, il est évident, à observer cet inventaire, que pernet était d'abord un gestionnaire de seigneuries, ensuite un petit banquier, un marchand < secondaire>> enfin, car son activité commercialeétait entièrementconditionnée par sa premièreactivité, celle de fennier.
On peut voir dans le stock de textiles décrit par l'inventaire pernetTr8,
beaucoup de tissus et matières premières qui peuvent avoir été récoltés ou fabriqués localement(laine, lin, chawre, alorsqu'il ne possèdaitpas de ferme et seulementquelques animaux < d'auto-subsistance>), rien d'étranger comme du coton, rien que des petites quantités, 100 aunes de chanvre, 87 nappes de chanvre, alors que Crarnpel, à Lunéville, maniait des 7000 à27 -A0oaunes par an et surtout des marchandisesbien plus variéesquant à leursqualités et provenances.D'autre part, il n'y a aucunetrace de livres commerciaux. pas de lettres de change,pas de facturesde fournisseurs,pas de crédits-clients.
On peut en déduire que Nicolas Pemet n'était qu'un intermédiaireentre les paysans et les marchands,lié à des trafics exclusivement locaux. tl s'agissait d,un commerce lié à la rente foncière,très proche de la terre et permis par la possessiond'un capital de départ : terre ou argent ou crédit permettant de participer à des enchèressur des fermes.
Deux autres inventaires après décès de marchanrls de St-Avold, à la même époque(1706-1710), nous montrent que ce qualificatif s'appliquaità quiconquepossédait un capital et pouvait donc spéculersur autre chose que sa simple force de travail.
718 Ce n'est probablement pas véritablement un stock commercial mais plutôt un stock de précaution, de thésauisation, de standing.Ces stocks étaient très variables d'nne farnille ou d,une personne à I'autre. Ainsi, on peut constaterque le contenu des armoires du prévôt, mort seul et subitementen 1702 (rien n'a donc été subtilise,sinon I'argent de poche...qui manque en effet, alors qu'il n'y a pas de stock alimentaire, à I'entrée de l'hiver...et aucune dette revendiquée par un aubergisteou un boucher l) contient très peu de textiles, uniquementdes effets personnels,culottes, perruques...(Il y a par ailleurs beaucoupde meubles,plusieurs tapis et tapisseries,une grandeglace, 159 livres dans la bibliothèque,énonnément de papiers offrciels). par contre, chez le bailli (De Choisy, 1702), on reû'ouveénonnérnent de linge et chez le seigneurde Valrnont (Cailloux, 1704). sorte de gentleman-fanner,on retrouve plus de 320 aunesde tissuslocaux. 349
Un marchand-tanneuret un marchand=aubergisto71e
Eléraentsde fortune Marchand-aubersiste I\{archand-tanneur Ir,leublescourants l0-12 piècesmeublées 380frs -29 draps(chanvre, lin et étouppe) -24 draps Textiles -9 taies -8 taieset l0 tayettes 26 nappes -6 nappes -60 serviettes l2 serviettes(Tot.:230frs) 2 chevaux 518frs Bestiaux 4 vaches(2 en pensionà Host) lz taureau 5 petits porcs I 3 hottes de vins de trois sortes -2 quartesde ble - Quelquesliwes de lard Stock alimentaire - 13jours en seigle - 2jours en orge -t/z jour en chanvre -17 fauchéesde orés Areenrliquide 3.500frs -l chariot (4 roues) et harnais 4.200frs (stockde cuir) Capital technique -Auberge du grand-cerf -écurie I petite maison (2000frs sur les3500 thésaurisés lmmeubles -4 mazures étaientdestinés à I'achatde 4 terres) l4 iardins Dettes actives 180f (plusou moinsirrecouwables, dettesde boisson) Dettes passives De peu d'importance Totul er bilan environ 10.000 t de Lor. 8.828frs b. (3783 î de Lor.)
Valentin Goutt était un propriétaireà I'aise qui amassaitdes biens fonoiers(14 jardins, 17 fauchéesde prés) et imrnobriliers(5 maisons).Ainsi, il pouvait nourrir les chevaux des voyageurs,les voyageurseux-mêmes dans une certainemesure, du produit de sespropriétés, Il eultivait le chanwe que sa femme et sa servantepréparaient et filaient, un tisserandlui en faisait les draps qui se retrouvaient dans son auberge.Il réalisait ce que l'on appelleraitaujourd'hui une < eonçentrationvertieale >. Il n'était pas à la merei du marché, paradoxalement c'est bien cela qui le faisait mctrchand aux yeux de ses eoncitadins. Ajoutons qu'il vendait peut-être quelques surplus alimentaires mais eela ne devaitpas être son objectifprincipal.
Dans le même établissement,Jean Nicolas Weis, < hoste du grand eerf > en janvier 1747, avait un inventaire après décès encore plus significatifzo. Au cours de multiples acquetsil avait accumulédurant sa vie professionnelle5 jardins à ScAvold et 4 prés, 6 autres prés à Hombourg, Dourd'hal et Longeville. Pour < loger à pied et à cheval >
7le Valentin Goutt, à l'auberge < où pend I'enseignedu grand-cerf>, en juillet 1706 et Jean Margo. '720 marchand-tanneuren fewier I 710. AD Moselle,B 6383. 350
il lui fallait du foin ce à quoi devaientpounoir ses prés et dans sesjardins, il y avait probablement du chanwe car dans ses armoires on trou\ait 96 f, de fil de chanr,,re,83 f, d'étoupe(dont 23 f < chez la fileuse,r"'),26 L de chanvrebrut et 6 f, de lin. Avec ce stock il pouvait obtenirenviron 700 aunesde toiles des trois sortes,de quoi renouvelerces draps,taies, serviettesnappes qu'une aubergeconsommait en nombre. Le marchand-tanneurMargo, lui, voulait devenir propriétaire foncier. On le comprend ! il ne disposait d'aucune réserve alimentaire, dépendait totalement du marché pour ce qui était le plus stratégiquedans l'approvisionnement: I'alimentation. Si une bonne partie de son argent se trouvait dans son stock de < cuirs à façonner )), son objectif n'était pas à priori d'augmenterce capital techniquemais d'investir dans la terre. Il était certes,grâce à ce petit capital indépendantpour ce qui concerneson art car, non seulement il était tanneur mais encore il était marchand de cuir et au surplus sans recours au crédit, mais pour ce qui conceme son alimentation, sa dépendance risquait de mettre toute l'entreprisefamiliale à bas. Il thésaurisait donc, pouvait accroître son stock commercial à court terme, attendait l'occasion et arrondissaitses lopins qui amélioraient ses capacités d'auto- subsistance. En deçà d'un certain niveau de fortune, une petite agriculfure d'auto- subsistanceétait fondamentalepour la stabilité de toute entreprise. C'est pourquoi, elle était si universelle. Finalement, au XVlllème siècle le concept de marchand recouwait deux réalités différentes. D'une part, il y avait un commerce < d'exportation > ou de redistribution à l'échelle de la seigneurie(ou du canton du XIXème siècle), des matières premières et productions locales, plus ou moins transforméespar l'artisanat. Ainsi I'aubergiste exportait de la viande ou du foin ou du chanwe par des clients qui venaient les consommerà domicile ou le tanneu exportait dans les campagnesdes environs des peaux issuesde l'élevage local ou, le fermier, du blé. Au début du siècle,ce commerceétait de très loin le plus important à SfAvold, reflétant la ruralisation de la ville, disons qu'il s'agissait d'un commerce de bourg ptutôt que de ville, exercé en partie, jusqu'à la Révolution par les fermiers des droits seigneunaux,des dîmes,des abbayeslocales, etc, accumulateursde surplus agricoles, puis au XIXème siècle par les marchands en gros, marchandsde grains,bouchers propriétaires de troupeaux, etc.
72t Donc sa fernrne ne filait pas ou ptus, il recourrait à la frleuse avant de confier le fil à un tisserand,puis la toile à un tailleur.puis le drap au teinturieréventuellement. 351
Et puis il y avait un commerceplus confonne à notre idée conternporainede commerce,celui des intermédiairesà touteséchelles, important plutôt qu'exportant,des produits et denréestrès variés et de toutes provenances.Merciers, épiciers, marchands, négociants,ce sont eux qui faisaient partie de la confrérie des marchands.Les inventaires après décès722nous perïnettentd'approcher leur activité en la situant dans I'ensemble urbain grâce au taux d'imposition auquel étaient soumis les défunts, dans les arurées précédentes723.
On disposenotamment d'inventaires de boutiquesqui nous renseignentsur ce que I'on vendaitet I'on disposeaussi de quelquesinventaires de papiersde commercequi nous renseignentsur le réseaudes fournisseurs,le montant des factures,
Ainsi, à la mort de François Mathieu qui avait été un des plus gros commerçantsde la ville, maire, au début du siècle, admodiateurde la grossegabelle (plus gros impôt local), le contenude sa boutiquefut transféréà l'un de ses fils, Nicolas, les autres parts d'héritages étant dédommagéesen meubles,espèces, argenterie... La successionde FrançoisMathieu, aoît1727
Valeur en f de Lorraine : Actif Passif -3 maisonset écuriesà St-Avold Considérable -l maison et pressoirà Porcelette+ 4 jours de vigne (20-30.000?) -l masureà St-Avold lmmeubles - I l5 jours de terresà St-Avold -36 fauchéesde prés dansles villages lirnitrophes, plus de l0 iardins Meubles courants, distribuésinformellement aux héritiersou réservés effets oersonnels par la veuve 2961 -plus de 180 aunesde tissus : uniquementdes lins, chanweset étoupes - lins, chanvreset étoupesen brut et en fil chanvrede cordonnier -lingq Stock commercial : literiq rubans,fil, dentelle,corde, bouclesde souliers, I (contenu de la cent de pipes de terre, poterie -vaisselle,qgincaillerie. méraux (cuivre, laiton, étain, fil boutique) de fer ..), petitsoutils -100 ainesde milliers de clous de toutes tailles et finalités -94 planches -quelquesépices Total 676f, Caisse comDrisedans le stock de la boutioue Dettes actives -27 impayés(de 17l | à 1727) 636 -quelquesautres probablement récents 67.7.6. Dettes oassives Aucune 0 Bilan Innteubles(20-30.000I) - 4310 +1340
722 AD Moselle,B 6376-6394. 723 Pied-certaindes rôles du XVIIIème siècleet cote sur les matricesfoncières et mobilièresdu XIXème siècle. 352
C"étaitla boutiqued'un vieux commerçantqui liquidaitson stock,un resteen quelquesorte, d'assez faible valeur. les impayésde Mathieu ne représentaientplus qu'un reliquat lui aussid'assez faible valeurT2a.Tout l'actif était dansle foncier et I'irnmobilier qui faisait de ce marchandI'un destous premierspropriétaires de Ia ville.
Les inventaires différaient ainsi selon que le marchandétait en pleine activité ou selon qu'il était plus ou moins retiré des affaires.Dans le premier cas, on trouvait un stock commercial, des papiers (à l'actif et au passif) importants en valeur par rapport aux propriétés.Dans le second cas par contre, les dettes étaient plus ou moins liquidées, transformées en prêts à plus long terme, le stock avait maigri et le marchand avait consolidéses positions foncières et immobilières72s.La valeur mobilière, de courte durée s'était transforméeen valeur de longuedurée, en < héritageD comme I'on disait alors. L'inventaire de François Knoepfler, réalisé en awil l74l montre la même réalité(page suivante).
Ce marchandqui en 1724 et en 1734 était la deuxièmecote d'impôt de la ville (50 sols de pied-certain)denière un autre Knoepfler (60 s), tanneurcelui-ci, n'avait plus qu'un stock commercial insignifiant, au moment de sa mort, en 1741. Par contre, son patrimoine foncier et immobilier était là encore considérable,ses < dettes actives > aussi. Mais ici, un grand nombre des prêts avait été accordé aux héritiers>un fils officier dans I'armée de I'Empire qui trafiquait en Allemagne ou y menait la grandevie (on ne sait), plusieurs gendres,qu'il avait mis en selle ou auxquels il avait avancé les frais du mariage726.
La boutique montre que François Knoepfler avait été un détaillant comme les autresque I'on peut observer.Il avait aussiété un grossisteà l'occasion,notamment quand il avait, avec deux autres pointures du capital local rassemblépour 12.000 f de France (15.500f, de Lonaine) de fourniturespour les annéesdu Roi.
72+ Mais cette liste de petits crédits-clientèle nous retrace la zone de chalandise de ce rnarchand. Voir la carte de cettechalandise, un peu plus loin, comparéeà d'autres. 725 Cette différence entre les inventairesaprès décèsdes marchandsen activité ou en fin d'activité est signaléepar P. Goubert (Types de marchqndsamienois au début du XVIIème ,siècle.in XVIIèrne siècle, 1956, pp 648-670). 726 Il est très possible que Dubois (le gendre) et Charles François (le fils) aient été les agents comrnerciaux sur les foires d'Allemagne de Knoepfler. Ils ont empmnté à ce dernier des sommes libellées en monnaiesgermaniques diverses en plusieurs fois et en deux stades,pour Dubois entre 1725et 1728,pour Charles,entre 1736 et 1739.A la même époque(à 15 ansprès), le phénomène est attestépour le marchand-magasinierde St-Dié,Gaillot (M.J. Fournel,op. cit.), dont un fils fut le commis voyageuravant de finir dans la peau d'un officier de la guerrede Sept Ans. 353
Inventaire des biens de François Knoepfler, marchand-bourgeois de St-Avolcl
(Valeuren f de Loraine) Actif Passif -3 maisonsavec2 écuries... 5400f,''' -2 jardins (plus de I jour) -I I jours de cultureset quelquesfauchées 2400f, à St-Avold hnmeubles -Quelquesterues à Porceletteet Valmont, Boucheporn( I 7 acquêtsréalisés en tout par le défunt, entre 1699 et 1729) -8 placesà l'égliseparoissiale et 3 bans danscelle des Bénédictins. Meubles, effets -Tissus: 655 aunesde toile de chanwe, 680 personnels 310 aunesde toile de lin et 8 d'étoupe Jinge et literie (habits distribués) 924 -Etains,matériel, meubles 989 Total 2593 Bétail, stock -l vacheetunveau alimentaire -8 quartesde blé -2 quartesde seigle -1,5 rnilliers de foin lll Stock commercial : Dans la boutioue 250 Caisse Orfèwerie et argenterie 1423 -ToussaintDubois; gendreet 4200 f. d'Emp. marchand à Metz 1092 f. de Fre 630 f de Fre -Ch. Fr. Knoepfler, fils 400 Fl. Emp. Dettes actives 29 Gueldres -Autreshéritiers 8726 r, -Le Roi de France 4000 f de Frce -Autres 839 f, Total 22.400f, -Le Baron de Héning 600 -sa fille 600 Dettespassives -la fabrique de l'église paroissiale 255 -l'Abbé, un avocatpour honoraires,frais 65 etplus ftrnéraircs... TotaI 1600 Bilan [+ dett000 L I - 25.177: 33.]77 + 25.177f
On peut difficilement dissocier chez les commerçants naboriens leur commercede détail local de leurs activités < hauturières> qu'ils pouvaientpratiquer plus ou moins occasionnellernentou à certainesépoques de leurs carrièrescommerciales. Mais les inventaires dont nous disposons ne révèlent jamais des fortunes extraordinairesT2s,d'autre part, s'il y a bien un ou deux commerçantstrès très imposéspar
727 Nous évaluonsce patrimoine grâceaux déclarationsdu locataire,le fils, Gaspard Knoepfler, 90 f de loyer annueld'une desmaisons (X 3) et 120 f pour les terreset la grangede St-Avold. Nous admettonsque les loyers représentent5 % du capital (X 20) 354
rapport aux autres,à chaqueépoque du XVIIIèrne siècle, ils font souventjeu égal avec quelques tanneurs, aubergistes,bouchers dont la chalandiseétait nécessairementplus locale.
Tout cela noustàit plutôt admettreque le commercelocal n'atteignit jamais le niveau financier du très grand cornmerce, celui qui fut affeint par le fameux conlmerce d'ennepôt de Nancy ou de quelquesvilles de Lorraine du Sud ou peut-êtrede Metz. Même en 1780ou 1785,le capitaldu commercele plus importantde la ville.ne devait pasatteindre 100.000 f, commele montrentquelques exemples analysés plus loin. Même riches à St-Avold, les marchandslocaux faisaient plutôt partie de la poussière des petits marchandsqui faisaient foule sur les grandes foires et non du petit nombre des grands. Leurs engagementsfinanciers restaient modérés, leur capacité de résistanceaux aléasconjoncturels en était renforcée et la grandecontinuité (peu de faillites locales) du commerce naborien, comme de I'ensemble du commerce de Lorraine allemande, témoigne finalement de cette solidité atteinte par la modération des mises. Cette solidité résultait aussi du chassé-croisédes < participations> mutuelles. En effet, les marchandsétaient issus d'un petit nombre de familles apparentées,les aînés, les veuveset les beaux-pèresfinançaient le démarragedes cadets,des fils et des gendres. Peut-êtreétait-ce encore un résultat de la faible specialisationdu commerce et de sa proximité de la terre : en effet, dans une toute petite ville, le marché local ne permettait pas de développerun commercede détail de très grandeenvergure par contre, la s$culation sur les récoltes était omniprésente.Le marchandne cherchait donc pas à faire fortune dans le commerce pur mais plutôt dans la prise de fermes comme le montrent de nombreux exemples locaux. Finalement, la faiblesse du pouvoir d'achat local ou I'ancienne habitude du recours maximal à I'auto consommationlimitait les capacités d' expansionlocale des marchandsredistributeurs.
