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Mass mat dräi Hären, de Guy Rewenig traduction française par Jean Portante La Cathédrale en flammes

En 1989, Guy Rewenig faisait paraître son troisième roman en langue luxembourgeoise : Mass mat dräi Hären l . Jean Portante vient d'en publier une traduction française sous le titre La Cathédrale en flammes2. Comme c'est la première fois qu'un tel ouvrage est transféré dans un autre code linguistique, cette publication soulève des questions concernant les choix stratégiques du traducteur.

Un roman burlesque et portionnées à son grade, mais la veuve trueuse de Cattenom et déclare son ter- veut davantage : un service religieux. rain ardennais zone dénucléarisée. Den- indigné célébré par trois prêtres dans le sanc- newald constate toutes ces contradic- tuaire national, la cathédrale de Luxem- tions et ces reniements et, au moment Mass mat dräi Hären est un récit à la bourg. John est scandalisé, ayant hérité où Linda revient dans ses bras, doit première personne, fait par un héros de son père un anticléricalisme flam- s'avouer à lui-même que, lui aussi, est autodiégétique, c'est-A-dire impliqué boyant. Aussi est-il soulagé le jour - au prêt à se laisser tenter par les sirènes de personnellement dans l'histoire qu'il mois de mai 1989 - où une tour de la l' argent-roi. rapporte. C'est son point de vue que le cathédrale de part en Ce synopsis montre à quel point le lecteur est invité à découvrir. es : tout un symbole qui, espère- romancier Guy Rewenig a le sens de t-il, annonce la fin du cirque clérical à l'observation, le goût de l'actualité, le John Dennewald est graphiste et a Luxembourg. souffle créateur et même grotesque. On d'abord travaillé à Esch-sur-Alzette. trouve chez lui beaucoup de ce qui fait Homme de gauche convaincu, anticon- le grand-duché : le mythe de cent cin- o iste, il se sent en phase avec la quante ans d'indépendance, les tradi- population ouvrière à l'esprit franc et Ce titre iconoclaste renvoie tions religieuses et les velléités laïci- progressiste. Mais John est aussi artiste, plutôt à un vieux fantasme santes, les questions de langue, les bou- il a des exigences intellectuelles et leversements socio-économiques. esthétiques. Pire, John vient de quitter de bouffeur de curé. la capitale du fer pour la capitale tout Le protagoniste, un déraciné culturel et court, où il se heurte aux contraintes que linguistique - les 18 km qui séparent le système économique lui impose. Vers la fin du roman, l'action se déplace Esch-sur-Alzette de Luxembourg mesu- Comment concilier ses utopies liber- dans le Nord du pays, puisque John rent des années-lumière d'incompré- taires avec les offres que son incontes- relate une fête chez son ami de jeunesse, hension, s'il faut l'en croire -, est un table talent artistique lui valent de la Pit, psychologue dans une banque à faux naïf, dans la lignée des héros bur- part de fi es capitalistes ? Luxembourg Celui-ci vient de retaper lesques des romans d'émancipation et une fe e dans un village de l'Oesling de fo ation. Le donquichottisme de La vie intime de John n'est pas sans où il fait mousser sa réussite sociale par Guy Rewenig - ses moulins à vent sont problèmes non plus, puisque Linda une grande fête. Pourfendeur du capita- volontiers ensoutanés - inspire de la vient de le quitter. John la remplace par lisme, l'employé de banque partageait sympathie, mais cela ne veut pas dire Nada, une femme-enfant, coiffeuse de naguère les combats marxistes-léni- que le lecteur soit totalement emballé. son état, écervelée et inconsciente. Sa nistes, sandinistes, écologistes, antinu- Tout en découvrant dans son roman des mère, qui continue à habiter dans le sud cléaires et antibourgeois de son pote séquences d'une écriture brillante, on a industrialisé, vient de perdre son mari, John, mais gave aujourd'hui ses invités du mal à croire à la cohérence de l'en- le père de John, suite à un accident de ostensiblement de produits français haut semble. Tout se passe comme si l'auteur travail. Le patron, l'entreprise sidérur- de gamme, alors qu'il a toujours pro- voulait trop embrasser. Le titre même, gique, lui accorde des funérailles pro- testé contre la centrale atomique mons- Mass mat dräi Hären, est symptoma-

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tique de cette tendance : la critique de l'obscurantisme religieux que l'on y devine à propos des rêves funéraires de la mère du n : ; ateur est certes impor- tante aux yeux du romancier, mais l'épi- sode de l'enterrement est marginal par rapport au fil rouge du récit.

