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SAINT-AVOLD auxXVIIIème et XIXèmesiècles (1680/e0à 1870/90)

Croissanceet stagnationd'une petite ville desconfins germaniquès

TOME II

Thèsede doctoratprésentée par Denis SCHNEIDER

Jury: H.W. Herrmann,professeur émérite à I'universitéde la Sarre,rapporteur, J.P. Lehners,professeur au centreuniversitaire de Luxembourg,rapporteur, G. Michaux, maîtrede conférencesà I'universitéde Metz, A. Wahl, professeurà I'universitéde Metz,directeur de thèse. 1998 B]BLIOTHEAUEIrililt iltilililrililUNIVERS]TAIREilil ilriltilt ilil]il il]tDEil] rill IJ|ETZ 031 3065617 Universitéde Metz UFRLeffres :.ll' LlllTi{ËOUEUfl IVERgiTHnE i tf;îTFÉâ . NETZ. NoInv. Jn80s?L gB Coto L/11,ù- ltt

Lea. HA6NSIN SAINT-AVOLD aux XVI[ème et XIXème siècles (1680/90à 1870/e0)

Croissanceet stagnationd'une petite ville desconfins germaniqués

TOME II

Thèsede doctoratprésentée par Denis SCHNEIDER

Jury: H.w. Herrmann, professeurémérite à I'universitéde la sarre,rapporteur, J.P. Lehners,professeur au centreuniversitaire de Luxembourg,rapporteur, G. Michaux, maîtrede conferencesà I'université de Metz, A. Wahl, professeurà I'universitéde Metz,directeur de thèse. 1998 316

4 Les échecsde la grande industrie.à St-Avold

Avant les guerres du XMIème siècle, une industrie s'était installée dans la forêt de St-Avold,la verrerie.

Au XVITIème siècle, l'exploitation à des fins industrielles de la fbrêt ne reprit que tardivement.En 1720,une description des forêts de la gruerie6l0les montrait toutes de hautesfutaies, aucune vente n'étaitprogrammée,lesYq de réserveétaient inexploités. Un peu plus tard, en 1728, un négociant de Saumur obtint du duché la possibilité d'exploiter des cubages considérablesd'arbres de marine (plus de 6 pieds de circonférence) dans toutes les fbrêts situéesà moins de 5 lieues de la Sarre, ce qui concernait la totalité de la forêt de St-Avold6lr.

Cependant, les chantiers de coupe itinérants établis par ce négociant jouissaient d'une franchise complète par rapport au droit commun, les ouvriers n'étaient pas rattachés aux communautés des environs, ne payaient pas d'impôts et échappèrent donc totalement au contrôle administratif des grueries concernées. Aussi, nous ne disposons d'aucun renseignement sur I'exploitation réelle de la forêt. Les retombées économiqueslocales étaient de toute manière faibles car les forestiers se déplaçaient avec leurs animaux domestiques qui paissaient sur place et s'auto approvisionnaient très certainementdans une large mesure. Ils formaient une sorte de village itinérant et plus ou moins autarcique. Les cabarets des environs en tiraient cependantquelques profits, de même que les commerçantslocaux.

Mais le duché, déjà sous influence française, cherchait à valoriser ses fbrêts. C'est pourquoi,en 1747, alors que les anciennesgrueries venaient d'être dépossédéesde leurs prérogativespar la création de maîtrisesdes eaux et forêts6l2,des négociationseurent lieu avec des maîtres de forges étrangers qui obtinrent deux ans plus tard I'autorisation de construire des hauts-fourneauxet des forgesà et à Ste-Fontaine6l3. Une industriefondée sur I'exploitationlocale du fer s'établit donc dansla forêt de St-Avold.

610 Registresde la gruerie de St-Avold, AD MM, B 12.362. 6ll Même source. 6tz Editde 1747 destanislas,cf. C. Guyot : [,esforêrs lorrainesjusqu'en 1789,Nancy, 1886, 264. 613 R. Capot-Rey: Lo région industielle sarroise.Etude géographique ,Pais 1934,p 358. a1-

- Le fer

Ce n'est qu'en 1750qu'un véritableétablissement industriel permanent fut crééà nouveaudans la forêtde St-Avold.En effet,par un anêtdu conseil,du29 novembre 1749, une concessionde 20 ans et prenanteflèt en 1750, était octroyéeà un < sieur QuienD, qui permettaità celui-ci de rechercherdans l'étendue de la forêt ducaleles filons metalliquesqu'il pounaittrouver et exploiter6to.II étaitautorisé en outreà installersur le coursdu Merle uneforge et uneafiFrnerie pour traiter le mineraiet le duchélui garantissait I'exploitationde 4500arpents de bois(dans les cantonsdes environs) pour approvisionner en combustibleses établissements.La maîtrisede Dieuzeattribua en effet en 1750à euien plusde 150arbres à bâtimentpour réaliser cette opération615. En 1759,on trouvaità Ste-Fontaine,lieu-dit sur lequelavait été installée cette entreprise(aux limites du ban de St-Avold,Ste-Fontaine est à 314de lieuesde Hombourg et ù 2 lieuesde St-Avold),une forge, un fourneau,des marteauxet martinetsutu.C'était doncun de cesétablissements intégrés qui transformaientdes minières métalliques locales en produits finis assez variés. Cependan! cette usine forestière demeura un petit établissement,fragile de surcroîtet sur bien des plans.Dès 1757-59,il avait changéde mains et il s'intégraitdans le cadreautrement plus vastedes entreprises du maîtrede forges de ,Wendel, dont les opérationslocales couwaient désormais les trois massifs fbrestiersplus ou moins mitoyensde La Houve de , La Houve de Creutzwaldet Saint-Avoldainsi qu'une concession de t 1.000arpents dans la forêt de Bouzonvilleult,en plus de ses autresétablissements mosellansu't. De tous les établissementslocaux de Wendel, Ste-Fontaineresta le plus petit.

614 AD Mlvt c 307. 615 AD MM, B tz.36g. 616 AD MM, Bl2.o77,p2g. 6t7 '. P. Fritsch Les \Vendel,rois rJe I'acierfrançars, paris 1976,p33. 618 En 1757, Charles Wendel était maîne de forge à Hayange, à la suite de son père et l'établissement datait de 1704. Depuis cette date, il fournissait I'armée française en produits d'artillerie, notammentles arsenauxlocaux de Verdun, Mefz, Sarrelouis...Désirerm d'accroître ses productions, il avait d'abord songé à agrandir l'établissement de Hayange. Il avait écumé tout le bois des environs et s'était heurté à I'opposition des paysans de la région qui cherchaient à conserver leurs usagesforestiers des déprédationsdes usines. Il avait ainsi perdu un procès auprès de la chambre des comptes de Bar. Aussi, pour se développer, il devait gagner de nouvealx horizons, proces$rsclassique de concentrationhorizontale. (P. Fritsctr, ibiderr, pp 3l-32.) De plus, la reprise de Ste-Fontainepermettait à Wendel de se rapprocher géographiquernentde l,un de ses clients, I'arsenal de Sarrelouis.Au milieu du XVIIIème siècle, I'extension de I'activité des maîtres de forges ne pouvait se faire sur un seul site, pour des raisonstechniques. Il leur fallait s'étendreen incorporant des établissementsgéographiquement dispersés. Ainsi, Gouly fbndateurde Goffontaine en 1751 avaitpar la suiterachetéet regroupé4 autresétablissernents dans un ravon de 25 km autour 318

Or, cetteusine n'était pas à la hauteurdes besoinsde son nouveaupropriétaire, aussice maîfre de tbrgesdemanda-t-il et obtint-t-il dès 1758,I'autorisation de construireà Hombourg une nouvelle forge, de plus grande puissanceet qu'il ne pouvait localiser ( ailleurs, les conditions potamologiques> étant bien meilleures à Hombourg. On retrouve donc ici la limite locale introduite par la faible disponibilité en eaux (quantité, régularité et fbrce du courant), sur I'amont d'un petit bassin hydrographique,celui de la Rosselle et la nécessitépour tout industriel un peu substantielde se déplacervers l'aval du bassin.en I'occurence Hombourg. On peut établir un diagnostic de l'échec de lentreprise de euien et Moritz. D'une part, c'étaient de petits maîtres de forges, ils n'avaientni la surface f,rnancière6le,ni la surface sociale de leur repreneur. En effet, les frères Quien, à I'origine des nouveaux établissements, avaient été auparavant directeurs d'une fbrge du comte de Nassau- Sarrebruckuto. En créant Creutzwald et Ste-Fontaine, ils se lançaient à leur compte, c'étaient des techniciensdénués de capitaux et donc particulièrementexposés à l'échec. Par contrq Charles Wendel, déjà propriétaire d'une grosseforge, zujet français et fournisseur de I'armée, nanti de la dot importante de sa femme, une D'Hauzen, famille liée financièrementaux maîtres de forge locaux, obtint du duché de Lorraine avec lequel il était déjà en affaire, des conditions beaucoupplus avantageusesque les frères euien, l0 ansplus tôt621.

de Sarrebruck, '. cf Fred Gouvy La maison Gouvy depuis sa fondation jusqu'à nos jours, évolution de^sméthodes de fabrication des aciers, in Le ù travers lesâges, Nancy 6re fer 1956, pp 345-353. Ih utiliserent la caution du beau père de De Wendel HauzerL c'est pourquoi, à la mort de celui-ci, L'héritier, maître de forge était bien plaçé pour reprendre les établissements chancelants voire en liquidation de Quien et Moritz (AD MM, B 12.076, fD40). ll y eut d'abord plusieurs repreneurs' peut-ête le groupe des créanciers de Quien, avant que Wendel ne se détache comme seul intervenant (cf. J. Gayot et R. Herly : La métsllurgie des Paystle Ia Sarre Moyenne jusqu,en /815, Nancy-Paris-Strasbourg,1928, p I56.). AN, Ql-802, cité par J. Gayor er R. Herly, ibidern, p 155. :?621 Pour une requête de 1759, contenant 18 points (AD MM, B 12.377,1760, arrêt du conseil consécutif) il obtint gain de cause sur toute la ligne. Notamment, Le Sieur de Hayange obtint du duché une franchise totale d'impôts pour ses ouwiers, ce qui lui permettait d'attirer àes ouwiers éhangers, toujours nombreux sur les chantiers spécialisés. ll obtint aussi leur rattachement à la paroisse de Hombourg, si bien que St-Avold en perdit le confiôle, dès les années 60. euien, auparavant, n'avait pas cet avantage. La ville I'avait attaqué en justice pour I'obliger à payer le < pfirndungeld >, taxe locale sur les consommations achetées (AMSA, délibérations, 17 féwier 1753 12 et féwier 1757).Il perdit le procèset fut < exécuté>> dans ses biens par la maréchausséeen 1760 pour le paiementdes arriérés(Gerardy, l'r,66,n" 3940, p326). 319 Aussi, lorsqueQuicn se heurtaà des difficultés techniquesimprévues ou sous- estimées,son entreprise manqua rapidement de capitaux et il dut passer la main à Wendel622.

En fait, le site de Ste-Fontainesoulûait de nombreux inconvénients. D'une part, il était dans la partie amont du bassinde la Rosselle.Le Merle, sur lequel étaient installées les usinesbénéficiait bien de quelquesétangs de retenues,en chapelet et encore en amont, mais cela ne suffisait pas à assurerla pérennitédu travail des forges. De longues périodes de chômage résultaient des étiages, du gel des eaux fàcilité par la fàiblesse du courant. De plus, les usagerssitués en amont, scierieset moulins de I Hôpital, pour leur propre sauvegarde,suscitaient des dégâtsen aval, lors des fortes pluies623.

A Ste-Fontaine,on subissaitdonc aussi bien le chômaged'étiage que les dégâts des eaux. Ainsi, dès mars 1760, De Wendel dut faire face à une grosse inondation avec rupture de digues,bâtiments emportés,ensablement des 1its...20.000f de pertesestimées. D'autre part, Quien avait ouvert son établissement après avoir fait des decouvertes de filons métallifères dans les sables proches de Freyming. or ce minerai se révéla à I'usage, de qualité insuffîsante,il fallut aller chercherla matière première dans une fbrêt ducale voisine, la Houve de Merten, à des distancesde 3 à 8 lieues, ce qui accrut les frais d'exploitation62a.

Enfin, quelles qu'aient été ces difficultés, les capacitésd'approvisionnement en bois' fbndamentales dans I'alÏnage des métaux et en attendant le développement de la houille, avaientatteint pratiquementleurs limites naturelles,dès 1765-1770.En effet, en 1750, Quien avait obtenu 4500 arpents de révolution de coupe pour sesétablissements. En 1765'De Wendel utilisait rien que dans la forêt de St-Avold, car il avait aussi des coupes dans les fbrêts communalesde Hombourg ou dans la Houve de Creutzwald, dans celle de Merten et à , 6250 arpents de révolution de coupe. A cette époque, les 7

622 En 1757-58, Iaffaire était en liquidatiorL les créanciers s'étaient muttipliés, les ouwiers nétaient plus payés(B 12.076,fb 40). 623 on trouve à St-Avold et dans toute la région un grand nombre de contentieux dus agx comporteme,nt des meuniers, aussibien au XVIIIème siècle qu'au XIXème. Les meuniers baraient I'eau en période détiage et pouvaient inonder des terres, gâter des prairies, en amont de leurs moulins, tandis qu'en période de crue, ils ouvraient les vannesen grand et provoquaient des dégâts en aval. 624 AD MM, B l2.o7g. p 359. 320 communes affouagèresutilisaient elles-mêmesdes superficies dont la révolution s'établissaità environ3000 arpents6r5.

Les sols de la forêt du Warndt étaient très ingrats, souvent marécageux, toujours pauvres parce que sablonneux,soumis aux chablis. Il y avait des landes à bruyères,beaucoup de taillis clairs, la régénérationdu bois était très lente, les différences de qualités d'un canton à I'autre réservaientdes surprises,certaines années626. Aussi, il fallait souvent requérir'des aménagementsparticuliers, obtenir de nouvelles conditions pour régulariserI'approvisionnement62T .

On se heurtait donc à Ste-Fontaine à beaucoup de difficultés techniques qui justifiaient le faible calibre de I'établissementet sa spécialisationrapide comme affinerie et non plus comme fbnderie.

Après sa création, la fbrge de Ste-Fontaineavait été intégrée à un ensemble plus vaste d'établissementslocaux par les Wendel et son fourneau ne fut plus utilisé pour produire de la fonte, ce qui ne se faisait plus qu'à Creuzwald, mais seulementpour af;finer les fontes de Creutzwald. Pour accroître la production, les potentialités locales étant limitées, il fallut égréner les établissements nouveaux (Hombourg) ou rachetés (St- Louis628), le long desrivières62e. Ceffe organisation se maintint sous le Consulatet I'Empire où I'ensembledes établissements était réuni sousla houlette d'un même maître de forge, le Baron d,Hausen. A cette époque,Les deux hauts fourneaux de Creutzwald qui travaillaient en alternance, fondaient le minerai, qu'on allait déjà chercher à plusieurs lieues, le même établissement moulait une partie des fontes et faisait affiner le reste dans les établissements de Hombourg6'0, Ste-Fontaine63let St-Louisu". Selon la conjoncture et Ia disponibilité des

62s Calcul établt par une moyenne de l0 plans de coupes réalisés par les maîtrises pour des colrununes desenvirons, entre 1759et 1762,AD MM, B 12.077et 12.07g,8lz.0g2 et 12.0g3. Cf les procès-verbauxdes visites de 1765et 1791dela forêt 627:: de St-Avold,B l2.tl5. Exemple, requête de Philippe Courageu:r, directeur des forges de Hombourg, dont dépendait Ste-Fontaine,en mai 1765,B12.089,fD 164,plus loin. fb 306. 028 St-Louis était à % de lieue de Ste-Fontaine, comme de Hombourg, sur Ie confluent du Merle et de la Rosselle. 62e C'est cette organisationd'une entrepriseintégree de 4 établissementsque décrivit De Dienich dans sa description des gites de nilnerai et des bouches àfeu de la , tI[, paris, l7gg, cité par Gayot et Herly, op. cit., p 158. 630 Deux feux d'affinerie et deux martinets. Pour tout ce paragraphe AD Mosellg I S 516, informations données pour la période qui va de la préparation des statistiquesde Colchen (An 9) aux statistiquesde 1814-1816. 63r Deux feux d'affrnene. 321 facteursde production, l'un ou l'autre des établissementstravaillait plus. D'autre part, en l'An 9 le charbonavait totalementdétrôné le bois dansla fbnderiecomme dansI'aftinase. cela avait diminué l'emploi saisonnierdans les forêtsdes envrrons. Si 350 à 400 ouwiers étaient employésdans I'ensemble des établissements,la production resta modeste, notamment parce que ces chiffres cachent un sous-emploi systématique de la main-d'oeuwe qui n'était très occupée que tout à fàit saisonnièrement633.

L'emploi dans l'établissement métallurgique (( integré >>,en lg06

Ouvriers de la Ouwiersextérieurs Total manufacture Creutzwald T4 94 108 Hombourg 25 207 232 Ste-Fontaine 10 0 10 St-Louis 8 0 8 Total 57 301 3s8 Les débouchésde cette entrepriseétaient constitués comme sousles Wendel par les arsenauxrégionaux mais aussipar les départementslocaux, , Meurthe et Vosges, des marchandsde fer redistribuantles matériauxà quelquesquincailleries, coutelleriessemrreries et clouteri"so'o.

632 Platinerie et atelier de fabrication de tôle, four à réverbere, chaufferie, cisaille et trois marteaux et martinets. St-Louis était 3/q à delieae de Ste-Fontaine,comrne de Hombourg, sur le confluent du Merle et de la Rosselle. 633 Les statistiques nous donnent souvent le nombre de journees payées aux différents ouwiers des établissements. Cela pennet d'évaluer [e nombre de jour de travail annuel par ouwier. Ainsi, en 1834/35 on relève les données suivantes pour la main-d'oeuwe permanente de Creutzwald et Sainte-Fontaine : Main d'oeuwe Journéespayées Nbred'ouwiers Nbre de jours de de l'établissemenr travail par ouwier Mine de Creutzwald t4 1500 Lavoir de Creutzwald I 80 35 201 Forge de Creutzwald 24 4990 Affnage de creutzwald 4+3 400+60 Etablissement de 8 2000 8 250 St-Fontaine

A Ste-Fontaine, on se rapprochait du plein emploi, mais à Creutzwald on en était loin, d'autant que certains spécialistes n'étaient pas interchangeablesou déplaçables. Tous ces ouwiers avaient aussi des jardinages ou des cultures, un petit élevage. Quant aux bucherons ou voituriers. leurs contributions à l'établissementétaient beaucoup plus momentanées. 634 Cf. annexesur les clouterieslocales. 322 Production et c url uredans lesetabltssements blissem métallursioues lor :aur (F.n tonnes l814 Minerai ernpl. à Fonteprod. à Fers de Fersde Ste-Font. Creutzwald Creutzwald Hornboulc et St-Louis ler trirnestre 774 327 49.5 0 2èmetrimestre 775 326 45 l5 3èmetrimestre 326 65 t7 4ème trirnestre 775 32s 171 292 Total 3099 1304 330 324 Au cours des restructurationsdu capital qui survinrentsous I'Empire, les établissements locaux cessèrentd'appartenir à la mêmeentreprise. Creufzwald changea alorsd'orientation, développant le moulagedes fontes et l,affinage. Les autresfbrges, par contre,s'approvisionnèrent désormais en tbnte dans le Pays-Haut et nonplus seulement à Creutzwald.Elles suivirent une évolution autono.eurt. Hombourgprit une certaineampleur, diversifiant sa productiondans les fers et aciers, tandisque St Louiset SainteFontaine devinrent réputés pow leurstàbrications de socsde chamres.

Les productions locales (en tonnes) Etablissement Productions 183I 1835 1839 1843 1846 Creutzwald Mine (minerai produit) Lavoir 2s3 473 494 384 ( ninerai lavé) 27r 473 449 ? Forge (fonte) 249 371 630 618 420 fonte moulée ? ? 234 247 Fers d'affinage au ch. bois 44 45 29 Fers d'affinage au charbon 8 2l ll Hombourg Fers au charbon de bois 59 31 r82 140 Fers au charbon 3s2 1204 1069 Four à réverbère t20 300 220 Total 50s 4ll s30 1687 1429 Ste Fontaine Fers d'affinase 20s 91 t64 180 170 St Louis Fers d'affinase 164 8l ll0 90 Les productions métallurgiqueslocales atteinrent leur apogée sous la Monarchiede Juillet et cessèrentensuite de sedévelopper.

Seull'établissement de Hombourgse modernisa décisivement en adoptant la vapeur tandis gue les autres établissementsen restaientà une puissancede travail purementhydraulique.

< Consistancedes usines>1636 en 1867

Puissancehvdraulique PuissancevaDeur Creutzwald 35 cv 0 Hombourg [8 cv 86 cv Ste-Fontaine 38 cv 0

635 Notice cornplète de l'évolution de la propriété industrielle locale, en marge des statistiques pourI'année 1839. AD Moselle,1 S 518. 6-16 Séried'états statistiquesannuels dans les liassesl s 520 et 521. 323

Les établissementsde Ste-Fontaineet St-Louis restèrentdes établissements modestes tant pour leur productionque pour I'emploi qu'ils représentèrent.Cela signifie que ces deux usinesfurent marginaliséespar l'évolution industrielledu département.En effèt, la production métallurgique de la Moselle se développait d'année en année, si bien que les établissementstels que Ste-Fontainedisparurent pratiquement des statistiquesdans les années 1850-1870, devenus trop faibles par rapport aux < locomotives >> départementales63T

La uction de Ste-Fontaine en tonnes Date 1814 t826 I 828 183I 1835 1839 1843 1845 1846 r866 Ste Fontaine 205.6 164 180 200 170 120 St Louis 164.5 8l tt0 n9 90 Total 324 JO/ 356.5 370 91 245 290 319 260

A ste-Fontaine,en 1849,il n'y avait toujoursque 5 ouvriers638.on peut estimerqu'un siècleauparavant, la situationde l'établissementétait déjà identique.En effet, le < facteuret régisseur> de la forge était cotisé( pour lui et sesouwiers > à g sous de pied-certain63een 1753et I I sousen 1854-55.C'était une cote moyennequi pouvait correspondreà un atelierde trois à six travailleurs.Certes, durant la saisondes coupes de (donc bois avantI'utilisation du charbon)ou durantles périodesde travail intense,on embauchaità Ste-Fontainedes bûcherons, des voituriers, des manoeuwes. Selon Colchen, en I'An 9, en Moselle,durant le maximumsaisonnier d'activité métallurgique, l,industrie métallurgiqueemployait2252 personnes pour 351 employéspermanents. Le rapportétait de I à 10640.C'était donc une cinquantainede personnesqui trouvaientsaisonnièrement du travail grâceà la forge de Ste-Fontaineet probablementplus dansles villagesproches de Hombourgou de L'Hôpital qu'à St-Avoldqui étaitplus étoignée. L'emploidirect aux forgesde Hombourget Ste-Fontaioeunt Août 1854 Awil 1856 Janvier1859 Décembre1859 1865 t867 Hombourg 85 t2l 110 il0 155 Ste-Fontaine 8 8 il t0 10 l0 637 c'est notamment le cas des rapports annuelsde I'ingénieur des mines (AD Mosette, I s 412) où Ste-Fontaine n'apparaît plus au milieu du siècle, alors qu'elle est toujours mentionnée sous le PremierEmpire (l S 516-517). 638 AD Moselle,ZzTM. 63e Coefficient multiplicateur de chacun des chefs de famille dens la repartition de la subvention reclameepar le duché aux habitants de la ville. L'échelle de ces coefficients allait de 2 sous à 3l sous.AMSA, art.36-37. 640 De Dietrich faisait déjà la même estimation pour l'établissement de Dillingen (Sarre, 47 ouwiers pour 400 pèresde famille liés à cette usine) dans sa description des gitesde ntinerai et des bouchesà /èu..., cité par Goury, op. cit. et par J. Gayot et R. Herly, 64t op. cit. Rapportsde gendannerie.AMSA, utt. JOg. 324 De plus,la métallurgie localeabandonna assez tôt le mineraitiré dessables du Warndt'dont les filons étaient disperséset nese trouvaient qu'en fàible quantité. Dès la fin du XVIIIèmesiècle, la fonderiede Creutzwald s'approvisionnait à St-pancré, dans le pays- Haut642 en I 8l 1, les , forges de Hombourg et Ste-Fontaineachetaient des fontes allemandesde Rhénanie6a3 et dansles années1850, les dernièresmines de fer sarroises disparurent,la métallurgie de cetterégion important entièrement sa matièrepremière de I'extérieur6oa' Les chemins de fer arrivèrentà point pour permettrecette mutation. carla productionlocale de fer était entièrementépuisée. D'autrepart, à cetteépoque, Ie charbonavait déjàplus ou moins totalement remplacéle bois dansla métallurgie. Mais surce plan,la Sarreavait desmines anciennes à la productionbien assise, alorsque les prospectionsne faisaientque commeilcerclans le futur bassinhouiller lorrain, handicapedepuis 50 ans par des conditions géologiques défavorables. Aussi, quand charles II De wendel6as voulut se rapprocher de ses approvisionnementsen charborqen 1853,il créa un nouvel étabtissementà proximité de Sarrebruck,à Stiring, sur la frontièresarroise et surla ligne de cheminde fer entreMetz et sarrebruckqui venait d'être achevée66.car le premierpuits de charbonproductif foncé en Lorraine se trouvait à Petite-Rosselle,dans le prolongementimmédiat du charbon sarrois. Enlin, le troisième facteurde productionimportant pour la métallurgieétait la sourced'énergie nécessaire à la transformationdu minerai. Sousce rapport aussi,une révolution s'était produite,I'introduction de la vapeurqui af;franchissaitles établissements descours d'eau. Là encore, le site de Ste-Fontaine,sous le SecondErnpire, ne pésentait plus le moindreavantage: on n'avait plusfranchement besoin du Merle,comme on n,avaitplus fondamentalement besoinde la forêtlocale et commele minerailocal n'était plus exploité.

R. Capot-Rey,op. cit., p366. qr:.: R' Capot-Rey: Le développement économique des pays sanois sous la Révolution et l-'Empire,1792-1815, pmis, 192g,p t7g. 644 A Creutzwald mêmq la concession de la mine de fer fut officiellement abandonnee en lg66- 67, da fait de (rapport de l,ingénieur des mines, 1867' AD Moselle, I S 412). Mais I'exploitation avait cessédès lg6l et n,avait pas repris dansles annéessuivantes (l S 520). 64s Longtemps les wendel ne durent leur noblesse qu'à leur état de maîtres de forges. c,est seulementdans les années1780 qu'Ignace De Wendel vit sa noblesseconfirmée < définitivement >> par le Roi de France.Cf. p. Fritsch,op. cit., p 36-37. 646 R. Capot-Rey,op. cit., 1934,p 3à0. 325 Au regarddes nouvellesconditions industrielles d'autres sites étaientmieux placés et surtout l'établissement de ste-Fontaine,toujours resté modeste et marginal, n'avait jamais atteint la taille critique qui en aurait fait l'ernbryon d'une usine de grande dimension'Car il en est des usinescomme des villes, le bâti existantreprésente un capital accumulé qu'on abandonne difficilement. Ce n'était pas le cas de Ste-Fontaine,petit investissernent qu'on pouvait abandonnerfacilement au profit d,un autre. De surcroÎt,l'établissement de Ste-Fontainecomme celui de Creutzwaldavait cesséd'appartenir aux De Wendel dès l'époque des nationalisationsrévolutionnaires. Il avait été racheté par de petits maîtres de forges, Simon et Frécot. Il sortit donc de la stratégie des De wendel qui auraient pu en faire une gïosse usine lorsque les conditions techniquesauraient été réunies.

Et l'établissement de Creutzwald qui était de plus grandetaille (55 ouvriers en 1860) dut éteindreses hauts-fourneaux dès 1863-646a7,tandisque Ste-Fontaine,disparut en 1875.

En fin de compte, la fonderie de Ste-Fontainese justifiait avant la Révolution, dans un contexte de dispersion générale des usines métallurgiques,situées à proximité de leurs approvisionnementsen minerai et en bois, sur des cours d'eau qui pouvaient être de faible débit étantdonnée la modestiede la production6a8. Cependantet de ce fait, Ste-Fontainen'eut qu'un très faible impact sur la ville. L'usine était éloignée de l'agglomérationurbaine, tournée vers les communeslimitrophes de Hombourg ou de L'Hôpital, de faible dimension et d'autre part, c,était une initiative extérieure, dont les productions s'adressaient à des marchés d'une autre dimension (fournitures à I'armée française), qui courcircuitait la ville à tous points de vue. D,ailleurs I'irnplantations'était négociée à Nancy tout à fait indépendammentdes autoritéslocales

647 1861 selon R- capot-Rey, op.cit., p 359. cependant au début des années1g60, la fonte produite à creutzwald ne représentaitplus que 0,37o de la production de la Moselle, autour de 300 t par an et elle ne disparut des statistiquesqu'en I g65. Productions de hombourg et Creubwald de des 1862 AD lS4l2etlS5?o (en tonnes) 1859 l86l r862 1864 1865 1866 1867 Hombourg l 100 1600 1283 t502 r496 Creutzwald 375 313 320 500 435 0 Total dénartem. 93.714 r29.2rl 146.0t6 195.000 228.000 205.000 235.500

Tout en restant petit un établissernent,Hombourg s'est maintenu, tandis que Creutzwald qui n'a pasprogressé depuis 1825 (capacité moyenne 648 de 350 t. de fonte Il s 516]), a disparu. Sur l'évolution de la localisafion des établissementsrnétallurgiques samois, voir R. Capot-Rey, op. cit. 1934.p 351 et suivanres. 326 qui venaienten 1749 d'être dépossédéesde la juridiction forestièreau profit de , nouveau sièged'une maîtrisedes Eaux ef fbrêts.Dès cetteépoque, la region métallurgique qui se constitua sur la Sarreà partir de 1750,inclua tout le Warndt rnais laissa St-Avold sur ses marges,comlne la ville devait plus tard, rester longtemps marginale par rapport au bassinhouiller lorrain qui lui aussise développalongtemps uniquement dans la depression du Warndt

Au moment de la Révolution industrielle, le site de Ste-Fontainese heurta à ses limites naturelles et finit par perdretout intérêtpar rapportaux établissementsvoisins. Mais c'est en fin de compte la petitesse de la société qui possédait l'établissernentqui est I'argument majeur de sa perte. car entre 1g50 et 1g60, non seulement on finit par trouver du charbon à proximité (à L'Hôpital) mais encore on construisit une voie ferrée, de sorte que Sainte-Fontaine,en toute objectivité aurait pu, aurait dû survivre et même se développerà des dimensionsbien plus vastes.

Alors pourquoicela ne fut-il pas le cas sinon parcequ'il s'agissaitd'une petite entreprise familiale qui hésita ou refusa de faire le grand saut que la législation permit quelques annéesplus tard, celui de la société par action qui lui aurait permis de réunir les capitaux nécéssairesà une extensiondécisive de I'affaire. Ajoutons enfin que de toute manière, après 1870, le changementdes horizons politiques régionaux entraîna la fermeture de pratiquement tous les établissements métallurgiquesdu warndt lonain, y compris les plus modernes(stïning). Mais depuis 1850 se profilait déjà le développementd'un bassin houiller dans le même cadre géographique.

- Le charbon

Dès la fin de I'Ancien Régimeet surtout sousle PremierEmpire quand la Sarre était devenueun départementfrançais, le charbonsanois était devenuune source d'énergie importanteen Mosellecomme le montrela nombreusecirculation des voitures dehouille dans le secteurde SrAvold,dès cette époque.

Aprèsles traitésde Parisde 1815,tous les puits de houille se situaienten territoire étrangeret les tarifs douanierstrès protectionnistesde l'époquerenchérirent le coût du charbonpour les Mosellans.Cependant, la consommationde charbons'accrût à mesure que les productions industriellesse développaientet le besoin d,un approvisionnementnational poussa à renouvellerles sondagesdans le secteurfrontalier 327 proche de la Sarre où l'on savait déià, au moins clepuisle prernier Empire, que les gisementsse prolongeaientsous le territoiremosellan. Depuis la fin de l'Ancien Régirne,les besoinsde combustibleavaient renchéri le bois et c'est pourquoi, on utilisait de plus en plus le charbon.Cependant, de nombreux efforts visaient à dirninuer le prix des combustibles,la Sarrebénéficiant d,une rente de situation qui lui permettait de pratiquer de hauts prix et de les augmenter encore chaque fois que la situation internationale se tendait car ce charbon traversait une frontière. on vit notamment se développer dans le Warndt et à , I'exploitation de tourbières. dans les prairiesdes fondsde valléede diversvillases6ae. La production destourbières villageoises Villages 1835 1839 1848 1860 19670"' Ham s Varsbere 31 28.3 147 245 203.7 Creutzwald 4.5 22.6 Longeville les St-Av. L'Hôpital Bénine les SçAvold tt.4 237 r20 7)\ Bitche s24 558 437 430 272 Total 804.5 971 674 550 344.5 Dans un premier temps, elles se multiplièrent car elles permettaient d'améliorer les prairies,en prélevantla tourbesur laquellene poussaitqu,une herbe aigre65r-La tourbe fut utilisée pour les besoinsdomestiques, les distillerieset les teintureriesrurales. Cependant,les résewesétaient de faible ampleur,on peut voir sur le tableauci-dessus que la productionplafonnait déjà , à Porcelette,avant 1g39et mêmeà Bitche' plusgros producteur,avant 1848. C'était du restedes exploitations irrégulières qui s'arrêtaientici, reprenaient là, au gré des possibilitésdes propriétaires.A Ham sous Varsberg,les quatre ouwiersqui exploitèrentla tourbièreen 1839,n'y travaillèrentque l5 jours dans l'année.A Porcelette,la même année,6 ouwiers produisirentde la tourbe durant 72 jours. Dans les années1860, on ne travaillait que 45 à 60 jours par an dans toutesles tourbières locales.

64e Sur les tourbières,plusieurs tableaux statistiquesannuels et des commentaires,AD Moselle, t s 517à 521. 650 Dans les années60, la production était devenuetrop faibte pour que l'ingénieur des mines se soucie de leur précision. Il repétaitalors les chiffres de I'année 65r précédente. Les épaisseursde tourbe semblentavoir été faibles, I à 2 mètresdans le Wamdt, 2,5 à3mètres dans le secteur de Bitche. Toutefois, en 1866, un propriétaire de (Michel Jochum) possédantune tourbière estiméeà 500.000 m3 sur le territoire de St-Avold-L'Hôpital voulut trouver descapitaux porx'son exploitationen vendantune participation(affiche de 1g66, I s 520). Il faisait miroiter 6 à 8 rnètresd'épaisseur de tourbe. 328

Grap. l6 Evolution de la production des tourbières locares en tonnes

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c-al-16 tI:e99 3Ssg8g d6àéë#

--- l-- -- -û- Production des tourbières du Wamdt ... de llitche

L'exploitationde la tourberesta donc un bricolagemomentané. L'important, c'étaitIa houille.

Si sur le tenitoire sarrois6s2le charbonafTleurant était exploité depuis le moyen-âge, en Moselle,le charbonn'affleurait pas et n'avait par conséquentjamais été exploité. Mais au XD(ème siècle,que ce soit en Sarreou en Moselle,il fallut pour accroîtrela production ou la créeq utiliser la techniquedes puits qui allaient chercherle charbon en profondeur.Là encore,les conditionsgéologiques étaient meilleures en Sarre ou les morts-terrainsqui surplombentla houille sontplus solideset moins acquiferesque le grésbigarré qu'on trouveen Moselle.

Dansles années1820, les Sarroiscreusèrent donc des puits d'exploitation et en Moselle,on fit de rnême.Le conseilgénéral notamment finança des sondages à Teterchen et dansla forêt de Creutzwald,dans les années1820-18246s3. En Moselle,les déceptions furent nombreuseset I'on ne put débouchersur une production,du fait deséboulements et

6t2 R. Capot-Rey,op. cit., pp252-253. 653 AD Moselle, I S 478. Jacquot,Note sur la découvertede la houille à Creutzwald et à Carling, MAM, juillet 1854, repris en awil 1855 (AD Moselle, 8H22.474) fait I'histoire des sondages réalisés en Moselle- Parallèlemen! un certain nombre de découvertesplus ou moins prometteuses de tourbe, lignite, houille, donnèrent lieu à des recherchesréalisées par des particuiiers, un peu paftout en Moselle, mais surtout dans I'arrondissementde Sarreguernines(l S 477 et 47g\. 329 des fortes venues d'eau, ni à Schoeneck(1820), ni plus tarcl à Stiring ou à petite- Rosselle65a

ll fallait attendreque des améliorationstechniques, le recourssystématique au pompageà l'aide de grossesmachines à vapeur,la congélationdes acquifèrestraversés par les puits, permettentla mise en exploitation du charbon. Il fallait aussique les besoinsen houille devinssentcriants et qu'un rnoyenbon marché d'évacuation de ces pondéreux ftt réalisé vers les centres de consommation français,ce qui fut le cas dès lors que I'on construisiten 1852une ligne de cherninde fer entre Metz et Sarrebruck,elle même consommatricede charbon.

Mais aussi bien sur le plan technique de la faisabilité que sur le plan géologique des découvertes concrètes,ce sont les avancéesréalisées dans le secteur de Schoenecket Petite-Rosselle qui, montrantl'existence positive du charbondans le soussol français et la viabilité de son exploitation, relancèrent,après 1848,les recherches. On assista alors à une ruée sur le Warndt des milieux d'affaire régionaux et nationaur, renseignéspar les ingénieurstandis que le public était informé par le mémoire de l'ingénieur des mines Jacquot, écrit en 1853655et qui reconnaissaitdes indices probablesde charbon,dans le secteurde L'Hôpital-creutzwald.

La plupart des sondageseurent lieu entre lg52 et I g596s6. Des sociétésse constituèrentà Paris pour beaucoupou à Metz et Nancy, des hommes d'affaires du Nord, liés au bassinhouiller du Pas de Calais récemmentmis en concession, souvent associés à des industriels ou des personnalités locales, aidés ou associés à un grand nombre d'ingénieurs réunirent des capitaux et du personnel et de kilomètres en kilomètres creusèrentle soussol du warndt657. Pratiquement surgies du néant, ces compagnies avaient pu rassembler en quelques semaines le matériel nécessaireet elles avaient lancé au travail des groupes importants d'ouvriers. En 1854, une cinquantaine d'ouwiers opéraient sur quelques

654 R. Haby, Les houillères paris, Lorraines et leur région, thèse, 1965,pp 7I-74. et R. Capot- Rey, ibidem. 655 E. Jacquol Etudes géologiques sur Ie bassinhouiller de la Sane faites en lg17-4g et 50, Paris, 1853 (AD Moselle, BH 8037). Plus tard, le même auteur écrivit une synthèse sur les développernents des rechercheset des productions de fer et de houille dans sa Descrition géologique et minéralogique du départementde la Moselle,Puis,ls6g 656 (AD Moselle, FjH2709). B. Desmars (les : Adminisftation ntines et entrepri.sesprivées, la réparlition du bassinhouiller lorrain sous le secondlimpire, in Lorrainedu feu, Lorraine 6s7 du fer, AD Moselle,1996. lbidern. 330 sondages65*,dans la forêt de St-Avolcl,et en novembrede la niêrne année,g sondagesse creusaientdans le canton, à Carling, I-'t{ôpital, Freyming, mais aussi dans la forêt de Saint-Avold (canton du Zang, au Nord de la ville), au Wenheck (plateau au Sud de la ville). En avril 1855, c'étaient l0 sondagesqui s'approfondissaientet un document de l8586se mentionne41 sonclagesfinalement réalisés entre Schoeneck, Falck et St-Avold. Sur le territoiremême de la communede St-Avold, I'essentieldes sondagesse fit dans la forêt, au nord de la ville, entre 1852 et 1857. Vers 1g55, il y eut jusqu'à 3 sondagessimultanés. juillet En 57, enfin, celui de Ia Compagnieclzarbonnière de l,Esr trouva' à 385 mètresde profondeur,une veine houillèrede 1,9mètres de puissance6uo. Cette effervescence suscita bien des espoirs, à St-Avold comme dans les communesenvironnantes et l'on suivit avecanriété les progrèsde ces sondages.

En effet, dans les années 1850, Ia population locale atteignait son maximum historique' la crise qui avait suivi 1846 avait fait réapparaîtredes tensions sur les prix alimentaires et en même temps avait généréun chômage plus ou moins permanent66l, tandis que la Révolution de 1848, les journées de Juin avaient engendré espoirs chez les uns, craintes chez les autres.Le 8 janvier I847,le conseil municipal évoquait l,existence de plus de 400 ouvriers pauvresdans la commune662. Le chantier du chemin de fer avait momentanément occupéquelques personnes en 1849-51.La municipalité,pour occuperles chômeurs entretenait par période, en hiver des < ateliers de charité )) sous fonne de chantiers d'entretien sur les chemins vicinaux, ainsi durant l'hiver 4B/4gou encore en mars 1854, quand des rumeurs de guerre contribuèrent à une crise conjoncturelle663.La commune avait approuvé la création d'un < dans I'école communale, en mai 1849, à l'initiative du curé, des Dames de Ste-Chrétienne (les institutrices) et du bureau de bienfaisance.Il y avait à cette époque environ 200 enfants considérés comme indigents (1/3 de I'effectif total) et dont les frais de scolarité étaient couverts par la municipalité. Des distributions de soupesde légumes étaient organiséesau

658 AMSA! art. 56g. 65e ADMoselle,lS477. 660 AD moselle, I S 478. 66r Le gonflement rapide du nombre des passeportsd'indigents en 1847-4g reflète bien le reflux des émigrantsde la region depuis Paris atteintepar la crise, cf chapitreprécédent. AMSA, déliberationsmuniçipalss. 663l:: Dès le 8 janvier 1847, le conseil municipal, réuni exfraordinairement,avait voté lg00 frs de crédits pour la création d'un chantier de terrassementsur la route de porcelette. Cela lui permettait d'obtenir du gouvemement un appoint d'un tiers de cette somme, puisé sur un fond de 4 rnillions rnis à la disposition des communes qui mettaient en place des ateliers de charité. (AMSA, délibération janvier du 8 1847).Ce genrede montagesfinanciers se renouvela par la suite. 331 profit des indigents répertoriés,plus de 50 famillest'6a.Même la garnisonparticipait au financement de 15 rationsquotidiennes par prélèr,ernentsur les soldesdes soldats665 . La pauvreté avait donc un caractèreobsédant, ces annéeslà, et le dérnarrageen trombe des sondageshouillers ne pouvait que susciter de très gros espoirs.La municipalité estimait ainsi, le ,,forqes 10 fevrier 1856 que 9 moulins pouvaientse transformeren et autresfabriques" dès que I'extractiondu charboncommencerait666.

Le coup d'Etat de Louis-Napoléon avait restauréles structuresde surveillance de l'opinion, orientéesdans des cantonscomme celui de St-Avold, essentiellementvers la classe ouwière- Il nous est resté aux archives municipales de Saint-Avold quelques rapports bi mensuels ou mensuels de la gendarrnerie locale sur la conjoncture économique667. Ces rapports constituent un véritable feuilleton de l'évolution des sondageshouillers entre mars 1854 et juin 1860. On suit très précisémentdans ces textes I'approfondissement des sondages,les problèrnestechniques rencontrés tels que les venues d'eau, les couches géologiques traversées,les bans de houille atteints, l,évolution des cuvelages,I'intemrption des travaux par manquede capitaux.

On trouva du charbon mais souvent en faible épaisseur ou en grande profondeur66s et surtout les venues d'eau étaient considérables,les terrains sablonneux s'effondraient. La multiplication des frais engendrés par ces difficultés techniques entraînait des interruptions de travaux par manque de capitaux66e.Les découvertes se ponctuèrentde réjouissances populaires6Toet I'activité de recherchehouillère contribua au plein ernploi, alors même que la conjoncture était rendue maussadepar la guerre de Crimée671. Les entreprisesqui operaient localement comme la Compagnie Charbonnière du Hoclwald ou la Compagnie Houillère de la Moselle employèrent en 1g5g-59 des effectifs de 90 à 130 personneschacune, en tout, 350 à 450 ouvriersétaient alors occupés aux sondages.

Pendant quelques années, on voulut croire à St-Avold, que les sondages aboutiraient.

Phs de 300 personnesfurent inscritesà cette soupepopulaire 665:: durant l,hiver tg54-55. AMSA, art.568,rapport de mars 1g54. 666 AMSA, délibération du l0 féwier 1g56. 667 AMSA. art. 56g. 668 1,34 m de banc houiller à 285 m de profondeur, dans la forêt de Zangou encore 93 cm à 467 m de profondeur, à Porcelette,AD Moselle^ | S 477. AMSA, art. 568, rapporrdejarrvier1g55. 670i: lbidenr,rapport d'avril 1855. 67t lbidern, rapportd'octobre1855. Et ce n'érait pas sans raisons;;r0","" lg-s7, on trouva effectivernentdu charbonsur le territoirecommunal.

Cependant, la campagne de sondages aboutit f,rnalement à I'octroi de 1l concessions minières qui couvraient une bonne partie du Warndt, mais seules trois exploitations en surgirent, celle frontalière de Schoeneck-petite-Rossellequi prit un essor rapide, celle de Carling qui s'affirma malgré de grandesdifficultés techniques,celle enfin de L'Hôpital qui se développaplus tardivement grâce à des procédésde fonçage nouveaux et sernble-t-ileffi caces672.

La production de houille de la Moselle ut,

Puits St-Max de Carlins Puits de L'Hôpital Puits de Schoeneck Nombre Production Production Production d'ouwiers 1860 40+40 200t 50.704t 1861 74+37 1548r 61.864t 1862 104+46 3610t. 25-30t / iour 0 89.820t 1863 136+37 8041r 0 tt7.t72t r864 140+31 17.641t50t/iour 0 123.060t 1865 220r45 17.718t 0 133.846r 1866 252+35 16.379t 0 165.514t 1867 10.539t 1800t30t/iour 170.139t Le puits de Carling mit en exploitation, dès lS62-1g64 deux étages de production, à la profondeurde230 puis 280 mètres.Puis, il développaun troisièmeétage à 355 mètres. Mais le cuvelage vieillit mal, les venues d'eau de plus en plus importantes contraignirent à limiter la production, à doubler le cuvelage. euant à L,Hôpital, la compagnie des Pereire et Mony qui I'exploitait utilisa un procédé constammentvanté par l'ingénieur des mines mais qui nécessitades annéesde travaux avant de débouchersur une quelconque production. Toutes les difficultés rencontrées, l'énormité des capitaux à immobiliser avant une perspectivede profit refroidirent les autresconcessionnaires qui se réfugièrent dans une attitude attentiste. Ainsi, en 1861, la Compagnie charbonnière tJe I'Est combla ses sondagesde la forêt de St-Avold et replanta en arbres les secteurs endommagés67a.

Cependant,toutes les conditions étaient réuniespour une expansionrapide vers 1870 : énonnité des besoinsfrançais, rente de situation des charbonnagesde Sarre qui vendaient leur production chèrementdès que la conjoncture se tendait, intéressementde

t:_: Rapportsannuels de 1862à 1867de |ingénieur desmine, AD 673 Moselle, I s 412. AD Moselle,I S 412 et I S 520-21. 674 AD Moselle,I S 478. capitaux nationauxaux concessionslocales, chemins de fer à portée des exrstence reconnuedu charbonet existencede moyenstechniques d'exploitation67i. Mais dansl'immédiat, à St-Avold,il fallut se rendreà l'évidence.Comme les cheminsde fer avaientfrôlé la ville par le Sud,les charbonnagesallaient la frôler par le Nord-Est.Les seulspuits qui débouchèrentsur une extractionhouillère frrent ceux de Carling-L'Hôpital,qui dèslors setransforma en un "bourg-charnpignon",grâce à une forte immigration,à desmariages précoces rendus possibles par le travailqui ne manquaitpas et à une forte féconditéde la populationouvrière consécutivement à cette précocitédes mariages. De plus, le métier de mineur était une spécialitéplus ou moins familiale, comme tous les métiers,aussi, peu de Naboriensen tirèrent profit, très probablement. L'émigrationvers Paris offrait déjà un exutoireà la populationde la ville qui par ailleurs avaittoujours été occupée dans d'autres activités que celles liées aux mines.D'ailleurs, dès l'époque des sondages,un bon quart des ouwiers des compagniesétaient des étrangers, venusdes pays germaniques, tandis que d'autresvenaient aussi d'horizons differents mais Français676.

Il y eut donc bien un début de développement des charbonnages,dans le Wamdt lorrain, mais son incidence sur la ville de St-Avold resta très limitée. Le recensementde 1866 ne constatala présenced'aucun mineur parmi les habitants.Les conséquencesfurent même négativesdans une certainemesure car d'une part, les puits exploitésaboutirent à la croissancerapide d'une nouvelle agglomération de type plus ou moins urbain,à 5-6 km de St-Avoldet d'autrepart ils contribuèrentà dévier les lignesde chemin de fer locales et par conséquentà laisser la ville à l'écart (relativement)du nouveauréseau de transport. Ainsi, St-Avold ne devint ni une agglomération métallurgique, ni une agglornérationcharbonnière, ni un noeudferroviaire. Et ce n'estpas tout.

67s La guerre de 1870 et l'annexion inversèrentla situation économiquedu bassin mosellan. Dans le Reicll celui-ci était geographiquement marginal par rapport aux marchés, dans I'ombre des charbonnagesde Sarre déjà bien plus développés et les besoins allemands pouvaient de toute manière être satisfaitspar ailleurs. 676 AMSA' art. 568, les rapports de gendarmerie surveillaient spécialement les ouwiers Sgnngers, craignant des menéessubversives et notaient soigneusementleurs effectifs cantonaux. En décenrbre 1855, trois étrangersfruent "renvoyés"(des entreprisesou de France?), à la suite de troubles sur les chantiers,ce qui produisit "un bon efTet"sur les autres,selon la gendarmerie. 334

- Le plomb et le cuivre

ll y avait,à "cinqcent pas" de la ville, uneancienne mine de plombargentifère et de cuivre677,dont I'exploitationintermittente avait peut-êtrecommencé dès le néolithique.

D'aprèsune notice desmines de Franceabandonnées rédigée en 1826par le servicedes ponts et chaussées,les travauxavaient repris sur le Bleyberg< quelquestemps avant la Révolution>> et avaientensuite été abandonnés, <>, faute de bénéfices6i8.

On en trouvequelques échos dans les délibérationsmunicipales. En 17g6-g7, unjuif de Sarrelouis,Cerf Worms,avait repris à soncompte I'exploitation de la mine de plomb du Bleiberg6tn.Mais le lavagedes mines dans les eaux de sourcede cette colline avait contaminéla fontainede la tuillerie et tué les chevauxdu tuillier par intoxicationau plomb. L'entrepreneuravait donceu desdiflicultés avecles autoritésmunicipales, il avait cherchéà louer desprairies de I'abbayeen amontde la ville poury installerses lavoirs et usines.La municipalités'était opposéeà cetteentreprise, arguant des risques qu'elle ferait pesersur la ville, autanten ce qui concerneles animaux,que l'ensablementdes prairies par les effluentssablonneux, le comblementdes cours des ruisseaux et les difficultéspour les moulinsqui en résulteraient.

ll sembleque ces oppositionsaient décourageCerf Worms, et un nouvel entrepreneur,un Sieurde la Guenonnièreessaya alors en 1789d'utiliser directementle moulin d'Oderfang,ce à quoi s'opposaencore la communequi reconnaissaitI'utilité de sonétablissement mais lui demandaitde s'installerà un endroitmoins nuisible. Pourtant,sous la Révolution,c'est bien à Oderfangque s'effectuaitle travail du minerai.

A l'époquedu Comité de Salut Public, un des Jacobins,acquéreur de biens nationaux6s('et de ce fait installéà St-Avold,Watremet z, avaitreprisl'extraction locale du plomb, alors que Ie gouvernementmobilisait toutes les ressourcesnationales. dans un

^^6+^..+^ l^ ---^-^ J- -- !-- -t | | ô vl.,rrrçÀlç rrç guçlrç, uË pcnurlc eI oe llamDee oes pnx.

Un rapport d'expert,commandité par I'administrationdu départementde la Moselleafin de savoirsi I'extractiondu plomb et du cuivre,à St-Avoldet à Vaudrevanse y.'. Sur la colline appelée"Bleiberg", é4rmologiquement,,montagnede plomb'. Publiéepar le Moniteur,2g octobre 1326(AD Moselle, I S 4l l). :::67e AMSA, délibérations,2g juiilet l7g6 et 25 avnl 17g9. 6tr0 La sécularisationde I'abbayede St-Avold avait donné lieu à la ventede ses biens. noramment sestemes et sesmoulins. 335 (Sarrelouis)s'irnposait du point de vue des urgencesnationales, décrivit les potentialitésde la mine de plombdu Bleiberg68t. Elle pouvait faire travailler 25 ouwiers, tant à I'extraction du minerai, en galeries,qu'au voiturageet au lavagedes mines, à la fonte du plomb qui se réalisaientà un kilomètre en contrebasde la colline, dansdes bâtiments en bon état, situés en aval du gros étang d'Oderfang. Cette étendue d'eau régularisait le débit de la Rosselle qui en était l'émissaire et assuraitainsi à l'établissementune très bonne continuité de I'activité au cours de I'année.Watremetz obtint donc, si I'on suivit les conclusionsde I'expert,la possibilitéde réquisitionner 30 mineurs et l0 "brouetteurs", une trentaine de tonnes de houille aux charbonnages de Nassau, 150 f de poudre par mois et 12.000 f d'avance financière pour lancer I'exploitation.

On ne sait rien de la poursuite de cette activité, au-delà de cette époque de tensions économiques. Il est waisernblable que le caractère marginal de cette mine en entraîna la fermeture, dès que les prix baissèrent, comme le suggèrele rapport des ponts et Chaussées de 1826. Cependant,dans les années 1850, quand I'attention nationale se fixa sur les potentialités charbonnières du Warndt, wre Société Anonyme des Mines et Fonderies de Cuivre du Rhin, dont le siège se situait à Cologne, demandaune concession de 109km2 dansle Warndt,incluant le territoire de St-Avold, enjuillet 1g57682.

En novembre 1860, une nouvelle demande de concession fut déposée à la préfecture, émanantd'un négociantde Cologne, Guillaume Meurer, par le truchementd,un Naborien, Nicolas Altmayer, qui était son représentantlocal6s3. Elle déboucha sur une concession de 47 km2, I'administration des mines refusant d'attribuer les territoires du Warndt sur lesquels la présence de minerai n'était pas assez reconnue. Des sondages avaient été effectués solts la direction de Altmayer, dans la forêt de Longeville dès l g5g684.

En 1862, I'extraction avait commencé au même endroit et une usine avait été construite sur le carreau de la mine pour traiter le minerai. Une quinzaine d'ouvriers nermânenfs ef errfanf rla in.'m.lio-. Â+^i^-+ ^*-t^-..{- : ^-- 11-r,r uv Jvwu4rrwrr vl(lrvrrl strrPruyçs a ççl çlaollssement ou tlocnwald. L'on pensait,à cetteépoque reprendre l'exploitation du plomb,à St-Avold.Cependant, les

AD Moselle, L S 476,rapporr du 23 ventose,An II. ::l682 AD Moselle, I S 476,affiche de 1g57. 683 Ibidem- ll se pourrait que Guillaume Meurer agît pour le compte de la même société de Cologne. En tous les cas,il achetapersonnellement en 1865, toutes les mines d,une,,Contpagnie Anonyntedes Mines de Cuivre du Rhin,. 684 lbidern, autorisationde I'administrationdes Eaux et Forêts,de iuillet l g5g. -r36

résultats de la rnine de Longeville furent rapidement décevants.C'est pourquoi, la cornpagnieenvisagea de prospecterd'autres sites, plus ou moins proches.

Elle avait ainsi tenté vainementd'obtenir, dès 1863,une deuxièmeconcession qui aurait pu élargir ses capacités dexploitation dans le Warndt, du côté de Falck et Hargarten.Puis, en 1867,une troisièmedemande de concessionportant sur le secteurNord (Falck et Hargarten) était déposée cette fois-ci par un architecte de Cologne, pour son propre compte ou pour celui de la mêrne société, on ne sâit. Mais à cette date, non seulement il ne semble pas qu'une activité extractive ait jamais redémarré à St-Avold mêrne, mais encore la découvertede Longeville avait déjà fait long feu. Production de la mine du Hochwald (forêt de Longevi[e) 68s

Minerai traité Cuiwe exûait 9/o t862 1351t 15.950ke l.I8 o/o 1863 9070t 74.000ke 0.816% t864 9981t 30.000ke 0.300%

En effet, dès le deu.xièmesemestre de 1864, après une lente diminution, la teneur en cuivre de cette mine était tombée à 0,25 %. Altmayer expliquait donc au service des mines que I'extraction avait été interrompueau début de 1865686.Elle devait reprendre après des manoeuvresportant sur le capital de la société,rachetée alors par Maurer. En octobre 1868,la mine du Hochwaldétait toujoursabandonnée687.

Cependant,ce qui est sûr, c'est que les métaux non ferreux, dans la région, étaient répandus mais dispersés et en faibles teneurs. lls obligeaient donc les concessionnairesà une activité nomadequi plus est condamnéeà s'épuiserassez vite. En fin de compte, cette prospectionavait été encore bien plus décevanteque les sondageshouillers et St-Avold ne devait jamais se trouver au centre d'une intense activité minière688.

Statistiquesdans les rappofts des ingénieursdes mines, AD I S 412 et stat. I 686:t: S 520. lbidem. Rernarqueen marge de statistiquessur I'industrie minerale en 1g67, I 521. 688::: s C'est seulementvers l9l0 que le bassinminier enjamba ta ville pour s'étendre sur le plateau lorrain (siège de Folschwiller-).Alors St-Avold, toujours peu concernéepar les mines, se trouva au centre des charbonnages.Enfin, vers 1950, quand I'on chercha une superficie assez vaste pour accueillir les industries de transfonnation de la houille (centrale thermique, cockerie, carbo chimie), on la trouva sur le territoire communal, dans la forêt, à coté de ôading où se ffouvaient déjà quelquesétablissements chirniques (cockerie, unités de benzol et d'ammoniac. AD Moselle, 8 AL | 20). Des cités ouwières ou destinéesà I'encadrementfurent implanteesà proximité et firent alors de St-Avold à la fois une ville industrielle(siège de la direction des industries chirniques) et une ville résidentiellepour de nès nombreux personnelsde ce complexe. Conclusion

En fin de compte, l'artisanatnaborien du XVIIIème siècle était cornparableà celui des autres villes des environs, peu spécialisé,il remplissait essentiellementdes fonctionsbanales d'approvisionnement local.

Au XIXème siècle, les initiatives naboriennesfurent peu nombreuseset de peu de puissance,comme à Faulquemont mais à la difference de villes comme

et Boulay, qui bénéficiaientde conditions plus avantageuses,à la fois sur le plan de la position géographiqueou du site (navigabilité de la Sarre, plus grande disponibitité et permanencedes eaux de la Nied par rapport à la Rosselle,ou de la Nied d'aval par rapporl à la Nied d'amont) et sur le plan des fonctions centrales,pour Sarreguemines.

Cependant,les chemins de fer, en 1850, favorisèrentSt-Avold, si bien qu'on peut constatertout de rnême quelques développementsindustriels locaux, sous le Second. Empire, notammentdans l'industrie chimique.

Certains établissementsartisanaux étendirent quelque peu leurs productions, mais I'essentielde l'industrie locale resta artisanale,mobilisant assezpeu de capitaux et n'exploitant que le marchécantonal.

D'autre part, si la sidérurgie ou les charbonnagespurent s'implanter dans les environs,St-Avold resta à l'écart de cesdéveloppements très modernes.

Finalement, en 1870-75, les aspectsnovateurs bien que réels, les premières retombées de la présencedes chemins de fer notamment, n'empêchaient pas la ville de continuer à régresser.A l'époque de I'annexion, les investissementsindustriels, en dehors de l'établissementHertz ne semblentavoir reprisqu'après 188568e, c'est-à-dire au moment où l'Etat allemandchoisit st-Avold pour installerune très grossegarnison.

Chemin faisant, nous avons pu constater que les faiblesses naboriennes semblentliées à un déficit d'élites locales,de notableslocaux, dont les enfantsdevaient s'orienter plus vers l'émigration que vers un investissementsur place.

Cependant,certains aspectsde la réalité pourraient tout aussi bien nous faire adopter le point de vue inverse : ce sont les élites < retraitées> qui se sont opposées à

68e On peut I'observer aux datesde dépôtsde demandesd'autorisation d'investissementsauprès de I'administration: ( AD Moselle-Moselle.8 AL 119-I lg-t?O20 etei 414414\ Dates Nombrede dossiers Nature 1888et 1893 2 Petits établissementslocaux (Friderich et provot) 1896et 1898 2 Une brasserieet l'usine à gaz de St-Avold l90l 2 Petitétqblissement local et Sarreet Moselle,(Carlins) I904et l9l I 2 Abattoirset Sarreet Moselle,(Carlin.e) 338 plusieursinitiatives industrielles,au nofir de questionsd'envrronnement. Ces réactionsont sansdoute dissuadé les plus actifs d'investir sur placeet les ont fait choisir l'émigration.

C'est finalementun faisceauconvergeant de conditionsdéfavorables, les unes structurelles (géographiques) et les autres plus accidentelles,qui aboutirent à l'échec de l'industrialisation de la ville. Résumonsces conditionsdéfavorables en ce qui concernela questiondes élites.

D'une part, très souvent et un peu partout, on constate que les initiatives économiquesles plus productivesviennent d'étrangers et non de vernaculaires.pourquoi ? probablementparce que ces étrangersne sont pas waiment en compétition avec le reste de la population où ils s'installent,ils ne suscitentpas de jalousies, pas d'oppositions,ils attirent même I'aide des autorités, puisqu'ils représententun bénéfice net pour le lieu. Ils peuventdonc s'installeret s'étendretrès facilement.

Or, dansle cas de ces étrangers,ils n'avaient pas de raison de s'intéresserà une ville abandonnéepar l'administration. C'est pourquoi, St-Avold bénéficia peu de leurs initiatives.

D'autre part, dans le cas des initiatives vernaculaires,on I'a vu, elles furent stérilisées par des oppositions internes. Une seule d'envergure, la faTencerie,échoua finalement pour d'autres raisons(l'audace trop grande de l'entrepreneur),ce qui ne prouve rien.

A une condition, au vu du cas de Sarreguemines,ces initiatives vernaculaires auraient pu devenir productives.Il aurait fallu que les élites économiqueslocales forment un groupe homogène à l'intérieur duquel se nouent des alliances et se désamorcentles conflits. A Sarreguemines,c'est I'idéologie napoléoniennequi fut le ciment de ces élites locales. Or à St-Avold, les élites étaient divisées,plusieurs familles étaient monarchisteset liées à la restauration catholique. D'autres étaient sans doute napoléoniennes comme partout en Lorraine et la division dans un milieu trop peu nombreux ne donna en fin de compteà aucundes deux clans un impact suffrsantsur la ville.

Les élites naboriennesanimaient le commerce et les servicesurbains. On peut donc approcherces couchesen étudiant ces secteurséconomiques éminemment urbains. 339

Si l'artisanat se concentreet se diversifie particulièrement en ville, c,est encore plus le cas du commerce et des servicesen général, secteurséconomiques qui sont les plus spécifiquernenturbains.

Graphique I Evolution du nombre desemprois << tertiaires >> (en indice,base 100 en l7g5)

Evohrtin des frux m indice

dm*niesmlcclerç

Il n'est donc pas étonnantque, comme le montre le graphique ci-dessus,le commerce ait toujours été, entre 1700 et 1870, un secteur plutôt important de I'activité naborienne6eo.

Dès 1711' le nombre des marchandsde toutes naturesétait très élevé. ll tendit à s'affaiblir légèrement,au long du XVIIIème siècle,proportionnellernent à la population. Au XIXème siècle, par contre, la croissancedu commerce reprit de plus belle, surtout après1840. Remarquons toutefoisque cette importancedu commerceavait quelquechose de tautologique ; elle procèdait logiquement de la faiblessede I'artisanat et de I'industrie

6e0 L'indice du commerce est presqueconstarnment supérieur à ceux de l'emploi et des feux, entre 1708et 1785. 340 que nousavons analysée précédernrnent. Le commerceétait d'autantplus rmportantpour la ville que l'artisanatétait languissantr,el aux services, Quant dansIa sociétéimpécunieuse du XVIII-XIXème srècle,ils restèrent le parent pauwe de I'activité économique.Non seulement ils représentèrent toujours un petit nombred'individus, mais encoreleur évolution pour positive qu'elle ait été, ne fut pas spectaculaireu". Cependant,cette évolution fut celle qui échappale plus aux Naboriens'En efTet,la plus grande partie des servicesdont nous parlons dépendaitde centresde commandement supérieurs6e3,il s'agissait des servicespublics de loin les plus importantscomme le montrele tableausuivant :

Commerce et servicesrcesà St-Avotd-41'ot0,nombre d'em ts Cornrnerce Selices Total Total Publics Privés Total Relisieux 17tl 4'7 t2 5 t7 21 85 1784 66 49 l0 59 25 r50 1806 89 21 20 4l 4 134 1866 155 60 24 84 t2 2sl La comparaison entre les devenirs locaux des secteurssecondaires et tertiaires (graphique2, page suivante)est significativede la médiocritéde la croissancenaborienne. entre 1700et 1870 : on savaitque I'artisanats'était peudéveloppé, or le secteurtertiaire se développaencore moins et margréla < bonnetenue >r du commerce. En 1708,il y avait autantde rnondedans le < tertiaire)) que dansl'ensemble de I'artisanat'En 1866,ce même avait décrochépar rapportà l,artisanat,il ne représentaitplus que trois quarts des emplois de l'artisanat.C'est une nouvelle preuvede I'importance des facteurs politiques dans le devenir des villes. Car la faiblesse de l'évolution du secteur tertiaire fut essentiellementdue aux servicespublics, donc aux choix gouvernementaux.

Toutefois, dans cette médiocrité générale, le colnmerce, qui justement dépendaitun peu plus que le restede I'initiative locale,avait évoluéun peu mornsrnal que les autresservices.

6et A partir de 1750, les pétitions des officiers municipaux répétaient sans cesse que la seule richessede la ville était son cotnrnerce, on répétait .o,rrr"nt que le ban était stérile et l,artisanat de peu de conséquence.(Ex. délibération du 16 aorit 1751. <

Graph.2 Evolutionscomparées des secteurs secondaires et tertiaires (en nombretotal d'emplois de cessecteurs)

4(n-. l- Seclqrsqrrirre 350 I I - - - sedqr t riai j ] , .. -,/ m'f ..

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I Evolution du commerce:

1) Le commercenaborien au XWIIème siècle:

En principe, on pourrait supposer que les villes avaient des fonctions commerciales d'autant plus affirmées qu'elles étaient grandes.Or, I'estimation chiffrée que I'on peut réalisergrâce à Coster6e-s,vers 1761montre plutôt le contraire.Le commerce était sensiblement proportionnelà la populationdes villes. Probablementparce qu'il était encore peu hiérarchisé. Certes, il y avait déjà grand et petit commerce,mais on le trouvait plus ou moins un peu partout.La taille de cescommerces variait aussiproportionnellement à la population, aussi les plus gros se trouvaient-ils à Nancy, ce que montrent les inventaires d'atermoiementde la juridiction consulairede Nancy.Mais dans cette ville. il y avait aussi beaucoupde petits boutiquiers.

6e5 Coster par qctit,ités cité D. Hainzelin Le.s c:ommerc'iale' d'A. Crampel, marchancl à Lunétil\e, 17 5U- I 77 5. maîfrse, Nancy, 1970,p 13. 342

Les fonctions commerciales des villes vers 1760_65

Populationu''n Nbre de corrunerÇantsoo7Cornmerçantsi|00 hbrs Bar le Duc r0.000 100 I Nancy 22.s00 223 0,99 Pont-à-Mousson(1769) 6700 57 0,8s Lunéville t2.000 100 0,93 ( Château-Salins1769) 1670 t4 0,93 (175 Foug l) 600 5 0,83 St-Avold 2630 2l 0,9

Notamment,le comnterced'entrepôt, qui aurait eu un âge d'or au XMIIèrne siècle en Lorraine' à l'époque de Stanislas6es,pouvait s'exercer à partir de n'importe quelle ville, son arme majeure étant le courrier et son initialisation se réalisant sur les foires où allaient presquetous les marchands.Du reste,un exemplede ces < marchands- magasiniers>' Claude Gaillot de St-Dié (3465 habitantsen 1750) a été étudié et prouve cettedispersion grand du colm'nerced'entrepôt6ne. Ce type de commerces,était développé en Lorraine grâce à la position intermédiaire de cette région, entre France et Allemagne et du fait du statut douanier appelé < à l'instar de l'étranger effectif ,rto0. Le commerce lorrain s'exerçait, point du de vue de I'Etat français,librement avec I'Allemagne mais était soumisà tous les droits douaniersavec la France.En conséquenceles grandsmarchands d'entrepôt importaient d'Allemagne vers la Lorraine beaucoupde produits qui repartaient ensuiteen contrebande vers la France.Inversement, ils achetaienten Francebeaucoup de textiles qu'ils revendaient en Lorraine mais surtout en Allemagne. C'était donc à la fois un commerce gros de et d'import-export, dans les deux sens de la direction France-pays germaniques-Nous aurons à nous demanderdans quelle mesurece type de commerce s'est exercéà SrAvold.

6e6 Pour Lunévilte, D. Hainzelin, ibidern et pour Bar-le-Duc, c. Airnond, Bar-le-Duc,pp 200 et 273, extrapolation entre les populations de 1706 (recensement\et 1779 (Durival) et Lepage_ statistiquede la Meurthe,1843. 6e7 source : coster cité par D. Hainzelin:, ibidem.,p 13 6e8 et AD MM, c 415 et c 453. P. Boyé La Lorraine comnterçante,sous Ie règne nominal de Stanislas, 1737-l766,Nancy. 1899. " 6ee M.J. Fournel+ les actit'ités de C. Gaitlot, marchand magasinier de St-Dié, 4e t7l2 à t761. rnaitrise,Nancy, 1970. 700 F'Y' Le Moigne, I'e c'ontmercetles provinces étrangères(Alsuce, Lyèc,hés, Lorraine) dans la cleuxièmemoitié du XVIIIènte sièc'le, in Aires et structures du comrnerce français au XVIIIèrne siècle,colloque de I'association françaisedes historiens économistes, paris, oct. 1973. Lvon- 1975. 343 Nos sources,les dénominationsdes commerceset les inventairesaprès décès, nous pennettentd'analyser les typesde cornmercesnaboriens au XVlllèrnesiècle. de voir ce que les contemporainsappelaient commerÇarxt ou marchand.

borien au XVII Dans les grandes villes, la spécialisationdu commerceavait été précoce,car I'importancedu marché local de ces villes permettaitd'atteindre une grandetaille même sur un petit nombrede produits. Ainsi, lorsqu'AntoineCrampel, ancien tailleur d'habits de Lunéville, ville de cour, devint marchand,vers 1758,si pendantquelques temps il vendit un peu n'importe quoi, en fonction des occasions ou pour se fixer une clientèle. rapidementil centrason activité sur le tissuet la mercerieT0l. A St-Avold, à pareille époque,s'il existait bien quelquesspécialistes comme nousallons le voir, la plupartdes marchandsétaient très peu spécialisés. Un grand nombre de mentions que l'on a de commerçants montrent leur caractèregénéraliste. Ils pouvaientvendre du grain, du vin, de la bierre et des chevaux7o2, < toutessortes de marchandises...>, du grain du poisson,du vin et des chevauxrO3; grain, navette,chevaux, toile, lin et autresdenrées7oa, du foin, du seigledes grains,de I'avoine. des vins étrangerset du paysTos. En 1779 encore,au moment oir les réfonnesroyales imposèrent de nouveaux statutscorporatifs, les marchandsdressèrent une liste significative des membresde leur confrérie:

Les membres de la confrérie des marchands en ll79

Dénorninations Nombre < Marchand, mercier, quinqualier et épicier > t7 ( Marcnand,rnercter, quinqualiel, épicier et confiseur >> I ( Marchand éptcier r) t < Marchand de fer, d'acier et quinqualier >i 2

Il n'y avait donc parmi eux gue peu de spécialistes.Comme le montre le tableausuivant, c'est le recensementde 1866 seulementqui fit apparaîtreun très grand

7ot D. Hainzeliq ibidern,pp l4-I7. 702 AMSA, délibérations,l5 août 170g. 7o-r lbidern,7 mars 1716. 7(x lbidern,Décernbre 1734. 705 lbidenr,4 nai l74t. 344 nombre de commercesspécialisés, témoins des prernièresconséquences de la révolution industriellesur la distribution.

Les emplois du commerce à St-Avold 706

Com. alimentaire Epicerie Corn. sénéral Corn.spécialisé Total 17l 30 8 8 I 47 1784 43 0 2l 2 66 1806 1 50 I 25 89 1866 62 20 2 5l 155

De plus, au XVIIIème siècle, ces marchandsgénéralistes exerçaient parfois aussi d'autres activités. ll y avait une certaine interpénétration entre le monde du comrnerce,celui desoffices et celui desfermes.

Tel brigadier de la maréchausséepouvait tenir < boutique ouverte), en l'occurence un cabaretet pratiquer le commercede grains et bestiauxparallèlenent à sa fonction publiqueT0T. En 1716,le chirurgienKeyser figurait parmi les plus gros marchands de la ville, enrichi < durant les dernièreschertés >. En 1730, c'était le receveur-greffieren titre de la ville qui pratiquaitle commerce.On trouve aussi< un fennier du dornaine)) en 1734,un ( receveurde la vente des selsétrangers >> en 1746-47,un < commis-greffier> au greffemunicipal, en février176r, un ( commisà la régiedes cuirs > en l77r70s Cetteinterpénétration n'allait pas toujours de soi. En 1710,la prévôté-gruerie- chambre de police de St-Avold, après réunion solennelleavec le maire et les < élus > (notables cooptés),s'opposa à I'intrusion de Nicolas PernetT0ne., son sein. Cet individu, enrichi à St-Avold dans la fenne du magasinà sel et I'entrepôt, aussi bien du sel que d'autresmarchandis€St'O, venait d'acheterà Nancy la charged'assesseur-garde marteau à la gruerie de St-Avold.C'était une chargede juge, traditionnellementdévolue à un avocat. Aussi, la compagnieproposa au Duc de Lorraine le rachat au même prix (200 f,) pour contrer Pernet et faire exercet cette charge par le premier échevin en attendant qu,un

'-o^: Les statistiquescomprenant toutes les datesse trouvent en 707 annexe,à la fin de l,ouwage. Ibidern,5 août 1751. 708 lbidern,7 mars 1716,7 rnai 1730, 19 décembre1734,4 nu 1747,fevrier 176l,3l octobre 177t. 70e SurN. Pernet,AMSA:délibérations, 15 août 1708,26mai 1710,22 juilletlTl0,2gdécembre 1710.Rôle de la subvention17il et r71g. AD Moselle,invenraires 710 , B 6376. En 1709 il avait achetéune maison à Faulquemont, possédait vraisemblablementdéjà son logementde St-Avotd et pour environ 3000 f, de créancesdiverses. En 17l I, il était cotiséà 9 gros pied-certain, de ce qui le plaçaitdans le basdu groupedes 36 plus irnposés(15 % de la population). Cette modération relative venait probablement de sa position conjointe< d'entreposeurdu tabac > qui devaitlui donnelune exemption. 345 < digne sujet> se présente.Face à ce tir de barrage,Pernet dut se tourner vers un autre office, de moindre dignité, une charge plus financière, plus technique et dont la participation aux délibérationsdonna lieu plus tard (en 1772-75)à d'autresaffrontements. la chargede < receveur-secrétairede ville >>,qu'il achetaen décembre1710.

Les officiers et commis faisaient du commerce pour s'enrichir et les marchands, enrichis, achetaient des offices pour bénéficier d'exemptions fiscalesTll comme pour diversifier leurs placementsfrnanciers, voire pour préparer un héritage à leurs enfants.

D'autre part, le commerce,les fermes et les placementsf,rnanciers allaient de paire. Une bonne partie du commerce se faisait à crédit, on payait les fournisseurs fréquemment un an après livraison, et les clients payaient eux-mêmesfréquemment avec des retards considérablesTl2.Dans ces conditions,un office était un placementsûr, qui pennettait de mieux faire face à une éventuelle faillite, c'était un < stock de capital >. D'autre part, les < admodiataires> de fermes, quelles qu'elles soient, dîmes, domaine ducal,seigneurie particulièreou simple établissernentagricole, étaient amenés à rnanierde plus ou moins grossesquantités de produits sensiblescomme le blé, l'avoine, etc qui faisaient d'eux nécessairementdes commerçants.Enfin, les marchandsfaisaient partie du petit lot d'hommescapables par leur crédit financier d'avancerle prix desadjudications de fermes- Au besoin,d'ailleurs, ils s'associaiententre eux pour atteindrela massecritique nécessaire7l3. il n'est donc pas étonnant que l'on retrouve parmi eux beaucoup < d'admodiataires>.

