THESE DE DOCTEUR DE 3" CYCLE

présentée

A L'ECOLE DES HAUTES ETUDE EN SCIENCES SOCIALE

(Convent ionnée - Université Paris 1)

Par

Diabaté BOUBACAR

Pour obtenir

LE TITRE DE DOCTEUR DE 3e CYCLE

1 A HAUTE VALLEE DU NIGER(MAL1) Situation actuelle - Perspectives de développement économique et social

Soutenue le

devant le Jury compose de:

Directeur de Thèse : J.P. RAISON 0.R.S.T.O.M. Fonds Documentaire NO 4 O 4779 Cote f+ .--

O R.S.T.O.M. PARlS.1982 Date ? (9 rniit ma-

A mon regretté père et ma mère

A ma femme et à ma fille Fatoumata

A tous les paysans Malinké du Haut-Niger qui m'ont permi avec gentillesse et humour de partager un peu à leur vie quotidienne.

" D'une manière générale, il ZS~tgujours pius fazi7e d'agir que de réfléchir, de créer ou de a ans former des structures que de modifier des attitudes en -1~of3ndzur. On peut p77~s facilement bouleverser le monde rural par la technique que donner à l'homme des moyens de suivre le développement, de s'y adapter sans danger pour sa santé physiqu~et morale ".

C.M. LEVY (1)

(1) Prospective, Cahier no 5. P.U.F.

AVANT-PROPOS

La rédaction de cette synthèse des recherches effec- tuées depuis 1978 en Haute-Vallée du Niger, m'a permis Cie mesurer la part prise par toutes les personnes qui m'ont guidé et aidé durant les différents travaux : travaux de terrain () , bibliographie, technique cartographie à l'Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre- Mer (0.R.S .T.O.M.) . Ce mémoire est en grande partie le leur, et je leur exprime ma profonde reconnaissance. J'exprime, tout d'abord, ma gratitude à mon ancien professeur MORIBA CISSOKO de l'Institut Polytechnique Rural de KATIBOUGOU, qui au moment de mes recherches sur le ter- rain, était Directeur de Cabinet au Ministère de la produc- tion. Il m'a accueilli, et a favoriser mon insertion à l'opération de développement HAUTE-VALLEE du NIGER. Ma reconnaissance va ensuite, a Mr. KANTE, Directeur Général de l'Opération aut te-Vallée, dont le dévouement et la compétence ont permis de réaliser un programme d'études, dans les différents secteurs de développement; et m'ont fa- cilité le contact avec les milieux paysans. Je remercie tous les techniciens, ingénieurs, chefs de secteur, et chefs Cie Z.E.R. de l'opération aut te-vallée; de leur aide amicale et compétente, qui a permis la bonne marche de mes travaux de terrain et rendu agréables les séjours en s au te-Vallée du Niger, région dont l'accès est difficile, mais qui se relè- ve si attachant lorsqu'on a la chance d'y séjourner longue- ment. A ses personnels maliens, j'associe un ami, un frère D. ZERBO, Directeur National du machinisme agricole au Mali, un aine de llEcole Nationale d'Agronomie Tropicale de Nogent sur Marne, récemment arrive a Pontpellier, et avec qui j'ai eu l'honneur à plusieurs reprises de mesurer 1 'ampleur de la mécanisation agricole au Mali. J'exprime toute ma reconnaissance a Mr. J.P. RAISON Directeur àes EtuCes a llEcole des Hzutes Ztudss en Scisnces Sociales, et sous-directeur de Recherches Scientifiques au Plinistère de la Coopération (Paris), qui a bien voulu ac- cepter de parrainer mes travaux et a su me proàicjuer de précieux encouragements dans les moments critiques. Je lui suis profondément reconnaissant d'avoir accepter de Ciiriger ia réciaction de ma thèse. Je tiens à rendre hommage à tous les professeurs de 1'Ecole supérieure d'Agriculture de Paris (E.S.1 .T.P.A.) , du Centre National d'Agriculture Tropicale, et de 1'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, qui ont assuré ma formation d'ingénieur, des techniques agricoles et, du dé- veloppement socio-économique en région chaude. Je remercie Mr-DUTILLEUL Ingénieur au B.D.P.A., grâce à qui j'ai fait la connaissance de Mr. G. SEVIN, Ingénieur agronome, Expert en agronomie tropicale, Consultant de di- verses institutions internationales, qui a fait plusieurs années de service en Haute-Vallée, m'a fait profiter de ses connaissances sur les problèmes de développement de cette région, et ma aidé par ses suggestions et encouragements. Je le remercie également d'avoir consacré de nombreuses heures à la correction du manuscrit et, à des séances de travail, fréquemment tardives, au cours desquelles, le plan et les interprétations ont été progressivement améliorés, dans une ambiance de chaleur humaine réconfortante. Mes remerciements s'adressent aux chercheurs de 1'O.R.S.T.O.M. - Bondy :

B. KALOGA qui n'a cessé de suivre mes travaux depuis 1s stade initial de ma thèse, jusqu'à la conclusion généra- le, et m'a surtout fait profiter de ses connaissances per- sonnelles sur les sols de la Haute-Vallée. Il s'est rendu disponibles à maintes reprises, pour m'apporter des éclair- cissements dans les domaines obscurs pour moi. Messieurs G. SAVONNET, R. DIZIAIN, P. PELTRE, C.R.. HIERNAUX, dont les aides et l'accueil m'ont été précieux et qui m'ont fait bénéficier de leur expérience, et de leurs ccnnaissances pour la rédaction de plusieurs chapitres. Je remercie tout particulièrement mes amis du Service Cartographique de 1'O.R.S.T.O.M.; Mr. J. COMBROUX, chef du Service, qui m'a confié à Mr. R. DERUELLE, ce travail est aussi le leur. Je remercie Mr. A. DOUIB pour les échanges que nous avons eus, et qui m'ont aidé à chaque étape de mes travaux. Je remercie egalement, Messieurs J.P. DEBUICHE, B. HARDY, M. DANARD, L. SEGUIN, Y. AMOUZOUVI, O SALADIN, M. GAUSSOT, pour les conseils qu'ils m'ont prodigués lors de l'établis- sement de mes cartes. J'exprime aussi ma gratitude aux responsables des Services Scientifiques Centraux de 1'O.R.S.T.O.M. - Bondy, Messieurs M. LAMOUROUX et Y. CXATELIN, qui m'ont accordé toutes les facilités d'insertion dans leur établissement. Ma gratitude va également à tout le personnel des Services Scientifiques Centraux de Bondy, qui m'a aidé dans la réalisation et la présentation de ce travail. J'adresse mes remerciements Mesdemoiselles M.H. TERROT, E. PELLEGRIN et Mme .WSSONI, dont l'amicale patience a et& souvent mise en contribution, au cours des recherches bibliographiques. Je remercie egalement Melle DAXDENNE, Mr. QUINET, iWe ROTH, Mme VIEILLAqD, Mr. BERTHE, Mme CECDBERT (Service Central de Documentation et Ixpriïnerie) qui a permis la réalisation de cette thèse. J'exprime ma reconnaissance a Mme S. JOUBERT pour la gentillesse avec laquelle elle réglait mes problèmes; et Mme M. DETALLE qui a assure avec bonne grâce les travaux ae dactylographie. Je remercie Mr. Y. CISSE, Sociologue Malien, avec qui, j'ai eu de très bons contacts, pour discuter sur la vie sociale des paysans Malinké.

.- hl MALI

PUBLICATION CARTE AU 1 : 200 O00 Feuille en cours (Es.mplo do disignalion d'un. I.uilli 8 KAYES ND-29-XIII) publiée OU prévue

Carle ré~ulière Lo chlflia du bas indique I'snnhs du coinpl4tsrnani sui la lorraln do Is drlrion ou da la doriiihra misa b loui Lo clilIli. du hiul Indiqua I'annha d 4dilion.

Fond topographique ou planimétrique .\ ,'

CARTE AU 1 : 500 O00 (El.mplo de diilbn.iim d'uru feuille : KAYES ND 29-N.O.)

(Lo nom & la lauill. ail souligni - 1. 1. chillro indique I'anni. de la dirniàre &dilion)

Pour tous rensel~iiainenlrcompi6msi~tslre8, s'adresser su Centre natloiisl de producilon e csrtoyrapliique et to(>ographlque .-, 1C.N.P.C.T.) - B.P. 240 3 z4

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C Ii ANA RESUME D 'ENQUETE AGRO-SOC1 O-ECONOMIQUE

EN HAUTE-VALLEE DU NIGER

(R, DU MALI) 11 est ;orté à la cotlnaissance cic tsus les zgents que !.Ir. 2I.;J:.TX iloubacar Stagiaire i 1 'Ecole des I!autcs Sitides en Scieilces Sociales dc P.IBIS ef2ectuero un voyilçe at Ctucies à 1 ' Opération Ifauue '?allée

pour rassembler lcs docunents et :CS notes de terrain nécessaires 5 lu redzction de sa thèse de doctorvt as 3è Cycle.

:on progrucic de tournSr aans lcs Gi22erezts sectears sc rayr3it ccnane suit : 21 au 25 Avril = 3cr:;iko - - 2's au 20 Avril = ?.ansa3a 3 au 3 Eai = CuélS ssebougou 9 au 14 Li31 --- ~a:? ccuana I j ri: 24 Xai = 3ircction C.2.7. dmûiio7 (Tisite -Bécaction au tz??ort - discussion) .- Il est donc denzndé à tous les a,;c~ts s'accorder tout25 lcs fzcilités disponibles S I1interessé,/.-

Danako, le 20 Avril 1.37 8 bn~liations: Directeur...... I 3ivision Tediniqüe. ,I 3ivision Xp-rov. ....1 brchives.- ...... ,.I ~nterosse...... ,I 4. Secretariet...... I G ivision 2'inan ciè rc.I Secteurs...... 4 près connaissance du résultat du diplôme d'études approfondi (D,E,A,) en cession 1978 et ayant pris la déci- Sion sur le choix du sujet d'étude de thèse dont le thème est le suivant : Situation actuelle et perspectives de développement dans la région de la aut te-vallée du Niger. Etant donné la complexité de cette étude, je me voyais dans la nécessité d'entreprendre un voyage d'étude au Mali sous forme de stage à objectifs multiples destiné à mieux cerner les problèmes d'organisation socio-économique qui se posent dans la zone, étude qui ne peut pas se faire dans 1' absolu. Ce voyage a été effectué à partir du 9 Avril 1978 et pour une durée de 45 jours au sein de la Haute-vallée. Mais il n'en demeure pas moins que d'autres voyages complémen- taires ont été réalisés lors de mes vacances 1979 et 1980. Je ne peux cependant pas m'empêcher de dire que ces voyages si toutefois ont eu leur succès, c'est grâce à une lettre d'accompagnement de mon Directeur de thèse qui de sa part apporte une contribution très remarquable. C'est ainsi que les responsables agricoles du Mali, du Ministère du Développement Rural, de la Direction de l'opération Haute- Vallée, ont bien oeuvré pour rendre fertiles mes travaux de recherche dans cette région. Des lettres administratives ci-jointes attestent de la bonne organisation de cette étu- de et m'ont fortement facilité mes différents contacts en milieu paysan.

METHODOLOGIE UTILISEE

L'enquête agro-socio-économique de la Haute-Vallée a été réalisée sssentiellement à partir des rencontres avec le personnel de l'encadrement de différents secteurs de développement et surtout des entretiens collectifs ou indi- viduels avec la population rurale. TR.-\l'.{IL R1:lLISE ES iJI.-\ISOS .AkEC LLS .AUTORITES CESIR-ALES .L\ B.-\\.l,L\I(O

Ma première tâche en arrivant au Mali a été de mieux situé la région Haute-Vallée dans le reste des régions agri- coles du pays. Cela m'a permis de connaître les principaux secteurs couvrant la région à étudier. En effet, cette ré- gion d'étude est divisée en quatre secteurs de développement agricole comprenant chacun 3 à 5 zones d'expansions rurales (ZER) qui à leur tour sont morcelées en secteurs de base de développement pour l'encadrement au niveau des villages. Compte tenu d'une nouvelle organisation, la Haute- Vallée actuelle est composée des trois " grands sites histo- riques " du Mali qui sont :

- Le Bélédougou où se localise le secteur de Bamako, - Le Djitoumou : secteur de ~uélessébougou, - Le Mandingue qui regroupe deux plus grands secteurs : secteur de , secteur de .

Secteut de !3amaha : limité au Nord par l'arrondissement de Ouélessébougou, au Sud par le secteur de Bancoumana,& l'Est par le cercle de Kati et à l'Ouest par le cercle de .

Secteut de OuZleaaCbaugvu : limité au Nord par le cercle de , au Sud par le secteur de Bancoumana, à l'Est par le secteur de Bamako et à l'Ouest par le secteur de Kangaba et le cercle de .

Secteut de !3ancaumana : ce secteur limité à 1'~stpar le fleuve Niger qui sert de limites naturelles avec le secteur de Ouélessébougou au Sud-Est par le secteur de Kangaba, au Nord par le cercle de Kita la zone arachidière du Mali.

Secieut de Kangaba : situé dans la zone soudano-guinéenne jusqu'à préguinéenne, ce secteur est situé en aval du fleuve Niger par le secteur de Bancoumana, au Sud-Est par le cercle de Yanfolila et une partie de la République de Guinée, à l'Ouest par la République de Guinée, à l'Est par le secteur de Ouélessébougou et au Nord-Ouest par le cercle de Kita.

Après la délimitation, je me suis procuré des rensei- gnements statistiques auprès des services spécialisés; ce qui m'a permis d'avoir des informations sur l'évolution démographique de la région. Au moment de l'étude, la popula- tion totale s'élevait à 197.837 habitants, composées de plu- sieurs ethnies dont l'ethnie la plus importante est l'ethnie ~alinkéavec 60%, l'ethnie Bambara 37%, les Somonos 2% et les oe'ulhs 1%. Dans les renseignements statistiques, on peut distin- guer en région Haute-Vallée :

- 35 très gros villages de 1001 habitants et plus - 42 gros villages de 500 à 1000 habitants - 80 moyens villages de 201 à 500 habitants - 82 petits villages de 100 à 200 habitants

Ces renseignements ayant été réunis, un plan d'enquête a été établi en collaboration avec la Direction de l'Opera- tion du Développement Haute-Vallée. C'est ainsi que certains villages ont été choisis comme échantillon à étudier comme l'indique le tableau suivant : HAUTE, VALLEE Fig. 4 - VULGARISATION REPARTI TlON PAR SECTEUR 1 IPersonnes contactées individuel lernent DEMARCHE UTILISEE POUR L'APPROCHE DU VILLAGE

Les démarches prévues au sein des villages ne pouvaient se réaliser sans un contact préalable avec les chefs de vil- lage; ceci s'inscrit dans l'hospitalité et dans le respect africain. C'est pourquoi dans les treize villages que nous avons eu l'occasion d'étudier, les chefs de village ont été les premières personnes avec lesquelles nous avons entrepris des entretiens. Tout d'abord nous leur avons présenté le but réel de notre visite après quoi il nous ont fait l'histori- que et un tour d'horizon sur la vie dans le village. Cet entretien étant terminé, chaque chef de village convoque les anciens qui sont généralement ses conseillers et nous les a présenté en leur expliquant le but de notre séjour parmi eux. Après cette présentation aux anciens, une assemblée générale a été provoquée. Afin d'obtenir des renseignements précis en ce qui con- cerne la démographie, et le phénomène d'exode rural, des comptages ont été effectués au niveau de certain nombre de famille; ils ont été complétés par des entretiens avec les chefs de concessions.