John Dennewald vient grossir les rangs des habitants de la capitale, tout en continuant à parler eschois avec son accent un peu traînant et à cultiver la nostalgie de la convivialité un peu rude, mais généreuse et sans chichis • des ouvriers solidaires et revendicateurs. La transcription phonétique, selon l'ortho- graphe officielle, produit des effets peut-être involontairement amusants. Appeler un garçon Käwwin est le singu- lariser doublement : en l'affublant d'un prénom qui ne correspond pas aux habi- tudes onomastiques du pays et fait de lui le porte-drapeau du snobisme nou- veau riche de ses parents ; en défo ant la graphie anglo-saxonne du prénom au point de le ridiculiser par récupération ge anisante. Ailleurs, parodiant des noms d'origine étrangère - co e Zik- kolog(i) - l'auteur joue sur l'apparente candeur du n ateur et sur une préten- due approche phénoménologique.

Traduction adéquate ou adaptation dynamique ?

Comment Jean Portante s'est-il tiré d'affaire pour habiller de français un récit en luxembourgeois où, à quelques outrances près, se retrouvent de nom- breux travers de notre société avec ses autochones, ses immigrés et ses étran- Incendie de la Cathédrale, Luxembourg 5.4.1985 gers résidents ? Entre la traduction (Foto: J.P. Fiedler + Roger Muller, © Photothèque de la Ville de Luxembourg) presque littérale, exhaustive et renon- çant à sa part d'autonomie, et la traduc- tion littéraire qui vise à un effet esthé- voie plutôt à un vieux fantasme de bouf- sont tout de même gonflés, 1...J ces tique propre, quelle aura été sa ligne de feur de curé. calotins .! ) est plus admirative que déni- conduite ? grante. Plus loin, il traduit plus correcte- Certains passages donnent lieu à des ment de ganze Pafeklupp par tout ce Dans le choix du titre, Guy Rewenig se transpositions élégantes, mais approxi- bazar de calotins. Parfois aussi, sans contente d'être allusif : Mass mat dräi matives. Ainsi, quand un des person- aucune nécessité, le traducteur, dans Hären énonce un projet d'office mor- nages féminins de Rewenig, Erna, traite une phrase écrite en français milieu de tuaire un peu orgueilleux pour un les affiches de John de Abzëbild (littéra- gamme, glisse un terme technique peu ouvrier décédé, mais la formulation n'a lement : décalcomanie, avec une usité comme maraca pour grelots ou un rien de sacrilège. Traduisant ce titre nuance ironique, pas nécessairement terme populaire, mais vieilli, comme anodin par La Cathédrale en flammes - méchante, dans le sens de kitsch, de calancher pour clamser ou claquer. qui reprend l'idée illustrée sur la cou- mauvais goût), Portante traduit par tor- verture par Roger Manderscheid -, Jean chon, terme qui désigne un texte mal Ces écarts, minimes certes, mais réels, Portante lui donne une tonalité plus présenté. Il aurait fallu parler de croûte, entre l'horizon culturel investi par un agressive. Voir la cathédrale se consu- au sens de mauvais tableau. De même, écrivain luxembourgophone comme mer n'est assurément pas le rêve de la lorsque le père Dennewald déblatère Rewenig et celui induit par les choix mère du narrateur, qui collectionne les contre les houre Pafen, la version que linguistiques du traducteur auraient bondieuseries. Ce titre iconoclaste ren- donne le traducteur de ce passage ( Ils mérité un mot de commentaire de la