L'exemple de Nicolas Pernet, ci-devant fermier du sel ou du tabac, receveur- greffier de St-Avold et réputé marchandaux yeux des asseyeursde la subventionest ici encore interessantTto. A sa mort, on lui devait une multitude de ( promessesD ou

7ll Cf. AMSA' art. 89, notamment I'exemple de Joseph Delesse,le < plus gros des marchands- magasiniers > de St-Avold, plus gros cotiséde la ville (docurnentde 1780).eour échapperà I'irnpôt il utilisa les trois moyens existantspar ... tois mariages successifs,la consfiuction de deux nouvelles maisonset I'achat d'une charge d'échevin municipal. Les collecteurspour ne pas perdre totalement gros ce contribuableaugmentaient systérnatiquement sa cotisation aux ponts et chaussées pour cornpenser Ia perte sur la subvention, quand il en était exempt. ll se plaignit finalement à la chambredes cornptesqui rnodéra sa cote de quelquespoints. 712 Nornbreux exemplesdans D. Hainzetin, op. cit. et M.J. Fournel, 7r'1 op. cit. on retrouve plusieurs exemples au XVIIIème siècle dans les inventaires après décès de ces contrats d'associationentre marchandset avec des détenteursde capitaux.pu, des officiers de I'année, notarnrnentpour participerà des adjudicationsde coupes "^"*ple 7r+ de bois. Nous analysonsici I'inventaireaprèsdécès de pernet,AD Moselle.B 6376. 346 < obligations> (environ150). La plupartde cespapiers avaient été signésdans le cadredes activitésconsécutives à des< admodiations> seigneurial"rttt. On peut ainsi suivre,année après année, les petits crédits (de quelqueslivres à quelquesdizaines de livres) accordéspar Pernet à des paysans,incapables de subvenir momentanémentà leurs charges, dans tel village dont il était le fennier. parfois. cela s'achevaitpar le dépeçagedu débiteur.

L'héritage laissépar Nicolas pernet (nov. l719)716

- 8800 f, de Frce - 8 quartesde blé et quelquesautres de

1273*. de Frce - I rnaison à StAvold et 2 jardins - 5 parts d'une autremaison à St-Avold - I maisonàFaulquemont - I maisonàBistain - Les meubles d'une maison . 5 lits

- 87 draps de chanwe - 26 drapsde lin ou de toile d'étoupe - 66 serviettesde chanwe - 23 nappesde chanwe - 45 serviettesd'étoupe - I toile de chanwe(100 aulnes) - I toile d'étoupede lin (45 aulnes) - 40 f. de chanwe - 13 t de fil de chanwe -Sfdelin-oruttlul - 60 f. de laine crue

environ 15.000 { de Lorraine

Ainsi, son frère, Jean Pernet et sa femme, Anne Fanar, avaient bénéficié de plusieursprêts de Nicolas, entre 1705 et 1716.A la suite de la mort de cette dernière. Nicolas Pernetrécupéra lapartd'héritage de son frère ainsi que tous sesautres biens après lui avoir intentéune procédure.

7r5 Pernet exerçait des fonctions de fennier seigneurialdans differents lieux, dans un rayon d,une vingtaine de kilomètres autour de St-Avold et sous-traitait une partie des revenus qu,il devait percevoir, par exemple les dîmes de Neu-Forweiller, pour lesquellesil existe plusieurs baux dans l'inventaire aprèsdécès' Aussi, les créancesqu'il possédaitencàre à sa mort étaientregroupées par en fonction de la chronologie des amodiationsqu'il 716-villages avait obtenuesde son vivant. Il y a plusieurs atomalies dans I'inventaire Pernet,peut-être dues au fait que sa veuve pouvait revendiquer des objets comme sa propriété propre, sur la foi de son contrat rJernariage. ll n'y a aucun objet de luxe. tapisseries...? aucun stock alinrentaireni aucunedette chez les mar-chands, bouchersboulangers..., ni aucunargent liquide ! Il estcertain que I'on passedes choses sous silence. 347

Dans un autre cas, on voit Nicolas Pernet récupérerles reconnaissancesde dettes d'un paysan, Henry Mineur, de Neu-Forweiller, village dont il était le fermier seigneurialsernble-til. Mineur avait contractéles 155f, de dettesdont on retrouvela trace, en 4 opérations,entte 1712 et 1717,auprès d'un boulangeret d'un huissierde Sarrelouis notarÏment' Ces deux personnages morts, leurs veuvesavaient réalisé ces papiersauprès de Pernet'Aussi, celui-ci ayant concentréles créancessur Mineur, acquit tous sesbiens. en 1717.

Graphique 3 Les dettesactives de la successionpernet 71?

- rnOl i -r-- I j Træ&Frers i lmj l I -_ I rr il -l- k€snanqmcnûùoÆes j I ï ii 1600+ iI il I il 1400i- it I i1 ^r I ]I il tmo tl + 1t I ll 8m1 ll I /l ffï tt iI I lt *l /i /I FÂ I tL I.,.:- ooJ , '_ù I ,V\ -\l l / it 0 ! I -+-t-{ -i -i . --,--ttl r--1 ;.-1 _-J -_:-t-t' | l=1_. :- _ -1'- j q-æo,c-ôtm+rô\0t_ gQqorc..tm.+ ra) \o c- æo\ ËÈsegsggësë999EEEEESEÊc. F.- F- C\ F- F\ N C- e\ C\ rC-

Toutes ces propriétés devaient être assez rapidement revendues car il n,en restaitrien en 1719. Pernet prêtait aussi à sa famille, son frère comme on l'a vu mais aussi son beau-frère, à des ofÏîciers occasionnellement,dans les villes des environs (Boulay, Faulquemont,Sarrelouis, St-Avold).On lui connaitenfin quatreautres opérations bien plus importantes(1200 à 1700 livres) mais réaliséesencore localernent, avec un sous-fennier.

7t7 Cefte courbe doit être observée avec circonspection : au début de la période, il y a peu d'opérations, mais c'est peut-être que la trace en a disparu. Constatonscependant, qu,il y a quelques papiers réglés (accompagnés de reçus) dans I'inventaire. Mais sont-ils tous là ? D,autre part. certains papiers (prêts) sont réglés probablement par d'autres (héritages,partages, cessions) mais I'inventaire n'en fait pas état. Il y a donc des < doubles-comptes> en quelquesorte et la succession ne pourra pasrécupérer 8800 rnais f plutôt dansles 7500. Enfin, 48 < promessss>, d,un livre de g0 pages de ( promesses) ne sont pas encore acquittéeset ne sont pas détaillées par l,inventaire : représentent-elles50 f ou 5000 ? Probablernent dans les 1000 f, si l'on en i,rge par les papiers détaillés. De sorte que les dettesactives de la successionreprésentent environ g500 f en [our. 348 un sergent de la prévôté de StAvold, peut-être un marchand de Saint-Avold, André Richard, en 1703.Un seul papier sembledirectement lié à des activités commerciales,un dû de 35 < escusrr (105 f) à un certain Jean le Jeune,< marchandà Sedan>, ...mais cautionné par son frère, de T'ritteling. Papier de f,rnancierplutôt que de marchand, de quelqu'un qui refinancede la dette,plutôt que de quelqu'unqui financedes achats.

En fin de compte, il est évident, à observer cet inventaire, que pernet était d'abord un gestionnaire de seigneuries, ensuite un petit banquier, un marchand < secondaire>> enfin, car son activité commercialeétait entièrementconditionnée par sa premièreactivité, celle de fennier.

On peut voir dans le stock de textiles décrit par l'inventaire pernetTr8,

beaucoup de tissus et matières premières qui peuvent avoir été récoltés ou fabriqués localement(laine, lin, chawre, alorsqu'il ne possèdaitpas de ferme et seulementquelques animaux < d'auto-subsistance>), rien d'étranger comme du coton, rien que des petites quantités, 100 aunes de chanvre, 87 nappes de chanvre, alors que Crarnpel, à Lunéville, maniait des 7000 à27 -A0oaunes par an et surtout des marchandisesbien plus variéesquant à leursqualités et provenances.D'autre part, il n'y a aucunetrace de livres commerciaux. pas de lettres de change,pas de facturesde fournisseurs,pas de crédits-clients.

On peut en déduire que Nicolas Pemet n'était qu'un intermédiaireentre les paysans et les marchands,lié à des trafics exclusivement locaux. tl s'agissait d,un commerce lié à la rente foncière,très proche de la terre et permis par la possessiond'un capital de départ : terre ou argent ou crédit permettant de participer à des enchèressur des fermes.

Deux autres inventaires après décès de marchanrls de St-Avold, à la même époque(1706-1710), nous montrent que ce qualificatif s'appliquaità quiconquepossédait un capital et pouvait donc spéculersur autre chose que sa simple force de travail.

718 Ce n'est probablement pas véritablement un stock commercial mais plutôt un stock de précaution, de thésauisation, de standing.Ces stocks étaient très variables d'nne farnille ou d,une personne à I'autre. Ainsi, on peut constaterque le contenu des armoires du prévôt, mort seul et subitementen 1702 (rien n'a donc été subtilise,sinon I'argent de poche...qui manque en effet, alors qu'il n'y a pas de stock alimentaire, à I'entrée de l'hiver...et aucune dette revendiquée par un aubergisteou un boucher l) contient très peu de textiles, uniquementdes effets personnels,culottes, perruques...(Il y a par ailleurs beaucoupde meubles,plusieurs tapis et tapisseries,une grandeglace, 159 livres dans la bibliothèque,énonnément de papiers offrciels). par contre, chez le bailli (De Choisy, 1702), on reû'ouveénonnérnent de linge et chez le seigneurde Valrnont (Cailloux, 1704). sorte de gentleman-fanner,on retrouve plus de 320 aunesde tissuslocaux. 349

Un marchand-tanneuret un marchand=aubergisto71e

Eléraentsde fortune Marchand-aubersiste I\{archand-tanneur Ir,leublescourants l0-12 piècesmeublées 380frs -29 draps(chanvre, lin et étouppe) -24 draps Textiles -9 taies -8 taieset l0 tayettes 26 nappes -6 nappes -60 serviettes l2 serviettes(Tot.:230frs) 2 chevaux 518frs Bestiaux 4 vaches(2 en pensionà Host) lz taureau 5 petits porcs I 3 hottes de vins de trois sortes -2 quartesde ble - Quelquesliwes de lard Stock alimentaire - 13jours en seigle - 2jours en orge -t/z jour en chanvre -17 fauchéesde orés Areenrliquide 3.500frs -l chariot (4 roues) et harnais 4.200frs (stockde cuir) Capital technique -Auberge du grand-cerf -écurie I petite maison (2000frs sur les3500 thésaurisés lmmeubles -4 mazures étaientdestinés à I'achatde 4 terres) l4 iardins Dettes actives 180f (plusou moinsirrecouwables, dettesde boisson) Dettes passives De peu d'importance Totul er bilan environ 10.000 t de Lor. 8.828frs b. (3783 î de Lor.)

Valentin Goutt était un propriétaireà I'aise qui amassaitdes biens fonoiers(14 jardins, 17 fauchéesde prés) et imrnobriliers(5 maisons).Ainsi, il pouvait nourrir les chevaux des voyageurs,les voyageurseux-mêmes dans une certainemesure, du produit de sespropriétés, Il eultivait le chanwe que sa femme et sa servantepréparaient et filaient, un tisserandlui en faisait les draps qui se retrouvaient dans son auberge.Il réalisait ce que l'on appelleraitaujourd'hui une < eonçentrationvertieale >. Il n'était pas à la merei du marché, paradoxalement c'est bien cela qui le faisait mctrchand aux yeux de ses eoncitadins. Ajoutons qu'il vendait peut-être quelques surplus alimentaires mais eela ne devaitpas être son objectifprincipal.

Dans le même établissement,Jean Nicolas Weis, < hoste du grand eerf > en janvier 1747, avait un inventaire après décès encore plus significatifzo. Au cours de multiples acquetsil avait accumulédurant sa vie professionnelle5 jardins à ScAvold et 4 prés, 6 autres prés à Hombourg, Dourd'hal et Longeville. Pour < loger à pied et à cheval >

7le Valentin Goutt, à l'auberge < où pend I'enseignedu grand-cerf>, en juillet 1706 et Jean Margo. '720 marchand-tanneuren fewier I 710. AD Moselle,B 6383. 350

il lui fallait du foin ce à quoi devaientpounoir ses prés et dans sesjardins, il y avait probablement du chanwe car dans ses armoires on trou\ait 96 f, de fil de chanr,,re,83 f, d'étoupe(dont 23 f < chez la fileuse,r"'),26 L de chanvrebrut et 6 f, de lin. Avec ce stock il pouvait obtenirenviron 700 aunesde toiles des trois sortes,de quoi renouvelerces draps,taies, serviettesnappes qu'une aubergeconsommait en nombre. Le marchand-tanneurMargo, lui, voulait devenir propriétaire foncier. On le comprend ! il ne disposait d'aucune réserve alimentaire, dépendait totalement du marché pour ce qui était le plus stratégiquedans l'approvisionnement: I'alimentation. Si une bonne partie de son argent se trouvait dans son stock de < cuirs à façonner )), son objectif n'était pas à priori d'augmenterce capital techniquemais d'investir dans la terre. Il était certes,grâce à ce petit capital indépendantpour ce qui concerneson art car, non seulement il était tanneur mais encore il était marchand de cuir et au surplus sans recours au crédit, mais pour ce qui conceme son alimentation, sa dépendance risquait de mettre toute l'entreprisefamiliale à bas. Il thésaurisait donc, pouvait accroître son stock commercial à court terme, attendait l'occasion et arrondissaitses lopins qui amélioraient ses capacités d'auto- subsistance. En deçà d'un certain niveau de fortune, une petite agriculfure d'auto- subsistanceétait fondamentalepour la stabilité de toute entreprise. C'est pourquoi, elle était si universelle. Finalement, au XVlllème siècle le concept de marchand recouwait deux réalités différentes. D'une part, il y avait un commerce < d'exportation > ou de redistribution à l'échelle de la seigneurie(ou du canton du XIXème siècle), des matières premières et productions locales, plus ou moins transforméespar l'artisanat. Ainsi I'aubergiste exportait de la viande ou du foin ou du chanwe par des clients qui venaient les consommerà domicile ou le tanneu exportait dans les campagnesdes environs des peaux issuesde l'élevage local ou, le fermier, du blé. Au début du siècle,ce commerceétait de très loin le plus important à SfAvold, reflétant la ruralisation de la ville, disons qu'il s'agissait d'un commerce de bourg ptutôt que de ville, exercé en partie, jusqu'à la Révolution par les fermiers des droits seigneunaux,des dîmes,des abbayeslocales, etc, accumulateursde surplus agricoles, puis au XIXème siècle par les marchands en gros, marchandsde grains,bouchers propriétaires de troupeaux, etc.

72t Donc sa fernrne ne filait pas ou ptus, il recourrait à la frleuse avant de confier le fil à un tisserand,puis la toile à un tailleur.puis le drap au teinturieréventuellement. 351

Et puis il y avait un commerceplus confonne à notre idée conternporainede commerce,celui des intermédiairesà touteséchelles, important plutôt qu'exportant,des produits et denréestrès variés et de toutes provenances.Merciers, épiciers, marchands, négociants,ce sont eux qui faisaient partie de la confrérie des marchands.Les inventaires après décès722nous perïnettentd'approcher leur activité en la situant dans I'ensemble urbain grâce au taux d'imposition auquel étaient soumis les défunts, dans les arurées précédentes723.

On disposenotamment d'inventaires de boutiquesqui nous renseignentsur ce que I'on vendaitet I'on disposeaussi de quelquesinventaires de papiersde commercequi nous renseignentsur le réseaudes fournisseurs,le montant des factures,

Ainsi, à la mort de François Mathieu qui avait été un des plus gros commerçantsde la ville, maire, au début du siècle, admodiateurde la grossegabelle (plus gros impôt local), le contenude sa boutiquefut transféréà l'un de ses fils, Nicolas, les autres parts d'héritages étant dédommagéesen meubles,espèces, argenterie... La successionde FrançoisMathieu, aoît1727

Valeur en f de Lorraine : Actif Passif -3 maisonset écuriesà St-Avold Considérable -l maison et pressoirà Porcelette+ 4 jours de vigne (20-30.000?) -l masureà St-Avold lmmeubles - I l5 jours de terresà St-Avold -36 fauchéesde prés dansles villages lirnitrophes, plus de l0 iardins Meubles courants, distribuésinformellement aux héritiersou réservés effets oersonnels par la veuve 2961 -plus de 180 aunesde tissus : uniquementdes lins, chanweset étoupes - lins, chanvreset étoupesen brut et en fil chanvrede cordonnier -lingq Stock commercial : literiq rubans,fil, dentelle,corde, bouclesde souliers, I (contenu de la cent de pipes de terre, poterie -vaisselle,qgincaillerie. méraux (cuivre, laiton, étain, fil boutique) de fer ..), petitsoutils -100 ainesde milliers de clous de toutes tailles et finalités -94 planches -quelquesépices Total 676f, Caisse comDrisedans le stock de la boutioue Dettes actives -27 impayés(de 17l | à 1727) 636 -quelquesautres probablement récents 67.7.6. Dettes oassives Aucune 0 Bilan Innteubles(20-30.000I) - 4310 +1340

722 AD Moselle,B 6376-6394. 723 Pied-certaindes rôles du XVIIIème siècleet cote sur les matricesfoncières et mobilièresdu XIXème siècle. 352

C"étaitla boutiqued'un vieux commerçantqui liquidaitson stock,un resteen quelquesorte, d'assez faible valeur. les impayésde Mathieu ne représentaientplus qu'un reliquat lui aussid'assez faible valeurT2a.Tout l'actif était dansle foncier et I'irnmobilier qui faisait de ce marchandI'un destous premierspropriétaires de Ia ville.

Les inventaires différaient ainsi selon que le marchandétait en pleine activité ou selon qu'il était plus ou moins retiré des affaires.Dans le premier cas, on trouvait un stock commercial, des papiers (à l'actif et au passif) importants en valeur par rapport aux propriétés.Dans le second cas par contre, les dettes étaient plus ou moins liquidées, transformées en prêts à plus long terme, le stock avait maigri et le marchand avait consolidéses positions foncières et immobilières72s.La valeur mobilière, de courte durée s'était transforméeen valeur de longuedurée, en < héritageD comme I'on disait alors. L'inventaire de François Knoepfler, réalisé en awil l74l montre la même réalité(page suivante).

Ce marchandqui en 1724 et en 1734 était la deuxièmecote d'impôt de la ville (50 sols de pied-certain)denière un autre Knoepfler (60 s), tanneurcelui-ci, n'avait plus qu'un stock commercial insignifiant, au moment de sa mort, en 1741. Par contre, son patrimoine foncier et immobilier était là encore considérable,ses < dettes actives > aussi. Mais ici, un grand nombre des prêts avait été accordé aux héritiers>un fils officier dans I'armée de I'Empire qui trafiquait en Allemagne ou y menait la grandevie (on ne sait), plusieurs gendres,qu'il avait mis en selle ou auxquels il avait avancé les frais du mariage726.

La boutique montre que François Knoepfler avait été un détaillant comme les autresque I'on peut observer.Il avait aussiété un grossisteà l'occasion,notamment quand il avait, avec deux autres pointures du capital local rassemblépour 12.000 f de France (15.500f, de Lonaine) de fourniturespour les annéesdu Roi.

72+ Mais cette liste de petits crédits-clientèle nous retrace la zone de chalandise de ce rnarchand. Voir la carte de cettechalandise, un peu plus loin, comparéeà d'autres. 725 Cette différence entre les inventairesaprès décèsdes marchandsen activité ou en fin d'activité est signaléepar P. Goubert (Types de marchqndsamienois au début du XVIIème ,siècle.in XVIIèrne siècle, 1956, pp 648-670). 726 Il est très possible que Dubois (le gendre) et Charles François (le fils) aient été les agents comrnerciaux sur les foires d'Allemagne de Knoepfler. Ils ont empmnté à ce dernier des sommes libellées en monnaiesgermaniques diverses en plusieurs fois et en deux stades,pour Dubois entre 1725et 1728,pour Charles,entre 1736 et 1739.A la même époque(à 15 ansprès), le phénomène est attestépour le marchand-magasinierde St-Dié,Gaillot (M.J. Fournel,op. cit.), dont un fils fut le commis voyageuravant de finir dans la peau d'un officier de la guerrede Sept Ans. 353

Inventaire des biens de François Knoepfler, marchand-bourgeois de St-Avolcl

(Valeuren f de Loraine) Actif Passif -3 maisonsavec2 écuries... 5400f,''' -2 jardins (plus de I jour) -I I jours de cultureset quelquesfauchées 2400f, à St-Avold hnmeubles -Quelquesterues à Porceletteet Valmont, ( I 7 acquêtsréalisés en tout par le défunt, entre 1699 et 1729) -8 placesà l'égliseparoissiale et 3 bans danscelle des Bénédictins. Meubles, effets -Tissus: 655 aunesde toile de chanwe, 680 personnels 310 aunesde toile de lin et 8 d'étoupe Jinge et literie (habits distribués) 924 -Etains,matériel, meubles 989 Total 2593 Bétail, stock -l vacheetunveau alimentaire -8 quartesde blé -2 quartesde seigle -1,5 rnilliers de foin lll Stock commercial : Dans la boutioue 250 Caisse Orfèwerie et argenterie 1423 -ToussaintDubois; gendreet 4200 f. d'Emp. marchand à Metz 1092 f. de Fre 630 f de Fre -Ch. Fr. Knoepfler, fils 400 Fl. Emp. Dettes actives 29 Gueldres -Autreshéritiers 8726 r, -Le Roi de France 4000 f de Frce -Autres 839 f, Total 22.400f, -Le Baron de Héning 600 -sa fille 600 Dettespassives -la fabrique de l'église paroissiale 255 -l'Abbé, un avocatpour honoraires,frais 65 etplus ftrnéraircs... TotaI 1600 Bilan [+ dett000 L I - 25.177: 33.]77 + 25.177f

On peut difficilement dissocier chez les commerçants naboriens leur commercede détail local de leurs activités < hauturières> qu'ils pouvaientpratiquer plus ou moins occasionnellernentou à certainesépoques de leurs carrièrescommerciales. Mais les inventaires dont nous disposons ne révèlent jamais des fortunes extraordinairesT2s,d'autre part, s'il y a bien un ou deux commerçantstrès très imposéspar

727 Nous évaluonsce patrimoine grâceaux déclarationsdu locataire,le fils, Gaspard Knoepfler, 90 f de loyer annueld'une desmaisons (X 3) et 120 f pour les terreset la grangede St-Avold. Nous admettonsque les loyers représentent5 % du capital (X 20) 354

rapport aux autres,à chaqueépoque du XVIIIèrne siècle, ils font souventjeu égal avec quelques tanneurs, aubergistes,bouchers dont la chalandiseétait nécessairementplus locale.

Tout cela noustàit plutôt admettreque le commercelocal n'atteignit jamais le niveau financier du très grand cornmerce, celui qui fut affeint par le fameux conlmerce d'ennepôt de Nancy ou de quelquesvilles de Lorraine du Sud ou peut-êtrede Metz. Même en 1780ou 1785,le capitaldu commercele plus importantde la ville.ne devait pasatteindre 100.000 f, commele montrentquelques exemples analysés plus loin. Même riches à St-Avold, les marchandslocaux faisaient plutôt partie de la poussière des petits marchandsqui faisaient foule sur les grandes foires et non du petit nombre des grands. Leurs engagementsfinanciers restaient modérés, leur capacité de résistanceaux aléasconjoncturels en était renforcée et la grandecontinuité (peu de faillites locales) du commerce naborien, comme de I'ensemble du commerce de Lorraine allemande, témoigne finalement de cette solidité atteinte par la modération des mises. Cette solidité résultait aussi du chassé-croisédes < participations> mutuelles. En effet, les marchandsétaient issus d'un petit nombre de familles apparentées,les aînés, les veuveset les beaux-pèresfinançaient le démarragedes cadets,des fils et des gendres. Peut-êtreétait-ce encore un résultat de la faible specialisationdu commerce et de sa proximité de la terre : en effet, dans une toute petite ville, le marché local ne permettait pas de développerun commercede détail de très grandeenvergure par contre, la s$culation sur les récoltes était omniprésente.Le marchandne cherchait donc pas à faire fortune dans le commerce pur mais plutôt dans la prise de fermes comme le montrent de nombreux exemples locaux. Finalement, la faiblesse du pouvoir d'achat local ou I'ancienne habitude du recours maximal à I'auto consommationlimitait les capacités d' expansionlocale des marchandsredistributeurs.

Un stock de mercier, inventorié en 1736, à I'occasion d'une saisie, celui de Jean César-père,de Hombourg, nous montre des produits venus de l'extérieur (et aucune toile de chanvre ou de lin qui pourrait être d'origine locale et avoir été produite sur commande)mais c'est encoreune activité qui semblecelle d'un détaillantT2e.

728 Les inventairesde faillites qui ont été analyséspour différentesvilles et régions montrent que la fortune des marchandsles plus richesde chaqueville était proportionnelleà la taille de leursvilles respecfives. 72e Par comparaisonavec d'autres inventairesde boutiquesanalysés plus loin. 355

Un stockde mercier détaillant,en 1736

Produits <l -20 piècesde Perseet l2 piècesde toile 743 aunesde Brabant -Toile à rnatelas 65 aunesde Francfort -3 piècesde flanelle 60 aunesde Berlin -32 piècesde toile, indienne, ratine, droguetcamelot 221 aunesde Paris d'Angleterre, étamette,pluche... -26 coupons de Serge 39 aunesde Paris -Drap du Nord 22 < euerdesD -quelquespièces de Bougrans,toile de Rouen,étamette l1 aunesde Paris d' Allemagne, crépon d'Alençon -l2 piècesde Rouen,I toilede Suisse -6 rnouchoirs de Perse -10 pairesde bas -fil de <>, -0,5 f, de poil de chèwe, -1.5 f, de soie 48 boutons Total : plus de 110 piècesde tissus formant plus de : 1161 aunes diverses

Le stockde Mathieut3o,eil 1727avait déjà la structurede ceux desmerciers- quincaillers-épiciersqulon retrouveensuite systématiquement à partir des années30 et jusqu'à la Révolution.Cependang il était encoreconstitué dans une large rnesurede matièrespremières plus que de produitsmanufacturés. La reconstructionde la région absorbaen effet longtempsplus de matériauxque de < meubles>>, plus de produitsbruts que de produitsfinis, à fortiori de produitsde lu"xe.On consacraitles fortunesà investir plutôt qu'à consommer.Dès la phase1725-1750, on vit un changementnotable à cet égard,que le stockde Césarreflétait déjà. On passaprogressivement à une consommation d'objetsplus finis et importésde I'extérieur,voire de très loin. A cetteépoque, la fin de la reconstruction,I'achèvement de la reconstitutiondu tissu économiquelocal donnaità la région un pouvoir d'achat issu de la ventedes surpluslocaux, notamment agricoles et artisanaux.La densitédes echanges,d'autre part, s'était sansdoute accrue avec les développementsde la politiquesystématique de rétablissernentet d'accroissementdes routesdu duc Léopold. Si bien que dès les années1760, tout un bric à brac debazar,même sous de faiblesquantités et pourde bienpauvres valeurs, encombrait les boutiques et grossissaitles inventaires.

7-10 Voir supra. 356

C'estle casde l'épiceriede J.M. Schrnitdont I'activitéavait étépoursuivie par sa veuve,Marie Kayser, elle-mêmeissue d'un père chirurgien-marchand,ce qui rendaitce cornmerce,à vrai dire, un peu exceptionnelTsl.

Chaque< épicier > avait un éventail de spécialitétrès personnelou fonction des opportunités du marché. Ses rayons étaient susceptiblesd'élasticité en fonction d,un vide commercial à combler ou d'une forte concurrence. Ici, l'épicier vendait des produits à destination de quelques branches artisanales : tailleurs mais aussi cordonniers, teinturiers, peintres et il était de surcroît apothicaire, d'où une clientèle d'au moins 6 chirurgiens de Sarrelouis, Bambiderstrof. et st-Avold qui étaientrégulièrement en comptechez lui732.

Le commereede Marie Kayser, veuve de Jean Michel schmit rnventairedu 15 mai 1775 viueur en È de Lorrame Actif Passif Lnmeubles -Nombreux acquêts o Meubles rmemaison . meublégpoêlg cuisine chambres,.uu",gr*i[ e"*i"GG- 1370 courants,effets (dont 1050f pour le contenud'rme grandearmoire de chêneferrée. arures de personnels toiles,draps...) -argenterie Total 851 2221 Stocks -3 porcs 30 alimentaires -7,5 quartesde pommesde terre t7 -un peude blé, lard, Total 370 Stock Dans la boutique: 6038 commercial -matériel de cordonnerie,poix, 46g allènes,ficelle,... -cordons, dentelles,rubanq galons, velours, soies,cols noirs, mitaines. Merccrie gants, bonnets,bas, mouchoirs,jarretières -IiËul: indienne,camelot, serge,calane, flanelle, chamois,Rouen, Suissg Cambrais,basin, cotoq mousseline -fil, lacets, boucles, boutons, dés à coudre, anneaux de rideaux, épingles,peignes, brosses, clous -nombreux couteaux, canifs, ciseaux, écritoires, étuig tabatières, pains à cacheter, -pipes de terre, terre à pipes, , bois des Isles, pierres à fusit, mèchesde soufre -38 douzainesde chapelets

-2 rameset 46 mainsde papier, 216 cahiersde papier à lettre -Ljyrçr : -73 Librairie. abécédaires -15 catéchismes

731 Sa soeur, Marie-Barbe Kayser, veuve d'un officier de hussards,Nicolas plessy vivait avec elle. C'est elle qui fit < aprèsla mort de sa soeur. C'était aussi elle l'apothicaire qui continuait la tadition paternelle.Les deux soeursétaient les filles d'un chirurgien (devenu ensuite amodiateur, munitionnaire et marchand), J.P. Kayser, qui avait créé < I'apothicairie >>.L,autre, Marie, poursuivait l'épicerie de son mari. 732 Ils avaient des lignes de crédit qui se gonflaient et se déflataient en fonction des nouvelles commandes, des paiements d'acomptes, règlements postérieurs. Toute activité commerciale se doublait d'une activité bancaire, de prêts sans intérêts aux clients, financés par les bénéfices du commerceet souventpar des empruntspréalables du marchand. -12 liv'resde prières( unterechtungebette) -i6 < baumgarten> -8 < merengarten> -3 < la clé du ciel> (enAll.) (les2l I -6 < tugendbuch>> livres -4 < verbereitungzum tod )) valent -8 livres de prières en All. de Strasbourg r43f) -7 épîtresde l'évang.en All. -94 -5 imit de J.C. (en All.) indéterm -l grand < Salmgârllein > -3 sacrécoeur de Jésus(en All.) -76 en - I < messeerklârung > All. -4 < parlemens> françaiset allemand -39 en - I 2 < sacrécoeur de Jésus> en Français Frç. -20 > -5 < ange conducteur)) -2 heuresnouvelles -6 petits livres de [cour] -Alurq souffre, blanc d'Espagne,craye, rouge de Nuremberg, noir d'Allem., couleur de fer, tripoly, ocre de Berry, rouge d'Angleterre, terre de Cologne, orpiman rouge, schmack,suda, collafarg sablebleu, noir de Cologne, noix de Galles,fleur de soufre, vert de montagne, (matérielde bleu de Prusse,bleu de montagng gomme de Naples, laque pourprg pernture) de Florence, de Venise, de paris, jaune du Ro5 vert de verry ou de teinture -nombreuses liwettes de métal, d'or firg d'or de paris, d'argent -52 douzainesde pinceaux -couperose, -Riz, poiwe, vermichel,moutarde de Dijon, cafe, millet, -sucreblanc, fin, candi,d'orge, -Têtes de clous, clous de girofle, canelle, gingembre, muscadeen fleur et en poudre, baie de laurier, safraq -amendes douces,sucré, en cocq, à la praline, raisins de Corinthe, dragés,limon conS ""ïX:,îiflff;,'"fiJ"

Pourenviron 465 spécialitésque nous avons regroupées par catégories: -BSu!gtU9C-d9_çgS de vinaigre, d'oeillet, de violenq berberirL pivoing diacodg mure, fumeterre,scolopendrq scapilaire,d'eresimium, antiscorbutique,des 5 racines,de coucou, ...canelle,coraille, rubarbe, Pharmacie : écorce du Pérou, de chicoré,de rosepale,... -ELtxU de propriété, histérique, de longue vie, vitriolé, carminatif de Védétius.. -Oximel miel rosa, blanc d'Inde, margueriteorientale, Diascordium ":Ë:iffiiyfHii" -Crème de tartre -Eau (mise de rabel vulnéraire,de lavande,simple, de seche,I'eau d'Anum en ordreet -EÉ!At! estrméepar le de Saturne,d'Hellebore, ... de chardon béni, de mars apériti{, médecin de centoré,d'aloès stipendiéet un chirurgienjuré) -Fleur de paiche,de benjoint - Tinture animée,des bois, de myrrhe... -Essence de safran,de bergamotte,d'absinthg d'Anis, de citron, orange,pimprenefte, stirax, thée, de paracelce,de girofle -Baume de Perou, de soufre anisé,de capagu,tranquille, verd de Metz, de commandeur,de Lameck, de Canada,d,Arseus. ... -Esp[t de sel dulciffié, de fourmy, de corne de cerf, de corne de cerf rectifié, de vitriol, de creusson.de nitre, antiébileptique,de cochlearia -Gouttesanodines de Sidenham,de cannelleblanche, liqueur anodine d'Hofiinan -Axsonge de vipère,d'ours, de btéro,de clien, de renard,de loup, de cerf, -Grg!! humain,de serpan,de paradis,d'Avlgnon -Hutle de cannelle,de muscade.d'origaq d'absinthà,de rut, de vitriole, de fenouil, de marjotaine,d'ani.s, de citron d.'anet[ de Sabine. de pétrole, sucseing,de sasafras,camomille, tartre, dipericum, de scorpion, de noisette,de verbascum,de corne de ce{ àe Catherine, genièvre,thérébentine, romarin, sapin, divin, ..-E_mplatre diaphane,de vigo simple, de vigo cum mercurio, diaphoretique,de muscilage,melilotte, diabolanum,dia chilon simpie, diachilon gommé, de kernus, histérique,de bétoine, de sigu, de sperme de grenouille -Sgl !g mars apéritif, arcanunL, de tartre, d'armoise, de santoré,de chardon, de trefle, de tamaris,de cloporte de saturne,de genet -Mercure, arsenic,orpiman rouge, curcum4 borax de Venise.veux d'écrevissepréparés, mine de plomb rouge, blanche,zinc, vitriol, mirobolan, coraline, cascarillg opium thebaicurn,sucre de lait, sarcocolle,alois hepatique,antimoine cru, polipode de chene,reglise en racine, coloquinte, cantarique,poiwe, ... noy vomique, bois de Brésil, ypecacuana,alun caleiné,ivoire caleiné,thé, smaragd,tartre de vin blanc, capilairede Canada,bofies d'Arménie. bruvère... -Pierre infernalg judaiqug divinq saffire,hyacinthe. ponse, -GArnlSg arabique, fine, commune, de mastique -PSldIgC_de corne de cerf, d'écaillesde mer, d'iris de Florence.de mars apériti{, de mars en mares, épileptique de marchionis, de vipère, calaminaire, -Se!s9!ç9 de pivoine froide, de pareilles de Macfioine,

-Cimmarouba, follicules de senné,kermes mineral, terre de cachoq ambre, castor d'Angleterre, cacao,bois chiche,basitic, fenouil de Florence, Cardamone,blanc de cerus, cristaux de tartre. -Sang de dragon brut, en larmes

dont 730 J rentréesdepuis la mort de I' -89 crédits-clientsà St-Avold -5 7 crédits-clientsextérieurs Factures commerciales : 1886 -2 marchands à St-Avold ( 1218 -2 marchandsà Nancy 267 -l à Francfort 147 -l Dettespassives à Sarrebruck 2s4 -Emprunts ) divers à St-Avold (4) t478 I à Boulay 69 -Frais funéraires l0l -Confréries, fabrique 210 1658

L'examende la clientèle(par les dettes( actives))) nous montre que tout le gratin de la sociétélocale fréquentaitcette épicerie.Le maire royal, le gouverneurde la ville, trois seigneursdes environs, six curésde villages,les pèresbénédictins, le directeur de la forge de Hombourg,une demi-douzained'officiers des arïnéesen garnison.De ce 359

fait' cette clientèle s'étendait jusqu'à Sarrelouis, Saneguemines,puttelange et Faulquernontmais sur un petit nornbrede clients (occasionnels?). qu'il en Quoi soit, I'examendes facturesimpayées et la sommede capitauxen jeux (11-910 f de Lorraine)confirme l'impression laisséepar le stock (de petitesquantités de beaucoup produits de et d'objets7" ) : c" commerceétait essentiellementun commerce de détail même s'il approvisionnaitdes < professionnels> tels que les cordonniers.C,était encore un commerce d'envergure très modeste. Ses fournisseurs (dettes < passives>) étaient géographiquement proches, la plus grosse facture, de loin, g7g f. était due à Delesse, marchand de St-Avold et inversement la participation de Marie Kayser aux grandesfoires (Bâle, Francfort...)semblait très limitée. Cela nous laissepenser que cette épicerie ne participait pas au commerce d'entrepôt sinon comme simple redistributrice de matériels et matières premièresenvers des artisansdont le calibre était lui aussi modeste. La clientèle de iVlarie Kayser

En nombre % En valeur % Part de la ville de St-Avold 89 6l Le 7't{ Comte de Ficquelmont (sounern"*) I 0.7 1450t 35 gamison Part des hussardsen 354r, 8.5 Part des campagnesDroches 46 31.5 Part des autres villes 9 6 Part des chirurgiens 6 4 294r, 7.1 Total t46 100 415sf 100

La modestie relative de cette échoppese retrouvait dans le niveau d'imposition des deux veuves Kayser cotiséescollectivement à 17,5 sous de pied-certainen 1775. A cette date, cinq marchandsétaient plus imposés,jusqu'à des 37 et 39 sousde pied-certain.

Par chance, nous pouvons évaluer deux d'entre eux et tout d'abord Jean Georges Knoepfler, < ancien capitaine au service de France> et marchand de fer. dont l' envergureétait su$rieure. Pourquoi?

733 Cefte irnpression est évidemmentrenforcée par la pharmacieoù beaucoupde produits n,étaient stockés qu'en quasi échantillons, c'est en ( onces>> et en < grains >>qu'ils zuent inventoriés, la valeur moyenne d'une potion du stock était d'une liwe, sauf quelquesproduits courants tels que le sirop de vinaigre et la rhubarbe. 734 Le sieur de Ficquelmont faisait partie d'une famille très connue de la noblesselorraine. nantie de terres et seigneuriesdans la région de Lunéville (Parroy...). Cependant,lui-même ne vivait d'après ses dires que de sa pension d'Etat (tnventaireréalisé en janvier 1776, à,la mort de sa ferntne,il possédait alorsune maisonde 2 ou 3000 f un jardin et pour 2650 f.de meubles,source : B 6391). i60 t3s Le commerceen fers de J. G. Knoepfler, août lTgl Valeur en f de Lomaine :

Dettes actives :

Les artisans-clientsde Knoepfler Maréchaux-ferrants tr (Bouluy) Ham .{ 10 kn o

'^ \'',^\ o BionvileO O ,z{ O Hombourg o ,/ O o o/ o o Faulluem O ,/ o/o 22lmt o

oo llimer Many o o o uin g cEl \ o 29 Am lo B oo o|. / o Lénin8 vttersbourg o f vit ln* I I Munrt", o

(Dieuze)

42 kn Blanche-Eglise

735 AD Moselle,inventaires, B 6393 ou 94 361

Celavenait du fait qu'il approvisionnartpresque exclusivement des artlsans, en matériauxbruts. Son stock était constituéde quantitésdiverses de fers et aciers de toutes qualités-On peut donc parler pour ce qui le concernede marchanden gros et c'était aussi le cas de l'épicier-quincailler-mercierJoseph Delesse que I'on retrouve souventdans les facturesde sescollègues de St-Avold qui étaientnettement moins imposés que lui736. C'étaient des grossistes qui redistribuaient, dans le cas de Knoepfler uniquement des fers, auprèsde particuliers (laboureurs,...) rnais surtout auprèsd'un grand nombre de maréchaux-ferrantset quelquescloutiers, dansune vastezone, surtout au Sud et à l'Ouest de SrAvold. Si la créancemoyenne sur les clients de Knoepflerétait de 105 f, ce qui était déjà beaucoup,les crédits aux maréchauxferrants s'élevaient fréquemment à 200 ou 400 f et jusqu'à 800 f,. D'où l'énorme capital immobilisé dansces crédits du marchand en grosà sesclients-artisans.

Knoepfler avait donc une chalandise assezétendue, plutôt plus étendue que celle des autres marchandsnaboriens. C'était plus une conséquencede sa spécialisation que de son envergureen capitaux.

En effet, un autre marchand,à la même époque,en l762,Nicolas Laueq avait un gabarit commercial nettementmoindre mais une chalandiseencore plus étendue,du fait de sa spécialisation.

Etait-ce un boutonnier (fabricant de boutons) qui s'était lancé dans le comlnerceoù un marchandspécialisé dans la mercerie,lebouton et sesaccessoires ? on ne sait. Cependant,son stock était à la fois de faible valeur et très spécialisé(tout en restant hétérogène).Les tissus qui étaient très chers n'avaient pas beaucoup de place dans sa boutique et expliquent dans une large mesurela modestiedes capitaux engagés. La présenced'un cabriolet, objet extrêmement rare à cette époque chez les particuliers, même chez les marchands,nous permet de penserqu'il distribuait lui-même ses produits chez ses clients. Ceux-ci, des boutonniers et des tailleurs pour quelques uns, parfois à St-Avold, étaient tout de même essentiellementdes marchandsdistribués à la fois dans les campagnesenvironnantes, où existaient donc déjà des petits épiciers et dans les villes desenvirons.

736 Knoepfleret Delesseétaient les deux marchandsles plus irnposésen 1775, à37 et39 sous,le suivantétait à 26 sous i6l

Le commercede NicolasLauer, marchand,décembre 1762731

Valeur en f. de Lorraine : Actif Passif Divers Un cabriolet et un cheval t20 Stock commercial : 4850 Epicerie, 266 f. de savon,beaucoup de mercerig-,un peu de papier, très peu de tissu. 27 douzainesde dans la boutique et une sabots, 160 f d'huile d'olive, des couteaux, réserve épingles,rubans, cordons, 6800 aiguilles, des_qUldl !ç iqulgnmgg beaucoupde boutons et garnituresde boutons,une douzainede petites trompettes,2 douzainesde casse-noisettes... Dettes actives -Crédits-clientsà 57 marchands 3126 -autres crédits-clients 939 Total 4065 -EacturçclÊleJraqseL -2 de St-Avold !+z L oe trce -4 de Metz 560 -l de Nancy 197 -1 de Neufchâteau 208 Dettespassives -l de Paris 443 -2 de Strasbourg 339 -l de Sarrelouis ll -l de Sarrebruck 235 -l de Mannheim 490 -l de Zurich 2t7 -1 de Bâle r28 -2 de Nuremberg 799 total: 5895J Lor. :çapitaux prêtésà St-Avold 3066f Lor. Total 9035 896r Bilan comntercictl -74

Aussi,sa chalandise était exceptionnellementétendue, son envergure moyenne était de l'ordre d'une quarantainede kilomètreset englobaitquelques marchands plus lointainsnotamment dans les villes desenvirons, surtout les petitescomme Bouquenom et (5 et 6 crédits)mais même de plus grandescomme Sarrelouis(2 crédits) ou Sarreguemines(1 crédit),pour ne pasparler du casprobablement plus singulierde St-Dié. Il s'agissaitcependant d'un commerçantassez modeste, son commerce n'était quede I'ordre de 10.000f, et de surcroîtle capitalétait intégralementemprunté.

737 AD Moselle, inventaireréalisé à la rnort de sa femme, B 6387. 363

Les marchands, clients de Nicolas Lauer

Sarrelouis.28 km o o Merten

Sarreguemines, 27 km L'Hôpital o o

Farschviller o St-Avold Longeville Holbach

Téring Puttelange Lemberg, Leyviller 58 Créhange km

oo O Rech Faulq OO o Schweix O o Bouquenom,38 km o Morhange o o Fénétrange,4l Cutting km

(Dieuze, 38 km) Chateau-Salins,45km

st-Dié,I 12km

Un autre exemple pour cette époque, celui d'un marchand-cirier, Sébastien Goutt qui perdit sa femme en 1754,nous montre une petite épicerie-mercerieadjointe à un atelier de fabrication de cires et chandelles et à la commercialisation de ces produits (inventaire,page suivante). Il s'agissait là d'un artisan qui élevait des abeilles, conditionnait la cire, tournait des cierges et vendait évidemment beaucoup aux fabriques des églises des environs. Aussi, dans ses < dettes actives > on retrouvait les échevins des églises de Creutzwald,Varsberg et . 364 738 SébastienGoutt, marchand-cirier,avril l7S3

Valeur en f de Lonaine : Actif Passif Immeubles Meubles courants,effets s50 personnels Bétailet stock -2 vacheset 2 porcs 95 alimentaire -l quarte deblé,% d'avoine. % de feves l5 -lard et jambons Total 187 Stock commercial : Petit stock de mercerie,épicerie : t23 Dansla boutique -Corps gras ; 539 -cire noire pour souliers -106 S de cire blanche -82 f. de cirejaune -4 f de miel -3 pots de beurre fondu -12 f. de saindour matériel : -Au!ilc- -6 ruches 1.10.0. -outils pour travailler la cire et table de travail 39 -outils du métier de tourneur J+ -stockde bois l0 Total 747 Dettes actives -De deuxparticuliers 13.9.0. -desechevins de trois éslises 109.17.0. Dettespassives -Marchand de Sarrelouis 176 -confrérie du St-Sacrement 150 -Delesse,marchand de St-Avotd 20 Total r607 346 Bilon + l26l

A voir sonbilan on constateque c'était essentiellement un artisanqui disposait d'un capital,modeste mais ( en toutepropriété >. Cependant,il est intéressantde constater quece cirier avait adjointune épicerie à sonactivité principale. Tentait-il une reconversion vers le commercepur ? on ne sait. Mais on voit bien que les petitscommerces de toutes taillespouvaient être très nombreux.

Aux antipodes,retrouvons notre deuxième cas de trèsgros marchand,à Saint- Avold, JosephDelesse, qui ayantperdu en août 1762safemme, Marie Richard.fit réaliser un inventairede soncommerce (voir pagesuivante). Cejeune marchand mobilisait toutes ses capacités financières au servicede sa fonctionprincipale. Ainsi, il n'avait ni charretteni cheval,le transportde sesmarchandises était entièrementsous-traité aux voituriers,il ne possédaitaucun train de culture,pas de terresensemencées.

7'rB AD Moselle.inventaires. B 6385. 365

Joseph Delesse, boutiquier et nragasin ier, aoîtt 1762

Valeur en f de Lorraine : Actif Passif Mcub lcs courants,cffets I tt43 persornels Stocks alimentaires -7 quartesde blé 70 -3 milliersde foin <^ Areenterie 533 Stock commercial : Dans le magasin : -Tissus(grosses quantités) l5.l7l -chapeaur 526 Dans la boutique : t0.477 -Matériel:Comptoir. 2 aunesde Pariset 3 aunesde SainçAvold tissus(dont 2[i30 aunes de toilede charnre et aussi425 aunesd'estamette- chez le teinturierà Metz), bas,bonnets, mouchoirs, boutons, rubans épicerig6 piècesde vin deBar et d'huiled'olire 82 <et pierresà faux Total 26.L74 Caisse l'essentielen écuset en Louis 2657 Dettesactives -15 prêtsdomestiques 985 -Crédits-clients: 21584 -148crédits-clients à St-Avold -21 à Hombourg -16 à Longeville -20 à Folschvilleret Valmont - 154dans 55 villeset villagessitués dans un rayond'une vngtaine de kn, danstoutes les directions

-57 Dettespassives factures à payer, venant de France, d'Allemagne et de 28.928 Suisse Total 53.900 28928 Bilan + 21.972

Pour les propriétésfoncières, on verrait plus tard73e.Cependant, il s'assurait contre ce risque majeure, la disette, et son doublement ou triplement du prix du blé (survenu en 1770, entre 1788 et 1790...) en possédantune petite réserve de blé. 7 quartes de blé cela représentait 572litres, de quoi nourrir une vingtaine de personnespendant un mois-.-A cette époque de l'année, c'était trop, autant dire qu'il pouvait s'agir là d'une petite spéculation,à toutes fins utiles.

La masse de capitaux mobilisés dans ce commerce (50.000 f,) autant que le bilanTa0 étaient impressionnants. Cependant, l'analyse des crédits et factures permet d'exclure qu'on ait eu affaire àun commercetl'entrepôt.

73e Ainsi, par la suite, il construisit à St-Avold deux maisons(à partir de 1768) et en 1791, lors de la confection du premier cadastre, on le retrouva rentier quoique toujours enregisfté en tant que marchand- mais proche de sa <>.Il possédait alors à Saint-Avold une maison de grande valeur et l0 parcellesdiverses, soit quelquesjours de tene. Et à I'extérieurde la ville ?...En 1797, sur la matrice des contributions de St-Avold, la veuve Joseph Delessepossedait encore quelques biensdans 5 villagesproches. 740 Les 23.000 f du bilan représentaientà peu près la valeur de deux petits châteaux comme I'actuellemairie de St-Avold, ancienchâteau du Comtede Héninq. 366

Saufsi I'on entendparlà un simplecommerce de gros.En efTet,si les factures ressemblaientà celles que I'on trouvait chezGaillot, à St-Dié741,exactement au même moment, à savoir un grand nombre de fournisseurssitués un peu partoutTa2,ici, rien n'indique un import-export franco-allemand.En effet, sauf quatre crédits-clientssitués à hue et à dia, à Sanebruck, Metz, Ligny et Kaiserslautern, autant dire des marchés accidentels,tout le reste (350 crédits), était situé dans un rayon d'une vingtaine de kilomètres,et pour 40% situéà St-Avold même.

La clientèle de JosephDelesse, d'après les crédits accordés

Nombre de o/o Montant o/o crédits f Lorr. Le regiment Suisse-Durbach I 6646 30,8% procureur Le de I'abbaye de Longevillg I I0t7 4,7 Le procureur de I'abbaye de St_Avold I 7s8 Le comte de Ficquelrnont 339 9 marchands (minimum) des environs 9 40r2 18.6 Dettes plus de de 50 f à St-Avold JJ 9 o/o Dettes de plus de 50 f dans les villases 18 5 o/o Dettes de moins de 50 f à St-Avold ll5 32 o/o O"!ql {ç moins de 50 f, dans les villaees 193 53 o/o Total 361 t00 21.584 r00

D'autre part la taille de Delesse lui assurait peut-être plus facilement la clientèle de collectivités tetles que les abbayesbénédictines ou les régiments de passage. On trouve souvent des crédits à des soldatsdans d'autres boutiquesmais ils portent sur des sommesnettement plus faibles quoique parfois significatives (notamment des fourriers de régiments). Ses clients étaient à la fois un très grand nombre de particuliers qui venaient s'approvisionnerà sa < boutique > (85 % des crédits) et un petit nombre de professionnels (des marchands) et de collectivités qui venaient s'approvisionnerà son < magasin>. Delessetenait donc comme on disait alors < un solide détail > en plus d'un commerce de gros qui approvisionnaitquasi exclusivementles autresmarchands naboriens ou proches. Le montant annuel de sesachats (voir page suivante) peut être évalué en ordre de grandeur au montant mornentanéde ses factures impayées qui représentaienten effet. étant donnés les usagesd'alors, une annéed'achats cumulés, soit environ 29.000 f de Lorraine, 22500 f de France.En 1762,Crampel, marchand mercier de Lunéville se lançait dansun commercehauturier sur desmontants annuels de 50.000f, qui s'accrurentjusqu,à 200.000 r' en l7707ai. Le plus gros mercier de St-Avold, qui travaillait à l,échelle

74t M.J. Laperche,op. cit. 142 Voir gagg -sui\'ance-. 743 D. Hainzelin,op. cit.,p 43 36'l ( cantonale) en quelque sorte, faisait donc un chiffre d'affaires qui était de lroitié rnoindre à I0 fois moindrepar rapportà celui desfameux marchands d'entrepôtlorrains. Les fournisseurs de JosephDeresse (en f de France)

St-Avold JosephDelesse

Provenancedes factures de Delesse(f de France) Typesde lieux Nombre de % Montant des % factures factures France a A' LI AL 8168 33.4 La place des foires de Lvon 4 1936 7.9 Allemagne t4 24.6 6736 27.5 La place des foires de Francfort 9 15.8 4394 t7.9 Suisse l3 22,8 5561 22.7 La place des foires de Bâle 4 7 I 170 4.8 Des provinces < à I'instar A de 7 I 159 4,7 yo l'étranqer effectif > Francophones 27 47\ 10.310 42 Germ4niques 24 42 10.197 42 Indéterminés 6 10.5 3965 l6 Total 57 100 24.472 r00 368 L'approvrsronnement de .losephDelesse était très diversifié, se partageant également entre régions fiancophones et gennaniques.Les grandes fbires de Lyon, Francfortet Bâle jouaient encoreun grand rôle (33 % desmontantsdes factures)mais il était loin d'être exclusif.

Certes,ici, il s'agissaitd'un grand marchandpour lequel I'approvisionnement direct (chezle fabriquant)ou lointain et notammentdans les foires I'emportait de loin sur l'approvisionnement prochequi lui, était prédominantchez les petitsdétaillants. Chaquemarchand avait son réseauqui pouvait à la fois ressembleret différer à celui de ses collègues' On y retrouvait fiéquemment les mêmes adresses mais les approvisionnementsrespectifs de France, d'Allernagne et de Suisse pouvaient être très différents de I'un à l'autre d'entre eux. Au hasard de certains inventaires, on peut constaterqu'à Elberfeld it y avait une industrie textile qui débitait de la siamoise et certains produits de mercerie, assez universellementconsommés dans la région. D'autres exemples,à l'échelle lorraine et à des niveaux divers de puissance des capitaux engagés,montrent cette pluralité des centres d'approvisionnements régionaux. La part de la France était sans doute devenue prépondérante'à la veille de la Révolution. En Lorraine allemande,cependant, dans le commerce juif comme dans le commerce chrétien, la part allemande de l'approvisionnementrestait élevée. Deux listes de fournisseurs,à St-Avotd et Château-Salins,en 17547u(f de France)

Laurent Dilis, marchand P.F.Gilles,marchand à à St-Avold Château-Salins A,pprouslonnement local 2909 JJ,J 0 (Sarrelouis,, Boulay, Hemerinq) Nancv 5047 57.9 29t9 I4.8 r.Lon 266 1.3 Total France 7956 9r.2 3185 I6,I Francfort 765 8,8 4742 24 Autres Allemands 295s 15 (Nureryberg, Iserlohq Elberfeld. Eisenach) Total Allema.gne 765 8,8 7697 39 Bâle 5323 27 Zunch 962 4.9 Total Suisse 0 0 6285 3t.9 Indéterminés 0 2558 l3 Total 8721 100 t9725 100

744 AD MM, 49 B 176, ces listes sonf constituées par les créanciersqui consentaientdes < à ces deux marchandsau bord de la faillite. En réalité, leurs positions étaienttrès dissemblables.L'atennoiement de Gilles lui laissait aprèsremboursement des dettes une quinzaine de milliers de livres- Par conh€ les créanciersdevaient accorder une réduction des deur tiers sur le molltantde sesdettes à Dilis pour lui laisserla possibilitéde rembourserdans un délaisde deux ans. 369

Cas d'approvisionnementslorrains, à la fin de I'Ancien Régime,l77}-l7&s

D V'aillant, J.Sauvaget, B. Grégoire, Eoinal- 1771 Dieuze-1777 Puttelanse.l785 % % % Approvision.loc. : Dieuze.Bououenom 869 Approv. loc. : Sarreguemines,Sarralbe, 4852 Metz 0 0 t54 1.4 I030 3.8 Nancy 3190 8,4 2878 25.5 9975 36,9 Strasboure 0 0 447 1200 4.4 Lvon 3150 8.3 586

Rouen 2780 I-) 2267 8.4 Sedan 2802 1^ r038 l^rr Lille 0 0 tz+l Amiens 4761 t2.5 Paris, Troyes, Laigle, Apremont, Reims, Sr 6609 17,4 Etienne, Villefranche, Toulouse,Besançon, Nogent le Rotrou, Châlons sur Saône,Héricourt, Thiers Total France 23.292 6t.4 7213 64 19.324 71.4 Rotterdanl Louvain 6186 ))q Sarrebruck 960 3.5 Francfort 0 0 0 0 0 0 Nuremberg, Mannheirn Solineen Iserlohn t046 Berlin 2052 Total Allemasne 3098 8.2 0 0 960 î5 Basle 3207 8.4 406 3.6 595 )7 Neuchâtel 0 t270 ZuriclL St-Gall. Mulhouse 7929 24.9 Total Suisse 1r.236 29.6 1676 t4.9 595 7) Indéterminé JJU 0.9 2381 2t,l Total 37.956 100 rr.270 100 27.065 100

Mais Nancy était devenue la plaque tournante de la redistribution régionale, plus que Metz. Même à St-Avold oir Metz conservait quelques positions dans le petit commerce,Nancy jouait un assezgrand rôle. Ainsi, à la mort de BarthélérnyGenevau fiuillet 1754) qui était à la tête d'un commerce modeste de 2000 f, il y avait pour 2300 f. de factures nancéienneset seulementpour 230 L de facturesfrancfortoisesT4s.

En tout état de cause,à St-Avold,le commerced'entrepôt ne se situait pas à la hauteur du plus grand commerce de la ville en terrnes de capitaux, mais il existait tout de même dansla discrétion,la spécialisationet une certainemodestie. Et, significativement, c'est dans les archives des faillites que l'on trouve notre cas naborien de commerce d'entrepôt. Là encore, il s'agit d'un commerce un peu polymorphe. En principe specialisé dans le commerce des faiences et terres cuites, il s'étendaiten réalité à la mercerie,mais pasdans toutes les directions.

74s AD Moselte,inventaires, B 6385. 370

.leanJacob fut vraisernblablernentune desvrctimes de la crisede 1770.disette qur eut des répercutionssur I'ensembledes échanges.

G 4 Le prix du blé sur le marchéde St-Avokl,lors de la crise de l77O (Prix rnoyensde la quartede St-Avolden f de Lorraine,en janvier et juillet de chaqueannée rnobilesur 10ans

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16€ 9ee ggR $aT6\Or !t-f--rrrÈ rrr rrr rrrrrr

Jusqu'en1767-68, le prix du blé était restétrès modéréet les échangesse poursuivaientcomme à l'accoutumée.Les marchandsaccumulajent des stockset des créances,accordaient du crédità leursclients. Car le prix du blé était faible et n'accaparaitpas le pouvoir d'achat des ménageset particulièrementde ceuxqui n'avaientpas de terreset de récoltesdomestiques. Dès 1769, des prodromesde la crise se faisaient sentir. Les autorités municipalessignalaient le manquede seigleet de blé de Turquie,du fait de < I'intempérie dessaisons > depuisdéjà 3 années7a6.< Dans un tempsoù la misèreoccasionne quantité de vols >>747,lachambre de policerestaurait la patrouillede quatrehommes armés par les contribuableset doublait le nombredes valetsde ville. Dans toutes les campagnesde Lorraineallemande, une vague d'émigration faisait partir plus ou moinsprécipitamment et clandestinementdes paysanspauvres vers le Banat de Temesvar,durant I'automne et I'hiver 1769-1770.Cela fit tomberle commerce,car ils laissaientdenière eux uneardoise de 15.000f,. De fait, une < épidémie> de faillitesTasentraîna quelques commerçants

746 AMSÀ déliberations,2l juillet 1770. 747 AMSA, délibérations,l0 novembrel769,puis 4 août. 748 Mais n'amplifions pas I'ampleur du problème. Pratiquementjamais, la Lorraine allemandene vit beaucoup de faillites commerciales(ni juives ni autres), celles-ci touchaient essentiellementla Lorrainerotnane ou se trouvaienttoutes les grandesvilles et I'essentieldu commerce. 371 notamment des juifs de Puttelange et Bouquenornqui pouvarentaccorder beaucoup de crédit leurs à clients car eux-mêmes en trouvaient auprès de leurs correligionnaires banquiers de Nancy, Metz et Strasbourgton.Cependant, ils se retrouvaient avec des

Nombre d'atermoiements accordés entre mars 1770 et {évrier 1773

74e Le cofiunercejuif se supe{posait juxtaposait ou se au commerce des cluétiens, aussi bien géographiquernentque fonctionnellement. D'une part, il n'y avait de Juifs que dans une série de lieux déterminéepar des textes de réglementationet par exempleil n'y en avaii pas à st-Avold mais dans quelques villages autour de la ville (Hellering, Pontpierre) et dans des villes comme PhaJsbourg, Bouquenorn,Sarreguemines, Boulay, Morhange, etc. Les rés!:aux de fournisseurs de (en f de France

D'autre part, les conxnerçantsjuifs, financés par le o également des fournisseurs souvent juifs, surtout quand ils cornmerçaient des produits importés (la mercerie de Séligman Hesse) et qui venaient alors plutôt d'Allernagne. Ils formaient en quelque sorte un réseau separé de I'autre réseau, celui du commerce chretien. (Mais c'est peut-être une illusion car de nombreux juifs étant marchands,ils avaient fatalemant beaucoup de fournisseurs parmi leurs corréligionnaires.) Mais, souvent ils revendaientvers I'extérieur oir ils redistribuaientau détail des productions locales (blé, bétail...). Alors, leurs fournisseurs étaient forcément ces producteurs locaux ou ces intermédiairesqu'étaient les fermiers. Exemple : le fermier du domainede puttelangepour un crédit de 8500 f à SéligmanHesse, ou encore les frères Cahen cle qui achetaienia", chevaux et fourrageset les revendaientjusqu'à St-Avold et environs, Sarrelouis,Hellimer, ou encore à l,armée françaisemais surtout à la cour de Sarrebruck). C'est peut-être au niveau supérieurque des formes d'intégration étaient les plus perceptibles, dès 1750. Un cas apparaît à St-Avold, en 1760-65. Gaspard de Blon, orthographié ailleurs De Blum, pourrait bien juif avoir été un converti. Ce capitainede Hussardau regimenfde Chamborand finançait l'activité de deux juifs de (Cerf Alexandre et Abraham Fribourg) pour des montants de 2916 f' de France, tandis qu'il participait par ailleurs avec des marchandslocaux à des sociétéspour des exploitationsde bois, des prisesde fermes.Au moment de la rnort de Nicolas Rousseau,contrôleur général des fennes à St-Avold, il faisait partie des amis présents,dans une -,t/ dizaines de rnilliers de livres de dettes véreusesou douteuseset finissaient par devoir demander un atermoiement à leurs créanciers eux-mêmes pour beaucoup .Iuifs des environs. A partirdu printernpslTT},la situation se tendit sur le marché local du blé. comme dansune bonnepartie de I'Europe.

Les échangesse contractèrentmassivement. Du 14 mai au 6 août 1770, aucune quarte de blé ne s'échangeasur le marchéde St-Avold. Le 2l iuillet, la chambrede police demandant une diminution d'impô1750(ce qui n'était pas une habitude) affinnaitque < les trois quarts et demi de la population sont réduits à la dernière misère >. Cela était sans doutevrai rnaismomentané et totalementdû à la disetteambiante. Graphique5 Prix du pain et prix du blé7sr en sous de Lorraine/p4 de 6 L et en f de Lonajne/, de St-Avold,max. mensuel

Pri.x du pain bis- blanc de pur froment, de 6 f,

rrlx oe ta quarte I litreslebréde8r i i_ r

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assemblée essentiellementconstituée d'avocats, de soldats-marchands,comme Knoepfler. De Blon partie du petit groupe de ceux que |on peut qualifier de banquiers, 1soH*it à st-Avold. janvier juillet C'est en et en que les collecteurs devaient convoyer à Dieuze la moitié de la subvention annuelle' C'est donc durant ces deux mois que I'on vivait douloureusement ce prélèvement récurrent. 1st AMSA Mercuriales (prix constatéssur le rnarché)et délibérations(prix fixés par la charnbre de police : (( taxe du pain >, ici le pain de 6 f de poids). 373 Le 30 juillet, la charrbrede police notait que clepuisl5 jours la disettese fàisait plus violente et permit aux boulangersde se pourvoir <<à n'importe quel prix > et n'importe où. Ils ramenèrent alors 40 quartesde ,à 14 f. 10. l,une (lS f 15 de Lorraine)' cela représentait o/o une augmentationde 80 par rapport au demier prix observé à St-Avold. L'intendant, de son côté, envoya 400 résaux de blé (568 quartes de SrAvold.), environ46 tonnes, en quatreconvois successifs de 100 résauxqui retournèrentla situation, après le 15 août' Les autorités voulurent croire que cela permettait de réduire te prix du pain notoirement mais il fallut déchanteret relever promptementles prix pour ne pas bloquer à nouveaules échanges. Car les secoursde I'intendant avaient relancé les ventes mais à un tanf de 25o plus cher qu'au printemps o/o et les prix grimpèrentencore de 40 de plus, jusqu,à atteindre 18 f la quarte, contre 10, en mai, La récolte de 1770ne suffit pas à améliorer nettement la situation. Aussi, les prix se maintinrent au niveau le plus élevé et grimpèrent encore jusqu'à 22 f.laquarte en mai 1771.C'estseulement lorsque la recolte de l77I rentradans les greniers et les granges, en août de cette annéeque la brusquedécrue des prix s,amorça. A la mi-septembre ils avaient atteint leur minimum, 8 f et demie. Mais les échanses commerciaux semblent avoir été < détraqués> pour plusieurs années: Graphique6 Evolutiondes taxes rocales, en indice(base 100 en r7027s2

150 ,_r[-L

r00 i i 50+ i

-dôS :1 \?\æô C r^€r æOa -N6 +h ÈÈÈÈÉiSfvsst+r^,^r^r^r; f EEËiÊ[ËËÊEËËEFEÊËÈÊËËIËÈËÊErËËÈEËEËÊ

7s2 Nous représentonsici la somme de la dizainede taxes sectoriellesperçues par l,Hôtel de ville. sur les ventes à St-Avold. C'est donc une résultante qui dewait être assez représentativede l'évolution deséchanges. 374

Dansun contexte de croissanceséculaire (assez lente) et alorsque les années 1760 avaient été une période de reprise, les années 1770 furent des annéesde résression commerciale, au moinsjusqu'en 1776,ce quemontre le graphiqueci-dessus. C'est dans ces conditions, alors que ( tout le monde sans distinction se retrancheet s'abstient de toute dépensepour avoir du pain, le marchand ne vend rien, l'artisan n'a point d'ouvrage et le manoeuwea toutes les peinesdu monde à se procurer du pain"' qu. Jean Jacob devenu incapable d'honorer ses factures, dut demander un atermoiement"tt à ses créanciers. Le marchandJoseph Delesse fut nommé comrnissaireà l'inventairede sesbiens et c'est ce documentqui nouspermet d'examiner son commerceà cette époque.

L'inventaire de Jean Jacob, marchand-failencier, décembre 17707.4

Valeur en f de Lorraine : Actif Passif -l maison 3100 3 jours de terre 200 Immeubles I jardin potager 325 I jardin à herbe 340 Total 3865 Meubles courants,effets personnels 2281 -l cheval Bérail -l vache I truie et 4 cochons 242 Stock commercial Tissus(45O I aunesde tissusde Berlin, Elberfetd, Dans la boutique : Saxe,pour plus de 1000 J), mercerie,rubans, 76tl doublure, crêpg cordon, soie,boutons. bonnets- bas, mouchoirs, 6 douzaineset demi de < créons>. I I douzaines de chapelets, < dais >>à coudre. aiguilles, 49 livres de prière, catéchismes...,épicerie assezimportante, ris de Caroline, 300 f de poiwe, 276 de café, I47 de piment, 450 de sucrescandy ou de mélisse,I 15 hottes de vin, une < Au grenier ; 846 Dansles dépôtsextérieurs : 526 pièces dont239 pieces< amusettesd'enfants >> 2310 pièces,fa.ience et terre à pipe -Trêves: -Francfort 500 : 2l0l Total 11.058 Caisse Dettes actives -beaucoup de petits crédits accordésà des 863 Naboriens et à des ruraux des environs. entre Hombourg et Faulquemont Dettespasslves -7 marchandsd' Allemagne 6144 -3 marchandsfrançais 5478 -l md local 201 Total 18.309 lt.824 Bilan + 6485

75-1 AMSA, délibérations, 22 octobre1770. ?5r AD ùfM. 49 B 196. 375

.lean .lacobécoulait principalernent clestissusallemands et de l'épicerie en Lorraine,tandis qu'il revendait de la falenceet de la terre de pipe lonaine de Moyen peut_ être et de Lunéville certainement,en Allemagne755.

on peut schématiserI'activité de JeanJacob de la manièresuivante

Tenants et aboutissantsdu commerce de Jean Jacob

Cologne 2925r. Doncemonts Mos. Berlin 380t rs35J

Dépôt de Trèves Trèves Depôt de 379 Faïences: 500 Francfort r. Sarrelouis { Sanebruck Faiênce: 2l0l 100t Francfort 82-5f

Boutiquede St-Avold mercerie:7611 faïencerie:846

Nancy ?57q f Faiencesde Moyen et Lunéville

On nepeut donc pas dire quele commerced'entrepôt n'existait pas à St-Avold maisil étaitprobablement une activité modeste de marchandsspécialisés et peunombreux dontnous ne pouvonssaisir que l'exemple de JeanJacob, dont on ne saitpas jusqu'à quel pointil étaitexemplaire ou isolé.

755 un des accords pour I'atermoiement vint de Moyen, signé de la société de marchandsqui fournissait Jacob à Nancy. D'autre part, on eut du mal à Francfort à évaluerles objets car ils étaient étrangersau pays, on souhaitaitqu'ils le soient en Lorraine, du fait de la proximitJ des fabricantset c'est le directeurde la faTencerie de Lunévillequi révisales estimationsfrancfortoises. (AD MM. 49 B 196) 376

En fin de cornpte,durant le XVIIIème siècleet notammententre 1720/30et 1770180,après la fin de la reconstructionet bien avant la Révolution, le cornmerce naborienétait modesteen valeur, assurantessentiellement la redistribution < cantonale> desproduits irnportés en quantité et surtouten variétécroissante, ou le drainagepar la ville desproductions rurales, à la mêmeéchelle. Mais c'était un commerce dont les formesétaient très variables, du grossisteau sirnple détaillant, envers le tout venant des consommateursou envers les artisans,du spécialiste polyvalent, au en passantpar quelquesrares exportateurs ou ré-exportateurs Et cette activité commerciale soutenueet multiple était le résultat de la distance (géographique et linguistique) qui séparait St-Avotd des grands centres du commercelorrain' Nancy ou Metz. Les petitesvilles périphériquesde la région n,étaient pas encore tout à fait entrées dans I'orbite du commerce de gros des grands centrss,ce qui laissait une place même modeste à des activités commerciales hauturières. fruits d' initiatives locales.

Le deuxième facteur favorable au commerce naborien était constitué par Ia présenced'un assezgrand nombre de résidentsriches, du fait de la présenceà St-Avold de fonctions de commandementrégionales, recette des finances, prévôté-gruerie,commis de la ferme générale,qui eux-mêmes attiraientla présencede rentierspour former une société locale de familles aisées. Cette clientèle résidentielleà hauts revenus était sans aucun doute un des facteursde la prospérité locale jusqu'en 1750 et son défaut dut être un des facteursde sa régressionpar la suite. Voyons maintenant comment nous apparaîtle commerce local à la veille de la Révolution,grâce à la multiplication desinventaires après décès à cette époque.

Dans I'ensemble, les inventairesmontrent à cette époque des bilans plus modestesencore qu'auparavant. D'autre part, on retrouvait la même interpénétrationentre les offices, les fermeset le commerce,lamême modestie relative de celui_ci. Ainsi, Maître François Nabor Goutt, < greffier secrétaire en chef de I'hôtel commun de StAvold > était aussimarchand de fer, quincaillier et fermier à l,occasion, comme le prouve son inventaireaprès décès qui datede mars l7ï77s6(voir page37g).

75(r AD Moselle.B 6394. 377

En 1784, F.N. Goutt (inventaire,page suivante)apparaissait sur les rôles d'imposition cotiséà 4,5 sous,nouvel entrant. Dès l'année suivante,il passaità 9 sous,en tant que marchand. Il devait être autour de 12-13 sous de pied-certain au moment de sa mort, en pleine activité, laissantune veuveet 3 enfantsmineurs. Dans la parentéprésente lors de I'inventaireil y avait 4 marchands. Pratiquement toute I'activité polymorphe de Goutt se déroulait à crédit : l'office avait été acheté grâce à un emprunt au receveur du Comte de Créhange, des marchandsfinançaient le stock de marchandisesdont une partie n'était toujours pas payée aux foumisseurs? de même que les < admodiations> des < dixmes> de puttelangeet le canon d'une ferme de Holbach ne l'étaient pas non plus. On retrouve ici l'importance fondamentale de l'entourage,de la parentèleélargie qui prêtait le capital d,exploitationTsT, tandis que les conditions habituelles du commerce, (paiement couramment à un an de l'achat) permettaient de rembourseraprès qu'on ait vendu, souventencore à crédit. Enfin, I'importance de son endettement s'explique par I'achat récent d'une demi maison- probablementune affaire de I ou 2.000 liwes.

Ce marchand, comme beaucoup d'artisans-marchands était en équilibre instable-Aussi, la veuve devait chercherà se remarier avant une faillite possible, à moins de continuer les activités de son mari, en revendantI'office. Ici, I'un dans l,autre, en réalisant la totalité des actifs, on aurait probablementcouvert tout juste le passif.

Ce marchand de fer dont le stock était très spécialisérestait cependantproche des spéculationscéréalières, les dix,mes,les fermes d'exploiiations ruraies qui pouvaient rapporter gtos, étant donné le caractèrealéatoire des récoltes et les fortes variations du cours du blé sur les marchés.C'est peut-êtreparce qu'il partait avec un capital propre très faible que ce marchand était tenté par ces spéculations aventureusesqui pouvaient lui rapporter rapidement une fortune. Ainsi, il avait obtenu des adjudicationsà puttelange et Holbach pour 1360 f. Elles furent évaluéesà 150 quartes.Or la valeur de ces blés varia considérablementselon la date de leur vente. Dans l'inventaire, on les évalua à 9 f 7 s. ce qui correspondait bien au cours du blé en mars 87, à St-Avold. Or, au rnoment de la récolte,le blé atteignit 11 f et monta lentementensuite à n f. en décembre,13 en janvier 88 et jusqu'à I 5 f, en mars-awil 1788.Ainsi, selonle momentde la vente,la veuve pouvait

7s7 Il y avait 4 marchands parmi les parents présents au moment de l'inventaire. D,une manière générale'tous les marchands naboriensétaient liés entre eux par les mariages,ils étaienttous oncles, cousins, cousins issus germain... de Mais quand un marchand s'enrichissait, ses enfants avaient tendanceà s'insérerdans des réseauxde niveau supérieurqui les délocalisaientvers Metz, paris ou les grandesvilles du Rhin allemand par e.xemple. 378

récupérerentre 1650et 2250 f.. Le bénéficesur cetteopératiçn s'établissait donc entre290 et 890 f, soit un taux de profit variantentre 2 t et 65 VoI

Le capital d'un quincaillier-marchandde fer, FrançoisNabor Goutt

Valeur en f de Lorraine . Actif Passif Immeubles - % maisoq à peineachetée , - I champ Offices -L'offrce de.qreffier de St-Avold 2.700 Meubles courants, effets personnels 4.318 Divers I 50 quartesde bté à Puttelanse t.395 Stock commercial Dans la cour -2575 f. de fers, gros fers, barres, fer de cloutier, petit fer, | 249 55 socsde chamres... _2 balances Dans la boutique -65 sciesen long, travers,de menuisier... 2 090 -19 bêcheset pellesde fer -l7l paquetsde limes -86 rabots -144 ciseauxde menuisiers -24 tarières -33 mèchesde vilebrequin -Outils de fer (9 ciseaur, l9 tenailles,32 marteaux, I I faux, 4 couteaux, 8 compas en fer) -divers (8 roulettes de lit, 18 cadenas,3 moulins à cafe) -26 fourneaux en fonte -3 .800 f, en marmites, chaudrons... -900 f de fer en poids,vieux fers... Total 3339 Caisse 619 Dettes actives -Petit et grandjournalier (clients) 2.280 -18 < promesses> d'anabaptistes,villageois...(15 à250 f\ 949 Total 3229 Dettes passives -Au receveurdu comte de Créhangeet son oncle 3.487 -forge de Geislautern 1.836 -autre fournisseur 1.583 -2 empruntscommerciaux 6.535 -3 autresemprunts 3.345 ttt -séminaireSt Simon de Metz (dî*er de puttel.) 1.360 Total 15.600 18.146 Bilan imnteubles- 2516 - 2546

Ces opérations étaient risquées car elles entraînaient beaucoup de complications pratiques. Mais elles rapportaient bien plus en pourcentage que les opérationsde commerceclassique qui étaienttout aussicompliquées techniquement. Autrement dit, le commerce naborien, parce qu'il était relativement

impécunieux, parce qu'il était géographiquementplus proche de la campagneque dansune gande ville, parce que le commercodes grains était le plus profitable des commercesavait

7sE Lors de sa création, le séminaire de Metz fut doté de biens prélevés entre autres sur la collégialede Hombourg-Haut,corrlme l'étaient probablement les dîmesde Puttelange. 379

largement intérêt à spéculersur les fennes plutôt que sur le commerce classique d'approvisionnementdu marchélocal.