LES RESULTATS DE L'ENQUETE ANALYSE SOCIO-ECONOMIQUE

Etude démographique

Elle a consisté d'une part en un recensement du nombre de personnes vivant autour d'un même chef de village, d'au- tre part en une analyse approfondie du phénomène d'émigra- tion qui sévit dans la région. Il a été constaté à cet égard que dans la plupart des villages enquêtés, le nombre des personnes absentes au niveau de chaque village s'élevait à 10 - 12 % de la population totale. Au cours de cette étude, certains chefs de famille nous ont indiqué que la plupart des départs des jeunes sont sus- cités par les parents " nos terres ne répondent plus a nos besoins de production, or il faut payer les impôts, les taxes de l'état, il faut bien que nos enfants sortent pour faire face à ces besoins " . D'un autre côté, ce phénomène d'exode s'explique par certains réflexes d'imitation et d'orgueil qui poussent les jeunes à faire comme les autres et à quitter pour un temps du moins le village natal et la cellule familiale. Etude des structures sociales

Cette étude avait pour but, d'approfondir nos connais- sances sur les moeurs et les coutumes. L'analyse de l'orga- nisation sociale présente un grand intérêt, et il était indispensable de l'aborder afin de pouvoir préciser les comportements socio-économiques. En Haute-Vallée, la cellule sociale de base est cons- tituée par la famille élargie. La production est organisée sur le mode communautaire avec notemment le champ collectif de la concession, s'y ajoutent également différents types d'exploitations qui représentent divers niveau de décision en matière de production ainsi que les champs indivisuels des femmes.

Analyse des associations traditionnelles et groupement d'entraide

Les seules associations traditionnelles existantes dans les différents villages et hameaux sont les associations des jeunes et les associations des chasseurs. Quelque soit la forme des associations, celle-ci joue un rôle très important dans le système de production. Pour ce qui concerne l'entraide, il arrive qu'un cer- tain nombre d'habitants se regroupe pour effectuer ensemble divers travaux champêtres chez chacun d'eux à tour de rôle; c'est ce que les Malinkés appellent le " LAMA ".

Les problèmes sanitaires

Aucune étude spéciale n'a été menée à cet effet, mais seulement une simple observation dans les villages qui ont fait l'objet d'une visite. Il ressort de cette observation que nombre de villages dans la région manquent d'infracstruc- tures sanitaires. Les personnes malades dans les villages ont souvent recours à la médecine traditionnelle ou son astreint à des déplacements à dos d';ne pour rejoindre les arrondissements où il peut exister un dispensaire ou une maternité. Ces déplacements n'encouragent pas les malades à se rendre dans les centres de soins, d'autant que ceux-ci manquent trop souvent de médicaments voire de personnels compétents. ANALYSE AGRICOLE

90% de la population de la région est rurale; son activité principale est l'agriculture. Dans le domaines des activités de production, les étu- des ont porté sur :

- L'inventaire des cultures pratiquées - L' importance de 1' élevage - L'équipement agricole - Le problème de fertilisation. La recherche agronomique - La formation Les cultures se regroupent en deux grandes catégories

- Culture sèche ou pluviale - Culture irriguée

Quelque soit la catégorie de culture, l'agriculture reste essentiellement céréalière; la culture de rente est peu pratiquée. La quasi totalité des céréales produites est destinée à la consommation familiale. L'arachide est pour une part commercialisée; pour une autre part, consommée: elle constitue un élément très important dans l'alimentation des Malinkés, mais reste cependant une culture de rente dont la population tire une partie de son revenu. A côté de l'arachide d'autres cultures de rente tels : le tabac et le coton peuvent être mentionnés. La riziculture autrefois très importante est en nette régression depuis la sécheresse des années 1970/1975.

L'élevage

L'élevage pratiqué est surtout l'élevage de case. Les animaux vivant en contact étroit avec les personnes à l'in- térieur des concessions, sauf dans certaines zones du sec- teur de Kangaba et une partie de Ouélessébougou ou le cheptel est plus important. Pour l'ensemble de la Haute- Vallée, l'élevage participe très peu à l'économie. Dans le cadre de l'opération Haute-Vallée du Niger, une action d'élevage est implantée dans le secteur de Bancoumana pour l'ensemble de la zone. Elle a pour but grâce a un encadrement sérieux de favoriser l'association agriculture-élevage et surtout l'embauche paysane. Les équipements agricoles

Dans la zone, le nombre des outils traditionnels reste élevé ce qui rend à perpétuer l'emploi de méthodes et de techniques agricoles archaïques. La daba reste le premier outil de travail de la terre. Il n'y a aucune amorce de mécanisation de l'agriculture, et la seule inovation impor- tante est la généralisation de la culture attelée. L'utilisation de la charrette, seul moyen de transport susceptible actuellement de se substituer au portage humain, n'est pas encore généralisée : on ne compte actuellement qu'une charrette pour dix concessions.

Les engrais et les amendements des sols

Cette étude permet d'apporter diverses précisions sur l'utilisation d'engrais aussi bien organiques que minéraux et d'apprécier le rôle de la recherche agronomique vis à vis de 1'Opération et jusqu'en milieu paysan. A première vue, seuls les champs des paysans pilotes reçoivent des fumures : ils servent de champs de démonstra- tion pour les autres paysans. L'absence ou la faible utilisation des engrais minéraux provient non pas d'une réticence des paysans à leur utilisa- tion, mais de la difficulté qu'ils éprouvent à s'en procurer et du coût de ces intrants.

Les problèmes fonciers

Au cours de cette étude de nombreux chefs et anciens des villages ont été interrogés. Ils ont répondu que la terre reste une propriété collective de la famille qui s'y est installée la première : elle exerce sur elle le droit tra- ditionel de propriété qui remonte souvent très loin dans le temps. Le fait intéressant relevé au cours de cette étude est que sur toute l'étendue du territoire, et dans aucun village nous n'avons jamais entendu parler de litiges fon- ciers; même s'il y en a, le problème est tranché par les lignages, les plus anciens du village qui sont propriétaires. On notera par ailleurs que du fait de l'étendue du ter- ritoire et des pratiques foncières coutumières, il n'y a jamais de vente de terre : lorsqu'un étranger veut s 'instal- ler dans le village, son hôte, en accord avec le chef du village lui procure un chan?, soit sur ses propres terres, soit sur les terres en jachère d'une autre famille. La formation

Le type d'encadrement mis en place auprès des paysans a été longuement discuté avec les villageois. Il découle de cette discussion que la sensibilisation des paysans au problème de modernisation n'atteint pas pleinement son but. Les principales difficultés se situent à deux niveaux.

Au niveau de la vulga~iha-tivn: il faut sensibiliser le paysan à la modernisation à partir de l'intérêt économique concret que lui-même pourra en tirer et ceci ne ressort toujours pas de façon suffisamment nette de la politique. agricole actuellement vulgarisée.

Au niveau de la doRma-tion : les encadreurs agricoles sont des jeun.es gens du village ayant suivi une formation dans un centre du secteur. Revenant dans leur village, l'Opéra- !ion Haute-Vallée leur confie un équipement et leur fournit a Prix réduit des engrais nécessaires à la culture. Ces encadreurs non salariés sont considérés commes des démons- trateurs au niveau des villages: ceci présente des avantages et des inconvénients : Avan-tage : Les villageois considèrent cet encadreur comme une partie d'eux-mêmes, ce qui lui permet d'avoir confiance .

1nc0nvEnien-t : ils le considèrent toutefois aussi comme une sorte de fonctionnaire: de ce fait différent de l'individu du village : ce qui fait que cet encadreur sera difficilement écouté. En matière d'alphabétisation fonctionnelle, l'action existe bien dans la zone comme partout au Mali, mais sa portée en milieu paysan reste, semble-t-il encore très limitée .

ENQUETE SUR LES CONSEQUENCES AGRICOLES DE LA CONSTRUCTION DU BARRAGE DE SELINGUE

La retenue créée par le barrage de Sélingué submergera une zone d'environ 415 km2 soit 41500 ha dont 10% représen- tent des terres cultivées. L'inondation du terrain va donc provoquer la disparition de certains villages, ce qui fait que les habitants de la zone inondée seront obligés, dans l'intérêt national, de tout abandoner (terre-habitation etc... ) pcur aller ç'installer ailleurs ou acceptent le regroupement avec d'autros villages. L 'enquête a donc eu pour but d'examiner : - Les conditions de déguerpissement de certains villa- ges, et d'indemnisation des terres expropriées. - Modalités de détermination directes des sites pour la construction de nouveaux villages. - Les problèmes de compatibilité socio-culturelle entre population des terres d'accueil et population déplacée.

1NTRODUCTI ON

LA REGIOIV : CARACTERISTIQUES GENERALES ET LIMITES

Comprise entre 11°30' de latitude Nord et 8O40' de longitude Ouest et dépendant administrativement du district de Bamako, la région de la Haute-Vallée du Niger est l'une des plus vastes régions agricoles du Mali. De forme trian- gulaire, elle couvre une superficie de 13200 km2, et du fait de sa situation morphologique et hydrologique, se présente comme une vallée encaissée entre les plateaux de grès plus ou moins hauts qui s'échelonnent jusqu'aux plateaux. C'est l'une des régions les mieux arrosées de la République du Mali : placée au coeur de la zone soudanienne, elle bénéfi- cie de deux saisons bien distinctes avec une pluviométrie de l'ordre de 750 à 1250 mm d'eau par an, soit 6 à 7 mois de saison sèche et 4 à 5 mois de pluviosité bien répartie sauf en période cylique déficitaire. Cette caractéristique climatique et comportement du réseau hydrographique ont une influence prépondérante sur le peuplement et l'économie de la région et font d'elle le deuxième grenier à riz de la République du Mali après l'Office du Niger. Cette réputation est sans doute quelque peu surfaite, il n'en est pas moins vrai que dans les années précédant la guerre 1939-1945, certaines zones de la région telles celles de KOUREMALE ont commercialisé d'importants tonnages de riz. Bien qu'elle présente a première vue tous les caractè- res d'une région homogène, là Haute-Vallée peut-être divi- sée en deux zones de culture que distinguent à la fois les formes de peuplement et la structure économique. D'une part la vallée du Niger proprement dite corres- pondant à des plaines inondables et où sont localisés les plus gros villages avec une concentration assez forte de la population pour la riziculture. D'autre part en bordure de cette zone inondable une zone dite sèche occupée par des villages et hameaux de cultures dispersées, où des produc- tions telles mil - maïs et fonio assurent l'essentiel de la subsistance et des ressources monétaires. Pour l'une ou l'autre zone, les caractéristiques démographiques globales sont assez voisines avec une importance plus grande de l'exode rural en zone de riziculture, dont les principales causes feront l'objet d'une étude.

RAISONS DU CHOIX D'ETUDE

Le problème du développement agricole de la Haute-Vallée comme celui de l'ensemble du Mali s'est posé depuis long- temps. Dès le début de la colonisation des tentatives ont été faites pour exploiter au maximum le potentiel agricole de la région : il faut bien reconnaitre toutefois que la plupart de ces actions se sont soldés par des échecs tant sur le plan économique que sur le plan social. Dans le mouvement actuel de transformation rapide qui se manifeste, et plus particulièrement en Afrique, des con- trastes sans cesse plus accusés se font jour entre régions d'un même territoire. La constatation de telles disparités conduit donc à orienter l'effort de construction nationale en fonction de la connaissance et de l'aménagement des es- paces économiques. Région de contraste recelant de bonnes potentialités de développement agricole, la aut te-Vallée du Niger connait actuellement, fautes de moyens et de perspectives, une régression économique qui pousse ses éléments les plus actifs vers l'exode. A cet égard, le premier objectif de la présente étude sera donc de déterminer la nature et l'ampleur des problè- mes socio-économiques de la région, et de formuler des pro- positions concrètes en vue de ressuciter un changement de comportement de la population régionale lui permettant d'ac- céder à des conditions de vie meilleures. Le deuxième abjectif de l'étuiie sera d'analvser les conditions nécessaires a la transformation de la Haute- Vallée en un vaste complexe-agro-industriel comparable à l'Office du Niger qui dans les décennies 1950-1960 à couvert plus de 38% des besoins en riz du Mali. La Haute-vallée du Niger ayant été, dès 1934 une des premières régions du Mali touchées par des éléments de mo- dernisation agricole, la population rurale est habituée à ce type d'action et est ouverte à l'inovation, ce qui est un facteur favorable pour hâter les transformations néces- saires . HlSTORIQLIE DU DEVELOPPEMENT

Comme il a été signalé ci-dessus, la modernisation agricole en Haute-Vallée du Niger a commencé depuis 1934, mais dès avant cette date, on note les premières apparitions de la charrue qui remonte à 1930 et dont les titulaires étaient les chefs de famille riche ayant acquis certaines expériences dans la traction animale à l'extérieur de la zone. Nous remarquons qu'à travers ces différentes dates, depuis fort longtemps, les premières tentatives du dévelop- pement économique et social ont été le souci des responsa- bles de l'ex-Soudan et ceux de la République du Mali. L'historique du développement de la région, peut-être globalement découpé en trois phases.

- Jusqu'en 1945 le développement éait conçu en fonction des deux objectifs : l'autoconsommation et ensuite l'appro- visionnement de la population travaillant sur les placers. - Phase du programme de mise en valeur des plaines rizi- cultivables.

Ce programme de mise en valeur des plaines rizicultiva- bles prévoyait l'aménagement d'une superficie de 4100 ha. A son départ il ne concernait que les plaines de la rive gau- che par le fait qu'elles étaient beaucoup plus favorisées du point de vue des ressources en eau. Les travaux d'aménagement hydro-agricole ont été éxécu- tés à Bankoumana et Kéniéroba de 1947 à 1960 et ensuite se sont poursuivies simultanément sur toutes les autres plaines. Le financement des travaux d'aménagement et d'équipement de traitement (rizerie de ) est effectué par la FRANCE dont une partie sur crédit F.I.D.E.S. (Fonds d'Investisse- ment pour le Développement Economique et Social) et une autre partie sur crédit F.E.R.D.E.S. (Fonds dlEquipement Rural pour le Développement Economique et Social). L'originalité du financement était d'exiger des popula- tions rurales une contribution en main d'oeuvre évaluée à 30% de la valeur des travaux à effectuer.

- La troisième phase de ce développement à vu le jour lors de l'accession du Mali à 1'indépendance le 22 Septembre 1960.

