Février 2013 - n° 2

Salleboeuf à l’époque du Tramway - 1900-1949 Histoire de la ligne de tramway – Camarsac (ligne F) Le tramway était ardemment souhaité par les habitants des communes voisines du tracé défini depuis une vingtaine d’années. En effet, la route de Bordeaux à Bergerac ou RN136 (aujourd’hui RD 936) était dans un état qui rendait la cir- culation difficile, surtout l’hiver, et les charrettes, lourdement chargées de pierres extraites des carrières de Camarsac, l’endommageaient de plus en plus. Le conseil municipal de Salleboeuf avait, pour sa part, délibéré en 1880, 1888 et 1890 et approuvé les différents projets de création de cette ligne. La construction et l’exploitation furent concédées par le Département à la Société des Che- mins de Fer Economiques. Enfin, après 20 ans de tracas, formalités, demandes d’autorisation et travaux, le 1er janvier 1900 on baptisa trois locomotives, dont la n°3042 nommée « Salleboeuf », et le premier tramway circula le 15 janvier 1900. L’inauguration officielle de la ligne eut lieu le 28 janvier 1900, suscitant l’enthousiasme général de la population.

Le tramway s’apparentait à un train à vapeur circulant sur une voie normale d’1,44 m de large. Chaque jour trois trains réguliers véhiculaient les voyageurs dans les deux sens ; le premier partait de Camarsac le matin à 6h30 et le dernier y revenait à 19h30. En été, on comptait des trains supplémentaires tous les jours mais en hiver uniquement les jeudis, di- manches et jours fériés. Les trains transportant les marchandises circulaient entre ceux des voyageurs. Ils acheminaient vers Bordeaux des pierres de taille, du vin, du lait, des champignons de Paris, du fourrage, des bestiaux et des produits maraichers. En provenance de Bordeaux circulaient les « bourriers », wagons découverts transportant les ordures de la ville de Bordeaux, à destination de Saint Germain du Puch, qui firent l’objet de nombreuses plaintes et pétitions de la part des riverains de cette ligne. Enfin, le transport du courrier fut également assuré entre Bordeaux et Camarsac par au moins une motrice équipée d’une boîte à lettres.

La locomotive, les voitures et les wagons peints en vert avec des filets jaune d’or avaient un gabarit réduit à 2,50 m (contre 3,20 m pour les grands réseaux). Il n’y avait que deux gares, l’une à Floirac et l’autre à Camarsac. La ligne, d’une longueur de 15,700 km partait du cours Gambetta, entre et Floirac, escaladait la côte de Monrepos puis suivait la RN136. En approchant de Camarsac, avant le château, elle traversait la RN136 et continuait, en site pro- pre, jusqu’à la gare du terminus. Du côté de Bordeaux, le tram s’arrêtait à La Benauge devant le bar «Chez Joseph». Les voyageurs descendaient là et devaient traverser à pied le passage à niveau pour pouvoir emprunter, de l’autre côté, le tram n° 5. Le trajet de 15,700 km durait 1h04, le train circulant en moyenne à 20 km/h. Il n’y avait pas de halte prévue et, pour pouvoir faire arrêter le tram, les voyageurs devaient faire signe au mécanicien en levant les bras dès qu’ils le voyaient. En cas de retard important, provoqué par un accident ou un déraillement, vu qu’il n’existait pas de ligne téléphonique dédiée, un employé allait prévenir les voyageurs qui attendaient le tram. Il circulait alors sur une bicyclette, emportée à cet effet dans le tram.