D'ailleurs les marchandsqui lirnitaient plus ou moins leurs opérationsà cette épicerie-quincaillerietraditionnelle semblaient avoir plutôt moins d'envergurefinancière.

Cependant,si la routine de leur commerce était suffisamment régulière, si le paiement des facturess'effectuait assez régulièrement, même avecun retardd'un an, donc si leurs clients les payait aussi suffisammentrégulièrernent quoiqu'avec retard, lew crédit pouvait être renouveléune vie durant.

Alors, un marchandparti de presquerienTse pouvait devenir un petit rentier au bout de 40 ou 45 ans de travail.

Finalement I'office de greffier de StAvold fut revendu et racheté par un autre marchandde St-Avold, JosephSimonin qui était lui, un véritableépicier-généraliste. C'est ce que rnontre son inventaire aprèsdécès, réalisé en avril r7gg7ffi. L'inventaire du marchand JosephSimonin

Valeur en ! de Lorraine : Actif Passif lmmeubles -2 héritages,un aquêt(9 parcellesde terres et prés, q I de maison, soit environ 4 jours de terres et une maisonT6ren l79l) Meubles, effets Dersonnels 2.92s Bétail, réserve -l vache alimentaire - 160f de lard -500J de foin -8 quartesde pommesde terre -21 quartesde blé, I d'avoine.I de seisle 527 Stock commercial : Boutique, réserves,cave..

-Bois -507 planchesde sapin, 17 de chêne, 500 9 madriersde sapin,8 cordes de hêtre -12 tonneaux, l0 coftes et barils, l0 petits coffres, 59 I cendrier,34 sacsde toile -Papeterie -58,5 rameset 7,5 mainsde papiergris, blancou fin 162 ou de couleur,de posteordinaire, de postede Hollande,150 plumes, 40 écritoiresde bois cornmun,de buy, de corne, I I paquetsde boites de pain à cacheter -Liwes -10 évangiles,S livresde mission.12liwes de 5I prièresà Ia viergeen all., _5imitation de J.C. en all . 35 catéchismesall -156 abécédaires 3.18.0. 1se Ce < presque rien > n'était pas donné à tout le monde. Les artisans, pou la plupart, ne disposaient pas pour plus de 50 à 150 f de meubles et de matériel. Mais, ce qui était le plus important pour un commerçant,c'était son savoir faire acquisle plus souventdans le cadre familial, -là celui même qui fournissait aussile capital de départ de son activité. 760 Il laissait trois enfants mineurs et une veuve enceinted'un quatrième,Barbe André, issued'une autre famille de marchandset notairesnaboriens. 76t AMSA, matricede la contributionfoncière de lTgl.liasse 342. -5 f de porc d'Espagne -96 chapelets -Drogueliq -29 quincaillerie pairesde blossesde tisserands,l6 brosses diverses,29 brossesà balai,à blanchir,4g brossesà souliers. -15 peignesà cheveux -18 f de ficelle,33 f de cordon -16 brochesà manchon -132 pairesde boucles -132 couteauxde bois,68 de corne,36 canifs. -27.000 pointesde Paris,boites de clous,fer battu, poidsen cuivre, -4 grands miroirs et 64 petits -46 miroirs et 13 toilettes -96 tuyaux de pipe en bois, 36 rêtesde pipe, I millier de pipe en terre -mesuresen fer et en étaiq 6 crucheset j entonnoirs,2 balancesà plateaux -2 hottes d'huile à brûler -12,5 L de chandelle,10,5 f d'amidon,3,25 f de pomade en bâtoq 7,5 L de soufre. 4.75 f d,alun -77 f de savon -81 € de poudreà poudrer

-41 pairesde ciseaux -687 dés à coudre, nombreux boutons, -17.000 épingles,agrafes -7400 aiguilles anglaisesou ordinaires -71,25 L de fil de chanwg lin, étouppe,blanc, gris... -49 aunesde toiles de chanvreet d'étouppe -99 J de cotons divers -660 aunesde tissusdivers, coton, indiennes.toile d'Orange, -tapisseriesiamoise -274 aunesde tissusdivers, siamoise,coton.. -75 aunesde mousselinesdiverses -277 piècesde cordon de fil -137 piècesde passefinet de moiré fin -51 piècesde floret croisé -100 aunesde rubans de velours -70 piècesde rubans -10 aines de piecesde fil, fil de paris, fil de soie, poil de chèvre -2 f. de soie à coudre -159 paires de bas de femmes,d,enfants et d'hommes de laine et de coton -23 pairesde gants de femmes -5 pairesde gants d'hommes -20 bonnetsde laine -l 16 mouchoirs de soie, de Rou.eq et autres -84 cols noirs -120janetières de cuir

-l baril de 65 livresd'huile d'olive -3,5 hottes de vinaigre -20 pains de sucre, 52,25 f. de sucre candi et 7g f de sucrecommun -12,5 f. de dragés -4 f de bois de réelisse - I baril de noix d' -1.5I dethé --50f de cafe -8,5f de miller -l5l f de riz, riz de Caroline -32 f, de poivre, 3,25 L de piment, 14 oncesde noix de muscade,% de cane[[e,I carton de safran -33fde..delorrier -eau de vie (4 hottesd'Orléans, 2 du Comtois,2 commune) -l comptoir de chêne,deux balances,plusieursjeux de poids, éralonsde capacités(étaia fer), entonnoirs -couverts, montre, bouclesde souliers,tabatière

-30 crédits à des clients naboriens -16 crédits à des clients villaeeois

Dettes passives -3 dettesdomestiques diverses -2 emprunts -Marchandisesnon encore régleesà 17 foumisseurs Total 13.757

Non seulementil vendait un peu de tout, mais encore plutôt en petite quantité et son stock illustre bien la dénomination des marchandsnaboriens : (( marchand, mercier, quinqualier et épicier )). D'autre part, les fonds propres de son commerce étaient très faibles puisqu'au moment de sa mort, pour 10.305 f d'actifs commerciaux, il y avait 12'400 f de dettesprobablement commerciales. Ici encore le crédit était fondamentaldans l'activité commerciale. On peut dire que l'épicerie à cette époque était une banque, transformant du crédit international en crédit local. En effet, on peut opposer la poussière nombreuse des petits crédits accordéspar l'épicier à sesclients, en monnaie locale (livres de Lorraine) au petit nombre des gros crédits libellés en livres de France ou en monnares allemandes dont l'épicier bénéficiait lui-mêrne de la part de ses fournisseurs et d,e ses commanditaires.

On retrouve encore cette importance du crédit dans I'affaire d'Appoline Becker, veuve du marchandNicolas Colbus,qui avait poursuivi I'activité de son mari et qui laissait un stock assezconsidérable, au moment de sa mort, le 2l décembrel7g4 L'inventaire du commerced'Appoline Becker,décembr e l7g4

Valeur en f de Lorraine : -Contratde mariage(1754) -16aquêts successifs, de 1756à... -lot de parta.eede 1767 maison sur-meublée(poêle, cuisine, 2 chambres,grenier,

-2 vacheset un veau de lait -+ porcs gras stock alimentaire: -2 rnilliersde tbin -48 quartesde pornmesde terre -2 quartesde blé de Turquie -2 ruchesà miel Stock commercial (dans la boutique et dansquelques réserves)

Papeterie -6 rameset demi de divers papiers, 1,5 S de maroquin, 2l écritoiresen corne -52 liwets d'enfants -30 catéchismeset li autres -3 évangiles,80 chapelets -Une lOOainede piècesde tissusdilIërents conrenant 2242 aunes, dont 127 de droguet d'Angleterre, lg0 de sergesdiverses, 382 d'indiennes,224et plus de perses,65 de mousselines. des toiles de Paris,d'Orangg de Silesie,des Maroc, Dauphines,flanelles, moltons, coutil, Nankin, drap de Liège, drap du Nord, Amiens,étamines de Bertin, camelot, .r"pàr\ ratine, siamoisq Hollande, à rayuresbleues, rouges, vertes, tissus noirs, à carreaux,à petits bouquets...soieet poil de cnevre, -12 piècesde St Gall, 36 de fleuret croisé, rubans,passefin, -360 mouchoirsde perse,soie, Rouen... -163 bonnetsde laine et de coton 4l L de cotons divers -40 S de chanwe de Strasbourg -25 chapeaux(pour 25g f de valeur) -225 pairesde bas, hommeset femmes -3 I pairesde gants enfants,mitaines. . .. -690 boutonset une 50 ainede grosses -5 paquetsde cordes à violon -179 pairesde boucles Droguerie -dés et divers à coudre, canifs,ficelle, brosses,tuyaux de pipes, tabatièresen papiermâché, étuis, boites, cruches.35 f d'étain d'Angletene, 3 moulins à cafe,... 29 miroirs -96 f de savon, 12 f, de soufre, 4 f d'amidon, l0 S d'alun. 20 f, de craie, 8 S de chandelle -330 J de poix noire, jaune _66,5f. de poudre -50 f de sucre -60 I de riz _80f de millet -1,75 f. de poivrg 4 I de baie de laurier, Vzl, de cafe, j € de 3/q Gingembre, de L de clous de girotle, fleur de muscat, safran,canelle,. . -39 f d'huiled'olive -15,5 hottesd'eau de vie de marc -22 hottesde vin rouge -8 hottesd'huile -2 hottes de vinaigre,récipients, tonneaux, cuveaux -34 faux (pour 39 I) -l comptoir de chêne,deux balances,plusieursjeux de poids, étalonsde capacités(étain, fer), entonnoirs -montre,tabatières, boucles...

Relevéessur un livre-journal de 104 folio : -88 débiteursà St-Avold et -3 fourriersdu < Royal-picardie> -28 débiteursà Valmont -27 àLéLing - I 7 à Longeville,16 à Folschviiler -88 autresdébiteurs dans 25 autresvillaces

Dettespassives -9 petiresdettes à St-Avold 482 -3 fournisseursà Strasboure 350 -l à Metz 161 -l à Sarrebruck 143 -l à Ste Marie aux Mines 4t7 -l à Bar le Duc 530 -l à Nuremberg 64 -1 à Mulhouse 380 -1 à Berne 62 -1 à Kaiserslautern I 849 -3 à Bâle 575 -3 à Francfort 2697 - l 0 fournisseursindéterminés 4215 36 fournisseurs (f, de Lorraine 15.403

immeuble.s+ 9245,f + 9245

Ici, on a affaireà une détaillanteconséquente, dont le commercedépassait les 20'000 f. Cependant,on peut voir que l'endettementétait toujoursconsidérable. On peut comparerl'état de l'épicerie à deux ansd'intervalle entre octobre 1782,mort du mari et décembre1784,mort de safemme :

En deux ans, l'épicerie,avait doublé ses créditsaux clients, donc vendu beaucoup ce qui avait entraînéde forts réapprovisionnementsqui n'étaient pas encore réglés-L'épicerie avait doncbien maintenuet mêmelégèrement accru son stock,mais elle avaitquatre fois plus de dettesà régler.

Les capitauximmobilisés dans I'affaire s'étaientaccrus sérieusement(de + 6500 f) maisau prix d'un endettementencore plus accru (+12.000 f). D'où la dégradation du bilan.

La mêmeépicerie, à la mort de Nicorascolbus, octobrer7g2

Valeur en f, de Lorraine : Actif Passif lmmeubles -Unemétatie de l0 pùes de quartes Meubles personnels courants,effets 1807 Al'écurie: 483 Stockcommercial : u.005 Dansla cave Vin, eauxde vie .. 797 Dansla boutique Tissus, mercerie,librairie r0.208 Caisse 600 Dettes actives -94 créancesà St-Avold 4490 -190 créancesdans 30 villases Dettespassives -25 fadures(15 indéterminées,I de Metz. t G 3390 Kaiserslautem,3 de Nuremberg,2de Nancy,I de Bâle,I de Strasbourg,I de Sarrebruck) Total 18.385 3390 IJilan + tt.995 384

Quelleétait la clientèlede cesépiciers naboriens, à la veille de la Révolution. avait-elleévolué par rapportaux décenniesprécédentes ?

On peut comparerla chalandisede FrançoisMathieu (1727, page suivante)à celle de Simonin et Becker(1797).

Le rayonnement géographique des détaillants naboriens en l7g7 ît autravers des crédits-clients de Sirnonin(en et Becker

25 k:nt

I0 krn 3Boucheporn 2L'Hôpital O lZimming O 2Hombourg o T O lGuenviller St-Avold O SLongeville 91 I puttelange'- ----o lMacheren vn 2laudrefang ( 6 4+tEbersviller o 20 knt \ 28+lValmont l-l s+zt-achbreHolb \ l6+l Folschvil", D \ o ,^,r,,", o \ O 4Biding TPontpierre ll zsietting -n\ I sMaxstadt 4Ebers. r-.r IFaulquemontO O \ 4laning l' o I \ 2Fremestroff tzknt 6+rlixing g lBoustrof | \ O 8Freybouse I Villers 14 kn

La chalandisedes marchandsnaboriens était limitée vers le Nord par I'importancede Sarrelouis,vers I'Est parle développementrécent de Saneguemineset de Forbach,vers le Sud,il est possibleque le rayonnementnaborien ait reculéd'une dizaine de kilomètresdu fait du renforcementde Dieuze,arr cours du XVIIIèmesiècle, à voir la différencenotable qui séparela chalandisede Mathieu(1727)et celle de Becker-Simonin (r787). 385

La chalandise de Francois Mathieu en 1727

Carlinget L'Hôpital

2 Porcelette

4 Hornbourg

o 9 St-Avold Longeville

Valmont II km

O

Morhange

Il restaità Mathieu,lors de son décès,9 créditsà St-Avoldcontre 18 à la campagne.C'est la mêmeproportion que l'on retrouvedans I'inventaire de Colbus,60 ans plustard '.94 et 190crédits non remboursés. Commentavait évoluél'approvisionnement des marchands locaux ? I'examen des< dettespassives > desinventaires après décès nous donne quelques renseignements et nouspermet de dessinerla carteschématique suivante : 386

Localisationdes fournisseurs de deux épiciers naboriens (17s4-l7ss)

2697 r.

Kaiserslautern,I

SIMONIN l4 fournisseursde la ville 1892 I BECKER

Barle Duc, 1

I0fournisseurs non Iocqlisés de Becker, pour 4215 L de créances, vraisemblablement Ste Marie aux Mines. I gerTncmrques.

I y avait waisemblablement parmi ces fournisseurs des industriels (Valenciennes,Mulhouse, St-Marie aux Mines) et des marchandsen gros et I'on peut voir l'importance des places de foires réputées,ici Bâle et surtout Francfort, destination qui revenait le plus souvent lorsque les marchandss'exprimaient, de rnême que Strasbourg, avant Metz et Nancy762.Cologne était aussimentionnée. Jusqu'à la Révolution et même juqu'en 1813-1815,la présencedes marchandsnaboriens aux foires de Francfort ou de Strasbourgsemble avoir été fréquente.

Une anecdoterévèle aussi des relations avec Lyon, autre grande place de foire. Mais il est vrai qu'elle concerneun Delesse,descendant qui avait repris la tradition et

162 Ainsi, Christophe André, en juin 1760, demandaitun permis de port d'anne pour aller 4 fois par an à Francfort et à Strasbourg 387 peut-êtrele carnet d'adresse de JosephDelesse, lui-même en relation avec Lyon dès les années1760.

Le 23 germinal An Il ( 12 avril l7g4), aprèsla reprisede cette ville insurgéepar I'armée de la Révolution, Lyon fut soumiseà des représailles.on décrétanotamment que les créancesdes citoyens de Lyon étaient abolies par le gouvernementde salut public. Un marchand de St-Avold, Delessefit alors la déclaration au greffe municipal des deux dettes qu'il devait à des marchands lyonnais, dont le montant cumulé était de 1263 f.. Le commerce naborien s'approvisionnait donc à Lyon rnais dans une moindre mesure que dans les places germaniques dont on peut voir la prepondérancesur le schémade la page précédente-Car si Delesse déclara cette dette, personned'autre ne le fit, ce qui permet de penserque peu de marchandsnaboriens étaient en relation avecLyon'6i . De toutes manières bien que quelques marchands se retrouvent dans les facturesde plusieurs épiciersnaboriens, le réseaudes fournisseursétait assezdistinct d,un cofilmerce à I'autre. Simonin avait plus de foumisseurs français qu'allemands, Becker beaucoupplus de fournisseurs allemandset les petits commerce (Anne Arnoul) avaient des fournisseursplus régionaux et moins un approvisionnementdirect en foires ou auprèsdes industriels. cela ne changeaiten rien par rapport aux années1750.

Provenance des factures de simonin et Becker (f de France) Typesde lieux Nornbre de % Montant des % factures factures France t4 37.8 4858 31,r La place des foires de Lvon 0 0 0 0 Allemagne 7 20 54s4 35 La place des foires de Francfort 8.1 2697 17.3 Suisse 6 16,2 1078 6.9 La place des foires de Bâle 4 10.8 636 4.1 ues provmces < Francophones 7 20 3526 22.6 Germaniques 20 54 7864 50.4 Indéterminés 10 42t5 Total JI 100 r5.605 100

D'autre part, on enlevaitle vin à Bar le Duc comme on peut le voir ici et Saint_ Avold était même devenu un petit centre de commerce d'entrepôt pour le vin de Bar à

76-1 Il s'agit d'ailleursdu plus gros marchandde St-Avold, à ceueépoque 388 destinationde I'Allemagne. On le sait par une délibérationmunicipale du l5 germrnal,An XIII764.Mais c'était un commerceanrlmé par desBarisiens et non par desNaboriens. Les aubergistesallaient jusqu'à Châlon sur Marne jusqu'à Epemay, jusqu'à Mâcon aussipour chercherleurs approvisionnements.C'est du moins ce que I'on constate d' aprèsles passeportsrévolutionnaires. Dans I'ensembleles fournisseursavaient peu changéentre 1750 et 17g9.Ici nous avons les fournisseursde deux détaillants (Simonin et Becker) qui ne sont pas directement comparablesà ceux d'un grossistecomme JosephDelesse. La diversité des approvisionnements était évidemment moindre et les horizons géographiques des détaillants, rétrécis. Cependant,il faut constaterque c'est surtout du côté de la France gue la concentration des fournitures était réaliséeentre les mains des grossistes.Même un Simonin dont I'approvisionnementprovenait pour une large part de la francophonie locale (Metz-Nancy) ne semblait pas en relation avec les foires de Lyon, les industriels nonnands.'. Par contre, il avait des fournisseurs à Sarrebruck, à Bâle. Le commerce naborien était donc encore en 1789 plus directement en contact avec le commerce et la manufacture germaniques(Allemagne, Suisse,Alsace) et utilisait des grossistesnaboriens ou messinset nancéienspour leurs fournitures françaises. jamais ll n'y avait eu beaucoupde grands marchands à St-Avold mais à la veille de la Révolution,il ne semblaitplus y en avoir du tout.

Le commerce d'appoint d'une rnère de famille nous offre un autre cas d'intégration des offtces et du commerce et renforce notre impression de modestie (voir page suivante).

Anne Amoul était de Metz comme probablement son mari. Son frère y était établi comme médecin et c'est à Metz que cette commerçante s'étaii procurée ses plus gros capitaux, dans la famille et l'entourage, c'est à Metz et Nancy qu'elle trouvait la plupart de sesfournisseurs quand ce n'étaient pas les marchandsde St-Avold. Cela classait sa boutique dans la catégorie la plus modestedes détaillants, le volume de son stock était de très peu de valeur même par rapport à sesconcurrents locaux.

7(A Les rnarchands de Bar-sur Ornain auraienteu I'habitude d'encaver leurs vins en dépôt. à Saint- Avold. 389 petit Le commercede Anne ArnoulT6s,femme du huissier-audiencierp. Groux

Valeur en f de Lonaine : Actif Passif lmmeubles -2 acquêtsdont I maison,contrat de mariage, ,> brevet de marchand Meubles courants,effets Le poêle,la cuisine,5 chambres,la cave,le grenier. t027 Dersonnels l'écurie Diversstocks -3 porcs 60 domestiques -2 quartesde blé 23.100. -l bichetde seigle -14 potsd'eau de vie 20 -2 quartesde pommesde terre -1.25hotte de vin ll -l 0 aunesde toile de chanvre Total -l 6 aunesde toile d'etoupe 140 -Fil, Stock commercial ruban,jarretières, soie à coudre,poil de 443 (dansla boutique) chèwe, bonnets,cordon, coton, Mercerie : -500 aiguilles à coudre,boutons, lacets,ciseaux, couteaux,brosses Papeterie: -5 livres de prièresen all., papier, écritoires -6 poelesà frire, 17 pelles en fer Quincaillerie. -6 fourches et 5 crochetsà fumier, -4 hoyaux -12 scieset 4 paquetsde limes 4 tranchoirs et 6 pierresà aiguiser -6 pincesà feu et 4 mortiers en fer -l f, d'amadoux Dettes actives -duespar divers clients : 174.9.0 -par un tailleur d'habits de Falk JZ -une personnede Freyning, le Comte de 39 Total Ficquelmont 245 -Factures Dettes passives de 5 marchandsde St-Avold: 203 -2 fournisseursde Nancy 517 -5 foumisseursde Metz 362 -3 fournisseurs(Sarebruck, Dilling, un roulant) 217 -3 grosemprunts à Metz 7750 -6 empruntsou créditsà St-Avold(Hôtel-Dieu, 3 1704 Total pontoierre particuliers) et à 10.753 Total I855 10.753 Bilqn immeuble,s- 8898 - 8898

Mais le monde du commerce était très divers. Si certainsétaient riches et leur réputation en faisaientles plus gros contribuablesde la ville, quelquesuns l'étaient moins. La modestie était même assezfréquente parmi les épiciers.

D'autre part, le commerce touchait en permanence à I'artisanat, chaque fabricant vendait ses propres productions, sur foires et marchés, à domicile ou par colportage. Sousla Révolution particulièrement,les agentsmunicipaux de St-Avold virent apparaîtresur les marchés de la ville ( une nouvelle espècede colporteurs>>, qui n'étaient pas munis de patentes,habitants des campagnesmais aussi de la ville qui vendaient des

765 Inventaire du 23 septernbre 1789, réalisé quelquesjours après la mort de Anne Arnoul qui laissait 5 enfants mineurq son mari était nommé tuteur des enfants,son frère A. Arnoul, médecin à Metz était nomrnécurateur. 390 produits de la terre < et de leur industtie>r1"''-.La déréglementationconsécutive à la Révolution avait pennis ce pullulementdu petit commercedont les cloutiers de la région nous donnentun exempl"'o'. Mais ce colportageexistait déjà au XVIIIème siècleet avait déjà donné lieu aux plaintes des rnaîtresurbains contre les artisansruraux768, dans les années1770-80.

Et sans doute bien avant colnlne nous le fait voir cette réclamation de la femme d'un certain Jagerqui était en Bohème,en 172676eet laissait son épo,se dansla misère. Celle-ci voulait donc fabriquer pour les vendre des savons, des liqueurs, de I'amidon et les marchands la menaçaientde < subvention)) ... < à la rnoindreentreprise >. Elle demandaet obtint la < protection> des officiers, à condition que son commercereste modeste.

Le commerce pouvait donc aussi être une forme d'activité de repli, de survie, pour des individus très pauwes, à la limite de la mendicité,du recel de la contrebandeet du trafic illicite- Aussi' pour se prémunir contre ces réseaux souterrains potentiels, qui auraient notamment donné un exutoire aux larcins éventuels des enfants ou des domestiques (c'est que ce I'on craignait), I'autorité municipale soumettait ces < revendeurs,...personnes sanscaractère77O ) au serïnent,leur imposaitde tenir registrede leurs opérations,voire interdisait leur activité avec plus ou moins de succès,comme on I peut l'entrevoir anecdotiquementTT.

766 AMSA délibérations,19 pluvioseAn 13. 767 Cf. annexeIII. 768 AD MM. E 333. 76e Ai\fSA, délibérafions.6 octobre 1726. 770 ce qui dans le tangage du temps signifiait : personnenon reconnuepar l'appareil du pouvoir, n-onaccréditée, AMSA, délibérationsdu 24 août 1771, pétronille 77t exemplede Schmich. Après I'incendie de 1772, Arure Marie Nassoy, frlle delean piene Nassoy, accuséede vol par. les habitants de la rue du Lauterberg les avait menacéde les arnener< à un état plus pitoyable que les habitantsde la rue des religieuses >>.Autant dire qu'elle menaçait de mettre le feu à la vilte. 10 témoins vinrent I'accuser de voler des plats d'étain, de cuivre, des pommes de terre, chemrses,bas de laine qu'elle revendait ensuite.Elle fut emprisonnéepuis menée < de brigad.een brigade )), par la maréchausséedans <, dès le 18 août 1772.Du fait de l,incendie,il avait fallu donner des gages à l'opinion pubtique. Aussi, t'affaire avait été rondementmenée, I'incendie avait eu lieu le 25 juillet, la procédure contre A.M. Nassoy avait été engagéele 29, I'enfennement de I'inculpée avait été acceptépar les autoritéset exécutédans la vingtaine de jours suivants.Cette affaire était aussiun moyen pour les nouveauxéchevins de ville de scellerune allianceavec le rnenu peupleet doncconhe les notables. (ll y avaità l'époque un conflit entreles nouveauxoffrciers de la charnbrede policeet les anciens,plus riésaux notabreslocaux.) 391 on était ici aux limites du < secteurinfonner >, pour parler en tenÎles modernes.Cependant, la diversitéd'échelle des commerces se révélait rnême à I'intérieur de la confrérieofficielle des merciers :

Le < pied-certain >rfiscal des merciers et marchands mbre de marchandspar tranchede ain J 4 5 6 7 9-tI t2-15 I6-17 r8-21 26 36-37 40-s t724 l total I 2 2 ? 2 t0 17s5 I I 4 2 J 6 I 2 1784 25 2 I 2 3 4 4 I I t

Les plus faiblement irnposésrgoignaient les artisans,non pas les artisans les plus modestes(l à 2 sous pied-certain) de mais pas loin, tandis que les plus pauvresdes marchands étaient comme on vient de le voiç situésen-dessous du seuil d'imposition. A I'autre bout de l'échelle on trouvait le groupedes Naboriens les plus riches, ils en formaient même la totalité si I'on y ajoute ces autres commerçants que nous traiterons un peu plus loin : les bouchers,boulangers et aubergistes,les rentiers enfin qui étaient des marchands de grains. La corporation des marchands,cofllme les autres, vit en son sein un certain écrasementde l'éventail de sesniveaux d'impositions. G'7 Evolution séculaire du pied-certain des 4 marchands les plus imposéset de I'impôt moyen desdeux marchands res plus impôsés (Echelle de gauche,pieds-certains en sousde Lorraine ; éctrellede droite, impôts en livres de Lorraine.)

soT r 180 4s+i \-- -!- 7À' r 160 / l I --:\\f, 40f ^=J=., \. - + I40 I //q-À: --'\ -- r- ,'T / \ --.- I /'\ 1 120 ,OI e-A.= -i-l- /\ Moyroe d* p. cdt. des dqx plus -==--l 'o--.- r 100 2sl /' --\a .------a.\, \Ioy. des p.c. d* I ..../' 'L 80 deux survmts roï l- Subtotion moy. des dox plus mposes rsT ,60

j 'uI -, 40 I

'i i20 i 0+------i-

1724 1734 1765

Cela se comprend lorsqu'on observel'évolution de I'impôt, dans le même temps. Jusqu'à la fin de la guerre de Sept Ans, l'impôt augmentaet parfois même très 392 rapidement. Aussi, pour faire mieux acceptercette évolution les asseyeurspréférèrent-ils dirninuerprogressivement les niveauxd'irnposition des plus groscontribuables, tandis que la masse croissantedes petits contribuablespermettait de faire disparaître l'augmentation dans le grand nombre de leurs petites cotes. Mais après la guerre de Sept Ans, la pression fiscale générale diminua et cependantles pieds-certainsdes plus grossescotes continuèrent à diminuer, de sorte que les plus riches des naboriens frrent de moins en moins irnposés par rapport aux (( classesmoyennes >. Mais il s'agit là d'une évolution classique et probablement sans soubassementréel autre que la persistante plainte des riches qui finissaitpar intimider les asseyeurs.

Cette évolution de I'imposition n'est pas suffisante ni assez cohérente pour nous faire admettre un appauvrissementdes riches, à St-Avold, durant le XWIIème siècle. Cependanq les inventaires de la période pré-révolutionnaire ne révèlent plus de commercesimportants. Aussi, l'écrasement de la hiérarchie fiscale térnoigne-t-il peut-être d'une certaine banalisation de l'économie de St-Avold, se restreignant déjà à une chalandise réduite et résistant à l'évolution générale vers une concentration des activités commerciales et artisanales.S'il y a eu un certain enrichissementcollectif, localement, les rnarchands et artisans étaient trop nombreux pour en profiter et leur activité est restée de portéelocale.

Voyons maintenant l'évolution du commerce alimentaire qui appartenait à d'autres confréries que celle des merciers, partageait fréquemmentles plus hautes cotes fiscales avec ces merciers mais pratiquaient aussi parfois un art qui les rapprochaient des artisans. 393

b) lllarché localet commercealimentaire

Si I'on comparel'évolution des emplois du commercealimentaire à celle des emplois du commerce non alimentaire, on constate une différence très nette de dynamisme.

Celui-ci, moins entravé par des réglementationset plus innovant eut tendanceà susciterplus d'emplois nouveauxque la moyenneurbaine et mêrne bien plus, surtoutau XIXème siècle, tandis que le commercealimentaire évolua moins vite que I'emploi urbain, autrementdit, perdit de la vitesse,cabarets inclus, ce qui n'est paspeu dire. Grap' 8 Evolution des emplois du commercealimentaire par rapport aux autres commerces en indice,base 100 en 1785

-; -{L 60 Bdt[icr desfuxqr irdice

-=G- desqdcis 5m drqmærcealirmilaire \,, / -- <)-- m duonrrrcerrcn alinnrtaire -- {- drcarrrrrce r :ætI l

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Plus que les autres, les commercesalimentaires semblent avoir été tributaires de la population locale. Ils ne semblentpas s'être étendusà I'extérieur, sauf exceptions que nous envisagerons.Il étaient aussi tributaires de la garnison dont I'importance ne dépendait pas de la ville et qui diminua au XIXème siècle,tributaires aussi de la valeur d'étape de la ville, qui s'affaiblit au XIXème siècle. Ils étaient enfin tributaires d,une économie rurale dont les changementsétaient lents.

Boucheries,boulangeries, auberges et cabaretstenaient la première place et de loin dans les préoccupationsdes autoritéslocales et dans la vie quotidiennelocale, aussi 394 bien par leur impact sur le niveaude vie généralque par les troublesà l'ordre public qu,ils pouvaientgénérer.

ll nous faut donc envisagerdeux aspectsdes choses,tout d'abord I'importance individuelle et collective des boutiquesdu commerce alimentaire et ensuite l,évolution globale du marché local, de sesprix, de sa réglementation.

l'on compare Que les niveaux d'imposition ou les fortunes respectives,les deux types de commerces s'apparentaient. Ils se rejoignaient par le haut tandis que quelques compagnons ou commis descendaientun peu plus bas chez les boulangers et bouchersque chez les marchands.

Pied-certain des boula rs t-2 J + 5 a 6 8-9 t0-t2 l3-16 17-20 + total 1724 I I t 2 2 I I 9 1755 2 I I 2 I 4 2 I4 a 1784 2 2 L I I 2 I 11

Ca tavernierset au 2 J 4 5 6 8-9 r0-12 l3-16 t7-20 + 1724 total I I I 2 I 2 8 17s5 I I I 3 2 2 il 1784 J J J 2 2 I 4 1 2l Bouchers I 2 J 4 5 6 7-8 9-10 lI-12 13-14 t5-l6 T 1724 total I J z I 7 1755 2 2 I 5 I I 4 t7 1784 I z1 2 2 2 I I I l2

Du fait de leurs activités, les boulangers,bouchers et aubergisteset l,on pourrait y ajouter les meuniersétaient plus près de la terre que les marchandsqui n'investissaient dansle foncierque vieillissant en retournanten quelquesorte leur fortune. Pour les boulangersposséder de la terrepermettait de vendrede la farine ou du blé, voire de spéculer sur un produitdont on a w qu'il était stratégique,pour les bouchers,posséder des troupeauxet par conséquentdes prés pour les nourrir, c'était contrôler ses approvisionnements, éventuellementélargir le rayonde sesventes en essayantd'exporter du bétail sur pied, pour I'aubergisteenfrn, posséderson auberge,une maison de 10 pièces"' c'était déjà une belle sécurité,posséder des terresc'était nourrir voyageurset chevaux< du sien>, voire fairefabriquer sa lingerie à partir de sespropres productions. 395

Nicolas Weissedont nous présentonsI'inventaire après décès n'était imposé qu'à 18 sousde pied-certainen 1724,tandis que son confière ChristrnanKnoepfler était lui, imposéà 39 sousà la même date.

La successionde Nicolas weisse, <, janvier 1732

Valeur en f, de Lorraine : Actif Passif Immeubles -l auberge(une douzainede lits), 1I pièces ,| . -8 acquêts,9ascencements -2 jardins, 3,5jours de terre, 3 fauchéesde prés -2 poêles 139 -1 chambre 30 -vêtementset linge(130 aunesde toiles...) 850 Meubles, effets -Vaisselleet miroirs 421 personnelscontenus dans -chambrerouge 400 1'auberee -chambrebleue 250 -chambrejaurre 150 -chambre verte 100 -couloiE 3èmeétage, petite chambre 122 -chambrede servante 30 Total 2492 Bétail, stock alimentaire -2 vacheset 2 cochons 82 -34 hottes de vin 207 Total 289 Stock commercial -Quincaillerie t20 Dans la boutique Argenterie IJ Dettes actives (Plus ou moins irrecouvrables) 400 passives Dettes 900 Total 2974+ 400 900 Bilan intmeubles+ 2074 : enttit'ort1000 [ -- + 2074

Rien que les meublesutiles à uneauberge (literie, draperie,matériel de cuisine et de blanchisserie,quelques réservesde vin) pouvaientreprésenter 1380 f deLonaineTTz, soit à peuprès la valeurimmobilière de I'auberge.Dans le casprécédent, l'établissement offrait à sesclients une gammede chambresTT3dont le standingvariait de I à 4, mais ce n'était pasforcement le casde tous.

Aussi,jusqu'en 1765,il y avait un aubergistedont le niveaud'imposition égalaitcelui desmarchands les plus riches,autour de 38 à 41 sousde pied-certain.Les boulangersculminaient eux vers la mêmeépoque à 26-28sous, les bouchersétaient plus modestes.Cependant, certains d'entre eux s'emichirentau coursdu siècle,si bien qu,ils

772 Cas de Nicolas Reder, en mars 1775. marié à la fille d'un autre aubergistg Madelaine Veis.(Inventaires, AD Moselle, B 6391). Il était impose à 18 sousde pied-certainen 1775, ce qui le classaitpanni les riches mais pas au sommet. 773 Remarquonsincidemment que dans cet établissement,la charnbre de luxe était la chalnbre rouge' Ia seconde,la chambre bleue. Ici, la couleur impériale n'avait pas encoreété détrônéepar la couleurbleue, ou alors s'agit-il d'un cas d,espèce. 396 furent plus imposéen 1775-85qu'auparavant. A cette époque,François Georges Grirnont atteignait20-25 sous de pied-certain77a. Mais, les cabaretiers étaient très souvent bien plus modestes et certains bouchersne possédaient que leurs outils, ce qui ne représentaitpas plus de 30 f,. On le voit, globalement, les commercesalimentaires étaient moins riches que les commercesclassiques mais certainsd'entre eux rivalisaientavec le niveau supérieurde toutes les professions naboriennes les plus riches tandis que beaucoup d,entre eux atteignaient une honnêteaisance, sans plus, et qu'à la base,un petit groupede compagnons était évidemmentbien moins . Cependant, dans les inventaires après décès qui ne concernent que les riches, ceux chez qui il y avait quelque chose à se partager d'un peu substantiel,on revoyait les mêmes obsessions terrienneschez aubergistes,bouchers ou boulangersque chez les vieux commerçants.

Ainsi, la veuve du boucher Nicolas Dorr, mourrait en août 1768, laissant pour 3000 f de meubles, ce qui était déjà considérable,pour 4757f.d'argent liquide, 1200f. de (( promesses> à récuSrer sur 49 débiteurset 17 quartesde blé à toucher d'un fermier, une invraisemblablequantité d'acquêts,prises de possessionet baux sur les territoires de St- Avold ,Lachambre et Freybouse. De la boucherie, il ne restait rien car tout était investi où à investir dans la terre.

Par contre, on peut examiner l'économie d'une boucherie encore active sur I'inventaire aprèsdécès de François Grimont, qui décédaen awil 1786, laissant une veuve et 4 enfants mineurs. La boucherie mobilisait environ 11.000 f mais elle était couplée à une entreprise agricole et à des rentes foncières visant à nourrir un troupeau nombreux et de choix. La valeur extraordinairedes boeufs les signale comme des animaux d'embouche et non commedes animaux de trait qu'ils étaientsouvent dans les environs.

774 Voir son inventaireaprès décès, page suivante 397

FrançoisGrimont, boucher,1786

Valeur en f de Lorraine ; Actif Passif Immeubles -16 acquêtset un parrage(17j6-1783) , Meubles courants,effets 2288 persomels -12 quartesde blé 96 -8 de moitangeet 18,5d'orge, l0 d'avoine 230 -10 quartesde pommesde terre et 3 bichetsde blé 22 de Turquie Stock alimentaire -31 milliers de foin et 20 bottes de paille 957 -600 painsd'huile de navette 260 -l cheval 186 -l vache 120 Total t87l -Matérielde boucherie 87 -50 brebisà Bettingles Sr-Avold 387 -33brebis à Carline 198 Stock commercial : -5 boeufs 1l16 5 porcs 78 -95 f de saindoux 95 -463f delard 394 Total 2355 Biioux 23r Caisse 2170 -5 prêts à une quinzained'habitants de s278 Faulquemontet à leur procureur Dettes actives -Crédits-clientsde la boucherie t7t7 -2 tanneursde St-Avold 2105 354 Total 9454 Dettes nassives 0 Bilon immeubles+ 18.369 > + 18.369

Souvent les voituriers de St-Avold protestaient contre les < troupeaux à part r>"t des bouchers locaux, troupeaux qui n'étaient pas forcément consacrés à la nourriture de la ville mais pouvaient être commercialisésau loin. Les autorités rappelaient alors que les bouchers ne pouvaient entretenir des troupeaux à part qu'en vue de la boucherie urbaine et locale776.Aussi, il était important pour les bouchersdésirant étendre leurs spéculations à des horizons géographiquesplus vastes de posséder des parcelles ailleurs. Alors, en tant que ( porterreins) ou propriétaires forains, ils participaient aux charges des villages en question mais pouvaient y faire paître leurs troupeaux, échappant ainsi aux limites apportéespar les autoritésurbaines.

La successionde I'ancien aubergisteFrançois Jager,mort veuf et sansenfants. autour des dépouillesduquel les neveuxet niècesde 6 lits collatérauxmontaient le siège, révélait le même appetit de terres.

'-'-t. Seuls les privilégiés avaientle droit d'avoir des troupeauxséparés 776 de ceux des communautés. AMSA, délibérations,l0 septembre1757 et 30 mars 1776. 398

La successionde François,Jager, 15 novembre17g6

Valeur en f de Lorraine : Actif Pascif Immeubles I maison,écurie, cour et iardin 4862 -l iour de terre t75 Meubles courants, effets Meubles, vêtements,lingerie 1248 aunesde toile de 986 personnels chanwe blanc, 53 de chanvregris et 132 d'étoupe) -3 pots de saindoux 103I Stock alimentaire -240 f. de vieux lard -Tas de blé de 6l quartes -50 q. de blé acheréà Biioux 102 Caisse 0 -664 f" de France à deux collatéraux pour leurs 7920 commerces Dettes -1782 actives f. de Fr. en 6 versementsà un menuisierde Longeville le reste à 13 particuliersde St-Avotd et environs -Resteà payerpour la-maison 3046 Dettespassives -Fraisde maladieet de funérailles r28 -2 aFairespendantes 53 Total 15.076 3227 Bilon + I1.849

Ainsi,dans le commercealimentaire, la possessionde terres,de bétailet d,un train de cultureétait plus déterminante,dans le coursmême des affaires habituelles de ces commerces, ce qui les distinguaitde l'épicerie-merceriepour lesquelsla culture et l'élevage étaientmoins directementutiles et donc moins souventpratiqués. par contre, danstous les cas (pour les marchandsmais aussi pour les artisans),la terre devenait toujours le réceptaclede la fortuneacquise pour le vieillard qui se retirait des affaireset convertissaitson commerce en terreset rentes.

Au XIXème siècle,les disparitésentre commerçants restèrent du mêmeordre. Ainsi, en 1840,I'inventaire après décès de SéligmanLazard,boucherà St-Avoldrrr,qui laissaitquatre mineurs dont I'aîné était garçon boucher, révèle l'étroitesse financière d,une bonnepartie du commercealimentaire. Certes, ce boucherparce que juif, parcequ,il ne possédaitque des ovins (pour produirede la viandecasher ?, on ne sait), ne visait vraisemblablementque la communautéd,e ses corréligionnaires, une centaine de personnes à nourrir, relativementdétachées du sol cependantTt*,et par conséquententièrement

777 AD M, notaire, maître Nicaise, 2 mars lg4},37g lJ 27. 778 Au XVIIIène siecle, lesjuifs aisés,en Lorraine, possedaientcomme tous les riches leur maison et leur jardirL les autreslouaient, presqu'aucunne possédaitni terresni bestiaux, sauf les marchands de bestiaux, bien entendu(AD MM, inventaires de faillites lorrains, 49 B). Il ne semble pas qu,ils alent généralement eu comme les vernaculairesdes petites exploitations d'auto subsistance.Du reste,leur état de marchand-prêteursen faisait le plus souventdes hommes de marché,habitués aux échanges,à l'économie rnonétarisée,autre raison de penserque I'auto subsistancereprésentait peu 399 dépendantes du marchéoffen par Lazard.or toutes ces raisonsne pouvaientque limiter son envergure,à moins de viser des marchésplus lointains, ce qui ne semble pas le cas, au vu de son inventaire.

L'inventaire après decesde SéligmanLazard,lg40

8 brebis et 12 chèvresdisséminées o p"nrior, ,, dansles illages des environs"n 688 frs de bonnesdettes sur I I particuliers, lg autres

I3 créanciers,dont Ie médecin,Ie pharmacien,le lover

environ 2200 frs ou:2850fde Lor.

Parcomparaison, la mêmeannée, le bétail d'un agriculteurmodeste (au vu de sespropriétés77e; de Dourd'hal,village réputépauvre et sur sol sablonneux,représentait 2204frs et les4 brebiscomprises 24 frs78o.

Et 25 ansplus tardTsl, les moutonsdu boucherMathias Berthol furent vendus pour 1525frs. En 1868,un autre boucherFrançois Karcher782, propriétaire foncier et immobilier, possédaitvache, génisse, porc gras,un attelage,12 quintauxde pommesde terre, une grossequantité de viandesplus ou moins découpées,son stock et son capital techniqueatteignaient la valeurde 1519frs, ce qui soulignela diversitédes fortunes dans unemême branche économique.

Les dettesde Lazardmontrent que ce boucherne pratiquait le prêt, ni plus ni moins que les autreshabitants. Par contre,il pouvaitêtre un peu marchandde bestiauxà I'occasion,étant données ses pratiques. En effet,les animauxqu'il possédaitétaient placés en pensionchez l'habitant, mais jamais plus de deux têtes(une fois trois brebis)par famille, desovins qui plus est : il est waisemblablequ'il les distribuaità desfamilles très modestesqui n'avaientpas de propriétéset de disponibilitéen fourragesmais qui avaient besoinde lait pour leur nourriturequotidienne. ils payaientune redevanceannuelle de de choses juifs chez les et par conséquentque la fonction de boucher, qui plus est liée à des religieux, était nécessairepartout où existait une cornmunauté 77eYlpératifs même peu nombreuse. il avait plus de dettes passiv". qo" d'actifs mobiliers, ne possédaitqu'une demi-maison. (23 mai 1840,Nicaise) 8 chevaux etpoulains, 9 vacheset veau4 4 porcs et laies, 4 brebis. 78r]:: AD Moselle,Mtre Duffesne,25 E 51.iuin 1g66. 782 AD Mosellg Mtre Sping4 5 décernbrelg6g,25 823. 400 quelquesfrancs à Lazard et lui devaientla moitié des < frujts >, c'est-à-dire des jeunes issus de la fécondation de ces animaux fernelles par les mâles des troupeaux communaux auxquels ils étaient rattachés. Ces opérations pouvaient aussi bien s'achever par la récupérationdes bêtes par le boucher pour alimenter son activité principale ou... s,achever par une ventequ'on qualifierait aujourd'huide vente< en leasing>>783. Un dernier exemple, celur du cabaretierPierre SchmittT8a,nous montre une petite aisance.

Inventaireaprès decès de pierre Schmitt 1g6g

Enfrs Actif Passif Meubles dont I qt de houille, l0 sacsde pornmesde Jt.J terre, 3jeunes porcs, desoutils agricoles lmmeubles Unemaison et 2 jardins ,) Dettes act. {-Uq!s dans les environs I 155 Dettespass. 2 emprunts locaux 1085 Menues dettes 227 Bilan immeubles+ 216

Un tel bilan, pour un père de famille chargéde 5 enfantsmineurs était assez proche de la situationdes ouwiersjournaliers les plus aisés.Encore, ceux-ci, à la campagnepossédaient-ils souvent beaucoup plus de terres. Cependant,comme au XVIIIème siècle, certains commerçantspouvaient accroîtreleur échellede travail,notamment en additionnantles activitéscomme le montre JeanJochum et à partir d'un capitallargement emprunté.

78r Nous faisons cette hypothèse car le commerce des bestiaux était une des activités naditionnelles des marchands juifs et que ce commerce se pratiquait par essais successifs des animaui par les acheteursjusqu'à satisfaction des deux parties. Si I'on pousse la logique de ces pratiques,on arrive au leasing. 78'1 Mre Sping425 E23,lt6g. 401 rnventaire après décèsde Jean Jochum, maître d'hôtel et boulanger, lg66 78s

En francs Actif Passif Immeubles Maison (eviron l5 piecescuisine),ecuries et t"*ir" 10.000? 3 jardins et 2,75 ha de terresen 5 "h*ut'...pieces Meubles du menage, dont 5 quintaux d'avoine, 3@ de terre, lOOainesde récipients,20 L de vinaigre écurie et greniers : l jurrent et matériel d'attelage, I vache,2 4273 porcs, I 500 kg de fourrage, 300 kg de paille, 94 stèresde bois, I voiture, I charrette,50 poules,2 dindons, I tonne de foin Débit de boissons: 4 tables,36@ 347 (+ 421 de réserves),vin, carafes,56 verres Réserve de vin : 33 hl en fut et +de 1200 bouteillesTs6) 2871 Total débit de boissons 3218 Débit de pain : comptoir et bascules 65 Capital pain (39 miches de lère qual. et 28 de 2ème qual.), petits pains 62 technique et 150 kg de farine, boites, 25 kg de son, 25 sacsde farini 757 stocks matériel de boulangerie 2rs Total boulangerie 1(D9 Hôtellerie : 8 piecesmeublées 2134 provisions, confitures, 150 bouchons,3 kg de bougies, 1649 plusieurs centaines d'assiettes, lingerie d'hôtel (dont 70 m de coupon de toile écrue) I'otal hôtellerie 3783 Total 8100 Argent 400 Dettes act. 6l petits débiteurs de st-Avold et environs pour fo.r.ttit'res de 2220 pain ou aufies dépenses(iusqu'à l0 km) -6 Dettes emprunts locaux (notaires, acquisition de biens) 2t.351 passives - Factures: -l epicier à Metz ls6 I liquoriste à Lyon 90 I négocianten vin à Nancy 408 - menus frais. loyer, funerailles 405 Total 22.410 Bilan environ +2583

AD Moselle,25 E lB,24janvier 1g66. ?86]t' Voici son stock de vinvrn et soiritueux : Twe Quantité Prix Prix unitaire T}?e Quantité Prix Prix unitaire Frs/litre Frs/litre (tut) Vin 300 90 0.3 Vermouth l0 t0 (tut) Vin ord. 2380 714 0,3 Petitboureoene l7l r87 l.t Bordeaux(fut) 228 t50 0,66 Eaude r-ie t2 t4 l') Thiaucourt(fi:t) 285 199 0,7 Bordeaus 352 440 1,25 Thiaucourt 129 9l 0,7 Rhum l8 27 1,5 Bourgogne 108 86 0,8 Madère t0 t6 1,6 Fleury 80 64 0,8 Cognac _51 86 1,7 Beaujolais l13 93 0,8 Kirchrvasser 10 20 2 Vin depays (tut) 395 356 0,9 Sirop )l 47 )') Vin blanc 60 60 Champagne 25 8l 3,24 Chablis 40 40 I Total 4798 2871 0,6 Dans le débit de boissond'Elisabeth Ehrmann, l" de liquides(plus de l000litres), 281 frs. Le 16 septembre1814, enfin, I'invenraire de la < cafletière> Anne Marie Hayer comprenaitun équipementde l5l frs (l I tables)mais aussi un billiardéquipé de 700 frs. 402 Son capital techniqueet ses stocks étaient considérables,mais aussi bien ses propres fàctures impayées que le crédit qu'il accordait à sa clientèle étaient de fàible valeur, aussi son bilan restait solide, bien plus qu'au XMIIème siècle où l,endettement était généraliséet par conséquentplus difficile à recouvrir. Cependant, on peut voir sur cet exemple la persistanceà la veille de la guerre de 1870 de tous les traits du commercealimentaire solide du XWIIème siecle. Tout y était plus local que dans le reste du commerce. Il y avait plus de biens fonciers locaux car ils étaient liés à une ( autosubsistance> élargie en quelque sorte à la clientèle. Le capital utilisé empruntait aussi le réseaulocal, notamment celui des notaires,le crédit accordéaux clients reflétait encore une envergure géographique restreinteTsT,enfin les fournisseurs étaient relativement locaux ([es rnarchandsde Metz et Nancy), à quelques exceptionsprès (un liquoriste de Lyon). L'arrivée du chemin de fer avait notamment déjà permis au vin de Bordeaux pénétrer de les marchésde l'Est français en force, ici, ils représentaientquelque 12o/odu stock de spiritueux et le correspondantdes chemins de fer de I,Est, Thomas en importait aussi pour sa propre consommation (inventaire du 25 mai lg67). Jochum ne représentaitpas un cas isolé, le meunier Georges Walther montrait un cas sensiblement identiqueT8s ; capital entièrement emprunté, clientèle locale qui cependant allait jusqu,à Boulay et Sanalbe, faiblessedu créd.itaccordé aux clients. Si les marchands travaillaient beaucoup sur les foires, les commerçants de I'alimentation étaient eux liés au marché, plus fréquent, plus circonstancié, plus conjoncturel et sujet à des emballements qui le rendaient dangereux donc étroitement surveillé par les autorités.

Voyons comment le marché local et les prix, surtout les prix des produits alimentaires, ont évolué tout au long des XVIII et XD(ème siècles.Le'niveau de ces prix arait des répercussions sur I'ensemble du commerce et de I'artisanat. En effet, selon leur hautew, les prix alimentaires pouvaient assécher les auûes marchés, toutes les disponibilités monétaires étant mobilisées par les achats alimentaires ou au contraire laisseraux autresbranches de l'économie uneplus grandemarge d'action.

787 Le plus gros crédit accordé(350 frs) l'avait été aux officiers du 7èmerégiment de dragons,qui avaientdû se loger à I'hôtel lors d,un passagede troupes. 788 Inventairedu 5 fevrier 1866.25 E 18. 403

- Le marché de St_Avold Bouchers, boulangers et cabaretiers apparaissaient souvent dans les préoccupationsde la chambre de police notamment parce qu'ils faisaient l,objet d,un contrôle de leurs prix' et aussi,et parfois en conséquence,de la qualité de leurs produits. Nous étudierons donc ici autant le marché abstrait des prix que celui concret qui avait lieu sw la place, sousla halle, avant sa destruction. Il y avait ainsi une vingtaine de prix < pilotes >>du pain, du vin78e et de la viandeTeo.

En 1786,le procureur du Roi Gerardyjustifiait ainsi la surveillancedes prix alimentairespar la chambrede policeTel:

78s Au XVIIIème siècle, dans les délibérations de la chambre de police, on distinguait en général le vin vieux du vin jeune et selon la provenance : vin de Metz, de la Moselle, du Rhin ou d,Alsace, du Palatinat"" En fait' les tæ(es du vin correspondaient à un prix maximum que les cabaretiers ne devaientpas dépasser.Mais chaquefois qu'ils mettaientun tonneauen perce, ils devaient inviter les jaugeurs-estimateurs à venir goûter ce vin et en fixer le prix. souven! notamment lorsque les soldats arrivaient en garnison, cela exerçait une pression sur les prix et les cabaretiersétaient tentés d,en profiter ; d'où I'assez grand nombre de condamnations pàur prix excessifs. La chambre de police défendait ses prérogatives' Si les jugeaient cabaretiers les < taxes > insuffisantes ils devaient déléguer le maître de leur han pour négocier une augmentation. De même pour les bouchers et boulangers' Seulesles bouteilles ( cachetées venant de la Bourgogne ou de la champagne ) purent être vendues sansreference aux ( taxes > locales, à partir ae tilo.(Gerardy, 17g6, art.jaugeursde St-Avold' p 262 et Cabaretiersde St-Avold, p 155, ': AMSA, délibérations,25 janvier 170g.) ne trouvait pas toujours .on toutes les sortes de viandes. Mais à chaque abattagg les bouchers devaient solliciter la fixation d'un prix par les autorités. Du reste la visite des anùnaux avant I'abattage (pour vérifier qu'ils n'étaient pas affeintsde maladies) était obligatoire et c,est pourquoi, les horaires des < tueries >>étaient réglernentés.La viande était donc taxée à la liwe, espècepar espèce et sexe ptl sexe. En regle générale, les animaux de sexe femelle étaient élevés pour leur fécondité plus que pour leur viande. Ils étaient donc abatnrs plus vieux et plus coriaces que les mâles ; leur viande était donc considérée cornme de moindre qualité. Dans ces conditions, I'obsession des autoritésétait de se faire vendre de < la mauvaisevache > au prix du < bon boeuf >. Aussi' on en était venu à une reglernentation de plus en plus tatillonne. on finit même par interd.ire aux bouchersde vendre de tout à la fois. on distinguales u grandsbouchers > (vendant des viandes mâIes, boeuf, mouton' bouc...) des < petits boucherso qoi ne vendrient que des femelles (y.ache,brebis...). Ainsi, vers 1768-1775,onfixait "u* 7et 7 ou 8 prix differentspour la viande. Gerardy, I786, articleboulangers, pl64-165. 404

50 ans plus tard, le conseil municipal gardaità peu près le même avrs : vive la conculTence,mais si elle ne s'exerce pas, c'est à l'autorité municipale d'y suppléerpar voie réglernentaireTe3. il sernble qu'au XVIIIème siècle la < taxation> du pain se soit faite empiriquement sous la pression des boulangers(à la hausse)ou des consommateurs,dont les offrciers faisaientpartie parmi et lesquelsmenaçait parfois l'émeute (à la baisse).Les boulangers, organisés comme les autres métiers en corps pouvaient faire valoir officiellement leur point de vue, négocier avec la chambrede police, voire exercer des pressionspar la < grève de la fabrication >>7ea.

7e2 Suite de ce texte ; <<-.- mais on s'y prend mal en ne t@ent souvent que le lendemain * r*, ,r*rrr^ iours après Ie morché, d'où il arrive que Ie boulanger y perd quand il y a dimination et dans Ie cas de renchérissement le peuple mange Ie pain tantôt au sorlir du four et tantôt beaucottp trop rqssis. Le peuple touiours 'rux qguels sur Ie prir du pain, si le blë crugmente,achète du pain ou4età de ses besoins,dons Ia crqinte de la continuation de I'augmentation au marché prochain er se plctint lorsque le boulanger afourni sesfounÉes à I'ordinqire qu'il n'y a plus de pain ; si le bled dimirrue, Ie peupte qchère ou jour et Ie boulanger qui a cait pottr Io mtltitutle du peupte a du pain [de tropJ. Itfoul donc lffier au sortir du marchë et sartout dans les mois de juillet et d'ooût Etoiqu'à lq veille de la récolre, sans [attendreJ au prétexte que Ie prix du bled n'est pas encore assis.II est réduit de louer une espècede pain comme l,atûre. Lq taxe ne doit être fctite que du pain destiné au peuple. A l'ëgard des pains mollets et cle fantaisie on devroit laisser aux boulangers lo liberté de les vendre plus cher, parce qu'ils occasionnent phts de peine et de déchet. En tous cas, il faudroit reporter lesfrais de fabrication du gros pain sur ceux des petits pains. L'homme qisé ne balancera jamais d,alouter quelque cfutse au prix ordinaire du pain pour satisfaire son goût particulier. Ilfaut que lespersortnes nontmëespour rendre compte des mqrchés soient expertes en Syains et plus tle probité, pour ne p(rs clonner un prix ptrur an autre et une qualité différente de celle sur laquelle doit être ëtablie Ia tue. Etunr impossible que Ie poids du pain soit totriours juste par le trop ou Ie trop peu de caisson, on doit obliger le boulangers à ne lesdëlivrer qu'au poids et lesforcer à ovoir des poids et des balancesiustes, de sorte que le peuple ne pqyeraJqmais que le poids réel juste, cwcune loi n'outhorisont Ie boulanger à sefaire surry)ler de l,excédent qu,on 4it il y en quroit, le peuple ne s'y preleroit pas et il seroit injuste d'infliger des amendes pory qurlEres onces de mqnque dans un pain d'oilleurs bien cuit et bien corulitionné [?J que le pain rassis pèsetoujours moitts que le pain frais, le plus constant est que le délit se fasse au poids. l On rencontre en effet plusieurs condamnations sur la qualité du pain dans les délibérations, ain5i, le 7 mars 1712, après des plaintes de < la bourgeoisie > (souvent c,étaient des plaintes des autorités judiciaires, de lanoblesse...), on visitatoutes les boulangeries et l,on trouva chez Jacques Richard 57 pains blancs de 15,5 onces à la livre au lieu de 16 et une miche de bis blanc de 5,5 liwes au lieu de 6, en gros une fraude t0 % du poids... Injures, confiscatiorl explication : Richard s'était endormi pendant la cuisson et le pain avait desséché dans le four et son poids. Il fut condamnéà 40 frs iltilt.*_de b. d'amenae eia la con{iscariondu pain fautif. Le CM' en | 834, repondait à une série de questions ministérielles dont celle-ci : < Il repondait : <<..'la tæ(e peut se faire avec équitg elle est necessairelorsqu'il y a coalition enfre les boulangerspour le prix de leur pain, mais elle devient inutile lorsqu'il y a concrurence...)) (AMSA, délibérations,28 awil 1834.) 7e4 Ainsi, le 14 awit til+, la chambre de police avait augmenté la taxe de pain mais pas suffisamrnentaux yeux o/o). des boulangers(+ l0 Le 16, ils ne cuirent pas de pain eiune visite des < étaux > les révéla vide sauf ceux de la veuve Chrisrnan Kouch qui cachait son pain. Les 405 Après la Révolution, les corporationsayant disparu, il fallut trouver autre chose' on chercha à calculer le plus rationnellement possible les coûts de fàbrication du boulangerpour ( quejustice soit faite à la productionet à la consommation>7e5 Pour cela, il fallait disposer de deux données: le prix d'une unité volumique de blé et le poids volumique du blé, car celui-ci était vendu au volume tandis que le pain était vendu au poids.

Aussi, tous les ans, apparemmentà partir de la Restauration?e6,le maire devait pesertrois hl de blé, pris dansles trois qualités, bonne, moyenneet inférieure et renouveler cette opération trois fois, jows de 8 en 8 jours avant NoëI. II obtenait ainsi trois moyennes. C'est le poids de la première qualité de bté qui servait de référence, pour le calcul de la taxe après estimation du bénéfice du boulanger. Les fluctuations de cette variable annuelle n' était pas insignifi antes. Gr.ap.9 Poids volumioue d'un hl de bté naborien dansles trois qualités

- __- lse qMlib

2ine qualiæ

3ème gualitÉ

qË!!È!EËqgs Ë!EËËË!EËEËEEËEEE

boulangers craignaient une < diminution des espèces>>. on était entré depuis quelques ternps dans une période de dévaluation de la monnaie française qui avait des répercussions rapides sur la monnaie lonaine' La pefie de conliance dans la monnaie paralysait donc les échanges sauf à pouvoir anticiper la baisse de la monnaie par une hausse des prix compensatrice.par leur coup d'hutneur, les boulangers manifestement coalisés tentaient d'imposer une augmentation de prix aux autorités' Celles-ci restèrenten apparenceinflexibles, condamnantchacun à 9 frs d,arnende(et la veuve à 3 firs)' Mais cette condamnatiorL par sa modération légitimait la revendication des Le 28 awil, la chambreaugmenta à _b^oulangers...7es nouveaula taxe despains de l0 %. Formule utitiseepar [e minisne du commerce 7e6 en 1g34, AMSA, délib. 2g awil 1g34. Le premier résultat dont on disposedate de 1820. La méthode utilisee est expliquée dans des instructions ministériellesde 1823, AMSA, art.3lg bis et 321. Mais on peut voir dans le texte de Gerardy (supra) que certaines des idées qui présidèrentà ces savantscalculs étaient dé.iàdans l,air en 1786. 406

En 1834,le poidsvolumique moyendu ble de premièrequalité atteignait g3 kg pour I hl. Dix ans plus tard en 1944, il atteignaitson minimum, 6g,6 kg pour I hl. La variation absolueétait donc sur ce laps de tempsde 27 ans,d'environ 20 vo. ce résultat connu' on procédait à une estimation chiffrée de toutes les opérations de panification en faisant quelques hypothèsesqui finalement représentaientun arbitrage entre le bénéfice octroyé au boulanger et le prix imposé aux consommateurs.cela donnait le calcul suivantTeT:

Nature Argent Nous avons admis que lu *".* 24 Frs g.--- r - -^,,-.-^ 1.. i-l , : , !u..vsrurv ùur rçr u.ru ruesufes se Drenofa au l/16 représenté par t,50 on esti." q.r" hffies 2 mesurescoûtera 0,80 26,30 ll fr, *oudr" 53ke Grossefarine 3 s 6 47 Grosse farine à mettre avec celte Uise Utaoct Ia lère me$rrê 9 "E 6 53 Il yjoint g les kg de grossefarine de laGe--- 9 rr w4rrwt uvtru <1 ta1 uilJllltcâItf)n ô,,: r.,: 62 ! v'pru uç rrurrrlEqrzrrre (prooult qut a ete calculé comme à la manutention 76 militaire à raison de 67 kç 5ha de nai. ^^,,,

32,51

I 26,30 .rvrwt,vv srr pruù ç5r .,e \pouf oeneucq mall-d'oeuvre- entretien des outils et du local) 6,21

PourGerardy comme pour le conseilmunicipal au XIXèmesiècle, la question était essentiellement celle du prix du pain mangépar les ( pauvres>. ce pain < taxé>, était,sauf en période de disette,de < pur froment), quece soit le < blanc> ou le < bis- blanc>' Celui-ci qui était le plus authentiquementpopulaire et bon marchérésultait bien d'un mélange,mais uniquementd'un mélangede farinesde calibresdifférents, avec adjonctiondes farines grossièresenlevées de la pâtequi devaitservir au pain blanc.Celui

7e7 Ce calcul nous foumit en même temps la < du pain local, notarnmentdu <. conseilmunicipal, 28 avril 1834,réponse aux questionsdu préfet.(AMSA, délibérations) 407

desriches, pesaitune livre alors que le < bis-blanc> despauvres se vendait lui par mrches de 6 livres (3 kgtnt) c'est pourquoi, ce pain des pauvresétait quatifiéd.e : < bis_blancde pur froment>' Les pains < bis-noirs>, mélangesde seigleet de froment mais aussravec incorporationéventuelle de blé de Turquieou d'orge n'apparaissaientque lors descrises les plus aiguës7ee,lorsque le blé manquaitterriblement. Tout à fait exceptionnellement, c'est le < bis-noir > qui devenaitobligatoire,en cas de disette,le mélangedes grains permettant de faire durer plus longtemps les dernièresréserves de blé.

1eB Au xvIIIème siècle, la livre-poids de St-Avold était la même que celle de paris, de 16 onces, ou de 472,6 gammes. En conséquence le pain de 6 f, pesait normalement2,g36 kg. Ajoutons que lors des plus fortes chertés, les autorités augmentaient le prix du pain dans un premier temps, puis pour amortir I'effet psychologique de la hausse nominale du pri*, elles décidaient réglernentairementla baisse du poids du pain. Ainsi, lors de ra crise de tl+i-ttsO, la liwe de pain descendità 13 oncesdès mars 1746, puis jusqu'à 9 oncesen juin-j urllet 1749avant d,être rétablie à 16 onces, le 20 juillet 1750. Ainsi, o/o on augmentale prix au pain de 78 rien qu,en jouant sur le poids"' Pour estimer les variations totales du prix du pain à court terme, il faudrait donc ajouter les variations de poids à celles du prix. Ainsi, la haussede 1749 fut surtout une baisse du poids, le prix nominal variant peu ou pas (voir graphique ci-dessous).Lors de cette crise, entre mars àt septembre, le pain des riches finit même par être moins cher que celui des pauvres, ce qui était une incitation radicale pour les boulangers à vendre uniquernentle second qui utilisait toute la farine et non le premier qui avait plus de < dechet >.

Itûéh€èIEirblar

kix&hf,deUstrlæ

Pri\deh d.detùircir I FoiÀdelaliwèpaira

ss ËgË Ë s Ë ËsËFË; ss ËËË Ë Ë 5Ëi 7ee Exemple du 2 mars 1754, quand les autorités autorisèrentles boulangers à cuire du pain constitué pour parts égales de farines de blé, orge, seigle et blé de Turquie, Ju fait de la rareté et chertédu blé. 408 On peut déduire de ces observationsque le pain dorninant à StAvold. ville dé1àgermanique de I'extrême limite du bassinparisien, était cependantle pain de froment et non pas le pain < noir > desAllemands. Mais, les bourgeoisde SrAvold qui exploitaient les terres communales ne produisaient que du seigle. Il est waisemblable que les fours particuliers cuisaient ordinairement plus de pain de seigle que de pain de pur froment. Mais' c'est ce dernier pain qui faisait courammentla marchandisedes boulangerset peut- être même la seule marchandisedes boulangers, à voir là faiblessede la quantitéde seigle vendue sur le marché de St-Avold et à voir la tendance des boulangers à pousser les consommateurs vers les produits à plus haute valeur ajoutée8OO.Cependant, les boulangers pouvaient être eux-mêmesproducteurs de leur seigle. De même que la population naborienneétait une population dichotomique, mi française, mi germanique, de même la consommation locale de pain était partiellement une consommation de pain de froment et partiellement une consommation d'un pain domestiquede seigle. Mais celui-ci faisait beaucoupmoins I'objet d'un échangeque le précédent. Le grand marché local était celui d.u blé, drainé à 20 km au sud de la ville, venant du plateau lorrain qui est à I'extrême limite du bassin parisien mais qui est encore dans le bassin parisiensol. C'est là que se situaient les propriétés < foraines> des Naboriens.

C'est seulement lorsque le blé venait à manquer que les autres céréales panifiables faisaient l'objet d'une spéculation intense et entraient dans la ronde des échanges.Leur prix rejoignait alors celui du blé car c'étaient des substituts pratiquement parfaits' Aussi, ordinairement, on ne signalait aucun prix du seigle ou de I'orge sur le marché de St-Avold Mais que vienne une crise et aussitôt les céréales secondairesse retrouvaient officiellement cotées802.

800 Les boulangers' poltr gagner plus, tendaient à fabriquer moins de pain < bis-blanc )) pour contraindre les consomrnafeurs à acheter ce qui restait, du < blanc de pur froment >>,un peu plus cher. (Exernple, condamnæiondu 2 juillet 1770, enpleine disette, 80r du 4 et 12 août suivants.) Tandis que le ban naborien était lui, déjà sur le <>. 409

Nous sommestentés de penserque les classesmoyennes, productrices, (et souvent d'origine gennanique)mangeaient du pain de seigle,tandis que richeser pauwes, plussouvent tributairesdu boulanger,mangeaient du painblanc, plus ou moinsraffiné.

L'investissementnaborien dans le plat-pays, qui peut révéler I'origine géographique du blé venduà StAvold,ne peutêtre observé qu'assez tardivement. en l,An v (1797)803.A cette époque,la populationde St-Avoldvivait dansle repli consécutifau choc révolutionnaire, une partie des élites d'Ancien Régime avait déjà disparu, par émigration ou par mort naturelle (notammentlors des épidémiesde l7g3-g5). En conséquence, I'investissementen biensfonciers mraux était plutôt moindrequ,il n,avait étéquelques décennies plus tôt. Avant la Révolution,l'abbaye bénédictine masculine de St-Avold avait été de très loin le plus gros propriétairefoncier de la ville. Sespossessions, des dîmes,des seigneuries et desmétairies, se situaientsur le plateaulorrain (pour la plus grandepartie), au sud et à I'est de la ville, dansun rayonde 20 ou 30 km et jusque dansla région de Bitche (l'abbaye féminine avait des biens dans les mêmes secteurs).Elle concentrait vraisemblablement mais théoriquementseulement, quelques milliers de quartes de grain8@,surtout en blé et en avoine.Pourquoi théoriquement, parce que les usagesde l'époqueétaient d'affenner systématiquementce genrede revenus.Or les adjudicataires pouvaient venir de toutesles petitesvilles (ou descampagnes) des environs, car les baur étaient soumissionnésà des datesvariables et dans les environsgéographiques des biens mis aux enchères,ou au siègedes officiers qui s'occupaientdes affaires de l,abbaye. Aussi, ces grains abbatiauxse répartissaient-ils,années après années,en proportion variable sur un grandnombre de petits marchés locaux, entre Bitche et St-Avold,Dieuze et Sarrelouis.

Il n'est pas exclu qu'il en ait étéde mêmed.es propriétaires locaux que nous localisons sur la carte shématiquede la page suivante.Eux aussipouvaient très bien stocker leurs blés au plus près de la région productricepour les vendre sanstrop de charroisou les concentrerà SrAvold, mais il s'agissaitlà de quantitébeaucoup plus réduites.

803 Maffice des impôts directs de I'An V, AMSA art. 364. toute I'analyse suivante est tirée de cette source. 804 La mesure des grains à St-Avold est restée la quarte de Hornbourg (unité seigneuriale médiévale).I quarte: 0,7 resalde Nancy: g2,075litres 410

Répartition séographique des propriétés foraines des Naboriens

Otht,eiler, O Merchweiller 43 Km

Sarrelouis, 23Km O Bearmqrsis, o Ensdorf

/ / / 12mentions de

l8 Km \ I mentions sur 18 bans I'qrizet\9

10Km

':

29 mentions sur ; 21 communes.." 23 Km 0.-'

La cartographiedes investissementsnaboriens à la fin du XVIIIème siècle révèle les mêmes secteursde prédilection que des observationsponctuelles nous permettaientde constaterdurant le XVIIIème siècle,des secteursidentiques à ceux de la chalandisedu commercelocal enfin.

Autrementdit, la bourgeoisienaborienne, marchande, judiciaire ou militaire, vendaitet investissaitdans le mêmehinterland rural, en gïos un secteurqui s'étendaità moinsde 20-25km des clochersde la ville, exceptionnellementdes distancesdeux fois plusgrandes.

On peut d'autre part constater,comme pour ce qui concernela chalandise commerciale,que le secteurd'investissement en biens fonciers des Naboriens s'adossait à la fiontièrelinguistique, sans jamais pratiquement ra franchir. 411 Enfin, la valeur des biens fonciers des Naboriensdans le plat-paysmontrait une certainehétérogéneité.

valeur despropriétés extérieures et secteursgeographiques Secteurgéographique Nornbre de Nombre de comnunes Valeur totale Valeurmoyenne mentions de concemées (revenusfonciers parpropriété propriétés en francs) mentionnée Communesvoisines 72 6 4774 66 Secteurproche 51 18 4684 92 (- de l0lan) Sud-Sud/Est 29 2l 4759 t64 Ouest t4 t2 1317 94 Nord et NordÆst t2 ll 1989 r66 Lointain a J Nancy, Metz et Landau 32s 108

En effet, plus il s'agissaitde propriétésproches de la ville, plus leur valeur moyenne était faible. Pourquoi ? Parce que ces terres appartenaientà des petits propriétaires ayant immigré à St-Avold et n'ayant pas encore revendu leurs héritages nraux ou les utilisant dansle cadrede leur autosubsistance,du fait de la proximité.Ils représentaient plus de 60 % des propriétairesnaboriens de biensextérieurs au ban urbain commele montrela statistiquesuivante : Répartition despropriétaires naboriensde biensforains par tranchede valeur de cesbiens Tranches de 149 50-99 100-249 250-499 500-999 1000à Total valeur 3s00 nombre de 34 t8 t9 5 2 5 83 propriétaires

Par contrequand on s'éloignede la ville, on rencontrete petit nombrede grossesfermes qui appartenaientaux véritablesrentiers du sol, dont les terres enjambaientsouvent plusieursban et constituaientde véritablesplacements financiers. Cela représentaitune douzaineou une quinzainede familles, des marchands,des notaires,des officiers de l'armée.

Le 23 ventoseAn II, lorsqu'onavait réquisitionnéles grainsdes propriétaires qui avaientdes stocks, on avaitconstaté que 13chefs de familles possédaient des quantités nettementplus fortesque les 55 autresdétenteurs8ot. On retrouvele mêmepetit groupede farnillesrentières.

Unités non mentionnées Nbre de familles Quantitétotale Quant. moy. par stockeur Aucun stock réquisitionné 574 Petitsstockeurs 45 10.050 223 Stockeursrnovens l0 6600 660 Grosstockeurs t3 26.380 2029

805 AMSA, délibérations.23 ventose.An II 412 En fin de compte assezpeu de rnondeet assezpeu de choses.Cela corrobore des observationsque nous avons pu réaliserà l'échelle de toute la Lorraine allemande, sur les cadastresdu XfXème sièc1e806.Le morcellementfoncier de cette région était bien plus important que celui de la Lorraine romane et les grandes propriétés y étaient à la fois moins nombreuseset de moindres superficies. Par conséquent,les petites villes de la région où résidaient les grands propriétaires, possédaientpeu de terres foraines (les propnétaires de Nancy ou de Metz, étaient tÈs raresen Lorraine allemande). Mais géographiquement parlant les céréales vendues à St-Avold par les naboriensou par les paysans des environsvenait surtout du plateau proche, dans un 1,,yon d'une dizaine ou d'une quinzaine de kilomètres, tandis que le Warndt produisait presque exclusivement du seigle sur de petitesparcelles et auto consommépar les producteurs.

Si l'on suit l'activité de taxationde la chambrede police, on peut reconstituer l'évolution du prix pain du sur une bonnepartie du siècle et notammentdurant les époques de qui crise ramenaienttoute I'attention de la population sur le grain et Ie pain. L'évolution du prix du pain révèle comme celle du grain des successionsde brefs emballements et de plus ou moins longues dépressions,ces accidents se combinant en cycles emboités à périodicité variable. Nous reviendronsplus loin sur les causesde ce résultat complexe, envisageons d'abord concrètement ces crises en signalant les plus graves(graphique ll, pagesuivante). Les deux crises les plus graves,à St-Avold, furent probablementcelles de 1770 et de 1816807.Pourquoi ? parce qu'elles n'étaient pas isolées,elles survenaientau terme d'un processus de détérioration de l'équilibre alimentaire qui avait commencé durant les annéesprécédentes et sur d'autres récoltes,vin, seigle, maTs,pomme de terre, sans parler des répercussionsagricoles des débâclesnapoléoniennes.