A la suite des études générales LEYNAUD-ROBLOT effec- tuées en 1969/1960 qui comportaient des études géographiques, botaniques et pédologiques, le Mali a décidé en 1964 de créer un organisme de développement à caractère régional appelé D.R.D. dont la responsabilité a été confiée au gouverneur de la région de Bamako en qualité de maitre d'oeuvre délégué. Cet orqanisme a pris ;on départ en Juillet 1365 pour une pha- se préliminaire àe 18 mois grâce à un financement F.A.C. (Fonds d'Aide et de CoopSration). Cette phase a permis de mettre en route le début d'un aménagement du bassin versant du BARRARO, de développer la culture du coton, d'améliorer l'aménagement du casier de KRINA, de mener des actions de protection sanitaire du bétail, d'améliorer l'équipement des agriculteurs des zones intéressées. Cette première pha- se a été suivie par une phase transitoire qui visait :

- L'intensification de l'encadrement qui a permis la vulgarisation concernant la fabrication du fumier de ferme afin d'initier les paysans à certains amendements du sol; malheureusement les résultats furent maigres à cause de plu- sieurs obstacles qu'entrainaient cette politique tels que :

Les réserves de pailles se trouvaient brûlées par les feux de brousses

L'entretien des fosses fumières représentait un travail journalier contraignant pour les populations n'ayant jamais pratiqué l'élevage.

- L'implantation de la culture attelée permettant la culture modernisée du mil dans le cadre d'un système d'asso- lement et rotation quadrienal (coton-mil-arachide-mil) . A cette occasion des prêts d'équipement ont été octroyés qui engageaient les paysans dans la culture commerciale (coton- tabac) . - Lancement d'actions expérimentales en matière de tabac et de culture maraichère.

Compte tenu des résultats satisfaisants obtenus, le Comité Directeur du F.A.C. a accepté d'accorder un finance- ment complémentaire de 24 mois. Cette phase dite phase élar- gies visait à étendre à toutes les parties accessibles de la Haute-Vallée les actions de développement rural menées avec le concours du B.D.P.A. Le financement F.A.C. a pris fin en 1970, et l'Opération de développement rural est pri- se en charge à 100%par le Mali à part l'action tabac indus- triel financée par le F.E.D. sous forme de deux programmes. Le premier va de 1970 a 1971/1972, le second de 1972 à 1974/1975. Les objectifs principaux de ce projet étaient d'une part la production des tabacs bruns adaptés au goût des fumeurs maliens, d'autre part d'amener progressivement la production à 300 tonnes par an de façon à satisfaire les besoins de la SONATAM et voire envisager l'exportation. Par ordonnance (l), les différents organismes du déve- loppement à caractère régional étaient transformés en Opéra- tions de développement. Le decret No 117/PG-RM du 16 Septembre 1972 portait en application de cette ordonnance : Organisation de l'Opération Haute-Vallée du Niger. Celle-ci placée sous la tutelle du Ministre du Développement rural, dépendait de la direc~ionnational de l'agriculture dont elle représentait une des Givisions.

(1) no 22/CMLN du 16 Mars 1972 PLACE DE L'AGRICULTURE DANS L'ECONOMIE REGIONALE

Depuis de longue année, le problème de développement reste le souci majeure de certains peuples. Aujourd'hui ce développement fait 1' objet d ' une grande question dans un premier temps une priorité véritable est accordée aux ac- tions de développement rural dont la finalité vise à une amélioration de la production vivrière et une augmentation des revenus monétaires des peuples qui sont sujets du sous- développement. Dans 1 'espoir d'aller plus vite, certains pays sous- développés ont porté tous leurs efforts sur le développement industriel considéré comme le facteur prépondérant en un développement économique et social, 1 ' agriculture était considérée par eux comme le symbole du sous -développement mais ces pays qui ont lancé un peu trop vite une politique d'industrialisation ont constaté que le progrès industriel était freiné par l'insuffisance de développement agricole donc par une absence d'un marché intérieur qui ne permet pas à une industrie naissante d'être viable. Le développement agricole qui est un secteur de l'éco- nomie globale doit jouer un rôle original dans les pays en voie de développement. En Haute-Vallée quand on regarde le problème de ce point de vue, on constate que près de 90% de la population active et rurale et que l'agriculture es- sentiellement du type traditionnel occupe une place de choix dans son économie. On ne peut donc envisager un développe- ment économique en mettant à l'écart la population rurale nettement majoritaire et en ne centrant pas une grande par- tie des efforts vers la transformation des pratique agrico- les traditionnelles. Comme l'a montré P. VIGUIER (2) " le rigide système patriarcal traditionnel, ne représente pas non plus un con- texte social propice a l'évolution du problème paysan " et il ajoute " il est évidemment impensable que l'on puisse promouvoir une rénovation complète de l'agriculture en se passant de l'élément la plus dynamique de la population celui qui représente l'avenir de la nation : la jeunesse ". D'un autre côté comme l'a écrit DUPRIEZ H dans son livre " Les paysans de l'Afrique Noire ". Il n'y a pas de civili- sations développées ou sous-développées; il y a des cornrnu- nautés d'hommes qui appartiennent à l'un ou autre système de référence. Il n'y a donc pas de critère de développement universel, mais 1' évolution des peuples dans leur milieu propre. Il importe que l'activité de la population agricole dans son ensemble marque des progrès constants pour- que les efforts ne soient pas que des simples efforts de subsistan- ce.

(2) VIGUIER (P) L'Afrique de l'ouest vue par un agriculteur. La maison rustique, PARIS 1961

PREMIERE PARTIE

CARACTERISTIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES DE LA REGIOW

Comme toute contrée habitée du monde, la région étudiée doit à son histoire certains traits de son système d'écono- mie agricole, mëme si celui-ci présente des ressemblances avec ceux d'autres régions tropicales à potentialités compa- rables. Le voyage d'étude que je venais d'effectuer en Haute- Vallée en 1978, pour mieux connaitre cette région, m'a per- mis de constater que l'agriculture restel'activité essentiel- le de la population et constitue de ce fait la base de l'éco- nomie régionale. Il parait donc nécessaire de situer les activités de l'agriculture et les transformations socio-éco- nomiques, encore dans le milieu naturel qui les conditionne. Cette agriculture dépend d'une multitude de facteurs qui dé- terminent son évolution. Le principal facteur est d'ordre climatique, il est caractérisé par l'irrégularité du régime de précipitation et sa conséquence : la précarité de la pro- duction, s'y ajoute l'érosion qui dégrade les sols et les appauvrit. Les entités agraires et sociales basées sur les terroirs, des villages dont les occupants ne disposent pas de moyens particuliers pour maitriser les aléas de la pro- duction annuelle. D'après les souvenirs des habitants les plus âgés des villages Malinké, il apparait que l'organisation de la pro- duction, reproduit celle qui existait au début du XXè siècle tout au moins en ce qui concerne les cultures vivrières. Elle n'est dont pas un phénomène récent, et res& dominée par les cultures de subsistance. Celles-ci conditionnent la survie de cellules sociales traditionnelles composées d'indivus qui entretiennent des rapports de parenté, et qui lace es sous l'autorité d'un homme éminent, vivent groupés sur un même espace commun, où se déplacent ensemble. La principale carac- téristique d'une telle société est d'arriver à satisfaire tant bien que mal ses besoins alimentaires. Le groupe de tra- vailleurs constituant la famille produit ensemble la presque totalité des biens nécessaires à perpétuation et à son ac- croissement, à partir des ressources naturelles qui sont à sa portée. Les procédés et les moyens de culture sont très rudi- mentaires et vont de pair avec des pratiques culturales ar- chaïques telles les jachères prolongées qui caractérisent une culture itinérante. Mais aux yeux des ~alinkés(paysans), ce sont les solutions les meilleures puisqu'elles permettent de conserver un certain équilibre entre l'homme et la terre. L'accessibilité à la terre pour tous, la simplicité des moyens de production, la division du travail en fonction du sexe et l'âge, ainsi que la distribution des biens vivriers selon la hiérarchie sociale, constituent d'autres traits fondamentaux de cette économie. Le problème essentiel des paysans de la Haute-Vallée du Niger est d'assurer la survie du groupe : l'économie est au- tarcique et la part de la production disponi3le pour les échanges est faible. Les réserves vivrières de la récolte précédente sont souvent insuffisantes pour permettre la sou- dure, ce qui oblige les gaysans à sratiquer ?es cultures complémentaires en début de carripagne agricole. Fermée sur elle-même, cette économie de subsistance pratiquée sans autre moyen, que le travail familial et l'ou- tillage traditionnel n'autorise pas l'ensemencement de gran- des superficies; même le développement des cultures comrner- ciales (coton-arachide-tabac) ne permet de ce fait que de revenus monétaires très faibles . Au cours de cette étude que nous présentons, nous amé- nera à préciser d'abord :

LES CARACTERES ESSENTIELS DU MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN

ASPECT PHYSIQUE

Si.tua$ion geogfiaphique : la région étudiée est comprise entre Bamako et la frontière de Guinée d'une part et entre les monts Mandingues et les cercles de YANFOLILA et BOUGOUNI, d'autre part (8O40 de longitude Ouest et 11°3C de latitude Nord, superficie : environ 13200 km2.

Le fieLie6 : des oppositions bien marquées, correspondent aux différences géologiques. Des schistes, et quartzites birrimiens s'étendent au Sud de la zone étudié (Naréna - s ou rem ale - Kéniègué), des granito-gneiss en occupent le centre (SIBY, BANKOUMANA et KENIEROBA) et les grès des monts Mandingues atteignent le fleuve au Nord de KRINA, ces divers ensembles correspondent au relief du plateau et des plaines.

L'hydfiugfiaphie : par contre est très simple. La région est traversée par le fleuve du Niger et drainée par de nom- breux cours d'eaux, affluent dont les principaux sont le , le FIE et le KOBA. La vallée du Niger offre des ressources supplémentaires à la production agricole de la région. Mais le fleuve est doté comme ses affluents d'un régime irrégulier avec de forte crue; cet ensemble permet soit l'irrigation, soit les espaces atteints par l'inonda- tion, des cultures inondées ou de décrues (riz-maïs-tabac) . Cette particularité de l'hydrologie de surface, facilite des communications entres les riverains par le fleuve, mais pose de nombreux problèmes 2 la mise en valeur, connue à l'habitat des villageois riverains des cours d'eaux.

Lea auen : la structure géologique de la région essen- tiellement sédimentaire, combinée avec les phénomènes de submersion périodique offre une grande diversité de nature des sols. Quant aux p~sçibilitesde cultur2 on distingue trois classes principales de sol qui seront décrites plus loin. ClimaZ : typiquement soudanien et soudano-préguinéen est caractérisé par une saison sèche prolongée d'Octobre à Mai et une pluviométrie moyenne de 800 à 900 mm avec 67 à 70 jours de pluie, selon les zones.

La vZgZZaZian : sur ce climat le type géngral de végé- tation correspondant à la savane arbustive mais les asso- ciations varient localement.

ASPECT HUMAIN

A la diversité physique s'ajoute la diversité etnique et l'inégale répartition de la population. Cette Haute- Vallée du Niger porte une popuiation de 245.000 habitants sur 13200 km2 soit une densité moyenne de 18 à 19 habitants au km2. Les densités les plus fortes se rencontrent sur les zones inondées (dont les sols hydromorphes permettent la riziculture et certaines cultures commerciales " tabac "1.

Répartiticn ethnique

Le carrefour de migrations que fut la Haute-Vallée explique la densité ethnique, mais aujourdh'ui les difficul- tés économiques de cette région y attirent peu d'étrangers. Le fond dominant est constituté par les Malinkés dont les villages se rencontrent de Bamako à la frontière de la République de ~uinée,on trouve aussi des Bambara cultiva- teurs, des Peul éleveurs et, sur les rives du fleuve des Somonos pêcheurs. L'histoire et la configuration de cette contrée açsu- rent à ce peuplement composite, une sorte d'unité dans la diversité. Le trait commun est le maintien des traditions plus qu'ailleurs peut-ëtre au Mali. Coutumes et particularismes marquent encore l'exploitation du sol.

LES DONNEES ECONOMIQUES

Elles se rapportent à l'agriculture et à l'élevage et a tout ce qui y touche. Nous tenterons un bilan de situa- tions :

- Situation de forme traditionnelle - Situation dans les essais de modernisaticn

A travers l'activité sociale et économique, très dé- pendante de facteürç naturels, nous tenterons de déçager les potentialités économiques. Jusqu'ici ces populations subsistent en produisant ce qu'elles consomment; toute leur àctivité reste axée sur les cultures susceptibles de satisfaire leurs besoins. Il y a donc entre milieu naturel et milieu humain une série de re- lation qui aboutissent au mode d'exploitation du sol. On peut définir celui-ci comme l'ensemble des méthodes mises au point par un groupe humain pour tirer du milieu sa sub- sistance. Ce système très au point permet à la population de tirer un maximum de produit d'un minimum d'efforts. Pour ne pas rompre cet équilibre, le gouvernement s 'est engagé dans un processus d'éducation des paysans avec des formes d'encadrement et en fixant des objectifs d'opération entre autres choses.

CONDITION ET PERSPECTIVE D'UN DEVELOPPEMENT REGIONAL Il s'agira d'analyser les potentialités qui justifaient la possibilité d'augmenter le niveau de vie du paysan. Tout programme d'action devrait ëtre basé sur l'augmentation de la production et, dans ce but, sur une organisation judi- cieuse de la zone d'intervention. La multitude des paysans dont le pragmatisme reproduit un système cultural éprouvé par l'expérience, consacre la plus grande partie de son activité à la production vivrière et peu de temps à des cultures commerciales. Tels sont les faits qu'il nous faut examiner dans tous leurs aspects. Nous essaierons de faire, à partir de certai- nes critiques des propositions tournées vers les espoirs de progrès des paysans Malinké. CHAPITRE 1

CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES ET AGRICOLES DE LA RÉGION

FACTEURS PHYSIQUES Situation géographique générale De toutes les régions naturelles du Mali, la Haute- Vallée est celle qui offre le contour géographique le plus précis. Elle correspondait aussi au coeur de l'ancien empi- re du Mali. Comprise entre 11°30 et 13O de latitude Nord et 8O45 et 7O 45 de longitude Ouest, elle touche la frontière de Guinée au Sud-Ouest. Compte-tenu de la nouvelle extansion de la région prévue pour étendre l'encadrement, l'actuelle Haute-Vallée du Niger est limitée au Nord-Nord-Est par le cercle de KOLOKANI, à l'Est par le cercle de , au Sud par le cercle de YANFOLILA, au Sud-Ouest par la Républi- que de Guinée, au Sud-Est par le cercle de BOUGOUNI et au Nord-Ouest par le cercle de KITA (Cf: Fig. 4 - Carte). Cette région regroupe en 1980 une population de 245.000 habitants sur une superficie de 13200 km2, soit une densité moyenne de 18,5 habitants au km2. Une forte émigration tou- che la classe d'âge des jeunes de 15 a 25 ans, qui repré- sente encore 24,2% des effectifs de la population totale. La Haute-Vallée du Niger se présente comme une région relativement homogène du fait de sa situation géographique et historique. Du point de vue morphologique et hydrogra- phique elle a l'aspect d'une vallée encaissée entre des ta- bles plus ou moins hautes de grés qui s'échelonnent jusqu'au plateau des monts ~andingués: les rebords de ce massif gré- seux, déchiquetés par l'érosion ou par des cheminées de fées, dominent les pentes couvertes d'une végétation abon- dante. L'allule générale du relif est caractérisée par un système tabulaire étagé en marches d'escalier. Le Niger qui la traverse du Sud-Ouest au Nord-Est, coule entre ces sys- tèmes terrasses ce qui détermine deux zones agricoles qui s'opposent : le plateau correspond à ce qui est appelé tra- ditionnellement la zone sèche où s'installent généralement les cultures vi7jri5res type'rnil - sogho, la zcne du fleuve inondée, convlent aux culturss irriguées principalement le riz. tivt, ctc

I zn 1,.