La ligne ne comportait pas de voies lignes allant de « La Planteyre à la d’évitement ni de voie de garage, et Sauve » et de « la Souys à des embranchements furent réalisés » et on parla de prolonger la ligne par la suite pour les besoins des de Camarsac à Branne, avec un entreprises. embranchement de La Planteyre Il n’y eut qu’un accident sur la à . Mais tous ces projets commune de Salleboeuf, à La ne virent jamais le jour. En effet Planteyre – le 11 janvier 1910, la le développement de l’automobile locomotive n°3041 dérailla suite et notamment des autobus ne à l’ouverture trop brusque du permettant pas de garantir une régulateur alors que les freins étaient rentabilité efficace pour le tram de serrés, ce qui fit cabrer la machine. Locomotive n° 3043 «» Bordeaux à Camarsac, l’exploitation de la ligne fut définitivement En 1923 l’exploitation de la ligne fut abandonnée le 14 juillet 1949. Ce transférée aux Tramways Electriques sont les autobus des tramways du et Omnibus de Bordeaux (TEOB). Libournais qui assurèrent la desserte Les TEOB électrifièrent la ligne des localités traversées jusqu’à et y installèrent un matériel plus Bordeaux. moderne et plus sûr. Ils créèrent deux nouvelles gares, l’une à la Planteyre à Salleboeuf et l’autre aux Bons Enfants à Fargues Saint-Hilaire. Des stations du tram furent installées le long du trajet (Monrepos, Cornier, Artigues, -Mélac, Tresses- Carignan, Lapierre-Carignan, les Bons Enfants, Maison Rouge, Arrêt du tramway à Floirac , la Planteyre, Salleboeuf, les Sept Frères et Camarsac) avec des voies d’évitement et, dès 1924, il fut organisé jusqu’à dix allers Arrêt du tram, entrée du Cours retours par jour. La vitesse moyenne Gambetta à Floirac était alors de 35 km/h et le trajet durait 55 minutes. Le tramway de Beychac et Cailleau A Salleboeuf, la gare de la Planteyre comportait un hall avec marché et Si le tram de Bordeaux à Camarsac un quai de chargement. La voie a été le plus utilisé par les habitants ferrée était composée d’une voie de Salleboeuf, certains préférèrent de manœuvres et d’une voie de utiliser le tram de Beychac et Caillau pour se rendre à Bordeaux. chargement des marchandises. Construite entre 1908 et 1913, une Dans les années 40, le chef de gare ligne électrifiée et exploitée par les Dépôt du tram de Floirac était madame Challand et son époux TEOB reliait la place Stalingrad à conduisait l’un des trams. Quant à la Bordeaux à Beychac via . station nommée « Salleboeuf », elle En 1915, une déviation Montussan- était située au Petit Cos. Caillau fut mise en service, elle arrivait à l’Intendant. En 1945, la mairie de émit Le service de ces lignes cessa en 1939. le vœu de voir créer deux nouvelles

Février 2013- N° 2 Cours pour adultes : 3 Les premiers panneaux vaux d’Eclairage et de Force (anciens établissements Clémançon). voix pour, 4 voix contre ! de limitation de vitesse A la suite de plusieurs réunions sur En 1908, monsieur l’instituteur pu- sur la commune le sujet, en 1929 et 1930, le conseil blic et madame l’institutrice publi- Sur proposition de monsieur le Mai- municipal décida de faire placer trois que firent part à Emile Barbot, maire re, le 16 novembre 1924, le conseil lampes pour éclairer la route de de Salleboeuf, de leur désir de met- municipal décida de placer « des Créon à Saint Sulpice : tre en place des cours pour adultes panneaux indicatifs de la vitesse à 1) au carrefour devant la maison de pendant l’hiver 1908-1909. Le maire observer par les conducteurs d’auto- monsieur Ribeyre (au coin des rues plaida leur cause auprès de ses col- mobiles dans les agglomérations de de la Source et des Vignes) ; lègues lors d’une séance du conseil la commune ». Il fixa à quatre le 2) au tournant de monsieur Guim- municipal, soulignant l’utilité de ces nombre de panneaux devant coûter berteau (au coin de l’avenue Gus- cours et arguant « qu’ils pourraient 50 francs l’un et dont le montant se- tave Eiffel et de la rue Monsan Es- avoir pour conséquence immédiate rait prélevé dans les dépenses im- tèbe); la diminution du nombre d’illettrés prévues. 