806 AD Moselle, série 30 P, étude portant sur environ 55 villages, des deux côtés de la frontière linguistique, in Denis Schneider : Que penser de Ia Ji,ontière linguistique qui traverse le dé_partementde la Moselle Z, non encore publié. 807 Il faut ici comparer ici le prix du pain au XVIIIème siècle et le prix du blé aux XVIIT-XIXème siècle, les graphiques11 et la (infra). 413

G.l1 La < du pain bis-blancde 6 f par lesautorités naboriennes (Maxirnumde I f, et 4 sous,atteint le lg iuillet l7g980E)

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Cependant,si la crise de 1817se revèlepar I'ampleurinouie du dérapagedes prix, celle de 1770semble masquée par contrepar cetteautre crise et autrementcélèbre. cellede l'été 89 !

D'auffe part, les sourcessont disparates. En 1817,lamunicipalité n'était plus unejuridiction mais simplementun organed'exécution de la politiquedu gouvernement,à l'échelle locale et non repésentatifde la population.La sécheressedes comptesrendus techniques de conseils municipaux périodiques,soumis à autorisationpréfectorale et décaléspar rapportà toute actualitéun peu chaude,sauf exception,gomme I'acuité des situations.

808 Les événementsparisiens du 14juillet ont dû êfre connus à St-Avotd, te 15 au soir, au passage d'une des diligences qui venaient de Paris (Arthur Jung, présent à Nancy le 15, observa I'expectative des Nanceiens face à I'interprétation à donner aux événements).Notons qu,ils n,ont pas eu à St-Avold un retentissementtel que les autoritésarrêtent la haussedu prix du pain. pourtant, I'ambiance pré-révolutionnaire était déjà à l'émeute, localemenqdepuis le 13 mai et divers motifs, plus ou moins politiques, rnettaient le peuple local en effervescence,parallèlement à la haussedu prix du pain. 414

A l'opposé,les prolixesavocats de la chambrede police,pratiquaient avec abondancela politiquedu verbe,exprirnant des oppositions internes*on,.lugeant les sujets du Roi, soumisen principe mais toujoursplus ou moins menaçantsen ffiiode de crise frumentaire, face à ce frêle rempartde l'autorité qui se rassuraitpar le bruit de ses délibérations,qui secouvrait par la densitéde sesréquisitions.

La crisede 1770810avait duré un peuplus d'un an et menacéde s'étendresur deuxrécoltes. Elle avaitavivé un grandnombre de tensionssociales, dans la compétition pourla survie.

En tempsnormal, le plus grandnombre, dans la bourgeoisie,vivait de son autosubsistanceune partie de l'année. Les échanges,le recours au commerce ne devenaientnécessaires qu'au momentdouloureux de la soudure,jusrement quand les prix se tendaient,presque tous les ansmais dansdes proportionsqui allaient de I'insignifiant jusqu'à l'intolérable.Alors la pauwetétendait à engloberla plusou moinstotalité8ll de la bourgeoisienaborienne. Et c'estce qui arrivaen 1770. Les meunierscherchèrent à accroîtreleur part de la mouturesl2,alors les bourgeoisallèrent moudre ailleurs, alors les meuniersfirent établir des gardespour empêcherle grain de sortir des griffes de leur monopoleprésumé et contestétl3.Les boulangers,quant à eux, cherchèrentà asseoirleur profit, pris en tenaille qu,ils étaient entrele grainqui < et le painqui dépendaitdes autorités. Les villageois,les marchandsétrangers pouvaient aftluer et rafler du pairl du grain et cela pouvait tourner à l'émeutesla,les femmesqui faisaientpeu parlerd'elles, ne pouvantplus sustenterles ventresfamiliaux devenaient elles-mêmes menaçantes. Aussi les autoritéstrès sensiblesà l'ordre publique dont elles étaient les garanteset avec peu de moyens,utilisèrent toutes sortesde solutions,mises bout à bout, pourfaire durerles stocks,apaiser les uns,éviter le

80e La crise de 1770 se deroula en outre durant une époque de tensions municipales, d,ordre politique et totalement indépendantesdes questions frumentaires. 8r0 Voir les graphiques4 et 5, supra. 8rI En gros, vers 1790, 70 propriétaires éraient à I'abri de toute fluctuatiorl disposant annee apres année de surplus, quels que fussent les caprices du temps. Ce qui veut dire que 605 familles, environ ( les < trois quarts et demi > disait la chambrede police (21juillet L770), ce qui fait bien o/o p.9^,6 de la population, pouvaient en cas de crise grave être réduits < la 8t2 à demière des misères >. On en a plusieursexemples à St-Avold, dansles délibérations.Voir notanment, 29 jun 1770. Le droit habituel de mouture était de I /r6ème de la farine et non du son. 8r3 Défiberatioru, ler mars 1771. 8r4 Pourtant, en 1770-71, il y eut seulementun risque d'émeute, enregistréune seule fois par. la chanrbre, juin le 17 1771, au terme de la crise,alors qu'elle semblaitrepartir aprèstme accalmie, une crise de nerfs trop longternpstendus, en quelquesorte. 415 pire' on utilisa à la fois le bureaudes pauvresdont les ressourcesn,étaient pas négligeables8rset les confréries poursoulager la misèrela pluscriante. On rationnatout le mondeet très rapidement- juin Dès le 27 1770,à 3 mois de la soudure(qui allait être médiocrede surcroît mais on ne le savaitpas encore),les autoritésinterdirent aux boulangersde vendreplus d'une micheà la fois et de livrer du pain à quelqueétranger et villageoisque sesoit sansbillet signéde l'échevinde servicesl6.Le 29juin on rétablissait Ies trois sortesde pain, autrementdit le pain < bis-noir) était à nouveautaxé et les boulangersétaient priés d'en avoir, le l8 juillet enfiru ils étaientpriés de ne plus avoir dorénavantà vendreque du < bis-noir>. Et le 30juillet, on leurlaissait carte blanche pour trouverdu grain<< à n'importequel prix >>.Là-dessus, I'intendant ( arosa > la ville de 400 résauxde blé, ce qui ranimales échangescar mêmesi la récolteétait médiocre,récolte ii y avait et c'est seulement à la souduresuivante sue I'on souffrirait.on s'apprêtadonc à une nouvelle annéeterrible et le prix desgrains atteignit en effet sonmaximum au printemps de 1771,à uneépoque où I'on visita les greniersen vue de requisitionsqui ne semblentpas avoir eu lieu817, car cette année-là,les grains envoyéspar l'intendant contribuèrentà nouveauà < calmer Ie marché>>. En 1770-71,onfrôla sansdoute la catastrophemais elle n'eut pas lieu8l8,notamment parce que les échangesinter-régionaux étaient déjà possible, comptetenu du progrèsdes transports. En 1817,le quadruplementdes prix en été,suivit le doublementde lgl6, alors queles prix avaientdéjà été très élevés entre 1811 et 1813.Ce furentwaiment les années les plus noires de la periode que nous étudions : incendie d'un quartier, occupation militaire et réquisitions,maladie du seigle,gelée des pommes de terre, et enfin mauvaise récolte de blé se conjuguèrent.Mais les sourcesne nous donnentpas de précisionssur la politiquemunicipale appliquée alors.

Entre 1770 et 1817 se plaça la crise révolutionnaire,la plus marquéede caractèrespolitiques.

8r5 En janvier 1770, I'hôtel-Dieu de St-Avold disposait de 230 quartes de froment et t7l de seigle' De quoi fàbriquer 274 tonnes de pain < bis noir >>!, 3,5 tonnes par mois avant la récolte tg parjour, pour nourrir il 11a est wai dansles 2 à 300 pauwes répertoriés. "YuTt",Les villageois devaient se pourvoir de ces billets, tôt le matin chez I'officier de service,à heure déterminée, quand les esprits étaient encore engourdis par 8r7 la nuit et la fraîcheur. Délibérations,6 mai 1771. 8r8 La mortalitédes années 1770-73 resta absolument normale. 416

Après avoir beaucoupbaissé, le prix du blé avait repris graduellernentde la valeur, à partir de 1787.Une certaineefïèrvescence politique avait déjà animé au moins les élites dans les années1787-88, au moment de la préparationdes Etats Générauxsinon dès la phase de I'opposition des parlementsà la politique royale. Mais dans le peuple, la confectiondes cahiersde doléancesavait remuébeaucoup de revendicationsattisées par le contextede crise frumentaire qui tendait les budgetsdomestiques des uns et des autres. Aussi, dès le mois de mai 1789,c'est une atmosphèred'émeutes8le, de voies de fait sur les bienspublics ou privés, qui monopolisal'attention des pouvoirs locaux eux- mêmes destabiliséspar I'ambiance généralede remise en causede toutes les institutions, ce qui réveillait tous les clivagespolit.iques qui sommeillaientdepuis quelques 20 ans. Aussi, les délibérations municipales de toute cette époque furent marquées par la faiblesse de la réaction concrète des autorités face aux troubles et par un grand nombre de déclarations < platoniques>>8t0. On voulait réagir ( avec toute la modération et la douceur si nécessairedans un tems d'insurrection générare,)t't .

8re Ceiles-ci apparurenten mai 1789 et se prolongèrentjusqu'en janvier 1792, dumoins pour les témoignagesqu'on en touve dans les délibérations municipales. Parfois elles étaient directement liées à la situation frumentaire, souve,ntelles consistaient en pillages de la forêt royale où les coupes étaient réservéesau Sr de Hayange, le maître de forge local, à des prix de I'ordre d.esept fois moins cher que le prix payé par les particuliers. Les émeutes étaient aussi causéespar des questions fiscales et du reste elles eurent pour résultat la paralysie de I'appareil fiscal de I'Eiat qui ne put faire renfrer aucun impôt durant des mois, petit cadeau pour la multitude des petits et gros cadeau pour les plus riches. La question du logement des froupes et I'exemption dont jouissaient les officiers fut aussi de celles qui envenimaient les relations des habitants avec les ryunictpaux820 autorités. On requit la force armee pour qu'elle désarme < et qu'elle veille sur leur conduite (23 août 1789). On felicita le détachementnaborien pour son action ( en assoupissantdeux émeutes suwenues... par la prudence, la douceur et la femreté> (5 sept. 89). Mais l'année ne stationnaitpas de façoh permanenteà Saint- Avold. Après la formation de la Garde Nafionale, dans le courant de I'année 1790, on cÉa des patrouilles, constituéesde celle-ci, de détachementsde I'armée et de la maréchaussée.plusieurs fois, on instaura la loi martiale annoncée à la population à son de caisse, un drapeau rouge étant hissé à I'hôtel de ville et remplacé par un drapeau blanc quand la situation s'apaisait (12 et 2l novernbre 1789). Toutes les mesures prises frirent finalement plutôt préventives et I'on vit les autoritésreculer face à la répressionqui risquait d'entraînerla révolte au lieu de l'apaiser. Les bourgeois attroupés s'armaient parfois de haches et de bêches, ils actionnaient le tocsin" plus ou moins ameutéspar des femmes, pour des questionsfrumentaires, par des tanneurs,pour des questions fiscales...Ces femmes faibles qui se mettaient en avant étaient une aubaine pour les autorités qui pouvaient enfin sévir sur quelqu'un, mollement, l0 frs d'amende (4 liwes de Lorraine), par contre quand le risque de violence se faisait plus physique, on espérait le rétablissementde la paix, <>mais en charriant le plus possible de forces années. D'ailleurs, souvent, les troubles étaient larvés, rnarqués par uno repétition de déprédations notamment forestières, de menaces ou de voies de fait perpétrées sur les gardes forestiers. Cependerrt,le 5 décembre 1790,la contestationdes autoritésprit un tour plus structuré: une affiche 417

On revit à I'occasionde la crise révolutionnairetousles problèmessoulevés par la crise de 1770 mais res autorités municipares se soucièrent directement d'approvisionnerle rnarchélocal822 . Mais en l7B9-90 comme lors de la crise précédente,il n'y eut pas de recrudescencede mortalité.

L'augmentation des prix, à chaque crise de subsistancese fàisait graduellement,sous la pression desboulangers qui payaientle grainde plus en plus cher et devaientsolliciter des autoritésla répercussionde ce coût supplémentairesur le prix du pain'Puis, sous la pression desconsommateurs, l'on baissait,souvent plus rapidementles prix qu'on ne les avait augmentéprécedemment, dès que la mercurialedu grain signalait uneorientation à la baisse823. Chaque < pic > de la courbedu prix du pain signaleune crise d'approvisionnement, toujoursen été, à la veille de la récoltesuivante, alors que les réservesdiminuaient et que la perspectivede la récoltefuture n'était pas aussibonne que prévuou quenécessaire. On peut en effet, après 1757,suiwe les échanges(en quantité)mois après mois,marché après marché.Leur saisonnalitéétait toujours identique à I'exemplesuivant :

en allemand' apposee sur la porte de l'église invitait les bourgeois, <>à se rassembler sur la place après les vêpres, pour chasser tous les gardes de la ville. Ceux qui ne coolÉreraient pas seraient < regardés comme aristocrates >... On réunit un détachement d,une tentaine d'hommes amrés pour dissuader le rassemblement dont I'interdiction avait été plécedemrnent annoncéepar le curé, en chaire, lors des vêpres. 82t AMSÀ déliberations,25 novembre 1790. Détiberarions,20juin 1789, t7 juillet 1790. s23:: Voir le graphique I l, supra. D'une manièregénérale, le maire et les notables,plus prochesdes boulangers que du peuple des nécessiteu-:<,cédaient plus facilement à ceux-u qu'a ceux-ci. Les officiers, notarnment juristes les comme le procureur étaient eux plus proche des consommateurs (ils l'étaient eux-mêmes) que des boulangers et accusaient donc les précédents de céder trop facilernent aux revendications des boulangers.(cf la crise de 1769-71,au travers des délibérations municipales.) En fait, au XVIrIème siectq il y eut à St-Avold un conflit politique entre degx tendances,l'une imprimée par I'Etat absolutiste,allié aux juristes locaux s'appuyant sur le peuple contre les notables et l'autre oligarchique et émanant du groupe des notables pi* o., moins etendu aux maîtres des confréries professionnelles. Ce conflit éclata particulièrement en 177l-1775, lorsque I'Etat français imposa une nouvelle chambre de police. Mais tes juristes plus isolés du peuple par leur éducation, savaientmoins bien manipuler les assembléesgénérales des habitantsque les notables qui avaient des alliances clientélaires ou famitiales dans le peuple. Aussi, les juristes préféraientdes assernblées restreintesde représentantset se méfiaient des assembléesgénérales, à la différence des notables. 4',t8 Graphiquel2

Quantitesde blévendues mensuellement sur Ie marchéde St-Avolden 1763-65

150

100 ft'-l

V

En gros, la plus grandepartie des échanges se réalisait entre octobre et fewier, durantcette période, 55 à 65 % de la nouvellerécolte s'écoulaient, tandis que, de marsà juillet, une phase d'expectativeinterrompait parfiois totalement les transactions,les spéculateursattendant la haussedes prix pour vendre,voire suscitantcette hausse par leur abstention. Ainsi' fréquemment,durant plusieurs marchés consécutifs entre mai et juillet, on ne voyaitaucun grain.

On incriminait donc les < accapareursr>, les <

Si en 1763(graphique précédent) l'étiage des ventes se situaen juillet, c,est-à- dire immédiatement avant la récolte suivante,c'est parce qu'on n,attendait aucgne augmentation desprix. On liquidait doncses stocks anciens pour faire placeà la nouvelle récolte,sans attendre.

Cependant,ce n'était pastoujours le cas.Certaines années, l'étiage desventes se situaiten juin mai ou en (casde 7775,voirgraphique ci-dessous) et l'on observaitune reprisedes ventesensuite, avant la récoltesuivante, alors qu'il fàllait faire de la placedans

824 AMSA, délibérations,dès le l9 novernbre1712. 419

les greniers d'une part et que d'autre part, ( l'apparenced.'une bonne récolte>825ne pennettait plus d'espérer une haussedes prix.

Aussi, il ne faut pas croire que l'arrêt des échangesannonçait nécessairement unedisette.

Graphique 13 Le marché naborien du blé, en l77S (Echelle de gauche,f de Lorraine ; échelrede droite, quartesde Hombourg.)

I4 r 180

t2 + 160 I '",,.t' # 1lK) 10 J \,--*1--1: -----il:,--â. t20 8 \ 6 J T60 4 i a\ +40 I 2 I ')('l \ ,J ). 0 0 Ën*û s E rË--.v:reeË s E Ë E Ë E Ë Ë 5 gu ,q E I

La crainte d'une pénuriepouvait amener les autoritésà une visite généraledes greniers et l'on trouvait alors des stocks parfois non négligeables,alors que le marché et l'époque de l'année annonçaientune véritable disette.on en a deux exemples : Stocksnaboriens en période de disette826

Stock des hbts population Nombre de Ration quotidienne par hbtE27 iours à orévoir 6 mu l77l 144.96s 2650 110 %litre (350 g ):470 g de liftes828 pain, 500 avec le son 23 ventose,An [I 3.516.000 2660 r65 8 litres : 8 kg de pain (13 mars 1794) litres82e

825 Formule utilisée dans les délibérations.fin mai 1731. 826 AMSA délibérations. 827 Poru calculer la ration de pain, nous utilisons les paramètresmoyens suivants : I lite de grain : 750 g et on fut 67 kg de pain avec 50 kg de farine, pmamètresutilisés par le C.M. en lg34 ou constatés,voir supra. 828 Il y avait chez les habitants2703 quartesdont 928 d'avoine pour les chevaux des hussardsen Barnison.Nous ne gardons que 2703 - 928 : 1775 quartes: oz> 144.965lites. On n'enregistra que des stocks supérieursou égaux à 50 (quartesprobablemenq I'unité n,était pas indiquée), correspondantà 68 gros propriétarres,essentiellement possessionnés à I'extérieurde la ville. En I'An V (matriced'impôt), il y avait 83 Naboriensqui avaientdes propriétésextérieures. 420

Cesdeux cas furenttrès différents. En l77l,l'année précédente avait été catastrophique.Les stocks étaient donc faibles, mais un approvisionnement extérieur était toujours possible. Les Naboriens possédaientquelques 1500 ha dans les villages des environs et les paysansavaient toujours quelquesgrains à négocier.Le subdéléguéde l'intendant promettaitde plus, d,envoyerdes grains au moment de la soudure, enfin dès le 12 juin, on espérait une bonne récolte. Finalement, les prix montèrent très hauts mais les échangesreprirent et on comprend pourquoi : il y avait suffisamment de grain bien que I'on soit dansune situationlimite. les prix baissèrentdonc de moitié à partir dejuillet_août. Mais les autorités craignaient les troubles venant de la population qui était écartée drr marché par la hauteur des prix. Le problème n'était déjà plus urr problème de quantité physique disponible, c'était un problème social, un problème de répartition83o. Par contre, en l794,les stocks étaient considérables,probablement parce que la guerre et la < cherté> des annéesprécédentes incitait les plus riches à réaliser des stocks de précaution, voire à spéculer, à se préparer à nourrir les troupes de passage.Mais ces grains appartenaient à 68 propriétaires, les 4/5 des habitants n'en avaient pas. Si les échangesétaient bloqués,c'est que les assignatsdiffusés par le gouvernementn,inspiraient aucune confiance- Le problème des subsistancesétait donc un problème de < confiance > ou' encore un problème de répartition sociale, mais non un problème de pénurie physique83l. Pourtant, il faut ajouter que la guerre déplaça beaucoup de monde, les charrois et les troupes qui passèrent par St-Avold gonflèrent extraordinairement la consommation locale si bien qu'il fallut, le 8 germinal An II (28 mars 1794), recourir aux autorités supérieures pour finir par puiser dansles réservesmilitaires pour faire la soudure. Cc sont celles-ci qui fo'ærirent notamment a',.ixhabitants les graines pour ensemencerles champsen avoineet en seigle,sous << la terreur>832.

Mais les plus petits avaient fini leurs réserves, en mars, il ne restait donc que les réscrves d,esplus gros propriétaires. 830 Dès 1698, lorsque Léopold était renfté en possessionde ses Etats, il avait dû affronter une < disette)) et il avait promulgué une loi qui imposait des visites domiciliaires et ventes forcées des excédents. La résistance sociale des riches avait sans doute fortement tempéré l,applic*ion de cette loi (H' Baumonl Etudessur le règne de Léopold, duc de Loruaine et de Bar (t6g7-172g), paris et Nancy 1894,pp 50-52). 83r En fi94, sous la ( terreur >, un problème du même ordre qu'en 1698 se posait et le conseil municipal de St-Avold envisageaitla même solution que Léopold, un siècle plus tôt, la réquisition, mais le contexte politique lui donnait les moyens de ses fins (AMSA, délibérations,23 ventose An il). 't32 AMSA, Délib. l5 germinalAn Il et art. 323. 421 Durantle XVIIIème srècle,la monnaiefut solidede 1730à 17gg.Mais, avant et après ces dates, le manque de confiance dans la monnaie se traduisit par une < inflation ), une haussedu prix du blé due non pasau manquede blé mais au trop plein de monnaie'33,donc à descauses politiques et non pasclimatiquessro. Durant les deux dernièresgrandes crises frurnentairesde l'Ancien Régirne, d.es interventions < extérieures D et volontaristestendirent à apaiserla tension de cette attente de grain qui caractérisaitalors le marché,à partir du printemps: en r77o c,estl'intendant qui fit voiturer à Saint-Avoldquatre convoisde 100 réseauxdurant le mois d,août,ce qui représentafinalement 43 yo du blé vend.ucette année 1à (et officiellement declaré...). En 7789' ce sont les bénédictins de la ville qui vendirentà un prix stabilisé l0 quartessur g marchés consécutifsen mai-juin (l l% des transactionsannuelles)835 . L'évolution de [a < taxe > du pain suivait les variations cycliques du prix du blé, sur le marché local. Et comme il était important de connaître ces variations, longtemps,on tenta d'imposer la concentrationphysique des transactionssur le grain, sous la halle, sousles yeux de tous. Comme toutes les villes méd.iévales,St-Avold avait obtenu de l,évêque de Metz l'institution de foires et marchés sur lesquels s'effectuaient les transactions

833 A St-Avold' outre l'exernple de 1794 envisagé ci-dessus, on a des témoignages de ces perturbationsmonétaires sur le marché du blé et sur celui de la viande, entre l7l4 et 1723, dans les délibérations. 434 D'où la difficulté éprouvée par E. Le Roy Ladurie à trouver une corrélation claire entre climat, moisson et prix encore embrouiltee par la speculation (cité par E. Labrousse, in F. Braudel et E. Labrousse,Histoire économiqueet socialede la France, paris, 835 1660-17g9, lg7},tII,pp392-393. sous le duc Léopotd' à partir de r7l6,la chambre de police avait été priée par les autoritésde constituer des stocks de précaution, des achatsde 200 à 400 quartes qui repiésintaient ll00 f de Lorraine en 1716 (délibérations, 20 fewier 1716),1300 en ilzo, gls en r72l,la valeur d.,une maison immobilisee permanence en avecI'obligation de revendrepériodiquement les anciensgrains pour en racheter de nouveaux, une perte devant être financée au passage.Ce système etait lourd, et surtout il était probablement inutile, car les bureaux des pauvres organisaientpar ailleurs la charité publique qui était le wai problèrne. 11n'y avait pas de disette réelle mais seulernent un problème de redistribution, en cas de cherté des grains. Aussi, après quelques annéesd'achats-reventes et alors que I'on devait affronter un déficit régulier des cornptes de la ville, on frnit par relâcher l,effort, I'argent manquant on paya les ouvriers qui reconstruisirentla maison curiale eo n graios de ville > (délib' 17 juin 1730), puis on obtint un repit pour reconstituer ce stock, dont une partie était aux mains de quelques bourgeois depuis 1724. Quand on leur demanda de les rembourser, beaucoup plus tard' en 1749, ayant du mal à s'y retrouver parmi les témoins ( d'âge caduc >>(délib. 15 sept. 1749 et 16 féw. l75l '), il fallut que le chancelierrappelle ce dont on ne voulait pas se souvenir, malversation ? négligence ? en fait les réserves de grains étaient tombées en désuétude pour deux raisons en même temps : leur inutilité relative et la lourdeur de leur gestion à une époque où le receveurde la ville était un bourgeois,désigné pour un an par les autorités,un arnateuren quelque sorte et qui ne faisait que passer. Aan +LL

commerciales et notamment celles de grain. Il y avait deux ou tror.s marchés hebdornadaires(toujours les lundi et vendredi, parrbis res mercredi*'o) et 5 foires annuelles837.

Ces marchés,lieux de concentrationdu public et de démonstrationde l,état permanentdes stocks, étaient étroitementsurveillés, ils représentaientune sorte de thermomètredont les prix consignés sur la mercurialeremontaient la voie hiérarchiqueet renseignaientles dirigeants. Au XVIrIème siècle, il semble que la principale concurrence,entre consommateurs,faisant donc monter les prix, s'exerçait entre les particuliers qui achetaientde petites quantités, de semainesen semainesou de mois en mois et les < professionnels>>' boulangers et cabaretiersou meuniers,principalement qui raflaientde plus grandesquantités et n'hésitaient pas à surenchérir.Aussi, le reglementdes marchés qui visait à établir un prix le plus modéré possible,prévoyait que les professionnels devaientattendre que les particuliers soient servis pour entrer en scène.un premier coup de clochelançait les transactions entreles particulierset les vendeurs,puis une heureplus tard' un deuxièmecoup de clocheautorisait les transactionsd.es professionnelss3s.

836 Les marchés étaient prévus essentiellement pour les < provisions de bouche ,. on y vendait beaucoup de denrees périssables qui justifiait ce leur multiplcation dans la se,rnaine.En principe, c'est le lundi que se tenait le marché au grain aussi, la -.r"*iut" signale4 à 5 marchés par mois. Mais quand le blé se raréfiait, en été, tous les marchés etaient susceptibles de devenir des marchés au grain et I'on en créait même parfois ( un ftoisième pour la facilité des particuliers > (délib., 26 awil l77l), en fait c'était un emplâtre jambe sur une de bois, une façon de sè rassureç de paraîhe actif face au problèrne, alors que plus personnen'avait rien à vendre où ne désimit rien vendre. (ex., en177l ouen 1789-91) 83? on retrouve ces données à plusieurs endroits des AMSA. Gerardy a rédigé un article <>,dans son recueil de 17g6, il en parle déjà en 18-19,voir aussidélibérations, l0 ]^766,pp838 août 1776. on frouve dans les délibérations de nombreusescondamnations de boulangers qui n'avaient pas attendu le deuxième son de cloche pour acheter, ou qui avaient surenchéri sur des particuliers pour leur rafler le grain qu'ils étaient en train d'achetel aubesoin à l,aide d,hommes de paille. Dès le 20 novembre 1708 (époque de crise frumentaire il est vrai), le règlement du marché témoigne de ces tendancesfrauduleuses et anarchiques dont on reparla tout au long du siècle. Le marché avait tendance à comrnencer avant le marché et hors du marché : on interpellait les paD/sansdans les rues, on allait au devant d'eux sur la route, le but était de s'approvisionner,de bénéficier d,un prix moins élevé que dans la fièvre collectivg éventuellement d'éviter de payer les droits de ville, en réalité nes faibles, rnaisla fraude était universelle.Le 21 frimaire An [x, iooqo" l,on voulut rétablir l,ordre sur le marché,on reprit exactementles mêmes tenneset les mêrnesdispositions qu,un siècleplus tôt, dans le nouveaurèglement. 423

Jusqu'en 1757, on relevait sur les marchés les différents prix pratiqués sans réferenceaux quantitéséchangées83e A partir juin de 1757, on signata le prix de chaquetransaction et les quantités concernées,de sorte que I'on pût calculer le < prix commun> du jour, c,est_à_direla moyennepondérée des prix pratiqués8{.

G. 14 Evolutiondu prix du bré,sur remarché de St-Avold (Prixen janvier et juillet de chaqueannée, en livre deLorraine/quarte)

I

Ê \C - \c - \o - \9 \O - \O - - g _ )Q = \g i \o _ \c _ \c d \O d\o S Ë Ê S S F s" -- o d o ë - - cr m r-r ù s.+ E E Ê -Ê:'---_*r-:F.ææææææàæiR F F È F ææ

Ici encore, chaque < pic > de pÏx correspondait à une année de rareté relative du blé8a1,pour des raisons clirnatiques, que ce soient des intempéries localessa2ou

83e Exemple : AMSA, art. 23g-241, puis délibérations pour la période révolutionnaires,puis art.3l2-3|g pour le XIXèrne siècte. Par application d'un règlementenvoyé par I'administation nancéienneet reçu par la charnbre de police le '4juin 1757 @f. délibérations,à cette date.) On voit que I'application des consignesest quasi instantanéedans les villes lorraines du XVIIIème siècle.La présencelocale d'rm substitut ou d'un procureur du Roi correspondant direct du procureur genéral de Lorraine n'est pas étrangère à cette effi cacité de I' adrninistration centrale. ut Lesécartsabsolus, d'annéeàannéefurentlongtempsdel'ordredel à 2:de6àI2 f,au début du XVIIIème siècle,9 à 18, vers 1770, puis ils s'aggravèrent,de l0 à 50 ou de g à2s, au début du XIXème siècle' Notre série s'mrête en 1847, avant la fin du XIXème siècle qui vit I'amenuisement national de ce type d'ecart. Pour la France entière le record fut 1812, à St-Avold, 1g17, il s,agit de la même période.(Labrousse, op. cit., t lII, p 720.) 424 extérieures. Dansce deuxièmecas, les hautsprix pratiquésun peu plus loin entraînaient les grains de la région sur ces marchés,provoquant parfois la colère des autorités constatantces exportations qu'ellesjugeaient répréhensibles. Elles réclamaientalors du chancelier l'interdiction desexportations, quitte à s'en plaindrelorsque les circonstances avaientchangé8a3. Ce sontdu resteces mouvements limitrophes, de régionà régionqui contribuaient à régulariser géographiquementles cours, amortissantles haussesà l'épicentredes fortes pénuries et créantdes tensions, à leur periphérie.

Mais à partir de 1754-1760,I'idéologie libérale s'emparant des élites, on vit progressivement une libération de plus en plus grande du commercedes grainss4, facilitant forcémentI' interconnexion desmarchés. Cependant, dès les décenniesprécédentes, l'évolution des prix naboriensdu blé collait plus au prèsde l'évolution nationalefrançaise de cesprix commele montrele graphique15, page suivante.

Quece soit par la contrebandeou autrement,les marchésnaboriens, lorrains et français étaientsuffisamment interconnectés dès le début du XVIIIème siècle pour que leurs prix soient< indexés>> les uns sur les autres,malgré la frontièrequi théoriquement les jusqu'en a séparés 173l-1766.I1est vrai que I'interpénétrationintime desterritoires évêchois (français)et lorrains(des duchés), I'effet de dominationexercé par I'Etat français autant que par l'économiefrançaise sur les duchésrendait cette frontièrelargement illusoire. Les prix étaientindexés mais non point encoreidentiques, ce qu'ils devinrentpar la suitecofirme le montrele tableau,page suivante).

Le prix du blé naborien, nettement moins cher, vers 172641quele prix moyen français, augmenta non pas plus vite que celui-ci, mais plus longtemps,de sortequ'ils ftrrent pratiquementidentiques, vers 183547.

u2 Les plus graves crisesclimatiques ressentiesà St-Avold à cette époqueeurent un retentissement plus ou moins national ou européen.Ainsi, en 1709-1710,en 1725,en 1741, en 1770-71et en 1789-90,ou encore en 1817, 1827-1830,1846. Mais ni en 1731,ni en l7S4 lacrise ne semble avoir été d'envergure. 843 Ainsi le ler juin 174r,lachambre de police constataitque les boulangersnaboriens vendaient leur pain atx Nassoviens et Irnpériaux qui l'achetaienta un frix supérieurde sorte qu,ils n,avaient plus rien à vendre atx vemaculaires. On leur interdit de vendre à d'aufies que les habitants ou la gamison. Le 13 mu 7749, c'étaient des particuliers de Nancy et Lunéville qui enlevaientle blé par centainesde quartes, en 1762, enfirç le 12 juin, les Nassoviensenlevaient à nouveau des blés avec < la complicité > des meuniers,voituriers et cabaretiers. u4 F. Braudel et E- Labrousse,Histoire éconontiqueet sociale de lo [,-rance, t66g-t7tJ9,pais, 1970,tII, pp 380-383. +25 Graphique l5 L'évolution naborienneet françaisedu prix du blé s4s (Echelle de gauche,f de lorrainepar quarte; échellede droite, indices.)

l4 I i I T2 T !r i I l0 T i I I

6

À - -.lF- prirdublé à St-Arold. mov.

2 -l- Indicegéneral pordere ûarçais

0 ôl + \c000(\ v \oæc(\=f ôt 0co ;; æo ô.1 ôl ô.tNr,6 ç")r,t+sl- T +\OæO c{ C! s\oæc> F.- c- F- t- È- È- cr r Ft F- F.. f.. n9 €\o\oÈ- È-NRKS 00 È\ È- t-- Ètts È. t\ C- c- F- È- È- È- : rèÈ-È- F- KKRR

Le prix du blé, à St-Avold et en France hrs/hl,en graset indrces St-Avold rrance-x46- t7t1 - 1723 s.92 100 83 - 1726 t74l 7.ll 120 100 100 10's - t77t 1789 10.78 t82 152 156 - I78s t789 12,56 212 t77 166 - 1835 1847 18,19 307 256 176 18,5

En effet, le mouvementde hausseà long termedu prix du blé à St-Avold se poursuivit contralrement au reste de la France où les prix plafonnèrentpendant la plusgrande partie du XD(èmesièclesa7. Durantla brèvepériode de forte croissancede laville, entre l59g et1613/20, le prix du blé à St-Avoldavait augmentéplus rapidementque dansle restede la Lorraine.

845 Nous nous sommes arrêté à cette superpositiondes deux courbesbien qu'elles ne soient pas exactement comparables.La courbe nationale est une moyenne des hauts et des bas géographiques pour chaque année, tandis que la courbe naborienne est une moyenne inter-annuelle. Or les variations annuelles de prix étaient bien plus fortes que les variations géographiques. C,est powquoi, la courbe naborienne est bien plus < que la cowbe nationale. Mais I'un dans I'autre, on peut voir que l'évolution à moyen et à long tenne a été la même à St-Avold que d.ansla France entière. 446 Nous utilisons corrune réferencefrançaise les chiffres et courbespubliés par Labroussedans les (p Il 399) et III (pp 972-973) de F. Braudel et E. Labrousse,op. cit. "v,91&{/ Ibidern,commentaires pp 96g et suivantes. 426 Cette croissancerésultait à la fois des ponctions exercéespar le domaine ducal sur les récoltes locales au profit du Sud du duché et de la croissancedes besoins locaux consécutivementà I'augmentation de la population.En l6l3-1620, St-Avoldétait devenue uneville chère8a8. cependant, les guerres, la brutale diminution de la population, la réorganisationde la gestion du domaine ducalsae,avaient radicalementinversé les tendanceslocales. Aux XVII-XIXème siècles,en efTet,le prix du blé redevintà St-Avotd,un bas prix, malgré le rattrapagedémographique de la premièremoitié du XVIIIème siècle. G. 16 Prix moyensdu blé à st-Avold par rapport aux généralitésde Lorraine,Evêché et Alsace,entre 1756et l7g9 En liwes tournois par sétier de paris850

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848 Cf. supr4 introduction. 84e Au XVI-XVIIème siècles,le receveurdu domaine concentraitles rentesducales et elles étaient cédéesà Nancy ou à la cour dans I'entourage des ducs. Des quantitésnon négligeablesde blé (et très peu d'avoine dont la valeur trop faible rendait le voiturage hors de prix) étaient donc exportées hors de la seigneurie.Au XVIIIème siècle, le systèrnede I'aflermage fut généralisé,rure cascadede fermiers et sous fermiers se chargeaient de la concentration des rentes. A l'échelle locale, il s'agissait donc petites de fermes prises en chargepar deshabitants riches du lieu qui les revendaient à proximité. 850 Nous tirons les chiffres des trois généralitésd'un graphique de l'histoire économiqueet sociale de la France, t II, p 403 et nous prenonssoit les moyennesannuelles soit les ,rroyr*". de janvier et juillet pour Saint-Avold, aprèsconvemion des unités par la fonnule : f Frce/set.: f Lor x24l3l x 156/g1.67. 427 Lesprix Lorrains n'étaientpas toujours les plus faiblesde France,à l,occasion on pouvait trouverdu blé encore moins cherà Poitiers,à Bourges,à orléans ou à Soissons. c'est-à-diredans le Centreet le Nord de la France85r. Mais les prix lorrains étaient tout de même globalement parmi les moins chers de France.

Et en Lorraine, les prix naboriensétaient sinon les plus faibles, parmi les plus faibles de la régron,du moins au XVIIème siècte.Sur les 14 annéescalculées ci-dessus, une seule fois' les prix de Saint-Avold furent supérieurs- et seulementtrès légèrement - par rapport aux prix régionaux.

G. 17 Prix du blé dans les villes de Lorrain e, en 1766Bsz

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Le marchédu blé enLorraine, était dominé par la questiondu ravitaillementde Nancy'C'est pourquoi, le prix moyendes 30 villes de la provinceétait trèsproche de celui de Nancy.Mais dans ce cadre,le secteurgermanique, le bailliaged'Allemagne, était un secteurbon marchéet dansce secteur,St-Avold était parmi les villes les moinschères.

Prix moyenannuel du bléen 1766 Moyennede 30 villes 11.8.11 Nancy 11.7.9. Sarreguemines t0.12.2. Boulay 9.18.9. St-Avold 9.18.1

85r Braudelet Labrousse,op. cit., pp 40I-402. 852 AD MM, c 360. 428 50 ansplus tard, la situationn'avait paschangé. St-Avold demeurait une ville très bon rnarché par rapport au chef lieu du département,Metz. Tout au plus peut-on constater que les prix se rejoignaientdans les périodesde criseles plus critiques G- 18 Prix du bIé à St-Avold et iVletz,durant la crise de 1816-1817

---,un".-_l i _l t -,-:__"al I I

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= * : R = fi I : R,?= s ! r f t Ë g N ë x S = S € e 4 I x € = st: r R F : R I = N N 3 d s ; É g É g is É i Ë = ; *iËtr PÈ 33

Cependant,la croissancenaborienne des prix s'étant poursuivie durant la première moitiédu XD(èmesiècle alors que l'ensemble français se stabilisaitss3,les prix naboriens rejoignirentles prix français,autour de 18frs l'hectolitrede froment,vers lg35- lg478s4.

cf. graphique 19, page suivante et tabreau des prbq rrois pages plus 8s4::: haut. La crise de 1846'47 inspira au conseil municipal son demier (?) projet de règlement pour la boulangerie. Il prétendait imposer aux boulangers un contrôle de leur installation et de leur départ, un nombre de fournées minirnum par jour, saison...,des stocksobligatoires de farine de I à 3 tonnes et l'élection d'un syndic pour vérifier avec le maire I'application de ce règlement. (AMSA, délibérations,l3 mai 1847.) 429

G. 19 Tendanceà long terme du prix du blé, à St-Avold (rnoyennesmobiles de 26 valeurs,sur I 3 ans)

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C'est mêmevraisemblablement là qu'il faut chercherla causede la disparition de la mercurialede St-Avold.La dernièreannée dont on disposeest 1847.A cetteépoque, le marchéphysique de St-Avoldétait probablementdéjà tout à fait désuet.Car en 1g25,le conseil municipalaffrrmait déjà que la majeurepartie des ventesse réalisait< dansles greniers des cultivateurset souventsur échantillon>85s. D'autre part, paris n'avait plus besoindes renseignements naboriens car les prix françaisse rejoignaientde plus en plus, les régions et départementsles plus chersétant les plustouchés par la dépressiondes prix tandisque lesmoins chers (comme St-Avold) voyaient encore leurs prix augmenterssu.Les gros marchésdes chefs-lieux devenaient suffrsants pour connaître la réalitédes prix. Pourtant,les échangeslocaux n'avaient pas perdu de leur irnportance,même si le marchén'en était plus le passageobligé.

Il est assezdifficile d'estimerle volumedes transactions atteint par le marché du blé de St-Avold au XVIIIème siècle,étant donnéel'importance des fraudesà cette époque857. A partir de 1757,quand des quantités furent mentionnées, elles montrèrent un

855 AMSA, aft.3zl. 856 Nofte observation du marché de St-Avold corrobore parfaitement cenes réalisées jadis par E. I.abrousse,op. cit., t III, p 719-720. 857 D'une part, la peur de signaler ses stocks à l'opinion, d'autre part, le refus de payer les taxes pouvait entraîner ces fraudes. Mais, plus simplement les paysansqui pouvaient vendre à domicile s'évitaient un tansport inutile et onéreux. Si la vente au marchéétait obligatoire à St-Avold, elle ne l'était pasà la campagne. 430 marché local de 1000 quartesen moyenne,par an. Or en 1771,en pleine < disette>.on trouva 1775 quarteschez les particuliers,à 3 mois de la nouvellerécolte. G. 20 Le marché du blé à St-Avokl, les quantités échangées- (Nombrede quartespuis d'hectolitrespar an*t*)

35m

3m0

b \o Q \rr! GI \co, c'lF- Ë r) Éoo po- Spo F- O m \C o\ g F-n F- F- r\ F- F\ r- r- à d c 5 ô I = = ; I I R R R n n + $ B r- r- F.- É É É Ë C R - cô oo æ èô bE æ æ æ æ co æ æ æS æ

Et dès que la situationfrumentaire se stabilisa,sous la Révolution,on peut constaterla subiteaugmentation des transactions.

Le droit des bichets,taxe locale de 1 à 3 deniers/quarteselon que le vendeur était bourgeoisde St-Avold ou étranger,ne nousdonne pas plus de précision(graphique 2I, pagesuivante). Il atteignitson maximumdès l726,I'augmentationdes transactions se doublantd'une incertitudesur la valeurde la monnaie,génératrice d'in{lation. Dès quela monnaie se stabilisa, le droit des bichets s'effondra.Cependant, les derx maximum atteintsvets 1726 et 1768 correspondaientà quelques10.000 quartes échangées, en

858 Le passagede la quarte à l'hectolite n'est pas ctair. On a probablement utitisé un certain temps la nouvelle unité tout en conservantI'ancienne dénominatiorL puis on a adopté le nonl enfin, on est revenu à I'ancienne dénomination en conservantla nouvelle meswe. Ainsi, I'art. 314 (AMSA) mentionnedes quintaux de I'An IV à I'An X puis des quartesde I'An 1 à 1806 inclus. on re\,.rent de rnêmeaux liwes sols et deniersen I'An XIII. SousI'Enrpire plusieursanciennes mesures furent reprisesdans leur dénomination mais pas dansleur.contenance. 431 adrnettantque le fennier n'ait fait aucunbénéficeS5e, alors que la mercurialen,en signalait en 1768que l2 fois rnoins.Mais celadevait inclure l,avoine et le seigle. on doit en conclure que le marchéréel du blé était bien plus puissantque les transactionsenregistrées au marché offrciel et qu'il pouvait déjà atteindre les 3 ou 4000 quartesqui sont mentionnéesau XIXème siècle. Graph.2l Droit desbichets en francs barrois par an

180 -- ---Lr--- lr4:rvræ su 5 as dudrcit des

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En effet, et pour ce qui concernele blé, au XD(èmesiècle, selon le conseil municipal,on pouvait acheterà St-Avoldde 3 à 4000quartes, sans renchérissement, vers 1825'Mais, les transactionséchappant de plus en plus au marchédonc à l,observation,on ne put plus calculer une taxe locale du pain à partir des transactionsnaboriennes. La municipalité se cala alors sur la taxe de Sarreguemines,tout en reconnaissantque le prix desgrains à Sarreguemines était entraînépar quelquesexportations (vers I'Allemagne),à la hausse,par rapportà St-Avold.

On a vu qu'à cette époque les prix s'étaient homogénéisésà l'échelle nationale. Ce sont donc les frontièresnationales qrx étaient devenuesles filtres différentiateurs des prix. Mais si Forbachet Sanegueminesétaient de ces plaques tournantesfrontalières, St-Avold n,était pas dans ce cas.

85e C'est plausible pour les maxima de la courbe. C'est même pour cela qu'un effbndrement de la courbe s'en suivaiq personnene se risquant plus àcefte hauteurd,adjudication. 432 Dès 1825,le conseil rnunicipalaffinnait que la majeurepartie des ventes s'el'fectuaitdans les grentiers ou sur échantillon860.En 1848, le rnarchéaux grains n,avait plus de substance.En 1860,pour cornbattrela pentede la decadenceque suivait la ville, le conseil rnunicipal voulut recréer < ex-nihilo > le défunt marché86r Il expliquait que la mouture du blé s'était déplacéevers Metz ou Saneguemines,que cependant,les paysans vendeursà St-Avold, n'allaient ni à Sarreguemines,ni à Metz mais que la disparition du marchéempêchait d'imposer aux bourangersdes stocks de réserve. L'autorisation préfectorale fut donnée, un bâtiment fut loué et dès septembre 1861, on constatal'échec relatif de ce marché qui ne couwait même pas par les taxes perçues, les frais engendrés. Un meunier chercha alors à le capter, en lançant une souscriptionpow organiser un marchétous les vendredi, chez lui. Son calcul se fondait sur 4hIpar laboureur,2 laboureur par village et par marché,32 villagessur 10-12km862. Saint-Avold n'était décidernent plus qu'un chef lieu de canton. Encore devait-elle lutter pour le rester ! Car sur Ie plan économique,les standartsde production et de distribution tendaientdéjà largementà excéderle rayon d'un simple canton. Mais en qui ce concernele marché, son affaiblissementétait constatépartou! y compris dans une ville comme Nancy863qui n'était pas en régression.Les transactions directeset lesventes suréchantillon permettaient d'économiser des transports aux halleset de mieux préserver le secretdes afTàiresqui sembleavoir été une obsessiondans les milieuxconcernés. Les grands marchés agricoles poursuivaient leur structuration par l'implantation de plus en plus régulièred'un corïrmercede grosqui assuraitla distribution produits des et pouvaitse passer des marchés physiques pour assurerce service86a. Mais à St-Avold ces mutationsstructurelles s'accompagnaient d'une pertede rayonnement de la ville, car la meunerielocale était restéemodeste. Les premiers marchandsde grains ou courtiersen grainsn'apparurent cependant que tardivement,en 1866,dans les recensements de population.

860 AMSAs art.32l. AMSA' délibérations,fewier 1860, tg fewier rg6r 462::l et article 640. L'estirnation aboutissait à 13.000 hl de transactionsannuelles, trois fois plus qu,à la belle époque du marché,au début du XIXèrne siècle. 863 AD MM, 8 M 2, réponse d-ela ville de Nancy à une enquêteministérielle de lg5g, qui décrit la mêrneréalité qu'à St-Avold en 1825. 864 Cf, P. Léon in F. Braudel et E. Labrousse,op. cit., t [I[, pp 2g4_2g6. 43i Concluons.

Globalement,le cotnmercealimentaire à St Avold resta une activité banale, durant les XVIII et XIXème siècles,destinée à pourvoir essentiellementles besoinslocaux de la ville et des campagnesproches. Le marché au blé de SçAvold reflète cette même réalité.

Dans ces conditions, I'ampleur de ce commerce fut directement proportionnelle à la populationet boucherset boulangersdurent souffrir de sa diminution- après1850.

D'autre part, le prix du blé à St-Avold, suivit la même évolution qu'en France au XVIIIème siècle,mais il contjtnuaà croître dansla premièremoitié du XIXème siècle, contrairement cette fois-ci à la France. Aussi, parti de plus bas au début du XVIIIème siècle,il rejoignit les prix françaisvers 1850.

Enfin' les bouchers,boulangers et cabaretiersavaient des prof,rlssociaux assez proches de ceux des autres marchands, ce qui prouve que tous avaient des activités finalement banales et peu tournées vers l'exportation ou la réexportation des marchandises.

Cependant,une autre source,la fiscalité locale sur diverses transactions,nous permet d'analyser l'évolution en tendancelongue du commerce local au,x XVIII et XD(ème siècles. 434

aux XVIII et XIXèmesiècles

Finalement, c'est dès la deu-xièmemoitié du XVIIIème siècle que le commerce naborienfut atteint par des symptômesde régression. Grap- 22 Evolution destaxes locales sur les marchandises sommedes différentes taxes en frs barrois/an

50m

4m0

3000

2fin

c.| \O 9!il199dstt-'o O\ C'l :1 oç - S Fr o r, \c O\ ôt nr € - + N ôldôto ç1 f.)=lsfrtr,r:h N f- f.- N È.- F\ t\ t\ 1.. F- F\ ::rrs:rrËEËFSËÈ<ËËÊ

En indice,graphique 23

rttlillt I l- -l------r- A!1 99-çro6\oo.N h0OÊS r 66.+.+ f:?q.j'ôæ-+rO6 ËËË-FFSSSSR rrrr r æco r IIIIRPSSFFÈFr rr 435 Dès 1731,les taxessur les transactionscommerciales locales avaient atteint leur maximum séculaire, environ I'indice 250 parrapport à 100en 1702.parla suite,après un effondrementdans les années 1730-45,on n'assistaguère qu'à un rattrapagelent et progressifde ce maximum de 1731. Or ces taxes reflètent le volume des échangeset très peu I'inflation monétaire car elles n'étaient pas établies < ad valorem >>mais portaientsur des unités de volume ou de poids, 100 pesant,quarte, livre-poids, tête de bétail, aune de tissu, hotte de bière ou de vin, chariot...

Deux taxes étaient cependantétablies < ad valorem >>,la petite gabelle des vins, vendus en gros par des étrangers (30 gros barrois pour 100 frs de vente), le oudroit de poids (10 et 30 gros de taxe par l0 frs de vente de toutes sortesde marchandises,par des bourgeoiset des étrangers). Ces deux droits représentaient : Date Petite Droit de poids Total Total genéral des % desdeux gabelle droits taxes 1702 T7 il0 r27 3840 3.3% t729 61 210 271 8657 3.1% 1769 187 770 957 8422 tr.4 % 1788 95 874 969 9996 9,7 o/o

Les deux taxes < ad valorem > ne représentèrentdonc jamais que de 3 à Il, % du total.

Cependant, I'une d'elles, le droit de poids, concernant un peu toutes les transactions et intégrant la haussedes prix permet d'évaluer l'évolution du plus général des commerces,celui qui portait < sur toutes sortesde marchandises> et non pas sur celles qui étaient vendues traditionnellement en grande quantité, produits de I'artisanat local (chariots, peaux...)ou de l'agriculture (blé, bétail). 436 Graph. 2'4 Evolution d'un droit <>, re droit de poidss6s

900

800 -\ t--- \ 700 i\i- \ 600 -\l

500 ,!

400 = ,ft ll\r rrttr rll-_aaat ;ft-t*t !

La valeurde ce droit était passéede I à 8 ou 9 sur la totalité du siècleet son évolutionavait été beaucoup moinschaotique que celle des droits qui portaient sur le volume des transactions. On peut tenter d'évaluer I'importancede I'inflation dans cette courbe, en observantl'évolution des prix au XVIIIèmesiècle, prix desmercuriales et évaluationdes < meubles> des défunts dansles inventairesaprès décès. (Voir les deux tableaux,I et II, pagessuivantes.) D'une manière générale,la croissancedes prix a été faible au débutd.u siècle, au momentoù pourtant la populationaugmentait le plus et elle s'est accéléréedans la deuxième moitié du siècle,quand précisément la populationcommençait à plafonner. Cela confinne que la croissancede la populationavant 1740-1750n,était qu'un rattrapage des niveaux maxima antérieursqui s'accompagnaitd,un identique rattrapagedes capacités de productionlocale. L'équilibre entre l,offre et Ia demande d'objets et de monnaieest probablernentresté identique entre 1700et 1750.Cependant, après1750, les structures économiques ont bougé.

865 Les taxes soumisesà adjudications sont rnentionnéesdans les délibérationsmunicipales, en tnars, novelnbre et décernbre,selon leur nature. 437 I L'évolution desprix agricoreslocaux au XVIIIè'e siècre (En sous et eleniers cle Lorraine) (Indice 100 sur la première année pour raqzterteon cti,sprsetre tronnées)

1702/ 1708- 17t3 1727 r732 1737- t742- t768 1787-1789 htdices 1704 1709 1715 I 738 t744 Vin ordinaire(f / hotte) fincax 7 8 l0il6 I I2I / 236 Toile de o-/ 76. 10 t0 9 8/l chanwe(sous/aune) 1 r4.9 227 Toile d'étoupe 4 5 6 5 4/s (sous / aune) 7.6. 187,5 Une poule(sous) 4.6 7.6. 8 l0 (1783) 217 fi7s4\ Moyennesimple des T quatrepremiers prix 1t,275 205 (indices) il00) (r27.3) (20s) Viande de boeuf J.J. (sous/ f) 7s. I zzt Painbis-blanc de 6 I 5.3./ t0/24 r90/ (sous, deniers) 12.0 200 Vin de qualité 18.6 r4/ (sous/ pot) 24.0. 130 t9 Bois (f / corde) a-2. 5 5 4.r0/ t2 545 7.10 J l0 333 rw uv r ur t{u 6 7/7.t5 6/8 - (f / quarte) IT7 ( 1753) Foin (f / millier) 6 6/7.15. r2/ 15r0 /22 367 15.10 I I z t.6. 3(177s) 300 Frl de lin (sous/ J) 30 30 32 Lard (sous/ l,) 107 t0 l0 IJ Pom. 130 de terre 25 (sous quarte) l6130 30/90 120/ 360 / t746). Pois (f / quarte) 5.l0 6 6 6.4. Ind. gén. non pondéré IT3 54,2 59r1 6t/66 69,91 86,1 des prix 9g,6l 220 agricoles 64,21 françaisffi 102,11 63.3 119.4

Si le prix desproduits agricolesa augmentéplus rapidement, c'est que le stock de monnaie disponibleaugmentait plus vite que la productions6Tet parallèlement,la demande de denréesalimentaires augmentait ptus vite quel'offre (la production). A cet égard,il estsignifîcatif que les prix les plusinflationnistes ont été ceux pour lesquelsles productions disponiblesse heurtaientle plus à deslimites techniqueset physiques: la forêt (bois, fagots)et les fourrages(foin, paille) pour un bétail plus nombreuxet alorsque la nourrituredes hommes était prioritaire.

866 F. Braudelet E. Labrousse> op. cit., pp3g6-3g7. 867 Le stock d'or et d'argent disponiblà à l'échelle internationales,est sans cesse accru durant le XVIIIème siècle,il a stagnéau débutdu XIXème puis s'est à nouveaudévetoppé après l g40-l g50. lbidem, pp 393-394. 438 Les quatrepremiers prix mentionnés(tableau I) permettentune observationsur la duréede tout le siècle. Leur moyenneest donc signif,rcativeet peut nous servir d,indice local desprix agricoles,confronté à celui du blé.

Graph. 25 Indice des prix agricoles naboriens

lrdicedes quane pir

On peut observersur ce graphiqueque les quatreproductions agricoles prises en compte ont suivi exactementla mêmetendance que le blé. Lesprix ont doublésur la totalité du siècle- Nous pouvons alors rectifier l'évolution du < droit de poids>r, ad valorem, en tenant compte de cette inJlation,constatée sur le graphiqueprécédent et comparercette évolutionà celle de la populationet à celle du total des taxes portant essentiellementsur le volumedes échanses : (en indices) Le droit de Les prix l'évolution réelle Lapopulation Total des taxes poids du droit de poids locales 1702/04 100 t00 100 r00 t00 1742t44 300 130 231 328 t70 1787t89 800 200 400 4IT 230

Quece soit surles produits de base, plus ou moinsexportés, tels que les toiles, les chariots,etc ou sur l'épicerie-quincaillerieimportée (droit de poids),on peut voir que les échangesnaboriens s'accrurent moins que la populationou à peine autant,ce qui confirme I'impressiongénérale d.'appauvrissement de la population,dès la deuxième moitié du XVIIIème siècle.C'est d'ailleurspourquoi, la chambrede police augmenra 439 régulièrementle nombre desménages exemptés de < subvention> par pauvreté,malgré les protestationsde la chambredes comptes. Les prix des produits < manufacturés> tels qu'on peut les observer. montrent finalementla même chose. tn* II Quelquesautres prix

t732 1737-38 17+247 r753-56 1768-7s I 787-89 Indices frnqur Petits outils : hoyau, t2n5 to/26 9 /12 t0t12 t2/15 100 fourche, pelle (sous) une faux (sous) 30 30 20 22/23 /J (sous) Une herse 60/140 60/80 Une chamre équipée(É) t4 8.12.0. 6/12/14/r6/r6 9/9 t5/20 9/10/t5/16 II1 Un chariot équipé(f) 67 48/54 39/40/42/48/s4 30133/46/62 62/85 127 Un métier à tisser équipé (f) a^ l6-r5-t2 z) 100 La f. de savon(sous) t3 l5 t7/20 I3I i T51

Les prix de I'artisanatlocal et de son équipementont peu évolué.C,est probablementgrâce à cela qu'il a résistéà la concurrenceextérieure. L'augmentation du nombre desartisans a eu pour conséquenceune concrurenceinterne qui tendit à diminuer I'inflation que I'augmentationdu stock monétaireentraînait. Mais ce fut au prix d,un appauvrissementgénéral.

Les faibles informationsdont on disposesur les salairesjournalien des manoeuvresvont dans le mêmesens :

Le salaire du journalier (masculin) non nourri 86e L7tL t773 178s 1830 1847 Valeur I 1,6sous de France 15,5sous 13.9sous I fr (20s.) 1,2fr (24s.\ lndice 100 133 t20 172 207

comme dans le reste de la France,le salairedu joumalier a peu évolué, a évolué lentement.Mais ici, il a plutôt eu tendanceà stagnerà la fin du siècle,tandis que dansl'ensemble du pays,c'est à ce momentqu'il s'accrutle plus870.

868 Ces évaluations sont très approximatives car elles ne portent pzrssur d.esobjets neufs mais sur des valeurs vénales d'objets plus ou moins usagés.L'idéal serait d,'établir des moyennes sur un grand nombre d'objets identiquespour noyer l'accidentel qui affecte chacunde ces objets. or, il n,y a pas €rssezde ces objets évaluéspour que I'on puisse faire des moyennes < objectives >. Il faut donc relativiser le résultat. 86e Les trois premieres données sont tirées des comptes communauq ce sont des salaires versés par la chambre police de à des prestatairesde menus services.Les donnéesdu XIXèrne siècle sont celles qui firent fournies par le sous-préfet de Sarreguemines,en réponse à une enquête p_réfectorale,le l5 novembre1847 (AD Moselle,227 M). 870 E. Labroussein F. BraudeletE. Labrousse,op. cit., pp 4g7-4g0. 440 Labrousse n'excluaitpas 1a paupérisation absolue pour lejournalier françaisau XVIIIème siècle,à St-Avold,compte tenude I'inflation locale,elle est très probable.

D'autre part, au moment de Ia Révolution Française,en 7790, le salaire nominal moyen fiançais s'établissaità 1 f et 6 deniers,20,5 sous*tt. Le retard.du salaire naborien à cette époque semble donc avoir été encore important. C'était d'ailleurs plus général,cela concernait la plus grande partie de la Lonaine allemande,qui avait une réputationdépartementale de pauvreté.

Si les salaires locaux progressèrent nettement au XIXème siècle, dans I'arrondissement de Sarreguemineset dans les secteursruraux particulièrement,ils se maintinrent à un niveau plus modeste qu'ailleurs*tt. C'est d.u reste ce qui stimula l'émigrationà partir de la Lorraineallemande.

L'évolution du salaire des compagnonsdu petit artisanatlocal ne semble pas avoir évolué très différemment :

Les salairesjournaliers des compagnonsde I'artisanat 873 1785 1830 1847 Valeur 20-22sous de France 30sous /a 36-40sous Indicesu 120? 164-180 r96-240

Ce n'est donc pas le pouvoir d'achat local qui pouvait stimuler le commerce notammentau XVIIIème siècle.

Au XIXème siècle,le commercen'évolua pas plus positivementqu'au siècle précédent.

On peut le constatersur les produitsassujettis à I'octroisTtou sur les revenus comlnunauxissus du droit de placesur les deuxfoires locales de printernpset d'été.

87r IbidenLp 491. 8't2 Dans les usinesde la Moselle, y compris dans l'arrondissementde Sarreguemines,les salaires ouwiers étaientdu double et plus par rapport à ceux desjournaliers. 8t3 Mêrnes sourcesqu'au tableauprecédent. 874 Nous faisottsI'hypothèse que ces salairesont évoluécomme ceux desjournaliers au XVIIIèrne sièclepour rcndre les indices directementcomparables enhe les deux 875 tableaux. AMSA. art.633. M1 Graph.26 Quantitésnégociées et enregistréespar l,octroide st-Avold (Hectolitreset têtesde bétail876 )

I ----Mnenca-cls(1ù) i ffiT I ---- | an -L i_i 3500 Bù'irsdnu{

/\ I t500 i {, \ 1fi0 +l 5m +I ,,.'\ 0 -cl =EEEEËËÊgË1t-O,ic.lr)c\oa ËËËÈÊËËEEÊ€ËËÈÊEËEEg

Les trois graphiques 26,27 et 28 montrentla grandesensibilité conjoncturelle du commerce(variations d'une année à I'autre). Mais ils montrent surtout un plafbnnementgénéral du négocenaborien, ou depuisl8l2-lgl3 etjusqu,en1g70, ou à partir desannées 1840-r845, dans le casdu vinaigreet de |huile. on pourrait multiplier les exemples(bière, alcool), pratiquementtous les produits soumis à des droits d'octroi virent leurs quantitésnégociées diminuer tendanciellement,parfois du fait clesubstitutions d'autres produits (la houille se substitua ainsi en partieau bois de chauffage),parfois du fait du fléchissementde la population, après1850. Selonles produits, le plafonnementa anticipéla diminutionde la population parexemple I'alcool, -Ig43,ou dès184r ir |a suivi(ra bière, à partirde rg5g-60).

876 Les séries présenteesici sont à peu près homogènesà une réserveprès, à wai dire de peu d'amplew : le périmètre de I'octroi n'est pas resté absolumentuniforme durant toute la période. Il y avait deux solutions adoptableset qui furent appliquéestour à tour : soit on bouclait uniquement le centre ville, solution adoptéeentre 1823 et 1858, soit on englobait les écartsdans le périrnètre de l'ochoi, solution appliquéeavant 1823 et après 1858.En 18i6, lors du recensemen!la population éparse(des écarts)était de 166 personnes,soit o/o 3,7 des 4507 résidents,année comprise.car I'année était assujenieà I'octroi, ce qui donnait lieu à des marchandagesavec les nrinistères,à cette époque.(Source : AMSA, art.627-636.\ Graph- 27 HectoritresrJ'huiles877 de toutesespèces et de vinaigre enregistréspar f 'octroi

50

0 =I:ISiR11No\-ci,ôF..S È. EEEEEÊ EÊËËËË!!EË$Ti$EËEÈÊEË æ æ &

Graph.28 Quintauxd,avoine négociés

l20m T I î I l(XXn + r/i I rl I I ri il r f I I '1i r sooo il il î l/ i r '\ 1l '\ il i\ I I '\.,t L'- I I \ -.i/ililil; /i - i 6{n0+ l\ \ I i r.\ .!,t! i i \ 'i/\ I r \' \/ i/ r r' 4ooo+ \,' rr/ I ln - \rL I li\ ïi \/'\ I | 2(X)()-t l/ \ il \/ i É i r il i 't. .t . I ,t

0 ]=]#_f#1- #ffi1 ]+';-ffii*r--_-_*H-1#-ffiJ_1,r |_1#_ FJ ËËËÈËÊIËÈêEE!ÈÊEÈiE$ gEliÊEEEEÊ

Enfin' le nombre des commerçantsprésents aux deux foires de printempset d'été est restéà peu près stableavant 1840et les archivesne nous fournissentpas de donnéespour la périodesuivante.

877 Les huiles mentionnéesici semblent être uniquement les huiles à brûler, ce qui est sur, c'est qu'ellesétaient comptéesdans les combustibleset non dansles comestibres. 443

Force est de constater que Ie rayonnementdu commerce nabonen a été régulièrernent battu en brèche, partir à des années 1840 par Ia création de nombreuses foires et marchésdans resenvirons, notamment des foires aux bestiaux. on peut suivre cet investissement progressif du commerce local dans les délibérationsmunicipales. Lorsqu'une commune décidaitde créerdes foires régulièresou un marché hebdomadaire,elles demandaientI'autorisation au sous-préfetqui procédait à une enquêtedans les communes avoisinantes,en interrogeantles conseilsmunicipaux. La multiplication des foires et marchésdes environs nt en italiques*tt

12 km Creutzwald I 819 lB".,tul' I fF.rbr.hl o Porcelette o Stiring I 838 E t8s8

Merlebach, lg56 26km u Longeville,I838 Courcelles- g Honbourg,lB52 Chaussy tr I 830 tr 1s"".s,.-dl Bambiderstrof 28 km Bionville t858 1840 tr Puttelange r 840 tr

Maxstadt I 812 o fH.r'il]

30km fsr."t;rt* I 38km

Cesenquêtes se multiplièrent notammentà partir de 1838-1 840. Ces créations de foires et marchésjusque dans desvillages accompagnaitl'éparpillementdu petit

rrTtr AMSA, délibérations. 444 coillmerce qui est noté un peu partout en Francestn. On vlt en effet, tout au long du XIXèrne siècle augmenterfortement le nomtrre des commercesdont I'envergureétait médiocre.

Ainsi, une grandepartie des transactions qui auraientpu se réaliserdans les boutiquesnaboriennes, tendirent à se réariserpar |intermédiairedu commercerural ou directement entre producteurs et consommateurs. Aussi, l'augmentationde la population régionaleprofita peu à la 'ille desservie par contre par sa propre décroissance,après I g50. Le commerce local devint de plus en plus celui d'un simple chef-lieu de canton, qui plus est en régressionet contestédans ce canton même. Significativement,la commune de Host (au sud-estde st-Avold, à côté de ), faisant état de ce qui devait être une rumeur, réclama son changement de canton et son affectation dans celui de sarralbe, puttelange au cas où deviendrait le chef- lieu de ce cantonsso.

Alors que le secteursud-est de la ville dans la direction de était au XVIIIè'e siècle absolumentdans la chalandise des commerçantsnaboriens, au XD(ème siècle' à l0 km de la ville, on était déjà tourné vers d'autres horizons plus dynamiques. La ville avait essayéde réanimer le marché au grain, sans y parvenir. Elle cherchaaussi à réanimerles foires aux bestiaux annueilesde la ville < tombéesà rien > selon le conseilmunicipal.

En fait, on voulait favoriser les transactions directes entre propriétaires et susciter une concurÏence face aux ( manoeuvres fallacieuses> des marchandsjuifs qui étaient les seuls à pratiquer ce commerce8sl. Mais cette floraison de foires aux bestiaux qui caractérisait la région et pas seulement elle, correspondait à un développement important de l'élevage, vivrier ou en bétail de travail, le moteur à vapeur n,étant pas encore apparu ou peu s'en faut. Il y avait, rien qu'à St-Avold, en 1g45, 405 têtes de gros bétail appartenantà des particuliers,des centainesde cochonset quelques200 chevaux militaires*s2' Quant à l'octroi, il enregistrait2 à 3000 têtesde bétail,annuellement. Pourtant, les réseauxcommerciaux existants semblent avoir été suffisants car on ne réussitpas à donneraux foires naboriennesrégénérées une importancenotable.

87e Cf. P. Léonin F. Braudelet E. Labrousse,op. cit., t[I, p2g2. ::t AMS,\ délibérarions,l3 mai 1839. AMSA, délibérations,25juin ::]882 l84o AMSA,délibérations,3 janvier 1g45. 445

En 1844'les édiles municipalesattendaient encore que ces foires aientacquis plus d'importancepour y appliquerun < droit de place>8s3 . Conclusion

En définitive, si le commerce eut quelque éclat à St-Avold ce fut dans la premièremoitié du XWIIème siècle.Il pouvait à cetteépoque avoir une certaineenvergure (tout de même modeste par rapport au grand.commerce lorrain), que ce soit du fait de la faiblessedes villes environnantesqui laissaientle commercenaborien rayonner jusqu,à l5 à 25 kilomètres alentour' ou que ce soit du fait du statut douanier de la Lorraine qui avait induit dans la région un commerce d'entrepôt,même à St-Avold où le bilinguisrne de quelques familles favorisait un commerce orienté vers les horizons francophones aussi bien que germaniques.

Cependant,cela ne dura pas. Dès la deuxième moitié du XMIIème sièclg on constateun amenuisement des horizonsdu commercenaborien. Ainsi, I'agent municipal de st-Avold Nassoii, le 30 nivose An vI, pouvait affirmer que ( les trois ou quatre messieursmarchands St-Avold] [de ne sont que des détailleurs> Certes, il exagérait un peu, surtout quant au nombre des commerçants mais il indiquait bien la tendance et exprimait probablement Ia conscienceque les habitantsavaient de la décadencelocale. Dans les décennies qui précédaient la pauweté de la ville n'avait fait que s,accroître, notamment à cause de la pression démographiqueet du fait de la perte de la plupart des fonctions centrales,tandis que les villes des environs,Boulay, Sarregueminesou Dieuze avaient, elles, un certain développement.

c'est dans ce cadredéprimé que le XD(ème siècle prit forme. Le commerce local ne put être revigoré. Dès la fin du XWIIème siècle, on pouvait voir s'encrer localement un approvisionnementpar des intermédiaires nancéiens ou messins' La hiérarchisation du commerce se poursuivait, réduisantI'envergure d,gcelui des villes de second rang, le ramenant à une fonction purement redistributrice que la désuétudede I'artisanat local confirma après 1856, quand apparurentun grand nombre de commerces spécialisés, redistributeurs des produits des fabriques qui désormais produisaient à une échelte nettementsupérieure, régionale ou nationale8sa. L'affaiblissement de la fonction productive locale convergeait avec la diminution de la population, après 1850,pour réduire I'importancedu négocenaborien et

8tt-r lbidem, I I rnars 1g44. ti{t'r 51 cotnmerçants spécialisés g66 établis à St-Avold en I contre 3 en l g06 (source : recensements). M6

en f-aireun simplecommerce de redistribution de biensde consommations.Il y e't tout de même un certain commercede gros, grains en notammentqui apparutdans les années60 et quelquescommis-voyageurs, courtiers en grainsou bestiauxqui térnoignaientde ce que la ville bien qu'en perte de vitesse, participait à l'évolution générale des structures économiques. Mais en 1870,cela restaitquantitativement négligeable885.

Mais les inventaires après décès du XIXème permettent de prolonger ceme analyseglobale à l'échelle de plusieurs cas particuliersde marchands,de voir s'ils se sont adaptésà l'évolution globale du marché local, mais aussià l'évolution technique nationale.

Un marchandet fabricant de chaussures,un marchand,de fer et serrurier,trois détaillantspurs' un vendeurde flews artificielles,un marchand-cirier,une marchandede tissus,directement comparablesà leurshomologues du xVIrIème siècle,nous perïnettent d'évaluertrès concrètement la réalitéde l'évolutiondes stocks, des chalandises, du réseau des fournisseurs,des marchands naboriens.(Nous les présentonssuccessivement dans le texte,par ordre chronologique.) D'une part, certains marchandsnous montrent qu'au XIXème siècle, la spécialisationde leur stock(dans la chaussureou Ie fer) a pu s'accompagnerd,une activité artisanaleassociée- L'achat d,'un très grand nombrede piècesdétachées qui auparavant étaientfabriquées par les artisanslocaux à partir de fers bruts nécessitaitleur montage, leur ajustageréalisés par le marchandlui-même, dans son atelier ou sur le terrain. Cependant'Ia vente, aussibien de matériauxbruts (peaux,fers) que de produits finis (fourneaux' ustensiles,paires de chaussures),donnait toujours aw( comrnerçantsune doublechalandise de particuliers et de professionnels(artisans). c'étaient donc à la fois desdétaillants et desgrossistes, des vendeurset d.esartisans-façonniers et cela à la veille mêmede la guerrede 1870.

rlrli Voir les chiffres en annexes. 447

PhilippeMarchette, détaillant. lgl6 886

% maison,3 jardins et 20 aresde terre Dans3 pièces,cuisine, cave et e*.ir,@ Autosubsistance: 66 aunesde parisde toitede chanvre- 3 cordesde bois et 150fagots, du foin, desoutils, du fumier, 8 ruches,2 vaches,2 porcs

Stocks 103kg de coronen pelones é"h"rreuu*d" dilËÀ "t "o-ulilE mercerie 6 kgde coron en feuiue, ,fïff:i.l'"î.iH decoron, poil de chèvre, ' soie,boutons, aiguillesà coudre,dés, 10.000épeingles, il0 bonn"tr, gaûs, bimbeloterie tabatièresen cartoq 3000 pipes en terre, 17 miroirs, poudre à poudrer, colle forte, allumettes,24 briquets, 45 brosses, 22kg de chandelles,55 f de savoq teinrures,25 kg d,alun et papeterie, 3 quintaux de < cré >>et de blanc d,Espagne,300 phmés, 5 ramesde librairie papier, g5 liwes de prières, Ue de 1?5 sel, poiwe, cloux de girofle, chicorée,35 kg de café, sucre épicerie d'orge, réglisse, 6 kg de dragées,20 kg de sucre,amandes, I 12 kg de ra 50 f, de fromage, huile 5 hottes d'eau de vie de marc ou du Languedoc,futaille matériel balances,poids, mesures,armoires, ,"yo*ug"r, comptoir Totol

pour liwaisons de marchandises

Factures: Metz (3) Nancy(2) et Boulay(t) Sanebruck(l) St-Avoldet frais

tf{t6 AD Moselle,377IJ21,13 septembre lg16. 448 L'inventaire d'un marchand-cirier,Laurent Ehrmann. rg52 sE? En francs 3 jardinset 2 tenes (l.l

Magasin matériel 100 Mercerie : Fil, coton,boutons, laine.... I 882 Epicerie . vinaigre, eau de vie, sucre,café. riz... papeterieet objetsdivers, briquets, pipes... Cires et huiles : 1240 25 I d'huile de lin, 100l d'huile douce,250 I d,huileà brûler, 8 kg de graissede voiturg l0 kg de savoq 48 briques de savon de Marseille, 35 briquesde savon ordinaire, 90 kg de chandelle,cire blanche enablette,22 briques de cirejaune, 40 kg de cierges

69 débiteurs(donr 8 AUriquesa "sliser;uelque, Dettes Factures, passives -3 fabriquesde Sarreguemines (allumeftes,savon et café, chicorée) -2 fabr.de laine(Nancy) et chandelles(Metz) -l blanchisseurde cirede Vézelise -l negociantde St-euentin Menusfrais Totol + 19.028

Et mêmeparmi les commerçantspurs, si I'inventairede philippe Marchette stockantet vendantà la fois épicerie,mercerie, papeterie et bimbeloteriene nousétonne pas,car on le saisit au débutde la Restawation,celui de Marie AnneNeremburger (1g66), montreencore une certaine polyvalenceet de mêmele marchand-cirierLaurent Ehrmann (1852)stockait des produits diverspour une valeurplus grande(1ss2 frs) que ceux de sa spécialité(1240 frs). Dans deux cascependant, ceux de Jeancolmer, marchandde fers88 (1811)et de LouiseElie, marchande de tissus(1853), la spécialisationsemble avoir été réalisée'Mais il nous faut remarquerque LouiseElie était la veuvede Lion Francfort, commerçantqui précisément avait essayéde créer une filature de coton dans un des moulinsde la ville là ; encoreil y avaiteu hésitationentre le commerceet l,artisanatou la proto-industrie.

AD Mosette,ZS837, 7 septembre1852. 888::1 Inventaire du 2 fewier LSrl (377 u 16). c'était probablementun commerçantagé qui liquidait son affaire, n'ayant plus ni dettes actives, ni deftes passives,beaucoup d,immeubles (plus de 6 ha du côté de ) et un stock de 5500 frs, constituéde fonte, fers en barre et quincaillerie, du même type que certains colnmerces naboriens du xVIIIèrne siècle, écoulant probablernent des produitsde la sidérurgielocale. 449

Louise Elie, veuve de Lion Francfort, marchande de tissus,lg53 *se

et 20 aresde terres

l00 ainesO" . alpa-ga,flanelle, "oupon,velours, camelot, cachàmire,futaine, lustrine,r.m"iàr, molleton, mousseline,percale, Nankin, couiil, crinolin", grosre toile, bougran, - calicot,...) formant enyiron l0 km de tissus galon, gilets, devantsqw de w'çuuùçù,chemises, fauxriruÀ uols,cols, bretelles,oretelles, cravattes. couvertures, Iacets, mouchoirs, soie -Plusieurs clientsde St_auotA aett"s; -Plusieurs 1pEit", clientsde Sanegueminés(petites deites -Dettes vereuses * (10% à Sarreguemines,ià reste à St_Avold -Prêts financiers à une lOaine de p"rro*", et réalisésà St_Avold (notammentdes juifs de St-Avold, Hombourg, Metz et Lunéville) Dettes pass -Empruntsdu fils à St-Avold 9174 -Empruntpour payerla maison 3150 Empruntsou facuresp""y ung a N*Çjïs-osbTo.zso 42.460 -de Sarreguemines 0 /245 245 -deMerz l8t/0 181 -de Strasbourg0/500 500 -deBar leDuc 72/0 72 -deReims 97/1074 1171 -deParis 4S/1546 I 591 -deRouen 0/164 164 Total 58.708

on peut donc affrrmer que la pollvalence du commerce,ses attachesà des activités productives'assez générale au XVIIIème siècle,époque où l,on qualifiait de marchandtout artisanqui disposaitd'un stock,se maintenaitencore fortement vers l gr0. Il faut doncrelativiser les donnéesdes recensementset notammentde celui de 1g66,qui ont probablementsimplifié la réalité économiqueet flotté dans la désignationdes spécialités'd'où les variationsbrutales dansle nombredes épiciers ou desmarchands, par exemple,d'un recensementà I'autre.