Un stock de mercier, inventorié en 1736, à I'occasion d'une saisie, celui de Jean César-père,de Hombourg, nous montre des produits venus de l'extérieur (et aucune toile de chanvre ou de lin qui pourrait être d'origine locale et avoir été produite sur commande)mais c'est encoreune activité qui semblecelle d'un détaillantT2e.
728 Les inventairesde faillites qui ont été analyséspour différentesvilles et régions montrent que la fortune des marchandsles plus richesde chaqueville était proportionnelleà la taille de leursvilles respecfives. 72e Par comparaisonavec d'autres inventairesde boutiquesanalysés plus loin. 355
Un stockde mercier détaillant,en 1736
Produits <l -20 piècesde Perseet l2 piècesde toile 743 aunesde Brabant -Toile à rnatelas 65 aunesde Francfort -3 piècesde flanelle 60 aunesde Berlin -32 piècesde toile, indienne, ratine, droguetcamelot 221 aunesde Paris d'Angleterre, étamette,pluche... -26 coupons de Serge 39 aunesde Paris -Drap du Nord 22 < euerdesD -quelquespièces de Bougrans,toile de Rouen,étamette l1 aunesde Paris d' Allemagne, crépon d'Alençon -l2 piècesde Rouen,I toilede Suisse -6 rnouchoirs de Perse -10 pairesde bas -fil de <>, -0,5 f, de poil de chèwe, -1.5 f, de soie 48 boutons Total : plus de 110 piècesde tissus formant plus de : 1161 aunes diverses
Le stockde Mathieut3o,eil 1727avait déjà la structurede ceux desmerciers- quincaillers-épiciersqulon retrouveensuite systématiquement à partir des années30 et jusqu'à la Révolution.Cependang il était encoreconstitué dans une large rnesurede matièrespremières plus que de produitsmanufacturés. La reconstructionde la région absorbaen effet longtempsplus de matériauxque de < meubles>>, plus de produitsbruts que de produitsfinis, à fortiori de produitsde lu"xe.On consacraitles fortunesà investir plutôt qu'à consommer.Dès la phase1725-1750, on vit un changementnotable à cet égard,que le stockde Césarreflétait déjà. On passaprogressivement à une consommation d'objetsplus finis et importésde I'extérieur,voire de très loin. A cetteépoque, la fin de la reconstruction,I'achèvement de la reconstitutiondu tissu économiquelocal donnaità la région un pouvoir d'achat issu de la ventedes surpluslocaux, notamment agricoles et artisanaux.La densitédes echanges,d'autre part, s'était sansdoute accrue avec les développementsde la politiquesystématique de rétablissernentet d'accroissementdes routesdu duc Léopold. Si bien que dès les années1760, tout un bric à brac debazar,même sous de faiblesquantités et pourde bienpauvres valeurs, encombrait les boutiques et grossissaitles inventaires.
7-10 Voir supra. 356
C'estle casde l'épiceriede J.M. Schrnitdont I'activitéavait étépoursuivie par sa veuve,Marie Kayser, elle-mêmeissue d'un père chirurgien-marchand,ce qui rendaitce cornmerce,à vrai dire, un peu exceptionnelTsl.
Chaque< épicier > avait un éventail de spécialitétrès personnelou fonction des opportunités du marché. Ses rayons étaient susceptiblesd'élasticité en fonction d,un vide commercial à combler ou d'une forte concurrence. Ici, l'épicier vendait des produits à destination de quelques branches artisanales : tailleurs mais aussi cordonniers, teinturiers, peintres et il était de surcroît apothicaire, d'où une clientèle d'au moins 6 chirurgiens de Sarrelouis, Bambiderstrof. Leyviller et st-Avold qui étaientrégulièrement en comptechez lui732.
Le commereede Marie Kayser, veuve de Jean Michel schmit rnventairedu 15 mai 1775 viueur en È de Lorrame Actif Passif Lnmeubles -Nombreux acquêts o Meubles rmemaison . meublégpoêlg cuisine chambres,.uu",gr*i[ e"*i"GG- 1370 courants,effets (dont 1050f pour le contenud'rme grandearmoire de chêneferrée. arures de personnels toiles,draps...) -argenterie Total 851 2221 Stocks -3 porcs 30 alimentaires -7,5 quartesde pommesde terre t7 -un peude blé, lard, Total 370 Stock Dans la boutique: 6038 commercial -matériel de cordonnerie,poix, 46g allènes,ficelle,... -cordons, dentelles,rubanq galons, velours, soies,cols noirs, mitaines. Merccrie gants, bonnets,bas, mouchoirs,jarretières -IiËul: indienne,camelot, serge,calane, flanelle, chamois,Rouen, Suissg Cambrais,basin, cotoq mousseline -fil, lacets, boucles, boutons, dés à coudre, anneaux de rideaux, épingles,peignes, brosses, clous -nombreux couteaux, canifs, ciseaux, écritoires, étuig tabatières, pains à cacheter, -pipes de terre, terre à pipes, , bois des Isles, pierres à fusit, mèchesde soufre -38 douzainesde chapelets
-2 rameset 46 mainsde papier, 216 cahiersde papier à lettre -Ljyrçr : -73 Librairie. abécédaires -15 catéchismes
731 Sa soeur, Marie-Barbe Kayser, veuve d'un officier de hussards,Nicolas plessy vivait avec elle. C'est elle qui fit < aprèsla mort de sa soeur. C'était aussi elle l'apothicaire qui continuait la tadition paternelle.Les deux soeursétaient les filles d'un chirurgien (devenu ensuite amodiateur, munitionnaire et marchand), J.P. Kayser, qui avait créé < I'apothicairie >>.L,autre, Marie, poursuivait l'épicerie de son mari. 732 Ils avaient des lignes de crédit qui se gonflaient et se déflataient en fonction des nouvelles commandes, des paiements d'acomptes, règlements postérieurs. Toute activité commerciale se doublait d'une activité bancaire, de prêts sans intérêts aux clients, financés par les bénéfices du commerceet souventpar des empruntspréalables du marchand. -12 liv'resde prières( unterechtungebette) -i6 < baumgarten> -8 < merengarten> -3 < la clé du ciel> (enAll.) (les2l I -6 < tugendbuch>> livres -4 < verbereitungzum tod )) valent -8 livres de prières en All. de Strasbourg r43f) -7 épîtresde l'évang.en All. -94 -5 imit de J.C. (en All.) indéterm -l grand < Salmgârllein > -3 sacrécoeur de Jésus(en All.) -76 en - I < messeerklârung > All. -4 < parlemens> françaiset allemand -39 en - I 2 < sacrécoeur de Jésus> en Français Frç. -20 > -5 < ange conducteur)) -2 heuresnouvelles -6 petits livres de [cour] -Alurq souffre, blanc d'Espagne,craye, rouge de Nuremberg, noir d'Allem., couleur de fer, tripoly, ocre de Berry, rouge d'Angleterre, terre de Cologne, orpiman rouge, schmack,suda, collafarg sablebleu, noir de Cologne, noix de Galles,fleur de soufre, vert de montagne, (matérielde bleu de Prusse,bleu de montagng gomme de Naples, laque pourprg pernture) de Florence, de Venise, de paris, jaune du Ro5 vert de verry ou de teinture -nombreuses liwettes de métal, d'or firg d'or de paris, d'argent -52 douzainesde pinceaux -couperose, -Riz, poiwe, vermichel,moutarde de Dijon, cafe, millet, -sucreblanc, fin, candi,d'orge, -Têtes de clous, clous de girofle, canelle, gingembre, muscadeen fleur et en poudre, baie de laurier, safraq -amendes douces,sucré, en cocq, à la praline, raisins de Corinthe, dragés,limon conS ""ïX:,îiflff;,'"fiJ"
Pourenviron 465 spécialitésque nous avons regroupées par catégories: -BSu!gtU9C-d9_çgS de vinaigre, d'oeillet, de violenq berberirL pivoing diacodg mure, fumeterre,scolopendrq scapilaire,d'eresimium, antiscorbutique,des 5 racines,de coucou, ...canelle,coraille, rubarbe, Pharmacie : écorce du Pérou, de chicoré,de rosepale,... -ELtxU de propriété, histérique, de longue vie, vitriolé, carminatif de Védétius.. -Oximel miel rosa, blanc d'Inde, margueriteorientale, Diascordium ":Ë:iffiiyfHii" -Crème de tartre -Eau (mise de rabel vulnéraire,de lavande,simple, de seche,I'eau d'Anum en ordreet -EÉ!At! estrméepar le de Saturne,d'Hellebore, ... de chardon béni, de mars apériti{, médecin de centoré,d'aloès stipendiéet un chirurgienjuré) -Fleur de paiche,de benjoint - Tinture animée,des bois, de myrrhe... -Essence de safran,de bergamotte,d'absinthg d'Anis, de citron, orange,pimprenefte, stirax, thée, de paracelce,de girofle -Baume de Perou, de soufre anisé,de capagu,tranquille, verd de Metz, de commandeur,de Lameck, de Canada,d,Arseus. ... -Esp[t de sel dulciffié, de fourmy, de corne de cerf, de corne de cerf rectifié, de vitriol, de creusson.de nitre, antiébileptique,de cochlearia -Gouttesanodines de Sidenham,de cannelleblanche, liqueur anodine d'Hofiinan -Axsonge de vipère,d'ours, de btéro,de clien, de renard,de loup, de cerf, -Grg!! humain,de serpan,de paradis,d'Avlgnon -Hutle de cannelle,de muscade.d'origaq d'absinthà,de rut, de vitriole, de fenouil, de marjotaine,d'ani.s, de citron d.'anet[ de Sabine. de pétrole, sucseing,de sasafras,camomille, tartre, dipericum, de scorpion, de noisette,de verbascum,de corne de ce{ àe Catherine, genièvre,thérébentine, romarin, sapin, divin, ..-E_mplatre diaphane,de vigo simple, de vigo cum mercurio, diaphoretique,de muscilage,melilotte, diabolanum,dia chilon simpie, diachilon gommé, de kernus, histérique,de bétoine, de sigu, de sperme de grenouille -Sgl !g mars apéritif, arcanunL, de tartre, d'armoise, de santoré,de chardon, de trefle, de tamaris,de cloporte de saturne,de genet -Mercure, arsenic,orpiman rouge, curcum4 borax de Venise.veux d'écrevissepréparés, mine de plomb rouge, blanche,zinc, vitriol, mirobolan, coraline, cascarillg opium thebaicurn,sucre de lait, sarcocolle,alois hepatique,antimoine cru, polipode de chene,reglise en racine, coloquinte, cantarique,poiwe, ... noy vomique, bois de Brésil, ypecacuana,alun caleiné,ivoire caleiné,thé, smaragd,tartre de vin blanc, capilairede Canada,bofies d'Arménie. bruvère... -Pierre infernalg judaiqug divinq saffire,hyacinthe. ponse, -GArnlSg arabique, fine, commune, de mastique -PSldIgC_de corne de cerf, d'écaillesde mer, d'iris de Florence.de mars apériti{, de mars en mares, épileptique de marchionis, de vipère, calaminaire, -Se!s9!ç9 de pivoine froide, de pareilles de Macfioine,
-Cimmarouba, follicules de senné,kermes mineral, terre de cachoq ambre, castor d'Angleterre, cacao,bois chiche,basitic, fenouil de Florence, Cardamone,blanc de cerus, cristaux de tartre. -Sang de dragon brut, en larmes
dont 730 J rentréesdepuis la mort de I' -89 crédits-clientsà St-Avold -5 7 crédits-clientsextérieurs Factures commerciales : 1886 -2 marchands à St-Avold ( 1218 -2 marchandsà Nancy 267 -l à Francfort 147 -l Dettespassives à Sarrebruck 2s4 -Emprunts ) divers à St-Avold (4) t478 I à Boulay 69 -Frais funéraires l0l -Confréries, fabrique 210 1658
L'examende la clientèle(par les dettes( actives))) nous montre que tout le gratin de la sociétélocale fréquentaitcette épicerie.Le maire royal, le gouverneurde la ville, trois seigneursdes environs, six curésde villages,les pèresbénédictins, le directeur de la forge de Hombourg,une demi-douzained'officiers des arïnéesen garnison.De ce 359
fait' cette clientèle s'étendait jusqu'à Sarrelouis, Saneguemines,puttelange et Faulquernontmais sur un petit nornbrede clients (occasionnels?). qu'il en Quoi soit, I'examendes facturesimpayées et la sommede capitauxen jeux (11-910 f de Lorraine)confirme l'impression laisséepar le stock (de petitesquantités de beaucoup produits de et d'objets7" ) : c" commerceétait essentiellementun commerce de détail même s'il approvisionnaitdes < professionnels> tels que les cordonniers.C,était encore un commerce d'envergure très modeste. Ses fournisseurs (dettes < passives>) étaient géographiquement proches, la plus grosse facture, de loin, g7g f. était due à Delesse, marchand de St-Avold et inversement la participation de Marie Kayser aux grandesfoires (Bâle, Francfort...)semblait très limitée. Cela nous laissepenser que cette épicerie ne participait pas au commerce d'entrepôt sinon comme simple redistributrice de matériels et matières premièresenvers des artisansdont le calibre était lui aussi modeste. La clientèle de iVlarie Kayser
En nombre % En valeur % Part de la ville de St-Avold 89 6l Le 7't{ Comte de Ficquelmont (sounern"*) I 0.7 1450t 35 gamison Part des hussardsen 354r, 8.5 Part des campagnesDroches 46 31.5 Part des autres villes 9 6 Part des chirurgiens 6 4 294r, 7.1 Total t46 100 415sf 100
La modestie relative de cette échoppese retrouvait dans le niveau d'imposition des deux veuves Kayser cotiséescollectivement à 17,5 sous de pied-certainen 1775. A cette date, cinq marchandsétaient plus imposés,jusqu'à des 37 et 39 sousde pied-certain.
Par chance, nous pouvons évaluer deux d'entre eux et tout d'abord Jean Georges Knoepfler, < ancien capitaine au service de France> et marchand de fer. dont l' envergureétait su$rieure. Pourquoi?
733 Cefte irnpression est évidemmentrenforcée par la pharmacieoù beaucoupde produits n,étaient stockés qu'en quasi échantillons, c'est en ( onces>> et en < grains >>qu'ils zuent inventoriés, la valeur moyenne d'une potion du stock était d'une liwe, sauf quelquesproduits courants tels que le sirop de vinaigre et la rhubarbe. 734 Le sieur de Ficquelmont faisait partie d'une famille très connue de la noblesselorraine. nantie de terres et seigneuriesdans la région de Lunéville (Parroy...). Cependant,lui-même ne vivait d'après ses dires que de sa pension d'Etat (tnventaireréalisé en janvier 1776, à,la mort de sa ferntne,il possédait alorsune maisonde 2 ou 3000 f un jardin et pour 2650 f.de meubles,source : B 6391). i60 t3s Le commerceen fers de J. G. Knoepfler, août lTgl Valeur en f de Lomaine :
Dettes actives :
Les artisans-clientsde Knoepfler Maréchaux-ferrants tr (Bouluy) Ham .{ 10 kn o
'^ \'',^\ o BionvileO O ,z{ O Hombourg o Raville ,/ O o o/ o o Faulluem O ,/ o/o 22lmt o
oo llimer Many o o o uin g cEl \ o 29 Am lo B oo o|. / o Lénin8 vttersbourg o f vit ln* Marthille I Morhange I Munrt", o
(Dieuze)
42 kn Blanche-Eglise
735 AD Moselle,inventaires, B 6393 ou 94 361
Celavenait du fait qu'il approvisionnartpresque exclusivement des artlsans, en matériauxbruts. Son stock était constituéde quantitésdiverses de fers et aciers de toutes qualités-On peut donc parler pour ce qui le concernede marchanden gros et c'était aussi le cas de l'épicier-quincailler-mercierJoseph Delesse que I'on retrouve souventdans les facturesde sescollègues de St-Avold qui étaientnettement moins imposés que lui736. C'étaient des grossistes qui redistribuaient, dans le cas de Knoepfler uniquement des fers, auprèsde particuliers (laboureurs,...) rnais surtout auprèsd'un grand nombre de maréchaux-ferrantset quelquescloutiers, dansune vastezone, surtout au Sud et à l'Ouest de SrAvold. Si la créancemoyenne sur les clients de Knoepflerétait de 105 f, ce qui était déjà beaucoup,les crédits aux maréchauxferrants s'élevaient fréquemment à 200 ou 400 f et jusqu'à 800 f,. D'où l'énorme capital immobilisé dansces crédits du marchand en grosà sesclients-artisans.