- .Grès série de Nara

+ + Granito-gneiss (socle antécambrien)

\ Grès série Koui~uba

Alluvion quaternage

Grès paléozo i'de ___L

Série de Sot-uba

IIIIIII~ I\I~I~I~I~I~I/Mica schiste birrimien '~i~i~'~'~i~'~(Précambrien moyen)

...II, -++++t Granite du baoulé -+++++ Aperçu sur la formation géologique La aut te-vallée s'intègre en majeure partie dans le bassin hydrographique de SIGUIRI (République de Guinée) à morphologie tabulaire. Les études de terrain menées par la mission LEYNAUD- ROBLOT (WOILLET Jean-Claude 1961) dans la région ont montré que les principales formations géologiques étaient essen- tiellement constituées par les faciès suivants : Les granito-gneiss du précambrien inférieur traversés de venues diverses, (dolorites, roches vertes) se localisent dans la partie moyenne de la région. " Les granito-gneiss sont recouverts d'argiles latéritiques assez imperméables en général. Entre l'argile et la roche mère, on rencontre des arènes granitiques perméables qui sont mises à nu fré- quemment sur les pentes " (Monographie hydrologique du bassin du Niger - ORSTOM p. 11). La nature de ces argiles donnerait lieu à des phénomènes de ruissellement intensif si la couverture végétale n'était pas particulièrement dense dans ces zones. Entre les confluents du MAFO et du SANKARANI, le Niger coule sur les schistes et mica-schistes du précambrien moyen (birrimien). Ils forment une longue bande Nord-Sud entre le SANKARANI et le BAOULE et se poursuivait sous le cours moyen du BAOULE et presque tout le cours de la BAGOE. Cette région birrimienne est dans l'ensemble plus fer- tile que la périphérie, parce qu'elle comprend de nombreux sols basiques plus riches en éléments minéraux et particu- lièrement en calcium. Les grès contiennent parfois des intercalations schis- teuses : Les formations sub-horizontales bordent le bassin au Nord-Ouest et au Nord-Est et couvrent les parties les plus septentrionales du bassin du Niger, tandis que les grès du plateau Mandingue sont remaniés et se présentent sous forme de conglémerats. Les formations quaternaires sont constituées essentiel- lement par les alluvions des vallées. Le lit majeur des cours d'eau importants, comporte surtout des argiles et des limons avec des couches où des lentilles rarement épais- ses de sable et de graviers, le tout offrant en général des possibilités de rétention en eau assez faibles. Il est in- téressant de noter que dans ces alluvions du lit majeur on rencontre un horizon de concrétions essentiellement ferru- gineuses à un niveau compris entre celui des basses et des hautes eaux. Il s'agit de carapaces latéritiques en forma- tion; le lit apparent est recouvert généralement de sable à grains assez gros, devenant plus fin dans la partie infé- rieure du lit. (Cf: Fig.5 - Carte de ces quelques formations) Climat Le climat de la Haute-Vallée d'après la classification établie par le service Météorologique National est à cheval entre deux régimes : l'un dit soudanien (secteurs BAMAKO et de OUELESSEBOUGOU), l'autre appelé parfois soudano-prégui- néen qui intéresse les secteurs de KANGABA et BANKOUMANA. En général ce climat est essentiellement marqué par deux saisons l'une sèche (Novembre à Mai) l'autre pluvieuse. L'harmattan vent continental desséchant soufflant du Nord- Est s'installe progressivement à partir de la fin Novembre il règne sans partage jusqu'à la fin de la saison sèche. Celle-ci comprend cependant deux périodes distinctes l'une froide (mi-Novembre à mi-Février) l'autre beaucoup plus chaude (Février - Avril). La saison humide à partir de mi- Mai, débute par une série de tornades fréquentes en Juin, qui annoncent le début de l'hivernage. Certaines années ces débuts d'hivernage sont entre-coupés de phase d'arrêt de pluies aux conséquences parfois graves sur le bilan de la production. Si des plantules se flétrissent, les rendements sont diminués. Pourtant, dès les premières pluies, les pay- sans se hâtent d'ensemencer, sans tenir compte du risque d'interruption de la pluie qui peut durer 15 à 20 jours. Ce faux départ de la végétation oblige certains paysans à re- semer, sur les manquants, ou même tout le champ dans l'es- poir que la fin de la saison pluvieuse ne surviendra pas trop tôt. La réussite d'une année agricole, tient donc à une bonne répartition de pluies au cours d'une unique cam- pagne agricole. De ce fait, les conditions climatiques exercent de fortes contraintes sur l'organisation des acti- vités de production de la société ~alinké.Les travaux agri- coles doivent être effectués dans un délai tres court imposé par un régime pluviométrique irrégulier en longueur utile, par rapport aux cycles des plantes cultivées. Il en résulte des goulots d'étranglement dans les activités paysannes, quant aux surfaces à ensemencer tres vite; c'est en fonction de ce double impératif de délai et de superficie que les risques rendent les résultats des récoltes aléatoires, en rendement et en quantité. Les paysans pour mieux préciser leur calendrier agri- cole ont pu distinguer au sein des deux grandes saisons (pluvieuse et sèche) cinq termes de subdivision, (trois pour la saison pluvieuse, deux pour la saison sèche).

Said an pluvieua e : Les paysans distinguent trois moments : SAMIA-DOUNDA (en gros Mai-Juin) signifie le début de l'hivernage où les premières pluies humidifient le sol, ou- vrent la période des travaux gré2aratoires des champs : dessouchage, défrichement et labour etc.. . SAMIA (Juillet-Septembre) c'est la saison pluvieuse proprement dite où l'on assiste à une régularité des pluies avec de grosses averses. C'est le moment que le paysan ac- cueille avec joie, suivant l'importance des pluies, il ex- plique " le feu attaque le champ, il faut vite courir pour limiter les dégâts ". Cela veut dire précisément, qu'étant <.onné 1'importance des pluies, il faut faire le maximum de travaux d'entretien pour que ces eaux approvisionnent au mieux les cultures.

THIO-TH10 (mi-Août-septembre) c'est la période des pluies fines régulières qui peuvent durer toute une journée parfois même toute une semaine. Si les champs bénéficient de ces pluies fines rapprochées dans le temps, par contre elles peuvent être très défavorables aux habitations. La plupart des constructions sont des cases rondes aux murs de terre battue avec un toit fait de paille et de bambous. Ces cases sont facilement détruites en contact prolongé de l'eau.

KAOULE (mi-Septembre-Octobre) saison chaude et humide avec une diminution de la pluviosité. On dit que le soleil est rouge. Les travaux agricoles ralentissent eux aussi, mais les paysans se livrent alors à d'autres activités tel- les que le jardinage, et le vanage des grains dès leur ré- colte. C'est la période de grande affluence sur les marchés villageois.

TLEMA (fin Octobre a Mai) est divisé par les Malinkés en trois périodes distinctes.

- FONBODA : (fin Octobre-Novembre) c'est la saison in- termédiaire, tempérée avec un réchauffement progressif. Elle se caractérise par la fin de l'hivernage et la rentrée des récoltes dans les greniers. A cette période certains paysans mieux avertis de la rentabilité de la fumure, procèdent à un enfouissement des chaumes (utilisation des matières vertes); d'autres par contre se livrent au nettoiement complet du champ, surtout dans les zones cotonnières.

FONENE : (début Décembre a Février) c'est la saison froide; à cette période, l'harmattan souffle toujours dans la mëme direction. De jour comme de nuit, la température semble constante. C'est la période au cours de laquelle les paysans aiment s'assembler autour d'un feu de bois, soit dans leur case, soit au milieu de la cour de la concession (Lou). Les activités agricoles sont très ralenties.

TARA : (Mars a Mai) Tara en Malinké signifie sueur. C'est la période la plus chaude, sans pluies, au cours de laquelle 1' alimentation du bétail devient critique; même les humains souffrent du manque d'eau. Les maladies comme la méningite cérébro-spinale, le choléra etc.. . sont beaucoup plus fréquentes. La répartition : Il y a des stations de mesure dans les quatre secteurs. Celle de BAMAKO AERO, seule enregistre des données clirnatologiques conpletes. Dans les trois autres sec- teurs, on ne dispose que de données pluviométriques: dont les séries remontent plus où moins de 30 ans. A KANGABA, une quarantaine d'années (ouverture en 1935) pour les secteurs de BANKOUMANA et OUELESSEBOUGOU plus d'une vingtaine d'années. Pour ces différents postes il est difficile d'apprécier le caractère de la saison sèche sur des valeurs moyennes. Dans le cas général, les trois mois, Janvier-Février et Mars cor- respondent à la période très sèche, sauf parfois en Février où même en Avril, une faible averse (10-30 mm) que les pay- sans dénomment " pluies des mangues ". Les conditions écologiques, liées à la durée de la pé- riode pluvieuse du Nord au Sud. Le climat sahélo-soudanien typique est représenté par les secteurs OUELESSEBOUGOU et BAMAKO avec une portion du secteur BANKOUMANA (après le vil- lage DJOLIBA), on passe progressivement dans les secteurs BANKOUMANA et KANGABA jusqu'a la frontière Guinéenne (KOUREMALE) au climat soudanien typique. Les premières pluies y tombent presque toujours en Mai, en fait de Mai a Juin, du Sud au Nord, c'est de Juillet a Septembre que règne la pleine saison des pluies, leur arrêt intervenant plus tôt dans le Nord. En résumé notre région connait 6 à 7 mois de saison sèche et 5 a 4 mois de pluies rapprochées. La pluviométrie moyenne annuelle varie de 1300 mm a 850 mm sur 90 a 72 jours. c près la moyenne calcu- lée sur 18 années (1961-1978), il tombe environ 1161,7 mm a KANGABA contre 1016,7 mm a OUELESSEBOUGOU (370 m et 356 m d'altitude), les autres stations étant à la même altitude, les stations de secteurs BANKOUMANA (336 m d'altitude) et BAMAKO (332 m) ne reçoivent respectivement que 945,s mm et 1040,9 mm. On remarque cependant qu'aux abords de la falaise, limitant les monts Mandingues dans la partie Sud, les hau- teurs annuelles atteignent 1350 mm en moyenne. D'une manière générale, le maximum des précipitations se situe en ~oût,partout, mais la saison des pluies se rac- courcit a mesure que l'on se dirige vers le Nord. Le graphique pluviométrique de certaines stations, mon- tre quelques anomalies. A BAMAKO, les précipitations sont presque aussi élevées en Septembre qu'en Août. Les pluies plus faibles à BANKOUMANA (jusqu'en Septembre-Octobre) qu'à BAMAKO, situées a peu près a la même altitude, mais décalées en latitude. (Cf: Fig.6 - Pluviométrie de la région).

Pour connaïtre le caractère des précipitations au cours de l'année, nous nous sommes référé au relevé quotidien de la station de BAMAKO, ASECNA. Les observations de la pério- de 1975-1978, relèvent de fort contrastes, du très fort déficit à l'excédent par rapport à la normale. Les grosses pluies en Juin-Juillet et Août-Septembre, sont généralement des averses orageuses liées au passage de grains. C'est en Août que les hauteurs journalières sont les plus fortes, car il s'agit des pluies de tornade plus régu- lières, la tension de la vapeur étant proche de la satura- tion. Les bruines sont alors assez fréquentes dans, les sec- teurs plus typiquement soudaniens. Un exemple : pourcentage de différent type de précipi- tations BAMAKO-ASECNA en 1965

l Juin Juillet Août Sept. Octobre

Averse 83% 5 7% orageuse

Pluies 17% 29% 44% 32% 49%

Bruines 14% 2 4 % 5 % 4 %

Tableau 2

Nous ne disposons pas de renseignement sur les intensi- tés par minute ou par heure, puisque aucune des stations de la région n'est pas encore équipée de pluviographes enregis- treurs, sauf BAMAKO Ville. Ainsi a BAMAKO on a noté qu'à la date du 27 Août 1954, une pluie de 135 mm tombée surtout à 14 h 30 avait une intensité maximale de 150 à 200 mm à l'heu- re. Un calcul des intensités moyennes mensuelles des préci- pitations a KATI, a la latitude de BAMAKO montre qu'elles varient entre 3,2 et 4, 8 mm à l'heure d'un mois à l'autre. Ces moyennes assez élevées, suggèrent des ruissellements importants et leur conséquence le ravinement dâns les roches peu résistantes, et le sol ameubli des champs.