88e AD Mosellg 25 E 3,2 mars 1853. La succession revenaiten 4 parts au fils installé comme marchandà Sareguunines, à trois filles, dont I'une etait mariée à un chapellier installé les trois à Reims et autresmineures. cette famille était donc en train d'émigrer vers sarreguemines,Reirns ... c'est un cas classique parmi les commerçantsjuifs que leurs fonctions rendaient citadins par excellence'Aussi, dès la Révolution, c'est-à-dire àe, quit, le purent, ils émigrèrent des campagnes lorraines vers les villes, leurs familles se trouvant d'ernblée disperséessur plusieurs Par de ces villes. la suite,ils se déplacèrentainsi desvilles stagnantes ou régressivescolnrne St-Avold vers celles qui étaientplus dynarniques,régionales ou non. 450 8e0 L'inventaire après décès de Marie Anne Neremburger, 1866

En francs Actif Passif lmmeubles Aucun 0 Meubles 886 Stock Comptoir, balances,meubles, rayons, tiroirs, mètres,grille-cafe et moulin à café 40 commercial 41 kg de chicorée, 105 kg de cafe, 99 kg de riz, 1,5 kg de semoulede Gènes,2 kg de fécule, I caissede vermicelle,4 kg de bois de réglisse,500 g de sucre de réglisse,56 kg de sucre en pairL9 kg de sucreet de sucre candi, 50 I de vinaigre ordinaire ou de Bourgogne, 45 kg d'huile à salade,12 kg d'huile de colza" I kg eplcene d'amandes,pastilles de Rozières,25 kg de sel, 45 kg de poivre, 4kgde moutarde,500 g de cloux de girofle, tonneauxet bacquets,I tonneauà choucroute,500 bouchons,4kg de mélasse,1,5 kg d'amidon,3 kg d'alun, 1,5 kg de salpètre,I caissede savongris, 20 briquesde savonde Maréville, 250 g d'amadou, 28 paquetsde bougie, 10 kg de chandelles, paperene Portes plumes,plumes métalliques,l0 ramesde papier, 7 feuilles d'ouxe,2,25 rr24 kg de laine, 38 pelottes de laine de couleur, 4 kg de coton à tricoter, 9,5 kg de coton écru, 10 kg de coton bleu, fil de coton, de soie et de lin, fil d'Ecosse et mercerie d'Alsace, paquetde cotoq soie en pelotte, mècheg cordons, rubans,aiguilles à coudre et à tricoter. asraffes.2500 éoineles.Deisnes. boutons Argent tt2l Dettes act. -Petites dettesde la clientèle(dont 103 frs déjà remboursésau moment de I'inv 273 -Prêtàunnotaireà57o r66 -Prêt à un négociant de Metz 3000 -12 oblieationsde cheminsde fer de l'est ou des Ardennes o Dettespass Factures: 4 négociantsde Metz 394 I négociantde Sarreguemines 57 I cirier de St-Avold 28 Fraisdivers et funéraires 58 Bilon + 6033 J.L. Thomas,correspondânt des chemins de fer, 1866

En francs Actif Passif - 3 loyers annuels encaisséset 2 dus : 320 429 Revenus et - De la Cie des Chemins de Fer de I'Est, pour factage 1186 dépensesfixes - Les postes, pour I'entreprise villegere 499 Total 2005 - 3 salaires de iournaliers (nar mois) 5+45-40 Immeubles - 2 maisons 10.000? - environt ha de terreslocales 15.000? (surtout en luzerneet avoine.aussi en Dommesde terre) Meubles .2698 Matériel Roulage : 3 omnibus, 3 voitures et 3 camions, I 100 8 chevaux et harnais lll3 Commercede fleurs artificielleset ornementsreligieux : -stock 183 -matériel 46 Argent Dettes act. Placements: -Cheminsde Fer de l(Est (actions, obligationset t220 caution) -Divers 4t1 Clientèle : -Êabriquede St-Avold 44 - diverses( soeurs> et demoiselles 66 Dettespass Facturescommerciales -Nancy (1) et Paris(4) 278 Diversachats et frais (vin Bordeauxet Bourgogne,fourrages, 1706 avoine...) Bilan + 29.897?

8eo AD Moselle,25E 19,6 juin 1866. 451

La taille descomnrerces naboriens n'avait pas non plusévolué, semble-t-il. Les exemplesdu XIXème siècle rejoignentceux du XVIIième. Les plus menusreprésentaient moinsde 1000frs (stocks+ dettesactives + caisse),c'étaient des activités d'appointSer . 8e2 f nventaire de Ju lien Perreaux, commerça nt, LBGT

En francs Actif Passif Immeubles I maisonet dépendances.2iardins 4200 Meubles dans I chambre+ cuisine+ cave 480 Magasin Mercerie (fi1 coton, boutons), 100 paires de gants, 150 foulards et résilles,290 cravatteset fichus, 90 bonnets,clûles et chaussuresen quantité, mouchoirs,passementerie, corsets, 5966 dentelle, bas, bretelles,parfumerie, soie, 7 kg de laine, 1600 m de tissus (mousseline,oercale- oioué) Argent 25 Dettes act l9 débiteurs,surtout des professionnels,couturières, 255 tailleurs, gros clients ou bien connus Dettespass. - 6 empruntsà St-Avold et dans la famille 7755 Factures,4 fournisseurs: Nancy 250 Metz(2) 275 Paris 47 Menus frais 338 Bilan + 2261

Quant aux plus importants,au XIXèrre comme au XVIIIème siècle, ils manipulaientdans les 50.000livres de Lorraine,comme le montrele tableausuivant (en f de Lorraine):

Le capital investi dans les commerces naboriens

XVIIIème siècle XIXème siècle 438 Thomas.fleurs articielles. 1867 Arnoul.detai[ante- 1789 688 Goutt.marchand-cirier- I 753 870 903 Becker,détaillante, l8l9 Pernet. détaillant. 1766 1476 3252 Neremburser.détaillante. 1 866 Goutt,quincaill er. 1787 7187 7104 Colmer, marchandde fer. 1811 8068 Perreaux.détaillant. I 867 Lauer. détaillant ambulant. 1762 8915 8272 Erhmanrl marchd-cirier et détaillant. 1852 Simonin.détaillant. I 788 r0.305 9791 Marchette,détaillant. 1 816 Kayser, détaillantea apoticaire. 1775 11.910 Jacob,marchand-faïencier, export., I 770 11.921 14.677 Zimmerman.md.-fabric.de chaussures" 1869 Becker.détaillante- 1784 22.4r3 26.665 Pister,marchand de fer et semrrier. 1869 Knoepfler.grossiste en fer. l78l 32.486 46.937 Elie. détaillante.I 853 Delesse,grossiste et détaillant. 1762 50.415

8ef C'etait probablement le cas du commerce de fleurs artificielles (et fabrication ?) de Thomas. En effet, son activité de loin la plus importante était I'entreprisede voiturage genéréepar le fait que la gare se trouvait à 2 krn de la ville. L'essentiel de ses actifs se situait dansle voiturage, la poste et les cherninsde fer lui assuraientdes revenusrésuliers 8er AD Moselle.25E 52. 452 Ee3 lnventaire de J.G. Pister,marchand de fer et serurier. 1869 audécèsde sa remmefè Actif Passif Nombreux lits, cornrnodes,armoires, etc, secrétaire,fauteuil Louis XV Meubles cotûenus dans 5 pièces, I cui.sine, 2 greniers, I cave, I écurie 2880 dont : 2 tas de houilles,I l0 frs, pailleet planchespour 276,4 stèresde bois,35, 2 uach"r, 400 1,4 ha *rernencé blé et seigle "t Immeubles - I maison, aisanceset dépendances envtron -3 87 ha de jardins et terres ( I 7 parcettes) 20 000 Argent 700 frs en or, 180en ag, 20 en billon 900 - 1340 kg de bêches,pelles, gonds, charnières,chaînes, boulons, crémaillères, ustensilesde cuisine,mécaniques de roues,ressorts de paillasses,scies, fil de fer, corps de fourneaux, - 5792 kg de marmites,couvercles, taques, grilles, roues d'engrenage, ferronneriesde balcons,escaliers, porres, pour roues de voitures, poids d'hortoge, - 497 kg de fers et aciers bruts pour socsde chamles et autresusages - 10.718 kg d'essieux,de piècesde cham-res,roues, pièceslaminées, banderettes, cercles,verges d'Allemagne, socs, toles... - 61 fburneaux de toutes sortes - 14 lits (dont deux d'enfants), plusieurssommiers, 50 kg de crin végétal - 10.000cloux, unités de mesures,2 chaînesd'arpenteur, cire - I cageà oiseau4 5 basculesde comptoir, 2 vis d'étabLiqustensiles et piècesde Stock cuivre, robinets de bois et de cuiwg 2 piègesà rats, 8 souricières,33 moulins à 2 magasins, café,20 tire-bouchons, 1 ciseaux à haies, 13 cafetièresà la minute, l0 kg de colle, I cave, rouleaux de toile-ciree. 1 atelier - 60 tours à fileE - 2 centainesde fourches à fumier, pelles,autres ustensiles, - par lOainesou 50aines,des outils de maçonnerie,menuiserie, semrrerie, ébénisterie,cordonnerie, jardinage, maréchalerie,40 marteauxde cordonnier, 584 kg de cloux à chevaux..., - lO0ainesde cuillères,couteaux, 250 manchesd'outils,300 faux et faucilles, ferblanterie(arrosoirs, lampesà huile, passebouillon et passerait...), 700 fiches à vase,plaquées, à boule, à noeud, 514 charnièresassorties, anneaux de rideaux, tringles,boutons de tiroirs, aiguilles à carder, chandeliers,lampes, marmites, seaux,patères, roulettes, serrures, loquets, targeftes,cadenas, clanches à ressort, pivots, cafetières, fers à repasser, gauftiers, réchaux, papier de vene, clefs anglaises,plaques de compaoiret ustensilesde cheminees... - l4.04limes Total 260 articles (1000 objets ?) dont environ 19 tonnes de fers nesés tL.299 Outils -Outils de sem-rrerie 750 -Matérieldu magasin: étagères,armoires. comntoir 282 Dettesactives - 144 dettes de clients rurau( (usque dansla Meurthe à 50 knL maisexcept.) 5773 - 49 clients à St-Avold (dont la ville,242 frs, le quartier de cavalerie,565 frs) 2672 - 6 portions de loyers (ateliers? à St-Avold) 4l Total - Prêts à un gendre, propriétaire de ['hôtel de paris et à la progéniture 13.790 21.576 -2empruntsàSt-Avold 2500 - Emprunt à Moise et Bemard Cahen,banquiers de St-Avold 1500 -3 empruntsà Metz et [ssoudun 14.500 - 4 factures lointaines (Guise, Clervaux, paris) 1263 Dettes - 3 factures en Alsace (Strasbourg, Insisheim, Molsheim) + Remiremont 1270 passives -St-Fontaine, Hombourg et CreuEwald 2283 -8 factures à Metz 15.057 - Dépenses< in extremis >>(curé, pharmacieq médecirqfossoyeur...) 409 Total 38.782 Bilan + 18.905

8e'1 AD Moselle.25E 54. 453 tte4 Inventaire de Louis Zimmerman,fabricant de chaussureset marchand. lg69

Actif Passif Mobilier contenudans 5 pièces,cursine et 2 gSeniers Meubles dont: 4 stèresde bois (38 frs)et 1799 2 hl de pommesde tene (8 frs) et 2 toursà filer hnrneubles I rnaison,cour et dépendances,3 iardins 1s.000? Argent 2s3 -1265 | paires de bottes,bottineg bottines écossaisei, I souliersen chevreau.cheval et autres,élastiques, I brodequinsferrés.... pour hommes,femmes, fillettes j etgarçonnets,89 paires depantoufles, 82 paires de | *bots. 92 pairesde galocheset Stock I 12 paires de chaussons magasins, -10 I ainesou I00 ainesd'unités ou de pairesou de I cave, mètres de tiges de cuir, lacets,brides, fil de soie et de I atelier lin, < élastiqueset canevas)), avantspieds, quartiers napolitains, derrièresde souliers,sæin anglais, empeignes,laines, conûeforts,semelles, parons, débris...,fournitures diverses. -1721{g de peaux de vachettes.veau, cheval, chèvre...vernies...,50 peaux,103 kg de vache,2g divers et 90 kg de cuir de Sierclq 20 bandesde cuirs forts huile et poix Total dont plus de 1500 paires finies et 400 kg de cuirs 8459 Outils - Outils de cordonnier 13 - Machine à piquer les bottines 200 (20 ou 30 cordonniersparmi les débiteurs) -75 débiteursdes villages des environs,jusqu'à I 160 Dettes actives Faulquemontet Dieuze (dont deux cordonniersde Lauterbach:247 frs) - 42 débitews de St-Avold 92s - 2 promessesde cordonniers(Téting et St-Avold) 566 Total 26sl - 1 emprunt à une rentière de St-Avold 2000 - 2 empruntsfamiliaux à Lyon et St-Avold 1tl7 -Emprunt au banquier naborienMoi'se Cahenet fils 500 -l tanneur de St-Avold J Dettes passives -2 cloutiers de Hombourg et St-Avold 60 -l savetier local 47 -4 factures de Nancy s02 -2 ileMetz 725 - Pirrnasen(230 frs) et Colmar (170) 400 - Sierck (1937) et Boutay (1936) 3873 - Faux frais (18 factures) 411 Total 9638 Bilan - 18.737

En premièreanalyse, on peut donc dire que le commercenaborien restait identiqueau travers de ces deux siècles.

tte4 AD Moselle.25 E 54. 454

Mais les dettespassives pennettent de douter de cettehypothèse. En effet, les fàcturesauxquelles faisaient réfiérencesles inventairesde cornmerceétaient au XIXèrne sièclebeaucoup moins nombreuses et beaucoupmoins importantesen valeur. D'autre part, elles ne provenaient plus massivementdes grandesfoires qui avaient animé le commerce européendu XVIIIème siècle8e5.

Ces foires avaient en effet perdu leurs privilèges fiscaux, du fait de Ia disparition de la plupart des douanes intérieures. On peut donc penser que le réapprovisionnementdes stockscommerciaux était devenuplus régulier, parpetites doses, au XIXème siècle. De sorte que le chiffre d'aflaires annuel des marchands peut très bien avoir augmentésans que cela transparaissedans les sources.

Les clients payaient aussi plus régulièrement le commerçant, ainsi, les dettes activesdes commercesperdirent de leur importance,on trouvait plus d'argent en caisse, chez plus de commerçants.

Stocks et dettes actives des commerces

Commercesanalvsés Stocks Crédit accordéaux o/odt crédit I clients stocks 1l commercesdu XVIIIène siècle 83.08r 70.7t4 85 o/o 10 commercesdu XD(ème siècle 63.850 29.802 47%

Certes,l'évolution est peu perceptiblesur le tableausuivant, mais il fàut ajouterque la moitié (2657 f de Lor.) de I'argentliquide trouvédans les caissesdes colnmercesdu XVIIIème siècleprovenait d'un seulde cescommerces, celui du grossiste- importateurDelesse et I'on ne saitpas si cet argentdevait financer I'activité commerciale ou d' autresopérations (prê! investissementimmobilier... ). L'argent liquide des commerces o/o Comrnerces analysés Argent en del'argent I o/odel'Ag I caisse stocks dettes act. 6 commercesdu XVItrème sièclesur I I 4791 s.8% 6.8 o/o 8 commercesdu XXème siècle sur l0 3980 6,2 o/o 13,4 0/o

D'autre part, si l'on prend en considérationI'ensemble des inventairesaprès décèsdes deux siècles,ceux des artisans,notamment, on doit constaterque le crédit était devenumassivement moins important au XIXème siècle, par rapport à ce qu'il avait été au siècle précédent. Dans beaucoup plus de ménages, on trouvait désormais de l'argent liquide, chose assezrare au XVIIIème siècle et enfin, la plupart des inventairesnotaient tte5 Cornparer les shémasdes réseaux de fournisseursdu XVIIIème siècle (supra) et ceux du XIXèrne siècle,dans les pagessuivantes. 455

qu'il n'y avait aucunedette active,les dettespassives étant elles-mêmesla plupart du ternps liées uniquement aux demiers frais occasionnéspar la maladie, la mort et l'enterrementdu défunt. Au XVIIIème siècle par contre,la plus pgandegénéralité des cas nous montrait à la fois beaucoupd'emprunts et de prêts, des dettesactives et passives. Si la monnaie de papier caractérisaitle XV[ème siècle, biilets. promesses, obligations, et si la monnaie métallique semble avoir été rare à cette époque, le XIXème siècle au contrairetnous montre une restaurationdu rôle de la monnaie métallique, au détriment de la monnaie de papier.

Mais les commerçantset surtout les plus gros artisanscontinuaient à emprunter etàvendreàcrédit.

En fin de compte, les circuits économiquess'étaient régularisés,les marchands passaientdes commandesplus petiteset plus fréquentes,ils payaientplus vite et les clients achetaientaussi plus souvent de plus petites qtrantitéset payaientun peu plus < comptant > qu'auparavant.

D'autres évolutions casuelles ou générales peuvent être dépistées dans les inventairesaprès décès des commerces :

Ainsi, le plus gros commerce que nous ayons rencontré au XD(ème siècle. celui de Louise Elie, avait un très gros stock. Pourtant,à examinerses dettes actives,on peut penser qu'il s'agissait essentiellementd'un commerce de détail car la source nous précise que à St-Avold comme à Saneguemines,les débiteurs ne devaient que de petites sommeset les autresdettes actives ressemblent à des petits prêtsfinanciers comme on en rencontrait couraûrment chez un peu tout le monde et surtout chez les plus riches residenlsse6,

Le < secret> de f importance de son affaire ne résidait donc probablement pas en ce qu'elle aurait tenu un commercede gros mais plutôt dansle caractèresuccursaliste de cette affaire.

Car I'inventaire après décès distinguait les dettes actives et passives liées à

deux étalissements,ceux de St-Avold et Sarreguemines.Qui travaillait à Saneguemines?

&e6 Un doute peut subsister du fait que les emprunteurs étaient pour beaucoup des juifs qui auraient trés bien pu être des petits marchandss'approvisionnant chez Louise Elie, cependan! leurs deftes n'étaient que de 5780 Frs par rapport à plus de 13.500 frs pour les dettesprovenant d.u commerce de détail, par ailleurs sesapprovisionnements n'étaient pas très diversifiés, sescornmandes n'étaient pas très massives(son stock comportait une rnultitude de tissus très variés decrits sur une vingtaine de pages),I'ensemble des caractéristiquesvisibles de son activité en faisaientplutôt celle d'une détaillanteque celled'une grossiste. 456

Le fils de LouiseElie, Cerf Francforl.Et I'analysedes dettes nous penxet de constaterque les deux établissernentsavaient une histoire diflérente.

Louise poursuivait à St-Avold I'activité de son mari décédé,sans développer l'affaire8eT,tandis quo son fils s'était installé à Saneguemines,ville en expansion et donnait à I'entreprise une dirnension nouvelleses.Ce commerce était donc en train de glisserde St-Avold vers Sarreguemines.

Ici, comme dans le cas des artisans les plus dynamiques,on allait chercher le rnarchéoir il se trouvait, mais cela se traduisait par un affaiblissementdeSt-Avold par rapportaux villes voisines.

Reseaudes fournisseunsdu commerce local (Les facturesde 8 comrnerces,y comprisun boulanger-hôtelier) (Nombre de factures/montanttotal en francs)

8e7 L'établissementde St-Avold avait peu de dettespassives par factures,donc il avaitpeu passé de commandesrécentes de réapprovisionnement,d'autre part, cet établissementavait moitié moins de dettes actives (crédit accordé aux clients) paï rapport à l'établissementde Sarreguemines,tandis qu'il avait cependantbeaucoup plus de dettes actives (( verreuses >>,caractéristiques d'un commerce ancien et en repli, par rapport à l'établissementde Sarreguemines. 8e8 I Ce que l'on peut voir à I'importance plus grande des dettes passives(plus de commandes)de l'établissernent de Sarreguemines,à I'importance aussi des dettes actives (plus de clients ou de ventes)et à la faiblessedes dettes ( veneusesD de l'établissementde Sarreguemines,d'otr I'on peut déduireque c'était un cornnlercerécent qui n'avait pas encoreeu le temps de voir les créditsqu'il accordaità sesclients perdus par la mort. la tàillite ou le départ des débiteurs. 457

Par atlleurs, une autre évolution remarquable transparaît au travers des inventaires,autant ceu.x des artisansles plus puissantsque ceux des commerces.En effet, le réseaudes fournisseursdes uns et des autress'était restreintet presquelimité au rayon régional,un peu à I'Alsace (pour les artisans).

Les grandesplaces de foires n'apparaissaientplus dansles factures (sauf une facture d'un liquoriste de Lyon chez I'hôtelier Jochum), notamment les grandes places étrangèresde Bâle ou de Francfort qui jouaient un grand rôle dans le commercelocal an XVIIIème siècle. La seule fàcture < étrangère> du commerce venait d'ailleurs de Sarrebruck, alors que cette ville n'était pas encore devenue étrangère, ou à peine (inventaire de 1816). Par la suite, on ne retrouve plus que deux factures allemandes, géographiquementassez proches et pour I'artisanat uniquement, le commerce ne s'approvisionnant plus du tout directement à l'étranger. C'est vrai même pour une commerçantecomme Louise Elie, juive de surcroît, qui possédaitun très gros stock, alors que tous ses corréligionnaires lorrains, au XVltrème siècle, grands ou moins grands étaient fortement importateurs (inventaires de faillite nancéiens). Reseaudes fournisseunrde I'artisanat local (Un brasseur,un fabricantde chaussures,un semrrieret un tanneur) (Nombrede factures/montanttotal en francs)

Sanelouis tl t332

r/1937 lay.111936 St-Avold Creutzwald.11427 Hombourg-SteFont.. 3/181I

Alsace(Colmar, Strasbourg, Mofsheim,lnsisheim)'. 511399 458

Désormais,le plus clair de I'approvisionnementcommercial local se faisaità Metz et Nancy, auprèsdu réseaudes grossistes qui s'était déjà installédepuis un bon siècle mais n'avait que peu rayonnéjusqu'à St-Avold, avantla Révolution(mais aussiauprès des fabriques I orraineset alsaciennes).

Les évolutionsde I'approvisionnementnaborien

Total des Approvis.à o/ode lmportation Vode factures Nancyet I'approvis. s directes I'approvis. Metz total total Sur 8 comrnerces du XVIIIème 69.698 12.022 17,2 o/o 25.191 36 o./o siècle Sur 13 affaires commercialeset 39.838 28.098 70,5 o/o 1603 4% artisanales. au XIXème siecle

Conclusion En fin de comptes, les inventairesaprès décès du XD(ème siècle nous montrentplusieurs symptôrnes de régressionpour St-Avold. - La chalandisedu commercelocal s'est plutôt restreinteà un rayon d'une quinzainede kilomètres,sauf dans quelques rares cas où le commerçantallait chercherun accroissementde clientèledans les villes ou régionsplus éloignées et plus dynamiques. - Dans un cas, on observetout simplementun glissementdu commerce naborienvers Sarreguemines, tandis qu'il n'y a pasde cascontraires. - De plus,le capitaldes commerçants n'a prisaucune ampleur, ce qui explique qu'ils n'aient pasdéveloppé d'activités manufacturières notables, et celabien que certains d'entreeux aientaussi été des artisans, donc au fait destechniques de production. - Enf,rn le commerce local n'avait plus au XD(ème siècle d'activités hauturières.Il devint un simple relaisdescomlnerces de grosrégionaux et notamment,il n'y eut plus d importationsdirectes de l'étranger,malgré la proximitéde la frontière. Dansces conditions, les inventairesaprès décès du XIXèmesiècle confirment nos hypothèses,c'est-à-dire la réductionnette du rôle de la ville à celui d'un simplechef lieu decanton au trèsfaible dynamisrne. Et cependantle commercefut celui desservices qui semaintint le mieux. Car la plupartdes services après un certaindéveloppement durant la première moitié du XVIIIèmo siècle furent atteintspar une fbrte régressionqui fut finalementla causede celle de I'ensemblede la ville, ce qui nousreste à analyser. 459 2 Les services

Les emplois des servicesautres que le commerce doublèrent sur toute la période tandis que la population triplait. Ils perdirent donc relativement de leur importance.

Pourtantils eurent tendanceà se diversifier, vers 1870.A cette date, il y avait une quinzainede fonctionsnouvelles qui étaientapparues en ville, représentanttoujours un très faible effectif.

Regrouponspar branchesles servicespour observerleur évolution 8ee

Personnels de Personnelsde Total justice Police iustice privés iustice oublics t7tl 3 6 9 6 1743 6 t3 t9 T2 1785 4 o l3 8 1806 7 8 8 t84l 4 5 8 1866 9 I 10 l1

Santé Ecoles Clergé Servicesextérieurs Total del'état sénéral 7ll ,) 2 21 5 44 743 2 25 t4 98 A 785 4 5 25 20 87 806 8 5 4 5 46 841 7 6 ) 28 64 866 9 l8 t2 36 106

Les évolutionsont été extrêmementvariées. Si les écolesou les services extérieursde I'Etat se sont développésà St-Avold,notamment au XIXème siècle,les branchesde la santé,de la justice ou de la policeont stagnétrès rapidernent dès les années 1750.De plus la rupturerévolutionnaire a été sévère.Ces chiffres traduisent les pertesde positionsuccessives de St-Avoldau coursdu temps.C'est pourquoinous analyserons d'abordl'amenuisement des fonctions centrales de la ville avantde revenirsur quelques branchesparticulières.

8eu Voir les chiffres plus completsen annexes. 460

a) La perte desfonctions centrales

En fait, la décadencede la ville fut plus ou moinstotalement due à des choix constantsde I'Etat qui à troisreprises au XVIIIèmesiècle ne choisitpas St-Avold cornme ville relais mais d'autres villes voisines, Sarreguemines,Dieuze, et Boulay, voire Morhangeou Faulquemont. La premièrefois fut déjàprobablement fatale à St-Avold. En effet,en 1698,lorsque Léopold recouvra ses Etats et les réorganisa,il dut choisir un nouveaucheflieu pour le bailliaged'Allemagne dont l'ancien, Vaudrevange étaitdésormais français, situé dans la proximitéimmédiate de Sarrelouisque le royaume venaitd'édifierem. Raisonnablement, le choix ne pouvaitse faire qu'entreSarreguemines, Boulay et St-Avold. Cependant,alors que St-Avold possédaitbien des atouts,position centrale,population toujours plus nombreuseque ses concuffentes, ancien siège de justice et mêmeplus grandeproximité de Nancy,elle subissaitun handicapquasi-rhédibitoire : le statutde la ville n'était pasencore fixé du fait desincertitudes diplomatiques françaises. Il fàllut attendre1718 pour que la ville, retourne,dans son intégralitéet sansambiguité, à la Lorraine.Notamment, la Franceavait remis en causela vente de la seigneuriede Hombourg-St-Avoldpar l'évêquede Me@ à la veille de la réunionde Mefz au royaumeet elle avait irnposépour instanced'appel, durant sa périoded'occupation de la région,le parlementde Meue0l. C'est d'ailleurs la coutumede Metz qui s'appliquait dans la seigneuriede St-Avold et à la < mère-cour> médiévalelocale et non la coutume de Lorraine comme dans les plus vieilles seigneuriesducales (par exemple,celle de Sarreguemines).

Ce fut donc Sarregueminesqur fut choisie comme chefJieu du bailliage d'Allemagneet qui confirmaainsi son < lobby> auprèsde l'administration nancéienne. En effet, Sarregueminesétait, destrois villes considérées,la plus anciennequi appartenaitau domainedes ducs de Lorraine,des familles d'officiers lorrainsv avaient fait leurs carrières,liés par mariagesà desfamilles nancéiennes.

eoo H. Baumont,op. cit., pp 4l-50. eOr Leffre à I'intendant du 7 juin l7S8 (AMSA. délibérations).Ce document affirme que le parlementde Metz estresté I'instance d'appel de la prévôtéde St-Avoldjusqu'en 1718. 461

rtir de 1698

Ce choixne fut jamaiscontesté à St-Avold,du moinsà partir du momentoù nous disposonsde documents,à partir de 1708.Cela s'expliqueaisément. En effet, au début,la ville encoredans I'incertitudesur son sort ne put s'étonnerdu choix de Sarreguemines,vieille ville d.ud.uché de Lorraine.D'autre part, le réseauurbain lorrain à cetteépoque était essentiellement constitué d'une juxtaposition de bourgs peu hiérarchisés entreeux et la nouvelleorganisation administrative ne modifiait passensiblement cet état de fait, disposantun peupartout, y cornprisà St-Avold,des sièges de justice de prernière instance: des prévôtés-grueries-chambresde police. Et par la suite, tant que la ville se développa,elle eutd'autres satisfactions.

Cependant,à partirde 1747,leduché remodela sa géographie administrative et remiten causel'équilibre existant. Il y eut d'abord réorganisationdes tribunaux forestierseO2,les grueries disparurentau profit de Maitrisesdes Eaux et Forêtsmoins nombreuses. Sur ce plan,Saint- Avold dépenditdésonnais de la Maîtrisede Dieuze.Sur le plan forestier,cette ville était bien plus stratégiqueque St-Avold du fait de la présenced.es salines très grosses consommatricesde bois, privilégiées du duché. Cependant,I'on regroupaaussi les recettesdes financeset St-Avold perdit la sienne,dès 1747, toujours au profit de Dieuze.Désormais les collecteurssemestriels de l'impôt allaientdevoir liwer le produitde leur collecteà < 8 lieues> (39 km) et c'estlà- basqu'on allait devoirréaliser les démarchesforestières, plaider pour obtenir la clérnence

eoz Cf. Guyot : Les.fbrêtsloruaines.iu.squ,en /2d9, MSAL 1884-85-86 462

des officiers forestiersdans le réglernentdes procès-verbaux d'abroutement de la forêt par les troupeaux communaux.

Ayant perdu sa gruerie donc une partie des affaires contentieuses qui justifiaient son existence,la prévôtédevenait pratiquernent obsolète autornatiquement, elle ne traitait plus assez d'affaires. C'est pourquoi, en 1751, Iors du remod.elagede tout l'édifice judiciaire, St-Avold perdit sa prévôté,le ressortde l'ancienne seigneurie,qu'on appelait < au XVIème siècle, étant dépouillé au profit des deux nouveauxbailliages de Sarreguemineset Boulay.

C'était un remodelagede grande envergure du < paysagejudiciaire lorrain > qui ne maintenaitque42 placescentrales autour de 18 parrapport à 80 prévôtésauparavanteo3 .

Le nouveau bailliage de Boulay, cr6 en l75l (La distanceentre Boulay et St-Avold est de 20 km ou 4 lieueseoa)

D L:\

e03 On supprimait 38 prévôtés, souvent situéesdans des villages (Malzéville, Azerailles, Amances, Norroy le Sec, ...) et I'on ne rnaintenait que 18 grands bailliages (Boulay, Bouzonville Sarreguemineset Dieuze, localement), 17 bailliages simples (Bitche) et 7 prévôtés maintenues. Cette réorganisationconcernait surtout le domaine ducal, lesiuridictions seigneurialesn'étaient pas touclrées,évidemrnent. (Cet édit a été publié par Dorn Calmeq Nofice de lo [,orraine. fn du torne II, pXVll et suivantes.) e04 Source : GeschichtlicherAtlas fiir das l-arrdan der Saar. 463

La réorganisationadnrinistrative fut probablernentle résultat de la pression

socialedes ofÏciers qui obtenantdes ressortsplus vastesacquéraient du rnême coup une dimensionfinancière aussi bien qu'honorifique plus remarquablee0s,dans une Lorraine oùr les fortunes existantesétaient restéeslongtemps très modestespar rapport à ce que I'on trouvait en France.La réfbrme tendait à mettre le niveau de vie de la magistraturelorraine à la même hauteurque celui de France.

Juridictions et recours. à partir de 1747-1750 I ou dépendanceen oointillés

c'-d t I ConseilduRoi I MaîtreI

DIEUZE lB"lt"s"I

e05 A l'époque de la vénalité des offi.ces,I'Etat avait plutôt intérêt à multiptier les offices (payants) qu'à en restreindre le nombre. D'autre part, il fallait rernbourser les offices supprinÉs à leurs propriétaires. La réorganisationne s'est donc pas faite dans un souci < d'économie >>comme on a pu le dire. Alors pourquoi s'est-elle faite ? Probablementsous la pressiondes besoins sociaux des officiers ducaux. Les considérantsde l'édit du 7 août 1751 mentionnaientle souci de rationaliser, de dirninuer le nombre des degrés de juridiction et d'augmenter I'efficacité des juges. En fait, en augmentant leur ressor! on augmentait le nornbre de leurs dossiers donc de leurs revenus. On peut voir sur la carte de la page précédenteque la rationalisation territoriale des juridictions n'a rien d'évident. Enfirç les attendusde l'édit de t75l mentionnaientque les officiers étaient <>,point de vue typique sous I'Ancien Régfune,des magistrats sur les marchandsqui les concunençaientdans les of{ices et faux en I'occurencepour St-Avold oir la prévôté était entre les rnainsde juristes beaucoupplus que de marchands 464

A partir clecette époque,les lettresde protestationet de plaintes des officiers naboriensse succédèrentchaque fois que cela semblait utilee06.f-orsque des rumeurs de remaniement adrninistratif créaient une opportunité, la ville se rappelait au bon souvenir des administrationssupérieures, lui refaisait I'histoire de sa munificence passéeet de I'indignité dans laquelle le destin I'avait fait déchoire, elle déléguait quelques uns des notablesou desofficiers pour plaider sa cause.

Dans l'immédiat, il fallut affronter le nouveau bailliage de Boulay et le subdéléguéeO7qui tentaient de dépouiller la charnbre de police de ses prérogatives,

notammentpour la nomination du maire et du sergentde ville, pour la convocationet la direction des plaids annauxs8.

St-Avold perdit enfin sa brigade de maréchaussée,en 1763,au cours d'un redéploiement de cet organe et dut attendre 1774 pour la voir rétablie, après de nombreusesréclamations vainese0e . Cependant,la positiongéographique de la ville et sonpoids humainlui avait valu I'installationtout au long du XVIIIème siècledes servicesde la ferme générale,des servicesde la < ventedes sels étrangers D, vers I'Allemagne, une quinzaine d.'actifs et leurs familles dont quelques( directeurs> (par exemple Villeroy, le futur fondateur de faienceries)riches et parfoisdisposés à développerdes affaires.

e06 En l77l,la réorganisationdes siègesprésidiaux fut l'occasion pour St-Avold de réclamer la translation du bailliage (délibération du 9 mars l77l). Cette conespondance avec les instances supérieures ne laissait pas d'être contadictoire. Quand elle rectamait des institutions, la ville se présentait en mettant tout au mieux, quand elle réclarnait une baisse d'impôts, elle se présentait en mettant tout au pire (16 août 1751). Un édit de 1772 créa quatre siègesprésidiaux dans le ressort de la cour souveraine de Nancy. Dans la région, c'est Dieuze qui obtint le siège en question (J.L.Masson : Histoire adminisfiative de la Lomaine, des provinces aux àépartements et à la région, Paris 1982, pp 66 et 87). Une fois de plus c'est une ville déjà pourvue qui obtint un accroissement de ses fonctions centrales, probablement du fait de I'efficacité des groupes de pressiondes juristes. eo1 Le subdétqgué éait le chef administratif dans le ressort du bailhagq échelon intermédiaire enhe les polices locales,mairies rurales, chambresde police urbaineset I'intendant de Lorraine, à Nancy. En 1788, le subdélégué,Thomas, résidait non à Boulay mais à Hellering (village proche de Hornbourg), où il avait des propriétés. ll y avait de nombreusesfrictions entre le subdéléguéet I'Hôtel de Ville de St-Avold qui préférait s'adresser à l'intendant. Par contre, les opposants à I'Hôtel de Ville, eux se plaignaient au subdélégué. e08 Les ptaids ânnaux étaient de rès anciennes institutions médiévales, sortes de tribunaux seigneuriaux,réunis une à trois fois par an, qui réglaient les questions< banales>>, arnendes liées au ban, nomination des représentants du seigneur tels que le maire ou de < bangards > chargés d'enregistrerles procès-verbauxcontrevenants au règlementbanal. La présencede tous les chefs de farnille et de tous les propriétaires forains était requise à ces plaids, sous peine de confiscation de leursbiens à la deuxièmeabsence. Cette présence valait reconnaissancede I'autorité seigneur.iale. eOe AMSA, délibérations,l9 mars 1763,20 julier 176g,4 aoùt t769. 465

La répartition des fonctionsadministratives entre lesvilles desenvirons en l7g9 (Fénétrangen'avait qu'un bailliage,les villessoulignées avaient bailliage et subdélégation, les r,'illesen grasavaient bailliage, siège présidial et subdélés;tioner('.)

Bouzonville n I Sarrelouis o

Boula)' o

o Sarrequemines o

Bilche

Fénétrange Château-Salins o o

o vi.

Enfin, l'AssembléeProvinciale réunie à Nancyen novembre-décembre1787 se choisitdes relais locauxerr, chefs-lieux de districtset assembléesde réduction.On ne fit alorsque consacrerles villes déjàfavorisées : Dieuze,Boulay et surtoutSarreguemines.

C'est la Révolution Françaisequi offrit à la ville une occasion de revanche. Elle remettaiten causele réseauurbain constitué par I'Ancien Régimeel2.

La réorganisation complète de toutes les structuresadministratives, civiles et religieuses,acheva d'abord de détruireles institutionsnaboriennes et notammentles deux monastèresbénédictins, ( ornementsde la ville >e13.

Le 14 août 1788, après la publication d'une série de déclarations de I'Assemblée Nationale qui annonçaient la réorganisationjudiciaire du royaume, la el0 Source : J.L.Masson,op. cit., informations disséminéesdans les premierschapitres. err J.L.Massorgop. cit., pp 106-108. eIz Dès rnai l7s8 (délibérations,lettre au premier ministre, du 26 mai 1788), l'intendant était chargéde redessinerla cartejudiciaire de la Lomaineet la ville lui expédiaitcartes et doléances. err AMSA, délibérations,l0 rnai 1790. 466

chambrede police rappelaitaux députésI'histoire administrative de Ia ville, on s'appuyait sur une carte conf'ectionnéespécialernent et envoyée< au ministère) pour dérnontrerla centralitéde saint-Avold en Lorraineallernande ; on demandait. - Le rétablissementd'une prévôtédans I'ancien ressort - Le rransfertdu bailliage de Boulay à St_Avold - L'établissementd'un présidial.

Toutes ces revendicationsétaient accompagnéesde listes de villages devant constituer les ressortsdes tribunaux souhaitésela,dans le nouvel esprit, c'est-à-dire en supprimant les enclavesévêchoises ou autresqui rendaientle tissu administratif d.'Ancien Régime discontinuet compliqué.On espéraiten fait que l'Assembléeaccorderait à Saint Avold l'un des trois siègesdésirés.

A I'Assemblée Nationale, un premier proJet,présenté par Thouretels, proposa

un découpagede la France qui aboutissait localement à la création d'un département de Lorraine allemande.Le particularisme linguistique de cette région n'était pas regardé avec malveillance par les députés qui acceptaient cette réalité et envisageaient un regroupement des germaniquesdans une même entitéadministrativeel6.

C'est pourquoi,dans la suitedes débats, parmi les 4 plansde subdivisions(voir

page suivante) qui furent le plus pris en compte, le plan n" 3, inspiré du découpagede Thouret et créant un département de Lorraine allemande fut le plan favori, avant le 15 décembre1789.

On sait notamment par un document (voir deux pages plus loin) qu'il fut question dans I'esprit de certains députésde placer le cheÊlieu du départementde Lorraine allemande à St-Avold, que la géographieplaçait au plus près du centre de gravité d'un tel département.

el4 Dans les cahiers de doléances,4 villages seulements'associèrent à la volonté naborienne de recentrer le bailliage sur le plan géographique. Cette incapacité de St-Avold à souder autour d'elle les communautés villageoises des environs fut peut-être une des causesde son échec dans la '. répartition des fonctions centales. Cf. - D. Schneider La région de St-At,oldvers 1789d,oprès les cahiersde doléances,in C.N. 1993,pp 5-39. tl: .I. Godechot,l,esinstitulions de la France sottsla Révolutionet l'I)ntpire,pUF, 1989,p 95. el6 J.L.Masson,op. cit., pp22l etsuivantes. 467

Les plans3 et l, le premier longtempsfavori, le secondfinalement adopté er7

(Lignespleines : plan no 3, lignesinterrompues : plan n" 1. Sur ce croquis,Sarreguemines a été placée5 krn au sudde St-Avoldet à 25 krn de saposition géographique,ce qui donne I'illusion qu'elle se trouveau milieu de la Loraine allemande,département du pian n" 3. Les villes placéessur la carte sontMetz, Nancy,Bar le Duc, Epinal et Saneguemines,dont la vraie position est marquéepar une croix.)

et7 Plan accompagnantle mémoire écrit par un député de Lorraine allemandepour promouvoir la création d'un tel départernent,fin décembre 1789, alors que le plan I avait déjà été adopté. publié par J.L. Masson,op. cit.,p 233. 468

t/n projet de découpagelorrainetE

Bouzonville tt

Château- Salins

Projetde départementde Lorraineallemande dont Saint-Avoldserait le cheflieu, Carte du29 novembre 1789

En effet, on peut voir sur ce croquis que les districtsn" I de chacundes départementsdevaient être ceux des chefs-lieux.Mais St-Avoldn'avait pour sa défense que la géographie,tandis que Sarrelouiset Sarreguemines,représentés par des députés( en chairet en os )),n'entendaient pas la questionde cetteoreille. C'est cette faiblessequi fut fatale au plan no3.Alors que Metz ou Nancy s'imposaient comme chefs-lieux départementauxquelles que soient les limites administrativesdécidées, en Lorraineallemande, vieil héritagedu Moyen-Agerenforcé par lestemps modemes, aucune ville ne s'imposaitfacilement. Occupésà une querelledes chefsJieux locaux, les députésfavorables au plan no3 furent circonvenuspar d'autres,dont Gossin(député du Barroisntn) qui firent finalernentadopter le plannol.

er8 Croquis accompagnantune lettre du 29 novembre 1789 aux deputésdu bailliage de Bar [e Duc. PubliéparJ.L. Masson,op. cit., p231. ere Gossin fut I'un des députés qui agit le plus, en fonction des intérêts de Bar le Duc. dans le groupedes députés lon'ains. 469

Autre projet de découpagelorrain e20

(Croquisadressé aux députésde Bar, le 29 novembre17g9, c'est le mêmedocument que précédemmentmais ce découpageétait porté en surcharge)

Projet renforçant la positionde Bar-le Duc, Ie traçé de la Meuse fut le résultat de la forte position du députéde Bar, Gossin

Le silencede St-Avoldà cetteépoque décisive (avant le 15 décembre)est significatif de cescontradictions internes qui paralysèrentles partisansdu plan 3. Il faut dire qu'ici, on devait ressentirà la simple évocationde la ville comme chef lieu départemental,une < divine surprise>, car St-Avold,à cettedate n'était rien et n'aspirait,

.'-^:^^*L.l^Ll^*^-r ---t: ---- -r:-.', rr - vr4rùçruuraurçurçilr-qu 4 ufl ulsrnol. ll Iaut emln aJouter que la vllle n'avatt aucun représentantà I' AssembleeNationale.

Le 4 janvier 1790, enfin, les officiers réagirent, ayarft appris que I'on nttr. < cherchait à frustrer la ville d'un district et d'un siège quelconque Ils donnèrent

e20 '. Source Création des dëpartemenls, I78g-17g0, réforme administrative ou Révolution, expositionréalisée par les A. D. Yvelines, 1989, doc. 122. e2t Cela signi{iequ'à ceffeépoque du débat,on écartaitSt-Avold à la fois d'un siègejudiciaire et admin istrati f. (AM SA, délibérations, 4 janvier 1790.) 470

procurationà trois chevaliersde St-Louis,anciens naboriens résidant à paris pour interv'enir,de pair avec I'un des rejetonsde la farnille Gérardy,avocat au parlementde Paris, et former un < lobby> favorableà la ville, auprèsdes comitéset ministères concemés.

Le 2Sjanvieqla nouvellemunicipalité installée à St-Avoldreprenait le dossier à la hauteurdes plus hautsenjeux du débatparisien, en supposantl'établissement < d,un départementet par conséquentd'un évêché> (sousentendu : de Lorraineallemande). La ville faisaitalors état de sesambitions, le monastèrebénédictin local possédantla plus neuveet la plusgrande des églises de Lorraineallemande, la pluspropre à devenirle siège d'une cathédrale,l'abbaye pouvant loger un évêchéet un séminairee22. A cettedate, les jeux étaientfaits mais on pouvaitencore espérer les infléchir. D'autres projets,plus ou moins contradictoires,étaient avancés par la ville, ( en cas de suppressiondes Religieuxet Religieuses> (la questionn'était pas encore définitivement arrêtée).On pourrait installer dans les bâtimentsconventuels un régiment entier,les officierschez les religieuses (sic) ou établirà St-Avoldune école nationale. Si I'on mettaitla barretrès hau! c'est que,l'expérience aidanq on envisageaitaussi le pire : les monastèressupprimés et non reconvertis,< cetteville ne seroitplus qu'unepépinière de mandians>, écrivaientles olIîciersmunicipaux.

A cettedate, des nrmeurs contradictoires circulaient à St-Avold.Le comitéde division de l'Assemblée Nationalee23aurait privilégié St-Avold mais le bourg de Morhangeaurait été par ailleursfavorisé... On attaquaitdonc cetteéventualité, alléguant que plusieursvillages refusaientd'aller à Morhangeoù I'air aurait été peu salubre,où il n'y avaitpas d'eau, où les cheminsétaient mauvais... L'on proposaitenfin à l'Assemblée Nationalede créer,centré sur St-Avotdun district de 3 lieuesde rayon. Le l0 féwier,alors que la suppressiondes ordres religieux se précisait et que les décisions,défavorables à St-Avold,étaient pratiquement prises, on envoyaitencore une lettrerappelant I'histoire des monastères naboriens et I'on réitéraitles mêmesdemandes. < Et cependantnos espérances nous echappent )), écrivait la municipalité.

e22 Fin 1788, dans son cahier de doléances,St-Avold exprimait déjà le souhait de < la réunion des abbayes... à la province > dont les revenusauraient servi < jusqu'à I'entière extinction des dettesde I'Etât )). Cela pounait vouloir dire qu'à cet époque on n'envisageaitpas de récupérer I'abbaye à d'autres fins mais seulementd'en affecter les revenusau remboursement ez3 des dettesde I'Etat. Le cornité de division était chargé d'arbitrer entre les propositions faites par les députés de chaquerégion. (Cf. J, Godechot,op. cit.) 471

C'est ef,fectivementdès cette époque, le 15 fevriere2a,que I'Assemblée Nationale avait stahréet défavorablementpour St-Avold, à propos du nouveau d,écoupage territorial du pays.

Le nouveau départementde la Moselle, qui comprenait à l'Est une partie de la Lorraine allemandeet à l'Ouest une partie de la Lorraineromane, était divisé en 9 districts. Morhange, Bitche, Boulay ou Sarregueminesdevenaient des chefs-lieux de ces districts et non St-Avold. Il ne restait à la ville que le niveau cantonal, celui qui ne devait pas comporter d'administration, en dehorsdujuge de paix ! Le nouveaudépartement de la Moselle : planchesde l'Atlas Nationale25

Thionville o

SarregueminesO

Lesréactions du conseilmunicipal furent à la hauteurde saconsternation :

e24 Les letfiespatentes du Roi qui entérinaientles décrds de I'AssembléeNationale (du l5 janvier, 16 féwier et26 févier), du 4 mars,furent enregisfrées à St-Avold le 16 awil 1790.(AMS A, art. 246.) Mais la divisionen districtsdu départementde la Moselleétait déjà acquise au 30 décembre 1789(J.L.Masson, op. cit., pp 235-236)et avartété ratifiée par I'AssembleeNationale le 8 janvier 1790. e2s Publiéirnrnédiatetnent après la réalisationdu découpagedu payspar un groupede géographes. Cf. J.L.Masson,op. cit.,pp 285et2B9. 472

SrAvold< nereprésentera plus qu'un triste hameau...elle ne seraplus, n,étant plushabitée qu'un monceau de décombres>e26.

En définitive,l'échec de St-Avoldfut certainementdû à son absencephysique desdébats de I'AssembléeNationale. Celle-ci avait confiéla divisiondu territoireà un comité de 4 députés(dont Gossin,représentant du Barrois).Ceux-ci devaient laisser autant que possible les députésde chaquerégion fixer les ressortset déterminerles chefs- lieuxe27.Or, Ia régionde I'Est de la Moselleétait représentéeentre autres par [e lieutenant général de Boulayet un avocatde Morhange,le curéde Vintrange(7 km de Morhange).Le marchand Andrédéputé par St-Avoldà Boulay,puis par I'assembléede Boulayau centre de réduction de Sarreguemines, n'avait frnalementpas franchi cetfe dernière étape ; il n'avaitpas été élu à l'AssembléeNationalee2s.

Or, dansI'ensemble des négociations, les aspectslocaux l'avaient emportésur les considérationsgénérales. Les députésétaient plus les représentantsde villes ou de circonscriptionsque soucieuxd'un découpaged'ensemble parfait, au surplusimprobable. C'estd'ailleurs pourquoi, alors que le découpagegénéral (en départements), très risquépar sesconséquences (sur les chefslieux qui étaientles plus grandesvilles) avait donnélieu à de longuesnégociations incertaines, les subdivisionsen districtsqui en découlaient,plus ou moinslogiquement et qui furentI'objet de négociationsinternes simultanées, frrent très vite adoptées,en moins de 10jourse2e.

Les voeur de St-Avold étaientfinalement voués à l'échec. En effet, la ville n'ayant pas de députésà I'AssembléeNationale ne corresponditpas beaucoupavec cette institutioncar c'était peineperdue. Elle préféraitcorrespondre avec le gouvernementqui, lui, laissaitI'Assemblée délibérer sur les questionsd'organisation territoriale. L'action du conseilmunicipal ne pouvaitdonc pas avoir d,impact.

Mais on essayaencore de redresserla bane. Le conseilreprit le dossieret proposacette fois-ci au départementmais aussi à l'AssembléeNationale, un nouveau

e26 Déhb., lo mai 1790. e27 J. Godecho! op. cit., p 97. e28 L'Assemblée Nationale résultait d'une cascaded'élections. Les commrmautésavaient délégué des députésau bailliage (ici Boulay) qui avait déléguédes députésà une assembléeinter-bailliagère (Sarreguemines) qui avait enfin délégué des deputés à I'Assernblée Nationale. Nous parlons ici du Tiers-Etat. Cf. Flaus et Martin: A la croisée des tempsanciens et notyeaux: SrAvold, ITgg-lTg0, in C.L.octobre 1989, p 187. De plus un des représentantsde la Noblesse avut été le Comte de Helmstadt, seigneurde Morhange, lequel avait démissionnéainsi que deux autres députés.pow les remplacer une nouvelle élection organisee le 28 decembre à Sarregueminesavait élu le maire de S-arreguemineset deux avocatsde Dieuze et Bitche (Masson,op. cit., pl32) e2e . J.L.Masson, ibidem, pp 227-228. 473

découpage.On tenaitcompte des bases officiçllement adoptées (4 lieues-carréespour les districtset 2 lieues-carréespour les cantons)et qui n'avaientpas été respectéesen Moselle où il y avaittrop de subdivisions,cç qui devaitcoûter beauçoup trop cherau contribuable par la multiplicationdes sièges de justice de paix ou de districtque cela devait entraîner. Aussi, St-Avold,s'aBpuyant sur la propositionçt les résçrvesexprimées Bar I'AssembléeNationalee30, présentait-elle une subdivisionde la Moselle en seulement5 districts et quelques30 cantonscontre 9 et 70 adoptés.Evidemment, la ville s'attribuait chacundes deux échelons en question. Le 23 octobre 1790, le conseil munieipal délibérait à nouveau sur la questione3r. Il protestaitcontre I'oubli dela ville qui s'étaitmatérialisé si l'on peutdire sur la cafie des 83 départementspubliée par I'Assemblée l.Iationale et où ScAvold n'apparaissaitpas, à la d.ifférencede cçrtains villages. On proposait unc réduction dcs districtsde la Mosclleà 4 et I'on aacompagnaitle dossierd'une estimationchiffrée des dépensesdépartementales et du fardeauque cela representaitpour chacun des quelques 5l.000 citoyensactifs de la Moselle: Dépensesdépa rtementales

9 districtset 76 cantons 4 districtset 30 cantons Dépensestotales 300.000f, ls0.s00f Dépensepar citoyen actif et Daran 5.9f 2.9f

La ville proposait enfin de réduire le nombre des municipalités aux villes et aux plus gros villages.

Ces propositions n'avaient aucune chance d'être entendues. Certes, les nouveaux dirigeants de la Moselle comme dans tous les départementsavaient déjà comme plus tard au XD(ème siècle une tendanceinvétérée à l'économie mais la réd,uctiondu coût par citoyen, ne pouvait les toucher, eux qui étaient riches. Enffe 3 et 6 liwes par citoyen, la

e3o Pour couper court à ta multitude de contestations qu'avait suscité le découpage du territoire national, parfois gravissimes (conflit entre Aix et Marseille, etc, cf. Godechof op. cit., p 99), I'Assemblée avait laissé entendre que les déprternents pourraient modifier leurs structures et I'on avait admis que les chefs-lieux pounaient être altematifs dans le temps, deux villes pouvant éventueflement se partager un siège. Sarrelouis, par exemple, espérait obtenir une panie des institutions cenftalesde la Moselle. Pour ce departement"I'Assemblée Nationale avait entérinéles réserves émises par les députés de Lorraine allemande quant à l'éventuelle création d'un tel département. Mais coûrme il y avait une epparentesatisfaction des députés lorrains sw le découpage admis temporairemen! pm la suite, I'inertie I'emporta sur le changement(J.L.Masson, op. cit., p 236). err Délibérations. 474

differencene pouvaitleur paraître insurmontable. Par contre, attaquer de front l'ensemble des intérêtslocaux en voulantsupprimer les municipalitésrurales, plus de la moitié des chefs-lieuxde cantons et 5 chefs-lieuxde district, c'était se condamner à l'échec. Le conseilmunicipal prétendaitfaire le travail du départementen présentant un projet globalqui de surcroîtaurait entraîné une nouvelle multitude de contestations. Les désétaient doncjetés et il ne s'agissaitplus que de sauverce qui pouvait l'être.Ce quel'on fit, bienentendu. Ainsi, le 2 novembreI790,la ville fit des démarchesà Metz pour essayer d'obtenirl'établissement à St-Avoldde I'une desbarrières douanières qui devaientêtre installéese32. Le 12 féwier 1791,tous les religierx des deux monastèresnaboriens ayant émis le voeux de se retirer de leurs établissements,les deux abbayesallaient être disponibles. La ville reprit alorscertains de sesprojets qu'elle proposaau département: - L'installationd'une Ecole Nationalee33 - L'encasernementd'un régimentde cavalerie - La récuperationde l'église abbatiale,quasiment neuve pour la substituerà l'église paroissialequi étaiten ruine. Le28 mai et le I I juin 1791,on recidiva.On envoyaà I'AssembléeNationale, avantqu'elle ne se séparât,un nouvelargumentaire complet de tout ce qui avait été dit et en ajoutant que la perte desoctrois de ville achevaitde ruiner St-Avold dont le commerce ne pouvait avoir quelqueconsistance qu'avec l'établissementde la maréchaussée,de casernes....Dans la secondelettre, on insistait sur les atouts de St-Avold, I'abbaye bénédictine,la bibliothèque,pour une écolenationale qui attireraitdes élèvesallemands comme à l'époqueoù les Bénédictinesprenaient des pensionnaires.On demandaitune confirmationdu décretdu 19 janvier 1790qui promettaitl'installation de cette école à Saint-Avold. Une décennieplus tard (25 pluvioseAn l0), St-Avold protestaitcontre les chargesimposées par sasituation de cheÊlieu de canton,obligée d'entretenir un bureaude e32 AMSA, Détibérations. En novembre 1790, I'Assemblée Nationale discutait de ta réorganisation du système douanier. e33 Sur ce poinÇ I'Assemblée Nationale avait promis exceptionnellementà St-Avold la création d'une école nationale (normalement située au chef-lieu du département). Cela avait entraîné immédiatement une protestation du maire royal de Bouquenom oir se situait un collège régional, avant la Révolution. 475 bienfaisance, alorsqu'elle n'était << qu'une petite ville qui a tout perdupar I'effet de la Révolution>. Déclasséepar le temps,la ville ne pouvaitplus que tâcherde diminuerses chargese3a. Par la suite,les premierschoix furent sanscesse confirmés. euand le 2l vendémiaireAn tV on créades tribunaux correctionnels, moins nombreux que les districts, on reprit toujoursen Moselle les chefs-lieuxexistants (Faulquemont et Sarreguemines, pour ce qui concernenotre secteur). Les recettes des contributions furent de mêmeplacées auxchefs-lieux de districtse35.

Au momentde la formationdes arrondissements, en I'An VIIf, on diminua le nombre des divisions adminisffativesde la Moselle, Faulquemontperdit ses fonctions centrales,il n'était pasquestion d'en accorderde supplémentairesà d'autrcs villes. Certes le cantonde St-Avolds'accrut de quelquescommunes, au coursdes réductions successives du nombredes cantons de la Moselle,en I'An V puis en l'An X. Mais ce fut de peu de conséquences"u.

Beaucoupplus tard, en 1819, la préfecturepensa pouvoir remettre Ie découpageadministratif à plat. La ville de Longwy émettaitde vives protestationscontre le sort qu'on lui avait fait et par ailleurs, les traitésde Paris (perte de Sarrelouis)avaient introduit certainesdisproportions dans la répartitiondes institutions mosellanes. Aussi, le préfet de la Moselleévoqua dans un rapportau ministrede I'intérieur, la possibilitéd'un redécoupagedu département.Dans cette hypothèse, il aurait voulu supprimer l'arrondissementde Briey et le transférerà St-Avold où I'on aurait regroupéles cantons avoisinantla ville. Cela await abouti à décalerI'arrondissement de Metz vers I'ouest, à agrandircelui de désormaistrop petit et à réduire celui de Sarregueminestrop peuplépar rapportaux autres.

Cependant,il s'agissaitlà d'un débatinterne à I'administrationet I'on n'en a aucunécho à St-Avoldmême.

e34 Après la réorganisationdu pays par I'Assemblée Natio ^le, la guerre devint rapidement le point de focalisæion de I'attention de tous. St-Avold, vit alors affluer des ftoupes, des magasins, hôpitaux militaires, bureaux d'intendance, parcs de chanois et de construction, le monastère des Bénédictines devint effectivement une caserne,St-Avold bénéficia d'une certaine animation, avant de s'assoupir sous le Directoire dans son rôle mineur de chef lieu de canton. (Cf. D. Schneider : l'épidémie de 1793-95, in C.N. 1994.) C'est alors qu'une stratégie de minoration des charges cornmençaà être appliquéepm les édiles municipaux successifs(Délib. 5 nivose An e35 Vl). J.L. Masson,op. cit.,pp 368 et374. er6 lbidem, pp 378 et 380. 476

Aloutons qu'à cette époque,le maire de St-Avold, généralet baron d'Empire, suscitait la rnétianceà la préfecturee3'. La présenceà ses côtés d'un sous-préfetaurait pennis de le surveiller de plus près. Mais ce n'était là qu'une préoccupationtout à fait secondaire,à vrai dire, peut-êtreune préoccupationdu préfet mais pas du ministre. Aussi le plan de redécoupagen'était que pure spéculation et n'eut pas de suite. probablement parce que la Restauration se souciait beaucoup plus de stabilité politique que de changementsqui auraient à nouveau créé un débat d'opinion et agité des passionsqu,il s'agissaitd'endormir.

St-Avold restadonc un chef-lieude canton,ce qu'elle est toujours.

Conclusion

Les disputeshomériques occasionnées par la redistributiondes lieux centraux au momentde la Révolutionn'étaient pas chimériques.Il y avait d'abord le fait que la société françaisede cette époque était encore une société d'ordre, dans une large lTlesuren'*.Cela signifie, pour notre propos, que les questionsde prestigeétaient fondamentaleset que le statutd'une ville pouvait(ou non) entraînerI'installation de rentiers,de nobles, attirés là parI'existence d'une société d'un certainniveau social. Mais,de plus,I'ordre socio-économiquedu paysjustifiait qu'on se battepour la présencede cesrésidents riches qu'étaient les administrateursou lesjuges. Les inventairesaprès décèsdu XMIIème siècle permettentde mesurerla distancequi séparaitles richesdes pauvres.La Franceétait une sociétéà deux vitesses économiquesbien distinctes.

Or la présencedes riches était largement conditionnéepar les choix gouvemementauxde répartitiondes institutions centrales et descasernes.

e37 On chercha lontemps, sous [a Restauration, un maire qui fût à la fois < dévoué au Roy et à son auguste famitle ) et qui s'imposât par son prestige à la population et aux fonctionnaires. Un candidat le colonel De Brernme,fut cowtisé assidûmentpar le pouvoir, mais il s'obstina à refuser la Place de sorte que le généralKister resta maire de l8l7 à 1824(AD Moselle 5 I e38 M l9). L'épidémie de particulesque I'on verra sous la Restauration,rnêrne en Moselle, départernent qui passaitpour politiquetnentavancé, nous montre que cet ordre symboliquede la sociétéétait une donnéequi ressortissaitdu long terme. 477 e3e Quelquescas d'inventaires après décèsau XWIIème siècle Bilansen livres de Lorraine 1706-1733 174t-1747 1762-1768 1770-1777 1781-1788 Classest"uffi Manoeuwes 2s8 Voituriers, laboureurs, 1700 280-1000 fermiers Artisans 0-1000-1500 < 150 0-1000- Artisans-marchands 3800-5000- 2000-7000 74-1260 1500-15.000 2000-3000 10.000 Commerce alimentaire 4000 7s00 15.000 4000-12.000- 25.000 Commerce 15.000- 33.000 1300- 6500-9100 0-12.000- 25.000 25.000 rs.000-40.000 Classesrésidentielles ear Juristes, commis des -6500-30.000 13.000 fermes. officiers Résidents: noblesse, r5.000-30.0005000-10.000- 5000- 4.000 militaires... r6.000

La différenceentre classeslaborieuses et résidentiellesque nous établissons correspondaità une différenced'usage de I'argent.Dans les classeslaborieuses, I'argent était un outil de travail, investidans I'activité du chef de famille pour une large part et la consommationétait réduiteà saplus simpleexpression. Par contre,dans les classesrésidentielles, les < meubles) étaienttoujours beaucoupplus importants,on trouvait dans ces patrimoinesdes luxes tels qu'une bibliothèque'42ou unecave à vin ou un cabriolet,luxes rares voire totalementabsents des

e3e Un commentaire de ce tableau exige d'abord de retativiser les données : ce sont des cas, il y a donc de I'accidentel dans ce tableau ; nous avons arrondi les chiftes pour rendre plus lisible I'ensemble et nous avons estimé très imprecisément les patrimoines fonciers qui ne sont pas toujours donnés en valeur financière. On ne trouve que les patrimoines de ceux qui ont quelque chose. Une partie notable de la ville est.absentede ce tableau. Il nous confi.rme cependantla non progression de la ville, dès te XVIIIème siècle. En effet, la fortune de chacun n'a pas ou a peu progresse, ùrrant le XVIIIème siècle, alors que I'inflation des prix aboutissaità peu près à un doublementvers 1789 par rapport à l73},comme nous e4o I'avons vu. Tous les bilâns présentes ici correspondent aux tableaux d'inventaires de commerçants et d'artisans...analysés dans le texte, auparavant,ou retranscritsen annexe. e4l Les bilans présentésici correspondentaux tableaux plus complets qu'on trouvera quelques pagesplus loin. e42 La présenced'une bibliotheque était aussi une question de tradition familiale, voire un outil de fiavail' Les premières bibliothèques que I'on rencontre se trouvaient chez les officiers les plus importants tels que le prévot de St-Avold et chez les ecclésiastiques,chanoînes de Hombourg ou curés de village dont les fortunes étaient exfrêmement diverses et qui pouvaient ne pas en avoir du tout ou en avoir beaucoup. A partir du milieu du siècle, on rencontrait plus de bibliothèques mais toujours dans les mêmes milieua la bourgeoisie de St-Avold ne s'est rnise à posséder des liwes qu'après 1770, des liwes pieux presqu'exclusivement,comme en térnoignent les inventaires des épiciers. Si les curés, les chirurgiens et les juristes avaient des bibliothèques surtout de travail, les commis des fennes (souvent d'origine française), des officiers de I'armée aussi, avaient les 478

autrespatrirnoines. Il y avait aussilà beaucoupplus de meublesouvragés, Iits < à tombeau>>, armoires en onne, en poirier, en cerisier...,de vêtementsd'apparat de grande valeur'Il n'étaitpas rare de rencontrerchez un marchandou chezun officier un seulhabit dont la valeurétait supérieureà la totalitéde la fortuned'un artisan.L'argent était donc ici sourcede dépensemais il était aussisource de rente,de placements. En fin de compte,c'est la quantitéde capitalqui différentiaitles deuxclasses. Là où il y avaittrès peu d'argent était la partiede la populationqui échappeà notreanalyse car elle échappaità la rapacitédes juristes qui faisaientpayer chèrement les inventaires: ils ne serisquaient pas chez les pauvres insolvables.

Quand il y avait un peu d'argen! il était quasi intégralement investi dans I'activité et quand il y en avait beaucoup,une partie plus ou moins notable était consomméeet I'autre servaità la constitutionde rentesea3.Les riches formaient une classe debanquiers qui finançaitI'activité des laborieux. On peut voir sur les différents inventaires apres décès utilisés dans les chapitresprécédents que danstoutes les professionsdes classeslaborieuses, il pouvaity avoir deshommes qui par leur savoir-faireexerçaient une activitémais devaientrecourir à un capitald'exploitation entièrement emprunté. Cela donnait au momentde la mort de ces hommes,des bilans financiersd'existence proches de zéro,voire des constatsde faillite. Mais, ces ( pauwes> laborieux étaient utiles aux riches dont ils assuraientles rentes annéesaprès années, même s'ils finissaientparfois par perdrele capitalemprunté, au bout de deuxou trois générations.

Or, le rôle du capital déjà fondamentalau XMtrème siècle pour la survie de beaucoupd'artisans devint le facteurde croissancefondamental au XD(ème siècle, lorsque le progrèsdes techniquesde production imposa aux entreprisesdes investissementsplus lourds.

Aussi, nousfaut-il examinerle plus précisémentpossible comment évolua le marchédes capitaux naboriens et évaluerI'impact de la pertedes fonctions centrales sur l'offre de crédit,servicç fondamentalement urbain.

bibliothèquesles plus < philosophiques)) et les plus historiques.Les femmes, quant à elles, naborienneselles possédaienttrès peu de liwes, mais les résidentes,telle cette dernoisellede Gourcy qui mourraiten 1769,possédaient des bibliothèques avant tout religieuses: Imitation de Jélus-Chrisgmissel, Ange conducteur, Pensées de PascalConfessions e43 de St-Augustin,Bossuet. Ce que l'on peut constatersur les inventairesaprès décès présentés en annexe: les < dettes actives> étaientdes prêts accordés par les résidents. 479

Vovonsd'abord l'évolution du marchéfinancier local au XVIIIème siècle,puis nous analyseronsles transformationsapportées par le XXème siècle.

Plusieurssources révèlentl'ensemble du crédit, très éclaté, puisqueles inventairesaprès décès nousrenvoient à la fois aux notaires,à diversesinstitutions locales tellesque I'Hôtel-Dieu local,la fabriqueparoissiale, les abbaves,les confrériesde toutes natureset mêmeI'ensemble des particuliers. La société naborienne.à cetteépoque, était une unitéfonctionnelle inervée par une multitudede petits prêtsassurés par des institutionset par I'ensembledes richesqui prêtaientaux membres de leurs familles,à leursamis, aux amis de leurs amis,à leurs voisinset connaissances, à leursdépendants (fermiers). D'une manièregénérale le prêt se faisaitpar la confianceque l'on pouvaitaccorder au débiteur,donc à conditionque ce débiteur dans soit inséré le réseaudes contraintes familiales et de sociabilitélocale. Le nombre de cesriches résidents nous semble par conséquent avoir été crucial pour assurerla prosperitéde l,ensembtede la sociétéeaa. L'année mêmeoù I'on supprimale postede receveurdes finances à St-Avold, en l747,le derniertitulaire de cet office avait un portefeuillede 13 prêtsreprésentant quelque10.000 f. Les plus pauwes parmi les résidentsprêtaient toujours 500 ou 1000 f. le capitaine deBlon en1765prêtait 7600 f.,les plus richescomme Géraud (173g) prêtaient 12.600f.

on peut évaluerle capital moyenprêté par un membrede la classe résidentielle,à partir desexemples que nous avons relevés dans les inventaires après décès (cf. annexeII) : prêté Capital total Nornbre de cas Capital moyen p"êrépai uo Ésid.F- 36.633 l0 3600livres de Lorraine

e41 Ajoutons que les marchands qui eux aussi étaient parfois riches, mobilisaient tous leurs capitaux dans leur cornmerce. lls participaientdonc peu au ,érruu croisé des prêts locaux, sauf pour financer l'activité des plus jeunes d'enfre eux, leurs fils, leurs gendres.cependant, indirectement, en vendant à crédit à leurs clients, ils assuraient à la fois des prêts à la consornmation et aux investissementsquand ils fournissaientles artisansou e45 leurs collègues. Cefte moyenne est assezreprésentative car si notre échantillon comprend plusieurs seigneurs irnportants, à I'inverse les inventaires sont parfois incomplets et sous-estimentles dettes activesdes défunts. 480

Un tribunalbailliager représentait une petite dizaine de personnes,huissiers compris. On peut en déduire que leur capital prêté localementse serait monté à une trentainede milliersde livres. Or, un artisanavait rarement besoin de plusde 100ou 200 f, mêmeà la veille de la Révolutionpour se lancer dans une activité. Autrement dit, la présenced'un bailliage dans une ville devait signitTerla possibilitéde financerdirectement la trésorerieou le matérielde quelques 150 artisans,600 personnes, familles comprises. Aussi la perte des fonctionscentrales après 1750puis sous la Révolution aboutit non seulementà un affaiblissementdes servicesurbainsea6 mais encoreà un affaiblissementde l'artisanatlocal qui perditune partie de sescapacités de financement. Les inventairesaprès décès de la classerésidentielle nous montrent que non seulementles plus richesavaient des capacitésde quasi banquiersnécessaires à la vie économiquelocale mais encore que leur pouvoir d'achat était aussi sans commune mesure aveccelui de la classelaborieuse (cf. annexeII'ot ). C'était donc eux les véritables animateursde l'économie localeeas.La prospéritéd'une ville, à fortiori d'une petiteville, pouvaitdans une large mesure dépendre de leur présenceou de leur absence.Mais, justement dans quelle mesure? On a vu leur impactfinancier en soimais I'on n'a pasencore estimé sa part dans I'ensemble du marché frnancierlocal.

L'activité des notaires nous renseigneassez globalementsur le marché financier local. Ils concentraientun grandnombre de contratsd'emprunts réalisés par les uns ou les autres, offrcialisant et donc assurantsur le plan juridique les opérations financières.

Celles-ciétaient concrétisées par desobligations ou desconstitutions de rentes qui pouvaientrépondre à desobjectifs économiques variés. Sur ces documentsnotariaux,

l7l I 1805 Populationurbaine 800 2700 Emplois dansles services 44 46 o/o des servicesdans I'emoloi 22Yo 7Yo e47 Les meubles dans la classerésidentielle représentaient le plus souventbien plus de 1000 f de Lorraine, alors qu'ils étaient fréquemment inférieurs à 100 f, dans la classelaborieuse. e48 Cette réalité de l'époque était parfaitement connue des hommes. Ansi, pour R. Cantillon, la ville et le bourg, en général,étaient intégralementle produit du pouvoir d'achat et du numéraire de quelquespropriétaires et princesqui décidaientde s'installerquelque part ou ailleurs.(R. Cantillon : I]ssaisur lo nature du comnrerceen général, 1755,réed. Paris-INED, 1952,pp 5-10. 481 on peut voir qui prôtaitde rargent,on peut aussitenter de voir querea été l'évolution globaledu marché financiernaborien au XVIIlèrne siècre. Les répertoiresannuels des notaires naborienseae,entrel7l5 et 1777,nous permettent de comptabiriserre nombred,opérations annueilesde prêts(constitutions de renteset obligations), surplusieurs séries d,années successives. GraphiqueI Nombre. annuerde prêtsdevant notaire, à st-Avord (sommesannuelles du nombredès constitutionr.i oùiigations)

!\oæç$<.\coêcô.r!+ \oæoôl mr,*+ EFFRSÊÈSRFÈ F- F- c- F_ ËËEÊÊÈËTEËgËËSSÉËË

comme toujours, on observe sur cette série chronologiquede grandes fluctuationsinter annuelles. l'on si chercheune corrélation entre les prêts et la conjoncture (le prix du blé ou du pain), peut on voir que la relationn'est pas clairees..D'autres causalitéssont à I'oeuvre-En fait, les emprunts,hier commeaujourd,hui, étaient à la fois consécutifsà dessituations de faillite, doncà une conjoncturenéfaste mais aussi entraînés

e4e AD Moselle' 3 E 6783-85. Ajoutons que les notaires travailraient à la ville mais aussi à la cirmpagne' ils partaient en tournée dans les villages, parfois jusqu'à 20 ou25 krn pour mene par écrit des actes' Les statistiquesque nous présentons ici ,epreàtent donc l,espaced,un gros canton et pas seulementla ville. e50 on peut avoir beaucoupd'obligations une année ori le prix du blé est élevé (1720)ou quand il estbas (1716); on peutavoir peu d'obligationsquand le prix du blé estélevé (l7zl)ou bas(1738-39) quandil est 482 par le dynamisme économiquede la population,du fait quedes artisans se mettaient à leur compte, des paysansachetaient des terres,etce-tt .

Cependant, on peut voir nettement sur la courbe précédente une évolution tendancielle négativeet précisémentaprès 1750,qui pourrait témoignerd'un assèchement financier de la ville, à la suite de la suppressiondes tribunaux locaux et de la recette des finances, à ce moment là. Les riches prêteurs étant moins nombreux, les capitaux manquaientà l'économie locale.

Une analyse des types de prêteurs concernés aboutit à des conclusions identiques.Donnons d'abord les chiffresbruts, concernant les annéesétudiées. Qui accordait des prêts, à St-Avold ?