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d'origine italienne, pour qui le luxem- bourgeois n'a pas été la langue mater- nelle et qui est peut-être moins sensible aux teintes régionales révélatrices d'états d'esprit. En tout cas, comme dans sa pièce Summerzauber 6 le romancier caricature la bourgeoisie luxembourgeoise à travers ses tics de langage. Prenant - qui sait ? - modèle sur le personnage de Koséng Ficelle de Dicks, Rewenig fait parler l'homme d'affaires Van Dale en ces te es : Au contraire ! Ech hun déi couragéiert atti- tude vun Ärer Frëndin [Linda, qui a fait refuser à Dennewald un contrat publici- taire juteux] bewonnert ! Dat as den atout vun der Jugend. Eng fräi Mentali- téit, eng exceptionnell geeschteg Vitali- téit. Et war fir méch e bain de jouvence. Ech kann lech flemme félicitéiere fir sou eng dynamesch Partnerin ! Dans la ver- sion française de sa réplique, rien de ce Incendie de la Cathédrale, Luxembourg 5.4.1985 trait psychologique ne subsiste, tant la (Foto: J.P. Fiedler ± Roger Muller, © Photothèque de la Ville de Luxembourg) traduction est neutre, sans vibration identitaire : Au contraire ! J'ai admiré part de celui-ci. Reprendre textuelle- ling. Cet homme parle un accent arden- l'attitude courageuse de votre petite ment, par exemple, le terme français nais à couper au couteau : " Mär sullen amie ! C'est l'atout de la jeunesse. Une d'Octave, employé par Rewenig, faci- hei blosen ", säggt de Chef van der mentalité libre, un esprit vif exception- lite la tâche du traducteur, qui n'a pas Fanfare [même le narrateur adopte le nel. C'était comme un bain de jouvence, changer de code linguistique. Mais la patois villageois] " Raumt ääss mol pour moi. Vous en avez de la chance langue - surtout dans un ouvrage litté- huertig di Rotzbuuwe vam Kiosk ! d'avoir une partenaire si dynamique ! raire de fiction - est plus qu'un simple Souvill Piiblik hoote märr ääss L'homme qui parle ici n'est en rien cari- moyen de communication codifié par ower nik erwoort ! Djëss ! Djëss ! " La caturé, il n'est pas ridicule. un dictionnaire. Dans un roman, la traduction de Jean Portante, se conten- langue véhicule aussi un arrière-fond tant de transcrire phonétiquement le Le couple John-Nada n'est pas bien culturel, ici : religieux et folklorique. Le nom de la société musicale, Fonfare assorti. L'homme appartient à une géné- lecteur bruxellois, parisien ou montréa- groducalle de Knappechterbellech, ration pour laquelle certaines références lais sauront-ils interpréter l'Octave renonce à suggérer davantage l'idée culturelles étaient encore en place ; plus comme la quinzaine du pèlerinage d'un langage rocailleux. Au contraire, il jeune que lui, plus pragmatique, sa par- national en l'honneur de Notre-Dame attribue au chef de la fanfare un registre tenaire est immunisée contre ces ata- des Affligés de Luxembourg ? métissé, fait d'argot, de langage fami- vismes. Ainsi, le roman contient son lier et de français intellectuel : Dites propre méta-discours : " Ech fannen dat donc, vous ne pourriez pas leur dire, blöd ! " seet d'Nada. " Wat ? " son ech. Parfois, Jean Portante contourne élé- ces loubards, de déguerpir du kiosque. " Dass du nach ëmmer `meir' an Var' gamment la difficulté, comme quand il On est censé donner un concert, nous ! sees ", seet hatt. [...] Ech erklären dem traduit all guttlännesche Bourgeois par 1...1 Dudieu, on ne s'était pas attendu Nada, eng Sprooch wär eppes extrem tous les bourgeois de la Ville. C'est faire tant de public ! Dudieu ! À moins de Perséinleches. Eppes, wat lues a laang peu de cas des particularismes régio- voir dans ce Dudieu ! une variante sup- gewues as. Wat séch eragrieft an de naux dans notre petit pays, où, sociolo- posée locale du classique Tudieu !, on Kapp a Wuerzelen zillt an der Séil. giquement, l'habitant de la capitale ne ne trouvera pas dans la bouche de l'Ar- D'Sprooch wär eng Planz, déi een net peut être confondu avec un provincial dennais traduit en français d'autre signe einfach ausrappe kéint. Dat wär, wéi du Bon Pays, un paysan de l'Oesling ou révélant son peu d'émancipation. La wann een engem Mensch de Réckstrank un ouvrier du bassin minier. seule façon d'en tenir compte dans une géif erausoperéiren. Jean Portante tra- traduction serait de mettre encore une duit ainsi : " Je trouve ça idiot ! a dit Là où le traducteur nous laisse sur notre note explicative, ou alors de faire parler Nada. " Quoi ? " " Que tu continues à faim, c'est quand il faudrait précisé- le paysan comme le fait Molière dans parler avec l'accent du bassin minier ", ment trouver un équivalent culturel et ses pièces. a-t-elle dit. [...1 linguistique français pour des plis lan- gagiers ou des accès de snobisme Ä ces questions de pratique langagière L'accent du bassin minier (pronoms typiques de la société luxembourgeoise. et à leurs implications culturelles, Guy personnels meir et (kir), ausi typique que Ainsi, lors de la fête populaire à la place Rewenig, Luxembourgeois pur souche, celui du Midi pour les Français ou celui d'Armes, Rewenig fait intervenir le attache peut-être davantage d'impor- de Liège pour les Belges, soulève chef de la fanfare d'un village de l'Oes- tance 5 que son confrère Jean Portante, encore la question des options du lia-