Knoepfler avait donc une chalandise assezétendue, plutôt plus étendue que celle des autres marchandsnaboriens. C'était plus une conséquencede sa spécialisation que de son envergureen capitaux.
En effet, un autre marchand,à la même époque,en l762,Nicolas Laueq avait un gabarit commercial nettementmoindre mais une chalandiseencore plus étendue,du fait de sa spécialisation.
Etait-ce un boutonnier (fabricant de boutons) qui s'était lancé dans le comlnerceoù un marchandspécialisé dans la mercerie,lebouton et sesaccessoires ? on ne sait. Cependant,son stock était à la fois de faible valeur et très spécialisé(tout en restant hétérogène).Les tissus qui étaient très chers n'avaient pas beaucoup de place dans sa boutique et expliquent dans une large mesurela modestiedes capitaux engagés. La présenced'un cabriolet, objet extrêmement rare à cette époque chez les particuliers, même chez les marchands,nous permet de penserqu'il distribuait lui-même ses produits chez ses clients. Ceux-ci, des boutonniers et des tailleurs pour quelques uns, parfois à St-Avold, étaient tout de même essentiellementdes marchandsdistribués à la fois dans les campagnesenvironnantes, où existaient donc déjà des petits épiciers et dans les villes desenvirons.
736 Knoepfleret Delesseétaient les deux marchandsles plus irnposésen 1775, à37 et39 sous,le suivantétait à 26 sous i6l
Le commercede NicolasLauer, marchand,décembre 1762731
Valeur en f. de Lorraine : Actif Passif Divers Un cabriolet et un cheval t20 Stock commercial : 4850 Epicerie, 266 f. de savon,beaucoup de mercerig-,un peu de papier, très peu de tissu. 27 douzainesde dans la boutique et une sabots, 160 f d'huile d'olive, des couteaux, réserve épingles,rubans, cordons, 6800 aiguilles, des_qUldl !ç iqulgnmgg beaucoupde boutons et garnituresde boutons,une douzainede petites trompettes,2 douzainesde casse-noisettes... Dettes actives -Crédits-clientsà 57 marchands 3126 -autres crédits-clients 939 Total 4065 -EacturçclÊleJraqseL -2 de St-Avold !+z L oe trce -4 de Metz 560 -l de Nancy 197 -1 de Neufchâteau 208 Dettespassives -l de Paris 443 -2 de Strasbourg 339 -l de Sarrelouis ll -l de Sarrebruck 235 -l de Mannheim 490 -l de Zurich 2t7 -1 de Bâle r28 -2 de Nuremberg 799 total: 5895J Lor. :çapitaux prêtésà St-Avold 3066f Lor. Total 9035 896r Bilan comntercictl -74
Aussi,sa chalandise était exceptionnellementétendue, son envergure moyenne était de l'ordre d'une quarantainede kilomètreset englobaitquelques marchands plus lointainsnotamment dans les villes desenvirons, surtout les petitescomme Bouquenom et Sarralbe(5 et 6 crédits)mais même de plus grandescomme Sarrelouis(2 crédits) ou Sarreguemines(1 crédit),pour ne pasparler du casprobablement plus singulierde St-Dié. Il s'agissaitcependant d'un commerçantassez modeste, son commerce n'était quede I'ordre de 10.000f, et de surcroîtle capitalétait intégralementemprunté.
737 AD Moselle, inventaireréalisé à la rnort de sa femme, B 6387. 363
Les marchands, clients de Nicolas Lauer
Sarrelouis.28 km o o Merten
Sarreguemines, 27 km L'Hôpital o o
Farschviller o St-Avold Longeville Holbach
Téring Puttelange Lemberg, Laning Leyviller 58 Créhange km
oo Freybouse Hellimer O Rech Faulq OO o Schweix Eincheville O o Landroff Bouquenom,38 km o Morhange Bidestroff o o Fénétrange,4l Cutting km Vergaville
(Dieuze, 38 km) Chateau-Salins,45km
st-Dié,I 12km
Un autre exemple pour cette époque, celui d'un marchand-cirier, Sébastien Goutt qui perdit sa femme en 1754,nous montre une petite épicerie-mercerieadjointe à un atelier de fabrication de cires et chandelles et à la commercialisation de ces produits (inventaire,page suivante). Il s'agissait là d'un artisan qui élevait des abeilles, conditionnait la cire, tournait des cierges et vendait évidemment beaucoup aux fabriques des églises des environs. Aussi, dans ses < dettes actives > on retrouvait les échevins des églises de Creutzwald,Varsberg et Seingbouse. 364 738 SébastienGoutt, marchand-cirier,avril l7S3
Valeur en f de Lonaine : Actif Passif Immeubles Meubles courants,effets s50 personnels Bétailet stock -2 vacheset 2 porcs 95 alimentaire -l quarte deblé,% d'avoine. % de feves l5 -lard et jambons Total 187 Stock commercial : Petit stock de mercerie,épicerie : t23 Dansla boutique -Corps gras ; 539 -cire noire pour souliers -106 S de cire blanche -82 f. de cirejaune -4 f de miel -3 pots de beurre fondu -12 f. de saindour matériel : -Au!ilc- -6 ruches 1.10.0. -outils pour travailler la cire et table de travail 39 -outils du métier de tourneur J+ -stockde bois l0 Total 747 Dettes actives -De deuxparticuliers 13.9.0. -desechevins de trois éslises 109.17.0. Dettespassives -Marchand de Sarrelouis 176 -confrérie du St-Sacrement 150 -Delesse,marchand de St-Avotd 20 Total r607 346 Bilon + l26l
A voir sonbilan on constateque c'était essentiellement un artisanqui disposait d'un capital,modeste mais ( en toutepropriété >. Cependant,il est intéressantde constater quece cirier avait adjointune épicerie à sonactivité principale. Tentait-il une reconversion vers le commercepur ? on ne sait. Mais on voit bien que les petitscommerces de toutes taillespouvaient être très nombreux.
Aux antipodes,retrouvons notre deuxième cas de trèsgros marchand,à Saint- Avold, JosephDelesse, qui ayantperdu en août 1762safemme, Marie Richard.fit réaliser un inventairede soncommerce (voir pagesuivante). Cejeune marchand mobilisait toutes ses capacités financières au servicede sa fonctionprincipale. Ainsi, il n'avait ni charretteni cheval,le transportde sesmarchandises était entièrementsous-traité aux voituriers,il ne possédaitaucun train de culture,pas de terresensemencées.
7'rB AD Moselle.inventaires. B 6385. 365
Joseph Delesse, boutiquier et nragasin ier, aoîtt 1762
Valeur en f de Lorraine : Actif Passif Mcub lcs courants,cffets I tt43 persornels Stocks alimentaires -7 quartesde blé 70 -3 milliersde foin <^ Areenterie 533 Stock commercial : Dans le magasin : -Tissus(grosses quantités) l5.l7l -chapeaur 526 Dans la boutique : t0.477 -Matériel:Comptoir. 2 aunesde Pariset 3 aunesde SainçAvold tissus(dont 2[i30 aunes de toilede charnre et aussi425 aunesd'estamette- chez le teinturierà Metz), bas,bonnets, mouchoirs, boutons, rubans épicerig6 piècesde vin deBar et d'huiled'olire 82 <et pierresà faux Total 26.L74 Caisse l'essentielen écuset en Louis 2657 Dettesactives -15 prêtsdomestiques 985 -Crédits-clients: 21584 -148crédits-clients à St-Avold -21 à Hombourg -16 à Longeville -20 à Folschvilleret Valmont - 154dans 55 villeset villagessitués dans un rayond'une vngtaine de kn, danstoutes les directions
-57 Dettespassives factures à payer, venant de France, d'Allemagne et de 28.928 Suisse Total 53.900 28928 Bilan + 21.972
Pour les propriétésfoncières, on verrait plus tard73e.Cependant, il s'assurait contre ce risque majeure, la disette, et son doublement ou triplement du prix du blé (survenu en 1770, entre 1788 et 1790...) en possédantune petite réserve de blé. 7 quartes de blé cela représentait 572litres, de quoi nourrir une vingtaine de personnespendant un mois-.-A cette époque de l'année, c'était trop, autant dire qu'il pouvait s'agir là d'une petite spéculation,à toutes fins utiles.
La masse de capitaux mobilisés dans ce commerce (50.000 f,) autant que le bilanTa0 étaient impressionnants. Cependant, l'analyse des crédits et factures permet d'exclure qu'on ait eu affaire àun commercetl'entrepôt.
73e Ainsi, par la suite, il construisit à St-Avold deux maisons(à partir de 1768) et en 1791, lors de la confection du premier cadastre, on le retrouva rentier quoique toujours enregisfté en tant que marchand- mais proche de sa <>.Il possédait alors à Saint-Avold une maison de grande valeur et l0 parcellesdiverses, soit quelquesjours de tene. Et à I'extérieurde la ville ?...En 1797, sur la matrice des contributions de St-Avold, la veuve Joseph Delessepossedait encore quelques biensdans 5 villagesproches. 740 Les 23.000 f du bilan représentaientà peu près la valeur de deux petits châteaux comme I'actuellemairie de St-Avold, ancienchâteau du Comtede Héninq. 366
Saufsi I'on entendparlà un simplecommerce de gros.En efTet,si les factures ressemblaientà celles que I'on trouvait chezGaillot, à St-Dié741,exactement au même moment, à savoir un grand nombre de fournisseurssitués un peu partoutTa2,ici, rien n'indique un import-export franco-allemand.En effet, sauf quatre crédits-clientssitués à hue et à dia, à Sanebruck, Metz, Ligny et Kaiserslautern, autant dire des marchés accidentels,tout le reste (350 crédits), était situé dans un rayon d'une vingtaine de kilomètres,et pour 40% situéà St-Avold même.
La clientèle de JosephDelesse, d'après les crédits accordés
Nombre de o/o Montant o/o crédits f Lorr. Le regiment Suisse-Durbach I 6646 30,8% procureur Le de I'abbaye de Longevillg I I0t7 4,7 Le procureur de I'abbaye de St_Avold I 7s8 Le comte de Ficquelrnont 339 9 marchands (minimum) des environs 9 40r2 18.6 Dettes plus de de 50 f à St-Avold JJ 9 o/o Dettes de plus de 50 f dans les villases 18 5 o/o Dettes de moins de 50 f à St-Avold ll5 32 o/o O"!ql {ç moins de 50 f, dans les villaees 193 53 o/o Total 361 t00 21.584 r00
D'autre part la taille de Delesse lui assurait peut-être plus facilement la clientèle de collectivités tetles que les abbayesbénédictines ou les régiments de passage. On trouve souvent des crédits à des soldatsdans d'autres boutiquesmais ils portent sur des sommesnettement plus faibles quoique parfois significatives (notamment des fourriers de régiments). Ses clients étaient à la fois un très grand nombre de particuliers qui venaient s'approvisionnerà sa < boutique > (85 % des crédits) et un petit nombre de professionnels (des marchands) et de collectivités qui venaient s'approvisionnerà son < magasin>. Delessetenait donc comme on disait alors < un solide détail > en plus d'un commerce de gros qui approvisionnaitquasi exclusivementles autresmarchands naboriens ou proches. Le montant annuel de sesachats (voir page suivante) peut être évalué en ordre de grandeur au montant mornentanéde ses factures impayées qui représentaienten effet. étant donnés les usagesd'alors, une annéed'achats cumulés, soit environ 29.000 f de Lorraine, 22500 f de France.En 1762,Crampel, marchand mercier de Lunéville se lançait dansun commercehauturier sur desmontants annuels de 50.000f, qui s'accrurentjusqu,à 200.000 r' en l7707ai. Le plus gros mercier de St-Avold, qui travaillait à l,échelle
74t M.J. Laperche,op. cit. 142 Voir gagg -sui\'ance-. 743 D. Hainzelin,op. cit.,p 43 36'l ( cantonale) en quelque sorte, faisait donc un chiffre d'affaires qui était de lroitié rnoindre à I0 fois moindrepar rapportà celui desfameux marchands d'entrepôtlorrains. Les fournisseurs de JosephDeresse (en f de France)
St-Avold JosephDelesse
Provenancedes factures de Delesse(f de France) Typesde lieux Nombre de % Montant des % factures factures France a A' LI AL 8168 33.4 La place des foires de Lvon 4 1936 7.9 Allemagne t4 24.6 6736 27.5 La place des foires de Francfort 9 15.8 4394 t7.9 Suisse l3 22,8 5561 22.7 La place des foires de Bâle 4 7 I 170 4.8 Des provinces < à I'instar A de 7 I 159 4,7 yo l'étranqer effectif > Francophones 27 47\ 10.310 42 Germ4niques 24 42 10.197 42 Indéterminés 6 10.5 3965 l6 Total 57 100 24.472 r00 368 L'approvrsronnement de .losephDelesse était très diversifié, se partageant également entre régions fiancophones et gennaniques.Les grandes fbires de Lyon, Francfortet Bâle jouaient encoreun grand rôle (33 % desmontantsdes factures)mais il était loin d'être exclusif.
Certes,ici, il s'agissaitd'un grand marchandpour lequel I'approvisionnement direct (chezle fabriquant)ou lointain et notammentdans les foires I'emportait de loin sur l'approvisionnement prochequi lui, était prédominantchez les petitsdétaillants. Chaquemarchand avait son réseauqui pouvait à la fois ressembleret différer à celui de ses collègues' On y retrouvait fiéquemment les mêmes adresses mais les approvisionnementsrespectifs de France, d'Allernagne et de Suisse pouvaient être très différents de I'un à l'autre d'entre eux. Au hasard de certains inventaires, on peut constaterqu'à Elberfeld it y avait une industrie textile qui débitait de la siamoise et certains produits de mercerie, assez universellementconsommés dans la région. D'autres exemples,à l'échelle lorraine et à des niveaux divers de puissance des capitaux engagés,montrent cette pluralité des centres d'approvisionnements régionaux. La part de la France était sans doute devenue prépondérante'à la veille de la Révolution. En Lorraine allemande,cependant, dans le commerce juif comme dans le commerce chrétien, la part allemande de l'approvisionnementrestait élevée. Deux listes de fournisseurs,à St-Avotd et Château-Salins,en 17547u(f de France)
Laurent Dilis, marchand P.F.Gilles,marchand à à St-Avold Château-Salins A,pprouslonnement local 2909 JJ,J 0 (Sarrelouis,Insming, Boulay, Hemerinq) Nancv 5047 57.9 29t9 I4.8 r.Lon 266 1.3 Total France 7956 9r.2 3185 I6,I Francfort 765 8,8 4742 24 Autres Allemands 295s 15 (Nureryberg, Iserlohq Elberfeld. Eisenach) Total Allema.gne 765 8,8 7697 39 Bâle 5323 27 Zunch 962 4.9 Total Suisse 0 0 6285 3t.9 Indéterminés 0 2558 l3 Total 8721 100 t9725 100
744 AD MM, 49 B 176, ces listes sonf constituées par les créanciersqui consentaientdes < à ces deux marchandsau bord de la faillite. En réalité, leurs positions étaienttrès dissemblables.L'atennoiement de Gilles lui laissait aprèsremboursement des dettes une quinzaine de milliers de livres- Par conh€ les créanciersdevaient accorder une réduction des deur tiers sur le molltantde sesdettes à Dilis pour lui laisserla possibilitéde rembourserdans un délaisde deux ans. 369
Cas d'approvisionnementslorrains, à la fin de I'Ancien Régime,l77}-l7&s
D V'aillant, J.Sauvaget, B. Grégoire, Eoinal- 1771 Dieuze-1777 Puttelanse.l785 % % % Approvision.loc. : Dieuze.Bououenom 869 Approv. loc. : Sarreguemines,Sarralbe, 4852 Farschviller Metz 0 0 t54 1.4 I030 3.8 Nancy 3190 8,4 2878 25.5 9975 36,9 Strasboure 0 0 447 1200 4.4 Lvon 3150 8.3 586
Rouen 2780 I-) 2267 8.4 Sedan 2802 1^ r038 l^rr Lille 0 0 tz+l Amiens 4761 t2.5 Paris, Troyes, Laigle, Apremont, Reims, Sr 6609 17,4 Etienne, Villefranche, Toulouse,Besançon, Nogent le Rotrou, Châlons sur Saône,Héricourt, Thiers Total France 23.292 6t.4 7213 64 19.324 71.4 Rotterdanl Louvain 6186 ))q Sarrebruck 960 3.5 Francfort 0 0 0 0 0 0 Nuremberg, Mannheirn Solineen Iserlohn t046 Berlin 2052 Total Allemasne 3098 8.2 0 0 960 î5 Basle 3207 8.4 406 3.6 595 )7 Neuchâtel 0 t270 ZuriclL St-Gall. Mulhouse 7929 24.9 Total Suisse 1r.236 29.6 1676 t4.9 595 7) Indéterminé JJU 0.9 2381 2t,l Total 37.956 100 rr.270 100 27.065 100
Mais Nancy était devenue la plaque tournante de la redistribution régionale, plus que Metz. Même à St-Avold oir Metz conservait quelques positions dans le petit commerce,Nancy jouait un assezgrand rôle. Ainsi, à la mort de BarthélérnyGenevau fiuillet 1754) qui était à la tête d'un commerce modeste de 2000 f, il y avait pour 2300 f. de factures nancéienneset seulementpour 230 L de facturesfrancfortoisesT4s.