Période 1719-1727 1736-1756 1776-1777 Nombre d'annéesétudiées 9 ans ll ans 2 ans Abbayes de St-Avold 49 3l 9 Autresabbaves 5 4 0 Institutions religieuseslocales 49 70 l5 Particuliers 292 534 5l Juifs 2 82 Total 397 721 78 Cesdonnées ne sontpas directement comparables car elles portent sur des laps de tempsdifférents. Ramenons donc les troispériodes à desduÉes théoriques de 9 ans: Le nombredes prêteurs par type et pour despériodes de 9 ans

Période t7t9-1727 1736-t756 1776-1777 Nombre d'annéesétudiées 9 ans 9 ans (estimation) 9 ans (estimation) o/o o/o Vo Abbayes de St-Avold 49 t2 25 4 40 ll,5 Autres abbaves 5 I J 0,5 0 0 Institutionsreligieuses locales 49 t2 57 10 67 19 Particuliers 292 74 437 74 230 66 Juifs 2 0,5 67 ll 13 4 Total 397 589 350 D'une part, on peut mesurerici I'assèchementfinancier de la viile en comparantle nombred'habitants au nombrede prêtsaccordés durant les trois périodes: 1719-1727 1736-1756 1776-1777 Nombre moyen d'habitants 1740 238s 2730 de la ville Nornbrede prêtspour 100 23 25 l3 habitantset pour 9 ans esr Une croissancede I'endetternent local pouvait donc aussi bien signifier que des affaires < précipitaient leur chute en aggravant leur endettement. que signifier le dynamisme des investissementslocaux dansdes affaires viables. esz Les annéesdont nous disposonssont surtout représentativesde la période qui précèdait 1751, dernièresannées : 1752et 1756,sur I I annéesobsenées. 483

Les prêtss'étaient réduits presque de rnoitié,dans les années1770, après s,être maintenus au même niveau durant la première moitié du siècle. ce décrochagede la finance par rapport à la populationrenforce notre impressionde prolétarisationde la ville. Si on observela structure des prêts, on peut voir tout d'abord la part majeure prise parlel-p44tç.ulie$, des marchands, des rneuniers,des laboureurs,des artisanset beaucoup de riches résidents dont les noms reviennent régulièrement dans les archives. Entre 1719et 1727 apparaissentle Comte de Hennin ou sa femrne,9 fois, le receveurdes finances, vergance, 5 fois, le seigneur de castagnette, r 7 fois, le prévôt vyart, 6 fois, Amelon, assesseurà la gruerie,2 fois, le notaireDe Gailois, r fois. Cependant,la < classe > des banquiersétait socialementbien plus étenduegue le groupe des résidentsriches. Il y avait une bonne part d'autofinancement,si l,on peut dire ainsi, de la classe laborieuse. Mais précisonstout de suite que les prêts accordéspar les artisansou paysansétaient le plus souventde moindrevaleur que ceux accordéspar les résidents. On peut l'observer en faisantI'inventaire des papiers détenus par un sergentde la prévôté,N. Michele53, chargéde récupérerces sommes prêtées : il s'agitdu tout venant desprêts accordéspar les particuliers, puisque ceux-ci étaient massivement majoritaires. Les empruntset dettesà faire rembourserpar un sergentde la prévôté (1726) En liwes de Lorraine Nombre Valeur totale Valeur moyenne Valeursextrêmes Nombre d'emprunts de d'emprunts des ernprunts moins de 100 f 5l 3731f 73f de4.18.0. à 875f 40 Le tout venantdes empruntsavait donc des montantstrès faibles, mais ce n'était pas forcémentdes actesnotariés comme ceux que l'on observaitprécédemment, c'étaientdes promesses, des actes sous seing privé ll y avait en fait sur le marchécommercial notamment, une transformationdu crédit à court terme en crédit à moyenou long terme,que I'on peut observersur les inventaires aprèsdécès, en analysantles dettesactives. Un client pouvaitacheter à crédit (ou emprunter)et signerce queI'on appelait< unepromesse >, disonsune reconnaissance de dette et au bout d'un certaintemps, ne réussissantpas à rembourser,il allait devantle notaireavec le commerçant(ou le prêteur)et signaitalors une obligation portant intérêt. Cependant,en tout état de cause,il nous faut relativiser nos estimations précédentes. La présencedes institutionscentrales avait un irnpactcertain mais non e53 lnventaires après décès, 1726. Ce sergent prêtait lui-rnêrne beaucoup. Mais ici, nous ne reprenonsque les papiers qui ne le concernaientpas personnellernentet dont il était en possession, au moment de sa mort. 484 exclusif. Un grandnombre d'adultes (des artisans, des veuves) pouvait prêter de l,argent, mêmesi c'étaitdes sommes plus modestes que celles prêtées par les riches résidents. Il pouvait existeren quelquesorte des < villes prolétaires> où l,activité économiques'autof,tnancait. Et St-Avolda fini par rejoindreprogressivement ce typede villes. Leur manquede puissancefinancière, I'impossibilité où se trouvaientles petits prêteurs d'assumerde gros risquesfinanciers condamnait ces villes à une économieplus routinièrequ' innovatrice.

Mais en dehorsdes particuliers,riches ou non, il existait aussi un srand nombred'institutions de tailles variables qui assumaientune fonction bancaire. Les Bénédictinsde St-Avold en faisaientpartie, surtout I'abbayemasculine dont les dotationsen terreset donc les revenusétaient supérieurs à çeux de I'abbaye féminine.En 1768,on avaitestimé ses revenus annuels à 12.g42livresde France(16.700 livres de Lonaine)n'4.Mais la plus grandepartie des recettes de l'abbayeprovenait de dîmes et peut-êtrede bois car elle possédaitau moins 2000 arpentsdans les forêts des environs. Aussi, les revenus abbatiauxétaient fortement indexés sur ceux du blé. croissants,voire sur ceux du boisencore plus croissants, au XVIIIème siècle. C'est pourquoi,en 1790,la municipalitéestimait les revenusdes moinesà 50.000 liwes. Cependant,la reconstructionde l'église abbatialeet du couventdans les années50 absorbaune grandepartie des liquidités et l'on peutobserver le fléchissement de la part de cetteabbaye dans les prêtslocaux à cetteépoque (deuxième péniodeess ) puis leur retour en force dans les années1770. Pour construirel'abbatiale, les bénédictins avaienteux-mêmes dû emprunterdes sommessans communes mesures avec le marché local (beaucoupplus de 100.000livres)es6. Mais lacongrégationde St-Vannedisposait d'un réseaude monastèresqui permettaitde drainertrès large, dans un rayond'un centaine de kilomètres,entre Verdun, Toul, Dieuze et le duché de Deux-Ponts.La part des Naboriensdans ces emprunts fut minime,I'héritière de FrançoisGéraut qui avait été bailli de l'abbayeà PorceletteesTprêta 3000 livres, les DamesReligieuses de St-Avold,4200 livres,au moins6000 livres provinrent enfin de legset donsdes moines de St-Avoldeux- mêmes.Les prêts furent donc très importantspar rapportà la plupart de ceux qui se

e54 L. Lecestre:Abbayes prieurés et couvenls tilhommes en France, lisregénérale d,après les papiers de la commissiondes réguliers en I768, paris 1902. Cf tableau : Qui accordaitdes prêrs à St-Avold, supra. es6::: H. Triboutde Morembert: La reconstruc:îiontle l'égliseabbatiale de St-Avold,tTS5-1764,in le PL, 1975,pp 39-43. e57 AD Moselle.H 339. 485

faisaientà Saint-Avoldet celane concernaitque les plus grossespointures iocales. La part de I'autofinancetnentpar I'abbaye de ses constructionss'éleva probablementà environ 50.000livres, concentréeà partir de 1747au moins, dateà partir de laquelle on commença à récolter des fonds et à partir de laquelle I'abbaye dut cesserde prêter de I'argent. Mais en dehorsde la période 1747-1769consacrée à ces gros investissements

et compte tenu du fait que l'abbaye avait aussi à faire fàce à des charges,(procès, églisesà reconstruire...),elle devait disposerd'excédents très réguliersà investir par des prêtse58. Quand on rencontre ses débiteursdans leurs inventairesaprès décès, il s'agit toujours d'assezgrosses sommes, de I'ordre de 1000livres.

Il y avait aussi sur le rnarché financier naborien ce que nous appelons les institutions religieuseslocales et qui était constituéesde 20 à25 organismesà finalité plus ou moins religieuse ou caritative tels que les fabriques, surtout celle de St-Avold, les confréries,purement religieuseset parfois rurales ou professionnellesese,enfin I'Hôtel- Dieu de St-Avold.

Ces institutions recevaient plus ou moins régulièrement des dons ou accumulaient des excédents d'exercices annuels qu'elles finissaient par placer en constitutionsde rentessurtout et parfois en obligations.

e58 Le soucis de financement des travaux apparut certainement en 1747, mais la ruine des bâtiments devait déjà inciter les moines à mobiliser leur épargne depuis quelques temps. Cependant, jusqu'en 1752, onpeut constater sur les papiers notariaux que chaque année les moines prêtaient de I'argent. Il semble qu'ils n'ont dû cesserces pratiques qu'au moment où ils ont dû rembourser les emprunts colossaux qu'ils avaient eux-mêmes dû contracter, dans les années 50 et 60. ( source : Tribout de Morembert, op. cit.) Mais les Bénédictins n'eurent probablement aucun rnal à rembourser ces emprunts car durant la phase où ils payèrent, entre 1757 et 1768, les baux ruraux augmentèrent fortement ou étaient déjà à leur sommet séculaire, comme on peut le voir sur les exemples suivants libellés en liwes de Lomaine. (Sources : AD MM, G500-561-833, AMSA. comptesde la fabrique.)

Lieux 1725-t728 t757 1766-1768 Augmentation

Tjoursde terre+ 2jardins+ I pré 31.10.0 79.2.0. t22.r5.0 +'290Yo de la fubriouede St-Avold Sei.meuriede Vannecoun 700f 1500J 1500f +ll4Yo

Les différences de taux viennent de deux origines, d'une part, certainesterres prises ici en considération, à St-Avold, ont été défrichées, leurs baux étaient donc hès faibtes au début (en quelque sorte on louait au franc symbolique une terre à défricher) et cela maximise le taux d'augmentation. D'autre part. les petits baux, moins risqués financièrementont probablement plus augmentéque les gros. e5e Cf chapitre précédent,sur I'anisanat, païtie concerîrantles confrériesprofessionnelles. 486

Obsen'onsla fabriquede St-Avolddont les archivesnous éclairent quelque peu sur son inten'entionfinancière. On peut constatersur le graphique2 que l'excédentannuel d'exercice de la fabrique (le < finito >) était fréquemmentde 500-1000,voire 2000 livres de lorraine, exceptionnellemente60,tandis que les déficits annuelsétaient rares avant la demière decenniede l'Ancien Régime.

Graphique 2 Les recettesannuelles réellese6l et I'excédentd'exercice de la fabrique de St-Avold (En livres de Lorraine)

II '.l r7-t 1l I+++f++tHlt+l-Jll+ff-l +l+i-t-f+l+FHJ r++,.t--1,1r : Fi-Fl--r +#'r-++ q qr,4 - { \O - qqC!)O---clNNNeoèvI a4 r O r o\ d,î æ \O\orrrrf-rrÈrF-si-Ès =\

Aussi, la fabrique plaça-t-elle à diverses reprises ses excédentset son < portefeuillede titres> s'accrutau fil desans, il put représenterfinalement un véritable fond bancaire.

Evidemmen!les fabriciensen profitait pour financerdes travaux dans l'église, le renouvellementdes ornementssacerdotaux, etc. Toutesdépenses qui pouvaientêtre fastueuses.Cependant, la paroissene fut systématiquement< en crise)) qu'à la fin du siècle, dans les années80, lorsque les < fînitos> annuelsfurent souventnégatifs. Auparavant, ceffe institution avait pu, de temps en temps, placer ses capitaux excédentairessur le marchélocal.

e6o AMSA" art.204-205. e6t Les recettesréelles étaient celles qui étaient réellernentperçues, une année donnée et non les recettestotales, qui incluaient le résrrltat(finito) de l'année précédente. 487

Les opérationsde banquesde la fabrique sur trois ans En lirvresde lorraine,sols et deniers 1728 t745 1747 Montant des rentesconstituées 385.14.3. 614.t2.0. 613.9.0. Kachatsde rentes 0 378.10.0. 492.15.0. prêté(20 çgp4qi toral fois lesrenres) 7714f 12.292f t2.269f. On peutvoir sur le tableaucidessus l'augmentation des placements, durant la premièremoitié du siècleet que les capitauxqui étaientremboursés étaient à nouveau prêtés, sauf besoinspressants d'argent frais. Ainsi, la fabriquesigna à son profit lg constitutionsde rentesentre 1720 et 25, I0 en 1736-37, etc. Mais parmi cespapiers il y en avaitun certainnombre à finalité plus précise. En effet, au fil des ans un certainnombre de fidèles,en généraldes couples, s'engageaientsous forme de constitutionsde rentesaux fins de permetirela célébrationde messesannuelles pour le reposde leursâmes. Parfois, ce n'étaitpas un capitalmobilier (une sommed'argent prêtée) qui assuraitcette rente mais unepièce de terre (un jardin, un pré) dont la locationservait alors à payerles intervenantsliturgiques'ut. Les rentesversées étaiententièrement utilisées aux fins religieusesdes fondations et non pas réinvesties.La fabriqueétait un organismereligieux qui mettaitl'économie au service de la religion. Pour compliquer les choses,beaucoup de fidèles, trop impecunieuxpour pouvoiravancer le capitalde cesrentes se contentaient d'en payerannuellement l'intérêt, jamais sans verserle capital.Un peu commes'ils avaientdonné un capital à la f'abrique qui le leur auraitaussitôt prêté pour qu'ils en versentla rente.Cela était indifférent aux fabriciensqui cherchaientseulement le moyende financerles liturgres,année après année. On disposede la liste de ces (( messesde fondation)), ce qui nous permer d' évaluerleur importancefi nancière.

e62 Touchaient un casuel à I'occasion de la réalisation de chacune de ces messes, le curé, le premier chantre, parfois le secondchantre, le marguillier et l'échevin, qui receveur de la fabrique, confectionnait le compteannuel dont I'archivagenous pennet de reconstituerI'activité financièrede la fabrique. 488 G' 3 Les messes de fondationgérées par le conseilde fabrique de St-Avold (à gauche: le nombre des fondations,à droite leursmontants en livres de Lorraine)

{-- l*xnbrecrurlrlétlePtls ij f; - _-| Ll Vale'rcunuléedesprors il

ii itiiiiiti i itl tiiliilI r ll+ir+irfi+ ..r] L c'.1 r) RRtrYlgP-$NOc.,\oue---C\C.{ô.1 oO s g) r- r- r\ f- N $ $ )? c-. r-- c.- i: ct F- F.. a.- F-- F- F- RFÈ3S3 r F,- t--. F- F_ Fr

Combiende ces messesde fondationrésultaient d'un capital réellementversé ? c'est très diff,rcile à évaluer. Mais on peut essayeren prenantdeux points de repères,un village, ,une grande ville Nancy et en calculantpar intrapolation(en gras): Total des capitaux Capitaux réellement Messesde Vannecourt"nt( l7g5 Messesde St-Avold(1784 Messesde la primatiale de

Si l'on ajoute ce capital de 9000 livres à celui qui est constatésur ies comptes du conseilde fabrique (2.000 livres en 1785e65),on obtient un capital total de 11.000 livres, l'équivalent de ce que pouvait prêterun riche résident. Cependant,par rapport aux riches particuliers,la fabrique était une sorte de < banque populaire>. Ceu.x-là prêtaient des sommes bien plus importantes, ils

e63 AD MM, G 1216. e6* AD MM, G g33. e65 Si le capital prêté directement par la fabrique a forrementdirninué dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, c'est que I'instiftrtion a dû récupérer son algent, au fi1r et à rnesure du remboursetnentdes prêts,pour faire fàce à sesbesoins. l\4ais cela a.contribué à l,assèchementdu marchélocal descapitaux. 489

représentaientplus ce que nousappellerions aujourd,hui,le < capital-risque>, tandisque la fàbnque assuraitde petits prêts :

Prêteur Nbre Mnntqnt tntql de orêts Valeur lnoyenne des prêts Géraut 1738 JO t2.500 at'7 Yergance,1747 l3 9800 754 Fabrique. vers 1740 il8 12.000 r02

D'une manièregénérale, plus un résidentétait riche, plus une institution était importante, plus leurs prêts atteignaient des montants élevés. Ainsi, des Bénédictins ou même de l'Hôtel-Dieu.

La ville elle-même empruntades sommesparfois fiès importantes à differentes époques' Au XVIIème siècle, dans un contexte d'extrême urgence (la guerre et les réquisitions), on emprunta surtout aux Bénédictins et à des étrangers, des Messins notamment' Au cours du XVIIIème siècle, on recourut à Renault de Warsberg, seigneuret riche entrepreneurdes environs, puis sous la Révolution à des particuliers de St-Avold, aprèsavoir mis la main sur les fondsde I'Hôtel-Dieu qui fut alorsréuni à la commune%6. D'une manière générale, ce sont les notables en charge des finances municipales qui maniaient les fonds des pauwes (de la charité publique) et ils avaient tendanceà détourner ces fondsde leur finalité vers desusages municipaux. C'était un réflexe généraldans la sociétéd'Ancien Régime. Ainsi, quand un hôpital des enfants trouvés fut créé à Nancy, on obligea toutes les villes à cotiser annuellement à cet hôpital et pour des montants non négligeables(100 liwes par an pour St-Avold)' Mais occasionnellement,les villes pouvaient emprunter des fonds à cet hôpital. on avait créé là, en querquesorte une banquedes communes.

Enfin, la liste des contratspassés par l'Hôtel-Dieu de St-Avold nous permetde retracerla chronologiede sesplacements fînancierse6t.

e66 Au moment de la guerre de 1870, la commune dut à nouveau emprunterpour faire face à ses chargeset alors que les recettess'amenuisaient. On recourut e67 encor€ à desriches particuliers. AMSA, délibérations,ler vendémiaire.An V 490

Graphique 4 Les contratsde rentesde I'hôpital de st-Avold Ivtontantcumulé descapitaux prêtés en livres de Lorraine

10fin - 1- I sooof-- I

- qi + r a -, .c d t^ æ -,+ r .:, .c F ; F Ê Ê ÊÊ:q g s ? î d,4 æ - :î r .- - \s ô Ë E Ë F-ll- s E i3 F ia É sp s Ë h F r F Ë

Ici encore,la plus grandepartie des prêts avait été effectuéeavant 1750-1760. La ainsi constituéeapprochait des 13.000liwes, vers 1789. euand nous rencontronsdes dettesdues à l'hôpital de SrAvold, dans les inventairesaprès décès, notammentdes artisans, elles se montaientfréquemment à deschiffres élevés, 400 ou 500 livres.

L'ensembledes informationsprécédentes nous permetd'esquisser le tableau suivantdu marchéfinancier naborien, au XWIIème siècle: Le marchénaborien au XVIIfème siècle: lesprêteurs

Montants desprêts Importants Modestes Très modestes 300i500f, et olus s0à ls0/200f, -de50f lnstitutions -Bénédictins -Fabrique -Bénédictines -Confréries J'hôpital -Noblesse Particuliers -Résidentsplus modestes -Tout le monde ou -Résidentsles plus riches (artisans,marchands, presque (certainsof{iciers. officiers) marchands, tanneurs) Il y avait doncdans les petitesvilles du XVIIIèmesiècle, car nul douteque I'on retrouveraitla mêmechose ailleurs, un marchéfinancier très articulé, dont les notaires n'étaient encore que les greffiers facultatifs, organiséavant tout par des réseauxde relationsi nter personnelles.

Maintenantque nous connaissonsmieux les acteursdu marché financier naborienau XVIIIème siècle, revenons à la questionde sonévolution quantitative. 491

On peut la mesurerd'une manière plus solide grâce au bureau local de l'enregistrementdes actesdes notairese6s.

Ceux-ci devaientporter leurs actesà ce bureaudans les jours qui suivaientleur signature.Mais d'autre part, les promessessous seingsprivés, pour être reçuesen justice, devaient aussi avoir été enregistréese6e.Aussi, au bureaude St-Avold, durant une année donnée, à partir de 1730 (quand apparaît cette source), tous les actes des deux notaires locaux étaient-ils enregistrésrapidementeT0, de rnême que beaucoup de promesses contemporaines ainsi qu'un certain nombre de ces derniers actes mais signés antérieurement,dans les années précédentes,voire 15 ans avantelt. Les promesses représentaientle plus souventdes crédits accordéspar des vendeursou des bailleurs à des acheteursou des baillistes qui n'avaient pu régler < comptant> leurs engagernents.Le montant de ces promessesenregistrées reflétait donc un endettementnormalement à court terme mais qui s'éternisaitdu fait de l'incapacité de I'endettéà rembourser,le prêteurse mettant en mesure par l'enregistrement de I'acte d'intenter une action en justice contre l'emprunteur.

Aussi, le montant des promessesreflétait plutôt la mauvaisesanté économique desacteurs les plus faiblesdu marchélocal.

Par contre, les obligations, constitutions et fondations représentaientplutôt et non exclusivementdes investissementsvolontaires, réalisés d'emblée à plus ou moins long terme par ceux qui disposaient d'excédents de capitaux auprès de cetx qui en avaient besoin pour noulrir le développementde leurs affaireseT2.Le montant de ces actesreflétait donc le dynamismeéconomique locale73.

e68 AD Moselle,2C2503 et suivantsjusqu'à 2533. e6e Edit du 11 novembre1718, tarif du4 awil 172I, Recueildes édits et ordonnancesdu règnede Léopold /, tome Il, pp 223, 454. e70 On peut observer dans les registres du bureau que les vérifications opéréesépisodiquernent auprès de tel ou tel notaire ne donnaient lieu qu'à des reclressementsmarginaux. Aussi peut-on a_{firmerque les notairesrespectaient bien la réglementation. e7t on ne trouve donc dans I'enregistrernentque les prornessesnon encorerernboursées et par-fois anciennes. e7z Parfois, il s'agissait de prêts circonstantiels.Ainsi, lorsque des enfants devenaientorphelins, leur tuteur récupérait leur héritage qu'il injectait dans ses propres affaires moyennant la signature d'une obligation au profit de ces orphelins, qu'il devait leur rembourserquand ils seraientadultes, frais d'éducationdéduits. e73 Cette réalité que nous décrivons n'est que tendancielle, elle admet des exceptions. Ainsi, tel marchand pour reconstituer son stock pouvait signer une promesseà son fournisseur, une petite partie des promessespouvait donc représenterdes investissements,tandis qu'une partie des autres actespouvait ne pasreprésenter des investissements. 492

Nous avonstotalisé les opérationsde crédit enregistréesà St-Avold" sur quatre périodes réparties au long du XVIIIème siècle et en fonction des donnéesqu'offre cette source.

Le crflit à St-Avold,de 1731à 1785 En livres de Lorraine 1731 r732 Total Moyennes Août1739/ annuelles rillet 4ô97a Promesses Nontbre 37 37 71 37 t72 Valeur 35l6 2261 5777 2888 21.746 Oblisations Nombre 76 79 r55 77 76 Valeur t3.664 t7 552 31.216 15.608 17.s40 Constitutions Nonrbre 39 25 61 JZ 20i19 Valeur 9296 2448 tt 745 5872 22.051/4051"',', Fondations Nontbre -t t0 5 5 Valeur 723 195 918 459 615 Total Nombre r59 111 303 I5I 273/ 272 Valeur 27.r99 22 456 49.656 24.828 6r.952/43.952

t767 t768 Total Moyennesan. Promesses Nombre JO 30 70 _t5 Valeur 3037 1745 4782 2391 Oblisations Nombre 19 96 18 Valeur 20.772 22.274 43.046 2r.s23 Constitutions Nombre t+ IO 21 I2 Valeur 7690 2403 10.093 5ô46 Fondations Nombre I 0 I Valeur IJ 0 75 )t Total Nombre 102 89 I9I 95 Valzur 3t 574 26 422 57.996 28.998

1794"'6 I 785 Total Movennes an. Promesses Nombre t3 17 90 45 Valeur 5044 3850 8894 4447 Nombre 32 30 22 51/52 27/26 Valeur 66.626/23.536 t3.614 80.240/ 37.1s0 40.r20/ 18.57s Constitutions Nombre J 6 9 I Valeur 1221 7284 8505 4252 Fondations Nombre 0 0 0 0 Valeur 0 0 0 0 Total Nombre 78 76 75 153/ I5l 76/75 Valeur 72.89r/29.80r 24.748 97.639/ 54.549 48.819/ 27.274

e74 Dernière annéeapparaissant avant 1750. e1s Une seuleconstitution de 18.000 f, représentaitla valeur de la seigneuriede Vatmont rachetée par De Cailloux à un autre noble. Cette opération entre deux acteurs extérieurs regardait peu le marché local. Nous devons donc I'exclure de nos analyses; il faut donc prendre en compte le plus petit des deux nombres mentionnés pour les obligations et le total des crédits. e76 En 1784 à nouveau, deux obligations de très grande valeur (8360 et 25.000 f de France) fiuent souscritespar des acteursextérieurs au milieu local. des officiers supérieursen garnison et le receveurdes fermesauprès de deux < filles de Vohnunster>. Là encore,il ne faut retenirque le plus petit des deux nombresmentionnés pour analyserle marché local. 493

Les résultats conoborent et nuancent tout à la fois nos observations antérieures. En efïet- d'une paft il est clair que si les opérationsde crédit ont tendu à se multiplier avant 1750, elles se sont nettement raréf,réesdans la deuxième moitié du X\4[Ième sièclee77.Cependant, la valeur totale des prêts s'est approximatiyement maintenue ou n'a que légèrement décru par rapport à l'évolution de la population (cf. graphiquepaee suivante).

Pourquoi cette divergenceentre re nombre et le volume des prêts ? Parceque les prêteursjuifs de Pontpierreet de Niedervisses'étaient substitués aux riches résidentslocaux devenusmoins nombreux.

e'1'a Dès 1757, le contrôleur local des actes des notairesconstatait, pour justifier la forte baissede son volurne d'affaires, que la suppressionde la prévôté en était la cause.Il estimait que les courants d'aflaires avaient été déviés vers Boulay (AD Moselle,2 C 3184). Un sondagedans les registresdu bureau de Boulay, pow 1767, année comparable à nos tableaux precédents, donne les résultats suivants : Boulay,AD M. 2C 451-452 1767 Promesses Nombre 371 Valeur 38.700 Oblieations Nombre 50 Valeur 32.466 Constitutions Nombre Valeur 2500 Fondations Nombre 2 Valew 320 Total Nombre Valew 73.986

Le volume d'affaires de Boulay était incontestablement beaucoup plus puissært que celui de St-Avold' dès cette époque. Deux fois plus d'argent circulait à Boulay sous forme de papier. Cependant' cela pouvait ête dû à la présence de familles -iuives dans cette ville, donc de < banques> locales. On constate d'ailleurs que ce sont les promesses qui étaient bien plus nombreuses, leur valeur moyerme étant proche de celle de St-Avold (76 L Lon. à St-Avold contre 104 à Boulay) Quant au rnarché des obligations, il était tout aussi concentré à Boulay qu'à St- Avold. sur 40 ou 45 opérationq mais les capitaux investis à Boulay représentaientpresque le double de ceux investis à St-Avold, nouvelle preuve de I'impact d'un tribunal local, car à cette date, Boulay était le sièged'un bailliage, tandis que st-Avold avait perdu sa pÉvôté. Enfin' la déviation du courant d'affaires de St-Avold vers Boulay était réelle, elle o/o représentait40 à 50 opérationspar an (10 de celles réaliseesà Boulay mais 40 à 50 yo de celles réaliséesà St-Avold) Une quinzaine d'opérations étaient réaliséespar des Naboriens, enhe eux ou avec d'autres partenaires(le reste était le fait de villageois de la zone d'influence de St-Avold), les prêts et les empruntsdes Naboriens de I'ordre de 1300-1600 f, Lonaine s'équilibraient à peu prêt, laissant un solde annuel d'environ 200 ou 250 f. de prêts. Autrement dir les Naboriens allaient un peu plus à Boulay pour placer leur argentque pour en chercher,mais cettedifférence est trop faible pour qu'on puissela commenter. En tout, le marchénaborien perdait 6500 f,, soit un cinquième des capitaux circulant en 1767. Mais les habitants pouvaient trouver des capitaux ailleurs, à Sarreguemines,à Boulay, probablement à des taux d'intérêt supérieurs.comme nous allons le dérnontrer. 494 En effet" en l73l-32. nousn'avons observé aucun emprunt contracté auprès de juifs' En 1739-1740, annéede très gros endettementde la population locale, ceux-ci apparurentmais très modestement(24 opérationssur 272).Par contre,en 1767-6g.puis en 1784-1785, la plus grande partie des promesses et un nombre non négligeable d'obligations furent contractéesauprès de juifs, peut-être une soixantaine sur 170 opérations,environ un tiers. Graphique 5 Evolution comparéedu crédit et de la population de 1731 à l Tgs En indices,série non conti

Mnùrcdeprêts 180 r I I Valortotaledes pêts 160 | i I PoprlationdeSt-Avold l4o I l l2o+

100

8u

(fr L .-----

&

'ro

1768 t78r'-

juifs Or les pratiquaientle prêt sur gageet des taux d'intérêt supérieurset autorisés o/o par la réglementation,de l'ordre de 12 alors que le crédit courantétait de I'ordre de 5 oÂe18.

Aussi,le résultatde l'évolutionest-il clair : la diminutionde la quantitéde capitaux disponiblesavait entraînélocalement une haussedes taux d'intérêts et par conséquentune fragilisationdes acteurs économiques les plus faibles.Cela se vérifie sur e'18 Le taux de L2o/oétait autorisé pour les prêts sur gage de moins de 100 f, de France dans les Trois Evêchés (Cf. Y. Le Moigne, Hisloire de Metz, Privat 1986) Les juifs de Lorraine se ravitaillaient en capitaux auprès de leurs conéligionnaires banquiers de Metz et Nancy, secondairement de Strasbourg, cofllme le montrent de nombreux cas analyses dans les inventaires de faillite de la juridiction consulaire de Nancy (AD MM, 49 B). Ces banquiers trouvaient eux- rnêmesdes capitarx auprèsdes résidentsriches des grandesvilles qui leurs confiaient leur argentà g o/o(Y . Le Moigne, ibidern). Or, grand un nombre d'emprunts locaux réalisésauprès de juifs étaient des promessesdont les trois quarts plus et étaientinférieures à 100 f de Franceet mêrnele plus solvent à 100 f de Lorraine.

/ 495

nos statistiquespar le fait que les promessesétaient toujours aussi nombreuses (45 par an en 1784185 contre 37 par an en 1731132),or on sait qu'elles représentaientl'endettement des plus faibles plus et le souventelles étaientsignées en faveur de juifs donc à haut taux d'intérêt.

D'autre part' du côté du dynamisme que voit-on ? Les fondations avaient disparu, les constitutions étaient réduites au quart de ce qu'elles avaient été et les constitutions au tiers. Mais leur valeur globale s'était maintenue, à 22-23.000 f de Lorraineen l73l-32 commeen 1784-g5.

Autrement dit, la valeur des contrats s'était nettement accrue, les emprunteurs empruntaient des sommestrois fois plus grandesmais étaientnettement moins nombreux. Or nous avons vu à partir des rôles d'imposition et des archivcs des confréries que le nombre des acteurs économiques ne s'était pas restreint, que la concentration des entreprisesétait très faible.

Aussi, un petit nombre seulementd'acteurs économiquespouvait se ravitailler sur le marché des capitaux, tandis que le plus grand nombre en était écarté et par conséquentcondamné à la stagnation.

Conclusion

Nousp-ouvons donc récapituler ainsi l'évolution du marchéfinancier naborien auXVIIIème siècle :

Avant 1747-1750,Iemarché local pouvaits'autofinancer grâce à la présence de riches résidentsassez nombreux. Après cette date, le manquede capitaux locaux obligeacertains acteurs de l'économieà aller les chercherplus loin. Sortantdu réseaude la sociabilitélocale, ils présentèrentface à leursprêteurs moins de garantieset durentdonc payerdes intérêts plus élevés.Cette hausse des taux d'intérêt écarta du marchéfinancier les plus faiblesou les fragilisa.

S'il n'y eut pasà proprementparler de penuriede capitauxpour les besoins locaux,le marchése déplaçavers d'autresvilles, plus dynamiqueset mit St-Avolden positionde fàiblesse,à l'oréedu XIXèmesiècle, c'est-à-dire de la Révolutionindustrielle qui devaitfaire du capitalle principalfacteur de production. 496

Au XIXème siècle, les données du problème financier changèrent considérablement'Non seulement la ville ne retrouva pas de fonctions centrales mais encore la Révolution avait balayé les deux abbayesbénédictines, l'l{ôtel-Dieu, ainsi que les confréries.

D'autre part, l'observation de I'activité des notairesmontre que leur rôle s'était accru' Au XVIIIème siècle, les sourcesnous les présentaientcomme de simples greffiers qui officialisaientles transfertsde fonds par leur témoignageécrit. Au XIXème siècle, ils devinrenten quelquesorte des < commissionnairesen banque>. En effet, un examendes liassesdes deux notaireseTequi officiaient à st-Avotd en 1g40,met en évidenceque des rentiers dont le domicile pou-vait être extérieur et même lointaine80confiaient leurs fonds à cesnotaires qui les plaçaienten fonction de la demandelocale. Les obligationstrancrites par lesnotaires de st-Avold, en lg40 Prêteurs Nombre de Valeur totale Notaires (Identitéet nornbre) prêts (frs) Lieutenantd'infanterie à Toulon I 20 29.2s0 Spinsa Rentière de Metz I 6 8800 3 marchandsjuifs de Forbach 43t7 Nicaise,Spinea Sous-intend.milit. (Toulon, phalsbours) I J 1500 Spinga Total des importations de capitaux 6 32 43.867 Poncelet,ancien notaire à St-Avold I 7680 Nicaise Renauld,rentier à St-Avold I 4 5000 Nicaise Capit. de caval.retraité I à St-Avold 2 1600 Nicaise Le colon.De Brern St-Avolrt I I r200 Nicaise rarucullers de St-Avold 9 9 t3.650 Sping4 Nicaise I otal des capitaux naboriens 13 23 29.130 Particuliersde communesnroches 7 7 5068 Spinea. Nicaise I otal 27 63 81.76s

Certes, prêteurs des et des emprunteurspouvaient toujours, comme au XVIIIème sièclese mettre d'accord en dehorsde l'étudeet venir simplementofficialiser leurs opérations devant le notaire, cela donnait alors lieu à des obligations qui s'intercalaient dans la liste chronologiquedes autresplacements de fonds réalisés. Evidemment toutesles étudesnotariales ne se ressemblaientpas. Certains notaires, par exemple Spinga à St-Avold paraissentavoir pratiqué plus ceffe importation et redistribution de fonds que d'autres.Nicaise, localement,avait une clientèle moins lointaineet dansl'ensemble prus modeste (au vu de sesliasses de l g40).

Pourtour ce qui suit : AD Moselle,377 IJ e80:l: 55 et 37BIJ 27. Me,, ou desvilles de garnison comrne Toulon ou pharsbours. 497 Cesréalités nousrévèlent deux nouveautés: les capitaux,en l g40 étaientbien plus < circulants) qu'à la veille de la Révolution,si l g-20.000f de Lorraine étaient investiesannuellement à SrAvold par voie d'obligationvers l7g4-g5, c,étaient50.000 unitéséquivalentes qui l'étaienten 1840e8r.Et d'autre part, ils étaientbien plus mobiles, géographiquementparlant, puisqu'ils pouvaient venir de très loin s'investir sur le marché local' Par conséquent, si des entrepreneursnaboriens avaient eu un quelconque dynamisme, les notaires auraient répercuté leurs appels d'offres d,emprunts et vraisemblablementtro uvé cescapitaux ai lleurs. Autrement dit, au XIXème siècle, ce ne fut pas la pénurie de capitaux qui engendrale marasmeéconomique mais parce que l'économie locale était atone qu,elle investissaitpeu de capitaux. Si les notaires naboriens pouvaient manipuler des capitaux venant de l'extérieur' les riches naborienspouvaient aussi, soit placer leurs fonds à I'extérieur par l'intermédiaire d'autres notaires ou non, soit recourir directement à I'emprunt de capitaux extérieurs.

C'est ce que nous apprend I'inventaire après décès de J.p. Kouches2.Cet ancien tanneur, gros propriétaire foncier était marié à une Luxembourgeoise, avait un cousin épicier à Paris et possédaitune métairie viticole à Scy-Chazelles.Ses affaires avaient donc tout naturellement pris un tour ( cosmopolite > et moderne comme le montrent sessources d'emprunts en capitaux.

Inventaire après decèsde J.p. Kouch, 186g

Actif Passif Meubles 8242 Loyers annuelsencaissés 4200 + en nature (7 immeubles,3 iardins. 3 terres. I métairie) lmmeubles environ125.000 Dettespassives - Emprunt au Crédit Foncier de France 27.000 -8empruntsàMetz 21.200 - I emprunt à Hannonville 6000 - I emprunt au Grand Duché 2000 - 2 empruntsà Bambiderstrof ---r-----. | - et Freymins ! L+Jv24s0 i I |i __ -- .-5empruntsàSt-Avotd I, I rc.n6rJ./Ju |I I - Un vingtainede dépensesnon payées | | 1900 i

e8! Nous reprenons ici les capitaux naboriens,ceux des communes proches (soit 37.g9g frs ou f de France)multiplié par 3l/24. ce qui donne49.95 | ! de Lorraine. e82 30 janvier | 868, Maître Dufresne,25 E 53. 498 Au cours de son existence,il avait contractédes empruntsdans le Grand Duché,à Paris auprèsdu CréditFoncier, à Metzet Hannonville,à St-Avoldet environs.Et l'importation de capitauxI'emportait de loin sur la provenancelocale (76 yo,soit 56.000 frs)' Surdeux autresinventaires, de typescommerciaux et saisis< en pleineactivité >>, l,on constateque le plus riche empruntaitbeaucoup à I'extérieur(14500 frs sur 1g.500frs d'empruntsfinanciers et non commerciaux)et l'autre, beaucoupmoins (1000 frs sur 3617)e83.

Si I'on admetqu'il existaità St-Avoldune dizainede ces familles riches d'importateursde capitaux,cela pouvaitdoubler cet apportannuel d'argent constaté chez lesnotaires et représenter50 à 100.000frs paran selonles périodes. D'aufre part,certains capitaux locau,r qui auparavants'investissaient sur place, étaientdésormais drainés par l'Etat et la boursede Paris.Ainsi, les donsdes particuliers atrx conseils de fabrique étaient dorénavantcontrôlés par le gouvernementdont l'autorisation étaitnécessaire.Or, en 1840,on rencontreun tel cas.Une fondationde 4 messesperpétuelles à St-Avold s'accompagnaitd'un don de i70 frs, ce qui n'était pas insignifiant.Le gouvernement demandale placementde cesfonds en rentessur l,Etat,ce qui revenait à drainer des capitauxlocaux vers Paris. Cependan!la même année,on constateque de petitessommes continuaient à êtreinvesties par les fabriquesrurales (240 frs à Béning, Maître Nicaise), ce que I'exemple de Vannecourt nous confirme pratiquement à l'échelledu siècle.C'est vers 1890que les capitauxdes fabriques rurales de la régron de Château-Salinsfurent investis par les banquesen fondsd'Etat allemandset échapperent par conséquentau marchélocal descapitaux (et auxnotaires). Dans la région de St-Avold, cependan!les fondationsde messessubsistaien! mais non sousla forme de versementsde capitaux; c'étaitdevenu des constitutions de rentesannuelles qui assuraient la continuité des servicesliturgiques. Mais une clausede ces confats stipulait qu,ils pouvaient à tout momentêtre transformé en rentessur l'Etat à 3 %. Donc ici, cescapitaux étaientdéjà virnrellementdrainés au profit de besoinsnationaux. Ils représentaientà la fin du SecondEmpire 4300 frs, annuellementesa.

e83 Inventaires après décès de Pister et Zimmennan, en 1869, étudiés auparavant dans le chapitre sur le commerce. e84 Moyenne pour 186869. Une douzainede messesétaient ainsi crééesannuellernent à St-Avold et dans quelquesvillages des environs, ce qui laisse penserque ce mouvement avait repris dans le cours du XIXème siècle une importance équivalente à ce que t'on peut constater au début du XVlllèrne siècle. 499

Voyons la situationgénérale du marchéfinancier local, à la fin du Second Empire.

Les obligations trancrites par resnotaires naboriensen I g65 ess Prêteurs Nombre Valeurtotale de nrêts (frs) Particuliersde St-Avold 23 389s0 I'arhcuhers de communesproches 8 r8.064 Capitaine.d'Btat-Ma.ior de Nancy 2 25Wg'/ù_ Capitaux extérieurs. Xivrv le Franc- M.etz ef Mcqrr 3 70s0(10,5 %) Total 36 66.744 Le marché desotrtigations en l868e86

Prêteurs Nombre de Valeur Notaires (Identitéet nornbre) prêts totale (frs) Particuliersde St-Avold(rentiers et demoiGfiès. 12 20 27.210 Dufresne,Spinga boucher,chapelier, négociant) Employé De Wendel (Dourd'hal) 1 5 3660 Drrfrec Particuliersde proches 1 communes 7 10.700 Dufresne. Spinqa Un fille, servanteà Paris I I 2000 Dufresne uaprtaux extérieurs,Issoudun (soldat), 6 7 8243 Dufresne, Nancy, p4ris Novéant,Mefz et Sninoa Total 27 40 s1.813 En 1869e87

Prêfeurs Nornbre de Valeur Notaires (Identité et nombre) prêts totale (frs) Particuliers de St-Avold (rentierset demoiselles. I9 24 31.320 Dufresne,Spinga boucher,chapelier, négociant) Particuliersde communesproches 10 ll 25.475 Dufr.- Sninpa Employé De Wenclel(Dourd'hal) I 4 325t Dufresne Capitaine d'Etat-Major de Nancy 7 S 10.700 Spinsa Capitaux extérieurs, Issoudun (soldat), Mefz 3 3 3421 Dufresne et Paris Total 34 47 77.t60

A cetteépoque, l'ancienneté de l'émigrationnaborienne commençait déjà à se traduiredans les flux financiers.Nos exemplessont parfois ambigtis mais il ne résultent que d'un sondagesur les années1868-69, ce qui laissepenser qu'ils correspondentà des réalitésbien réelles.

D'une part, desémigrés pouvaient emprunter de l'argentsur le marchélocal, tel cet ouvrierpeintre sur verre, originaire de et résidantà Chicago,qui emprunta

e85 AD Moselle, ZSE 16-17et25 E 50. e86 AD Moselle,25 E 22-23et 53. e87 lbidern,25 F'24-25 et54. 500 3000 frs à un curé de StAvoldns8,ou encorece cordonniernaborien, soldat à Médéa (Algérie) qui officialisait un emprunt ancien qu'il avait contracté auprès de son frère, journalierà Parisese. D'autre part, desexpatriées, des filles en serviceà Paris,prêtaient de I'argentà leur mère, restéeau paysnnt'. D'une manière générale, la création d'une caisse d'épargne locale à Sarreguemineschangea peu les habitudesfinancières des habitants.on rencontrepeu de traces de comptes ouverts à ceffe banque dans les inventaires après décès, mais on en trouve, qui nous montrent soit une coexistenceentre les anciensusages et de nouveaux (prêts directs des économiesà un notaire ou à des particuliers, le liwet de caissed,épargne servant alors de placement à court terme, voire de compte courant), soit un placement intégral des économies d'un ménage sur un ou deux livrets de caisse d'épargne. Mais le nombre des comptes à la caisse de Sarregueminesresta longtempsfaible, semble-t-il. jusque dansles années1855 et suivantesou il dut atteindrele milliereel. En 1g56,la caisse de Sarregueminesdrainait 265.500 frs par 749 dépots. Ce n'était plus négligeable.Mais en moyenneun compte ouvert ne représentaitque 354 frs. Il s'agissaitdonc bien là d,une épargnepopulaire et celle-ci qui auparavantétait prêtée localement était désormaisdrainée versParis.

Les inventaires après décès montrent que I'essentiel (95 o au bas mot) de l'épargne mêmehumble suivaitencore les voies traditionnelles,vers 1860-65ee2.Les petits prêts de tout un chacun restaienttrès informels, soit dans le cadre familial soit concrétisés par des promesses sous seing privé qui cependantsemblent s'être raréfiéespar rapport aux obligations notarialesee3.

e88 obhgæion juillet du l0 lg6g, maître Dufresne, ajoutons que toutes les obligations s'accompagnaient de prises d'hypothèques. Cet ouwier engageaitdonc des biens fonciers qui lui restaientà Alwiller, par I'intermédiaire d.esa mère, caution e8e de I'emprunt. Obligationdu l5-12-69, maîtreDufresne. Obtgation du l3-4-68, maîre Spinga du 6-3-68. maître Dufresne. eer::: ; Les statistiquesdont on dispose sont lacunaireset imprécises (AD Moselle, I X 180)On ne sait pas si les chiffres de Sarreguemines ne concernent que cet éablissement où s'il incluentles succursales(St-Avold, Forbach...) eez La situation évoluait cependantassez rapidemenl mais on ne pourrait le constaterque dans des archivesultérieures, de l'époque de I'annexion. ee3 En fait, I'enregistrement des actes sous seing privé (AD Moselle, 250 e 25) montre que les billets s'étaientmultipliés (125, représentant23.500 frs, à St-Avold, en lg52). C'étaientsouvent des reconnaissances de dettes de marchands (pour marchand.isesreçues) ou de clients (pour des bestiaux), parfois des emprunts. Si elles apparaissaientmoins dans les inventaires. c,est probablementque dorénavan! elles étaient payéesplus rapidement. 50t Celles-cidevenaient quasiment systérnatiquespour des montantsallant de 250 ou 400 fis jusqu'à couramment5000 ou 7000 frs, rarementplus. D,autre part, la rente d'Etat était aussidevenue un exutoire,de mêmeque le placementen action mais ces deux formes financièresnouvelles ne semblent avoir conceméque la <. De notre point de vue, cela signifie que les plus fortes pointures du capitalisme local ne plaçaient plus leurs fonds localement mais sur le marché parisien ou dans un cadre internationaldifficile à préciser,comme le montrentle testamentdu rentier Louis wagner fuillet 1868)ee4ou les placements de l'industriel charles Appoldee5.Le premier mentionnait son < argent plaçé sur l'Etat > et un bon chez Maître spinga, notaire naborien. celui-ci plaçait aussi au même moment 2400 frs appartenant au maçon Nicolas Bongertee6,personnage financièrement très modestepuisqu,il s,agissaittà de g5 o/ocie ses économies.

Le second,en dehorsde ses biens fonciers et immobiliers considérablesétait porteur d'actionsdes Chemin de Fer de l'Est piémontais et deschemin de Fer pour plus de 34'000 frs' 2000 frs étant encore plaçés à la caissed'escompte de Metz et cela représentait 98 Vode son épargneliquide (ou mobiliaire). Toutes ces évolutions ne s'étaient concrétisées qu'après les débuts de la Restauration,après < les annéesde plomb >, la période 1810-lglg, caractériséepar une récurrence de crises alimentaires et politiques. Sur le plan financier, à cette époque, le marchédes obligationsavait été littéralementanémié.

Le marché des obligationsen lgl4ee7

Valeur totale (frs)

Particuliersde St-Avold lretttieri et demGJles. au Particuliersde communesproches et de paroi exférieu Bouzonville etMeE Total l r.106

Petit nombredes obligations, la moitié du nombrerelevé dans les annéesg0 du XVIIIème siècle, faible valeur de ces emprunts qui ne représentaientchacun que les deux

ee4 25 823. Liquidation desbiens en :::- cornmunautédu coupreAppord, Mtre Dufresrrc,25 E 49. Inventaireaprès décès ::: du 2l féwier 1868,25 E 22. AD Moselle,377tJ l9 et 37g U g. 502 tiers de la valeur de ceux de la fin du XVIIIèrne siècle,faible r,,aleurenfin des capitaux importés,par rapportà ce que I'on constateen 1g40. D'autre part, les inventairesaprès décès de la Restaurationnous révèlent encoredes personnages tels qu'Erckmann-Chatrianen a décn'tdans u.ncadre ruralees,de gros propriétaires fonciers qui consacraientune part de lews revenusà prêter de l,argent autour d'eux au point qu'on pouvait, ici encore,les comparerà des banqueslocales. Ainsi Christophe Nicolay chez qui les emprunts étaient plutôt des capitaux placés par des proches (le curé de Valmont qui est de la famille, des deux demoisellesde St-Avold, rentières familières de Nicolay) auprès de lui, que de véritables emprunts, étant donnée I'importancede sescapitaux propres.

Inventaire de Christophe Nicolay, lgl4

Immeubles I maisonet quelquestenes à St-Avold, l"rnagusirrài"l u.ndu pa. l'Etat,y2 métaierieà Dourd'hal moulin et Yz étangprès _% de St-Avold (+ étang d'alevinage) Des terres et des prés dansplusieurs endroits, parfois desb-iens nationaux, I ferme à vigne du coôté de Landonviller, desbois (au moins 50 ha) du côté de Courcelles.Bionville Dansune l0 ainede pièces,cuisine, greni"r, "à* "t deuxboutiques et un magasin(mais pas de stocks), les outils d'un tourneur, l5 rabots et 69 autresoutils (94 frs), une chambreà soldat(ag frs). Une bibliothèque: environ 130 volumes(lal frs). beaucoup d'histoire(desjuifs, du Japon,de France...).un précishistoriquË de la KevotutlonRévolution_t,rançalseFrançaise en 2 volumes,volumes.les procès verbaux de I'AssembléeNationale en 16 volumes,

7 hottes de vin de Bar sur Aube ! et une centainede bouteilles(300 frs), 90 aunesde toile d'étoupe,laine, blé de Turquie, 10 quintauxde blé, 14 f, de chanvre. I porc et I vache Total 8256 Argent et argenterie 839 Dettes actives l8 prêtsà desNaboriens dont 4 intra-familiaux 30.799 l3 prêts à d'autres particuliers (Lemberg, puttelange,Merlebach, 19.921 Faulquemont,Folshviller, Téting, Tritteling, Albestrof et courcelles Divers 971 Totol 51.69I uettes passtves Empruntsà 2 curés(St-Avold et Valmont) 5600 A deux demoisellesde St-Avold 950 A un négociantde Sarrebruck 500 En tempsqt e syndicdes créantiers d'un meunier 4)O Bilan r I3I.3l6

Les procédésfinanciers utilisés par Nicolayressemblaient tout à fait à ceux qui étaienten usageau XVIIIème siècle, dans la < classerésidentielle >, il plaçaitson argent et celuide quelquesalliés, sous forme de billetset de promesses. ee8 Erckrnann-Chatrian,Les deux frères(les Rantzau) 50i

Autrementdit, la Restaurationse situait à St-Avold dans la continuitédu XVIIIème siècle' incluant de nombreuxcaractères régressifs, dus à la < duretédes temps>, repli général sur l'autosubsistance, importancerenouvelée du textile local, faiblessede l'échelle de travail des artisans,marché financier anémié alors que les chargesfiscales, les réquisitions militaires, les pertes dues à la guerre accaparaientles disponibilités en capitaux.

Dès 1819' l'investissement s'était rétabli, les rentiers nabor:iensprêtaient à nouveaubeaucoup de capitaux.

Le marchédes obligations en 1gl9

Prêteurs Valeurtotale (frs) Particuliersde St-Avold(rentiers --_i et demoisettes, 34.150 I

Particuliersde comrnunesproches et 16.671 fabriquesuesde ISSES Capitaux extérieurs, 3 1462(2,9 yol Bouzonville, Sarrelouis et Mefz Total 52 52.283 Par dela les évolutionsstructurelles, il y eut donc une conjoncturede l'investissementmais celle-cin'eut évidemmentque des incidencesà courtterme. C,est doncà partir de 1820-1830que les transformationsdu marchéfinancier local quenous venonsde décrire,se mirentprogressivement en place. Pour Ie reste les sourcesdu XIXème siècle nous confirment quelques hypothèsesémises pour le XVlllème siècle.

DansI'ensemble, les obligations représentaient des investissementseee et assez peu des reconnaissancesde dettes antérieures. En 1840,3003 frs de prêts(7 opérations parmi les plus modestes)avaient déjà été réalisésavant la signaturede I'obligation (3,7 o/o)'D'autre partla distinctionentre classe résidente et classelaborieuse était massive. La plupart desprêteurs étaient des rentiers, propriétaires, militaires retraités ou non, quelques fonctionnaires o (ils représentaientplus de 80 de la valeurdes prêts). Les emprunteurs, eux étaientle plus souventartisans (fàiencier, couweur, tailleur de pierreou d'habits, tonnelier, maçon,cloutiers, cordonnier, scieur de long,tuillier...) ou encorejournaliers ou laboureurs,il y avait aussi quelquescabaretiers, aubergistes, colporteurs et meuniers. eee Les rnotifs invoqués étaientpresque toujours vagues : l'argent devait servir <<à leurs besoins et affaires >>,mais souvent il s'agissaitde réaliser quelque transaction foncière ou immobilière (pour reconstruire une maison, pour solder un héritage),une fois I'on voulait financer un remplacement militaire, une autre fois un voiturier achetait charetteet chevaux. T'ousces prêts couraient sur I à 5 anset à 5 -%oou ( au taux léeal ). 504 Aucun n'était franchementpauvre, le plus modestedeyait encoreavoir une demi-maison ou quelquespièces de terres à hypothéquer,car aucuneobligation ne se passaitde cette garantie.

Enfin, en 1869, on observe la multiplication des emprunts d'habitants de Carling-L'Hôpital (15 obligations sur 44). L'installation de nombreux immigrants dans cette commune ou se développait I'extraction de la houille se traduisait par un besoin de terre qui cherchait à perpétuerle genre de vie traditionnel,celui des artisans-pavsansou des ouvriers-paysans.

En fin de compte, au XIXème siècle,la grandenouveauté sur le marché des capitaux fut la mobilité accrue de l'arger,t. Non seulement les sommes empruntées s'accrurent notablemen! ce dont rendent bien compte les deux graphiques suivants (portant sur les obligations) et vinrent de bien plus loin, mais encore, alors que les promesses restaient nombreuses, leur disparition relative des inventaires après décès semblemontrer qu'elles étaientdorénavant remboursées plus vite.

Grahique 6 Evolution du marché desobligations notariales à St-Avold (En indice,échelle logarithmique)

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D'autre part et paradoxalement,la monnaiede papier sembleavoir été beaucoupplus répandueau XVIIIème siècle qu'au siècle suivant.presque tous les inventairesaprès décès du sièclepré-révolutionnaire contenaient de la monnaiede papier, 505 signe probabled'une pénurie de monnaie métalliqueet d'une plus grande pauvreté générale.Or, cette pauvreté aboutissaità un accroissementde I'endettement et à un ralentissementdes remboursements,de sorte que la massedes capitaux immobilisés était considérableet n'était recycléeque lentementtoo0.

Graphique 7 Le marché desobligations, à St-Avold, aux XV[LXIXème siecles (Nombre,échelle de gaucheet valeur totale en francsgerminal, échelle de droite)

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Au XIXème siècle,par contre, les capitau.rdevinrent géographiquement plus mobiles et ils circulèrent plus vite. Si une partie croissante des capitaux naboriens se plaçait à l'extérieur, drainée par des réseauxnationaux ou internationaux,les notaires étaient capablesde mobiliser de très loin les capitaux nécessairesà I'activité locale. En conséquence,il n'y eut jamais de véritablepénurie financière à Saint-Avold,même si dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, le recours accru à des capitaux extérieurs entraina une augmentationdes taux d'intérêg ce qui ne facilitejamais l'investissement. Au XIXème siècle,les notairesdevinrent de véritablesbanquiers, concentrant l'épargnelocale ou non et la redistribuantpar des prêtsou des placementslocaux ou plus lointains. Mais la diminution du nombre des oblisations. dès la deuxième moitié du

1000 Au XVIIIème siècle, I'importance des emprunts par voie de crédit commercial et la lenteur des remboursements accula à la faillite un nombre fortement croissant de commerçants, dans le duché de Lonaine. Cette tendance, particulièrement nette en Lorraine se retouve (parfois à un moindre degré), un peu partout en France. Ainsi, à Marseille, Dijon, Angers, Rouen et Caen, le maximunr de la courbe des faillites se situe durant les années1770-1790. 506

XVIIIème sièclemet en évidencela faiblessede I'investissementlocal. Ce résultatest ambigû.ll démontreque les mêmesmécanismes économiques qui fbisaientla prospérité d'autresvilles, étaient à l'oeuvreici. La concentrationde I'activitéproductive amenait un petit nombre < d'entrepreneurs> à investir beaucoupplus qu'auparavantet un plus grand nombre de ménages,désonnais totalement salariés, à éviter de s'endetter. Dans ces conditions,la faiblessede St-Avold résidadans son trop petit nombre d'entrepreneursou dans le manquede puissancede ceux-ci.

Nombre et valeur des obligations pour 100 habitants

Dates 173v32 t739 t784t85 t8l9 1840 r868t69 Nombre 3.2 1.6 t-8s 1.6 Valeur (francs) 650 7s0 680 212s 3106 308s

L'évolution du commercerévèle la mêmeambiguité. ll y avait en effet à Saint- Avold beaucoupplus d'ernploiscommerciaux au XIXème sièclequ'au XVIIIème, alors que les fonctionscommerciales de la ville s'étaient< banalisées>, réduitesplus quejamais au canton,dont la populationdirninuait, de surcroît.Pourquoi, sinon parceque I'ensemble de la population recourrait beaucoup plus au commerce pour son approvisionnement.Si I'autosubsistences'était maintenueassez sérieusement dans le domaine alimentaire, ce n'était plus le cas dans le domainedes produits manufacturés.Là, I'artisanat local avait cédé beaucoup de ses positions au profit d'entreprises de plus grande envergure qui distribuaientleurs produits à vasteéchelle, à traversdes circuits commerciaur. Autrement dit, la ville s'était déclasséepar rapport au plus grand dynamisme de ses voisines,n'ayant pas de ces entreprisesconquérantes ou trop peu mais elle avait suivi la mêmeévolution économique que cesvoisines. La même modernisationprogressive atteignait St-Avold, notamment parce que la ville conservaitune certainefonction résidentielle. 507

c) La fonction résidentiellede la ville

Les sen'icesextérieurs de l'Etat notammentqui choisissaientleur localisation en fonction de critères géographiqueset humains objectifs, utilisèrent les capacités naborienneset se dér,eloppèrentindépendamment de la déchéancefbnctionnelle relative de la ville.

SrAvold resta donc une ville-relais pour la f-ermegénérale puis le ministère des finances,les Eaux et Forêts après leur éclipse de la deuxièmernoitié du XVIIIème siècle, les Ponts et Chaussées,enfin les Douanes.La fonction résidentiellede la ville ne disparutdonc pascornplètement, loin s'en fautl00l.

Danscette perspective, la garnison,par son impact,joua un rôle important.

Une ville de garnison

Ville située à peu de distance de la fiontière du duché de Lorraine puis de la France, St-Avold a presque toujours été une ville de garnison. Mais l'essentiel des fonctions rnilitaires était exercé par la forteressede Sarrelouis, avant Waterloo, puis par Metz. Aussi, St-Avold ne fut-elle qu'un simple lieu de rdéconcentrationpour I'armée françaiseou encoreune étapedans le transit desforces armées.

A l'époque que nous étudions,cette garnison,le plus souvent,allait et venait, ne stationnanten ville que pour sesquartiers d'hiver.

L'évolution des relations entre la ville et I'armée montre la rationalisation croissantede l'administrationdu territoirepar l,Etat.

Dès la première occupation française de 1631, ces progrès étaient perceptibles'ffi2,mais il faut ajouterque les troupesfrançaises s'installaient alors dansune ville revendiquée comlne française. L'intendance militaire régularisa donc les prélèvementsinhérents à un séjourd'armée.

Puis la guerreréelle conduisit à tous les dérèglementsque l'on sait.

La constructionde la placede Sarrelouis,relégua St-Avold en secondeligne et la ville fut mêrneplus ou moins complètementdégarnie de trcupes,vers la fin du XVIIème siècle1oo3. r00l Voir les deux tableauxen premièrepage du chapitre(p a59) sur les serviceset 1002 en iilnexe. Jusqu'àla fin du XVIème siècle.localement les passagesde troupess'étaient toujours traduits p^ardes dégâts importants et plus ou moinscatastrophiques. (Cf. X. Blum. op. p roor cit.. 33-34 et73.) Cf. supra introductiou. s08

Puis, durant la guerre de successiond'Espagne, entre 1702 et 1713, les passagesde troupesfurent nombreux,des troupesde couverturefurent souventstationnées dansla ville ou à proxirnité,dans un camppalissadé. Mais l'arméeacheta ses vivres et les paya plutôt bien, au moins tant que les f,rnancesfrançaises ne furent pas complètement obéréespar le poids de la guerrelO('a.

Entre 1715et 1730,11nesemble pas qu'il y eut à nouveaudes troupes à Saint- Avold.

C'est en 1733 qu'elles réapparurent.A partir de cette date, la régularité du stationnementd'hiver d'escadronsde cavalerieentraîna une organisationde plus en plus rigoureuse de leurs rapports avec la population. Les règlementsse multiplièrent, pour le logernentdes troupes et des chevaux qui se faisaient toujours intégralementchez les bourgeois et il faut entendre par là ceux qui n'étaient pas privilégiés, autrement dit ceux qui en principeétaient les moins bien logésr005.

On tenta d'abord de mieux répartir la charge sur la population des non pnvilégiés puis, en 1754,|'intendant créa un militaire, englobantde nonrbreuxvillages pour mieux répartir territorialementles charges.C'est en 1762 que l'intendant évoquapour la premièrefois la constructionde casern"s'ooo.Mais les finances municipales ne le permettaient pas et I'Etat français ne semblait pas non plus vouloir en payerle coût.

Le logement des officiers supérieursétait très onéreux car les règlements leur faisaient verser par les communautésoù ils résidaient des indemnités mensuellesde logement. A St-Avold, le prix des locations était faible, inférieur aux indemnités. Cependant,l'Etat imposait le versementd'indemnités aux officiers supérieurs,ce qui entraînaI'endettement de la ville, en 1766et une longue lutte entre la chambre de police et les autoritésqui soutenaientles officiers supérieurslt'07.

loo4 H. Baumont, op. cit. 1005 Toute cette matière est décrite par difiÈrentesdélibérations de la chambrede potice, chargée de I'exécution des règlementsde I'intendant et en rapport avec les intendantsmilitaires. C,est la charnbre de police qui inspectait et faisait marquer les charnbresréservées aux militaires des différents grades,les écurieset le nornbre des places de chevaux, c'est cette organisation qui fut à I'origine de la nurnérotationdes logements,vers 1755. AMSA, novembre 1733, 8 mai 1741, lg septernbre1749,27 octobre 1749,23 octobre 1750, rnai 1751,7 septembre1774. Voir aussi Gerardy, 1766 et 1786, logernentrnilitaire à St-Avold. Il donne la chronologie des séjoursde régirnents. r006 AMSA, délibérations,août 1759. 1007 AMSA, délibérations,4 décernbrelT1î,novenrbre 1770,13 mai 1771,7 septernbre1774, 509

C'est surtoutdans les années177C-1790 que les rapportsse tendirententre la populationet I'armée,à proposdu logementmilitaire. A I'approchede la Révolution,le clirnat insurrectionnelrejaillit sur cette question.Les plus riches panni les non privilégiés (notammentles aubergistes)en vinrent parfois aux mots, aux mains et aux voies de fait, notammentà l'égard des officiers rnunicipauxqui, eux, étaientexempts du logementdes gensde gue.re'ou*.

C'est en 1785,enfin, que le besoin s'imposa, de louer d'abord une chambre puis deux pour en faire un hôpital militairer0('n.Jusque là, il ne semblepas que la présence de I'armée aitcréé une nosologieparticulière. Lors de la crise de 1709-1710,il y avait bien eu une dizaine de morts dans la gamison. Mais cette mortalité avait été circonscrite à I'année.

Par contre,la locationde I'hôpital, en 1785prouve que I'on peut dater de cette époquele débutde la séried'épidérnies qui frappèrentI'armée et parfois consécutivernent les habitants,durant la Révolution et I'Empire.

C'est finalement la sécularisationdes deux abbayesqui devait détendrela situation du logement militaire en rendant disponiblesdes bâtiments assezvastes pour sen'ir de caserneset difficilement réutilisablespar ailleurs.

En 1791,I'on projetaitainsi de pouvoir logerà I'avenir 1070hommes et I 166 chevaux, ce qui représentaitun doublementde la gamison, au moment or) les rêves de centralité administrativede la ville s'évaporaient.La fonction militaire offrait ainsi une consolationsubstantielle et c'est peut-êtrece rêve là (ainsi que la promessede I'Assemblée d'installer à St-Avold une Ecole Nationalel0'o) qui fit accepter assez rapidement le nouveaudécoupage administratif instauré par l'AssembléeNationale qui privait la ville de toutecentralitéloll .

1008 AMSA, détib., 10 décernbre1785, t9 juin 1786,26 août 1786, etnombreusesdétibérations de 1788 et 1789.Pétition des habitants contre la garnison,9 janvier l79O-26 mai 1790. Ajoutons que durant les premières annéesde la Révolution, la présence de troupes fut ardemrnentsouhaitée par les officiers mruricipaux qui étaient depasséspar le clirnat d'insurrection larvée de la ville. L'armée confibua plusieursfois à apaiserdes émeutes.(Cf supr4 pp t+t-Ars.) H3-+18 r00e AMSA, 10 décembre1785. Il y a unelacune dans les délibérations,entre 1777et 1785.Aussi la question d'un hôpital s'est peut-êtreposée un peu plus tôt mais on n'en a pas de trace. 1010 Il y avait aussi des réalités rassurantes.Ainsi St-Avold n'avait pas obtenu d'institutions prestigieusesmais un poste de douanes était installé à St-Avold le 27 avnl 1792, componanr plusieurs fonctionnaires. l0rl AIvlSAdélib.,l0juillet. 16octobre1790, l6avril,6juillet,Snovembre, lSnovernbreetl0 novembre1791. 510 r0t2 Graph.35 Evolution de la garnison de St-Avokl

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Mais les difficultés financièresde l'Etat, durant la terreur,beaucoup plus tard les occupationsétrangères de 1813-1818,hrent à nouveau peser sur les habitants une bonnepartie desfrais occasionnéspar la présencedes troupes et leurs passages.

Durant toute cetteépoque, I'impact économiquedes garnisonsf-ut très variable pour les uns ou les autres.Une minorité de marchandset de fournisseurs,clans un petit nombre de métiers, pouvait trouver là des occasionsd'affaires importantes,quelques artisanset journaliers pouvaientaussi trouver avec l'année un complérnentde revenus, mais pour la majorité des habitants,la présencede I'armée fut le plus souvent une charge supplérnentaire.

Quant au vécu quotidien de cette présenceforcée, nous savonspeu de choses. En fin de cornpteles rixes furent très rares,à lire le témoignagedes archiveset par contre les vocationsmilitaires crééespar ce spectaclerégulier des troupes,furent multiples.

Durant I'Empire, si l'éloignernentde la frontière changeamomentanément et radicalementla situationgéopolitique de la ville, sa positionsur la route de Mayenceen fit un relais permanentpour le passagedes troupes perpétuellement en état de guere""t. t0t2 Sources : AMSA' délibérationset art. 533, 568. r0r3 Voir notre article, te typhus à St-Atold en 1813,description du repli de I'armée impériale et de I'hôpital militaire de Mayence, en novembre et décembre 1813. Dans les deux mois qui suivirent,le typhusqui n'épargnapas la ville lui épargnacependant Ie logernentdes annéesalliées. I\4ais leur reflux se marqua localementpar le passageen septernbre-octobrel8l4 de 17.000 5l I

La Restaurationvlt pratiquernent,à partir de 1820-25,un retour au statuquo antede l79l-92.

Cependant,dès cette époque et jusqu'en 1870,la municipalité dut marchander avec I'Etat, les conditions financières de la présence des troupes. Et finalernent le casernementne s'établit que sur un mode mineuret décroissantloln.

SGAvold était une commune trop pauvre pour donner à l'armée des conditions avantageusesalors que celle-ci rnettaitles villes des environsen concurrenceentre elles. L'absence d'une < politique d'aménagement du territoire > entraînait le rninistèrede la guerreà ne réagirqu'en fonctionde sesintérêts propres. Aussi,dès 1858,la ville résiliaitson bail du ,bâtiment loué pour encasernercertains rnilitaires et par la suite,la décroissancedes effectifs se confrrma, au travers notammentd'une réorganisationde la distribution des troupest0ls.On envoyait désormaisdes batteriesd'artillerie à St-Avold et non plus des escadronsde cavalerie. On peut dire que si la garnison fut pour la ville un moyen d'amortir les effets négatifs de son évolution générale, ce moyen ne fut pas suffisant pour renverser les tendances.

D'autresformes de résidencescependant, s'aff-rrmèrent, à la fois au XVIIIèmo siècleet au XIXèrne siècle.

D'une part, nous en avons dé1à parlé, le groupe des < pauvres>> reconnus colnme tels et exempts d'impôts se gonfla considérablernentau XVlllèrne siècle et particulièrement dansla deuxièmemoitié, alors que la population n'augmentait plus autant qu'auparavant.Mais cela ne fit que contribuerà la prolétarisationde la ville.

fantassinset cavaliersmsses logés chez I'habitant, tandis que des milliers d'autres étaientlogés dans les villages des environs. Après Waterloo. entre le 24 juin et le 6 juillet, une armée bavaroise de quelques 16.000 hommes traversala ville. 3600 de ces soldats firent logés chez I'habitant, le reste bivouaqua sous tente. Puis ce furent 76.000 Russeset Prussiensqui passèrent.Une garnison alliée stationnaen 1816-17-18,quelques centaines d'homrnes et de chevaux.Enfin, lors de l'évacuation de la Francepar les alliés, en 1818,entre le26 et le 29 novernbre,ce sont des effectifs de 2000 à 2500 hommes et de 400 à 1000 chevauxqu'il fàllut loger, durant ces quelquesjours. r0r4 On considéraitque la communeconcernée devait fournir la literie et le chauffage.On fixait un tarif de journée par soldat et par cheval. Mais la municipalité pouvait < s'abonner>> c'est-à-dire payer un forfait almuel. En 1848, le ministère dernandaI'arrêt de l'indemnisation des civils. Les marchandagesportaient aussi sur l'évaluation de ce que la garnison rapportait à I'ocftoi rnunicipal. AI\'ISA,délibérations, 13 mai 1820,14 rnai 1825,15 mars 1832,17mars 1835,3janvier 1845,26 novembre1847,26 juin 1848,29 janvier. 18 mars,25 mu, 19juin et 25 novembre| 850. r0r5 AMSA délib.,13 aoùt 1858et 19 décenrbre1865. 512

Graph. 36 Les <>et les < retraités >

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Les diverses catégories de retraités, retirés des affaires, virent aussi leur nombre croître nettement au XIXème siècle. ll y avait parmi eux des anciens artisans, beaucoupde pensionnairesde I'Etat, des rentiers et propriétairesl016.Certains étaient aisés,notamment quelques officiers militaires mais la plupart étaientde conditionsassez modestes,parfois attiréspar la modicité desprix d'une petiteville sansdynamisme comme les derni-soldesde la Restauration.

L'enseignementest incontestablementune fonction qui fut le théatred'un certaindéveloppement, d'une granderégularisation de son exerciceau XIXème siècle,à partir de la Monarchiede Juillet,particulièrement. Cependant,les changementsstucturels qui ont affectéle systèmeéducatif en Franceet en Europeont précédéet suivi l'époqueque nous étudions. C'est pourquoi,il y eut une certaine unité du systèmescolaire naborien avant et après la parenthèse révolutionnaire.

Au début du XVIIIème siècle comme au début du XIXème siècle,on peut parler de rétablissementou de reconstructiondu systèmescolaire naborien, dans un contexterégional défavorable en ce sensqu'il existaitdéjà des institutions d'enseignement

l0l(r Voir les chiffresprécis en annexes. 513

secondairequi répondaientaux besoinsqui restaientnurnériquement lirnités, si bien que la ville ne pouvait pas devenirf-acilement un centred'écoles. Il y avait notammentle collège de Bouquenom,situé en Lorraine allernandeet à quelqueslieues de SrAvold, qui assurait la scolarisationdes entànts de l'élite, au même niveau d'efficacité qu'ailleurs dans le duchéou en FrancelolT.

La grande affaire de la municipalité était alors uniquement I'enseignement primaire, desgarçons toujours et desfilles, parfois.Mais une écolede garçonsexistait déjà depuis 1479et elle s'était maintenueau XVIIème sièclepresque sans discontinuitéI0t8. Puis, vers 1740-1750,et à nouveauau XIXème siècle, vers 1820-1830,une certaine pléthore de I'offre éducative permit une multiplication des < institutions >>,dans un contexte de démographiegalopante et par conséquentCe besoins éducatifs croissants. Alors, on vit s'établir à St-Avold plusieursécoles parallèles, s'adressant aux petits, aux plus grands,garçons et frlles et enseignantégalement le latin.

Finalement,vers 1860-1870et aprèsque le phénomènese fut déjà esquisséà la fin du XVIIIème siècle, la fonction éducativeétait en train de devenir une des dimensions de la ville, malgré les difiicultés et mêrnesi c'est seulementle XXème sièclequi réalisale développementimportant de cette fonction naborienne.

Pour ce qui concernel'enseignement des garçons, il fut presquetoujours assuré par un instituteurreconnu officiellement par la municipalité et partiellementfinancé par elle, moyennantquoi, il devaitenseigner gratuitement les enfantsles plus pauvres.Lorsque les effectifs I'exigeaient,il devait rétribuerun < aide > qui le secondâtdans ses tâcheslote .

r0r7 En 1767,les Jésuitesfurent bannis de France.En 1773,I'ordre fut dissoutpar le pape.En Lorraine, cela entraîna la réorganisationdu réseaudes collèges. En certains endroits, à Metz par exemple, les Bénédictinsprirent le relais. A St-Avold, la chambre de police sauta sur I'occasion, allèguant que la rumeur attribuait les quatre collèges de la Lonaine aux Bénédictins, elle réclamait pour la ville I'un d'eux au conffôleur général des finances. St-Avold avait les locaux, l'abbaye masculine et les compétencesnécessaires, les moines, sansparler de ta bibliothèque du monastère de plusieurs milliers de volumes. On espérait aussi attirer des élèves allemands dans cette institution. Mais cette démarchen'aboutit à rien. l0l8 ./a^-^-J-. 11O2. - ^ signés entre les instituteurs et la municipalité prévoyaient une rétribution à l'élève et au mois, en fonction de la classede l'élève et payée par les parents. Néanmoins, les instituteurs au XVIIIème siècle étaient souventpauwes et chargésde familles très nombreuses.Ils devaient cumuler les emplois pour augmenter leurs revenus. lls étaient toujows chantres, ce qui pouvait occasionnerdes absencestelles que cela devenaitun motif de révocation. Ils élevaientaussi fréquemment des abeilleset confectionnaientdes ciergesd'église. A partir de la monarchiede Juillet. les sourcesles montrent à la fois plus professionnelset mieux rétribués et considérés.Leur prornotion sociale fut le résultat de trois facteurs : amélioration de leur formation qui en fit des techniciensreconnus, fonctionnarisation qui les rendit indépendants 514

Puis, des < outsiders)) apparurent,des professeursde latin isolés, parfois ecclésiastiques,d'origine fiançaiseou gerrnanique.lls furent autorisésà enseigneret une certaine concurrence s'établit entre cet enseignementofficieux et I'enseignement officielto2o.

ll semble que les Bénédictins assurèrent parallèlement un enseignement à certainesépoqueslO2' , mais on ne sait rien de ce qu'ils firent. Par contre,les Bénédictines qui dès leur installation,au début du XVIIème siècle,assurèrent un enseignementdestiné aux tilles, le continuèrentsur la plus grandepartie du XVIIIème siècle.Elles prenaientdes pensionnairesqui pouvaient parfois venir d'Allemagne, donnant à St-Avold un certain rayonnementscolaire < international >. C'est cette réalité qui laissait penser aux autorités locales que l'on pouvait implanter à StA.rold un établissementsecondaire de renom, même pour les garçons. Cependant,ils ne prirent pas les moyens de leurs fins. Certains ordresreligieux sondèrentla charnbrede police pour s'installeréventuellement à St-Avold, ainsi les Récollets de Sierck et leur provincial de Colognet022,en 1745 et 1760, ainsi 1023en encoreles CapucinsdeListroff 1761.Dans les deu-xcas ces tentativesn'eurent pas de suite.En 1745,aulieu de faciliter I'arrivéedes Récollets,on leur posades conditions. L'enseignementdes f,rlleset des plus petits était aussi assurépar des veuves ou des femmes célibataires qui se lançaient dans cette activité que la municipalité couvrait mallo2o.

La Révolution remit à plat une bonne partie de l'édifice. La ville espéra quelquestemps I'instauration d'une écolenationale qui ne vint pas.

Au XIXème siècle, les besoinséducatifs s'accrurentbeaucoup, notamment du fait de la croissancedémographique de la ville qui reprit de plus belle sous la Restauration. Le nombre d'enfants scolarisésdut culminer à environ 600 élèves,l.ers 1860. Il y avait à ce

des autorités locales, rigueur du comportementqui fit d'eux les propagateursde l'ordre bourgeois fondé sur Ie travail, l'épargne et la maîtrise despassions. to20 Au XVIIIème siècle on cherchaitdes instituteurstrilingues, capablesd'enseigner en Allemand conune en Françaiset le latin de surcroît. On ne les trouvait pas toqjours. Pour ces raisons oir pour d'autres, un certain nombre d'instituteurs d'origine française ne réussirent pas à s'irnplanter durablernent en ville. Ce sont presque toujours des germaniques qui réussirent à faire carrière à Saint-Avold. t02t AMSA, délib., ler septembre1757. t022 [ s'agissaitde créer un collège de la classede 5ème à celle de Rhétorique,inclusivement. r02-r Les Capucins voulaient ouwir un établissementmais on souhaitait qu'ils enseignassentle Latin et I'on en fit la demandeà l'évêché. to24 AMSA, délibérations,26septernbre 1750, lt janvier 1775,septembre 1819, 14 féwier 1820, 23janvier1829. 515 momentenviron l-50 petits à la salled'asile et 200 ou 250 garçons,autant de filles, dans lesécoles primaires.