3) devant l’immeuble de monsieur dans la région et la réacquisition, L'arrêté du 21 février 1893 laissait Baudéan (au coin de l’avenue de la pour plusieurs, de connaissances in- en effet la possibilité aux maires Tour et du chemin de Labatut). dispensables à peu près perdues. » de réglementer la circulation dans Les élus décidèrent également de Il demanda ainsi au conseil l’auto- leur ville. Quant aux limitations à faire installer une lampe à l’intérieur risation d’allouer la somme de cent 30 km/h sur route et à 20 km/h en et une autre à l’extérieur de la mai- francs (50 francs pour chaque école) ville instaurées en 1899, elles furent rie. Mais ils refusèrent l’électrifica- afin de rétribuer les instituteurs pour abolies en 1922, chacun devant dé- tion des locaux de l’instituteur pu- cette tâche supplémentaire. sormais adapter sa vitesse aux cir- blic, monsieur Augey, et ceux de la Or cette proposition fut rejetée par constances de la route. Nous pou- Poste. le conseil à une voix près, 4 élus vons ainsi supposer que les quatre Lorsqu’en 1934 monsieur Augey fit « considérant que les jeunes gens premiers panneaux à Salleboeuf de- installer l’électricité dans son appar- qui veulent des cours d’adultes n’ont vaient limiter la vitesse à 20 km/h tement de fonction, il réclama 1035 qu’à les payer eux-mêmes et que ce en agglomération. francs à la municipalité, en dédom- genre de réunions est plus néfaste magement des travaux effectués. que bienfaisant à tous les points de Mais le conseil municipal rejeta une vue à ceux qui les fréquentent. » L’atelier public de distillerie nouvelle fois sa demande. «Primes à la natalité», Le 21 février 1926, monsieur le Maire demanda au conseil municipal Les principaux journaux les premières alloca- de ne plus tolérer les opérations de locaux, imprimés à Bor- tions familiales distillation devant la mairie, où el- deaux à l’époque : En 1921 l’Etat mit en place une pri- les avaient lieu en 1925, « en rai- - La Petite Gironde (journal répu- me à la natalité et Salleboeuf alloua son des dégâts causés sur les allées blicain, quotidien, 7 avril 1872 - 28 la somme de 200 francs pour coopé- et les gazons par les véhicules des août 1944) rer au service en faveur des familles propriétaires venant faire distiller et - La de Bordeaux et du Sud- comptant plus de trois enfants. Sur aussi à cause d’un accident possible Ouest (édition régionale, quotidien, la commune, au moins quatre fa- dont pourrait être victime quelque 26 mai 1887 - 12 septembre 1944) milles étaient susceptibles de béné- enfant des écoles, l’emplacement y - La Liberté du Sud-Ouest (journal ficier de cette allocation. étant trop restreint. » régional, politique, littéraire indé- C’étaient les prémices des alloca- A l’unanimité des membres présents, pendant, quotidien, 3 mars 1909 - tions familiales. L’année suivante la le conseil insista pour que l’atelier 28 août 1944) commune consacra 1000 francs à ce public de distillerie soit maintenu sur - Le Journal de Bordeaux (commer- service. la place Carnot ainsi qu’il en avait été cial, maritime, agricole, industriel, convenu, d’un commun accord, avec quotidien, puis bihebdomadaire, le Receveur de la Régie en 1913. «Le placement public», puis hebdomadaire, 17 décembre l’ancêtre de Pôle emploi 1857 - 30 août 1906) En mars 1922, monsieur le Préfet Arrivée de l’électricité à Un numéro coûtait 25 centimes en adressa aux maires une circulaire Salleboeuf 1936. et des décrets relatifs à l’organisa- Le 10 octobre 1926, l’Etat accorda Ces journaux ne survécurent pas tion du placement gratuit des chô- une concession à la société Energie aux ordonnances du 6 mai 1944, du meurs dans le département. Pour Electrique du Sud-Ouest pour la dis- 22 et 26 août 1944 et du 30 septem- se conformer à ces directives, le tribution de l’électricité, sur les dé- bre 1944, cette dernière décrétant conseil municipal désigna monsieur partements de la Charente, Charen- la dissolution des titres ayant paru Simon Baudéan, secrétaire de mai- te inférieure, Dordogne, Gironde et durant l'occupation. rie, comme correspondant commu- Lot et Garonne. Ainsi, en septembre - Sud-Ouest (29 août 1944-…) nal avec l’office départemental. Il 1928, la commune de Salleboeuf ad- vota aussi une subvention annuelle héra à la constitution d’un syndicat Les arrêtés municipaux de 50 francs au dit office pour lui pour la construction et l’exploitation A cette époque les arrêtés munici- permettre de couvrir une partie des d’une distribution d’énergie électri- paux étaient affichés tant à la mairie frais pouvant résulter de la nomina- que sur son territoire. Ce syndicat qu’à la principale porte de l’église, tion du correspondant cantonal ou était basé à Camarsac. Un an plus comme en atteste l’arrêté datant de du groupe de communes. tard, le Syndicat Intercommunal 1942 ordonnant l’élagage