En tout état de cause,à St-Avold,le commerced'entrepôt ne se situait pas à la hauteur du plus grand commerce de la ville en terrnes de capitaux, mais il existait tout de même dansla discrétion,la spécialisationet une certainemodestie. Et, significativement, c'est dans les archives des faillites que l'on trouve notre cas naborien de commerce d'entrepôt. Là encore, il s'agit d'un commerce un peu polymorphe. En principe specialisé dans le commerce des faiences et terres cuites, il s'étendaiten réalité à la mercerie,mais pasdans toutes les directions.
74s AD Moselte,inventaires, B 6385. 370
.leanJacob fut vraisernblablernentune desvrctimes de la crisede 1770.disette qur eut des répercutionssur I'ensembledes échanges.
G 4 Le prix du blé sur le marchéde St-Avokl,lors de la crise de l77O (Prix rnoyensde la quartede St-Avolden f de Lorraine,en janvier et juillet de chaqueannée rnobilesur 10ans
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Jusqu'en1767-68, le prix du blé était restétrès modéréet les échangesse poursuivaientcomme à l'accoutumée.Les marchandsaccumulajent des stockset des créances,accordaient du crédità leursclients. Car le prix du blé était faible et n'accaparaitpas le pouvoir d'achat des ménageset particulièrementde ceuxqui n'avaientpas de terreset de récoltesdomestiques. Dès 1769, des prodromesde la crise se faisaient sentir. Les autorités municipalessignalaient le manquede seigleet de blé de Turquie,du fait de < I'intempérie dessaisons > depuisdéjà 3 années7a6.< Dans un tempsoù la misèreoccasionne quantité de vols >>747,lachambre de policerestaurait la patrouillede quatrehommes armés par les contribuableset doublait le nombredes valetsde ville. Dans toutes les campagnesde Lorraineallemande, une vague d'émigration faisait partir plus ou moinsprécipitamment et clandestinementdes paysanspauvres vers le Banat de Temesvar,durant I'automne et I'hiver 1769-1770.Cela fit tomberle commerce,car ils laissaientdenière eux uneardoise de 15.000f,. De fait, une < épidémie> de faillitesTasentraîna quelques commerçants
746 AMSÀ déliberations,2l juillet 1770. 747 AMSA, délibérations,l0 novembrel769,puis 4 août. 748 Mais n'amplifions pas I'ampleur du problème. Pratiquementjamais, la Lorraine allemandene vit beaucoup de faillites commerciales(ni juives ni autres), celles-ci touchaient essentiellementla Lorrainerotnane ou se trouvaienttoutes les grandesvilles et I'essentieldu commerce. 371 notamment des juifs de Puttelange et Bouquenornqui pouvarentaccorder beaucoup de crédit leurs à clients car eux-mêmes en trouvaient auprès de leurs correligionnaires banquiers de Nancy, Metz et Strasbourgton.Cependant, ils se retrouvaient avec des
Nombre d'atermoiements accordés entre mars 1770 et {évrier 1773
74e Le cofiunercejuif se supe{posait juxtaposait ou se au commerce des cluétiens, aussi bien géographiquernentque fonctionnellement. D'une part, il n'y avait de Juifs que dans une série de lieux déterminéepar des textes de réglementationet par exempleil n'y en avaii pas à st-Avold mais dans quelques villages autour de la ville (Hellering, Pontpierre) et dans des villes comme PhaJsbourg, Bouquenorn,Sarreguemines, Boulay, Morhange, etc. Les rés!:aux de fournisseurs de (en f de France
D'autre part, les conxnerçantsjuifs, financés par le o également des fournisseurs souvent juifs, surtout quand ils cornmerçaient des produits importés (la mercerie de Séligman Hesse) et qui venaient alors plutôt d'Allernagne. Ils formaient en quelque sorte un réseau separé de I'autre réseau, celui du commerce chretien. (Mais c'est peut-être une illusion car de nombreux juifs étant marchands,ils avaient fatalemant beaucoup de fournisseurs parmi leurs corréligionnaires.) Mais, souvent ils revendaientvers I'extérieur oir ils redistribuaientau détail des productions locales (blé, bétail...). Alors, leurs fournisseurs étaient forcément ces producteurs locaux ou ces intermédiairesqu'étaient les fermiers. Exemple : le fermier du domainede puttelangepour un crédit de 8500 f à SéligmanHesse, ou encore les frères Cahen cle Forbach qui achetaienia", chevaux et fourrageset les revendaientjusqu'à St-Avold et environs, Sarrelouis,Hellimer, ou encore à l,armée françaisemais surtout à la cour de Sarrebruck). C'est peut-être au niveau supérieurque des formes d'intégration étaient les plus perceptibles, dès 1750. Un cas apparaît à St-Avold, en 1760-65. Gaspard de Blon, orthographié ailleurs De Blum, pourrait bien juif avoir été un converti. Ce capitainede Hussardau regimenfde Chamborand finançait l'activité de deux juifs de Niedervisse (Cerf Alexandre et Abraham Fribourg) pour des montants de 2916 f' de France, tandis qu'il participait par ailleurs avec des marchandslocaux à des sociétéspour des exploitationsde bois, des prisesde fermes.Au moment de la rnort de Nicolas Rousseau,contrôleur général des fennes à St-Avold, il faisait partie des amis présents,dans une -,t/ dizaines de rnilliers de livres de dettes véreusesou douteuseset finissaient par devoir demander un atermoiement à leurs créanciers eux-mêmes pour beaucoup .Iuifs des environs. A partirdu printernpslTT},la situation se tendit sur le marché local du blé. comme dansune bonnepartie de I'Europe.
Les échangesse contractèrentmassivement. Du 14 mai au 6 août 1770, aucune quarte de blé ne s'échangeasur le marchéde St-Avold. Le 2l iuillet, la chambrede police demandant une diminution d'impô1750(ce qui n'était pas une habitude) affinnaitque < les trois quarts et demi de la population sont réduits à la dernière misère >. Cela était sans doutevrai rnaismomentané et totalementdû à la disetteambiante. Graphique5 Prix du pain et prix du blé7sr en sous de Lorraine/p4 de 6 L et en f de Lonajne/, de St-Avold,max. mensuel
Pri.x du pain bis- blanc de pur froment, de 6 f,
rrlx oe ta quarte I litreslebréde8r i i_ r
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assemblée essentiellementconstituée d'avocats, de soldats-marchands,comme Knoepfler. De Blon partie du petit groupe de ceux que |on peut qualifier de banquiers, 1soH*it à st-Avold. janvier juillet C'est en et en que les collecteurs devaient convoyer à Dieuze la moitié de la subvention annuelle' C'est donc durant ces deux mois que I'on vivait douloureusement ce prélèvement récurrent. 1st AMSA Mercuriales (prix constatéssur le rnarché)et délibérations(prix fixés par la charnbre de police : (( taxe du pain >, ici le pain de 6 f de poids). 373 Le 30 juillet, la charrbrede police notait que clepuisl5 jours la disettese fàisait plus violente et permit aux boulangersde se pourvoir <<à n'importe quel prix > et n'importe où. Ils ramenèrent alors 40 quartesde Pange,à 14 f. 10. l,une (lS f 15 de Lorraine)' cela représentait o/o une augmentationde 80 par rapport au demier prix observé à St-Avold. L'intendant, de son côté, envoya 400 résaux de blé (568 quartes de SrAvold.), environ46 tonnes, en quatreconvois successifs de 100 résauxqui retournèrentla situation, après le 15 août' Les autorités voulurent croire que cela permettait de réduire te prix du pain notoirement mais il fallut déchanteret relever promptementles prix pour ne pas bloquer à nouveaules échanges. Car les secoursde I'intendant avaient relancé les ventes mais à un tanf de 25o plus cher qu'au printemps o/o et les prix grimpèrentencore de 40 de plus, jusqu,à atteindre 18 f la quarte, contre 10, en mai, La récolte de 1770ne suffit pas à améliorer nettement la situation. Aussi, les prix se maintinrent au niveau le plus élevé et grimpèrent encore jusqu'à 22 f.laquarte en mai 1771.C'estseulement lorsque la recolte de l77I rentradans les greniers et les granges, en août de cette annéeque la brusquedécrue des prix s,amorça. A la mi-septembre ils avaient atteint leur minimum, 8 f et demie. Mais les échanses commerciaux semblent avoir été < détraqués> pour plusieurs années: Graphique6 Evolutiondes taxes rocales, en indice(base 100 en r7027s2
150 ,_r[-L
r00 i i 50+ i
-dôS :1 \?\æô C r^€r æOa -N6 +h ÈÈÈÈÉiSfvsst+r^,^r^r^r; f EEËiÊ[ËËÊEËËEFEÊËÈÊËËIËÈËÊErËËÈEËEËÊ
7s2 Nous représentonsici la somme de la dizainede taxes sectoriellesperçues par l,Hôtel de ville. sur les ventes à St-Avold. C'est donc une résultante qui dewait être assez représentativede l'évolution deséchanges. 374
Dansun contexte de croissanceséculaire (assez lente) et alorsque les années 1760 avaient été une période de reprise, les années 1770 furent des annéesde résression commerciale, au moinsjusqu'en 1776,ce quemontre le graphiqueci-dessus. C'est dans ces conditions, alors que ( tout le monde sans distinction se retrancheet s'abstient de toute dépensepour avoir du pain, le marchand ne vend rien, l'artisan n'a point d'ouvrage et le manoeuwea toutes les peinesdu monde à se procurer du pain"' qu. Jean Jacob devenu incapable d'honorer ses factures, dut demander un atermoiement"tt à ses créanciers. Le marchandJoseph Delesse fut nommé comrnissaireà l'inventairede sesbiens et c'est ce documentqui nouspermet d'examiner son commerceà cette époque.
L'inventaire de Jean Jacob, marchand-failencier, décembre 17707.4
Valeur en f de Lorraine : Actif Passif -l maison 3100 3 jours de terre 200 Immeubles I jardin potager 325 I jardin à herbe 340 Total 3865 Meubles courants,effets personnels 2281 -l cheval Bérail -l vache I truie et 4 cochons 242 Stock commercial Tissus(45O I aunesde tissusde Berlin, Elberfetd, Dans la boutique : Saxe,pour plus de 1000 J), mercerie,rubans, 76tl doublure, crêpg cordon, soie,boutons. bonnets- bas, mouchoirs, 6 douzaineset demi de < créons>. I I douzaines de chapelets, < dais >>à coudre. aiguilles, 49 livres de prière, catéchismes...,épicerie assezimportante, ris de Caroline, 300 f de poiwe, 276 de café, I47 de piment, 450 de sucrescandy ou de mélisse,I 15 hottes de vin, une < Au grenier ; 846 Dansles dépôtsextérieurs : 526 pièces dont239 pieces< amusettesd'enfants >> 2310 pièces,fa.ience et terre à pipe -Trêves: -Francfort 500 : 2l0l Total 11.058 Caisse Dettes actives -beaucoup de petits crédits accordésà des 863 Naboriens et à des ruraux des environs. entre Hombourg et Faulquemont Dettespasslves -7 marchandsd' Allemagne 6144 -3 marchandsfrançais 5478 -l md local 201 Total 18.309 lt.824 Bilan + 6485
75-1 AMSA, délibérations, 22 octobre1770. ?5r AD ùfM. 49 B 196. 375
.lean .lacobécoulait principalernent clestissusallemands et de l'épicerie en Lorraine,tandis qu'il revendait de la falenceet de la terre de pipe lonaine de Moyen peut_ être et de Lunéville certainement,en Allemagne755.
on peut schématiserI'activité de JeanJacob de la manièresuivante
Tenants et aboutissantsdu commerce de Jean Jacob
Cologne 2925r. Doncemonts Mos. Berlin 380t rs35J
Dépôt de Trèves Trèves Depôt de 379 Faïences: 500 Francfort r. Sarrelouis { Sanebruck Faiênce: 2l0l 100t Francfort 82-5f
Boutiquede St-Avold mercerie:7611 faïencerie:846
Nancy ?57q f Faiencesde Moyen et Lunéville
On nepeut donc pas dire quele commerced'entrepôt n'existait pas à St-Avold maisil étaitprobablement une activité modeste de marchandsspécialisés et peunombreux dontnous ne pouvonssaisir que l'exemple de JeanJacob, dont on ne saitpas jusqu'à quel pointil étaitexemplaire ou isolé.
755 un des accords pour I'atermoiement vint de Moyen, signé de la société de marchandsqui fournissait Jacob à Nancy. D'autre part, on eut du mal à Francfort à évaluerles objets car ils étaient étrangersau pays, on souhaitaitqu'ils le soient en Lorraine, du fait de la proximitJ des fabricantset c'est le directeurde la faTencerie de Lunévillequi révisales estimationsfrancfortoises. (AD MM. 49 B 196) 376
En fin de cornpte,durant le XVIIIème siècleet notammententre 1720/30et 1770180,après la fin de la reconstructionet bien avant la Révolution, le cornmerce naborienétait modesteen valeur, assurantessentiellement la redistribution < cantonale> desproduits irnportés en quantité et surtouten variétécroissante, ou le drainagepar la ville desproductions rurales, à la mêmeéchelle. Mais c'était un commerce dont les formesétaient très variables, du grossisteau sirnple détaillant, envers le tout venant des consommateursou envers les artisans,du spécialiste polyvalent, au en passantpar quelquesrares exportateurs ou ré-exportateurs Et cette activité commerciale soutenueet multiple était le résultat de la distance (géographique et linguistique) qui séparait St-Avotd des grands centres du commercelorrain' Nancy ou Metz. Les petitesvilles périphériquesde la région n,étaient pas encore tout à fait entrées dans I'orbite du commerce de gros des grands centrss,ce qui laissait une place même modeste à des activités commerciales hauturières. fruits d' initiatives locales.
Le deuxième facteur favorable au commerce naborien était constitué par Ia présenced'un assezgrand nombre de résidentsriches, du fait de la présenceà St-Avold de fonctions de commandementrégionales, recette des finances, prévôté-gruerie,commis de la ferme générale,qui eux-mêmes attiraientla présencede rentierspour former une société locale de familles aisées. Cette clientèle résidentielleà hauts revenus était sans aucun doute un des facteursde la prospérité locale jusqu'en 1750 et son défaut dut être un des facteursde sa régressionpar la suite. Voyons maintenant comment nous apparaîtle commerce local à la veille de la Révolution,grâce à la multiplication desinventaires après décès à cette époque.
Dans I'ensemble, les inventairesmontrent à cette époque des bilans plus modestesencore qu'auparavant. D'autre part, on retrouvait la même interpénétrationentre les offices, les fermeset le commerce,lamême modestie relative de celui_ci. Ainsi, Maître François Nabor Goutt, < greffier secrétaire en chef de I'hôtel commun de StAvold > était aussimarchand de fer, quincaillier et fermier à l,occasion, comme le prouve son inventaireaprès décès qui datede mars l7ï77s6(voir page37g).
75(r AD Moselle.B 6394. 377
En 1784, F.N. Goutt (inventaire,page suivante)apparaissait sur les rôles d'imposition cotiséà 4,5 sous,nouvel entrant. Dès l'année suivante,il passaità 9 sous,en tant que marchand. Il devait être autour de 12-13 sous de pied-certain au moment de sa mort, en pleine activité, laissantune veuveet 3 enfantsmineurs. Dans la parentéprésente lors de I'inventaireil y avait 4 marchands. Pratiquement toute I'activité polymorphe de Goutt se déroulait à crédit : l'office avait été acheté grâce à un emprunt au receveur du Comte de Créhange, des marchandsfinançaient le stock de marchandisesdont une partie n'était toujours pas payée aux foumisseurs? de même que les < admodiations> des < dixmes> de puttelangeet le canon d'une ferme de Holbach ne l'étaient pas non plus. On retrouve ici l'importance fondamentale de l'entourage,de la parentèleélargie qui prêtait le capital d,exploitationTsT, tandis que les conditions habituelles du commerce, (paiement couramment à un an de l'achat) permettaient de rembourseraprès qu'on ait vendu, souventencore à crédit. Enfin, I'importance de son endettement s'explique par I'achat récent d'une demi maison- probablementune affaire de I ou 2.000 liwes.
Ce marchand, comme beaucoup d'artisans-marchands était en équilibre instable-Aussi, la veuve devait chercherà se remarier avant une faillite possible, à moins de continuer les activités de son mari, en revendantI'office. Ici, I'un dans l,autre, en réalisant la totalité des actifs, on aurait probablementcouvert tout juste le passif.