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ducteur. Il avait le choix entre deux Quand il transcrit l'épisode de l'ivresse c'est un problème que connaît bien Jean extrêmes : reproduire, au besoin en les de John, phénomène dans l'évocation Portante, premier romancier beur annotant ou en les commentant dans le duquel le luxembourgeois est particuliè- luxembourgeois, puisqu'il est issu d'une texte même 7, la couleur locale ou l'ac- rement riche, le traducteur français est seconde génération d'immigrés italiens centuation, respectant ainsi le plus pos- également à la hauteur, employant le et se sent tiraillé entre le mythique pays sible le caractère étranger du texte- terme populaire pinté comme le roi du d'origine et le pays d'accueil librement 8 source ( traduction dite adéquate ). Ou pinard de Wormeldange ( eng am Been choisi. Aussi, sa traduction de la chan- alors, se décider pour une traduction wéi de Wäikinnek vu Wuerrneldéng ) son sur le pauvre noir immigré est-elle dynamique, qui adapte le texte étranger on est sémantiquement et rythmique- particulièrement réussie. selon l'horizon culturel d'attente du ment dans le même registre de langue. Conscient de son rôle de pionnier et public d'accueil. C'est le choix qu'a fait De même, le traducteur trouve souvent d'honnête courtier littéraire comme tra- Jean Portante, quitte à faire l'impasse, le correspondant exact - en le créant au ducteur français d'un roman luxem- comme on l'a vu, sur les particula- besoin - pour tel propos ingénu du nar- bourgeois destiné à un public franco- rismes régionaux luxembourgeois. Il rateur, comme Pierrot pour Pit, oues- phone étranger, Jean Portante a cru bon insiste plutôt sur les aspects internatio- tern pour Kaubeusfilm, nichomanie de faire précéder son texte d'un court nalistes du roman. pour Broschtomani, psychologues pour avant-propos. Il y présente la situation Zikkolog ou la Sorbonne pour d'Gedan- linguistique et littéraire du grand-duché Chaque fois qu'il peut s'appuyer sur des kekëscht. Mais pourquoi traduire plate- qui, " vu de loin, disons de France ", se passages plus poétiques, où intervien- ment de Monni Abbes par Oncle Albert, réduit à quelques malentendus et préju- nent des notions rythmiques et sonores, alors qu'il était si naturel de l'appeler gés qu'il s'agit de dissiper. Mais, si le sa traduction, certes libre, mais fidèle à Tonton Albert ou même Bébert tout luxembourgeois est bien, depuis la loi l'esprit du texte traduit, répond exacte- court ? du 24 février 1984 " sur le régime des ment à l'attente. Exemples : Missile- langues ", la " langue nationale des Krätz, Pershing-Pak, gitt dem Reagan Mass mat dräi Hären contient un poème Luxembourgeois ", la notion de lo de Sak, traduit en Reagan, salaud, le dans lequel, à propos d'un ouvrier cap- " langues officielles utilisée par Jean peuple aura ta peau. Pershing, missiles, verdien, Rewenig s'en prend à la xéno- Portante comme par beaucoup de com- fusées ! Castrons toutes les armées ! phobie latente des Luxembourgeois : patriotes ne figure pas dans la législa-