et le recé- d’Electrification de Camarsac décida page des arbres et des haies bordant de la mise en place de l’électricité les chemins vicinaux. par la Compagnie Générale de Tra- 1935 : annus horribilis Château Vacquey, lundi 22 avril 1935: « En cette saison, les promenades sont si agréables ! Les prés sont de véritables pelouses (…) Les arbres se couvrent lentement de feuilles très tendres, mais il m’est très péni- ble de voir tout ceux que le terrible ouragan a couchés. Je ne puis faire un pas sans voir des pins, des chê- nes, des sapins et des tilleuls déraci- nés. Quel dommage ! » C’est la description de Salleboeuf que fit une dénommée Hélène sur une carte postale lors d’un séjour au château Vacquey au printemps 1935. Elle évoque le cyclone dévas- tateur qui eut lieu dans la nuit du 22 au 23 février 1935, ravageant les ré- gions allant du Sud Ouest aux Alpes et accumulant des dégâts considéra- bles dans les Charentes. Maires de Salleboeuf que: A peine remis du choc, les habitants de 1898 à 1953 a) la délégation spéciale instituée à furent de nouveau frappés par un Salleboeuf en application de la loi du orage d’une extrême violence, qui, - Déc 1898 - 1900 : 16/11/1940 était dissoute ; tel un ouragan, s’abattit sur toute la Frédéric AUGEREAU b) le conseil municipal élu dans la Epoux de Marie Rivaud, propriétaire région bordelaise, dans la nuit du 2 ( commune avant le 1er septembre 1939 terrien à l’Anglais) au 3 septembre 1935. De violentes était remis en fonction. bourrasques, accompagnées d’une - Mai 1900 - 1904 : - Oct 1944 - mai 1945 : pluie diluvienne et torrentielle, pri- Édouard EIFFEL Léon DUTHIL rent toute leur ampleur entre Bor- (Ingénieur, fils de Gustave Eiffel, deaux et . Tout fut ravagé propriétaire de Château Vacquey et - Mai 1945 - oct 1946 : sur un couloir de 30 kilomètres de propriétaire terrien de Pontac, Rivalet et Louis VENOT long et de 4 kilomètres de large. En Lafitte) (Epoux d’Henriette Eiffel, fille d’Edouard cette fin d’été, vignes et vergers fu- Eiffel. Avocat, administrateur des rent les premières victimes de cet - 1904 - 1935 : établissements Bardinet, copropriétaire orage, pulvérisés par des grêlons Emile BARBOT de Vacquey, Pontac, Rivalet et Lafitte atteignant la taille d’un œuf. (Propriétaire du domaine de Picot- puis propriétaire de Rivalet) Le trafic des lignes de tramways La-Planteyre à Salleboeuf, ainsi qu’à Barrière, Picaut et Papillon) - Oct 1946 - 1953 : électriques, dont ceux de Beychac & René BAUDINET Caillau et Camarsac, fut interrompu - 1935 - sept 1941 : (Négociant, propriétaire vinicole du et la compagnie des Tramways de Léon DUTHIL Château du Grand Monteil. Le lieu-dit Bordeaux mit en place des services (Epoux d’Augustine Grisard, éleveur correspondant s’appelait La Gardère ou d’autobus. viticulteur, propriétaire du domaine de la Lagardère) Hutte à Salleboeuf, ainsi qu’à Baron, , Targon et Saint Léon) - Sept. 1941 à octobre 1944 : Un arrêté ministériel du 17/09/1941 constitua une délégation spéciale habilitée à prendre les mêmes décisions Bibliographie : que le conseil municipal. Les présidents - Registres des Délibérations du Conseil de cette délégation spéciale furent : Municipal de Salleboeuf (1902-1930, 1930- - de septembre 1941 à octobre 1941 : 1945) Antonin CAYRON (ingénieur des Arts - « Les cahiers de l’Entre Deux Mers » n°28, et Manufactures, propriétaire de Picaut, septembre 1998 racheté en 1940 à Emile Barbot (Le - « Histoire des tramways, omnibus et trolley domaine de Picaut correspondait à ce bus de Bordeaux », Guy Trecolle. qui constitue actuellement le lotissement - La Gare Bacchus et le tramway à Fargues Saint de la Planteyre et le terrain où se situe le Hilaire (Amitiés Généalogiques Farguaises) nouveau Carrefour contact), puis - Les locomotives du cours Gambetta (1900- - d’oct. 1941 à février 1944 : 1949) (http://larivedroite.canalblog.com) Georges RIVIERE (propriétaire terrien http://www.histoire-la-bastide.net/10%20 à Gillet, La Hontasse, Perrot, La Borie, tramways.htm Pradinot, Moreau, Pontacq, Plantey, au http://archives.gironde.fr Pujeau, Gellin, au Caps, au Grand Puch, à Trétinot et aux Graves). Puis un arrêté préfectoral en 1944 stipula

Directrice de la publication : Annie Robert Comité de rédaction : Marie-Odile Dasque, Nathalie Faber, Odile Peraud, REFLETS DE Annie Robert, Josette Sieuzac, Claude Stynen, Marie-Claude Sucheix. SALLEBOEUF Conception et impression : mairie de Salleboeuf - 1000 tirages