Ce marchand de fer dont le stock était très spécialisérestait cependantproche des spéculationscéréalières, les dix,mes,les fermes d'exploiiations ruraies qui pouvaient rapporter gtos, étant donné le caractèrealéatoire des récoltes et les fortes variations du cours du blé sur les marchés.C'est peut-êtreparce qu'il partait avec un capital propre très faible que ce marchand était tenté par ces spéculations aventureusesqui pouvaient lui rapporter rapidement une fortune. Ainsi, il avait obtenu des adjudicationsà puttelange et Holbach pour 1360 f. Elles furent évaluéesà 150 quartes.Or la valeur de ces blés varia considérablementselon la date de leur vente. Dans l'inventaire, on les évalua à 9 f 7 s. ce qui correspondait bien au cours du blé en mars 87, à St-Avold. Or, au rnoment de la récolte,le blé atteignit 11 f et monta lentementensuite à n f. en décembre,13 en janvier 88 et jusqu'à I 5 f, en mars-awil 1788.Ainsi, selonle momentde la vente,la veuve pouvait
7s7 Il y avait 4 marchands parmi les parents présents au moment de l'inventaire. D,une manière générale'tous les marchands naboriensétaient liés entre eux par les mariages,ils étaienttous oncles, cousins, cousins issus germain... de Mais quand un marchand s'enrichissait, ses enfants avaient tendanceà s'insérerdans des réseauxde niveau supérieurqui les délocalisaientvers Metz, paris ou les grandesvilles du Rhin allemand par e.xemple. 378
récupérerentre 1650et 2250 f.. Le bénéficesur cetteopératiçn s'établissait donc entre290 et 890 f, soit un taux de profit variantentre 2 t et 65 VoI
Le capital d'un quincaillier-marchandde fer, FrançoisNabor Goutt
Valeur en f de Lorraine . Actif Passif Immeubles - % maisoq à peineachetée , - I champ Offices -L'offrce de.qreffier de St-Avold 2.700 Meubles courants, effets personnels 4.318 Divers I 50 quartesde bté à Puttelanse t.395 Stock commercial Dans la cour -2575 f. de fers, gros fers, barres, fer de cloutier, petit fer, | 249 55 socsde chamres... _2 balances Dans la boutique -65 sciesen long, travers,de menuisier... 2 090 -19 bêcheset pellesde fer -l7l paquetsde limes -86 rabots -144 ciseauxde menuisiers -24 tarières -33 mèchesde vilebrequin -Outils de fer (9 ciseaur, l9 tenailles,32 marteaux, I I faux, 4 couteaux, 8 compas en fer) -divers (8 roulettes de lit, 18 cadenas,3 moulins à cafe) -26 fourneaux en fonte -3 .800 f, en marmites, chaudrons... -900 f de fer en poids,vieux fers... Total 3339 Caisse 619 Dettes actives -Petit et grandjournalier (clients) 2.280 -18 < promesses> d'anabaptistes,villageois...(15 à250 f\ 949 Total 3229 Dettes passives -Au receveurdu comte de Créhangeet son oncle 3.487 -forge de Geislautern 1.836 -autre fournisseur 1.583 -2 empruntscommerciaux 6.535 -3 autresemprunts 3.345 ttt -séminaireSt Simon de Metz (dî*er de puttel.) 1.360 Total 15.600 18.146 Bilan imnteubles- 2516 - 2546
Ces opérations étaient risquées car elles entraînaient beaucoup de complications pratiques. Mais elles rapportaient bien plus en pourcentage que les opérationsde commerceclassique qui étaienttout aussicompliquées techniquement. Autrement dit, le commerce naborien, parce qu'il était relativement
impécunieux, parce qu'il était géographiquementplus proche de la campagneque dansune gande ville, parce que le commercodes grains était le plus profitable des commercesavait
7sE Lors de sa création, le séminaire de Metz fut doté de biens prélevés entre autres sur la collégialede Hombourg-Haut,corrlme l'étaient probablement les dîmesde Puttelange. 379
largement intérêt à spéculersur les fennes plutôt que sur le commerce classique d'approvisionnementdu marchélocal.
D'ailleurs les marchandsqui lirnitaient plus ou moins leurs opérationsà cette épicerie-quincaillerietraditionnelle semblaient avoir plutôt moins d'envergurefinancière.
Cependant,si la routine de leur commerce était suffisamment régulière, si le paiement des facturess'effectuait assez régulièrement, même avecun retardd'un an, donc si leurs clients les payait aussi suffisammentrégulièrernent quoiqu'avec retard, lew crédit pouvait être renouveléune vie durant.
Alors, un marchandparti de presquerienTse pouvait devenir un petit rentier au bout de 40 ou 45 ans de travail.
Finalement I'office de greffier de StAvold fut revendu et racheté par un autre marchandde St-Avold, JosephSimonin qui était lui, un véritableépicier-généraliste. C'est ce que rnontre son inventaire aprèsdécès, réalisé en avril r7gg7ffi. L'inventaire du marchand JosephSimonin
Valeur en ! de Lorraine : Actif Passif lmmeubles -2 héritages,un aquêt(9 parcellesde terres et prés, q I de maison, soit environ 4 jours de terres et une maisonT6ren l79l) Meubles, effets Dersonnels 2.92s Bétail, réserve -l vache alimentaire - 160f de lard -500J de foin -8 quartesde pommesde terre -21 quartesde blé, I d'avoine.I de seisle 527 Stock commercial : Boutique, réserves,cave..
-Bois -507 planchesde sapin, 17 de chêne, 500 9 madriersde sapin,8 cordes de hêtre -12 tonneaux, l0 coftes et barils, l0 petits coffres, 59 I cendrier,34 sacsde toile -Papeterie -58,5 rameset 7,5 mainsde papiergris, blancou fin 162 ou de couleur,de posteordinaire, de postede Hollande,150 plumes, 40 écritoiresde bois cornmun,de buy, de corne, I I paquetsde boites de pain à cacheter -Liwes -10 évangiles,S livresde mission.12liwes de 5I prièresà Ia viergeen all., _5imitation de J.C. en all . 35 catéchismesall -156 abécédaires 3.18.0. 1se Ce < presque rien > n'était pas donné à tout le monde. Les artisans, pou la plupart, ne disposaient pas pour plus de 50 à 150 f de meubles et de matériel. Mais, ce qui était le plus important pour un commerçant,c'était son savoir faire acquisle plus souventdans le cadre familial, -là celui même qui fournissait aussile capital de départ de son activité. 760 Il laissait trois enfants mineurs et une veuve enceinted'un quatrième,Barbe André, issued'une autre famille de marchandset notairesnaboriens. 76t AMSA, matricede la contributionfoncière de lTgl.liasse 342. -5 f de porc d'Espagne -96 chapelets -Drogueliq -29 quincaillerie pairesde blossesde tisserands,l6 brosses diverses,29 brossesà balai,à blanchir,4g brossesà souliers. -15 peignesà cheveux -18 f de ficelle,33 f de cordon -16 brochesà manchon -132 pairesde boucles -132 couteauxde bois,68 de corne,36 canifs. -27.000 pointesde Paris,boites de clous,fer battu, poidsen cuivre, -4 grands miroirs et 64 petits -46 miroirs et 13 toilettes -96 tuyaux de pipe en bois, 36 rêtesde pipe, I millier de pipe en terre -mesuresen fer et en étaiq 6 crucheset j entonnoirs,2 balancesà plateaux -2 hottes d'huile à brûler -12,5 L de chandelle,10,5 f d'amidon,3,25 f de pomade en bâtoq 7,5 L de soufre. 4.75 f d,alun -77 f de savon -81 € de poudreà poudrer
-41 pairesde ciseaux -687 dés à coudre, nombreux boutons, -17.000 épingles,agrafes -7400 aiguilles anglaisesou ordinaires -71,25 L de fil de chanwg lin, étouppe,blanc, gris... -49 aunesde toiles de chanvreet d'étouppe -99 J de cotons divers -660 aunesde tissusdivers, coton, indiennes.toile d'Orange, -tapisseriesiamoise -274 aunesde tissusdivers, siamoise,coton.. -75 aunesde mousselinesdiverses -277 piècesde cordon de fil -137 piècesde passefinet de moiré fin -51 piècesde floret croisé -100 aunesde rubans de velours -70 piècesde rubans -10 aines de piecesde fil, fil de paris, fil de soie, poil de chèvre -2 f. de soie à coudre -159 paires de bas de femmes,d,enfants et d'hommes de laine et de coton -23 pairesde gants de femmes -5 pairesde gants d'hommes -20 bonnetsde laine -l 16 mouchoirs de soie, de Rou.eq et autres -84 cols noirs -120janetières de cuir
-l baril de 65 livresd'huile d'olive -3,5 hottes de vinaigre -20 pains de sucre, 52,25 f. de sucre candi et 7g f de sucrecommun -12,5 f. de dragés -4 f de bois de réelisse - I baril de noix d' -1.5I dethé --50f de cafe -8,5f de miller -l5l f de riz, riz de Caroline -32 f, de poivre, 3,25 L de piment, 14 oncesde noix de muscade,% de cane[[e,I carton de safran -33fde..delorrier -eau de vie (4 hottesd'Orléans, 2 du Comtois,2 commune) -l comptoir de chêne,deux balances,plusieursjeux de poids, éralonsde capacités(étaia fer), entonnoirs -couverts, montre, bouclesde souliers,tabatière
-30 crédits à des clients naboriens -16 crédits à des clients villaeeois
Dettes passives -3 dettesdomestiques diverses -2 emprunts -Marchandisesnon encore régleesà 17 foumisseurs Total 13.757
Non seulementil vendait un peu de tout, mais encore plutôt en petite quantité et son stock illustre bien la dénomination des marchandsnaboriens : (( marchand, mercier, quinqualier et épicier )). D'autre part, les fonds propres de son commerce étaient très faibles puisqu'au moment de sa mort, pour 10.305 f d'actifs commerciaux, il y avait 12'400 f de dettesprobablement commerciales. Ici encore le crédit était fondamentaldans l'activité commerciale. On peut dire que l'épicerie à cette époque était une banque, transformant du crédit international en crédit local. En effet, on peut opposer la poussière nombreuse des petits crédits accordéspar l'épicier à sesclients, en monnaie locale (livres de Lorraine) au petit nombre des gros crédits libellés en livres de France ou en monnares allemandes dont l'épicier bénéficiait lui-mêrne de la part de ses fournisseurs et d,e ses commanditaires.
On retrouve encore cette importance du crédit dans I'affaire d'Appoline Becker, veuve du marchandNicolas Colbus,qui avait poursuivi I'activité de son mari et qui laissait un stock assezconsidérable, au moment de sa mort, le 2l décembrel7g4 L'inventaire du commerced'Appoline Becker,décembr e l7g4
Valeur en f de Lorraine : -Contratde mariage(1754) -16aquêts successifs, de 1756à... -lot de parta.eede 1767 maison sur-meublée(poêle, cuisine, 2 chambres,grenier,
-2 vacheset un veau de lait -+ porcs gras stock alimentaire: -2 rnilliersde tbin -48 quartesde pornmesde terre -2 quartesde blé de Turquie -2 ruchesà miel Stock commercial (dans la boutique et dansquelques réserves)
Papeterie -6 rameset demi de divers papiers, 1,5 S de maroquin, 2l écritoiresen corne -52 liwets d'enfants -30 catéchismeset li autres -3 évangiles,80 chapelets -Une lOOainede piècesde tissusdilIërents conrenant 2242 aunes, dont 127 de droguet d'Angleterre, lg0 de sergesdiverses, 382 d'indiennes,224et plus de perses,65 de mousselines. des toiles de Paris,d'Orangg de Silesie,des Maroc, Dauphines,flanelles, moltons, coutil, Nankin, drap de Liège, drap du Nord, Amiens,étamines de Bertin, camelot, .r"pàr\ ratine, siamoisq Hollande, à rayuresbleues, rouges, vertes, tissus noirs, à carreaux,à petits bouquets...soieet poil de cnevre, -12 piècesde St Gall, 36 de fleuret croisé, rubans,passefin, -360 mouchoirsde perse,soie, Rouen... -163 bonnetsde laine et de coton 4l L de cotons divers -40 S de chanwe de Strasbourg -25 chapeaux(pour 25g f de valeur) -225 pairesde bas, hommeset femmes -3 I pairesde gants enfants,mitaines. . .. -690 boutonset une 50 ainede grosses -5 paquetsde cordes à violon -179 pairesde boucles Droguerie -dés et divers à coudre, canifs,ficelle, brosses,tuyaux de pipes, tabatièresen papiermâché, étuis, boites, cruches.35 f d'étain d'Angletene, 3 moulins à cafe,... 29 miroirs -96 f de savon, 12 f, de soufre, 4 f d'amidon, l0 S d'alun. 20 f, de craie, 8 S de chandelle -330 J de poix noire, jaune _66,5f. de poudre -50 f de sucre -60 I de riz _80f de millet -1,75 f. de poivrg 4 I de baie de laurier, Vzl, de cafe, j € de 3/q Gingembre, de L de clous de girotle, fleur de muscat, safran,canelle,. . -39 f d'huiled'olive -15,5 hottesd'eau de vie de marc -22 hottesde vin rouge -8 hottesd'huile -2 hottes de vinaigre,récipients, tonneaux, cuveaux -34 faux (pour 39 I) -l comptoir de chêne,deux balances,plusieursjeux de poids, étalonsde capacités(étain, fer), entonnoirs -montre,tabatières, boucles...
Relevéessur un livre-journal de 104 folio : -88 débiteursà St-Avold et -3 fourriersdu < Royal-picardie> -28 débiteursà Valmont -27 àLéLing - I 7 à Longeville,16 à Folschviiler -88 autresdébiteurs dans 25 autresvillaces
Dettespassives -9 petiresdettes à St-Avold 482 -3 fournisseursà Strasboure 350 -l à Metz 161 -l à Sarrebruck 143 -l à Ste Marie aux Mines 4t7 -l à Bar le Duc 530 -l à Nuremberg 64 -1 à Mulhouse 380 -1 à Berne 62 -1 à Kaiserslautern I 849 -3 à Bâle 575 -3 à Francfort 2697 - l 0 fournisseursindéterminés 4215 36 fournisseurs (f, de Lorraine 15.403
immeuble.s+ 9245,f + 9245
Ici, on a affaireà une détaillanteconséquente, dont le commercedépassait les 20'000 f. Cependant,on peut voir que l'endettementétait toujoursconsidérable. On peut comparerl'état de l'épicerie à deux ansd'intervalle entre octobre 1782,mort du mari et décembre1784,mort de safemme :
En deux ans, l'épicerie,avait doublé ses créditsaux clients, donc vendu beaucoup ce qui avait entraînéde forts réapprovisionnementsqui n'étaient pas encore réglés-L'épicerie avait doncbien maintenuet mêmelégèrement accru son stock,mais elle avaitquatre fois plus de dettesà régler.
Les capitauximmobilisés dans I'affaire s'étaientaccrus sérieusement(de + 6500 f) maisau prix d'un endettementencore plus accru (+12.000 f). D'où la dégradation du bilan.
La mêmeépicerie, à la mort de Nicorascolbus, octobrer7g2
Valeur en f, de Lorraine : Actif Passif lmmeubles -Unemétatie de l0 pùes de quartes Meubles personnels courants,effets 1807 Al'écurie: 483 Stockcommercial : u.005 Dansla cave Vin, eauxde vie .. 797 Dansla boutique Tissus, mercerie,librairie r0.208 Caisse 600 Dettes actives -94 créancesà St-Avold 4490 -190 créancesdans 30 villases Dettespassives -25 fadures(15 indéterminées,I de Metz. t G 3390 Kaiserslautem,3 de Nuremberg,2de Nancy,I de Bâle,I de Strasbourg,I de Sarrebruck) Total 18.385 3390 IJilan + tt.995 384
Quelleétait la clientèlede cesépiciers naboriens, à la veille de la Révolution. avait-elleévolué par rapportaux décenniesprécédentes ?
On peut comparerla chalandisede FrançoisMathieu (1727, page suivante)à celle de Simonin et Becker(1797).