- Irrégulatité inter.annuelle

Les variations interannuelles des précipitations sont grandes, ainsi que l'indique le tableau ci-après. Il nous a paru intéressant de comparer pour quatre stations, les pré- cipitations mensuelles traduites en quintilepour une pério- de de 18 années (1961-1978). Les stations sont classées se- lon leur position en latitude (voir tableau pluviométrique) . Les valeurs limitespermeftent ainsi de caractériser la plü- viométrie de chaque année, les records supérieurs et infé- rieurs indiquent les variations. Le classement de précipitations annuelles par quintile montre aussi que l'irrégulatité des pluies s'accroit du sud vers le Nord, si 1 'on considère la moyenne annuelle comme égale à 100%, les maxima et minima (records supérieurs et inférieurs) ont varié pour la période 1961-1978 dans les proportions suivantes : a BAMAKO 128% et 69%, à BANKOUMANA 124% et 70%, a OUELESSEBOUGOU 133% et 63%, à KANGABA 144% et 73%. En comparant les chiffres des stations de KANGABA et OUELESSEBOUGOU ou BAMAKO, on contacte que les variations sont plus fortes à KANGABA. La figure des taux mensuels exprimés en quintile de la distribution des valeurs 1961-1978, pour les quatre stations permet de voir que les fluctuations des hauteurs annuelles, se manifestent de façons diverses. En d'autre terme, une année n'est pas partout la même. Prenons un exemple, l'année 1963 qui a été très déficitaire à BAMAKO et BANKOUMANA, et tres excédentaire a OUELESSEBOUGOU, normale a KANGABA. Mais l'année 1964 a été partout très excédentaire. L'année 1971 a été contrastée, nous pouvons dire que c'est à partir de cette année là, que la grande sécheresse qui a sévi en Afri- que sahélienne (1972-1975), n'a pas épargné non plus notre région d'études, et ont été des années très difficiles pour les paysans Malinké. Les trois dernières campagnes agricoles (1976-1977-1978) ont été marquées par un régime pluviométrique très défici- taire les pluies trop faibles en Août et Septembre. On note par ailleurs que des différences aussi sensibles rendent impossible l'établissement des comptes prévisionnels des exploitations agricoles: en l'état actuel des cultures, par conséquent émigration saisonnière (Cf: infra). Effectivement à ces dernières années de campagnes, on enregistre une chut- te de rendements par rapport aux années voisines (Tabl. de Rdt) . L'examen du tableau de taux mensuels en quintile, fait ressortir les tres nombreuses périodes sèches qui ont jalon- né, pendant une année agricole, compliquant à mesure la tâ- che du paysan et, pour finir annihilant ses efforts. Enfin, on peut remarquer, que si les pluies sont trop importantes pour une année agricole, provoquent des asphy- xies des semis, qui stoppent le développement de la végéta- tion. A l'inverse si les pluies sont trop irrégulières ou faibles, elles ne permettent pas non plus un bon développe- ment des cultures. - Relevé pluviométrique des quatre stations. (~ig.6 ) - Taux mensuels exprimés en quintile de la distribution, valeur 1961-1978 (~abl.3 - 4 - 5 - 6) Zig. 3 - PLUVIOMETRIE (normale 1961-1978) DE LA REGION

Bankourncna ( 12' 12 latitude, 336 m d'altirude)

Oueless~bougou( 1 1 - 59 latitude, 356 m d'altitude)

aamako ! 12 38 'atitude, 332 m d'altitude) Tableau 3 RELEVE PLUVIOMETRIQUE OUELESSEBOUGOU 1961-1978

Année (total de Mai Juin Sept. Octobre mars nov.,

Moyenne en mm

RAPPORT A LA MOYENNE 1%)

Tableau 4 RELEVE PLUVIOMETRIQUE KANGABA 1961-1978

. . Année (total de Mai Juin Juillet Aoirt Sept. Octobre mars a nov.,

Moyenne en mm

RAPPORT A LA MOYENNE 1%) 1 96 1 196 96 7 7 88 140 10 1962 101 102 76 84 73 10 1963 64 60 105 76 89 26 5 1964 32 161 131 187 114 3 7 1965 23 140 82 107 136 67 1966 30 85 90 113 226 249 1967 57 1 26 7 1 1 24 84 39 1968 139 64 141 50 74 63 1969 133 122 91 5 5 130 168 1970 212 53 84 139 80 28 1971 25 94 101 109 66 7 1972 136 7 7 82 115 4 1 8 1 1973 a7 110 82 118 40 170 1971 9 5 89 lil 73 - 7 1975 216 127 186 128 65 113 1976 110 39 11 1 56 64 263 1977 139 90 72 107 21 1 116 1978 3 5 1 26 93 63 5 7 -

: maxlma et minima Tableau 5 RELEVE PLUVIOMETRIQUE B AM A KO 1961-78

Année (total de Mai Juin Juillet Aoht Sept. Octobre mars à nov.,

Moyenne en mm

RAPPORT A LA MOYENNE (%)

Tableau 6 RELEVE PLUVIOMETRIQUE BAN KOUMANA 1961-1978

Année (total de Mai Juin Juillet Octobre mars à no":)

Moyenne en mm %

RAPPORT A LA MOYENNE (%) 98 59 109 140 7 73 103 84 73 79 60 8 5 86 90 220 152 69 145 11C 2 5 170 6 2 73 130 89 80 54 111 227 136 1 54 1 06 102 84 30 83 185 50 75 77 - 124 74 130 213 3 1 1O1 127 80 17 94 107 160 66 5 9 1 84 63 41 1 55 60 48 119 40 76 36 192 140 - - 113 219 124 65 48 7 7 102 64 64 327 103 1O1 92 211 97 166 80 69 57 92

- - - -

' : maxima et minima MAI JUIN JUILLET AOUl SEPT OC1 ANNE€ Il.otJI& "tan 1 nor l MAI JUIN JUILLEI AOUT SEP1 Fo

LUh" A

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C

A.- STATION BAMAKO i3 -STATION BANKOUMANA C -- STATION OULESSEBOUGOU O-STATION KANGABA

licilaire 30 quintile notmnl (i 10 % de Ir rnoveni~c) b quiniih eic~deiaiie 5e quintile trbt exddsntaire

TAUX MENSUELS EXPRIMES EN QUlNTlLE DE LA OlSlRlBUTlON -VALEURS 1961-1970 Pour préciser les variations thermométriques au long de l'année, nous ne disposons que de deux stations : BAMAKO représentative du climat sahélo-soudanien et KANGABA du cli- mat soudano-préguinéen. La température moyenne annuelle varie peu selon les saisons, alors que les écarts diurnes sont très sensibles. Pour l'agriculture, la connaissance des moyennes de maxima, aux températures diurnes, importe d'avantage, car elle est synonyme d'évaporation, de dessèchement. C'est là, que de la période sèche, avant l'arrivée des pluies qui connait les températures moyennes diurnes les plus élevées: a KANGABA 37O a 38O6 en Avril et Mai, a BAMAKO maximum moyen 3g04. C'est pour les hommes, la période la plus pénible de l'année, souffle encore fortement l'harmat- tan dessèchant. En période de travaux agricoles en ~oÛtles maxi-moyens tombent a 30°1 a BAMAKO et l'amplitude journa- lière n'est que de 8O9, plus faible même à KANGABA 7 à 8OC. La nébulosité forte de la saison des pluies et l'aug- mentation de l'humidité relative font écran au rayonnement solaire, en protégeant les cultures de refroidissements néfastes. Dès la fin de la période pluvieuse, les températures maximum se relèvent : en Octobre-Novembre jusqu'à 35OC à BAMAKO, 32O8 a KANGABA. Dècembre-Janvier sont des mois froids. A BAMAKO la température diurne varie de 31" a 32O5, la moyenne nocturne baissant à 16O5 et 17O8, minima de l'an- née. A KANGABA 30° le jour, 15 à 17" la nuit. CakaeXèke hydkagkaphique du Nig ek

On ne saurait entreprendre cette étude, sans faire une remarque sur l'appelation du fleuve Niger. En effet, la dé- nomination " NIGER " n'est pas d'origine africaine. Elle a été employée par les géographes anciens pour désigner son système hydrographique qu'ils connaissent fort mal. Les riverains eux, designent le fleuve de plusieurs noms, celui de " DJIOLIBA " (le fleuve du griot ou encore grand-fleuve) est usité, par exemple, sur la plus grande partie du cours supérieur. Conventionnellement le fleuve est subdivisé en quatre sections

- Le Niger supérieur ou HAUT-NIGER (des sources jusqu'à SEGOU) - La cuvette lacustre ou delta intérieur da Niger (de SEGOU à TOSSAYE) - Le Niger moyen (de TOSSAYE a MALANVILLE) - Le Niger inférieur (sur le territoire du Iiigéria)

La première section, Niger supérieur ou HAUT-NIGER, contient la région qui nous intéresse et qu'on nomme au MALI " HAUTE-VALLEE du NIGER ". Cette Haute-Vallée est donc drainée par le Niger et ses affluents dont les plus impor- tants sont le SANKARANI et le FIE. Tous trois ont leurs sources, hors du territoire du Mali. Sur les deux rives aboutissent de nombreuses rivières torrentielles où régime semi permanent, qui descendent pour la plupart des monts r an dingues . Le grand et le petit KOBA passent respectivement a DEGUELA et BANKOUMANA. On peut citer d'autres cours d'eau comme ceux : OURONINA, KELA, KENIEGUE et SAMAKO. Le régime de crue du fleuve est extrémement irréçulier. Cela constitue un important obstacle au développement agri- cole de toute une partie de la région exploitée en culture inondée au rythme des crues. C'est le cas d'une grande par- tie des terroirs dans les secteurs de BANKOUMA et KANGABA où les crues en année forte inondent des superficies de 1'ordre de 250 km2 (y compris le bassin de BARRORO ceux de différentes rivières). Les débits spécifiques et d'étiage varient de 0,4 à 1,61, ce qui correspond à un débit de 30 m3/s à 114 m3/s pour le Niger, et de 15 m3/s a 22 m3/s pour le Sankarani (source : Service Hydrologique National - Mali) . Selon la même source, le volume moyen de crue annuelle est de 1353 m3/s pour le Niger et de 322 m3/s pour le Sankarani. Les fluctuations interannuelles autour de ces moyennes expliquent que les paysans hésitent a mettre en valeur les terres susceptibles d'être inondées. Ils ne risquent la culture des plantes annuelles (riz, mals, sorgho) dans les zones inondées, qu'en période de décrue. Encore ne le font- ils qu'à proximité immédiate des villages riverains du fleu- ve ou des cours d'eau afférents. (Cf: carte hydrographique - Fig. 8)

LES SOLS DE LA HAUTE-VALLEE

Cette étude des sols, de la aut te-vallée se réfère aux travaux de la mission LEYNAUD-ROBLOT " modernisation agri- cole R au te-vallée - étude pédologique (KALOGA 1961) " et pour une part aux observations de l'auteur. On distingue trois classes de sols dans la région.

- Sols minéraux bruts représentés par deux groupes

- Les Lithosols - Les regosols

- Sols à sexquioxydes de matière organique rapidement décomposée, représentés par une sous-classe de sols ferru- gineux tropicaux. - Sols hydromorphes

La description de ces différentes classes nous permet- tra de préciser leurs valeurs agronomiques.

Sala rninéhaux

En dehors du plateau de grès des monts Mandingues, les lithosols sont constitués par des cuirasses ferrugineuses. Ils sont en association étroite avec les régosols sur maté- riaux gravillonnaires issus du démantèlement de cuirasse et reposant sur cuirasse ou carapace. Cette association a une extension considérable à travers la plaine.

- Les lithosols:n'ont pas de valeurs agronomiques pro- pres. La seule utilisation possible est le maintien de la foret naturelle à tapis herbacé qui limite l'érosion, sans omettre la possibilité de pâture pour les caprins surtout. Les espèces végétales couramment rencontrées possèdent des valeurs nutritives appréciables pour le bétail.

- Les régosols: la valeur agronomique de ces sols est très variable et dépend de leur épaisseur, de la proportion de terre fine et de l'alimentation en eau. Lorsqu'ils sont bien pourvus en terre fine, ils peuvent avoir une fertilité meilleure que celle des sols ferrugineux tropicaux parce qu'ils sont beaucoup plus meubles et plus perméablesque ces derniers. Ils conviennent particulièrement bien à l'arachide et au millet. Le bilan hydrique de ces sols étant assez défa- vorable, ils peuvent ne pas convenir au coton et au gros mil. La seule condition pour qu'ils soient favorables est d'y maintenir ou d'y renforcer le stock de matière organi- que. Actuellement dans la région, nous constatons une gran- de exploitation de ces sols par le mil et le sorgho.

Par son extension une seule famille de ces sols domine, tres largement, celle des sols ferrugineux tropicaux indures développés sur matériaux alluviaux divers. Elle groupe la grande majorité des sols ferrugineux tropicaux de la Haute- Vallée du Niger. " L'étroitesse des bandes d'alluvions bor- dant les rivières, jointe à l'intensité particulièrement élevée des phénomènes de cuirassenent par le lessivage obli- que, contribuent à assurer l'extension de ces sols (B. KALOGA 1961). Ce sont des sols dont les horizons de sur- face ont une texture sableuse, une tendance battante, une mauvaise porosité, et une mauvaise perméabilité. Ils sont , , tres sensibles à l'érosion, et souvent pl~scc mcins seve- rement décapés ce qui est la phase érodée. La valeur agronomique actuelle est donc faible à cause de leurs mauvaises caractéristiques structurales. Du point de vue de l'utilisation, ils conviennent à toutes les cul- tures traditionnelles de mil. Lorsque les phénomènes d'hy- dromorphie ne sont pas bien marqués dans le profil, ils conviennent à la culture du coton après amélioration par apport de matière organique et d'éléments minéraux. Dans les sols ferrugineux tropicaux lessivés, un engorgement se manifeste dans l'horizon de surface dès que le drainage ex- terne faiblit (B. KALOGA 1961) . Le bilan hydrique de cette phase est défavorable, sols durcis en surface, très difficiles à travailler et convenant mal à la culture. Ce sont les " GUEGUE-DOUGOU " des Malinké, on peut toutefois réussir des cultures traditionnelles sur buttes. A coté des sols ferrugineux indurés, il faut signaler :

- Les sols ferrugineux tropicaux lessivés sur matériaux sablo-argileux de la plaine des pièmonts des monts Mandin- gués; leur extension est faible. Ils sont généralement aérés et beaucoup plus meubles que les sols ferrugineux tropicaux indurés. Avec un drainage sur une grande profondeur, ils conviennent aux cultures de mil-arachide et à d'autres cul- tures traditionnelles (voandzou, fonio) voire aux spécula- tions arboricoles. La fertilité chimique de ces sols est la même ou plus faible que les sols précédents; l'apport d'en- grais est un impératif.

- Les sols ferrugineux tropicaux lessivés hydromorphes. Ils marquent généralement la transition avec les sols hydro- morphes et son localisés dans les zones plates de pré-inon- dation qui se développent beaucoup dans la région. Ce sont des anciens sols tropicaux qui ont été inondés faiblement depuis les aménagements rizicoles. Ils sont localement dé- nommés BILANDOUGOU, NANGOUA, TISBOU et occupent une place très particulière dans le système agricole des paysans. Ces sols conviennent bien aux cultures vivrières (mil-sorgho- fonio, etc.. .) . Lorsque le phénomène d'hydromorphie est peu marqué en surface, ces sols conviennent aux cultures traditionnelles sauf au coton car le drainage est insuffisant pour cette plante. Par ailleurs lorsque llhydromorphie est bien mar- quée, la meilleure vocation sera la riziculture.

Deux types sont à retenir :

- Les sols à double hydromorphie de surface et de pro- fondeur pseudogley de surface d'inondation et pseudogley de profondeur de nappe. Caractérisés par une structure relati- vement fine et bien développée, corrélative d'une cohésion moyenne à faible, c'est une entité largement développée et bi~nconnue des paysans dans la 3aute-Vallée. Le terne ver- naculaire DPXISSE-DOUGOU, signifie grain de dâh, c'est-a- dire ayant 1' aspect de graine de dâh (hibicus-sabdariffa) , celui de BOUYA signifie facile à travailler avec une =ohé- sion moyenne 2 faible. Les caractéristiques structurales sont d'autant plus frappantes que ces sols sont toujours très argileux du moins dans les horizons superficiels et qu'ils sont des sols hydromorphes à pseudogley. On les trou- ve dans les lits majeurs du fleuve Niger et les grands mari- gots.