La pédagogie des instituteurs s'adapta à cette pression démographique. Dès 1813-1815,sernble-t-il, le nouvel instituteurAuguste Deprette instaura l'enseignement mutuel1025.Cette techniquepermettait à un instituteurisolé d'enseignerun grand nombre d'élèves répartis sur plusieurs niveaux d'enseignement,en s'appuyantsur I'aide des élèves les plus avancés.En 1834, on institua des distributionsde prix pour stimuler I'ardeur de ces < moniteurs>> et pour les sélectionner.Parallèlement, la municipalité dut beaucoup investirdans les bâtimentsscolaires pour s'adapterà desbesoins croissants, parfois sousla pression de la menace de fermeture des autorités départementales.Ainsi, on loua, acheta, bâtit et agranditou modifia de nombreuxlocaux, tout au long du demi-siècle.

La proportion de pauvres enseignésgratuitement parmi ces enfants s'accrut fortementdès le Directoireet jusqu'à représenterla moitié de I'effectif, vers 18501026.Ce|a augmenta la charge de la municipalité qui devait stipendier à un niveau de plus en plus élevé I'instituteur, pour assurer cet enseignementaux plus pauwes. A cela s'ajouta le contextepolitique de lutte entrecongréganistes et anticléricaur.

La grandequestion qui agita les espritsentre 1850et 1870 fut de savoir si I'on devait confier les enfants aux frères ou à des instituteurslaics. Si I'on en croit la chronologie,les argumentsne frrent qu'habiller les passions.

C'est ainsi qu'en pleinepériode réactionnaire,le 4 février 1851,ce fut au nom du régime (républicain) qui devait imposer < la pratique de toutes les vertus > et incriminant la force insuffisante de I'instituteur, que I'on choisit de confier les enfants aux frèresdes EcolesChrétiennesto27. On avait étévisiter deux établissementsàMetzet I'on en déduisaitque les < préventions> dejadis avaientété engendrées( par l'esprit de parti >. On démontra enfin que les frères coûteraientmoins cher. L'attitude de la population en ce qui concernel'éducation des filles était significativementmoins passionnée.Dès 1847,les

t02s Détibérations,14 novembre 1813 et 13 mai 1819. Le 25 mai [818, l'on prévoit pour la première fois I'installation d'une école <r. C'est probablementaprès Waterloo que cette influence anglaise se manifest4 dans un contexte d'hégémonie britannique et aussi de redécouvertede ce qui se faisait oute-rnanche, aprèsdes annéesde blocus continental. 1026 En I'An I I (20 nivose), le traité signé avec l'instituteur prévoyait un nombre de pauvres pouvatrt atteindre l/5ème du total. En 1810, on parlait d'un quart, en 1813, ll3, en 1846, gg garçons sur 205 et 91 filles sur ?, soit environ la moitié. (cf. délibération d'août 1846, année difficile il est wai, sur le plan frumentaire, le conseil rnunicipal avertissaitles instituteursde ne pas renvoyer les élèves,la comrnunepaierait.) 1027 Ils furenttrois au départ,puis quatreen 1861,pour 206 garçons. st6

Soeursdes Ecoles Chrétiennesavaient pris en main l'école des filles puis installéun pensionnat,enfin on leur cont'iaaussi la salle d'asilett't*.Leu. présencene fut jamais remiseen cause.

Leur établissementqui a pris des dimensionsbien supérieuresexiste touiours en cette fin de XXème siècle.

L'institution des Frères entraîna elle une opposition politique. Les Juifs refusèrent cet enseignementpour leurs garçons et dès I'année suivante (1852), ils installèrentà St-Avold uneécole séparéeque la municipalitéfut obligéede subventionner. Au conseil municipal, on s'étonna alors de ce que les jeunes filles juives allaient <

Parallèlement,un instituteur, Ruault tenta de créer une pension pour les garçons, la ville subventionna même 5 places gratuites pour des externes de la ville, prenant en compte le besoin croissant d'études plus poussées,pour < le plus grand nombrer>totn.Mais en 1861, I'expérience avait déjà échoué. Le conseil décida alors d'ouvrir une ( école supérieure> dirigee par un instituteur de l'Ecole Normalel030.

Cetteexpérience fut jugée concluante,I'instituteur nouvellementarrivé vit son traitement renforçé,si bien qu'en 1864, c'est en citant Victor Duruy, alors ministre de I'instruction publique (< créer des hornmesutiles à la société.. >) que le conseil vota à I'unanimité moins deux voix (et une demandede consultationpopulaire...) la suppression de l'école desFrères.

ll y avait donc, à la veille de la guerre de 1870 à St-Avold, une (( école maternelle >>,deux écoles communales de garçons et de filles et une école primaire israëlite, un pensionnat de jeunes filles et une école primaire supérieure. Les écoles masculines étaient laiques, sauf évidemment l'école israëlite et les écoles de filles congréganisteset catholiques.

Le développementde la fonction éducative faisait déjà vivre plus d'une dizaine de personnes,à St-Avold,vers 1870.

1028 Deux soeursspécialement fonnées pour la tranche des 2 à 6 ans, vinrent à St-Avold pour tenir la salle d'asile mise au nonnes exigées par I'académie. Elles devaient leur apprendre <>ainsi que quelques connaissances.Les enfants de ces âges firent désormais exclus de l'école corununale. L'affluence d'élèves obligea de prévoir une troisièrne soeur(16 septembre1861). toze Déhbérations,28 mars 1859. 1030 il s'agissaitd'une écoleprimaire supérieure,Délib., 16 septembre186l. Au urême mornent on chercha à remplacer le secrétairede rnairie, jugé incapable par un instituteur de l'Ecole nonnale. chargéen outre de cours du soir grahrits aux ouvriers, deux ou trois fois par sernaine. 517

La police locale

Il y eut évidemmentdurant presquetoute la période que nous étudions une police d'Etat, des archersau début du XVIIIème sièclepuis une brigade de maréchaussée après la constitution de ce corps. Cela représentaitde 4 à 6 personnes.Sous le Second Empire, I'arrivée du chemin de fer, les forages miniers amenèrentdans le canton une population ouvrière suspecteaux yeux des autorités qui installèrent alors un commissaire de police à St-Avold. Mais la municipalité devait payer ce fonctionnaire et son impécuniosité(ou d'autres motifs ?) lui fit réclamerson rappel. Cependant,cette police d'Etat n'était là que pour suppléer les autorités dans des cas graves ou des cas qui intéressaientI'Etat.

La police locale, par contre est restée longtemps une affaire purement coutumière.Pour ces fonctions, on recourut à la fois à un personnelstipendié et à des < bénévoles> nommés par les autorités comme l'étaient le maire, le receveur et le sergent de villeiO3r. Celui-ci était en quelquesorte un chef de cettepolice locale. C'est lui qui était chargéde répartir les corvées,notamment à l'égard desvoituriers avant que I'on n'institue un syndic des voituriers, élu par ceux-ci et responsablede l'exécution des corvées. A partir d'une certainedate (peut-être 1728), des < valets de ville > apparurent qui pouvaient selon les époques n'être que des appariteurs, des crieurs publics des décisionsde la chambrede police, < à son de caisse>. Ils pouvaient aussi être investis d'une autorité de police qu'à l'occasionon rehaussaitpar I'octroi d'un unifonne ou par un titre de < commissaire>1032, par des émoluementsenfin, qui restaientmodestes mais qui r03l Le système < politique )) que nous décrivons ici est rigoureusement le même que celui de la Rome antique ou que celui des cités grecques.Là-bas cornme ici, on avait des citoyens-bourgeois. qui se répartissaient enfie eux les différentes fonctions publiques, I'ensemble pouvant être oligarchique ou plus démocratiqueou subir la loi d'un monarque. Là bas comrne ici, on constate I'existence d'ordres : si le maire était toujours choisi parmi les riches, marchands, bouchers, boulangersou tanneurs,si pratiquernenttoujours, le mùe avait été auparavantreceveur, les auffes artisansn'accèdaient jamais à ces magistratures,par contre on les trouvait le plus souvent dans les fonctions de sergent.Encore le sergentne pouvait-il pas être trop jeune. Lui, son culsus honorum I'avait fait débuter comme garde, bangard par exemple. Mais pas toujours. Seuls les artisansd'un certain niveau social pouvaient devenir sergent,alors que , peut-êtrepar effet statistique,les gardes étaient le plus souvent des humbles. Quant au maire, lorsqu'il quittait sa rnagistrahre, il rejoignait ce sénatlocal qu'était la charnbrede police élargie aux notablesnommés par les autorités,parmi les anciens et futurs maires et receveurs. Parmi les gardes, on ne rencontrait que le petit peuple. Tout d'abord, on nommait surtout des jeunes gens à ces postes, ensuite c'étaient soit des artisans modestes,soit desjournaliers. De tout manière,un individu nommé pouvait payer quelqu'un d'autre pour le remplacer (Voir organigrafirme,page suivante). to32 Gerardy en avait fait un instrument politique pour imposer le nouvel Hôtel de ville, après 1771, contre I'opposition larvéeet judiciaire d'une parlie de la populationà ta tête de laquellese retrouvait une bonne partie des notables de la ville. C'est lui qui fit octroyer aux valets de villes, 518

s'accrurentavec le ternps.Ainsi, en 1750,ces valets de ville étaient< chassespauvres )), chargésde la sun'eillancedes marchés,du relevédes prix du blé qu'ils communiquaient

au greffier ou au receveurqui transcrivaitla mercuriale,chargés aussi du nettoiementdes rues. lls étaient alors payés 36 livres de Lorraine par an, salaire équivalent à un mois de travail dejournalier.

Organigramme des fonctions publiques naboriennesà St-Avold avant 17711033

Chambre de police

Ollciers Notables 1 I I I I Sergentde ville

1

Bangards,estimateurs, surveillants gardesfontaines, chaussées, cabarets

< Ordre sénatorial >

cependant,la multiplicationdes larcins,des petitsvols dansles jardins,à l'approchedes récolteset particulièrementquand celles-ci s'annoncaientmédiocres,le risqued'incendie aussi, amenèrent les autoritésà restaurerplusieurs fois au XVIIIème

< bandoulièresbrodées et galons d'argent D contre lesquelss'insurgeaient les notabtes(AMSA" art. 25, placet du conseiller Anthoine (le chef de l'opposition) contre les dépensesinitiées par Gérardy, 1773) voir aussile règlementde police du 14 décembre 1774,délibérations. 103-1 En fait, dès les années L720, le receveurdevint un oflicier qui avait achetéla chargeet n,était plus annuellement < élu >>par la chambre. A partir de cette date, il ne restait donc que le maire et le sergentqui continuassentà être <élus> jusqu'en 1771, date à laquelleune nouvelle réforme des Hôtels de ville en fit des offices à finance, achetésdans les annéessuivantes par un petit groupe de Naboriensqui rnonopolisèrentles fonctionsjusqu'en I 789. 519 siècle, patrouille une < >lOla,noirntée parmi lesjeunes bourgeois, peut-être ceux-là rnême qui tentèrent de reconstitueravec plus ou moins de succèsla confrériedes arbalétriers(ou confrérie de St-Antoin.rtt35),par deux fois au XVIIIèrne siècle.En 1710, ce furent les bourgeoisqui obtinrentle rétablissementde cetteinstitution qui perduraau moinsjusqu'en 17201036. Puis, en1763,ce furent les autoritésqui cherchèrentà recréerl'institution pour remplacerla rnaréchausséequ'on avait retiré à la vilte. patrouilles Ces étaientchargées de faire respecterla fermeturedes cabarets.de surveiller les allées et venuesnoctumes. Elles préfiguraientla Garde Nationale qui tut créée au début de la Révolution et du sein de laquelle fut tiré le premier corps de sapeurs pompiersde la ville, au XIXème siècle.

Cependant,pour la gardedes patrimoines,à St-Avold comrne à la campagne, on nommait annuellementdes < bangards>, c'est-à-diredes gardeschampêtresto,t. Ceux- ci devaient constater les dornmagespatrirnoniaux causés par rnalveillance ou par négligence et en faire le rapport au greffier de la chambre de police qui en dressaitalors to38 procès-verbal .

Au début du siècle, la population étant faible, ils furent peu nombreux.puis, rapidement leur nombre s'enfla assezconsidérablement pour garder à la fois le hameaudu Nideck, le reste du ban et particulièrementles jardins. L'un d'eux était chargé de la surveillancedes autres,appelé < garde-surveillant>, tandis que l'on nommait en même temps un < des dommagesruraux. Il lui fallait estimer financièrementles dommages causésaux biens privés ou publics par les contrevenants,le plus souvent du bétail privé, échappéou conduit indûment à des paturagesprohibés, champs cultivés, etc. Dans ce domaine,comrne dans bien d'autres,une petiteville n'était qu'un gros village. Mais au fur et à mesureque la ville releva son patrimoine,pavé, fontaines...elle voulut assurerle gardiennagede ces biens.

AMSA, délib. 14 ocrobre 1727,t5 décernbre174g,30 av.rilt763, 4 l0lsÏli août 1769. On les qualifiait aussi de < compagnie des cavaliers de conduitte >, peut-être parce qu,au début des ternps tnodernes,ils étaient semble-t-il chargésde conduire les prévenus des geoles du château de Hornbourg vers le tribunal de la < mère-cour > de St-Avold. (AMSA, délib., 15 juillet 1710, 18 jun 1724, 19 mars et 30 avril 1763., voir aussiles comptesseigneuriaux du début du XVIIèrne siècle.) t0-r6 AMSA, délibérations,10 août 1720. 1037 Gerardy, dans son texte de 1766 (n' 22, p r73), estirnait que c'était une institution tardive, instaurée<< lorsque la bonne foi allernandea cornnencé à dirninuer >. 1038 Ces procès-verbauxdonnaient lieu ensuite à des jugements seigneuriaux,lors des ptaids annauxréunis périodiquernent et auxquelsdevaient assister tous les chefs de farnille de la ville et tous les propriétairesforains. 520

Graph. 37 Les gardes du patrimoinettt'n

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Pour ce faire, on nomma de plus en plus de gardes, des gardes-fontaines, gardes-chaussées,gardes-cabarets, ceux-ci chargés de faire respecter les horaires de fermeture des auberges,que ce soit < aprèsla retraite > ou pendantles offices religieux. La Révolution introduisit une rnodificationsignificative dans cette institution des bangards. Le conseil municipal continua à nommer des gardes mais la logique politique avait changéet ce changementse répercutasur la surveillancedes patrimoines. Ainsi, le 11 germinal, An VIl, le conseil général de la commune nomma l0 < gardes ruraux > choisis cette fois-ci parmi les propriétaires de terres. On trouvait parmi eux un marchand, un < artiste vétérinaire >>,un boulanger, un boucher et non plus seulementdes humbles.Mieux, le ler germinal,An IX, alors que le Consulatprocédait à une restauration de I'autorité politique, partout dans le pays, le conseil général de la commune nomma quatre gardesruraux dans les tennes habituels et quatre autres gardes, choisis en son sein, non salariés et non responsables,pour faire respecterle code rural. ll s'agissaitd'une reprise en main par les < citoyensactifs > et propriétaires,des moeurs collectives, après la période incertaine de la Révolution, marquéepar des émeutesplus ou moins larvées et une atmosphère de contestation sociale qui se caractérisait par des atteintesaux biens. r0're Sources : Gerarù 1766 et 1786. articles fontaines de St-Avold, mesus charnpêtres et délibérations,après I 766. 52r

A partir de la Révolution,on assistaà une professionnalisationtles fonctionsde bangards.Dès 1788-89,ils f-urentde plus en plus systématiquementrétribués pour leurs fonctions, de mieux en mieux rétribués et aussi de moins en moins nombreux. Cela préludaità I'instaurationdu statutqui fut celui desgardes champêtres, au XIXème siècle. Ainsi, les fonctionsde police se sont adaptéesà l'évolution < technique> clela société, à sa monétarisation progressive, à sa professionnalisationmais ne se sont pas développées,les circonstancesne le nécessitantpas.

Conclusiongénérale

Concluonsd'abord à proposde nos résultatsles plus spécifiquesà la ville et parfois à la région,qui mettent en évidenceune chronologieet des causalitésparticulières puis nous élargirons le propos autant que possible.

Nous avons pu mettre en évidence, au travers de notre recherche, une successionde phasesconjoncturelles qui caractérisèrentprobablement toute la Loryaine allemandejusqu'en 1750et qui devinrentplus spécifiquesà la ville ou à quelquescantons desenvirons (Faulquemont, St-Avold), par la suite.

I 1685-1730: Durant cette époque de croissanceaccélérée, les artisans installésen ville durent pourvoir à de gros besoinslocaux, en produitsde consommation courante tels que les textiles, car il fallait bien vêtir cette population croissante,mais surtout en biens d'équipements, outillage de I'artisanat, chariots et charrettes, cuirs de harnais...Un certain nombre de métiers profitèrent ainsi d'une conjonctureporteuse qui enrichit bien des familles, de même que la pression foncière et immobilière exercée par l'afflux de ieunes ménages,irnmigrés ou non, devait enrichir les propriétaires.Le petit nombre des artisansleur donna une certaine aisance,facilita les installations nouvelles, les mariagesprécoces. La vie semble avoir été clémente durant cet < après-guerre> où mêrne les épidémieseurent peu d'effets. Cependant,dès 1710-1720,l'organisationcorporative resserrales rangset rendit plus difficile I'accèsau marchédu travail.

2 1730-1760170: Durant cette deuxième phase, tandis que les rejetons de certainesfamilles riches commençaientdéjà à émigrer au loin vers des horizonsurbains élargis, l'épargne accumulée par les habitants, au cours de la phase précédente, eut tendance à s'investir dans la pierre, soutenantencore I'activité de nombreux métiers 522 artisanaux. D'autre part, certatnscommerçants de la ville étendirentleurs activttésau conlnerce d'entrepôt.

C'est durant cette phase que la ville atteint peut-être son épanouissement traximutn, vers 1750 et qu'elle fut déjà sujette aux premiers syrnptôrnes d,un retoumement durable de son évolution. Dès 1734-1740,Ia population n'augmenta plus aussi qu'auparavant, vite entre 1747 et 1757, \e plus clair de ses fonctions centrales disparaissait et avec elles un potentield'investissement d'environ 30.000 livres. La multiplication des artisans et des métiers, leur spécialisationaboutit à cloisonner les marchés. Il est vrai que la ville n'avait pas initialement de spécialitésartisanales (ou commerciales) et ne réussit pas à s'en créer. On peut le voir au coup d'arrêt porté à la croissance démographiquede la ville en 1734, alors que très certainement !a fecondité ambiantene diminuait pas colnme le prouva la Lorraine allemandetout entière ; dont la propension à émigrers'affirma précisémentd.ès cette époque et pour plus d'un siècle.

Pourquoi cette stabilisationde la ville, sinon parce qu'elle avait atteint son niveau d'équilibre par rapport aux ressourceslocales. Cela revient à dire qu'il n'existait pas, à St-Avold une monnaied'échange, une productionaffrnnée dont l'exportation aurait permis I'entretiensur placed'une populationde plus en plus nombreusetOoO.

Le retour de la croissancedémographique, vers 1745-55ne se fit que grâceà I'installation d'un complexe agro-pastoral(rnais-pornme de terre-cochon-vache)plus intensif.

C'est donc I'auto subsistancequi permit à la ville de croître et non pas son affirmation dansle réseaudes échangesrégionaux ou de plus grandeampleur.

3 1770-1890: Durant cette époque,la croissancefut une croissancedans la pauueté et une croissancede la pauvreté.La ville ne développa aucune production nouvelle, ou peu s'en faut, ne créant pas de richessessupplémentaires. C'est la frange la plus pauwe de la population qui s'accrut nurnériquementle plus (au moins jusqu,au SecondEmpire)- Cette absenced'aisance retarda l'âge au mariagede beaucoupde ieunes gens,ce qui entraînaune dirninutionde la féconditéde la population.

L'artisanat et le comlnerce poursuivirent leurs activités, s'adaptèrentaux évolutions qui se réalisaientsans eux, n'ayant pas les moyens de risquer assezde capital

1040 Accessoirernent levons I'hypothèse d'une fuite devant l'irnpôt. on peut suivre dans les archivesl'évolution de la pressionfiscale au XVIIIèrne siècle: il n'y a pas d'augmentationdans la phase | 734-1745, tout au plus dansles cinq ansqui suiventet cela n'eut pasd'incidence visitrle sur l'évolution de la populatio.. (voir graphiquesen fin de conclusion.) 523

dans des audacesinnovatrices. Ainsi, le textile en glissantdes activitésd'amont de la branchevers des activitésd'aval, tout en n'étendantpas le rayonde sesfàbrications put se rnaintenir et même croître jusque sous la Restauration.Les tanneriesmaintinrent aussi leurs productionset même purent les accroîtrequelque peu durant les années1850. Mais le rayonnementdes ateliers,sauf exceptionspeu nombreuseset peu durables,tendit à se restreindre aux limites de celui du chef-lieu de canton que la ville était devenue. Il y eut peu d'initiatives d'envergureset leur irnpact fut très limité. Enfin, les tentatives de développement minier tournèrent court ou profitèrent exclusivement à des communes voisines et l'arrivée du chemin de fer ne provoquaaucun sursautpsychologique, bien au contraire.

Aussi, la pression démographique devint-elle insupportable après la forte croissancede la Restauration.La populationéchappa de plus en plus à la ville, par une émigration qui devint substantielle à partir de la Monarchie de Juillet. La population vieillit alors, il n'y eut plus de croissancenaturelle, la populationdiminua enfin jusqu'à rejoindreen 1885le niveauqu'elle avait déjàatteint en 1754,voire même en 1734. La ville était alors installée dans un <équilibre régressif>. Lors de la discussion du budget communal pour 1868, le conseil constatait I'affaiblissement

progressif du commerce, I'absencede ressourcesindustrielles locales, I'annonce de la privation de garnison dont la ville allait faire I'objet, aussi il demandait au préfet de diminuer les chargesqui pesaientsur les financescommunales en supprimantle postede commissairede police établi à St-Avoldr04r. A la mêmeépoque (1865), le conseil refusait l'établissement d'un bureau télégraphique en ville, l'actuel se trouvant à 3 km, ce qui aboutissaità majorer le prix des télégrammesde 200 o/'1042. Pourquoi ? parceque la ville s'estimait trop pauvre pour assumerles frais d'établissementd'un tel bureau, qui se montaientà1100 frs.

L'évolution du volume d'affaires du bureau télégraphiqueexistant n'avait d'ailleursrien d'encouraseant :

Nombre de télégranrmes : I 863 1864 1865 - expédiés de St-Avold: I _ro l3l uI - reçusà SçAvold : t67 142 t24 Total Jtr-r zI5 235

r04r AMSA délibérations, 16 mai 1867. Le préfet refusa en octobre à cause du grand nombre d'ouwiers établisdans les communesvoisines de Carling et Hombourg. I0+2 Le bureau devait probablement se situer à la gare de Vahnont-St-Avold. Un télégramme coûtait I fr pour 20 mots. Le transportdepuis le bureaujusqu'en ville coûtait2 frs. 524

Le conseil suggérait que les notables et commerçants réalisent une souscription.Quatre ans plus tard, en novembre 1869,752 frs étaient réunis, le conseil acceptait de pourvoir au reste. Ainsi, cet instrument de travail du monde des affaires qu'était devenule télégraphes'installa avec difficulté à St-Avold.

C'est donc une ville vieillie, sansdynamisme, à la tête de laquelle se trouvait un conseil municipal frileux qui vit déferler I'armée prussienne,quelques années plus tard.

En fin de compte,il nous sernbleque le déclassementde St-Avold aux XVIII- XIXème siècles vint à la fbis de l'évolution globale du système urbain en voie de hiérarchisation,de ce que la ville dut essuyerdes décisionsnégatives et successivesde l'Etat et du fait que la population locale et notamment les élites suivirent le sens des décisionsde I'Etat, sanschercher à résister.

Voyons d'abord la hiérarchisation progressive du réseau urbain lorrain. Longtemps ce réseau resta sous l'autorité floue d'un tripôle urbain se partageant les fonctions de capitales (Nancy-Lunéville-Pont-à-Mousson'0n3). Toutes les autres villes disposaient quasiment des mêmes fonctions jud.iciaires et administratives rayonnant chacune sur un territoire de faible ampleur, sauf un petit nombre de chefs-lieu de bailliages, à peine distingués du reste. C'est entre 1747 et 1766 que cette structure s'affermit. Nancy se dégageacomme chefJieu de la généralité lonaine mais cette fois-ci subordonnéà la lointaine capitaleparisienne, tandis que I'ensembledes autresvilles était reclassé au travers d'une redistribution générales des fonctions judiciaires et administratives. Dès cette époque, St-Avold se retrouva tout en bas de la pyramide hiérarchiquedes villes.

Puis la ville perdit à nouveau le combat pour la répartition des fonctions centralesau sein du réseauurbain de Lonaine allemande,au moment de la Révolution. Cela aboutit 50 à 70 ans plus tard à la ramener,sur tous les plans,au niveau d'un cheÊlieu de cantonmoyen français, à la taille d'un bourg.

Mais en l79A,lors de la réorganisationadministrative de la France, la ville était déjà en position de faiblesse.Seul un étrangerpouvait constatersur une carte la centralité de SrAvold en Lorraine allemande.Dans la région, le vrai débat avait lieu entre deux villes déjàplus affirmées,Sarrelouis et Sarreguemines.Ces deux villes avaientacquis leurspositions antérieurement, dans le siècleou dansle demi-sièclequi précédait.

104-1 Pont-à-Moussonpossédait I'université soutenue par le duché de Lorraine dont la cour était installéeà Lunéville et dont les siègesjudiciaires et administratifs setrouvaient à Nancy. s25

AbandonnonsSarrelouis, < corpsétranger > plantédans le sol local en fonction d'intérêts stratégiqueslointains, ceux du Roi de Francer0*. Sarregueminesétait, plus anciennement et plus continûment que St-Avold un centre administratif du duché de Lorraine et avait acquisune prééminencesur cette ville dès 1697/1700,à une époqueoù cette dernière n'était pas encore redevenuecomplètement lorraine, à la fois parce qu'elle restait une seigneurie< privée > échappantau domaine ducal et parce que la Francegardait quelquespositions locales.

Ce n'est qu'en 1704,après la mort sansdescendance du dernier seigneurprivé et en l7l8,lors du traité de Paris où la Franceleva toute ambiguité,que St-Avold redevint absolument lorraine, mais à ce moment là, les jeux étaient déjà faits et depuis longtemps, Sarregueminesétait le cheÊlieudu bailliaged,Allernagne.

Cependant,à cette époque,la hiérarchie administrative des villes était encore de faible amplitude. Chaque centre seigneurial disposait d'un tribunal complet mais d'envergure géographiquelocale. C'était le cas de St-Avold qui vit sa population retrouver rapidementses niveaux antérieurs(1720) puis les dépasser.

Peut-êtredu fait de sa position routière, peut-être du fait de son aspect un peu plus urbain que beaucoup d'autres petites villes de la région, du fait aussi de son antérioritéchronologique, St-Avold eut toujours une populationsupérieure à celle de ces autresvilles, Sarrelouisexclue et depuispeu.

Mais elle ne creusajamais la différence à un point tel que cela suffise à en faire un chef-lieu incontesté.C'est donc en fin de compte pour des raisonshistoriques, c'est-à-dire accidentelles,que la ville perdit sesquelques fonctions centraleset seschances de croissanceen troistemps, en 1697,en 1750,en 1790.

ces datesfurent décisives par leur impactsur l'organismeurbain. D'unepart, la faiblessenumérique de la présenced'autorités riches ernpêcha Ie développementd'un commerceimportant par limitationdu pouvoird'achat local, à une époqueoù la sociétéétait très différentiée, séparant une petite couche de résidentsà haut

tu4 Non seulement Sarrelouis a été créée à partir d'une logique politique étrangère à Ia région, mais encore elle fut rattachéeà la Prusserhénane dès 1814, sortant du réseauurbain mosellan. De surcroît, on peut penserraisonnablement que si cette ville n'avait pas été créée,Wallerfangen, petite ville du XVIIème siècle (sur un site voisin de Sanelouis), se serait reconstituéecomme St-Avold et les autres villes regionales. après les guerres du XVIIème siècle. L'impact de Sarrelouis sur le réseauurbain lorrain fut donc restreint. 526

niveaude vie d'un grandnombre d'irnpécunieux. Et même parmi ceux-ci, les plaideurs désormaisappelés à se réunir au siègedes nouveauxtribunaux, achèteraient ailleurs.

D'autre part, et plus gravementencore, I'absence de cette classe riche et résidentielle, rétÉcit dans une certaine mesurele capital d.'exploitation du commerce et de I'artisanat dont une part notable provenait de prêts de proximité, accordés aux artisans et commerçantsqui parfois étaient totalementdépourvus de fonds propres.

A partir de 1à, dès 1750, la populationde la ville qui s'était installée auparavant,survivant presque exclusivement de fonctions banalesà faible rayonnement,

était condamnéeà la routine ; au moment même où l'innovation et I'injection de capital nouveau était à I'origine du développementdes fabriques et plus tard de la révolution

industrielle. En effet, localement, dès les années 175011780,la réglementation des corporations, accroissant les charges de celles qui étaient urbaines, les contraignait à l'évolution ou au laminagede leurspositions.

Les artisansde St-Avold, disposantde peu de capitaux locaux et exploitant un marchélocal impécunieux,ne purentalors que survivremédiocrement.

Dès l'époque de la Révolution et plus particulièrement dans les années 1820/1840, une nouvelle génération d'entreprises apparut clans la région. Or, les animateurspotentiels de ces entreprisesétaient déjà peu nombreux, à St-Avold. Nous avons vu, du reste, que l'une des seulestentatives de création sur place, celle de la faïencerie,résultade l'action de la famille du juge de paix local. Dans quelquesautres cas repérables,on voit des étrangersimmigrés à l'oeuvre, comme à Saneguemines.Mais à St- Avold, contrairement à un chef lieux d'arrondissement,cette catégorie de population ne pouvait qu'être limitée quantitativement,dans une ville dépourvue de toute centralité, de tout dynamisme,donc de tout attrait.

Dès lors, le sort de la ville était scellé Elle ne pouvait que suiwe le cours d'une réduction proglessive de la plupart de ses fonctions spécifiques et de son rayonnement,contesté sur sa périphériepar des bourgsdont le taux de croissanceétait plus fort.

Elle concentraitalors son énergie sur sa survie ou I'agriculture, grâce à un complexeagro-pastoral nécessitant beaucoup de travail, eut toute saplace. Ainsi, la culture du mais et de la pomme de terre, installée dès les années 1735-1745et facilitée par la présenced'une nombreusecavalerie militaire pourvoyeusede fumier stimula l'élevagedes porcs et des vaches. Toutes ces productions furent un élément important de la résistance 527

locale de la ville et notanrmentde la populationla plus pauvre.Mais cela rapprochait Saint-Avoldd'une région rurale

Cependant,la rnaladie de la pomme de terre, à par-tirde 1844 et pour de longuesannées porta l'estocadeen quelquesorte, à cette< stratégieempirique >.

De plus, durant la rnêmepériode, I'arrivée des cheminsde fer déçut bien des espérances,de même que les foragesminiers des environsqui ne débouchèrentpas sur des productionsréelles, du moins à St-Avold.

Autrement dit, rnalgré I'existenced'atouts régionaux(gisernents de charbon, excellencede la position de la ville sur un grand axe de circulation), il n'y eut pas de facteursexternes qui eussentpermis d'infléchir les tendanceslourdes de la ville, durant le SecondEmpire, alors mêmeque d'autresrégions du clépartement< décollaient>.

Aussi,la ville, en 1870n'en finissaitellepas de s'affaiblir.Le point d'orguede cette phasene t'ut atteint qu'en 1890 et la situation ne se transformaalors qu'à la suite d'une décisiond'Etat.

Mais après tout, la population et particulièrement les élites auraient pu réagir. Dans un certain nombre de départementsfrançais, l'évolution urbaine a suivi la voie indiquée par I'Etat et privilégié les sous-préfectures,dans d'autrescas. d'autres fàcteurs ont étéplus puissants"'05.

L'évolution de St-Avold, régressivedans une région en progrès, rnet en évidenceque I'accélérationdu développementtechnique s'est accornpagnéedès I'origine (aux XVII-XIXème siècles),d'une grande< flexibilité > géographiquedes hommes. Celle-ci a pris deux modalités différentes,selon les niveaux sociaux concernés. D'une part, dansles élites,I'ascension sociale ou tout simplementla prospérité de certaines familles, ont atnené leurs descendantsà migrer vers des villes de plus grande

10'15 Dans le Bas-Rhin, par exemple, le taux de croissancedes sous-préfecturesne fgt pas très different de celui des autrespetites villes (J.P. Kintz : Pqroisseset comnntnescle Frsnce, Bas-Rhin- Pari 9

Bas-Rhin 1790-92 l 866 Croissance(%) 3 sous-préfectures I1.9r0 16141 135,5% 7 villes suivantes 29.018 40.259 138.7 Yo Par confre, dans les Deux Sèvres,durant la même époque,les villes choisiescorïxne préfecture (Niort ne s'ilnposait pas sans contestations)ou comme sous-préfectures,eurent des taux de croissancenotoirement supérieursaux autrescenfes urbains(P. Arches : Les petites villes des Deux Sèvres,dans la premièrernoitié du XIXème siècle,in J.P. Poussonet P. Loupès: Lespetites tilles, du Moyen-Ageà nosjours, Paris, 1985,pp 445-458). La Moselle fut dans un cas interrnédiaire, les sous-préfecturesayant eu de forts taux de croissance colrulle cenainespetites villes ou bourgs à développemerrtindustriel et à la différence d'auûes villes. 528

taille ou d'autre régions,précocément, avant même que St-Avold ne devienneune ville nettementrégressive.

Pourquoi ? Parce que leurs carrièrespassaient par un horizon géographique

élargi, fonctionnaires,avocats ou marchands,ils étaientsusceptibles de se déplacerun peu n'importe oùt06. Ils ne fuyaient pas la ville en perdition mais partaient parce que leur horizon existentiel, conditionné par leur milieu social, dépassaitabsolument celui de la ville.

Ce phénomèned'émigration des élites concernaittoutes les villes, y compris les plus grandes,qu'elles soient lorraines ou non, car c'était un phénomènesocial et européen,résultat d'une intégration,nationale ou internationaledes élitestoa7.

Mais, ce qui est plus spécifique à St-Avold et par delà, à toutes les villes en regression,c'est que l'émigration des résidentspotentiels n'était pas compenséepar une immigration équivalented'élites venantde I'extérieur, notammentparce que la ville avaif perdu ses fonctions de commandementadministratif, donc parce que I'Etat ne nommait que peu de fonctionnairesà St-Avold.

Il faut cependantnuancet cette constatation par le fait que la ville est restée jusqu'en 1870,une de cesvilles de I'est de la Franceoù s'établissaientdes officiersde l'armée à la retraite. Nous avons pu d'ailleurs observer que les rentes de nombreux officiers français,parfois apparemmentsans aucune attache à la villel0a8,s'investissaient sur le marché financier local, grâce à l'action des notaires et compensaientainsi, le manquede capital disponibleà St-Avold, du fait de l'émigration des élites.Cependant, les

1046 Ainsi, au hasarddes sourcesnotariales (vente d'un jardin à St-Avold, le l9 juillet l g l6), nous apprenonsque des deux fils du chevalier Boisselier de Cornotte, ancien lieutenant d'infanterie. en 1783 au moment de la mort de sa femme qui était naborienne, l'un était devenu colon à St- Domingue avant de se réfugier en métropole ou il était devenu sous chef de bureau à la préfecture d^'Amiens,tandis que son frère était colonel au service du Roi de wurtemberg. to47 Ainsl toujours au hasarddes sourcesnotariales, nous trouvons le 16 mars 1819. un contat de rnariageliant une fille des élites locales, Marguerite Renault, fille d'un ancien Adjudalt-Général des années françaises(révolutionnaires) et Frédéric Fuchs, Lieutenant-Colonel des Chevaux-Légers bavarois, de I'année d'occupation. Ce rnariagedevait nécessairemententraîner l'érnigration de cette fille de St-Avold" suivant son tnari, dans les différentes affectations de sa carrière. Ici, il s'agissait d'un mariagetriplernent < mixte > puisqu'il alliait une catholique à un protestant(le contrat stipulait que les enfants issus du rnariagedevait être élevés dans la religion du parent de rnême sexe), une françaiseà un allemand et une fille d'une famille ayant fait carrièredans les arméesrévolutionnaires à un homrne des armées contre-révolutionnaires. Une autre naborienne avait épouse l'émigrant De villier, devenuprofesseur dans une universitéallemande, au XIXèrne siècle. r0a8 Nous pensonsici notammentà ce capitained'Etat-Major de Nancy qui s'appelait Le Coat de Saint Haouen,qui n'était manifestementpas lorrain et qui investissaitses économies à St-Avold par le biais du notaireSpinga (10.700 frs en 5 prêts,en 1869, soit 15 o/ode I'investissementlocal. cette annéelà). 529

officiers en retraitevouaient leurs enfantsà des horizonssociaux et géographiquesqui dépassaientla petite ville de St-Avold, simple lieu de résidencepassagerpour une populationstructure llement nomade (l es fonctionnaires).

D'autre part, le dynamismeéconomique n'est pas seulementproduit par une disponibilité en capitaux.Il faut aussiun < espritd'entreprise > qui ne pouvait caractériser, sauf exception, le groupe social des offrciers en retraite. Enfin, le caractère de simple résidencede la'ville s'opposamême occasionnellement à des expansions industrielles qui entraînaientcertaines nuisances, redoutées par cette classerésidentielle et en oppositionà la < classeouvrière > (termeutilisé par certainsnaboriens)l0ae.

Donc I'un dansI'autre, on peut affirmer que St-Avold a perdu une partie de ses élites dès l'époque révolutionnaire, voire antérieurementet ce tarissementde la frange de la population locale la plus dynamique,la plus capablesocialement et financièrementde faire évoluerl'économie localeest directementà I'origine de I'affaiblissementde la ville à une époque où la région était plutôt prospère.

Et ce tarissement est le corollaire de I'intégration à l'échelle nationale des élites. Ainsi, très tôt, c'est l'Etat, en Francequi a joué un rôle de redistributionà partir de la capitale, des élites et des capitaux.Ceux-ci afluaient vers les régions et les villes en expansion du fait de la structure géographique (ports, grands carrefours...,l ou administrative(chefs-lieux) du tenitoire, du fait de la présencede ressourcesnaturelles rentablesdans le contexteéconomique (mines) et dans un espaceéconomique unifié par I'Etat.

On peut estimer que cette animation de I'espace national par la métropole parisiennea haté le progrèsmatériel général en concentrantI'investissement en capitauxet en moyens techniquesdans les secteursgéographiquement et économiquementles mieux placés,les plus rentables,à chaquemoment de la révolution industrielle.De ce point de vue, le fonctionnement de I'Etat français est le même depuis les guerres révolutionnaires qui ont pour la premièrefois poséun problèmed'allocation des ressources(main d'oeuvre dans un contextede mobilisation générale,subventions pour les investissements)jusqu'à la périodeactuelle.

La population, elle, s'est coulée dans ce moule, suivant les capitaux et les lignes de force du dynamisme,à l'échelle du territoire nationalou a émigré,en fonction de liens familiaux, de familiaritéslinguistiques ou de penchantsidéologiques.

I04e cefte oppositionest révéléepar les enquêtes<< de cornmodoet incommodo>. 530 D'autre part, les possibilitésd'emplois locaux diminuant au fil du temps, entrainèrenfl'émigration d'une partie des classespopulaires, rnais plus tardivement.[ci, c'est I'appauvrissement de la ville, résultantde sa croissancedérnographique supérieure à sa croissance économiquequi créa les conditionsdu mouvement,plus tardif et en quelque sorte plus passif. Mais cet affaiblissementdu réservoirde main d'oeuvre local eut pour conséquenceque les investissements industrielsdevenaient au fil du temps de moins en moins nécessaires, voire de plus en plus improbables,puisqu'ils étaientnotamment attirés par les regionsà main d'oeuvre nombreuseet pauvre,c'est-à-dire bon marché. Ainsi, localement,ce sont les hommesqui se sontadaptés aux investissements et non I'inverse.

Cestrois facteursque nousavons mis en éuidence@ de SrAvold (et de toute la Lorraine allemande),les choix de I'Etat (lonain ou français), qui ont distribué les facteurs d'expansion urbaine au lieu de les concentrer,!4-fu[blelledes à cesmanipulations extérieures, sont finalement les trois causes essentielles de I'inaffrrmation d'une personnalité régronale (similaire à celle de I'Alsacevoisine, par exemple).

En effet, de deux chosesI'une, où l'on voit dansun espacedonné, I'afTrmation d'une civilisation rurale particulièreet particulariste,où I'on voit I'affirmation d,une civilisationd'essence urbaine. Dans le premier cas, cela suppose l'existence préalable d'un milieu géographique spécifÏquel0s0.Or, localement,l'espace, dans I'est de la Lorraine, est ouvert à toutesles influences et n'a pasd'originalité. Il résulteplutôt d'une superpositiontoute en nuancesde ces pénétrations extérieures.Sur les secteursde plateau, on construisait et on cultivait comlne en Lorraine romane. Dans les sectews gréseur, on construisait et on cultivait commedans les vosgesou commedans I'Allemagne hercynienne. Alors, d'où pouvait venir le particularismequi avait cependantune assise substantielle : la langue,sinon des villes ou cette langueaurait pu être travaillée,cultivée,

1050 On sait notamment que les milieux montagneuxont été des conservatoiresculturels. Or précisément' c'est en Lorraine allemandeque les montagnespéri-parisiennes (Vosges et Ardennes) s'affaiblissentpour quasimentdisparaître. 531

transcrite,aurait pu acquérirainsi ses lettres de noblesses,horizon indépassable du charnp soclaldans lequel vivaient les populations aussi bien fiançaisesqu'allemandesltlsl . Or, le réseau urbain est resté tout au long de I'histoire peu hiérarchisé et dispersésur un grandnombre de petitesentités, aucune n'atteignant le seuil critique qui en aurait fait la capitale économique, administrative et intellectuelle de la Lorraine allemande.

Aussi, n'y eut-il jamais, régionalement,de volonté politique nécessaireà toute affirmation culturelle. Et la Lorraine allernanderesta un espaceinorganique sur le plan économiqueet anomique sur le plan politique. Sa structurationse fit de I'extérieur. en I0-t2 fonction de problématiquesextérieures .

L'échec de l'affirmation urbaine de St-Avold, c'est donc dans une certaine mesureaussi, l'échec de la fbrmation d'une personnalitérégionale visible, dans le cadre européenou français.

Cet échec était d'autant plus probable que I'Etat structurant, la France, était l'objet de la formationd'une nation qui intégraitles hommes,permettait une voie de sortie aux élites locales (et à tous les ambitieux) que l'étroitesse du milieu contraignaientà l'émigration.

Un siècleaprès, les effetsconjugués du développementindustriel français et de la forte fécondité locale ont abouti à la croissancegénérale de la population de lorraine allemande, dans un cadre urbain. Mais la dispersion des villes reste la même que jadis. L'industrie et les mines ont générédes nébuleusesd'agglomérations lâches et faiblement hiérarchiséesentre elles.

Sur les 23 agglomérationsurbaines de Moselle (de plus de 2800 habitantstos3;, 17 (74 %o)sont situéesen Lorraine allemande (environ 55 % du territoire). Dans ce cadre, l'agglomérationde St-Avold fait jeu égal avec celle de Saneguemines.Autrement dit, la ville a repris au XXème siècle la place qu'elle avait perdu au XIXème, d'abord grâce à

lOsl Le cas du Luxembourgeois,< création > de Luxembourg est éloquent,au delà du cas alsacien, tributaire de Colmar et Strasbourgoù il existait des spécialisationsrégionales, le commerce du vin ou du Rhin. 1052 L'axe de circulation majeur en Lorraine allemande est celui-là même qui est le moins développé, un axe Thionville-St-Avold-Sarrebourg,au détrirnent de I'axe d'envergure européenne Paris-Francfort-Berlin,qui traversela Lorraine allernandeda:rs sa plus faible épaisseur. r0s3 Ce sont les agglomérationsconsidérées comrne urbaines par I'INSEE, en 1975(résultats du recenselnentde 1975pour la Moselle). 532 l'armée après 1890, puis grâce à la fonction publique,aux siègesd'entreprises (CDF- chimie, Altulor), aux investissementsétrangers, après 1945.

(Taille en ordonnées,rang en absisses,la positionde St-Avold en I 975 (6) et en 1993(5) est marquéepar une flèche)

Agglcnmancn 1975

AgglorÉauars.1993

lliliiirii't --1 --î----i

o\oôlclr+rô\of_co

(Taille en ordonnées,rang en absisses,la positionde St-Avolden 1993est marquéepar une flèche)

Aglarerxicns, 1975

,AgglonÉratiors,1993

I -- .'j- l- - ! -.. j,-- i--f- tiii -i 533

Evolution de la pressionfïscale à St-Avold,au XVIrIème siècle Impôtet tauxd'imposition (Sur l'échelle de gauche(lirres de Lorraine)- ér'olution de I'impôt pa1,épar la lille entière. Sur l'échelle de droite, (livres de Lorrarne/feu),le taur d'imposition mo],'endes feux imposés.)

- t60ûl I ff subr-.+ nuhesgl i --l- Sirbr'./in1xxé r40m I I I 12000 ï À I r\ lm00 i I lr 8moj l r1 I 60fit + I

rrrrrrrrrrrrrrrrFpFS::pFPaFFFFFF ÈrrrÉÉÉÉËËrËssrrrrrrr3às =gSF$;fr RÈa6GsÈs-Fp

Taux d'imposition et population imposée (Sur l'échellede gauche, le nombredes feux imposés.sur l'échelle de droite, le taur d'imposition.)

I ---{-r- - Nke de fe** mgroc, i 500 --- l- Subv./ irngxe

8

i ilI I r1l I 7 l tili I] il 1i ttll lrl I I ; j l --j -.l l - .-'l f l--r r --- 6 \oæaN+\D æ æo æ rrrrrr ddNd d r r r rr rr r rr onpeutvoirsurlepremiergraphiquequel'impôtauquellavitleet"its haussejusqu'au-delà de 1750.Mais le taux d'impositiona eu uneévolution plus chaàtique. Il a augmenté rapidementavant 1720, puis s'est à peuprès stabilisé, jusqu'en 1744. C'est seulemenr en ti+a, qu'il a fait un nouveaubond en avant. Le graphiqueno2 nous montre que la population (feux imposés)a augmentérapidement, avant 1734, puis s'est stabiliséealors que le taux d'imposition n'augmentaitpas. A pirtir de ti+6, par conrre, I'impôt se fit sentir de plus belle et I'on constateque cela ne changearien dansI'immédiat (avant l75g) à l'évolution de la population. Ce n'est donc pasla pressionfiscale qui a stabiliséla populationde St-Avold maisplutôt des causeséconomiques, celleslà mêmesque nousavons explicité auparavant. 534

ANNEXE I

période La qui va de 1700 à 1870 a été une période de francisation lente de la ville. L'école, poussée par des directivesnancéiennes ou messines,l'administration ducale puis françaiserOso(la loi à appliquerétait française),le prestigede la langue de versailles et de Lunéville, chezles notablesont contribuéà cettepoussée lente du Français.

Le mariageest un des principaux facteursd'intégration nationale aux XVIII- XIXème siècles.Il est donc utile d'analyserla nuptialité naboriennesous cet angle de la langue des nouveauxmariés et de croiserces donnéesdémographiques avec les courants migratoires pour vérifrer dans quelle mesure le mouvement de francisation promu par les élites a eu une réalitélocale.

1690-170917t0-1729 t730-17491750-t769t770-1789 t790-1792 Total Francophones 18 t3 8 l3 J I056 lt 66 (25o/o) Germanophones t8 29 JI 66 43 6 r99(7s%\ Ruraux A1 proches t3 21 79 55 228 (pour mémoire)

Les Francophonesn'ont été quelquepeu nombreux qu'avant l710 et déjà, ils étaient minoritaires, car f immigration venant des campagnesproches était gennanique à o 90 et plus. Et à mesureque le siècles'avançait, l'ancrage germanique s'approfondissait, tandis que l' immigration francophonedevenait marginale.

Il n'en a pas été de même à Sarrebourgou à Dieuze. Ici la renaissance,après l'anéantissement de la guerre de trente ans a été très précoce, dès la deuxième moitié du XVIIème siècle et l'immigration françaisea été beaucoupplus importante.A Sarrebourg,

r0i4 Déjà à l'époque où la vitte était devenuefrançaise de fait, en 16g7, l'Evêque de Metz, lors d'une visite pastorale à St-Avold exigeait du maître d'école qu'il fût bilingue. par ia suite, en 174g, Stanislas interdit la rédaction d'actes publics en Allemand. (cf. AMSAs délibérations, 26 janvier 1774) r05s Source : Y. Marta4 op. cit., 1985 pour St-Avold ainsi que les autres travaux sur sarrebourg etc publiés par le Cercle GénéalogiqueLorrain et portant la cote 28 J dansla salle de travail des AD Moselle. 1056 Dans les statistiquesqui suivenq on repèreles languesvernaculaires des mariés par leur lieu de naissance' Ce ne sont pas tous des irrunigrantsquand le jeune ménagepart s'établiiailleurs, après son mariage Éalisé dans sa farnille. lnversement certains se sont rnariés ailleurs et sont venus ensuiteà st-Avold. Il s'agit donc d'un simpleindicateur de tendance. 535

l'équilibre entre mariés irnrnigrantsfrancophones et gennanophonesn,est pasdu tout le même qu'à St-Avold. Sur tout le XVIrtème siècle, on trouve dans cette ville I l8 immigrantsfrancophones pour 60 germanophones:

Sur 97 rnariages'u" r680- I 709 17t0-29 t730-49 t750-69 1770-89 Francophones 7 l0 25 I2 9 Germanophones 3 (30%\ 2 (t7%) 13(34%) r0(4s%l 6 (40%l

A St-Avold colnme à Bitche, I'installation de Francophonesvenus de loin était très souventle fbit de rnilitaires.Et ceux-cien se fixant sur placene pouvaientmanquer de se fondre dansla populationlocale car c'étaientdes isolés et ils s'intégraientà des familles germanophones.

150 ans plus tard, en 1853-1856,laproportion des mariagesoù l'on trouve une présencefrancophone s'était encoreréduite ( 18%) par rapport à la période de 1700-l7l0 (25o/o)et 1690-1699(26%). De plus, la plupart des mariages < mixtes > étaient, à ce moment là, le fait de fonctionnaires,appelés à circuler en France.Il y avait d'ailleurs aussi quelques Naboriens fixés à Paris qui épousaient des Naboriennes. En conséquence,si lrancisationil y eut, elle se fit par la fonctionpublique et par l'émigration vers la France.

Mariages et 1700-1710: 8l mariases 1853-1856: 78 mariases lansuesl05s Mari gennanique Mari fi'ancoohone Mari sermanioue Mari fi'ancoohone Fenune germanique 61 (75o/ol l6 64 (82o/o\ 7 Femrne francophone 0 4 5 2

Sur place, l'élément germaniquerestait écrasant.82 Vo desnouveaux ménages étaient purement germanophones,au milieu du XIXème siècle, c'est-à-dire au point d'orgue de la période de francisation et peu avant son arrêt. Enfin, un petit courant d'immigration allemand se maintint au XIXème siècle,on peu ainsi observerune dizaine de cas, entre 1853 et 1856 de nouveauxmariés venant de Sarrel05n,du palatinat. du Trévirois ou du Luxembours.

1057 A partir des dates rnentionnéespour 97 mariages sur 178 qui ont associé des irnmigrants d'autres villes ou venant de loin et qui ont été célébresà Sanebourg,sur un total de 977 rnariages.1 n'y a donc que 9 7o des mariés qui étaient des immigrants venus des villes ou de loirç et on ne peut voir l'évolution chronologique de I'irnmigration que sur la moitié de cesmariages. 1058 Sources: AD Moselle,TE 609 I et 2. I ]VIIE609. r05e On obsewe ainsi des échangesmat'irnoniaux entre les farnilles de tanneursde St-Avold et de \{erzig, à 50 km au nord, sur la Sarre. 536

Cependant,on peut penserque le bilinguisrnese développa.Car l'école primaire répandaitdes rudirnentsde Français,surtout au XIXèrne siècle ou les instituteurs

francophones"'ot'étaient réellement compétents, dès l'époque de la loi Guizot,sinon avant. Par ailleurs, de notnbreuxliens de travail unissaientSt-Avold à des villes fiancophones, au moins à partir de la Révolution Française, notamment des liens commerciaux. On allait par exemple se réapprovisionneren vin à Chalon-sur-Saône,

Mâcon et Epemay,l'approvisionnement des commercesqui se tbisait encorebeaucoup en Allemagnedevint presqu'exclusivement français après 1815. Cependant, durant l'époque révolutionnaireet imsriale, la circulation dominantese faisait encore avec les régions germaniques,Alsace ou Rhénanie,aussi bien pour les apprentiset cornpagnonsque pour les colporteursde la région. 1815fut à ce titre une date-clef.C'est sousla Restaurationque la région s'orientadécisivernent vers les horizonsFrançais et francophonestOu'. Enfin, la langue française fut promue par I'usage adrninistratif et par I'orientation psychologlqueimprimée localement par l'émigration vers paris.

Finalement, les courants migratoires qui traversaientSt-Avold étaient des courants Est-Ouest, on voyait donc perpétuellement des petits nombres d'installations

locales de rhénansgermaniques ou de Juifs et un drainagelocal vers l'Ouest, françaisou américain.

La situation linguistique de la ville était un peu la même que celle de la Bretagnequi n'attirait pasI'immigration de l'extérieur et voyait égalementune émigration 'rers Paris. D'où le maintien du Breton cûmnle du Francique. Dans ces conciitions, I'intégration linguistiquene put venir que des institutionsnationales telles que le service militaire ou l'école obligatoire.

Et cetteintégration ici, fut retardéepar les deux annexionsde 1870-1918et de 1940-1944qui substituèrentau bilinguisme Francique-Français,le bilinguismeFrancique- Allemand.

1060 Cependant,jusqu'à l'époque révolutionnaire, I'enseignementfut rnieux réalisé en Allemand qu'en Français. Le 26 janvier 1792, le conseil municipal, répondant aux questions d.u district déclarait encore que faute d'argent pour payer deux instituteurs, il n'y avait qu'un instituteur < allemand >. Mais la ville était à cette époque plus que jamais sous influence culturelle française, suspendueaux nouvelles de Paris, traverséepar un flux incessantde Français,dès la déclarationde guelre enfin, les Naboriens participèrent forternent aux armées révolutionnaires puis irnpériales, entre1792 et 1815. 106r Nous fondonsnotre analysesur la sériedes passeports délivrés par le rnaire,AMSA, art. 55:.- 560. 531 ANNBXE [I

lnventaires après décèslffi2 (Archivesde la prévôté,8 6376-6394et archivesnotariales, 3 8,25 E..., A D Moselle.) l) Lesmétiers liés à I'agricuhure

JeaniHoritz, voiturier,3L mars 1783

Valeur en f de Lorraine: Actifs Passifs lmmeubles I (contratde mariage,1770 et I acquetde 1777) Meubles courants, effets (dans le poele, la cuisine,le grenieq les deux 657 personnels chambreset ['écurie) Bétail et stock 23 alimentaire : -46quartes ;:ilÏ-"t deterre r38 -8 quartesde blé et I de seigle 'fl -2 foureaux de haricot. 2 de prunes, 1 de poix, I de 6 5.0 lentilles Total 2s8 Capital technique : -l cheval 155 -50 bortesde paille 7.100 -3 milliersde fbin 66 -Harnais t0 I charrette, I tombereau,I brancard 3l

Dettes actives 0 Dettes passives -à JosephBecker, marchand 227 -à l'hôtel-Dieu 60 -à Nicolay,tanneur 32 -à P A Weis 62 38t Bilan + 783

Le meunierd'Oderfang, en juin 1743

Valeur en f, de Loraine : Actif Passif Immeubles I maison 2100 -l iardin 240 Meublescourants, effets 650 personnels Bétail I 100 Caisse 0 Dettes actives -4 boulangersde St-Avold et un cabaretier -1 meunierde ÉIorntrourg -une dizainede particulierspour des sommesplus faibles(30-60 s) 4500 Dettes passives -a payersur sa malsotl r200 Bilan +7390

lo62 Tous les inventairesdu XVIIIème siècle sont libellés en liwes de Lorraine, ceux du XIXèrne siècleen ffancs. La liwe de Franceéquivaut pratiquelnent au franc genninal,tandis que le rappoft de la livre de Lorraineà la liwe de Flanceest de : r f Frce:24/31 f Lor. 538

Ilenry Rhader,laboureur, mars 1777

Valeur en f de Lorraine Actif Passif Immeubles i acquets N{eubles courants, effets t5l personnels Stock alimentaire -5 quartesde < graupires> 7.10.0 -l.5 milliersde foin 21 Matériel -5 chevaux t4I les harnais 9 I chariot tout équipé 55 -I herse 8 l0 0 -1 charrue I 10.0. Total 215 Caisse o Dettesactives 0 Dettes passives -Pour un terain ll0 -aux RRPP 1000 -à deuxjuif-s de pontpiene 301 -à 6 autres personnes 380 Total t79l Total 395 1791 Bilan - intmeubles 1396 I I 396

Jean Barthel, meunier au <(moulin-neuf > (octobre l7g3)

Valeur en f de Lorraine : Actifs Passifs Meublescourants, effets 600 personnels Bérail -9 chevauxet 2 poulains -4 vacheset I génisse,I veau -2 brebiset 2 agneaux,50 poulleset l0 oies -6 truies et 57 cochonsde tous âges 17t7 -15 Stock alimentaire quartesde blé, l2 d'orge, 56 de seigle 595 -15 quartes d'avoine, 36 milliers de foin, g milliers 638 de regain -80 quartesde pommesde terre et g de bté de 148 Turquie -58 f de lard 45 -22 a Aa hottes de vin zaL Total r668 -l Stock technique : tombereau,2 charrettes,2 chariots l8l -2 charrues JZ -fibres : 15 quar'tede semencede chanvre,545 J de t70 chanvre,l0 € de lin, Total 383 Dettesactives 109 Dettespassives (notammentpour I'acquisitiond'un nré) 496 Bilqn . 3981 539

CharlesBarbier, manoeuvre, l8l4 1063

En francs Actif Passif hnmeubles 2 acquets r50? Meubles dont : l0 quaftesde porrunesde terre. 2 petits cochons,foin, zJt fuinier, outils (54 frs) Dettes act. 57 Deffes Dass. 90 Bilan 351?

L'inventaire du fermier du Weneck l85l

En fi'ancs Actif Passif Immeubles 0 Meubles courants, Matériel : -machine à battre 300 Matériel, -2 chamreséquipées 70 bétail et -4 voitures, I tombereau,5 herses...petitmatériel 690 récoltes Bétail et stocks: -Porcins(19), Oiseaux(129), 5 taureauxet 3150 10 autresbovins, 8 chevaux et 3 poulains Récoltesprévues 1600 Total I 1.422 Dettes act. 8s0 Dettes oass 7930 Bilan + 1312

Henri Schlaveritz, journalier, 1866 rtt6{

En francs Actif Passif hmneubles I logernentdont I pièce louée à un journalier (22 frs par an) 1000? -1 jardin et 2 terres(35 ares) 600? Meubles 2 piècescuisines * cave et écurie (en partie) 446 dont : 20 litres de haricots, I chèwe, 3 poules, 250 kg de paille, I hl de seigle, récoltesde.iardin et d,une pièce de pofiunes de terre Argent 0.45 Dettes act. -2 prêtsà desartisans 420 I prêt à un fils tailleurd'habits 20 Dettes oass. menusfrais 79 Bilan ] 2107

106-r AD Moselle,378 U 8, 17rnars lB14 r0(rr AD Moselle,25 E 51, 18août 1866. 540 de ruraux

Jean Pierre llichard, maître cordonnier à seingbouse,

mort en janvier 174711t65

JeanPierre Richard en mourant laissaitune veuve,Elisabeth Scheit-fmann,de Seingbouse,et desenfants mineurs. Il avait de la famille et desamis à St-Avold, Valmont, Farébersvilleret Seingbouse,présents au rnomentde la réalisationde cet inventaire.

On peut voir que par héritage,il possédaitpas mal de terresautour de St-Avold et qu'ayant fait un apprentissagede menuisier,il était passémaître dans cet art.

Valeur en f de Lorraire : Acûf Passif Immeubles -l maisonbâtie à Seingbouse I5 jours de terresà Valmont et St-Avold (hérita.ee) Meubles courants,eflets -Vaisselle,meubles, linge 77 personnels Divers -l vacheet 3 génisses 100 -4 petits cochons 6.10.0 -foin, pailleet fromentpour la subsistancede la famille Capitaltechnique < tous les outils servantau métier de cordonnier consistanten peude choseà... > l.l0 0 Dettes actives 0 Dettes oassives 120 Total 185 120 Ililqn intmeubles +-65 t +65

C'est probablement son mariage qui l'avait amené à Seingbouseet sur un terrain de sa femme qu'il avait pu bâtir. Mais sespropres terres étaient loin, à une bonne douzainede kilomètres,il devait les louer à d'autrestandis que lui-même devait louer des terresà Seingbousepour nourrir son bétail et safamille.

Son inventaire révèle une grande pauweté de matériel et une supériorité très nette de son exploitation d'auto subsistancesur son activité de cordonnier.Mais dans la société d'Ancien Régime fbndée sur une idéologie de I'honneur, le titre, le savoir-fàire acquispar J.P.Richard devenait l'ornement inévitable de son identité.

En fait il s'agissait d'un <

150 à 250 f pour pouvoir les acquérir),cependant sa farnille lui avait permisd'acquérir un savoir-faire artisanalqui lui donnait la possibilité de gagner un appoint de revenu peut-être un peu plus assuréque s'il n'avait eu aucunequalification. ro65 AD Moselle.B 6382-6383 54t

Ici, la paul'retégénérale n'est qu'uneimpression. D'abord parce qu'on n,a pas chiffré les stocks alimentaires destinés à I'alimentation de la fàrnille, ciui pour,.aient représenterl066 49 ou 50 f, voire beaucoupplus, ensuiteparce que l'endettementrestait très raisonnableet ne nécessitaitpas de vendre les terres, enfin parce que l,immobilier pouvait représenter3 ou 4000 f, ce qui changetotalement le tableau. Vers 1750, ce genred'artisans ruraux n'était pasencore trop nombreux,cela ne seraplus le cas 30 ou 40 ans plus tard lorsqu'il y aura 1,5 fois plus de rnondepour autant de terres.

Jean Gamel,journalier à Betting,1867 rtrc7

En francs -l maison, 154 aresde terres(18 pièces dont : 15 frs pour le matérielet stockde fGture de chanweet étoupeet 219 frs d'outils agricoles,1 vache,l jeuneporc, I mouton,6 poules,6 hl depommes de terre, 3 voitures

1066 Il pouvait falloir 5-6 quartesde blé pour 2 kg de pain par jour pendantg mois, or cela faisait 6 x 7 = 42 r....pratiquement une augrnentationd'un quart de la valeur des meubles. Dats I'inventaire,on trouvait3 quartesde brémais aussidu, foin, r067 de la paille. AD Moselle,25 E 52,30avril 1g67. 542

NicolasEgloff, laboureur à Dourd'hal, 1853

En francs Actif Passif Imrneubles I maison,grange, écurie et dépendances,l0jardins, envlron 37 piècesde terre(5,3 ha) et 6 pÉs (38 ares) 15.000 Meubles dans4 pièces,cuisine, 2 éctu'ieset un grenier 130 kg de lard, -3 voitures, une charue équipée,2 herses,I ruche 165 -5 chevaux,harnais, 4 vaches,7 moutons, 3 porcs, I I 760 gallinacées,outils, 3 voimres de fumier -5605 litres de méteil, avoine, orge, seigle,colz4 pois et 421 chanvre,250 litres de pomrnesde terre dans un silo, 90 litres de sernencede trèfle -32hL de blé, 7 en gerbes,20 litres de blé de turquie, 3,5 67r tonnesde foin, 900 kg de paille et I tonne de regain -Outils,futaille, 36 rn de toile d'étoupe,15 kg de 74 chanwe, 4 kg de laine, une machine en fer pour préparer le chanwe, un tour et dévidoir Total 3tI3 Argent l3l ,| Deftesact. -Travaux réaliséschez un journalier et un lna.r.ferrant de Dourd'hal Dettespass. -Fermageau bureaude bienfaisancede St-Avold 400 -Menus frais et funéraires(ioumalier à 12 frs par mois) 143 BiIan + 17.701

Quelquesautres bilans de jounaliers et laboureurs

Date Journalierset ouvriers Meuniers-fenniers et laboureurs 181I Journalier. env350 Laboureur-Dourd'hal env850 Journalier-Lachambre env1452 1814 Journalier.Hombours 2400 I 853 Journalier,St-Avold s27 I 853 Journalier-St-Avold + de600 I 853 Journalier.Hombours 1700 1865 Ouwier, forgesde Hombourg 470+ Meunier,Moulin-Neuf env. immeub. r3.000 l86s Ouvrier, forges de Hombourg env1300 54i artrsansau traversde leursinventaires èsdécès

François Delels€,<< mârchand-chapetlier >>, novembre lZ42 Immeubles -3 maisons -2 jardins - './, iour de terre Offices Meubles courants.effets -Meubles 44 personnels -vaisselle 62 literie, lingerie ll3 Total: 2t9 Bétail, stock alimentaire -l vache,I veau -2 cochons - I 2 quartesde seigle l2 quartesd'orge - I millier de fbin -50 f de chanwe t76 Capital technique -Outils de chapellier 9 -chaudronà teindre t2 Stock commercial 34 chapeaux 34 130f de laine 123.l0 0 -mat. prem (poil de chèvre,...) 40 Total. 218 Caisse 0 Dettes actives -66 f prêté dansla famille (Frevmins) 66 Dettespassives -Dû à I'abbayede St-Avold 400 -à plusieursparticuliers 150 -fraisd'inventaire 28 Total 578 Bilon imnteubles+ 102 f + 102

JosephCalba, huilier. novembrel?43 Actif Passif lmmeubles -l huilerie -l jardin -5,5jours de terre -2 prés à Dourd'hal et Longeville

Meubles courants,effets -Linges t) personnels -meubles 19 -vaisselle,matériel 56 Total 148 Divers -3 quartesd'orge l5 -2 quartesde semencede chanvreet 3 b. de 2t.100 semencede lin Bétail -2 chzvaux, I poulain -i vache,1 génisse -4 porcs I chanette,I chamle + harnais l5t Stock conunercial : -27 quartesde navette 627.15.0 Caisse 54 Deftes actives -8 pairesde quartesde Tritteling 62 -5 quaneset 3 bichetsde blé JI Dettespassives -Pour-eraine cle navette (Destry) lt0 -resteà payerhuilerie 660 -2 emprunts 454 -frais 127 Total 1351 Bilan itnmeuble:;- 236 - 236 544

Théodore Feyt.cloutier, juin 1744 Actif Passif lmmeubles | -l nraison I 720 | -l jardinet 3 ioursde rerre ,) Meubles courants,effets 157 personnels Stock commercial -Outils et stock de clous 90 Caisse 0 Dettes actives 0 Dettespassives -Prix de Ia maison 720 -fournitures de fer 212 -maîtrise des maréchaux 30 -6 dettes,dont deux marchands 109 Total l07l Bilan Tetes -l01 -101

Le teinturier Louis Lempfrid, février 1747 Actif Passif Immeubles -14 acquets: -maison,teinturerie et jardin (1500?) -l foulan 2000 -2 placesmasures 300 -7 jardins 2t02 -6 jours de terre 301

Total + de 4702 Meubles Meubles,linges, vaisselle, (dont I vacheet 2 porcs.qras,105 f) t726 Divers Stock -manufacture commercial : de teinture avec ses meubles,outils 700 Dans la cour (nombreusesréparations à faire) -Stock 150 -(Stock client : n5 f. à rembourser) Dansla boutiaue Caisse 660 Dettesactives -60 crédits clients,petites sommes 353 (donr 25 à St-Avold) -l àLandroff 150 -l à 137 -l à Faulquemont 387 Total ro27 Dettespassives -Marchand de St-Avold 175 -Marchand de Strasbourg 329 -Le Comte de Héning et sa fille I 150 -7 autresemprunts 2447 DONT REMBOURSES : 990 Total 4l0l Bilan - 7152 f4t

Claude Olier, cordonnier.1787 Actif Passif lmmeubles -l acquet I lot en partage Meubles,effets personnels 4 piecesnreublées ll I Betail 0 Réservesalimentaires -1 quartede pornmesde terre 2 Capitaltechnique I tablede chêneavec tous les outils o de cordonnier Caisse 0 Dettes actives 0 Dettespassives -marchandisesà un tanneur 122 -à I'Hôrel-Dieu 100 -à un marchand 3.6.0. -à un meunier 13.00 -frais funéraires 7.15.O Total 246 Bilan immeubles- 127 { 127

Antoine Lepoire, orphèvre, 1787 Actif Passif Immeubles Meubles.effets nersonnels piècesmeublées 782 Bétail 0 Réservesalimentaires 0 Capitaltechnique -Outils d'orphèvre ll0 Stock métallique: 139 Total -15 I de plomb - Yzonce d'or (limailleer lingot) l2 oncesd'argent façonné (crucifix, bouclesde soulier ) -4 i de cuivre -6 f de limailled'areent Caisse 0 Dettesactives -duespar plusieursparticuliers 186 Dettespassives -Au marchandCrétaille, 100 f, pour 200 marchandises Total -autre... Bilan - I0t7 L

La demoiselleCatherine Esch, sansprofession, lg67 Actif Passif lmmeubles 1 iardin 200 ? Meubles 418 Argenl 85 Dettes acl Economiesprêtées à 5 % àun propriétaire 2000 Dettespass 75 Bilcvt - 2638 546

4) La classerésidentielle

Le tabellion Valentin Gout. février 1720

Valeur en f. de Lorraine Actif Passif Immeubles -4 jardins - 1/rd'étang -9 fauchéesde prés * 8 autres(à bail ?) Offices -Office de tabellion , Meubles courants,effets -Meubles,3 armoires,;coftes, ..., literie, oersonnels -linge(1 18 aunesde toile de lin, 157aunes de toile de chanvre,et en fil et en brut, 300 autrespièces de linge en chanvre,lin étoupe, ruban, galon, drap d'Elboeuf, l8 coiffi.rresde femmesavec et sans dentelle,ganterie...) -vaissellevariée, -2 fusils,2 pistolets,des lunettes d'approche, -15 mainsde papier,5 bâtonsde cire d,Espagne, I pétrin.quelques biioux Bétail. stock alimentaire Caisse 846 Dettes actives -Droits de tabellionage 1218 -6 autresprêts 135 15.4.9. Total 1369 Dettes passives -Aux Bénedictinsde St-Avold 400 -au curé de Leyviller 596 -loyers 23 -frais divers (ci er-ges,médicaments, boucher. 144 tailleur...) Total I 163 Total I 163 Bilcut TVèsapproxinwliventenî en.piron5000 { 547

Françoisde Géraud,seigneur de castagnette,22décembre l73g

(Fermierdu dornarneducal, bailli de t'abbéde St-Avoldà porcelette. annobl d en 172 Valeur en f de Lonaine : Actif Passif Immeubles -Seigneuriede Castagnette,région de Toulouse Des biensà St-Avold(Lieutenant Guefeld) -Faulquemont -Fouligny -Zondrange - -Haute\rigneulles -Farebersviller Meubles courants,effels Meubles(4 lits à baldaquin),linge, literie,vaisselle, 3284 personnels argenterie (dont une 100 ainede drapsde chanvreet 250 autles piècesde lin, chanvreou étoupe) Voiture -l chaiseà deuxroues 600 -l charretteet harnais +30 Bétail -2 chevaux -l vache _4porcs -40 poulles,chapons, cocq !!9o1des de bois, du charbon,3 charetres de foin 288 Stock alimentaire -79 quarresde blé -52 quartesd'avoine - l3 de seigle -3 quartesde mals,3 bichetsde pois -4.5 hottesde vin 846 Caisse tl.329 Dettesactives -30 obligations(à Frç Mathieutils, Jn Melling. quelquesofficiers, artisans) et quelquespromesses plus récentes Total 12.673 -dû Dettespassives à 3 marchandsde St-Avold et un de Sarelouis 428 - à des bouchers,cabaretiers, maréchaux ferrants. 160 tailleur, cordonnier -Gages des servanteset valets,avances à un avocat 46 -Servicefunèbre 160 Total 794 Bilon imnrcubles- 28.000t + 28.256

J.P.Keyser, lieutenant des chirurgiens du Roi, août 1743

Valeur en f de Lorraine : Actif Passif Immeubles I maisonà St-Avold,4 jardins,4,75 jours de terre, quelquesprés, I jour à Porcelette -100f de rentesur le Royde France 2000 Offices ,| Meubles courants,effets maisonde 9 pièces oersonnels Divers Stock commercial : DansIa boutique 693 35 vieux livresde chirureie 30 Caisse 968 Dettes actives -sur4l personnes 1332 -sur3 insolvables (s000) Dettespassives -sur I I personnes 788r Rilan inrmeubles- 2858 -2858 548

Gaspard Gillot, seigneur de Furst, février 1742

Valeur en f de Lorrarne Actif Passif lmmeubles 100 J de rentessur desbiens de Bar le Duc 2000 -Sei.qneuriede Furst ,) Meublescourants, effets Tout compris 2879 personnels Dettes passives -à 2 marchandsde St-Avold, de Sarrelouis, I 098 maréchaux,servante, tailleur, cabaretier,tisserand, curé Bilan La seipteurie ' 3781 +3781 Le Baron de Héning,(1743-1744\

Valeur en f de Lorraine : Actif Passif lmmeubles -Seigneuriede et Hallering (2000?) -Hôtel particulier à St-Avold (20 piècesen tout) (5000?) avec colombier et plusieurscentaines de pigeons, iardin et verqer Meubles -Meubles, v4sselle, linge, effets, argenterie 4187 -l voitureà4roues 500 -2 chevaux 868 -bestiaux,grange et pressoir 927 Caisse -10 billetsde banque 950 -sacsde pièces t933 Dettes actives -Non mentionnées(en fait, le Baron prêtait beaucoupcomrne le montrent les archives notariales.) passives -Gages Dettes desdomestiques...quelques fournitures 600 - Bilan [mmeubles t- 8765 probablement enttiron Actif :'t 6765 25.000[ Antoine Knoepfler, chirurgien, mars 1744

Valeur en f de Lorraine Actif Passif lmmeubles -Nombreuxacquêts, I maison,3 jardins,% de jours e tenes, I iour à Valmont Offices ,| Meubles courants, ef,lets Jinges, dentelles 1171 personnels -argenterie v) -meubles 872 -vaisselle 382 Total 2520 Stock -Dans commercial : < en < -vin, eau de vie 68 -Livressur I'art.,. t4 Total 897 Caisse 1395 Dettesactives -Avances sur travaux forestiers dansune entreprise I 15 avecdes partenairesdans les forêtsde la gruerie -Crédits à différents particuliers 240 -Abbaye de Longeville 400 -l autre créance 100 Total 1513 Dettespassives -Aux droguistesde Nancy et d'ailleurs 250 -l constitution au srefiier r000 Total 1250 Bilan inrnrcuhles+ 5075 5075 549

Le substitutNicolas Thibault,.ianvier 1745

Valeur en f de Lorra' re : Actif Passif lmmeubles -Biensà Dourd'haldès 1697 ,7 -biensà Zondrangedès 1699 -8 acquêtsultérieurs -1 acquêtà St-Avold Offices Meubles courants,effets 5 piècesmeublées t0l0 personnels Stocks -50 quartesde froment 300 -20 quartesd'avoine 84 -8 hottesde vin nouveau 56 Total 440 Caisse 178 Dettes actives Dettespassives -derniersfrais (funéraires, 108, médecinet 2r9 chirurgien, 22, gagesde la gouvernante,23, cordonnier.cabaretier... Bil(m immeubles- 1109 { + 1409

SébastienVergance, receveur des fïnances.mars 1747

Valeur en f, de Lorraine : Actif Passif lmmeubles -29 acquêtsà Valmont, Lachambre(une métairie 5670 fut con tituée dansce village), Holbactr,Macheren Offices Meubles courants,effets -Linge 431 personnels -mercerie -tapisserie,meubles, vaisselle, I 154 Total 1662 Divers stocks -66 f de lard 37 -l I cordesde bois 55 -10 hottes de vin vieux de Metz t42 -3 I quartesde blé 312 -28 quartesd'avoine 85 -2,5 quartesde navette 50 Total 68r Caisse -Sacsde pièces 9085 -argenterie 862 Dettes actives -8 prêtsà St-Avold J JZl -l à Boulay 5000 -4 prêtsdans des villages 1454 Total 9778 Dettesoassives 0 Bilan + cle27.738 L 550

Le patrimoine du marchand J.B. Pernet, en juillet 1766

Valeur en f de Lonaine : Actif Passif Immeubles 1,5lours de terre,la moitiéen seigleet I'autre rnoitiéen topinambourgset en blé de Turquier06e Offrces 0 Meubles courants, effets dont I clavecinet une basse(93 f), une quinzaine t407 personnels de livres de prièreset d'histoire Divers -3 porcs, 12 pouleset I coq 148 -84 S de lard, l8 f dejamboq 20 f de saindoux -seigle,pommes de terre et mais

Stock commercial Un peu d'épicerie, de mercerie,rubans, quelques I L.t+ Dansla boutique tissus,des pipes, un peu de papier Caisse u6 Dettes actives Quelquescrédits-clients (+ 136f irrécouwables) r26 Dettespassives -5 fournisseurs st2 I juif d'Hemering 378 -6 autresdettes 863 Total 1753 Total 303I t753 Bilan immeubles* 1278 + 1278

r06e On trouve là et dès 1766, chezcernarchand rnodeste, I'exploitation agricole urbainernoyenne de 1794. 55r

Anne E lisabethMetzinger, épousedu chevalierAntoine Boisselier Cornotte. 1783 li)70

Valeur en f de Lonaine : Actif Passif lmmeubles -12 acquêts(entre 1761 et 1774) ,, (propriétésfoncières ds les villagesdes environs ?) A St-Avold : une petite maisonet quelquesjours et fauchées : 5 terres, surtout des iardinset enclos Meublescourants, effets 5 chambresmeublées, une cuisine,une chambreà personnels four, un vestibule,des textiles : -2 f. de chanvre,12 f d'étoupe,3 f de fil de lin 22 -120 aunesde toiles de chanweet d'étoupe 62 -quelques340 piècesde linge(chanvre, lin et étoupeà 90 %, un peu de coton) -Effets féminins 150 Total r 525 Bibliothèaue -dictionnairede physiqueen 4 vol. 4 -abrégéd'histoire romaine en 4 vol 4 -8 vol. de l'homeur françois 4 -lesdroits de la natureen 4 vol. 2 l4 vol. divers : histoireancienne, métaphysique,4 10 vol. de I'espritdes lois -7 brochuresd'histoire philosophique o -2 volumesde la maisonrustique -1 Total 43 volumes 34 Réservesalimentaires -80 J de lard et jambon 48 -4,5 quartesde blé 45 -6 hottesde vin 54 Total 147 Argenl -Bijoux 46110.0 -arsentliquide 68.0.0. Dettesactives rested'une obligationde 1770de J. P. Metzinger, 575 boucher et oncle materneldes héritiers Dettespassives -à Margot 775 -à Delesse 1845.0 Total 959f Bilan intmeubles+ 1851t

1070 C'est un ancien lieutenantd'infanterie, chevalier de St-Louis. Au rnoment d.el'inventaire sont présentsquelques parents qui le situent socialement: un cousin aubergiste,Barthelemy Hauser,gros propriétairefoncier, un boucher, frère de la défunte, un marchand,petit cousin. Beaucoup de citadins ont fait des carrièresrnilitaires soit dans l'année française,soit dans les arméesde I'Empire allemand, ils ont souvent fini, avant la Révolution, dans des gradesde bas- officiers corlrne ici. On a l'exernple de deux des fils du marchand Gaillot de St-Dié (cf. M.J. Fournel, op. cit.) et à St-Avold, I'exemple d'un frls du marchand François Knoepfler. C'est leur instruction qui donnait de bonnes chancesde carrièresaux fils de marchandsqui se sentaientla fibre rnilitaire.Et c'est danscet inventaireque I'on trouve unedes plus bellesbibliothèques de la ville qui n'en avait pas beaucoup...Surla matrice foncière de 1791,on retrouvedeux Boisselier.tous deux officiers dans I'armée et gros propriétairesfonciers à St-Avold. 552

Noël Chambeau, contrôleur général des fermes, l7g6

Valeur en f de Lorraine : Actif Passif Immeubles -Propriétésà Hellimer et Montrnédy + 4000 Ofiices I Meubles courants,effets dont une bibliothèquede 350 volumesà orientation 6450 Dersonnels philosophique(valeur 150f) Dettes actives - 5 prêts 393 -ldot 2400 Dettes nassives I 500 Bilan - I 1.713 553 ANNEXE III

La clouterie rurale, fin du XVII[ème siècle- lg70

Les forges locales,particulièrernent celle de Hombourg"'t' , avaient engendré une petite rnétallurgiede transfonnationrurale.