Le rayonnement géographique des détaillants naboriens en l7g7 ît autravers des crédits-clients de Sirnonin(en et Becker
25 k:nt
I0 krn 3Boucheporn 2L'Hôpital O lZimming O 2Hombourg o T O lGuenviller St-Avold O SLongeville 91 I puttelange'- ----o lMacheren vn 2laudrefang ( 6 4+tEbersviller o 20 knt \ 28+lValmont l-l s+zt-achbreHolb \ l6+l Folschvil", D \ o ,^,r,,", o \ O 4Biding TPontpierre ll zsietting -n\ I sMaxstadt 4Ebers. r-.r IFaulquemontO O \ 4laning l' o I \ 2Fremestroff tzknt 6+rlixing g lBoustrof | \ O 8Freybouse I Villers 14 kn
La chalandisedes marchandsnaboriens était limitée vers le Nord par I'importancede Sarrelouis,vers I'Est parle développementrécent de Saneguemineset de Forbach,vers le Sud,il est possibleque le rayonnementnaborien ait reculéd'une dizaine de kilomètresdu fait du renforcementde Dieuze,arr cours du XVIIIèmesiècle, à voir la différencenotable qui séparela chalandisede Mathieu(1727)et celle de Becker-Simonin (r787). 385
La chalandise de Francois Mathieu en 1727
Carlinget L'Hôpital
2 Porcelette
4 Hornbourg
o 9 St-Avold Longeville
Valmont II km Henriville
O Vallerange
Morhange
Il restaità Mathieu,lors de son décès,9 créditsà St-Avoldcontre 18 à la campagne.C'est la mêmeproportion que l'on retrouvedans I'inventaire de Colbus,60 ans plustard '.94 et 190crédits non remboursés. Commentavait évoluél'approvisionnement des marchands locaux ? I'examen des< dettespassives > desinventaires après décès nous donne quelques renseignements et nouspermet de dessinerla carteschématique suivante : 386
Localisationdes fournisseurs de deux épiciers naboriens (17s4-l7ss)
2697 r.
Kaiserslautern,I
SIMONIN l4 fournisseursde la ville 1892 I BECKER
Barle Duc, 1
I0fournisseurs non Iocqlisés de Becker, pour 4215 L de créances, vraisemblablement Ste Marie aux Mines. I gerTncmrques.
I y avait waisemblablement parmi ces fournisseurs des industriels (Valenciennes,Mulhouse, St-Marie aux Mines) et des marchandsen gros et I'on peut voir l'importance des places de foires réputées,ici Bâle et surtout Francfort, destination qui revenait le plus souvent lorsque les marchandss'exprimaient, de rnême que Strasbourg, avant Metz et Nancy762.Cologne était aussimentionnée. Jusqu'à la Révolution et même juqu'en 1813-1815,la présencedes marchandsnaboriens aux foires de Francfort ou de Strasbourgsemble avoir été fréquente.
Une anecdoterévèle aussi des relations avec Lyon, autre grande place de foire. Mais il est vrai qu'elle concerneun Delesse,descendant qui avait repris la tradition et
162 Ainsi, Christophe André, en juin 1760, demandaitun permis de port d'anne pour aller 4 fois par an à Francfort et à Strasbourg 387 peut-êtrele carnet d'adresse de JosephDelesse, lui-même en relation avec Lyon dès les années1760.
Le 23 germinal An Il ( 12 avril l7g4), aprèsla reprisede cette ville insurgéepar I'armée de la Révolution, Lyon fut soumiseà des représailles.on décrétanotamment que les créancesdes citoyens de Lyon étaient abolies par le gouvernementde salut public. Un marchand de St-Avold, Delessefit alors la déclaration au greffe municipal des deux dettes qu'il devait à des marchands lyonnais, dont le montant cumulé était de 1263 f.. Le commerce naborien s'approvisionnait donc à Lyon rnais dans une moindre mesure que dans les places germaniques dont on peut voir la prepondérancesur le schémade la page précédente-Car si Delesse déclara cette dette, personned'autre ne le fit, ce qui permet de penserque peu de marchandsnaboriens étaient en relation avecLyon'6i . De toutes manières bien que quelques marchands se retrouvent dans les facturesde plusieurs épiciersnaboriens, le réseaudes fournisseursétait assezdistinct d,un cofilmerce à I'autre. Simonin avait plus de foumisseurs français qu'allemands, Becker beaucoupplus de fournisseurs allemandset les petits commerce (Anne Arnoul) avaient des fournisseursplus régionaux et moins un approvisionnementdirect en foires ou auprèsdes industriels. cela ne changeaiten rien par rapport aux années1750.
Provenance des factures de simonin et Becker (f de France) Typesde lieux Nornbre de % Montant des % factures factures France t4 37.8 4858 31,r La place des foires de Lvon 0 0 0 0 Allemagne 7 20 54s4 35 La place des foires de Francfort 8.1 2697 17.3 Suisse 6 16,2 1078 6.9 La place des foires de Bâle 4 10.8 636 4.1 ues provmces < Francophones 7 20 3526 22.6 Germaniques 20 54 7864 50.4 Indéterminés 10 42t5 Total JI 100 r5.605 100
D'autre part, on enlevaitle vin à Bar le Duc comme on peut le voir ici et Saint_ Avold était même devenu un petit centre de commerce d'entrepôt pour le vin de Bar à
76-1 Il s'agit d'ailleursdu plus gros marchandde St-Avold, à ceueépoque 388 destinationde I'Allemagne. On le sait par une délibérationmunicipale du l5 germrnal,An XIII764.Mais c'était un commerceanrlmé par desBarisiens et non par desNaboriens. Les aubergistesallaient jusqu'à Châlon sur Marne jusqu'à Epemay, jusqu'à Mâcon aussipour chercherleurs approvisionnements.C'est du moins ce que I'on constate d' aprèsles passeportsrévolutionnaires. Dans I'ensembleles fournisseursavaient peu changéentre 1750 et 17g9.Ici nous avons les fournisseursde deux détaillants (Simonin et Becker) qui ne sont pas directement comparablesà ceux d'un grossistecomme JosephDelesse. La diversité des approvisionnements était évidemment moindre et les horizons géographiques des détaillants, rétrécis. Cependant,il faut constaterque c'est surtout du côté de la France gue la concentration des fournitures était réaliséeentre les mains des grossistes.Même un Simonin dont I'approvisionnementprovenait pour une large part de la francophonie locale (Metz-Nancy) ne semblait pas en relation avec les foires de Lyon, les industriels nonnands.'. Par contre, il avait des fournisseurs à Sarrebruck, à Bâle. Le commerce naborien était donc encore en 1789 plus directement en contact avec le commerce et la manufacture germaniques(Allemagne, Suisse,Alsace) et utilisait des grossistesnaboriens ou messinset nancéienspour leurs fournitures françaises. jamais ll n'y avait eu beaucoupde grands marchands à St-Avold mais à la veille de la Révolution,il ne semblaitplus y en avoir du tout.
Le commerce d'appoint d'une rnère de famille nous offre un autre cas d'intégration des offtces et du commerce et renforce notre impression de modestie (voir page suivante).
Anne Amoul était de Metz comme probablement son mari. Son frère y était établi comme médecin et c'est à Metz que cette commerçante s'étaii procurée ses plus gros capitaux, dans la famille et l'entourage, c'est à Metz et Nancy qu'elle trouvait la plupart de sesfournisseurs quand ce n'étaient pas les marchandsde St-Avold. Cela classait sa boutique dans la catégorie la plus modestedes détaillants, le volume de son stock était de très peu de valeur même par rapport à sesconcurrents locaux.
7(A Les rnarchands de Bar-sur Ornain auraienteu I'habitude d'encaver leurs vins en dépôt. à Saint- Avold. 389 petit Le commercede Anne ArnoulT6s,femme du huissier-audiencierp. Groux
Valeur en f de Lonaine : Actif Passif lmmeubles -2 acquêtsdont I maison,contrat de mariage, ,> brevet de marchand Meubles courants,effets Le poêle,la cuisine,5 chambres,la cave,le grenier. t027 Dersonnels l'écurie Diversstocks -3 porcs 60 domestiques -2 quartesde blé 23.100. -l bichetde seigle -14 potsd'eau de vie 20 -2 quartesde pommesde terre -1.25hotte de vin ll -l 0 aunesde toile de chanvre Total -l 6 aunesde toile d'etoupe 140 -Fil, Stock commercial ruban,jarretières, soie à coudre,poil de 443 (dansla boutique) chèwe, bonnets,cordon, coton, Mercerie : -500 aiguilles à coudre,boutons, lacets,ciseaux, couteaux,brosses Papeterie: -5 livres de prièresen all., papier, écritoires -6 poelesà frire, 17 pelles en fer Quincaillerie. -6 fourches et 5 crochetsà fumier, -4 hoyaux -12 scieset 4 paquetsde limes 4 tranchoirs et 6 pierresà aiguiser -6 pincesà feu et 4 mortiers en fer -l f, d'amadoux Dettes actives -duespar divers clients : 174.9.0 -par un tailleur d'habits de Falk JZ -une personnede Freyning, le Comte de 39 Total Ficquelmont 245 -Factures Dettes passives de 5 marchandsde St-Avold: 203 -2 fournisseursde Nancy 517 -5 foumisseursde Metz 362 -3 fournisseurs(Sarebruck, Dilling, un roulant) 217 -3 grosemprunts à Metz 7750 -6 empruntsou créditsà St-Avold(Hôtel-Dieu, 3 1704 Total pontoierre particuliers) et à 10.753 Total I855 10.753 Bilqn immeuble,s- 8898 - 8898
Mais le monde du commerce était très divers. Si certainsétaient riches et leur réputation en faisaientles plus gros contribuablesde la ville, quelquesuns l'étaient moins. La modestie était même assezfréquente parmi les épiciers.
D'autre part, le commerce touchait en permanence à I'artisanat, chaque fabricant vendait ses propres productions, sur foires et marchés, à domicile ou par colportage. Sousla Révolution particulièrement,les agentsmunicipaux de St-Avold virent apparaîtresur les marchés de la ville ( une nouvelle espècede colporteurs>>, qui n'étaient pas munis de patentes,habitants des campagnesmais aussi de la ville qui vendaient des
765 Inventaire du 23 septernbre 1789, réalisé quelquesjours après la mort de Anne Arnoul qui laissait 5 enfants mineurq son mari était nommé tuteur des enfants,son frère A. Arnoul, médecin à Metz était nomrnécurateur. 390 produits de la terre < et de leur industtie>r1"''-.La déréglementationconsécutive à la Révolution avait pennis ce pullulementdu petit commercedont les cloutiers de la région nous donnentun exempl"'o'. Mais ce colportageexistait déjà au XVIIIème siècleet avait déjà donné lieu aux plaintes des rnaîtresurbains contre les artisansruraux768, dans les années1770-80.
Et sans doute bien avant colnlne nous le fait voir cette réclamation de la femme d'un certain Jagerqui était en Bohème,en 172676eet laissait son épo,se dansla misère. Celle-ci voulait donc fabriquer pour les vendre des savons, des liqueurs, de I'amidon et les marchands la menaçaientde < subvention)) ... < à la rnoindreentreprise >. Elle demandaet obtint la < protection> des officiers, à condition que son commercereste modeste.
Le commerce pouvait donc aussi être une forme d'activité de repli, de survie, pour des individus très pauwes, à la limite de la mendicité,du recel de la contrebandeet du trafic illicite- Aussi' pour se prémunir contre ces réseaux souterrains potentiels, qui auraient notamment donné un exutoire aux larcins éventuels des enfants ou des domestiques (c'est que ce I'on craignait), I'autorité municipale soumettait ces < revendeurs,...personnes sanscaractère77O ) au serïnent,leur imposaitde tenir registrede leurs opérations,voire interdisait leur activité avec plus ou moins de succès,comme on I peut l'entrevoir anecdotiquementTT.
766 AMSA délibérations,19 pluvioseAn 13. 767 Cf. annexeIII. 768 AD MM. E 333. 76e Ai\fSA, délibérafions.6 octobre 1726. 770 ce qui dans le tangage du temps signifiait : personnenon reconnuepar l'appareil du pouvoir, n-onaccréditée, AMSA, délibérationsdu 24 août 1771, pétronille 77t exemplede Schmich. Après I'incendie de 1772, Arure Marie Nassoy, frlle delean piene Nassoy, accuséede vol par. les habitants de la rue du Lauterberg les avait menacéde les arnener< à un état plus pitoyable que les habitantsde la rue des religieuses >>.Autant dire qu'elle menaçait de mettre le feu à la vilte. 10 témoins vinrent I'accuser de voler des plats d'étain, de cuivre, des pommes de terre, chemrses,bas de laine qu'elle revendait ensuite.Elle fut emprisonnéepuis menée < de brigad.een brigade )), par la maréchausséedans <, dès le 18 août 1772.Du fait de l,incendie,il avait fallu donner des gages à l'opinion pubtique. Aussi, t'affaire avait été rondementmenée, I'incendie avait eu lieu le 25 juillet, la procédure contre A.M. Nassoy avait été engagéele 29, I'enfennement de I'inculpée avait été acceptépar les autoritéset exécutédans la vingtaine de jours suivants.Cette affaire était aussiun moyen pour les nouveauxéchevins de ville de scellerune allianceavec le rnenu peupleet doncconhe les notables. (ll y avaità l'époque un conflit entreles nouveauxoffrciers de la charnbrede policeet les anciens,plus riésaux notabreslocaux.) 391 on était ici aux limites du < secteurinfonner >, pour parler en tenÎles modernes.Cependant, la diversitéd'échelle des commerces se révélait rnême à I'intérieur de la confrérieofficielle des merciers :
Le < pied-certain >rfiscal des merciers et marchands mbre de marchandspar tranchede ain J 4 5 6 7 9-tI t2-15 I6-17 r8-21 26 36-37 40-s t724 l total I 2 2 ? 2 t0 17s5 I I 4 2 J 6 I 2 1784 25 2 I 2 3 4 4 I I t
Les plus faiblement irnposésrgoignaient les artisans,non pas les artisans les plus modestes(l à 2 sous pied-certain) de mais pas loin, tandis que les plus pauvresdes marchands étaient comme on vient de le voiç situésen-dessous du seuil d'imposition. A I'autre bout de l'échelle on trouvait le groupedes Naboriens les plus riches, ils en formaient même la totalité si I'on y ajoute ces autres commerçants que nous traiterons un peu plus loin : les bouchers,boulangers et aubergistes,les rentiers enfin qui étaient des marchands de grains. La corporation des marchands,cofllme les autres, vit en son sein un certain écrasementde l'éventail de sesniveaux d'impositions. G'7 Evolution séculaire du pied-certain des 4 marchands les plus imposéset de I'impôt moyen desdeux marchands res plus impôsés (Echelle de gauche,pieds-certains en sousde Lorraine ; éctrellede droite, impôts en livres de Lorraine.)
soT r 180 4s+i \-- -!- 7À' r 160 / l I --:\\f, 40f ^=J=., \. - + I40 I //q-À: --'\ -- r- ,'T / \ --.- I /'\ 1 120 ,OI e-A.= -i-l- /\ Moyroe d* p. cdt. des dqx plus -==--l 'o--.- r 100 2sl /' --\a .------a.\, \Ioy. des p.c. d* I ..../' 'L 80 deux survmts roï l- Subtotion moy. des dox plus mposes rsT ,60
j 'uI -, 40 I
'i i20 i 0+------i-
1724 1734 1765
Cela se comprend lorsqu'on observel'évolution de I'impôt, dans le même temps. Jusqu'à la fin de la guerre de Sept Ans, l'impôt augmentaet parfois même très 392 rapidement. Aussi, pour faire mieux acceptercette évolution les asseyeurspréférèrent-ils dirninuerprogressivement les niveauxd'irnposition des plus groscontribuables, tandis que la masse croissantedes petits contribuablespermettait de faire disparaître l'augmentation dans le grand nombre de leurs petites cotes. Mais après la guerre de Sept Ans, la pression fiscale générale diminua et cependantles pieds-certainsdes plus grossescotes continuèrent à diminuer, de sorte que les plus riches des naboriens frrent de moins en moins irnposés par rapport aux (( classesmoyennes >. Mais il s'agit là d'une évolution classique et probablement sans soubassementréel autre que la persistante plainte des riches qui finissaitpar intimider les asseyeurs.
Cette évolution de I'imposition n'est pas suffisante ni assez cohérente pour nous faire admettre un appauvrissementdes riches, à St-Avold, durant le XWIIème siècle. Cependanq les inventaires de la période pré-révolutionnaire ne révèlent plus de commercesimportants. Aussi, l'écrasement de la hiérarchie fiscale térnoigne-t-il peut-être d'une certaine banalisation de l'économie de St-Avold, se restreignant déjà à une chalandise réduite et résistant à l'évolution générale vers une concentration des activités commerciales et artisanales.S'il y a eu un certain enrichissementcollectif, localement, les rnarchands et artisans étaient trop nombreux pour en profiter et leur activité est restée de portéelocale.
Voyons maintenant l'évolution du commerce alimentaire qui appartenait à d'autres confréries que celle des merciers, partageait fréquemmentles plus hautes cotes fiscales avec ces merciers mais pratiquaient aussi parfois un art qui les rapprochaient des artisans. 393
b) lllarché localet commercealimentaire
Si I'on comparel'évolution des emplois du commercealimentaire à celle des emplois du commerce non alimentaire, on constate une différence très nette de dynamisme.