- Les sols hydromorphes à pseudogley de surface d'inon- dation et de profondeur de nappe sur matériaux limono-argi- leux ont une structure large et une cohésion très forte en surface que traduit le terme Malinké FARA-GUELIN (Fara = inondé, Guélin = dur). Le FARA-BOUYA est très facile a travailler parce que léger mais d'une qualité très variable, 1' irrégularité de leur submersion ne permettant pas un apport suffisant de limon. En valeur potentielle, leur structure fine en surface, leur confère l'avantage d'être des sols faciles à travailler en fin de saison sèche; ce qui permet d'étaler leur prépa- ration. L'utilisation agronomique : Ils conviennent à la culture du riz moyennant de petits aménagements hydro-agricoles. Ils peuvent être utilisés aussi pour la culture de décrue et le maraichage. Dans la région les sols FARA-BOUYA ont été cul- tivés de longue date et certains montrent des signes de fa- tigue, d 'epuisement. Cet epuisement est qualifié par les ~alinke" SEGUE " (qui signifie excès de potasse, à ne pas confondre avec le K20)et provoque un certain déséquilibre, ensuite, il se produit une mauvaise minéralisation dans le processus de la matière organique. Le riz vient assez mal, les panicules sont vides et présentent une couleur blanchâ- tre, et au niveau du collet on assiste à une attaque de che- nille mineuse de la tige (Borer) (Cf : carte pédologique - Fig. 9)

LE COUVERT VEGETAL

La densité de la couverture végétale se modifie d'une façon globale du Sud vers le Nord. Mais on peut distinguer ainsi deux formations contrastées d'après le relief.

- Les monts Madingues sont occupés par une formation de " decidus farest " où l'espèce la plus répandue est le Capa- lier de Guinée, ou longifolia.

- La savane doit être.subdivisée en deux domaines, le domaine soudanien et soudano-guinéen.

La savane soudanienne : C'est la savane claire qui ca- ractérise le mieux ce domaine, elle se dégrade progressive- ment en une savane plus ou moins riche en ligneux, lorsque diminue la pluviométrie. Le tapis herbacé est surtout formé de graminées où dominent : Andropogon-gayanus haut de 2 à 25 mètres, Cymbopogon giganteux, etc ... Les strates arborées et arbustives sont composées d'essences dépassant rarement 20 mètres de haut. Dans cette strate domine largement, Vitallaria Paradoxa (Karité), qui selon un proverbe " appa- rait où commence le Soudan, l'actuel Mali ". On remarque aussi Parkia biglobosa (NERE) au tronc tourmenté avec cime de feuillage léger, et le Terminalia-Macroptera (le Woloba) . Le tapis herbacé plus ou moins dense se dessèche à partir de Novembre et devient la proie des feux de brousse. La plupart des arbres perdent leurs feuilles en saison sè- che. Exception faite du " NERE ". Avec l'arrivée de la saison de pluie, la végétation reverdit très rapidement favorisée par l'augmentation de l'humidité atnosphérique. Sur l'ensemble de ce domaine sou- danien, on observe des formations végétales beaucoup plus variées, ce qui permet de dire que, le tapis végétal se trouve être en relation étroite avec la topographie et la nature du terrain. Les plateaux cuirassés se portent qu'une végétation ligneuse très réduite, mais sur les rebords des cuirasses en voie de démantèlement, la végétation ligneuse se diver- sifie et devient dense en comprenant de grands arbres tel tamarindus indica (tamarinier) .

- Les versants à pente moyenne et forte, ss caracté- rise par une grande diversité d'espèces, mais la densité décroit du hout en bas du versant.

- Dans les bas-fonds, la dispersion ligneuse reflète assez bien les conditions d' engorgement. Dans un milieu asphyxiant, les arbres disparaissent, par contre si le subs- trat est mieux drainé, ils se disséminent.

Savane Guinéenne : La plus grande abondance de pluie dans cette partie Sud de la région ainsi qu'une diminution des températures de 2 à 4OC, engendrent un peuplement végé- tal différent de celui de la savane soudanienne. En effet on y observe de nombreuses reliques forestières octuellement aménagées en forêts classées. D'après les renseignements fournis par le chef de brigade forestière ( Mr. THERA SORY) la déforestation est accélérée dans ce sectsur mésophyle en raison de la nécessité d'approvisionnement de la ville de BAMAKO en bois de chauffe et aussi par les feux de brous- se allumés par les FOULA-MANINKA (Peul du pays Malinké). En saison sèche pour permettre la régénération des jeunes pous- ses aux fins d'alimentation de leur bétail. Les mesures prisent contre cette déforestation ont permis de limiter l'action humaine et la déprestation de sorte que la paysage présente encore des peuplements variés. Le secteur de KANGABA qui se trouve beaucoup plus au Sud, possède encors d'assez nombreuses formations végétales spontanées dans lesquelles on remarque les essences su: 1 vaE- tes :

- Vitallaria, Paradoxa - Parkia, Biglobosa - Isoberlinia, doka (arbre très résistant aux feux de brousse grâce 3 so facilité de drsgesnner) et Afeze- lia Africana (Lingue) . Le tapis herbacé y est très développé et se localise dans la zone d'occupation humaine la plus dense; autour des villages il se transforme en buisson. D'une façon générale, il n'y a presque pas de différence floristique tranchée entre les deux savanes sinon que dans la savane soudano- guinéenne l'isoberlinia domine.

Strates herbacées ( Cymbopogon giganteus, Andropogon gayanus, des legumineuses ( Stylosantheus gracilius, et les graminées ( Digitaria-Debilis, Digitaria Vilutina, sont plus ( Sorghum, Triecropus importantes ( Andropogon Af ricanus , ( Digitaria Brevegulata,

- Galeries forestières, à la faveur des cours d'eau, la forêt dense humide, et la forêt sèche plus haute en lati- tude pouessent des tentacules au coeur de la savane. On ren- contre :

Dans la strate ligneuse - Saba senégalensis, Daniella Oliviera Dans la strate herbacée - Thalia graniculata, costus Afer, etc.. . Enfin à ces différentes formations s'ajoutent les ad- ventices des rizières dont les plus nuisibles sont : Oryza barthü (riz sauvage perenne), Oryza brévilligulata (riz sauvage annuel) . Pour conclure, on peut dire que la Haute-Vallée conser- ve un couvert végétal encore considérable que l'on s'effor- ce de protéger dans les forêts classées où Isoberlinia, Parkia biglobosa, Vitallaria paradoxa restent abondants.

CONCLUS 1 ON L'analyse du milieu naturel permet de faire ressortir un certain nombre de traits utiles à la compréhension du système de culture. Cette région diversifiée par les subs- trats çéologiques (birrimien, granite schiste, dolérite, de grès et des cuirasses) traversée par le lit majeur du fleu- ve peut se résumer par la juxtaposition de deux milieux dis- tincts : celui des monts Mandingues, c'est-à-dire la monta- gne, et celui des plaines. La valeur agronomique des sols dans l'ensemble, est assez favorable, au moins si on se réfère à leur composition physique et chimique. Les paysans distinguent en 9articulier dans la categorie des sols ferrugineux tropicaux le Bilan- dougou, Nougoua, qui occupent une place très particulière dans le système de culture, en raison de leur plus grande fertilité, car ce sont les seuls à pouvoir convenir à plu- sieurs espèces cultivées traditionnellement. Quant aux sols hydromorphes et acides des plaines inon- dables ils se prêtent bien à la riziculture. La genèse de ces formations donnent par endroits des argiles noires hu- mifères d'une exceptionnelle fertilité. Néanmoins, les conditions climatiques et hydrologiques imposent un certain nombre de limites du système agraire. Les rizières des zones inondées sont à la merci des irrégulatités de l'inondation annuelle, jusqu'au moment des semis et du repiquage, il peut y avoir un manque d'eau. Dans les zones exondées vulnérables à l'érosion les déficits pluviométriques sont de nature à limiter l'intro- duction de nouvelles cultures. On en jugera dans l'examen des systèmes de culture.

P-AYSAGE RURAL

Une observation globale du paysage en Haute-Vallée fait apparaitre une différenciation très remarquée en période de culture. A cette époque aux alentours des villages, à cour- te distance, on peut constater un certain éparpillement des cultures et des parcs à bestiaux qui font souvent l'objet de déplacements temporaires. Les contours des champs et les parcs (WERE en langue ~alinké)bien mis en évidence permet- tent de délimiter le terroir. Ceci dans le sens que lui con- fère le professeur G. SAUTTER (1): portion de territoire approprié, aménagé et utilisé par un groupe qui y réside et en tire ses moyens d'existence, autrement dit la portion de sol environnant où se localisent les champs et paissent les boeufs dans la mesure où celle-ci se trouve associé d'une façon ou d'une autre à la culture. Le village Malinké " DOUGOU " correspond à cette définition. L'utilisation des sols dans la région se caractérise dans l'ensemble par une uniformité de paysage rural au fur et à mesure que l'on s'éloigne des villages vers les friches de brousse. Certains champs sont mobiles, et cette mobilité ne tient qu'à la seule appréciation du paysan lui-même, dont le système de discontinuité dans la mise en valeur n'est soumise à aucune règle de fertilité de sol. Sur toute l'étendue de la région on trouve une superficie, non utilisée dont 1' importance varie en fonction des secteurs de développement. Par exem- ple au Nord de la région (secteur BAMAKO) les sols moins fertiles et plus perméables qui reposent sur une cuirasse de piedmont peu induré, ne sont que partiellement cultivés; plus de la moitié des terres sont abandonnées à la jachère où même utilisées. On peut estimer la moyenne de superficie non cultivée dans l'ensemble de la rhgion entre 30 à 40%. L'éparpiilemsnt des cultures à l'intérieur du terroir dépend non seulement du mode de faire vsloir, mais aussi du décou- ragement occssionné gar des rendements médiocres qui conduit au défrichement ds nouveaux champs.

(1) SAUTTER (G) - A propos de quelques terroirs dl~frique Occidentale, essai comparatif - Etudes rürales 1962. On note par ailleurs que la densité des cultures pro- vient essentiellement d'une hierarchie dans l'utilisation des sols dont l'occupation par les cultures tient compte de certaines contraintes naturelles qui influencent le compor- tement du paysans. On peut remarquer en effet, que bon nom- bre de champs et de vergers sont situés au bas des collines, dans les bas-fonds, parce qu'ils présentent des conditions plus favorables au développement des arbres fruitiers ou à la riziculture.

La dispersion des champs telle qu'on l'observe est fonction de la structure sociale, et démographique et elle varie au fur et à mesure qu'on s 'avance de la zone inondée à la zone sèche. Dans la zone sèche, l'arachide, le maïs, et les cultures dites ménagères sont beaucoup plus proches de l'habitat. Dans les périmètres des hameaux de culture permanente, aux petites parcelles, la quasi totalité des champs s ' étendent à proximité immédiate de 1'habitat, alors qu' il peut se trouver séparé des grands champs de mil de quelques kilomètres (5 à 7 km). C'est par suite de la dis- persion des champs qu'on à pu distinguer trois grandes divi- sions de 1' aire cultivée permanente ou semi permanente. Les Malinké pour caractériser leur territoire utilise une nomenclature, se réfèrent aux apparences qui servent à définir. Tantôt d'après la configuration du domaine lié a l'agglomération, tantôt sur la fertilité relative des sols. Ils distinguent ainsi une auréole, un noyau et une périphé- rie.

Le SOFORO : C'est-à-dire " champ de maison " désigne les champs qui se tiennent aux alentours des villages dans un rayon de 500 mètres à 2 km. C'est le domaine des petites parcelles parfois clôturées. On y distingue des jardins po- tagers et cultivés en maïs et arachide, surtout en culture intensive. Ces parcelles de SOFORO sont après les cultures pluviales exploitées par une ou plusieurs épouses du pro- priétaire, ou encore par un parent proche. A cette période les surplus disponibles des principales cultures sont à 80% commercialisés. En outre ces champs ne font jamais l'objet d'un système locatif, ni d'un prêt a une personne venant de l'extérieur, c'est-à-dire hors de la fa- mille patriarcale. Dans cette partie du terroir le développement des jar- dins potagers se réalise autour des puits qui permettent d'arroser les plantes en saison sèche. Ces jardins sont cul- tivés par les femmes et les jeunes enfants.

Led SANSANS : Englobent les parcelles situées, à proxi- mité immédiate de l'habitat. Cette aire de culture comprend à des terres cultivées d'une façon permanente, car elles sont relativement bien fumées par les déjecticns des animaux ou les déchets des ménages qu'on appelle localement " SOUNOUKOU ". Le maïs y réussit bien. Parmi toutes les aires du terroir, les champs de SANSAN sont les mieux pourvus en fumure organique compte-tenu du phénomène de cohabitation entre les personnes et les animaux. On constate très fré- quemment dans le Mandingue, le fait que les parcs de bétail (WERE) font 1'objet d' un déplacement fréquent autour des habitations ou à la périphérie immédiate des villages. Cette aire noyau est divisée en parcelles individuelles de culture exclusivement réservées aux femmes qui constituent des peti- tes exploitations individuelles dont la taille ne dépasse pas 50 ares, on y plante du Gombo, des aubergines a variété locale du dâh (hibicus-canabinus) qui interviennent en gran- de partie dans la préparation des sauces du repas familial.

. Le KONGO-FOR0 : (Vernaculairement appelé brousse champ), englobe comme son nom l'indique des champs de brousse. Ceux ci sont parfois situés à des distances importantes ( 5 à 15 km) ou plus et constitilent la zone de culture itinérante. L' exploitation de ces champs est faite jusqu 'à épuise- ment des sols par des cultures répétées suivies d'une lon- gue jachère permettant une restitution d'éléments fertili- sants. Certains paysans preservent sur leürs champs de brous se des arbres dans un triple but : nourriture du bétail, conservation de la fertilité des sols (cas du Faidherbia albida) et enfin intérêt économique (cueillette du Néré, Karité) . D'après les informations fournies par un technicien de l'Opération Haute-Vallée, dans cette aire de terroir la moyenne de superficie du champ se situe entre 5 et 6 hecta- res portant des cultures vivrières de base (mil-sorgho) et quelque fois de 1 'arachide et du fonio. On a pu voir cepen- dant dans le secteur de BANKOUMANA, des champs atteindrent une superficie cultivée de plus de 9 hectares. La superficie cultivée est fonction du nombre de travailleurs actifs vi- vant autour d'un même chef de famille. Le riz considéré comme l'une des cultures principales est exploité dans les champs de SOFORO, cela explique par le fait que bon nombre de villages se situent le long du fleuve. La superficie moyenne de terrain se situe à 3 hec- tares par famille.