Leur productionavait ainsi permis l'éclosion d,enombreuses petites clouteries ruralesdans les villages qui entourentHombourg et St-Avold,dès le XVIIIèrne siècler072. La fabricationdes clous était extrêmementdispersée, on trouvait des cloutiers un peu partout et à St-Avold, il y en eut toujoursquelques uns. C'étaient de petits ateliers oÙtun maître travaillait souvent seul comme Michel Patureau,à Neunkirch (1843) qui traitait annuellement300 à 400 kg de fer et vendaità dornicile et sanscolportage ses clous au millier ou par quantité moindre. Parfois comme un autre cloutier, à Haute Vigneulles (1845), ils fabriquaient quelques kilogrammesde clous qu'ils allaient vend.redans les villagesdes environs.

Mais dansles villagesdont nousparlons, la cloutene(et très secondairementla coutellerieet la quincaillerie)avait pris de toutesautres djmensions.

Les artisans,très nombreux,exportaient leurs productionseu-x-mêmes ou par des intermédiaires,par le mode du colportage,essentiellernent vers I'Alsace, un peu vers Boulay et le départementde la Meurthe ou vers Metz. Leurs ateliers parfois de très faibles dimensions,pouvaient fréquemment atteindre 3, 4 ou même 6 < marteaux> (emplois),

dans un cas, 9 ouvriers. lls achetaientessentiellement leur matière première à Hombourg et secondairementà des marchandsde fer, à Merlebach ou à Metz < selon les occasions> colnme l'affirme l'un d'eux (Marienthal, 1843) Cette organisationest déjà repérableen l'An7 et I'An 8'ot'., au traversde nornbreuxpasseports délivrés en hiver, à des cloutiers desmêmes villages, partant pour l'Alsacetott.

t07t C'est elle qui est pratiquernenttoujours citée cornrnefournisseur par. les cloutiers, vers lg40- 50, lorsquenous disposonsd'informations. t072 Pour tout ce qui suit, AD Moselle, I S 512-513. 107-3 Le préfet, en l8l 1-1812 (AD Moselle,220 M) n'avait que desrenseignernents très partiels sur les clouteries. ll n'en signatait que dans 6 communes, toutes urbaines sauf Bambidestroff où il connaissaitles 20 établissernentslocaux ( et 24 oulriers sur un total départernentalsignalé de 5l établissementset 102 ouvriers), sans se poser de questions.ll affrmait que chaque forge disposait d'une clouterie qui approvisionnait le comrnerce,ce qui enrpêchaitles particuliers de travailler à leur compteet qu'il existaitdes cloutiersisolés et pauvres.En I'absenced'autorisations à solliciter par les artisansou d'enquêtessystématiques auprès des sous-préfets, il ne pouvait connaîtreque très irnparfaitementla réalité. Les tableaux portant sur les tanneries(liasse 229 M) laissentpenser que le 554

Carte l1 Répartition géographique des clouteries rurales

. Forges El O : Clouteries Echelle:2cm:5lcm

O Creutzwald EI

o Behren

trl oo O E Hombourg Betting

oEloo Seingbouse St-Avold o o o Bambidestrof Macheren O Marienthal

Puis dans les années1840, lorsque les douanesexigèrent des artisansdes autorisations,pour contrôler la contrebandequi s'effecnraitsurtout sur [a quincaillerie,ils durentles solliciter à la préfecturel07s.

Nouspouvons alors dresser un tableaudes clouteries rurales en 1840-45(page suivante),mais beaucoupde ces établissementsexistaient déjà depuislongtemps, parfbis ils étaientmême antérieurs aux traitésde Paris(1814-1815) et n'avaientdonc pas besoin d'autorisation.

Lesinformations qu'ils foumissentparfois corroborent ce queI'on voyaitdans les passeports.Cette activité semble donc avoir existé sur une assez longue durée, peut-être un siècle,entre 1750ou 1760,lorsque les forgesapparurent livrant du f'erau marchélocal et 1860-70.Car vers la fin desannées 40, le nombrede demandes d'autorisations se raréfiait. On peut penserque les clouteriess'essouflaient fàce à des productionsplus modernes commecelles des établissements métallurgiques locaux ou d'ailleurs.

préfet ne fut bien renseignéqu'à la fin de 1812, lorsque sa procédure d'information conjoncturelle fut rodée. 'otu AMSA. afi.561 ro75 AD Moselle.I S 512-513 )))

Les clouteries rurales induites par les forges de Hombourg

Villages Nombre Nombre lnfbrmationséconomie ues d'ateliers d'emulois (haut Hombourg et bas) l8 44 23 ouvriersutilisent 12.200 kg de fers Merlebach L7 6l Marienthal 16 ^< 45 ouvriersutilisent 24 950ks defers Seinsbouse TJ 44 Bambidestrof ll Henriville 9 26 Freymins o 35 Bettins les St-Avold .A Cocheren 5 t4 8 ouvriers utilisent, 5500 kg de fers et produisent3850 ke de clous Spicheren 5 ,)

Macheren J 7 2 5l Total t15 au molns environ 206 tonnes de fer transForméesen 367 clouVan

Cependant,dans un cas,à Ippling, il ne s'agissaitpas d'un petit artisanrnais un notablesarregueminois, Gangloff qui avait investi dansce village en 18341076.Celui-ci, en 1843,employait déjà 48 ouvrierset il se proposaitd'élever cet effectif à 98, souspeu. En effet, il venait d'acheter un brevet étranger pour fabriquer des clous en acier pour la cordonnerie. Son échelle de production exigeait déjà un réseaude commercialisation.

Cependant,si ce dernier cas montre un début de cornplexification du tissu industriel local, l'ensemble demeuraitfiagile, vers 1860-1870,car il était fondé sur une poussièrede petits établissements,y compris ceux de l'amont (comme la forge de Sainte- Fontaine), qui commençaient à souffrir de leur étroitessedans le cadre d'une révolution industrielle qui accordait désormaisune prime aux effets de taille. C'est pourquoi, les clouteries locales, en 1867, ne représentaientplus à peu près que la moitié de leur activité 30 ans pltrs tôt. Et ces établissementscontinuaient à se marginaliser,ils n'avaient plus en moyenneque2 ouvrierschacun (2,3), contre3 (ptus de3,2),ven 1g40. L'état des clouteries rurales. en 18671077

Nbred'établissem. Nbre d'ouvriers Hombourg 20 30 Henriville l8 45 (Marienthal) IJ 30 Merlebach 8 40 Frevmins 6 9 Bettins 5 ll Bénine 3 6 Ham sousVarsbers J 6 Total 78 177 Total départemental 158 314 t076 D. Hernrnert,op. cit., p69 et 87. Io77 AD Moselle.I S 521. 556

Conduits(St-Avold, Ilornbourg),entrées à Luxernbourg'ot*,estimation de l'évolution bale de a u ation naborenne : Conduitsde St-Avotd et Entréesbourçoises à Lurembourg Population de St-Avold Homboure Date St-Avold Hombourg Lurembourg Datc Lu.rernbourg Datc Date population I583 274 l0 162t 825 100 1584 273.5 9 1622 t4 r663 850 7îî s 1585 68 l0 r623 t4 t664 875 I586 239 9 1624 I4 166_5 900 | 587 264,5 t0 t625 t4 1666 925 I588 264,5 9 1626 950 t589 260.5 2l t627 l4 t667 975 100 1590 258 2l 1628 I4 t668 1000 t59l 259 20 1629 I4 1669 t025 1592 257 t', 1630 I4 1670 t050 1593 237 7l t7 163l l4 t67l 1075 114 r594 17 1632 1,1 1672 I 100 1595 231 l7 r633 )+ 1673 TI25 1596 240,s 72 26 1634 J4 1674 I 150 1597 240,s 32 1635 J+ t67s l175 1598 2t8 67 1636 I4 1676 t200 550 t599 79 1637 l4 1677 1225 1600 58 t638 1250 I601 24 1639 I4 678 r275 t602 254 24 1640 l4 679 1300 r603 254 1A 641 l.l 680 1325 t604 254 78 24 1642 I4 681 1350 I100 1605 262 5 r643 t4 682 t375 t606 269 t644 l4 683 t400 1607 283,5 ) 1645 99 684 1425 l 608 28r 5 t646 l'f 685 450 1609 293 5 647 ,t1 686 475 l6l0 3t7 5 648 47 1687 500 l61l 324,5 5 649 s25 t6t2 _5 6_50 5_s0 t6 t3 342 87 5 651 575 1300 16T4 t44,5 5 652 600 t6l5 354 5 653 625 1950 ?s?5 t6 t6 0 654 650 250 I6t7 98 ) o)f 675 250 16t8 343 97 0 656 700 850 l6l9 355 ) 657 725 1660 t620 374.5 5 658 750 2340 L62l 384 0 659 775 2590 1622 3t5 5 660 800 2700 1623 5 661 825 3345 1624 377,5 102 t4 1662 I975 l 850 3395 t628 364,5 t0r 1950 l 875 2500 t925 t900 1r29

1078 Les concluits sont donnéspar les comptesseigneuriaux, aux AD MM et les entréesde Luxembourgsont tiréesde Lascombes,BIa, 1984,ppl2 et suivantes 551

Donnéesstatistiques de l'époquede la crisedu XVIIème siècle

Prix scigle 558 dates Tot. H + Hotelierset Débitsde Maisonsdes Aide de la narssancesdécèsmanages Pagesdu I tavemiers bierre tanneurs St-Rémy tabellion Hiér 604 5 674 605 5 606 5 607 5 608 5 609 5 610 5 6ll 5 612 5 613 5 614 5 615 5 616 5 617 5 674 618 5 619 5 620 5 621 5 622 2l 2l 5 623 5 674 60 624 22 22 5 r50 625 5 290 626 5 209 627 5 200 628 5 30 629 5 86 630 5 674 l3 631 5 25

632 l1 3l 5 674 25 633 76 634 54 635 54 636 87 637 57 638 639 25 640 27 641 27 642 27 643 27 644 27 645 27 646 19 27 647 18 27 1A 648 6 4 2 50 II 0 649 t4 0 650 9 0 651 I 0 652 6 0 653 5 50 2 0 1â 654 9 L> 655 350 l5 49 559

1656 29 49 dates Tot. H + Hotelierset De'oitsde Ir.laisonsdes Aide de la naissancesdéces Inanag€ Pagesdu T taverniers bierre tanneurs St-Rénry tabellion Hiér.

r657 28 49 I 658 25 49 1659 8 5 J 500 1Â 49 1660 25 30 r661 2l 25 t662 20 25 1663 I8 t5 r664 29 0 1665 25 0 r666 T9 26 1667 25 9 1668 23 l0

t669 ZJ JI 1670 49 aÀ 167l LA ZJ t672 25 4l

A1 r673 2l +l 1674 z+ 4l

t675 t5 II 1676 l0 J 7 700 l8 97 r677 20 6l 1678 22 4T 1679 5 5 0 25 76 1680 5 5 0 7 I9 62 1681 8 5 J l6 63 1682 l6 9 7 6t4 aÀ 49 - I 683 9 9 700 26 70 I 684 t0 t0 o 700 JZ 40 1À l 685 l+ 84

1686 t0 t0 lt 700 45 IJ ^a t687 IJ

r688 45 I)

1689 JI 89

a1 1690 15 t69l 5l 70 r692 5 5 8 700 43 66 1693 44 38 t694 42 o/. t695 +J t696 49 1697 60 1698 45 t699 9 9 T2 54 I 700 53 \701 53 r702 50 r703 50

(comptesseigneuriaurq registres paroissiaux et inventaire,AD moselle,B 6376) 560

I Donnéesbrutes de l'Etat-Civilet calculs

Dates Natatité Tendance Nuptialité Tendance Morts Soldats Mortalité Solde Soldc Fctrr Popul. Natatité nuptialité morts rcctiliée naturel cumulé civile annuel 693 44 8 7 l5 29 29 694 42 ll t4 3l ll 40 695 +J t2 15 28 68 696 49 8 9 20 29 ovt 60 2 0 22 38 135

698 +) 6 U I 22 LJ t)6

699 54 4 J 29 25 183 700 53 6 I z1 29 212

I 701 53 8 t 24 29 241 À 702 50 53.25 + 8,3 7 37 l3 254 703 50 54,15 8,3 A n 3l t9 273 704 46 \4 7\ 8,25 5! 70 -24 249 .,^ 705 56 56,35 13 8,7 ll 6 L1 32 28t

706 62 58.4 10 8,75 l5 2 JJ 29 3t0 707 55 sq 7{ t6 8,6 t3 29 26 JJO 222 880

708 66 6t,25 8 9 6 2 IJ 53 389

709 56 63,2 5 9,45 t7 l0 JI l9 408 7 0 52 64.1 8 a?5 t3 29 23 431 76 64,7 l0 9,7 t6 I 35 4l ^1a 244 1000 oo< 2 53 66,4 J 9 I 20 JJ 505

J 62 67,25 I 10,5 6 2 13 49 554 1ô ^ 4 54 69.7 t0 r0,9 TL + 26 28 582 1 5 21 t3 29 46 628 - 6 90 9 9 20 70 698 1 87 9 l3 29 58 756 8 75 t4 t2 26 49 805 338 l 450 9 93 l3 20 44 49 854 ^a 720 71 + l9 +z 29 883 721 65 l5 22 48 t1 900 722 84 9 20 44 40 940 350 r570 tzJ 67 l8 t6 35 32 972 tz+ 95 t5 20 44 5l 023 362 I 660 725 vzJ 726 727 02i 728 023 729 023 730 023 731 104 tl 84 84 20 043

IJL t07 22 43 +J 64 07 t1 '71 I JJ 96 TJ 7l 25 32 t)+ lt2 t5 51 5t 6t 93 485 2400 735 93 t2 t06 I t06 l3 80 736 106 8 49 49 57 237 Itl 79 20 54 54 25 zo: 738 107 21 77 11 30 29? 739 r04 6 84 84 20 312 492 2340 740 r00 2 u4 ll4 -14 298

741 106 95.35 2 15,5 )I 57 49 J+t 1Aa 80 94,9 A t5,35 71 7l I 356

|+-t 94 95.05 J t5,25 52 52 42 398 561

Datcs Natatité Tcndancc NuptialitéTcndancc Mons Soldats Mortalité Soldc Soldc Fcux Popul Natalité rur"rptialité lnorts rectifiée naturcl cunrulé cirilc annuel 744 86 94 l6 15,15 67 67 l9 417 509 2320 745 9l 94,8 l3 16,05 63 o-t 28 445 746 94 s4s5 17 10,2+ 124 r24 -30 415 522 2380 7+7 82 96,05 l6 l6,5 56 56 26 441 748 87 96,15 t2 16.4 72 7Z l5 456 749 83 95.7 26 16,5 )i 57 26 482 750 r08 96,2 +A 16.75 108 108 0 482 5t3 2340 751 92 a5q 8 17,05 53 53 39 521 752 98 96,2 9 t7.45 5l 5l 47 568 753 99 o't ) 18,2 A.) 42 57 625 754 9l 98,75 1 18,85 114 n4 -z) 602 536 2440 755 09 qq ?s 26 19,3 82 82 27 629 756 09 00.4 15 t9,2 61 61 48 677 757 0t 01,35 22 19.3 52 52 49 726 758 09 02.4 l9 | 9,6 7l I 7l 38 764 759 95 03,35 18 18.95 28 2 28 67 831 588 2670 760 lt0 ô)6 T7 18,9 51 2 5l 59 890 761 100 02,55 l8 8,55 57 57 43 933

762 86 02.65 22 8,05 55 55 JI 964 763 tt4 02,5s 28 8.l5 7l 71 43 2007 764 lt7 02.1 29 7q( 60 60 >t 2064 578 2630 765 l0l 01,9 22 7.25 90 90 ll 2075 766 1r7 102.35 15 7.8 7l 7l 46 2 2I '7 767 l0l 102,35 l8 7 55 t+ /1 27 2 48 aÀ 768 108 r00,8 l8 7,05 84 84 z+ 2 72 769 t02 r02,05 l3 6.8 t0l l0l I 2 73 587 2670 770 9i r0r.25 13 6,8 62 62 3l 2204 771 9l 100,95 ll 6.8 87 87 4 2208 772 r00 101.4 9 6,8 62 62 38 2246 I IJ 97 l0 t,05 l3 6.45 58 58 39 2285 1a tt+ 82 r00,25 l3 6.15 72 TL l0 2295 569 2590 I t) 105 100.I I2 5.65 t02 r02 J 2298 776 118 99,55 26 5.65 86 86 32 2330 1a1 a1 l0l 99.95 t7 5.65 7l II 30 2360

778 78 99,65 9 5.35 7l II 7 2367 779 120 99.5 l3 r22 t22 a 2365 644 2930 780 94 99.75 T7 15,85 64 64 30 2395 781 94 100,9 t8 r6,3 98 98 4 2391 782 95 102.05 22 t7,2 80 80 t5 2406 783 107 10t,75 2l t7,55 83 83 24 2430 784 t0l r03,8 ZJ 18,6 ll6 n6 -15 24t5 642 2730 785 98 103.8 2 19,4 74 aÀ 24 2439 786 t06 r 03,45 5 la1 85 85 2l 2460 787 t09 03.6 8 20,3 92 92 t7 2477 788 t02 05.7 2 ?ôs r02 t02 0 2477 .A 789 99 044 6 20,9 75 75 L+ 250I 675 2880 790 98 04.2 20 20,7 6l 61 3t 2538 791 il4 I 04,55 20 -eq,ss 12I t2l -7 2_T3l 792 tzJ t04.7 27 20.05 Il0 n0 l3 2544 634 2660 793 9l t04.2 20 t9,75 168 il3 t68 -77 2467 .t 794 | !J 103,65 34 19,6 n3 193 I l3 l0 All

795 105 104,2 28 19,9 74 284 t4 JI 2508 796 ul 103.75 .tL 20 8l 21 8l 30 2538 562

Dates Natalité Tcrrdancc Nuptialitél'cndancc Morts Soldats lVlortalité Solde Soldc Fcux Popul Natalité nuptialité nrorts rectiliéc naturel cunrulé cililc amrucl 1797 t04 102,7 29 20.1 70 70 J.* 2572 o+z 2660 1798 120 102,4 t3 20,55 5t 5l 69 264l. 1799 94 103,3 2l LL,I 60 60 J1 2675 r 800 90 103,35 TJ 21,15 88 88 2 2677 I 801 l0l r03.6 15 ZL,L 64 o4 JI 27t4 1802 98 to? 5 t2 ?nq 47 47 5l 2765 r 803 97 103.6 l5 2t.1 70 70 27 2792 1804 90 I0t,65 20 2l 89 89 2793 1805 109 102.55 l8 2t,15 78 78 JI 2824 658 2725 I 806 97 oî? l7 2t,75 90 90 7 283I 1807 88 04,3 20 ? I 1( il5 r 15 a1 2804 'r7 't t808 96 04,4 2l \ il6 lt6 -20 2784 t809 l17 06,7 27 )) 1< 64 o4 53 2837 2755 1810 99 108,25 21 9t 9l 8 2845 l8 l19 109,75 2'l 22,45 68 68 5l 2896 l8 2 101 l I 1,55 2l ))1 77 24 2920 l8 3 n3 I r3,05 z+ ?10s r60 r42 r60 -47 2873 1 l8 T 84 rt4.t5 JZ 22,8 t57 2 r57 -JJ 2800 t8 5 IZJ 1t4,45 31 23.15 72 72 5l 285r l8 6 t24 115,05 44 J'\ ' 58 58 66 29t7 l8 7 126 115,9 21 ZJ 89 89 5t 2954 640 3010 l8 8 r22 tt5.7s 29 22,8 83 83 39 2993 697 3t70 ^1 l8l9 )) 140 I 15,3 21 t) IJ 67 3060 1820 l2l I15,05 I6 )) )\ 69 69 52 3tt2 691 3180 t82l t31 I 5?s l8 2t,85 62 62 69 3181 3222 822 t34 I 1A 5,65 L7 21,6 60 60 3255 JJ IZ+ 823 ?t | 5 r27 l5 22 76 5l 3306 JJ IU 824 112 I 16,8 I5 20.75 84 84 28 3334 825 I l5 6 15 )o )s I 25 83 83 JZ 3366 3345 826 t09 n4,5 t8 18.95 9l 9l t8 3384 'i 1377 827 105 I 55 t6 19,15 70 70 35 3419 3397 828 93 2.65 t7 18,45 74 1.4 19 3438 3355 829 aÀ 108 110.6 t7 18,45 74 J+ 3472 3457 830 94 t 10,4 20 18,3 87 87 3479 831 tz3 109,r l3 IR ? 95 95 28 3507 3451 832 109 107.85 t6 18.7 81 8l 2& 3535 833 100 106,3 l5 19.8 66 66 34 3569 3456 834 120 107,55 24 20.4 101 r0l t9 3588 835 ll0 107.2 2l 20,3 95 95 l) 3603 836 9l t07.3 l8 )î 75 64 64 27 3630 770 3365 837 t07 107,85 25 20.45 98 98 9 3639 838 t04 109.9 t5 ?o 55 72 72 32 3671 8i9 99 | 10,5 2l 2t,05 78 78 2l 3692 840 tt7 u2,95 l3 20.95 88 88 29 3721 841 r05 1t2,6 l6 21,5 t35 135 -30 3691 763 3405 842 109 n2,9 27 2l,8 t2l t2t -12 3679 843 96 rl3,l 44 22.3 | o7 97 -t 3678 844 rii l l l,l5 27 21,85i 68 68 69 3747 845 108 I10,3 23 ?t { 93 93 l5 3762 846 I ll 109,55 17 2l,8 8l 8t JU 3792 784 3215 847 l16 r08,8 20 t04 104 tz 3804 848 r34 t 08,75 l9 ?t { 89 89 45 3849 849 120 108.4s 27 21,45 94 94 26 387s 563

Dates Natalité Tcndance Nuptialité1'cndancc Morts Soldats I\.'lortalité Solde Solde Fcur Popul Natalité nuptialité lnorts rcctiliée naturel cumulé cililc aruruel 850 t+J 107,1 5 l8 21,85 75 /) 68 3943 at 851 ll6 106,4 L+ ?? lq 96 96 zv 3963 80i 3395 852 115 105.2 22 21,8 t49 149 -J+ 3929 853 104 104,8 25 )o) 94 94 10 3939 854 8l t02 15 lq 5 130 ti0 49 3890 11 855 93 101,05 L4 19.25 tl 7l 22 3912 ^^ 856 76 100,2 z+ 19,15 78 78 -2 1910 75s 3110 857 92 98,45 t5 lo 78 78 14 3924 858 103 96,35 l9 t9,05 106 106 .J 3921 859 93 94,05 20 r8,8 125 t25 -J./. 3889 860 9l 91,25 21 18,6 IU 70 21 3910 861 90 88,6 26 18,6 59 59 JI 3941 771 3000 862 85 88,I 6 19,05 85 6) 0 394r 863 88 86.3 2 r8,6 82 82 6 3947 864 8l 86,2 3 t9 60 60 2l 3968 lq ? 86s 89 85,45 8 86 86 J 3971 1^ 866 94 86,2 5 18,95 I+ 74 20 3991 750 2190 867 8l 85.5 1 18,9 90 90 -9 3982 868 92 84,7 20 t8,8 86 86 o 3988 869 74 84.7 22 18,75 78 78 -+ 3984 870 87 83,95 l4 18,5 r22 I3 t22 -35 3949 871 63 84,05 24 r7,85 138 138 -t> 3874 651 2563 872 r05 83,9 3l 18.4 80 80 25 3899 873 68 82,6 l6 18,45 75 75 .f 3892 874 79 82,r z) 18.8 65 65 t4 3906 875 78 82,05 20 18,8 64 64 l4 3920 663 2500 876 9l 80,65 r8.7 69 69 22 3942

877 78 80,r5 T r8,55 9l 9l -lJ 3929 878 87 78,15 t8,05 86 86 I 3930 879 93 77,85 9 1t,l 108 108 -15 3915 880 76 76,5 6 18.2 72 72 A 39t9 2577 88r 92 78,2 3 t7,95 63 6i 29 3948 882 82 76.85 27 16,75 76 76 6 3954 883 62 78,t5 l3 16,6 71 tl -v 3945 884 7l 78.55 20 16.05 66 66 5 3950 885 88 79,45 t8 16,05 80 80 8 3958 605 2425 886 66 79.75 l3 16 )\ 64 o4 2 3960 À 887 tl 8t.2 I4 16,05 67 67 + 3964 888 52 82.2 l0 16,25 64 o4 ta 3952 889 68 83,4 t5 t7.l 50 50 r8 3970 a^ 890 60 86,I z+ 17.05 68 68 -8 3962 2509 891 97 88,5 t9 r7.9 57 57 40 4002 892 78 90.45 l7 ?5 85 85 1 3995 a1 893 94 93,05 l3 17,7 70 70 LA 4019 894 87 96,65 l2 17,9 68 68 l9 4038 895 96 20 97 97 4037 896 97 21 83 83 t+ 405I 897 t07 l0 80 80 27 4078 898 r07 2l 79 79 28 4106

899 tt7 36 85 85 J! 4r38 900 r30 t5 79 79 )l 4189 3r29 901 140 30 65 65 75 4264 902 t21 I6 79 79 +: 4306 564

Dates Natalité Tendance Nuptialité Tcndancc lvlorts Soldats Monalité Soldc Soldc Fcux Polrul. Natalité nuptialitc lllCrrts rcctifiée naturcl cunrulé civilc amrucl I 903 l14 tn 66 66 48 4354 1904 t43 z+ i6 78 65 44t9 t905 35 2 Mariéset célibataires

I Carrling-1,'hopital 1866 Tranches Femmes o/o oa Femmesnon desFemmes Hommes Hommes 7o des hommes (D d'âges mariées mariées mariées mariés non mariés mariés (D. 20/29 55 59 48.245614 29 78 27,1028037 30/39 72 85,7| 42857 63 q 87,5 oo 40/49 64 t0 86,4864865 74 o?q 50/59 JO + 90 54 2 96.4285714 60t69 36 A o 90 27 I 96,4285714 o 70/79 2l 2 9r,3043478 lt 0 100 (D Lénins l85l æoo 20/29 6 I 35 r4,6341463 t6 5.88235294 7 30/39 ZJ t2 65,7142857 I4 l7 45,1612903 æ A d 40/49 t2 T 75 l8 3 85,7142857 o 50/59 (D t2 65,7142857 t6 + 80 60/69 l8 + 81,81818| 8 l8 I 94.7368421 70/79 9 I 90 0 r00 a 806 St-Avold, femmes v) 1E66St-Avold, femmes I 20/29 64 109 36.9942197 75 139 35,046729 30/39 139 20 87.4213836 120 65 64.8648649 40/49 r23 3 97.6190476 - t41 53 72,6804124 o (D 50/59 t1 t t a t 1a t 0 r00 t2l 44 /J,JJJJJJJ a 60/69 0 100 n2 to 85.496t832 70/79 0 100 56 l8 75.6756757 Êl 3 Mortalité par tranchesd'âges o

Tranches Années d'âge 1759-60 1752-53 t770-72/3 1770-71-72 1735(3 mois) 1746(3mois) 0-l0 14 l9 38 114 52 JJ 4 2 5 iîî 16 8 21-30 I 5 J 9

31-40 l0 J 4,666 t4 J 4l-50 II IJ 1l 1 5l-60 J 4,6667 l4 J 61-70 14 2,6667 8 8 70 et plus l5 6 o,J J a -t -t l9 0 J Total 82 46 69 207 62 IU (registresparoissiaux) s65

4 Saisonnalitédes mariages et de la mortalité

( Source: arcrrives paroissiares etEtat-civir de St-Avord) (A:moyennedel70-5,6,14,15, r6,r7.B:moy. 12de1749,50,55,63,64,65;c:moy 1840_187-5/i0)

dates Maria.qes A Maria.qesB MariasesC Mortal 1704 Mortal.1746 Janvier TJ l0 6,1 2 9 fëvrier Rq 9 8,2 1 mars J 2.8 ll 27 avril J 6 8,3 2 25 mal 8 7.5 6,8 2 4 juin q 6 o 4 4 iuillet 5 2 6.6 2 5 août J 5 8,3 Z l9 septembre 9 5.5 2 9 octobre ^ 6 4,5 I 6 tô novembre t! 8 6,6 I 6 décembre 0 0 4.1 I J total 78 65.5 t),t JJ r24

5 L'originedes mariés étrangers à la vitle (sourcey. Martan)

1690-t709 t7t0-t729 t730-t749 t750-1769 t770-1789 t790-92 % villages 4.,5 7,6 t0,4 8.9 o/olointains 3.5 1,3 )o )l 'Â total 14.8 ti \ t4.9 20,8 t7,(, I 1,9 Alsaceet villesLorraines lt l0 20 4l 35 6 Palatinat,Sarc Trèves, A 4 t6 l6 6 0 Luxembourc Allcmagnc. SuisscAutriche, 4 7 ) t6 5 0 Belsiqueet Italic

Villages proches ,11 l3 27 7Cr 55 Lointains l6 l8 8 22 IJ 3 Barroiset Francelointaine t2 II J o 8 3 Totalimmigration 43 69 92 I58 I09 l6 Y. Martan : st-Avold de_1646 à 1792 : 1462 mariages,st-Avotd 19g5. Cercle genéalogique de Lorraine 566

6 Mortalitémensuelle à St-Avold

Mortalité 1752-53-54-55 Mortal. 1870 Enfants

Janv I 5 J Févr 4 7 2 Mars 8 5 1 Aw l0 J

Mai 5 ll J Juin 7 Juil 0 It 6 Août 4 7 Sept 5 25 12 Oct 7 t0 5 Nov J t0 6

Déc 6 tl J Janv 13 4 Féw 5 t4 6 Mars I 19 l0 Aw 5 3l 18 Mai J t3 1l Jutn 2 t0 5 Juil I 8 5

Août 6 6 J Sept z 8 5 Oct 1 2 I Nov J 2 Déc 4 1

Janv J Féw 7 Mars 8 Avr 9 Mai 6 Juin 9 Juil J Août 2 Sept o Oct 7 Nov 7 Déc 7 Janv 5 Féw 0 Mars 5 Avr 0 Mai 0 Juin 8 Juil 3 Août 4 ô --r Jçlr. L a Oct 1 Nov 2 Déc I 567

7 Populatiorlscomparées des villes

talr| 568

6 bourgsdc la N'[curthe

Sources,voir chapitreIV de la lère partie 569

Suite

I)atcs Bitohe Sarrebourg Sarrcgucntincs Irorbach Faulouenr.rrt Dic'uze Iltrulal Morlunse Punelarrgc Sanalbe I7t0 750 1723 750 1730 I 000 1746 1443 1758 r300 1767 2t30 1773'u'o 2479 1774 1300 l99l 996 775 750 776 2490 778 2490 788 2344 2500 789 t_507 920 I t84 790 23t0 I 650 I 848 2662 794 l4_s5 800 2339 1575 2529 957 1269 801 I 809 2094 32{t3 802 1655 810 I 698 ôtJ 190I 8t6 3167 1900 817 2597 I 106 818 I 806 3073 1820 2122 1826 2082 t83I 2164 I835 2340 836 3077 4113 4428 I t6l 3965 2684 1280 3556 1837 2360 841 3167 2321 4243 4300 1047 2670 3434 I 846 2463 1850 I285 r85l 2775 4771 3128 3930 2845 2642 2354 852 t300 1856 2578 1860 2965 t86l 2880 607s 4860 u13 3203 1260 2378 3n9 1862 2968 1866 2982 187t 2821 1875 2230 1876 I 5330 r226 2659 r062 23M 3160 r877 2520

1078 Les données inscritesentre 1773et 1778sont toutes calculéesà partir du livre de Durival D,une part, I'auteur n'a donné qu'une estimationà -50feux près de la population et d'autre part, nos villes ayant des populations proches, nous avons dû éta1erles chiffres sur 6 ans pour rendre lé graphiquelisible. Cette approximationne modifie en rien les interprétationsque l'on peut en faire. De même.au Xixèrne siècle,les recensements ont évidentnrentlieu en urênretemps, r'lous avons dû étalerles donnéessur 3 ans. 570

8 L'activitééconomique roTe

Dates Nombrede feux Nombretotal d'emplois Nornbretotal de snécialités ttl 244 195 55 718 338 227 50 720 344 z)+ +o 'f., A 362 306 56 743 505 404 66 755 540 396 62 765 580 421 69 tt> 570 418 72 781 640 391 80 784 642 429 78 785 650 415

r806 660 668 75 t8l0 665 688 72 1818 697 821 83 1828 729 484 72 1833 /ft 1836 770 618 1841 763 603 t07 185I 803 884 ll9 t856 755 722 tt7 1866 750 850 138

9 Evolutiondu nombredes spécialités des differentes branches de I'activité

Dates Terre et Bâtiment Fabrications Artisans Commerce Commerce Services Servicespublics transDort diverses alimentaire orivés 7Il ^ 6 6 4 1l 9 J I 6 Â 7t8 T 5 20 5 I 4 4 720 A + t6 4 2 A ) 724 l1 5 6 J tt 4 2 9 l0 743 6 5 1 22 ) 2 9 l0 755 o 6 8 2l 4 J 6 8 765 5 l0 25 5 2 9 6 775 6 ) ll 25 5 I l0 9 781 9 6 l3 26 6 2 9 9 784 8 6 11 26 5 2 ll 9 785 8 6 ll 25 6 2 t0 9

806 8 6 6 22 7 4 2 l0 8t0 8 6 26 6 5 8t8 9 7 9 28 8 5 6 828 7 5 8 25 841 8 6 28 9 I 2 t0 85t 2 8 4 30 2 J 6 t4 R5K 1 o a1 IJ l1t 866 î 8 9 29 5 23 l9 IJ

'ote Tous leschiffres qui suiventsont tirés desrôles d'imposrtion du -XVlllèmesiècle et desreccnscments du XIXème { (- _J ) (- - oo oa oo @ æ oo @ cÊ @ r-J o.J ! ! ! { \rl ! ! ! { À l.J 0|o @ æ { o, ,jls tJ oo ; À co

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a La clientèlede I'aubergiste Reder en l8l7-1818

ADMoselle.lV9 Semaines Passagedu L'aubergiste Nombre de cfients couvent Reder l- octobre 130 Féwier l80l r8I7-22 23 oct.-29 169 Marsl80l 65 30-5 70 Awil l80l u novembre 06-Déc 55 Mai l80l l0 l3-19 35 Juin1801 t7 20-26 28 Juillet 1801 27 27-3 l6 Août l80l décembre 4 dec-10dec l3 ll dec-17dec t4 t8-24 23 25-31 55 I janvier 78 1818-7 8 janv-14janv 29 1818 t5-21 l9 22-28 6

7 féwier-I4 53 fév t5-21 t) 22-28 23 I mars-7mars IE 8 mars-I4 l6 mars l5-21 12 22-28 4 294 avrlJ t2 5 awil-I1 6 awil 12 awil-I8 ll awil t9-25 t2 26-31 l0 585

Les comptesrnunicipaux , AMSA

Dates Recettesen Frs b Finito en Frs b Recettesréelles 1697

1698 7761 752 t699 7 187 691 6.135 1700 6523 88 5832 l70l 7559 49 7471 1702 8042 -3l3 7993 l 703 7369 l5r7 7369 t704 9288 271 777| I 705 5408 696 5137 1706 7036 I 785 6340 UJ t+) 1707 12034 4668 t0249 (! l 708 17697 61il 13029 709 t74t3 3338 n302 l7t0 t6715 6747 13377 (D 7tl r6036 7106 tl 9289 { 712 t9147 7076 t2041 7t3 206p,4 8707 I3528 Êû 7t4 - 22587 3653 I 3880 l5 t50lI 2625 I r358 -a N l6 13561 t649 10936 5 tfà 17t7 l2 189 7t6 10540 (D l7l8 | I resr 419 10935 r:.l êt t719 14372 4189 14372 c) (D 1720 22553 350 I 8364 tl t72l 17834 I 882 t7 4A4 1722 t9027 t{'l 3584 19027 È t723 16848 -8590 (! t6848 t- t724 4512 :'1 1725 19271 47% 1927 1 1726 9 103 -564I 9103 N 1727 901I -)9tl 901I tà 1728 1033s 3179 10335 (! 1729 r4539 -2588 14539 :r 1730 t2428 1715 t2428 tl t73l t4396 3 103 12621 t732 @ 15849 -2785 t2746 tD t1:J -5252

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Dates Recettes Finitoen Frsb Recettesréelles 175 I 459i 857 4595 t752 5452 l.]J 459i t753 5t04 t74 485I 1754 42t5 816 404I I 755 4858 527 4042 1756 5429 1207 4902 t757 6lr0 4903 I758 73t6 -r-rJ+ 4902 t759 7926 470 4592 1760 5059 483 4589 t76l 4965 773 4965 t762 5926 I 904 i 153 1763 t2044 3465 10140 1764 8740 285I 5275 t765 8428 2826 5577 t766 8353 130 552t 1767 to7t7 714 ta7t7 1768 6487 447 5773 t769 | oZzo 1903 5773 1770 tot I 2674 5774 t771 7921 2009 5247 1772 7679 1636 5670 1773 6923 -978 | szsz 1774 9t34 1668 9134 1775 7946 254 6278 t776 6306 -1013 6052 t777 7436 i-r lo 7 43(t 1778 9432 98t 7t16 1779 9020 641 8039 1780 6896 lo/o 6255 178| 8997 3534 7321 t782 9978 6444 I 783 9663 l9l9 6939 1784 8815 1339 6896 I 785 E995 It88 7656 I 786 8449 -264 7261 787 95E7 I 824 95E7 788 9153 77 7329 791 frs germ 792 3138 -304

-:: 793 7793 I 794 I l6l9 -221 795 l t6l9 -250_1t 796 l 9580 206 797 2464 169 798 2328 t76 799 l72r 498 1800 2t12 l2 I 801 I 540 -178 1802 3604 628 I 803 3244 1220 1804 6216 29?6 I805 t2022 683(r I 806 I 5320 796 587

Dates Recettes Finitoen Frsb Recettesréelles | 807 8800 4000 l 808 l 2330 2 196 I 809 tM32 I t26 l8l0 8834 -746 l8rI 8660 1093 l8t2 to670 543 l8l3 9955 437 l8 l4 za65 l8l5 8342 -1486 l8l6 9091 ll3 t8l7 t62U) -295 r8l8 r6400 l8l9 18180 77 1820 12276 601 182I I 1780 884 1822 t2215 380 1823 t2593 33l0 1824 933I 446 I 825 7089 406 I 826 8019 848 1827 t5ll8 7282 1828 16480 7 t4l 1829 t3270 2350 1830 I 1053 2057 l 832 13065 2600 1833 22230 I 100 I834 t6417 5140 t835 I 3655 700 I836 10922 -3732

I837 10529 IIJ | 838 10587 -2155 1839 I 1869 1090 I 840 13146 6338 t 84l r9316 4959 1842 20133 3478 843 t'l2t4 2349 844 1395I -1767 845 r7080 t969 I 846 28980 t3546 1847 17993 959 848 t7 122 2t75 849 14876 t260 850 14055 2172 851 t9306 341 852 14363 658 I853 14340 843 1854 14277 I 855 l3l4l I 856 t5079 1857 t3674 1858 15130 t859 16070 | 860 50475 186| 20720 s88

Dates Recettes Finito en Frs b Recettesréelles tt62 22244 863 21322 7800 864 21326 4295 865 20941 5700 866 21038 l8(r7 20t30 592 r868 20786 3485 I 869 2 1000 8660 l 870 2 t800 l87l t872

Revenusdes foires de St-Avold au XIXème siècle: AMSA,, article no 3l l

Dates Foiresde Foires d'août Revenusdes deux foires annuelles mars l8l4 35,1 I 54,1 t89,2 l8l5 t79,9 56,t6 236,06 t8l6 r23,6 t92 315,6 l8l7 226,45 l8l8 l8l9 104,25 1820 104,l8 t82l 140,05 r822 142,5 166,75 309,25 t823 135,25 173,1 308,35 1824 168 189,75 357,75 r825 t72,45 184.9 357,35 r826 175,8 t48 323,8 1827 t67 163,75 330,75 1828 t64,65 164,5 329,t5 r829 149 I19.95 268,95 1830 140,85 t49 289,85 831 64,5 119,3 r83,8 832 137,85 142,2 280.05 833 154,9 t28.4 283,3 834 154,65 134,65 289,3 835 150,75 146,I 5 296,9 836 109.6 82 191,6 837 104,6 r37-75 242,35 838 t49,2 190,8 340 839 206,25 226,45 432,7 840 198 202,55 400,55 841 19s,3 209,3 404,6 842 198,15 843 143,7 844 175,3 845 I I I -l I : ! { ! ls { { ! { ! {l { N N N N lp 9 p { I lîi- ! * { æ â I.J { ;l-l t -.t ê 1.. læ 3\ l.J I I I tt I I I I j., è l.J A { EI ! æ t.J lle æ ç { læ 3\ U t- I 9e I I +é-

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Prêtsnotariaux et de I'Hôtel-Dieu,au XVIIIè'e siècle.

Délibérationsmunicipales, ler vendémiaire,An V

Conrratsde renresde l'Hôpital de St-Avold Constitutions et obligations (nombre) I 708 200 1715 59 I 709 17t6 87 t70 1400 t717 t.t t7 I 1718 75 1l 3 t7t9 ^ 47 1l I 50 1720 8l t7 5 200 t721 z+) t7 6 1722 5t t7 7 300 1723 42 8 474 t724 60 t719 1725 68 1720 100 1726 48 1724 700 1727 5l 1725 200 t730 5t 1726 r00 1736 98 1727 180 1737 85 1728 160 1738 56 1729 200 1739 55 1730 1740 66 731 240 1741 83 732 60 r742 87 t)J 1750 1aÀ 82 I )q 200 t75l 87 t5J 475 1752 79 736 570 1756 24 I5I 600 1757 43 740 100 I 758 3l 741 440 t759 50 745 300 1760 46 749 235 t76l 5l 754 1000 t762 5l 755 88 t763 43 t756 r768 45 t757 250 1769 36 1760 498 1770 49 1761 100 t77r 59 1774 780 1772 30 1775 r 800 t773 46 lttt 180 1774 48 1779 215 1775 25 l 785 300 1776 35 1777 43 593

Mercurialesde St-Avold,prix du oain Mercuriales et délibérations de la chambre de police Datcs Prix blé(anv. Moy. mob. 13ans Datcs P pain bis blanc P pain blanc p réel p blanc luil)en Livres Lorraines t7Il 4,2 Janv1708 5,6 F 10,5 t7 t2 4.4 M 10.5 4,4 A 10,5 t713 6,8 M 10,5 t2 J 10,5 t7t4 tt,2 I 10,5 rl,2 A r0,5 t715 6,8 S 10,5 4,8 o 10.5 t7t6 1? N t8 4 D t8 17t7 3,8 5,923076923 I t709 l8 3,8 5,984615385 F l8 l7l8 3,8 6.069230769 J ITIO 4,4 6,361538462 r 24 t7 t9 4,8 6.807692308 M 24 5.6 6,853846154 A 2t 1720 6 6,7 M zl 8 6,625 J 5 t72l 7,6 6,s30769231 J 5 6,4 6.482692308 A z t722 4,4 6.4903846t5 S 2 1) 6.578846t54 o 2 1723 6,4 6,617307692 N z ., 1 6.688461538 D a t724 5,8 6.759615385 J l7ll z 7.8 6.92tt53846 F .| t725 l2 7.098076923 M 2 I6 7,25 A t2 t726 8 7.332692308 M t2 I 7,323076923 J t2 1727 9,25 7.2653846t5 J 12 8,75 7.2t3461538 A 12 t728 7.226923077 S 9 ) 7,384615385 o 9 1729 7.578846154 N 9 5 7,640384615 D 9 t730 5,65 7,690384615 J I7T2 9 5.65 7.803846154 F l4 t73l 8 7,830769231 M I4 9 7.619230769 A l4 1732 8,75 7,26346t538 M l4 775 7,2153846 t5 J 9 t733 575 7.205769231 J 9 6,5 7.109615385 A 9 t734 6,25 7,080769231 S l2 6,75 7,242307692 o T2 t735 8.5 7,473076923 N l2 It.25 7-63(15311462 D l2 s94

Datcs Prix blé(anv, Moy. mob. 13 ans Dates P pain bis blanc P pain blanc p réel p blanc luil)en Livres Lorraines 1736 8 7.75t923077 F l5 8.5 7.746153846 M l5 1737 8.75 7,759615385 A l5 R5 7,72n53846 M l8 l 738 6,5 7.663461538 J l8 6.75 7.586538462 J 27 1739 6,75 7.576923077 A 'l 77\ 7.67307(,923 S l8 1740 6,75 7,798076923 o 1^ 8 7,932692308 N L+ 174l 9,75 8.086538462 D 24 ll 8,125 J l714 21 1742 9,75 8,I 38461538 F 27 8 8,215384615 M 30 1743 8.369230769 A JJ 6 8.378846154 M 33 t744 8.369230769 J 30 R1{ J 24 1745 6,75 8,388461538 A 2l 8,494230769 S 2l 1746 8,25 8,657692308 o 5 9,75 8,744230769 N ) 1747 9,75 8.801923077 D 5 t0,75 t 8.907692308 J t7t5 5 1748 9,5 8,9846t5385 F ) 8,6 8.975 M 5 t749 l0 8,946t53846 A z t2,5 8.936538462 M I 1750 9 8.894230769 J 2 8,25 8.873076923 J t2 t75l 6 8-90t923077 A 9 7,75 8.930769231 S 9 1752 9.5 8.967307692 o 9 t2 8,936538462 N 8 t7s3 9 8.851923077 D 8 9,5 8.846153846 J t7t6 8 1754 t2,5 8,875 F 8 t3 8,901923077 M 9 t755 9.5 8.898076923 A 9 7)\ 8.86I 538462 M 9 t756 i?s 8.803846154 J 9 4,9 8.842307692 I 9 1757 6,45 8,87r153846 A 9 8,25 8.913461538 S 9 1758 7,5 8.90t923077 o 9 8,45 8.807692308 N 9 t759 7,45 8.646153846 D 9 7,55 8.578846154 J t7t7 9 t760 9,6 8.496153846 F 9 I 1,5 8,334615385 M 8 l76l t0,2 8.l6 t 538462 9 8,5 8,171t53846 M 9 s95

Dates Prix blé(anr', Moy. mob. 13ans Datcs P pain bis blanc P pain blanc p récl p blanc juil)en Lir.res Lorraines 1762 9.05 8.353846 I 54 J 9 ll 8,575 A 9 1763 t0 8,80I 923077 S 9 9 8,9653846t5 o 9 t764 7.1 9.148076923 N 9 7,45 9.576923077 D 9 1765 7,05 9,955769231 J t7l8 9 7-8 10.053846I 5 F 9 1766 7.25 10,I M 9 10.09038462 IO 1767 8,3 r0,t6730769 M t0 8,5 r l0,l7l15385 J l0 1768 9,75 10,21923077 J l0 t2 to,275 A l0 1769 ll 10,303846l5 S l0 10,8 10,28461538 o T2 t770 10,7 10,28461538 N T2 l3 10.33461538 D t2 177| 18,65 to,375 J L7t9 t2 18,3 t0,48269231 F t2 1772 l0 10,58653846 M t2 8,75 t0,72692308 A t2 1773 9,35 I0.90961538 M t2 r3.5 I1,02115385 I l5 t774 10,3 I 1,078846l5 J l5 9,75 1.11923077 l5 1775 10,5 1.08076923 S l5 TT,75 1,01730769 o l5 t776 9,5 0,98653846 N l5 9 0.95961538 D l5 1777 8,4 0,86346t54 I t720 l5 8,5 0,56923077 F 5 1778 9,85 10,40384615 M 5 10,5 0,58269231 A ) 1779 10.9 0.78269231 M ) t2.l 0.76153846 J 5 t780 tt,2 0,55769231 f 5 l0 0,50384615 A 5 178l 10,8 0.46153846 S 5 n 0.58653846 o ) 1782 9.35 0,67115385 N 5 l0 10,875 D 5 1783 l0 11.29807(t92 J t72l I 10,5 I 1.79038462 F 8 1784 ll t2,11730769 M I t4 12.t9038462 A 8 t785 t4,65 12,22884615 M l8 13,95 12.22692308 J l5 1786 8,8 t2,23846154 J I5 8,2 12.53846154 t5 1787 8,9 12,15384615 S l4 8,65 o t4 s96

Dates Prix blé(yanr- Mov. nrob. 13 ans Datcs P pain bis blanc P pain blanc p récl p blanc juil)en Livres Lorraines I 788 13.75 D t2 13.9_5 J t722 t2 t789 t4.8 F t2 20 M t2 t790 2t.2 A 9 t7 M 9 t79l I 1.75 J 9 I 1,5 I 9 1792 I0.85 t2 12-4 S t4 1793 l9 o l4 N t4 1794 D t4 I 1723 t4

1795 F l1 M I4 1796 2t,3t25 A L4 14,854t6667 M T4 1797 12,t4t66667 J l6 12,9t666667 J t6 t798 t2,0125 A b t1,625 S 2 1799 7,75 o z t0.979t6667 N 4 l 800 9,3 D 4 t2,14t66667 J 1724 4 I80t 1t,625 F 4 t7,56666667 M 5 I 802 r8.85833333 I 1.32601916 A 5 19,63333333 10,98926t29 M 5 1803 t7,69583333 10,90405749 I 5 17.69583333 10,8715989 J 8 1804 12,52916667 I 1.0338918s A 8 13.82083333 1r.27935994 S 8 1805 r0,97916667 I t.54308598 o 8 t7,4375 lt96910497 N 2l I 806 14.40208333 12,60610479 D 24 14.01458333 13,032t2378 J t725 27 1807 1330416667 13,r660 1546 F 27 13,23958333 M 24 1808 10,91458333 24 I 1.81875 M 22 1809 0.591666(17 J 25

2,t4166667 J JJ l8l0 l,10833333 A 32 8,08333333 S 30 l8lI 19,82708333 o 28 20,02083333 N 25 l8l2 2t,3t25 D 25 31,25833333 J t726 25 l8l3 )) ,16)\ f 25 16.4Q416667 M 1^ 597

Datcs Prir blé[anr'. Mol. mob.13 ans Datcs P pain bis blanc P pain blanc p réel p blanc ;uil)cn Livrcs Lorraincs l8l4 M L)

t2.7875 J z) 18l5 I 2,65833333 J 2l A t 9.3 I816 19.24583333 S 19,3 32.t625 o 20 t817 4t,075 N 23 64.58333333 D 23 l8l8 3l,3875 I 1727 23 24,28333333 F 24 l8 l9 16.r4583333 M 2l t4,85416667 A tl I 820 9,6875 M 2l r6,0t666667 J 2l l82l \4.46666667 J 20 t2,52916667 A l5 t822 9,558333333 t6,2860974 S l5 12,14t66667 16,42404641 o l5 1823 16,275 16.20900825 N l5 l5,l 125 15,65721223 D l5 t824 13,95 14,41161385 I 1728 l5 14.20833333 14,23714893 F l5 1825 t2,27083333 14,46435905 M t5 t4,20833333 14,75242904 A t4 t826 14,079t6667 15,30422506 M l4 I5,lt25 15,70995744 I t4 t827 16,14583333 15,86819306 J l4 l 8.47083333 t5,8763077r A l4 I 828 23.76666667 15,9087663 S t4 26.7375 16.079t7389 o t4 t829 23,6375 I 6.2008936I N I4 25,31666667 16,n9747t3 D T4 1830 23.50833333 16.l 156898I I t729 t4 24,92916667 r 6,1319 19 1 F l4 183l 25,83333333 16,2333522 M 6 3t,5t666667 16.44839035 A 6 1832 25.31666667 16,6796578 M 6 32.42083333 16,996t 2905 r 6 I 833 22.604t6667 t7,36t288\9 t I 21.054166(17 7,60472761 A 4 I 834 14,725 7,83599506 S 5 13,5625 7.6I 689958 o ) 1835 r4,98333333 7,36534551 N 5 16.01666667 7,35723087 D 5 I 836 t3.69t66667 7,28825636 J 1730 5 r4.98333333 7,36t288t9 5 t837 14.46666667 7,46272128 M 5 t7,4375 7,22739651 A 4 I 838 19.tt666667 6,833836I I M 4 2r.57083333 6,57822471 J 4 I 839 24,t54t6667 6,08728854 J t4 26,7375 6.2-5363881 l4 s98

Dates Prix blé[anv, Mor,.mob. 13 ans Datcs P pain brs blanc P pain blanc p récl p blanc luil)en Livres Lorraines I 840 23,89583333 6,537(t5147 o t7 25,83333333 7,35723087 N t7 184I t6,79166667 8,I 8898223 D l8 t8,72916667 7,71833268 I t73l I8 1842 23.37916667 F l9 23.12083333 M t9 1843 25,83333333 A l9 28,I 5833333 M 2l I 844 18.3416(1667 J 23.5 r8.9875 J 25 I 845 t7,r79t6667 A ))\ t6,79t66667 S l8 1846 27,9 o 20 30.09,s83333 N 22 1847 40.81666667 D 22 40.04t66667 J T732 l9 1848 F l9 M t9 t849 A t7 M t7 I 850 J t7 J I7 A t7 S t7 o t7 N l5 D l5 J 1733 t5 F t5 M l6 1855 19,02625 A l6 M t6 J l6 J l6 l6 S 6 o 6 N 4 D 4 J t734 5 r 5 M 8 8 M I J 8

I J 8 A 8 S 9 o l9 N l9 D t9 I 1735 599 Datcs Prix blé(anr', Moy.mob. 13 ans Datos P pain bis btanc P pain blanc p récl p blanc juil)cn Livres Lorraines D 20 I t736 l9 E l9 M l9 A l9 M t7 J t'l I l8 A l8 S 20 o 20 N 20 D 20 J 1737 J t8 A t9 S t8 o l6 N t6 D t6 J 1738 l6 F l6 M l6 A t7 M I7 J t7

J t7 A 17 S t{ < o l6 N l5 D r5 J 1739 l5 F 17 M t7 A t7 M 17 j 7 J 7 A 7 S 7 o -) N 6 D 6 J 1740 l6 F l6 M l8 A l8 M l8 J l8 J 20 A )n 600

Dates Prix blé[anr', Moy. mob. 13ans Dates P pain bis blanc P pain blanc p réel p blanc juil)errLivres Lorraines S 20 o l8 N 20 D 22 I l74l 23

F z) M 23 A 24 M 25 I 27 J 30 A 27 S 20 o 2l N 23 D 23

I t742 zt F 23 M 23 A 23 M 23 J 23 J 23 A l6 S t5 o l5 N t5 D 15 I t743 l5 F l5 M l5 A l5 M 5 J 4 J 4 A 5 S 6 o 6 N 6 D I 1744 1 F 30 M 30 A 8 30 M 8 30 J 8 30 J 8 30 A I 30 S 8 30 o 8 30 N 8 30 D l6 27 601

Datcs Prix blé(anr,, Mo1,'.mob. 13 ans Datcs P pain bis blanc P pain blanc p réel p blanc .yuil)enLivres Lorraines I t745 27 F 1 27 M 8 27 A 8 27 M I 27 J 8 27

J I 27 A I 27 S 8 27 o 8 27 N 8 27 27 D 20 27 27 J t746 22 1a 27 F 22 30 30 M 22 24 29 22 24 29 M 22 1A 29 I 22 24 29 22 24 29

1^ A 22 L+ 29 S 22 24 29 o 22 24 29 N 22 24 29 D 24 24 32

J t747 24 24 5Z F 24 24 32 M 24 24 )z 24 24 )z M 24 24 5Z J 24 24 32 J 26 24 27,5 24 24 27,5 S 20 24 27,5 o 20 24 27,5 N 20 24 27,s D 20 24 )7\ J 1748 20 24 27.5 F 24 24 )7\ M 24 24 )1 < 24 24 29.5 M z5 24 29,5 J 20 1A 29,5 J 20 24 ?o< 20 24 29.5 S 20 24 29,5 o 22 24 29,5 N 24 24 29,5 D 24 24 32 J T749 24 24 32

F 24 24 JZ Ir{ 25 1A 35

-1 26 L+ 35 602

Dates Prir blé(janr'. Mo]' mob. 13 ans Dates P pain bis blanc P pain blanc p réel p blanc juil)en Livres Lorraines M zo 1/l 35 J 30 ).1 43 J 32 24 43 A 24 24 43 S l8 24 27,5 o l8 24 )1 < N t8 24 27,5 D 22 1^ 29,5 J 1750 20 .A 29,5 F 2l 24 29.5 M 2l 24 29,5 A 20 24 29,5 M t8 24 )7\ J t8 24 )7\ T l8 24 27,5 A l6 24 24 ù t7 24 24 't^ o 6 24 N 5 24 24 D 5 24 24 J 175l 5 24 24 F 5 24 24 M 5 24 24 A 7 24 24 M 24 24 J 8 30 24 J 27 24 24 24 S 7 24 27,5 o l8 24 27,5 N 2t) 24 29.5 D 20 24 29,5 603

L'irnpôt payépar lesNaborie*s au XVIIIèrne siècle:

Dates Subv.+autres + Subv. autres Subv./ imposé Nbre feux Ot Frs Barrois (D livres de Lorraine imposés a I 703 190,451613 246 (D @ 1704 266,322s81 5++

I 705 303,483871 392 (D 1706 290,322581 375 1707 r432,25806 I 850 9.29648241 r99 I 708 t509,67742 1950 o' I 1709 tst9.74194 t963 @ (D 1710 1230,96774 1590 -o 171l I 548,3871 2000 9,t3242009 219 0a ta (D lt 2 1866,58065 24t1 (D II J t453,16t29 1877 t7 4 1623-48387 Ê.(D 2097 q t7 5 1622.70968 2096 c) t7 6 (D 1553,03226 2006 ê) t7 7 1563.87097 2020 X t7 8 1784.51613 2305 8.73106061 264 t7 9 1831,74194 2366 t720 2636,12903 3405 12.8490566 265 r72r | 2694.t93s5 3480 13,0827065I Zes t722 32t4,45t61 4t52 14.122449 294 1723 274t,41935 3541 I 1.8033333 300 1724 2858,32258 3692 I 1,8333333 3t2 1725 269r.87097 3477 r734 353 8.06452 4570 1r.2285012 407 r735 2833,54839 3660 1736 3096,77419 4000 I 738 3638.70968 4700 t739 4629.67742 5980 13.8106236 433 1742 5176.25806 6686 t743 4916.t2903 6350 1744 3600 4650 10,864486 428 t746 5762.32258 7443 16.4304636 453 747 5458,06452 7050 748 5419-35484 7000 749 5922.5806s 7650 7s0 6391.74t94 8256 18,1450549 455 751 6132,387r 7921 752 7045,16129 9100 753 7340,90323 9482 754 6605.4r935 8532 t7,9243697 476 755 6785.8Ofl5 8765 756 6340,64516 8190 7s7 6758.70968 8730 758 l 1680.2581 15087 759 6131,6t29 7920 t6.4656965 481 760 s922.58065 7650 76r 5605-16t29 7240 1762 5837.41935 7s40 t763 6270.96774 8100 t764 6270,96774 8100 18.3673469 441 t765 6116.t2903 7900 604

Dates Subv.+autres Subv.+ 3u11s5 Subv / imposé Nbre feux Frs Barrois livres de Lorraine imposés 1766 6270,96774 8r00 1767 6580,645l6 8500 I 768 6580,645I 6 8500 769 6735,48387 8700 18,9542484 459 770 68t2,90323 8800 771 7083,87097 9150 772 7354,83871 9500 I tJ 4320,77419 558I 11 À 5801,80645 7494 t6,2207792 462 775 6602,32258 8528 776 541t,6129 6990 1a1 5649.29032 7297 778 6t40,1?903 7931 779 6445,t6t29 8325 16,9207317 492 780 5961-29032 7700 781 6t69-s4839 7969 782 5763-0967? 7444 I 783 5946.58065 7681 1784 7127.22581 9206 19,2997904 ^11 I 785 596t.29032 7700 605

INDEX THEMATIQIIE (tablecles matières en sus) ad.judicatious: 201.205-0(r-161.-1,+5.17-1.+09 70...i7.1.421.-118.585-lilJ scigucuric: l4.li.(r5. I 50.42(r.4(10.492 aidc do la St-lteurr': 54--55.,i58 ilcursartiliciellcs : -{50 sel : 20(r archives;57 loirrs : 588 scrsent dc ;rrér'ôté: 48.1 ascence[rents: 262-6i lixains : 167.192.-197.4 I l.+(il serruredc : -l t 2- | -1.-1-{6-51J attitudc politiquc: t 50.217.141-109.-141.-190.40.1- tbrct : (16{9.2(17.-117-?I soldc naturcl ; 124 05.416-l7..161.509 tirurnissurs: 167-7 l.-375.-186-88.J02.-156-58 stocks: 257.27-1..1.18.-1ji.+01.419..121 ban : l8- t6l tièrcsct soeursdes écoles chrétiennes : 5 I 5-16 subdélégués: 4(r4 banque: -i45-47.-352 eallclle: 61.24-l subventior : 25 5.287-98.172.19I -92.19'1.6()l-04 huur : 6{,-llii grucrie,maîtrise : 66{9.266{8-.1 l7- 19,46142 tabcllion : 5(r bénédiclins: 95-96.268.409.470.41i2-85.5I .l hôpital(l lôtcl-l)icu): +82.-t89-90.i!)2 tailleurs: 235 trlé : .l7t)-73..i0i{Xr.JI lt,+21.557.. irnpôts: 77-80.2.12.2+7{8-269.287-97.-152.-19 I lounours : 59-60-244.-105.-l{9.5-15 tpuchers : I 7-1.248.-19-1....40-l 92.-1 94. _5-i_1. 60-r -04 taverrres.luberqcs. br:rsserics: 4-1.60-62.2I (> | 7. txrurse.banqucs.rcntes d'È,1âl ; 498-501 inccndies: tt5.259.-390..t l5 247.-149.-19_1....584 krulonnier : -16l-6-1 industriechimiqte : i0l-09.-l-16 télégraphe: 52-3-24 brasseric: -l l0-l -l insécurité:52-519-21 tourbièrrs ; J27-28 crhiors de doléanccs : 466.47 inventaires: 25+-56.27 1-79.281-285.310.3 l.l- tourisnre:2l-l | 5.346,349.J51.353,356.-160.,1()2..1o.1{i,l7l.-i78- caissed'épargnc : 500 trcnrl: []'l'-t2e 83.-189-395.397-+0t.#7-53.477.+91.Sà2.!tr-JS- capital:451.477-78 iantcs : 209 lroupeau\ : 396400 canières : 270 jésuites:51-1 unilésdc mcsurcs: 407.409.426.4-10,537 chanvre: 255,258.348 joumaliers : 4.19-10.539.5{ I {2 vin,vigne: -19.387-88.40t.40.1.44 I charbon : 206-l I IanqùeINâle : 5-U--16 rtriluricr:5-17 charrssure: -1I 2- l -1.446-58 lilrc. bibliothèqucs: -148..179.-i82.477-78.5.{7.55I -52 vol : -190 cirier : 363-6-1.4.16-58 livre-poids : 407 noms propres (+ inventaires) clolure : I 82-83 logementmilitaire : ?68-69.44t.470.507-t2 Amérique: l-12-36 cloutcrie: 544,55-3-55 macbineà r,apeur: 282.3 Apçxrld : -10-1-09 colportâg,c:2IJ.l8() magis(ralsurbains : 4l 7.46.1.476-il7-21 Banat: 129-10.135,140.261 communianls:88 nacché . 250.25?.271.27 5-78.3 I l.-160.36-1.-375..184-Bæker-Colbus: -18t-8.1.-l8fi 85.4I 8- I 9,422.4-10.4.12.4,t-r4 coruptesdes couliéries : 239-40.245 maréchaussée: 464 Boissclicrdo Comottc : 528.i5 I conliits:414-ll7 nraréclraux-tènants: 299 Bouhl ; 49-l conliérics : -19.4-1.58-59.28-5-86.2!)-5- nrétallurgie: 2 I 4.55.1-55 Carling : | 0.1-07.I 4 l. 192.,119--1.1.50.i 9(,.-141.417.485.5l9 conées : 200.20-l nréliers: I 57-(r2.| 65. I 1i-'|.2| {- | 6.ltt5-t}(r.29I - Crculzrvald: -317-29 92.570... coulcur:395.416 De Wendcl: -117-19 nreuniers: 4 l{.5-17--18 déti.ichemcnt : 164 Dclcssc: 345.-l(r5{8.-17{.386-87 nrigrotions: 16,47,49-51.54.77.t I l-l 2,499-500 département : 47 I Fickclmont: -159 nornbred'hbls : -13,-16..11..16.96-97.556... drapeaurougc:416 Franctbrt: 305-449,455-5(r nourricc: I 14-16 drapiers : 236 Hertz : 28*{.306.309 ætroi:441-12 -26.-178.55-3-55 droit d'aulnaga des chanons... : 257 -261,27 2.4 l0- llonrlnurg : 211,26748.317 option : 142 3 1.434-36,589-9r Jacob: 374 école nationalo : 474 orphelins: 491 Jirchunr:-ll2-l-3 écoles:512-16 o u r,Àer s : 220.272-7 -1.28 0 -87. 2 98 -99. -l2 l, -13 -1.440 Juills: 108{9. t-12.170-72.-198-99.{:fr.455.482.49.1- pa;n : 240,372.40 3.... 59-l{02 élerage:6869 94 élites: 137,215- passage.glaid.rvegurnbgeld : 61.20546.2 I 1.557 l,aucr:361-fi-] | 6.289..il8.177..18.r.+89.Jq2.{96.528.5-16-52 empk,is:r56-57.2ir-52.-i-re40.-r;;-iii.riô.rto ''5'2r8-re'25e'-r-r0--rr'406-I-éning : I 04-0? fi?lTiïlr,1li Paris : 137-12 endettement: 70- pharnracie: 356-58.548 7 |.210.261.2'75.278.1 1 2.359.-166.-17 1.45.1.15(r..182..1 Pcrnel ; -145-411.550 plaidsannaux:464.519 9{.505 Pislcr:312-1.1.d52 enlirorrnenrcnt: -105-07 prévôtés:461-63 Proteslanls:IOlt-109 étrangers: 1.32 prir : J0.{2.2u7.2{.1.269.1I 3.37u- 7t.377,40r.401....4-r7--19. 557... Qrrien(ot Morirz): -117-ltl e\portalions: 3 I 2.-17.1-76.12.1.4-1l.-197 propriétés: | 6-s-66.| 82-8-1.I9l -9.r.J09-| 2 St-lf

Avant-propos, sources et bibliographie

r) Etat de la question,problérnatique L ?\ Sourceset référencesbibliographiques l3 Abréviations l-t a) Sourcesd'archives t4 b) Sourcesmanuscrites et lithographies 11 c) Sourcesimprimées 4,, d) Référencesbibliographiques L-) Ouvragesayant servis à I'introduction L-t Bibliographiegénérale .A

Introduction 32

l) Présentationhistorique et géographique de la ville 32 2) La signifrcation des crises du XVIIème siècle, pour une petite ville comme St-Avold 45 A Dépressionet reprise dérnographiqueà St-Avold, au XVIIème siècle 45 B Continuité et discontinuitédes fonctions urbaines 54 a) La continuitéfiscale et administrative 54 b) L'évolutionde l'économie urbaine 58 Concl.usion 72

Ière partie LES FLUCTUATIONSDEMOGRAPHIQUES, entre 1685 et 1870/90 16

I RECONSTITUTIONDE L'EVOLUTIONGLOBALE DE LA POPULATION to 1) Les donnéesdisponibles 76 ?'t Le nombredes feux 82 3\ Calcul de la valeur du feu tnoyen 86 4) Interprétationet estirnation 92 Conclusion: l'évolulionde,s Jëux et de la population de St-Avold 95 II ANALYSE DU IVIOUVEMENT NATUREL DE LA POPULATION 100 r) Tendancegénérale de la natalité 100 2) L'opposition du Warndt et du plateau 103 3) L' évolution des rnariages 107 4) Evolution de la mortalité 113 il LE MOTIVEMENT MIGRATOIRE : LES RAPPORTS DE LA VILLE AVEC SON 124 ENVIRONNEMENT l) Evaluationdu soldemigtatoire t24 2) Les directions des relations urbaines 127 Conclu,sion I l_l IV L'ECI{EC NABORIEN EST-IL TlN CAS ISOLE ? 144 Cortchtsiongénérale cle Iu premièt'epqrîie 153

2èmepartie LES FLUCTUATIONSECONOMIQ[iES, entre 1685 et 1870190 lss

Introduction. les évolutionsglobales 15s I L'AUTOSI-IBSTSTANCE URBAINE 163 r) lmpact social de I'agriculture naborienne 165 2) Types de cultureset d'élevages 170 3) Evolution du complexe agro-pastoral 174 4) Les journaliers 185 5) Le rapportdes Naboriensà la tene, vers 1870 r90 II LES TRANSPORTS ET L'EVOLI-ITION DU CARREF'OUR NABORIEN t98 1) L'évolution du carrefourroutier 201 2) Le transiturbain au XIXèrne siècle 206 607

Le raccorclernentcle St-Avold aux chernins de fer 222 ('onclusiort 229 III L'EVOLUTION DE L'ARTISANAT DE TRANSFORN,TATION ET DfT BATIMENT 232 1) Les confi'éries professionnelles 232 ?\ Le poids de I'artisanat naborien à ûavers la conioncture 251 Les tisserands 254 La fabricationdes chariots 260 Le bâtiment 262 Les tanneries 27r Le faibtedéveloppement des fabriques naboriennes au XtXème siècle 283 3) Les structures de I'artisanat naborien et son rappoft à I'environnelxent 285 4) Les échecs de la grande industrie à St-Avold 316

Le fer )t I Le charbon 326

Le plomb et le cuivre JJ+ (-ortclusion 337 IV EVOLTITION DTi COMMERCE ET DESSERVICES 339 I Evolution du commerce 341 a) Le cornrnercenaborien au XVIIlèrne siècle 341

Typologie du commercenaborien au XVIIIème siècle J Z+J Le commercenaborien à la veillede la Révolution 376 b) Marché local et corilnerce alirnentaire 393 Positionsociale du commercealimentaire 394 Le marchéde St-Avold 403 c) Evolution déptessive du cornmerce naborien aux XVIII et XIXèrne siècles 434 Cctnctu.sion 115 d) Quelques cas de commerçants naboriens du XIXèrne siècle 446 (-onclusiort J58 2 Lesservices 459 a) La pefte des fonctions centrales 460 C.rnrclusictn 176 b) Le rnarché naborien des capitaux 479 Le marchéfinancier à St-Avold. au XVIIIème siècle 479 ('onclusirnt t95 Le marchéfinancier naborien au XIXème siècle 496 Conclusion 501 c) La fonction résidentielle de la ville s07 Une ville de garnison 507 L'enseignement 512 La police locale 5t7

Conclusion génërale 521

ANNEXES

I Exogalnie géographique et langue vernaculaire 534 II Inventaires après décès 537 Métiers liés à I'agriculture 537 Quelquescas de ruraux 540 Quelquescas d'artisans 543 La < résidentielle 546 n La clouterie rurale. fin du XVIIIème siècle-1870 5s3 IV Statistiques 556 Populationsrurales et urbainesde Lorraine 556 Donnéesstatistiques de l'époquede la crisedu XVIIème siècle 557 Donnéesbrutes de I'Etat-Civil et calculs 560 Mariés et célibataires 564 Mortalité par tranchesd'âges

L'origine desmariés étrangers à la ville 565 Mortalité mensuelleà St-Avold 566 Populationscomparées des villes L'activité économique 567 570 Evolution du nombredes spécialitésdes difftrentes l:ranches de l.activite 570 Agriculture (effectifsd'emplois et métiers) Artisanat : Bâtimentet bois )/l Les métiers du fer et des transports s72 Les métiersdu cuir 573 Les métiersdu textile 574 Les fabrications diverses )/) Les fonctionspubliques 576 Les servicesprivés s77 Le commerce 578 Le commercealimentaire -s80 Les inactifs, indigentset retraités 582 583 La clientèlede I'aubergisteReder en l g l T_l8l g Les comptesmunicipaux 584 )55 Revenusdes foires de St-Avold au XIXème siècle: 588 Le revenudes taxes locales au XWIIèrne siècle. Prêts 589 notariauxet de I'Hôtel-Dieu, au XVIIIème siècle: 592 Mercurialesde St-Avold, prix du pain 593 L'impôt payépar les Naboriensau XVIIIème siècle Index thématique 603 Table des matières 605 606