Celui-ci, moins entravé par des réglementationset plus innovant eut tendanceà susciterplus d'emplois nouveauxque la moyenneurbaine et mêrne bien plus, surtoutau XIXème siècle, tandis que le commercealimentaire évolua moins vite que I'emploi urbain, autrementdit, perdit de la vitesse,cabarets inclus, ce qui n'est paspeu dire. Grap' 8 Evolution des emplois du commercealimentaire par rapport aux autres commerces en indice,base 100 en 1785
-; -{L 60 Bdt[icr desfuxqr irdice
-=G- desqdcis 5m drqmærcealirmilaire \,, / -- <)-- m duonrrrcerrcn alinnrtaire -- {- drcarrrrrce r :ætI l
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Plus que les autres, les commercesalimentaires semblent avoir été tributaires de la population locale. Ils ne semblentpas s'être étendusà I'extérieur, sauf exceptions que nous envisagerons.Il étaient aussi tributaires de la garnison dont I'importance ne dépendait pas de la ville et qui diminua au XIXème siècle,tributaires aussi de la valeur d'étape de la ville, qui s'affaiblit au XIXème siècle. Ils étaient enfin tributaires d,une économie rurale dont les changementsétaient lents.
Boucheries,boulangeries, auberges et cabaretstenaient la première place et de loin dans les préoccupationsdes autoritéslocales et dans la vie quotidiennelocale, aussi 394 bien par leur impact sur le niveaude vie généralque par les troublesà l'ordre public qu,ils pouvaientgénérer.
ll nous faut donc envisagerdeux aspectsdes choses,tout d'abord I'importance individuelle et collective des boutiquesdu commerce alimentaire et ensuite l,évolution globale du marché local, de sesprix, de sa réglementation.
l'on compare Que les niveaux d'imposition ou les fortunes respectives,les deux types de commerces s'apparentaient. Ils se rejoignaient par le haut tandis que quelques compagnons ou commis descendaientun peu plus bas chez les boulangers et bouchersque chez les marchands.
Pied-certain des boula rs t-2 J + 5 a 6 8-9 t0-t2 l3-16 17-20 + total 1724 I I t 2 2 I I 9 1755 2 I I 2 I 4 2 I4 a 1784 2 2 L I I 2 I 11
Ca tavernierset au 2 J 4 5 6 8-9 r0-12 l3-16 t7-20 + 1724 total I I I 2 I 2 8 17s5 I I I 3 2 2 il 1784 J J J 2 2 I 4 1 2l Bouchers I 2 J 4 5 6 7-8 9-10 lI-12 13-14 t5-l6 T 1724 total I J z I 7 1755 2 2 I 5 I I 4 t7 1784 I z1 2 2 2 I I I l2
Du fait de leurs activités, les boulangers,bouchers et aubergisteset l,on pourrait y ajouter les meuniersétaient plus près de la terre que les marchandsqui n'investissaient dansle foncierque vieillissant en retournanten quelquesorte leur fortune. Pour les boulangersposséder de la terrepermettait de vendrede la farine ou du blé, voire de spéculer sur un produitdont on a w qu'il était stratégique,pour les bouchers,posséder des troupeauxet par conséquentdes prés pour les nourrir, c'était contrôler ses approvisionnements, éventuellementélargir le rayonde sesventes en essayantd'exporter du bétail sur pied, pour I'aubergisteenfrn, posséderson auberge,une maison de 10 pièces"' c'était déjà une belle sécurité,posséder des terresc'était nourrir voyageurset chevaux< du sien>, voire fairefabriquer sa lingerie à partir de sespropres productions. 395
Nicolas Weissedont nous présentonsI'inventaire après décès n'était imposé qu'à 18 sousde pied-certainen 1724,tandis que son confière ChristrnanKnoepfler était lui, imposéà 39 sousà la même date.
La successionde Nicolas weisse, <, janvier 1732
Valeur en f, de Lorraine : Actif Passif Immeubles -l auberge(une douzainede lits), 1I pièces ,| . -8 acquêts,9ascencements -2 jardins, 3,5jours de terre, 3 fauchéesde prés -2 poêles 139 -1 chambre 30 -vêtementset linge(130 aunesde toiles...) 850 Meubles, effets -Vaisselleet miroirs 421 personnelscontenus dans -chambrerouge 400 1'auberee -chambrebleue 250 -chambrejaurre 150 -chambre verte 100 -couloiE 3èmeétage, petite chambre 122 -chambrede servante 30 Total 2492 Bétail, stock alimentaire -2 vacheset 2 cochons 82 -34 hottes de vin 207 Total 289 Stock commercial -Quincaillerie t20 Dans la boutique Argenterie IJ Dettes actives (Plus ou moins irrecouvrables) 400 passives Dettes 900 Total 2974+ 400 900 Bilan intmeubles+ 2074 : enttit'ort1000 [ -- + 2074
Rien que les meublesutiles à uneauberge (literie, draperie,matériel de cuisine et de blanchisserie,quelques réservesde vin) pouvaientreprésenter 1380 f deLonaineTTz, soit à peuprès la valeurimmobilière de I'auberge.Dans le casprécédent, l'établissement offrait à sesclients une gammede chambresTT3dont le standingvariait de I à 4, mais ce n'était pasforcement le casde tous.
Aussi,jusqu'en 1765,il y avait un aubergistedont le niveaud'imposition égalaitcelui desmarchands les plus riches,autour de 38 à 41 sousde pied-certain.Les boulangersculminaient eux vers la mêmeépoque à 26-28sous, les bouchersétaient plus modestes.Cependant, certains d'entre eux s'emichirentau coursdu siècle,si bien qu,ils
772 Cas de Nicolas Reder, en mars 1775. marié à la fille d'un autre aubergistg Madelaine Veis.(Inventaires, AD Moselle, B 6391). Il était impose à 18 sousde pied-certainen 1775, ce qui le classaitpanni les riches mais pas au sommet. 773 Remarquonsincidemment que dans cet établissement,la charnbre de luxe était la chalnbre rouge' Ia seconde,la chambre bleue. Ici, la couleur impériale n'avait pas encoreété détrônéepar la couleurbleue, ou alors s'agit-il d'un cas d,espèce. 396 furent plus imposéen 1775-85qu'auparavant. A cette époque,François Georges Grirnont atteignait20-25 sous de pied-certain77a. Mais, les cabaretiers étaient très souvent bien plus modestes et certains bouchersne possédaient que leurs outils, ce qui ne représentaitpas plus de 30 f,. On le voit, globalement, les commercesalimentaires étaient moins riches que les commercesclassiques mais certainsd'entre eux rivalisaientavec le niveau supérieurde toutes les professions naboriennes les plus riches tandis que beaucoup d,entre eux atteignaient une honnêteaisance, sans plus, et qu'à la base,un petit groupede compagnons était évidemmentbien moins riche. Cependant, dans les inventaires après décès qui ne concernent que les riches, ceux chez qui il y avait quelque chose à se partager d'un peu substantiel,on revoyait les mêmes obsessions terrienneschez aubergistes,bouchers ou boulangersque chez les vieux commerçants.
Ainsi, la veuve du boucher Nicolas Dorr, mourrait en août 1768, laissant pour 3000 f de meubles, ce qui était déjà considérable,pour 4757f.d'argent liquide, 1200f. de (( promesses> à récuSrer sur 49 débiteurset 17 quartesde blé à toucher d'un fermier, une invraisemblablequantité d'acquêts,prises de possessionet baux sur les territoires de St- Avold Macheren,Lachambre et Freybouse. De la boucherie, il ne restait rien car tout était investi où à investir dans la terre.
Par contre, on peut examiner l'économie d'une boucherie encore active sur I'inventaire aprèsdécès de François Grimont, qui décédaen awil 1786, laissant une veuve et 4 enfants mineurs. La boucherie mobilisait environ 11.000 f mais elle était couplée à une entreprise agricole et à des rentes foncières visant à nourrir un troupeau nombreux et de choix. La valeur extraordinairedes boeufs les signale comme des animaux d'embouche et non commedes animaux de trait qu'ils étaientsouvent dans les environs.
774 Voir son inventaireaprès décès, page suivante 397
FrançoisGrimont, boucher,1786
Valeur en f de Lorraine ; Actif Passif Immeubles -16 acquêtset un parrage(17j6-1783) , Meubles courants,effets 2288 persomels -12 quartesde blé 96 -8 de moitangeet 18,5d'orge, l0 d'avoine 230 -10 quartesde pommesde terre et 3 bichetsde blé 22 de Turquie Stock alimentaire -31 milliers de foin et 20 bottes de paille 957 -600 painsd'huile de navette 260 -l cheval 186 -l vache 120 Total t87l -Matérielde boucherie 87 -50 brebisà Bettingles Sr-Avold 387 -33brebis à Carline 198 Stock commercial : -5 boeufs 1l16 5 porcs 78 -95 f de saindoux 95 -463f delard 394 Total 2355 Biioux 23r Caisse 2170 -5 prêts à une quinzained'habitants de s278 Faulquemontet à leur procureur Dettes actives -Crédits-clientsde la boucherie t7t7 -2 tanneursde St-Avold 2105 354 Total 9454 Dettes nassives 0 Bilon immeubles+ 18.369 > + 18.369
Souvent les voituriers de St-Avold protestaient contre les < troupeaux à part r>"t des bouchers locaux, troupeaux qui n'étaient pas forcément consacrés à la nourriture de la ville mais pouvaient être commercialisésau loin. Les autorités rappelaient alors que les bouchers ne pouvaient entretenir des troupeaux à part qu'en vue de la boucherie urbaine et locale776.Aussi, il était important pour les bouchersdésirant étendre leurs spéculations à des horizons géographiquesplus vastes de posséder des parcelles ailleurs. Alors, en tant que ( porterreins) ou propriétaires forains, ils participaient aux charges des villages en question mais pouvaient y faire paître leurs troupeaux, échappant ainsi aux limites apportéespar les autoritésurbaines.
La successionde I'ancien aubergisteFrançois Jager,mort veuf et sansenfants. autour des dépouillesduquel les neveuxet niècesde 6 lits collatérauxmontaient le siège, révélait le même appetit de terres.
'-'-t. Seuls les privilégiés avaientle droit d'avoir des troupeauxséparés 776 de ceux des communautés. AMSA, délibérations,l0 septembre1757 et 30 mars 1776. 398
La successionde François,Jager, 15 novembre17g6
Valeur en f de Lorraine : Actif Pascif Immeubles I maison,écurie, cour et iardin 4862 -l iour de terre t75 Meubles courants, effets Meubles, vêtements,lingerie 1248 aunesde toile de 986 personnels chanwe blanc, 53 de chanvregris et 132 d'étoupe) -3 pots de saindoux 103I Stock alimentaire -240 f. de vieux lard -Tas de blé de 6l quartes -50 q. de blé acheréà Folschviller Biioux 102 Caisse 0 -664 f" de France à deux collatéraux pour leurs 7920 commerces Dettes -1782 actives f. de Fr. en 6 versementsà un menuisierde Longeville le reste à 13 particuliersde St-Avotd et environs -Resteà payerpour la-maison 3046 Dettespassives -Fraisde maladieet de funérailles r28 -2 aFairespendantes 53 Total 15.076 3227 Bilon + I1.849
Ainsi,dans le commercealimentaire, la possessionde terres,de bétailet d,un train de cultureétait plus déterminante,dans le coursmême des affaires habituelles de ces commerces, ce qui les distinguaitde l'épicerie-merceriepour lesquelsla culture et l'élevage étaientmoins directementutiles et donc moins souventpratiqués. par contre, danstous les cas (pour les marchandsmais aussi pour les artisans),la terre devenait toujours le réceptaclede la fortuneacquise pour le vieillard qui se retirait des affaireset convertissaitson commerce en terreset rentes.
Au XIXème siècle,les disparitésentre commerçants restèrent du mêmeordre. Ainsi, en 1840,I'inventaire après décès de SéligmanLazard,boucherà St-Avoldrrr,qui laissaitquatre mineurs dont I'aîné était garçon boucher, révèle l'étroitesse financière d,une bonnepartie du commercealimentaire. Certes, ce boucherparce que juif, parcequ,il ne possédaitque des ovins (pour produirede la viandecasher ?, on ne sait), ne visait vraisemblablementque la communautéd,e ses corréligionnaires, une centaine de personnes à nourrir, relativementdétachées du sol cependantTt*,et par conséquententièrement
777 AD M, notaire, maître Nicaise, 2 mars lg4},37g lJ 27. 778 Au XVIIIène siecle, lesjuifs aisés,en Lorraine, possedaientcomme tous les riches leur maison et leur jardirL les autreslouaient, presqu'aucunne possédaitni terresni bestiaux, sauf les marchands de bestiaux, bien entendu(AD MM, inventaires de faillites lorrains, 49 B). Il ne semble pas qu,ils alent généralement eu comme les vernaculairesdes petites exploitations d'auto subsistance.Du reste,leur état de marchand-prêteursen faisait le plus souventdes hommes de marché,habitués aux échanges,à l'économie rnonétarisée,autre raison de penserque I'auto subsistancereprésentait peu 399 dépendantes du marchéoffen par Lazard.or toutes ces raisonsne pouvaientque limiter son envergure,à moins de viser des marchésplus lointains, ce qui ne semble pas le cas, au vu de son inventaire.
L'inventaire après decesde SéligmanLazard,lg40
8 brebis et 12 chèvresdisséminées o p"nrior, ,, dansles illages des environs"n 688 frs de bonnesdettes sur I I particuliers, lg autres
I3 créanciers,dont Ie médecin,Ie pharmacien,le lover
environ 2200 frs ou:2850fde Lor.
Parcomparaison, la mêmeannée, le bétail d'un agriculteurmodeste (au vu de sespropriétés77e; de Dourd'hal,village réputépauvre et sur sol sablonneux,représentait 2204frs et les4 brebiscomprises 24 frs78o.
Et 25 ansplus tardTsl, les moutonsdu boucherMathias Berthol furent vendus pour 1525frs. En 1868,un autre boucherFrançois Karcher782, propriétaire foncier et immobilier, possédaitvache, génisse, porc gras,un attelage,12 quintauxde pommesde terre, une grossequantité de viandesplus ou moins découpées,son stock et son capital techniqueatteignaient la valeurde 1519frs, ce qui soulignela diversitédes fortunes dans unemême branche économique.
Les dettesde Lazardmontrent que ce boucherne pratiquait le prêt, ni plus ni moins que les autreshabitants. Par contre,il pouvaitêtre un peu marchandde bestiauxà I'occasion,étant données ses pratiques. En effet,les animauxqu'il possédaitétaient placés en pensionchez l'habitant, mais jamais plus de deux têtes(une fois trois brebis)par famille, desovins qui plus est : il est waisemblablequ'il les distribuaità desfamilles très modestesqui n'avaientpas de propriétéset de disponibilitéen fourragesmais qui avaient besoinde lait pour leur nourriturequotidienne. ils payaientune redevanceannuelle de de choses juifs chez les et par conséquentque la fonction de boucher, qui plus est liée à des religieux, était nécessairepartout où existait une cornmunauté 77eYlpératifs même peu nombreuse. il avait plus de dettes passiv". qo" d'actifs mobiliers, ne possédaitqu'une demi-maison. (23 mai 1840,Nicaise) 8 chevaux etpoulains, 9 vacheset veau4 4 porcs et laies, 4 brebis. 78r]:: AD Moselle,Mtre Duffesne,25 E 51.iuin 1g66. 782 AD Mosellg Mtre Sping4 5 décernbrelg6g,25 823. 400 quelquesfrancs à Lazard et lui devaientla moitié des < frujts >, c'est-à-dire des jeunes issus de la fécondation de ces animaux fernelles par les mâles des troupeaux communaux auxquels ils étaient rattachés. Ces opérations pouvaient aussi bien s'achever par la récupérationdes bêtes par le boucher pour alimenter son activité principale ou... s,achever par une ventequ'on qualifierait aujourd'huide vente< en leasing>>783. Un dernier exemple, celur du cabaretierPierre SchmittT8a,nous montre une petite aisance.
Inventaireaprès decès de pierre Schmitt 1g6g
Enfrs Actif Passif Meubles dont I qt de houille, l0 sacsde pornmesde Jt.J terre, 3jeunes porcs, desoutils agricoles lmmeubles Unemaison et 2 jardins ,) Dettes act. {-Uq!s dans les environs I 155 Dettespass. 2 emprunts locaux 1085 Menues dettes 227 Bilan immeubles+ 216
Un tel bilan, pour un père de famille chargéde 5 enfantsmineurs était assez proche de la situationdes ouwiersjournaliers les plus aisés.Encore, ceux-ci, à la campagnepossédaient-ils souvent beaucoup plus de terres. Cependant,comme au XVIIIème siècle, certains commerçantspouvaient accroîtreleur échellede travail,notamment en additionnantles activitéscomme le montre JeanJochum et à partir d'un capitallargement emprunté.