AGRICULTURE ET ELEVAGE

Comparativement a certaines régions du Mali, la Haute- Vallée ne peut pas être considérée comme une région économi- quement déshéritée, ni humainement attardée. EtenCue le long des monts Mandingues, elle constitue un milieu original pour le développement. La pratique de 1' agriculture et de l'élevage y demeure caractéristique d'un système traditionnel extensif (culture itinérante, pâturage nomadisme). Dans la partie méridionale aussi bien qu'en zone soudanienne, l'écologie de la vallée du fleuve niger à étroitement conditionné le système tradi- tionnel. L'abondance de terres à potentialité variée (riz- coton-mil) a amené la quasi totalité de la population à con- sacrer de préférence l'agriculture en ne réservant qu'une faible part de son temps à l'élevage. L'activité de production s'exerce sur une courte durée de la saison pluvieuse et le paysan demeure tributaire de la seule capacité de travail pour accomplir les différentes opérations culturales. Celles-ci recouvrent à des techniques simples appliquées avec un outillage fruste la houe tradi- tionnelle (daba) qui demande un effort physique considérable de la part de chaque individu pour conquérir l'espace indis- pensable à ses besoins. Dans la région, toutes les terres ne sont pas exploi- tées, des jachères et des affleurements granitiques repré- sentent environ le 2/7 de la superficie totale, de sorte que sur 13200 km2, à peine 9000 km2 sont exploitables jachères comprises.

Vue globale de l'agriculture et répartition Les cultures vivrières ont pris une très grande exten- sion dans la région au détriment des cultures commerciales dont la part restelimitée. La culture de l'arachide par con- tre y est de tradition ancienne et répodà un besoin nutri- tionnel des Malinké, ils l'utilisent sous forme de pâte dans la cuisine locale. En outre l'arachide fait l'objet d'un commerce traditionnel pour les marchés villageois. L'importance respective de différentes céréales varie d'une zone à l'autre dans la région, ainsi plus on va vers le Nord plus le mil et le sorgho sont cultivés alors que la zone inondée au Sud, un certain équilibre semble s'établir entre le mil, sorgho et riz. On estime grosso-modo que pour l'ensemble des secteurs les trois quarts de superficie sont cultivées en vivriers et le quart seulement en cultures commerciales. Ce déséqui- libre signifie que la pratique de l'assolement n'est pas règle courante et que la majorité des paysans pratiquent encore ce que l'on appelle encore la culture itinérante. Malgré cette nette dominante céréalière, les paysans de la région sont contraints d'acheter des céréales pendant la période de soudure (qui correspond au plein hivernage quand ils ont épuisé les réserves vivrières) ce qui est le cas après les faibles rendements liés aux aléas climatiques. C'est dans le secteur de BAMAKO qu'on endure plus sou- vent une pénurie de denrées alimentaires, car les re26emerts en cultures vivrières et cultures commerciales y sont d'sr- dinaire plus faibles. Mais dans l'ensemble de la région, la priorité donnée aux cultures vivrières, souligne l'inrortan- ce capitale que les paysans attachent 5 leur subsistance. La superficie moyenne qu'y consacre une famille étendue (environ 25 à 30 personnes) avoisine 4 à 5 hectares contre 1,5 à 2 hectares pour les cultures commerciales. Importance relative des cultures On dispose pour l'ensemble des quatre secteurs de dé- veloppement,différences confondues,d'une estimation des su- perficies moyennes. Or les campagnes des cinq dernières années consacrent diverses cultures (voir tabl. importance des cultures p. Ainsi mil et sorgho occupent 42% des superficies et l'arachide 23% qu'il faut considérer comme une plante ali- mentaire. En troisième lieu vient le maïs sur 15% des super- ficies, mais avec des fluctuations assez grandes d'une an- née à l'autre.. On le trouve aussi bien sur les grands champs qu'aux alentours de village ou il devient l'affaire des fem- mes. La part du riz 11%est plus constante, sa faiblesse souligne l'insuffisance des matériels mieux adaptés et aus- si par la prépondérance des cultures sèches cultivées avec des matériels simples. Le coton destiné à la vente repré- sente 8,5% mais peut varier de 5% (en 1975/1976) à 17% (en 1979/1980). Le tabac occupe moins de 300 hectares 0,4%. Mais ces productions considkrées selon le cas de cinq familles prises au hasard en de lieux différents et avec des effectifs variant de 9 à 24 personnes révèlent des écarts très sensibles avec le bilan moyen. La stratégie de l'exploitant est une réponse particuli€re aux types de sols, et de l'intérêt pour des cultures de rapport comme le coton (12 à 50% de superficie) Tableau 7 - Importance rt?lativo des cctltiirt-m (Superficie an hectates par cultiireJ cas cinq dernieres ann4es IClief de famille + ! Mi1 -Sorgho aïs Cot or, Arachide Ri z Tabac Ivui~ibre de personnes l I

Tl ernoko -Massdrna 48% 9,2% 12',8% 16,6% 12,8% - 21 persollnes-18 actifs 9, 5 1/80 2/50 3/25 2/5

- Id personnes-14 actifs 2/25 0, 75 2/00 0, 85 0, 75

Ldrriin; I'raoré 15 % 15 % 29,8% 36,6% 3,7% - 9 pc.rso~i~~ès-6actifs 1/00 1/00 2/00 2/95 0,25

Il'ableau 8 - superficie cultivée en ha par cinq familles L'ETAT DES PRINCIPALES CULTURES LES CULTURES TRADITIONNELLES SECHES

Sorgho (sorghum) où le gros mil est dénommé par les paysans Malinké "NYO ". La couleur du tégument qui envelop- pe les graines permet d'en distinguer deux espèces princi- pales : le sorgho blanc, et le sorgho rouge très peu culti- vé dans l'ensemble de la région, on le rencontre dans la partie Nord (secteur BAMAKO). Le sorgho rouge vernaculaire- ment appelé " KENDE-BLEN ". Il est très riche en sucre, et c'est à partir de cette variété que les Malinké fabriquent de la bière de mil (le NYO-N'DOLO). Le peu d'intérêt qu'ils manifestent pour le KENDE-BLEN, s'expliquerait par la médio- crité des récoltes et par la préférence des consontmateurs. A côté de cette variété, on trouve partout dans la région la variété locale " BINBIRI-BA " qui est le sorgho blanc à grosses graines et le Tiemarifing (sorgho blanc à petites graines) . Ces variétés sont originaires du Mali, aucune variété étrangère ne s'est imposée en vulgarisation pour donner une porduction satisfaisante. Les cycles végétatifs sont respectivement, le Kende-Blen (5 à 6 mois) , quant aux Binbiri-ba et Tiemarifing 120 à 150 jours. Ils affection- nent les sols ni trop légers, ni trop compacts; et les sols ferrugineux tropicaux lessivés hydromorphes. Sur ces sols en année hidrique normale, le sorgho donne de bons rende- ments de l'ordre de 800 à 1200 kg/ha. Le semis est réalisé au début des pluies (Juin) avec une date limite le 15 Juillet. On utilise 4 à 10 kg de se- mence à l'hectare, disposé en paquet de 4 à 8 graines avec un espacement de 80 cm à 1 m. Le gros mil est parfois cul- tivé isolement dans les bas-fonds, mais s'y trouve associé soit avec le maïs, hsricot, quelque fois avec du petit mil sur les autres champs. D'après le chef de secteur de KANGABA, actuellement dans le programme de vulgarisation, il préconise, au niveau des paysans le semis à sec. Car il suffit que deux ou trois pluies tombents pour que les céréales (sorgho-mil-maïs), se développent. Très f réquemrnent les pluies ne retombent que que longtemps après le semis (10 a 15 jours) les jeu- nes plants sont alors plus ou moins asséchés et le cultiva- teur doit semer une seconde fois, souvent même une troisiè- me fois sur tout ou partie de son champ. La récolte est réalisée en Novembre au plutôt lorsque l'harmattan aura durci les épis.

Le pcXLX m.[[ ou !nLtLcX (pennisetum typhoïde) ou mil à chandelle est très peu répandu dans la région mais gagne en importance en allant du Sud vers le Nord. Il ne réussit pas dans la partie Sud, à pluviométrie importante. Une seule espèce cultivée est le " SOUNA " comportant deux variétés, le SANYO-BA dont la graine est grosse, epis court (4Ç à 50 cm), et le SANYO-NI à petite graine epis très long peut atteindre 1 m à 1,10 mètre, avec un cycle végétatif de 120 jours, alors que le SANYO-BA arrive à maturité à 90 jours. Le petit mil ne tolère pas une forte humidité et prospère mieux sur sol léger. Mais les cultivateurs le réservent de préférence pour des sols pauvres : champs gravillionnaires, champs de brousse en voie d'épuisenent. Il s'y trouve asso- cié à l'arachide , au pois de terre. Le semis se £oit à sec, et à l'avantage de résister sous terre beaucoup plus que toutes les autres céréales tradionnelles. Etant donné son cycle court, il est semé après le sorgho, densité du semis 8 â 10 graines bien épar- pillées par paquet, avec un espacement de 80 x 40 cm, soit environ 10.000 paquets à l'hectare. Le petit mil à l'avan- tage de se repiquer aisément. Au cours de la deuxiène quin- zaine de Juillet, lors du démariage des plants, le cultiva- teur met les plus vigoureux après en avoir coupé les feuil- les, il les transplante dans les espaces vides de ses champs ou les repique dans une ancienne jachère, hativement mise en butte. Le petit mil dans la région, est un produit apprécié des paysans. Il n'est consommé que lorsque les reserves du sorgho-maïs sont épuisées. Sa consommation courante, inter- vient à des fins religieuses, et elle présente presque la même valeur que la colas, àans les rites et les offrandes Malinké.

L rz .Ma.ïa (KABA) est par contre, une culture exigeante par excellence, et demande des sols riches. Le maïs occupe la deuxième place parmi les céréoles en Haute-Vallée, après le sorgho dans l'alimentation. Le maïs en culture pure, ou associée est localisé soit en culture de case " SOFGRO " soit à la périphérie du village, et le maïs dit de culture de brousse de champs (voir description paysage agriccle). Il s'y trouve en association avec le mil et arachide. Le maïs en culture irriguée (dans les zones inondées) ne con- cerne que le maïs iigume, consommé en vert. Les suyerficies emblavées dans ce domaine sont tr€s faibles.

- La variété BAKORONI (précoce) semis en fin Juiz dans les bas-fonds dès les premièrzs grosses chutes de pluie, est récoltée à 70 - 75 jours, au plus tard dans la deuxième quinzaine de Septembre. Son épis est court, jaune ambre; on distingue des sous variétés que les paysans différencient vernaculairement Kabalen-blen (maïs court rcuge) et Kabalen- dyè (maïs court b1anc)origine Mali.

La variété NAKABO, tardive, originaire d'Amérique, avec un cycle végétatif de 5 à 6 mois, localement différenciée en deux autres sous groupes : Sagara-blen (maïs long rouge) et Sagara-dyè (maïs long blanc). La variété Bakaroni, joue un rôle important dans la mesure où il permet d'assurer la soudure. En effet ce sont les épis de maïs qui à maturité vers fin Août, hativement grillés sur les braises du foyer redonnent espoir et c~nfianceau cultivateur harassé de fa- tigue et chichement nourri en lui annonçant la fin de ses privations. Le premier épis de maïs cultivé en champ de brousse , est généralement récolté par l'une des femmes du propriétaire, qui s'empresse d'aller le griller pour son mari. Cet épis dans la tradition Malinké, est appelé " FORG- TIGUI - KOUNKOLO " littéralement la première tête du pro-, priétaire du champ. Cela en signe d'encouragement pour la saison de culture prochaine.

A,tcrclzid~ (Tiga) trois variétés couvrent la région. La variété 47-10 vernaculairement appelée " TIGA-NI-TERY " très riche en huile, dont le cycle de développement est de 90 à 100 jours, à feuilles épaisses et dressées. Les deux variétés tardives le 28-206 et 59-235 (Tiga- ni-guelin) , cycle végétatif 120 jours, petites feuilles rampantes. Ces cultures sont mises en terre lorsque les pluies sont bien installées : fin Juin début J'uillet. Jusque là, les paysans ont centré leurs activités et font porter leurs efforts sur les cultures céréalières (mil-sorgho). Au cours du second binage de ces cultures, ils élèveront ça et là de petits monticules de terre sur lesquels les femmes et les enfants dép~sentles graines d'arachide décortiquées. Le semis est effectué deux à trois graines avec un espacement 30 x 40 cm. Cet espacement permet au paysan en fin d'hiver- nage lorsque les sols se déssèchent, de procéder à des but- tages assurant un maintien d'humidité nécessaire à la sur- vie de la plante. Cependant l'ouverture d'un nouveau champ d'arachide est toujours suivie d'un buttage d'un ciemi-mètre carré naut de 20 cm environ, au coin duquel (3 à 4). l'arachide est semé. L'arachide qui est une plante rustique, craint l'humi- dité et affectionne les sols sableux ou gravillonnaire. La Haute-Vallée reste l'une des régions du Mali pr~ductrice d'arachide qui entre dans l'alimentation des paysans.

C0tiii.2 ~t ,tabac sont de nouvelles cultures commerciales introduites dans la région, elles font l'objet d'un encadre- ment sérré, comme nous le verrons en détail dans le chapitre " Action de développement". On peut toutefois, souligner que la culture du tabac est implantée aussi bien sur des parcel- les de maïs ou riz après la récolte de ces cultures. AUTRES CULTURES TRADITIONNELLES SECHES

Il convient de citer certaines plantes dont la culture n'est pas généralisée, mais qu'on retrouve cependant dans l'alimentation : courges, patate douce, gombo, tomate, au- bergine locale et le dâh (hibicus canabinus) faiblement implanté dans la région et essentiellement cultivé pour servir de limite de champ. Les graines de courges, sont mises en terre dès Juillet mais les plants étouffés en hivernage par les hautes tiges de mil et de maïs ne pourront se développer qu 'à partir de la fin Septembre. La patate douce (Ipomeca-batatas) , les tubercules fa- rineuses de la patate douce ont un goût dcuceâtre très ap- précié des villageois. Elles recouvrent sur la région une superficie très faible, qu'on peut estimer à 150 - 200 ha quasi-exclusivement dans le secteur de OUELESSEBOUGOU; ceci du fait que les paysans de ce secteur sont partagés entre habitucies techniques culturales des ~alinkéet celles des sénoufos de la région de (Bougouni - Yanfolila) qui sont grands producteurs de cette culture. La culture s'étale sur une année où on distingue deux époques de culture. Les patates douces sont cultivées sur le bourrelet alluvial, la mise en terre est effectuée en début de saison chaude ce qui permet une récolte précoce, juste avant la crue. Dès le mois d'Octobre, ce paysan pro- cède à un labour profond, et un ameublissement complet du sol, puisqu'il installe ses boutures dès fin Octobre début Novembre. Cette culture se développe avec l'humidité du fleuve. Son cycle végétatif inscrit dans un délai qui ne dépasse guère 100 à 110 jours, permet une plantation et une récolte en saison chaude (fin Avril à Mai) . La culture de patate douce en saison de pluie est géné- ralement une culture de champs de brousse. Les boutures sont plantées sur des buttes volumineuses. Il a été constaté au cours de l'étude qu'un homme actif peut effectuer 25 à 30 buttes en une journée. Le cycle végétatif est de 6 à 7 mois, début de la culture en Juillet-Août pour être récolté en Janvier-Février. Les fanes de cette culture, comme celles de l'arachide, sont très utilisées dans l'engraisssement des animaux. Les paysans au moment de la récolte de ces cultures prennent soin de les rassembler et commercialisent après. G'un autre côté, les produits comme le gombo, aubergi- ne, tomate, cultivés sur de petites parcelles aux alentours des habitats sont mis en terre dès Juillet pour être récol- tés fin Septembre. Les haricots sont cultivés en association étroite avec le maïs-mil et comme tsls, ils peuvent recouvrir des super- ficies assez considérables. Les graines sont semées 3 à 4 semaines aprGs ia plante à laquelle elles seront associées et dans sa croissance le haricot s'enroule et s'appuie autour de la tige àes céréales. Ils sont particulièrement à l'aise sur les alluvions du bourrelet allüvial. Ces produits sont cultiv€s (gombo, tomate, haricot, etc ...) non seulement à cause de leurs fruits, mais surtout leurs feuilles qui servent à agrémen- ter les sauces qui accompagnent le plzt du mil, du riz tra- ditionnel. Une partie de la récolte est commercialisée.