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Par contre, source et revendique son propre statut 1' avant-propos de texte créé. 11 Souhaitons au roman- ne contient pas la. cier original et à son traducteur que leur moindre explica- oeuvre maintenant commune, dans son tion sur les lignes nouvel habit linguistique, s'ouvrira les conductrices du portes du marché francophone et por- travail du traduc- tera au-delà de nos frontières l'image teur, ni - étant d'un pays ouvert sur les mutations CREATION & METIER donné que la tra- sociales. duction s'adresse L'architecture clefs en main 12 avant tout à Frank Wilhelm l'étranger - les précisions indis- pensables sur la scène culturelle du pays. Le lec- 1 Echternach, éd. Phi, 1989, 265 pp. Ill. de teur risquera couverture par Roger Manderscheid. d' avoir l'impres- 2 Echternach, éd. Phi, en coédition avec XYZ, éditeur à Montréal et Le Castor Astral, sion que tous les éditeur à Bordeaux, 1997, 269 pp. Ill. de Pascal Zimmer • LJni cum • S.A. Luxembourgeois couverture par Roger Manderscheid. parlent le même 3 Dans ses aspects caricaturaux, le person- luxembourgeois: nage n'est pas sans rappeler celui du psy- Ce qui n'est pas chologue bancaire, interprété par Luc Feidt, Ga, rue de Crouthem • L -3334 Hellange le cas. dans le long métrage luxembourgeois Dam- mentour (AFO, 1992). D'autre part, sur un Pour sa traduc- autre mode, les rapports entre l'artiste créa- tion, Jean Por- teur et volontiers anarchisant et le banquier entreprenant et amateur d'ordre font songer Tél.: 352-5_1.26.52 • Eux: 51.26.68 tante est parti aux récits du financier-romancier Joseph d'une première Leydenbach. mouture établie 4 Concernant la situation linguistique grossièrement actuelle, voir le dossier " Babel. Les parlers d'après le texte au Luxembourg en 1997 ", Forum fir kri- luxembourgeois tesch Informatioun iwer Politik, Kultur a qu'il a ensuite Relioun, n° 177, Juli 1997. tion. Y sont nommées comme langues écarté pour mieux pouvoir peaufiner sa 5 Voir G. Rewenig, " Identité et langue " administratives et judiciaires " le propre version. Quitte à faire l'impasse luxembourgeoise ", Les Cahiers luxembour- luxembourgeois, l'allemand et le fran- sur certains détails, il a rendu justice à eois, 1988, n° spécial, pp. 96-101. çais, au choix de l'utilisateur, sauf pour l'inspiration générale, l'essentiel étant à Voir F. Wilhelm, Mondorf-les-Bains vu par des écrivains ", Mondorf, son Passé, les textes de loi, pour les uels seule la ses yeux de produire un texte français son présent, son avenir, Mondorf, éd. par le version française fait foi. lisse et lisible de ce roman à référent Domaine Thermal et Les Publications fortement social. Il y a pleinement mosellanes sous la direction de Martin Jean Portante informe le lecteur étran- réussi. Le texte de la traduction res- Gerges, 1997, pp. 385-426 [418-420, 426]. ger que le fait d'utiliser telle langue semble comme un frère à un roman de 7 Une traduction véritablement fidèle comme outil littéraire est, de la part de Jean Portante. Mrs Haroy n'est pas loin, risque d'être plus longue que l'original. l'écrivain luxembourgeois, le résultat où de sembles aventures autobiogra- 8 Voir F. Wilhelm, " La baleine comme d'un choix personnel résultant souvent phiques sont racontées, mais dans un métaphore de l'exil et de la mémoire chez du hasard. C'est vrai, mais ce choix esprit moins obstinément anticlérical et Jean Portante ",Études romanes, fasc. XIV, surtout avec plus d'humour. Guy Les Publications du Centre universitaire, comporte des composantes reposant sur Luxembourg, 1997, pp. 29-42. trois aires - nationale, linguistique et Rewenig, davantage porté sur l'ou- 9 Voir Régime des Langues et Ortho- culturelle qui ne se recoupent pas for- trance grotesque et la dérision, et graphe luxembourgeoise ", Extraits du cément. 1° constamment indigné des vices patents Mémorial, Luxembourg, Ministère d'État, et latents du libéralisme économique Service Central de Législation, 1989. Le préfacier justifie enfin sa propre ambiant, tout en relativisant le crédit 10 Pour les questions intéressant les prin- entreprise de traduction par le fait que le accorder à une vision gauchiste de la cipes de la traduction d'oeuvres littéraires, roman de Guy Rewenig, " cynique et société. voir Yves Chevrel, La Littérature comparée, jubilatoire ", propose, selon la 4 e de Paris, PUF, collection " que sais-je ? ", couverture, " une étude au scalpel " de la Pour La Cathédrale enflammes, traduc- n° 499, 1989, en particulier le chapitre tion plus littéraire que fidèle, mais point " L'oeuvre étrangère ". situation réelle du Luxembourg contem- 11 Le statut juridique d'une traduction est porain où vivent bourgeois et marginaux mensongère, est arrivé ce qui est bien un problème délicat ; en principe l'auteur et où les écrivains ne seraient ni pires ni connu des critiques comparatistes : le original a droit à un tiers des droits d'auteur. meilleurs qu'ailleurs. Cette image cri- traducteur a tiré la couverture à lui. Sa 12 Titulaire d'un cours de littérature com- tique de notre société est le message propre production, loin d'être subor- parée au Centre universitaire de Luxem- majeur transmis par la traduction. donnée à l'original, s'impose au texte- bourg.

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