78r Nous faisons cette hypothèse car le commerce des bestiaux était une des activités naditionnelles des marchands juifs et que ce commerce se pratiquait par essais successifs des animaui par les acheteursjusqu'à satisfaction des deux parties. Si I'on pousse la logique de ces pratiques,on arrive au leasing. 78'1 Mre Sping425 E23,lt6g. 401 rnventaire après décèsde Jean Jochum, maître d'hôtel et boulanger, lg66 78s
En francs Actif Passif Immeubles Maison (eviron l5 piecescuisine),ecuries et t"*ir" 10.000? 3 jardins et 2,75 ha de terresen 5 "h*ut'...pieces Meubles du menage, dont 5 quintaux d'avoine, 3@ de terre, lOOainesde récipients,20 L de vinaigre écurie et greniers : l jurrent et matériel d'attelage, I vache,2 4273 porcs, I 500 kg de fourrage, 300 kg de paille, 94 stèresde bois, I voiture, I charrette,50 poules,2 dindons, I tonne de foin Débit de boissons: 4 tables,36@ 347 (+ 421 de réserves),vin, carafes,56 verres Réserve de vin : 33 hl en fut et +de 1200 bouteillesTs6) 2871 Total débit de boissons 3218 Débit de pain : comptoir et bascules 65 Capital pain (39 miches de lère qual. et 28 de 2ème qual.), petits pains 62 technique et 150 kg de farine, boites, 25 kg de son, 25 sacsde farini 757 stocks matériel de boulangerie 2rs Total boulangerie 1(D9 Hôtellerie : 8 piecesmeublées 2134 provisions, confitures, 150 bouchons,3 kg de bougies, 1649 plusieurs centaines d'assiettes, lingerie d'hôtel (dont 70 m de coupon de toile écrue) I'otal hôtellerie 3783 Total 8100 Argent 400 Dettes act. 6l petits débiteurs de st-Avold et environs pour fo.r.ttit'res de 2220 pain ou aufies dépenses(iusqu'à l0 km) -6 Dettes emprunts locaux (notaires, acquisition de biens) 2t.351 passives - Factures: -l epicier à Metz ls6 I liquoriste à Lyon 90 I négocianten vin à Nancy 408 - menus frais. loyer, funerailles 405 Total 22.410 Bilan environ +2583
AD Moselle,25 E lB,24janvier 1g66. ?86]t' Voici son stock de vinvrn et soiritueux : Twe Quantité Prix Prix unitaire T}?e Quantité Prix Prix unitaire Frs/litre Frs/litre (tut) Vin 300 90 0.3 Vermouth l0 t0 (tut) Vin ord. 2380 714 0,3 Petitboureoene l7l r87 l.t Bordeaux(fut) 228 t50 0,66 Eaude r-ie t2 t4 l') Thiaucourt(fi:t) 285 199 0,7 Bordeaus 352 440 1,25 Thiaucourt 129 9l 0,7 Rhum l8 27 1,5 Bourgogne 108 86 0,8 Madère t0 t6 1,6 Fleury 80 64 0,8 Cognac _51 86 1,7 Beaujolais l13 93 0,8 Kirchrvasser 10 20 2 Vin depays (tut) 395 356 0,9 Sirop )l 47 )') Vin blanc 60 60 Champagne 25 8l 3,24 Chablis 40 40 I Total 4798 2871 0,6 Dans le débit de boissond'Elisabeth Ehrmann, l" de liquides(plus de l000litres), 281 frs. Le 16 septembre1814, enfin, I'invenraire de la < cafletière> Anne Marie Hayer comprenaitun équipementde l5l frs (l I tables)mais aussi un billiardéquipé de 700 frs. 402 Son capital techniqueet ses stocks étaient considérables,mais aussi bien ses propres fàctures impayées que le crédit qu'il accordait à sa clientèle étaient de fàible valeur, aussi son bilan restait solide, bien plus qu'au XMIIème siècle où l,endettement était généraliséet par conséquentplus difficile à recouvrir. Cependant, on peut voir sur cet exemple la persistanceà la veille de la guerre de 1870 de tous les traits du commercealimentaire solide du XWIIème siecle. Tout y était plus local que dans le reste du commerce. Il y avait plus de biens fonciers locaux car ils étaient liés à une ( autosubsistance> élargie en quelque sorte à la clientèle. Le capital utilisé empruntait aussi le réseaulocal, notamment celui des notaires,le crédit accordéaux clients reflétait encore une envergure géographique restreinteTsT,enfin les fournisseurs étaient relativement locaux ([es rnarchandsde Metz et Nancy), à quelques exceptionsprès (un liquoriste de Lyon). L'arrivée du chemin de fer avait notamment déjà permis au vin de Bordeaux pénétrer de les marchésde l'Est français en force, ici, ils représentaientquelque 12o/odu stock de spiritueux et le correspondantdes chemins de fer de I,Est, Thomas en importait aussi pour sa propre consommation (inventaire du 25 mai lg67). Jochum ne représentaitpas un cas isolé, le meunier Georges Walther montrait un cas sensiblement identiqueT8s ; capital entièrement emprunté, clientèle locale qui cependant allait jusqu,à Boulay et Sanalbe, faiblessedu créd.itaccordé aux clients. Si les marchands travaillaient beaucoup sur les foires, les commerçants de I'alimentation étaient eux liés au marché, plus fréquent, plus circonstancié, plus conjoncturel et sujet à des emballements qui le rendaient dangereux donc étroitement surveillé par les autorités.
Voyons comment le marché local et les prix, surtout les prix des produits alimentaires, ont évolué tout au long des XVIII et XD(ème siècles.Le'niveau de ces prix arait des répercussions sur I'ensemble du commerce et de I'artisanat. En effet, selon leur hautew, les prix alimentaires pouvaient assécher les auûes marchés, toutes les disponibilités monétaires étant mobilisées par les achats alimentaires ou au contraire laisseraux autresbranches de l'économie uneplus grandemarge d'action.
787 Le plus gros crédit accordé(350 frs) l'avait été aux officiers du 7èmerégiment de dragons,qui avaientdû se loger à I'hôtel lors d,un passagede troupes. 788 Inventairedu 5 fevrier 1866.25 E 18. 403
- Le marché de St_Avold Bouchers, boulangers et cabaretiers apparaissaient souvent dans les préoccupationsde la chambre de police notamment parce qu'ils faisaient l,objet d,un contrôle de leurs prix' et aussi,et parfois en conséquence,de la qualité de leurs produits. Nous étudierons donc ici autant le marché abstrait des prix que celui concret qui avait lieu sw la place, sousla halle, avant sa destruction. Il y avait ainsi une vingtaine de prix < pilotes >>du pain, du vin78e et de la viandeTeo.
En 1786,le procureur du Roi Gerardyjustifiait ainsi la surveillancedes prix alimentairespar la chambrede policeTel: 78s Au XVIIIème siècle, dans les délibérations de la chambre de police, on distinguait en général le vin vieux du vin jeune et selon la provenance : vin de Metz, de la Moselle, du Rhin ou d,Alsace, du Palatinat"" En fait' les tæ(es du vin correspondaient à un prix maximum que les cabaretiers ne devaientpas dépasser.Mais chaquefois qu'ils mettaientun tonneauen perce, ils devaient inviter les jaugeurs-estimateurs à venir goûter ce vin et en fixer le prix. souven! notamment lorsque les soldats arrivaient en garnison, cela exerçait une pression sur les prix et les cabaretiersétaient tentés d,en profiter ; d'où I'assez grand nombre de condamnations pàur prix excessifs. La chambre de police défendait ses prérogatives' Si les jugeaient cabaretiers les < taxes > insuffisantes ils devaient déléguer le maître de leur han pour négocier une augmentation. De même pour les bouchers et boulangers' Seulesles bouteilles ( cachetées venant de la Bourgogne ou de la champagne ) purent être vendues sansreference aux ( taxes > locales, à partir ae tilo.(Gerardy, 17g6, art.jaugeursde St-Avold' p 262 et Cabaretiersde St-Avold, p 155, ': AMSA, délibérations,25 janvier 170g.) ne trouvait pas toujours .on toutes les sortes de viandes. Mais à chaque abattagg les bouchers devaient solliciter la fixation d'un prix par les autorités. Du reste la visite des anùnaux avant I'abattage (pour vérifier qu'ils n'étaient pas affeintsde maladies) était obligatoire et c,est pourquoi, les horaires des < tueries >>étaient réglernentés.La viande était donc taxée à la liwe, espècepar espèce et sexe ptl sexe. En regle générale, les animaux de sexe femelle étaient élevés pour leur fécondité plus que pour leur viande. Ils étaient donc abatnrs plus vieux et plus coriaces que les mâles ; leur viande était donc considérée cornme de moindre qualité. Dans ces conditions, I'obsession des autoritésétait de se faire vendre de < la mauvaisevache > au prix du < bon boeuf >. Aussi' on en était venu à une reglernentation de plus en plus tatillonne. on finit même par interd.ire aux bouchersde vendre de tout à la fois. on distinguales u grandsbouchers > (vendant des viandes mâIes, boeuf, mouton' bouc...) des < petits boucherso qoi ne vendrient que des femelles (y.ache,brebis...). Ainsi, vers 1768-1775,onfixait "u* 7et 7 ou 8 prix differentspour la viande. Gerardy, I786, articleboulangers, pl64-165. 404
50 ans plus tard, le conseil municipal gardaità peu près le même avrs : vive la conculTence,mais si elle ne s'exerce pas, c'est à l'autorité municipale d'y suppléerpar voie réglernentaireTe3. il sernble qu'au XVIIIème siècle la < taxation> du pain se soit faite empiriquement sous la pression des boulangers(à la hausse)ou des consommateurs,dont les offrciers faisaientpartie parmi et lesquelsmenaçait parfois l'émeute (à la baisse).Les boulangers, organisés comme les autres métiers en corps pouvaient faire valoir officiellement leur point de vue, négocier avec la chambrede police, voire exercer des pressionspar la < grève de la fabrication >>7ea.
7e2 Suite de ce texte ; <<-.- mais on s'y prend mal en ne t@ent souvent que le lendemain * r*, ,r*rrr^ iours après Ie morché, d'où il arrive que Ie boulanger y perd quand il y a dimination et dans Ie cas de renchérissement le peuple mange Ie pain tantôt au sorlir du four et tantôt beaucottp trop rqssis. Le peuple touiours 'rux qguels sur Ie prir du pain, si le blë crugmente,achète du pain ou4età de ses besoins,dons Ia crqinte de la continuation de I'augmentation au marché prochain er se plctint lorsque le boulanger afourni sesfounÉes à I'ordinqire qu'il n'y a plus de pain ; si le bled dimirrue, Ie peupte qchère ou jour et Ie boulanger qui a cait pottr Io mtltitutle du peupte a du pain [de tropJ. Itfoul donc lffier au sortir du marchë et sartout dans les mois de juillet et d'ooût Etoiqu'à lq veille de la récolre, sans [attendreJ au prétexte que Ie prix du bled n'est pas encore assis.II est réduit de louer une espècede pain comme l,atûre. Lq taxe ne doit être fctite que du pain destiné au peuple. A l'ëgard des pains mollets et cle fantaisie on devroit laisser aux boulangers lo liberté de les vendre plus cher, parce qu'ils occasionnent phts de peine et de déchet. En tous cas, il faudroit reporter lesfrais de fabrication du gros pain sur ceux des petits pains. L'homme qisé ne balancera jamais d,alouter quelque cfutse au prix ordinaire du pain pour satisfaire son goût particulier. Ilfaut que lespersortnes nontmëespour rendre compte des mqrchés soient expertes en Syains et plus tle probité, pour ne p(rs clonner un prix ptrur an autre et une qualité différente de celle sur laquelle doit être ëtablie Ia tue. Etunr impossible que Ie poids du pain soit totriours juste par le trop ou Ie trop peu de caisson, on doit obliger le boulangers à ne lesdëlivrer qu'au poids et lesforcer à ovoir des poids et des balancesiustes, de sorte que le peuple ne pqyeraJqmais que le poids réel juste, cwcune loi n'outhorisont Ie boulanger à sefaire surry)ler de l,excédent qu,on 4it il y en quroit, le peuple ne s'y preleroit pas et il seroit injuste d'infliger des amendes pory qurlEres onces de mqnque dans un pain d'oilleurs bien cuit et bien corulitionné [?J que le pain rassis pèsetoujours moitts que le pain frais, le plus constant est que le délit se fasse au poids. l On rencontre en effet plusieurs condamnations sur la qualité du pain dans les délibérations, ain5i, le 7 mars 1712, après des plaintes de < la bourgeoisie > (souvent c,étaient des plaintes des autorités judiciaires, de lanoblesse...), on visitatoutes les boulangeries et l,on trouva chez Jacques Richard 57 pains blancs de 15,5 onces à la livre au lieu de 16 et une miche de bis blanc de 5,5 liwes au lieu de 6, en gros une fraude t0 % du poids... Injures, confiscatiorl explication : Richard s'était endormi pendant la cuisson et le pain avait desséché dans le four et son poids. Il fut condamnéà 40 frs iltilt.*_de b. d'amenae eia la con{iscariondu pain fautif. Le CM' en | 834, repondait à une série de questions ministérielles dont celle-ci : < Il repondait : <<..'la tæ(e peut se faire avec équitg elle est necessairelorsqu'il y a coalition enfre les boulangerspour le prix de leur pain, mais elle devient inutile lorsqu'il y a concrurence...)) (AMSA, délibérations,28 awil 1834.) 7e4 Ainsi, le 14 awit til+, la chambre de police avait augmenté la taxe de pain mais pas suffisamrnentaux yeux o/o). des boulangers(+ l0 Le 16, ils ne cuirent pas de pain eiune visite des < étaux > les révéla vide sauf ceux de la veuve Chrisrnan Kouch qui cachait son pain. Les 405 Après la Révolution, les corporationsayant disparu, il fallut trouver autre chose' on chercha à calculer le plus rationnellement possible les coûts de fàbrication du boulangerpour ( quejustice soit faite à la productionet à la consommation>7e5 Pour cela, il fallait disposer de deux données: le prix d'une unité volumique de blé et le poids volumique du blé, car celui-ci était vendu au volume tandis que le pain était vendu au poids.
Aussi, tous les ans, apparemmentà partir de la Restauration?e6,le maire devait pesertrois hl de blé, pris dansles trois qualités, bonne, moyenneet inférieure et renouveler cette opération trois fois, jows de 8 en 8 jours avant NoëI. II obtenait ainsi trois moyennes. C'est le poids de la première qualité de bté qui servait de référence, pour le calcul de la taxe après estimation du bénéfice du boulanger. Les fluctuations de cette variable annuelle n' était pas insignifi antes. Gr.ap.9 Poids volumioue d'un hl de bté naborien dansles trois qualités
- __- lse qMlib
2ine qualiæ
3ème gualitÉ
qË!!È!EËqgs Ë!EËËË!EËEËEEËEEE
boulangers craignaient une < diminution des espèces>>. on était entré depuis quelques ternps dans une période de dévaluation de la monnaie française qui avait des répercussions rapides sur la monnaie lonaine' La pefie de conliance dans la monnaie paralysait donc les échanges sauf à pouvoir anticiper la baisse de la monnaie par une hausse des prix compensatrice.par leur coup d'hutneur, les boulangers manifestement coalisés tentaient d'imposer une augmentation de prix aux autorités' Celles-ci restèrenten apparenceinflexibles, condamnantchacun à 9 frs d,arnende(et la veuve à 3 firs)' Mais cette condamnatiorL par sa modération légitimait la revendication des Le 28 awil, la chambreaugmenta à _b^oulangers...7es nouveaula taxe despains de l0 %. Formule utitiseepar [e minisne du commerce 7e6 en 1g34, AMSA, délib. 2g awil 1g34. Le premier résultat dont on disposedate de 1820. La méthode utilisee est expliquée dans des instructions ministériellesde 1823, AMSA, art.3lg bis et 321. Mais on peut voir dans le texte de Gerardy (supra) que certaines des idées qui présidèrentà ces savantscalculs étaient dé.iàdans l,air en 1786. 406
En 1834,le poidsvolumique moyendu ble de premièrequalité atteignait g3 kg pour I hl. Dix ans plus tard en 1944, il atteignaitson minimum, 6g,6 kg pour I hl. La variation absolueétait donc sur ce laps de tempsde 27 ans,d'environ 20 vo. ce résultat connu' on procédait à une estimation chiffrée de toutes les opérations de panification en faisant quelques hypothèsesqui finalement représentaientun arbitrage entre le bénéfice octroyé au boulanger et le prix imposé aux consommateurs.cela donnait le calcul suivantTeT:
Nature Argent Nous avons admis que lu *".* 24 Frs g.--- r - -^,,-.-^ 1.. i-l , : , !u..vsrurv ùur rçr u.ru ruesufes se Drenofa au l/16 représenté par t,50 on esti." q.r" hffies 2 mesurescoûtera 0,80 26,30 ll fr, *oudr" 53ke Grossefarine 3 s 6 47 Grosse farine à mettre avec celte Uise Utaoct Ia lère me$rrê 9 "E 6 53 Il yjoint g les kg de grossefarine de laGe--- 9 rr w4rrwt uvtru <1 ta1 uilJllltcâItf)n ô,,: r.,: 62 ! v'pru uç rrurrrlEqrzrrre (prooult qut a ete calculé comme à la manutention 76 militaire à raison de 67 kç 5ha de nai. ^^,,,