LA RI Z ICULTURE

C'est la principale: sinon l'unique culture de crue pratiquée dans la région. Elle est surtout importante dans la partie méridionale (secteurs Kangaba, Bankoumana) . On peut distinguer deux types de riziculture.

- Riziculture pluviale, elle intéresse les variétés de riz dont l'alimentation en eau est exclusivement assurée Far les pluies sans apport complémentaire d'eau de ruissel- lement. Les variétés hâtives cultivées nécessitent en moyen- ne 600 mm de pluie. Parmi celles-ci ont peut citer la varié- té locale " FOSSA-MAL0 " (FOSSA = feuilles grasses et tom- bantes, MAL0 = riz), dans certaines zones rizicoles on les appelle MALO-BA (grand riz). On trouve généralement ces rizières dans les villages situés à la lisière des monts Mandingues. Le semis est effectué dès que les pluies se sont bien installées, dans la première semaine de Juillet, pour être récolté fin Octobre. Dans les conditions actuelles la riziculture pluviale à une importance imprévue par suite de la conjonction des deux facteurs :

Une incitation officielle de la part de l'opération Haute-Vallée

Une réponse positive du milieu paysan, les hommes dé- couvrant les possibilités de s'attribuer une culture de riz, le riz traditionnel de bas-fonds étant souvent en effet, une culture réservée aux femmes.

- Riziculture irriguée: Le riz est cultivé en irriga- tion dans les plaines alluviales, ce qui nécessite une série d'aménagement de casier, visant à la maltrise du plan d'eau. Cette forme de riziculture est récente.

Les variètes cultivées, les plus importantes restent :

Le NALI-SAW (originaire du delta central ~igérien)est un riz flottant appartenant au genre glaberina. Le cycle végétatif est de 200 jours.

La variété G-9MBIA-KA (appellation sénégalaise, cette variété est originaire de Gambie), comme le Mali-Saw, le semis est effectué de Juin jusqu'en Juillet, avec un cycle végétatif de 220 jours à 250 jours. A côté de ces variétés locales on peut citer le HKG-48 qui est un hybride sélec- ticnné de la station de recherche de KOGONI office du Niger, semis précoce 190 à 200 jours. Le semis proprement dit pour l'ensemble des variétés est effectué par les femmes comme par les hommes. Les grai- nes sont semées à la volée de façon dense jusqulà ce qu'el- les couvrent les surfaces utiles. La fumure, semble être méconnue au niveau de certains paysans d'autres par contre utilisent la fumure organique. Cet engrais est généralement ccnstitué par un mélange de fumure animale et un amalgame d'herbe qui est répandu par les hommes. Malgré cet amendement des rizières, il nous a été difficile de préciser le rendement à l'hectare d'un paysan; car les renseignements généralement fournis à cet effet, sont vagues et imprécis. On arrive à des estimations géné- rales valables dans leur ordre de grandeur, mais qui ne sauraient être trop précises. Par suite des différences établies entre chaque zone rizicole, qui tiennent à leurs techniques, et même à la qualité de semence; les chiffres fournis par les paysans sont extrémement variables d'une année à 1' autre. En 1964, année d'excellente récolte, la moyenne de rendement oscillait entre 2,500 tcnnes à 3 tonnes à 1' hec- tare (source direction du service de 1'Agriculture) . En 1977/1978 qui ont été de très mauvaises années, on enregis- tre 800 à 850 Kg/ha (source direction Eaute-Vallée) . En Haute-Vallée la riziculture se heurte, à de nom- breuses difficultés. Quand on pose la question aux paysans à cet effet, ceux-ci répondent :

- Le problème d'eau : le réseau d'irrigation sera com- 'rrienté dans la présentation de l'aménagement hydro-agricole. Son but est en premier lieu d'amener l'eau nécessaire aux rizières puis de la distribuer par des canaux secondaires sur 1'ensemble de la superficie rizicole. Le problème d'eau spécifique aux paysans Malinké, tient beaucoup à l'irrégularité des pluies, d'où une production aléatoire soumise à la quantité d'eau reçue (comme signalé plus haut, le riz du bas-fonds 1977j1978 ont scuffert d'une faible pluviométrie et surtout d'un arrêt précoce des pluies) .

- La mise en eau dans les rizières, se fait à partir des canaux secondaires, 70% des riziculteurs semblent ëtre mal suivis. Bon nombre des rizières restent à 1'écart, et sont irriguées par gravité à partir des rizières des paysans qui ont le privilege d'avoir leurs rizières près de ces canaux , et qui doivent payer des redevances au genie-rural. Ce procSdé ne mise en eau entre les paysans entraine 5e véritables conflits lorsque cela est effectuk à l'insu du possesseur. Les repiquages pratiqués, à l'extrkme fin de saison de pluie sont compromis, puisque à cette époque, il n'y a pas assez d'eau dans les rizières, permettant l'exécution effi- cace de cette opération. A cela il faut ajouter que compte tenu de l'irrégula- rité Ges crues, les canaux d'amenée sont impuissants à assurer une date régulière de repiquage. Le problème du riz sauvage, beaucoup de riziculteurs n'accomplissent pas tous les travaux d'entretien des riziè- res, du fait du gros travail que cela implique. Un seul désherbage est assuré dans leur rizière trois à quatre se- maines si le repiquage à eu lieu. Cette opération considé- rée autrefois comme le travail purement de la femme, est exécuté aussi par les hommes, notarrment le desherbage du riz sauvage qui pose de nombreux problèmes aux paysans. Les grands propriétaires fonciers pour s 'en débarrasser, font appel aux sociétés de culture.

- Stagnation de la riziculture : En nous référant au chiffre de l'enquête agricole de la mission LEYNAUD-ROBLOT en 1960 en Haute-Vallée, la superficie totale cultivée pour l'ensemble de la région avoisinait 11.800 ha. En le compa- rant avec le chiffre de 6300 ha réalisé en campagne 1979/ 1980, on constate que l'augmentation des superficies rizi- coles ne se poursuit plus, et que l'on enregistre une ré- gression (6200 ha campagne 1975/1976, 7900 ha campagne 1977/1978, 5000 ha 1978/1979) par rapport au maximum obtenu en 1960. Ce recul peut s'expliquer d'une part par le décourage- ment des paysans qui ne veulent plus payer la redevance d'eau exigée par la convention d'exploitation, puisque les rizières ne peuvent être suffisamment alimentées en eau par les canaux d'irrigation. D'autre part par la perte des main-d'oeuvre due à l'ampleur du mouvement d'émigration, c'est le cas de TIKIDA MASSAMA qui regrette le bon vieux temps de la riziculture ~alinké,affirme que l'ensemble de sa famille, autrefois exploitait envir~n8 ha de riz, alors qu'aujourd'hui, quatre de ses enfants resident depuis trcis ans en Côte d'Ivoire et qu'il ne peut plus exploiter que 3 ha. (voir tabl : superficie cultivée par famille). Pour conclure, on peut toutefois dire que la rizicul- ture en Haute-Vallée peut malgré les problèmes techniques et les aléas climatiques être considérée comme une culture qui au Sud de la région s 'impose désormais comme un élément important et parfois majeur du système de culture des Malinké. Le développement de cette culture gagnerait à être encouragée d'autant que certains travaux prouvent la non concurrence au moins partielle entre les activités du riz, et les autres cultures céréalières. Ceci s'explique par le fait que les péri0des.d~travail de riz, surtout dans les bas-fonds se situent peu de temps après le mil, sorgho, maïs. Cette observation est très importante comme thene. d'action d'un encadrement mieux intégré à la région dans la mesure ou il apparait possible de faire cultiver les autres céréales et le riz, sans concurrence réciproque. ASPECT DE L'ACTIVITE AGRICOLE ET TECHNIQUE

Un des aspects les plus caractéristiques du systeme agricole en Haute-Vallée du Niger, comme partout au Mali, est la présence d'une jachère dans la rotation culturale. Les terres sont mises en jachère pour des raisons qui ne tiennent pas toujours à une baisse de fertilité mais qui peuvent être accidentelles (maladie, migration) ou le fait du paysan choisissant une autre catégorie de champ disponi- ble. L'examen du tableau de rendement des principales cultu- res vivrières nous permettra de constater une variation sensible des rendements d'une année à l'autre. Cette baisse étant évoquée en ces termes par le chef de secteur de KANGABA en 1978 " le problène le plus important ncus parait être d'empêcher les sols de se dégrader et de permettre leur bonne régénération. Pour prévenir cette dégradation, une couverture du sol et un maintien de son potentiel or- ganique sont indispensables. Malheureusement c'est l'évo- lution vers l'épuisement des sols que l'on constate dans le secteur comme dans toute la Haute-Vallée. Dans la plupart des cas, les paysans sont avertis par la présence de certaines herbes sauvages du debut de l'é- puisement. Parmi celles-ci, citons en premier lieu les strigas (petites plantes à fleurs rouges qui finissent par envahir les vieux champs de mil, sorçho) localement dénommé " BINI-KOUNATO ". Les strigas sont des plantes parasites qui se fixent sur les racines de la plante hôte, en occu- rence le sorgho auquel elles prélèvent les éléments nutri- tifs nécessaires à leur croissance. Il y a des indicateurs inverses, des arbres en parti- culier témoins du maintien de la fertilité des sols, tels que : Acacia albida, Parkia bigloboda pour ne citer que ceux-ci. Certains vieillards nous déclarent, qu'une des causes de la succession répétée des cultures sur un même sol et donc du repos insuffisant de ceux-ci tient à l'installation d'étrangers. Chaque logeur se doit de céder une portion de terre à son hôte. L 'exploitation des sols était traditionnellement soumi- se à des rythmes bien réglés. Une même parcelle des cultu- res sèches est cultivée 4 à 5 ans étant ensuite mise au repos pour plusieurs années, de 10 à 15 ans. Selon certains renseignements concernant l'Opération Haute-vallée les temps de repos de la terre dépassent 10 ans dans 80% des cas, 15 ans dans 552 des cas, 20 ans dans 25 à 30% des cas, or suivant la même source le teaps de re- pos minimm pour rendre au sol son potentiel de fertilits serait de 15 ans. Il est aonc sur~renantque dans une r6- gion où 1'espace ne aanque pas comme nous 1'avons constath, le temps de jachère soit 2 65% inférieur au seuil 1'6- quilibre. Sur les marges du terroir, la succession des cultures est moins exclusive surtout sur les champs personnels. Ceux-ci sont généralement cultivés pendant 2 ou 3 ans soit en petit mil, soit en arachide, puis abandonnés à la jachè- re pour une durée indéterminée.

La pratique des cultures associées mélangées caracté- rise le système agricole basé sur la production vivrière. En 1980, j ' ai constaté plusieurs types d'associations cul- turales groupant sur une même parcelle 2 à 5 variétés de plantes. L'association de deux plantes est plus fréquente que l'association de trois plantes. Par contre, rare est l'association de quatre plantes. Il existe cependant des cultures pures, c'est le cas du coton, mais aussi souvent des plantes vivrières. Aux alentours de KELA comme ailleurs, quelques centaines d ' ares de fonio sont cultivés purs, de même le pois de terre (WANDZOU) . Dans le secteur de BANKOUMANA, en direction de KENIERGBA, le riz de pépinière était associé avec le maïs. L'association de culture est pour le paysan une sorte d'a- surance, face aux aléas de la pluviosité, qui paiera au moins sa peine. Par ailleurs, elle permet d 'économiser conjointement le temps et l'espace. Selon la logique du paysan, les rksul- tats de rendement sont voisins entre culture pure avec en- grais et culture associée sans engrais. Par exemple le ren- dement de l'hectare de maïs en culture pure avec engrais peut varier entre 1500 kg à 2C00 kg, ceux de 1 'hectare de riz pluvial en culture pure avec engrais, avoisinent 950 à 1200 kg, alors qu'il se trouve que les rendements d'une par- celle de l'hectare de maïs et riz pluvial sont respective- ment de 750 et 1300 kg; soit en moyenne 2100 kg au total. Autrement dit, la culture traditionnelle associée économise non seulement l'argent des paysans pour l'achat des engrais, mais aussi le temps et permet de s'occuper d'autres espkces cultivables. A SAMALE, (secteur KANGABA) , en visitant les charrtps de Birama Traoré, on observait l'association de trois cultures sur une parcelle d'environ 250 ares : Maïs, gombo, arachide, les deux premières cultures étaient plantées sur billons, la troisième était semée à plat, c'est-à-dire dans les sil- lons. Or à côté de cette parcelle de BIRAMA un champ conti- gu portait deux cultures semées à plat (maïs et ~iébé).On voit que la diversité des combinaisoris est affaire d'empris- me, et de comportement individuel. Cela se traduit par la prépondérance de certains types d'associations, liés à la fréquence de certaines cultures. ROTATIONS CULTURALES

Elles sont pratiquées d'une façon régulière dans cer- taines exploitations à proximité àe 1' habitat. Dans la région, la rotation culturale, varie d'une zone agricole à l'autre, et avec types de ,cultures et d'exploita- tion de sol. Dans certaines rizieres notannent les rizieres de bas-fonds, et celles des parties basses des plaines, la succession des cultures est moins respectée sinon nulle. Pour la compréhension du système, nous empruntons nos exemples aux zones méridionales et septentrionales. Dans la partie méridionale où la pluviométrie est assez importante, la région rizicole constitue, un cas particulier. L'auteur se rappelle lorsqu'il était élève à l'Institut Polytechnique Rural de KALIBOUGOU (Mali) , que lors d'une visite des élèves dans les plaines rizicoles (à sols hydro- morphes a gley de surface FARA-BOUYA) a BANKOUMANA en 1969, et jusqu'en 1978 pour une étude de reconnaissance du milieu; il n'a pratiquement pas constaté de changement. On y trouve riz, riz, puis jachère. Mais dans les zones sècnes (toujours dans la partie méridionale), la rotation des cultures vivriè- res traditionnelles semble avoir quelques variations; cela est dû à la coexistance actuelle du coton et àu tabac avec les cultures vivrières. Ces cultures commerciales, exigeantes aussi tout natu- rellement ont imposé un deuxième type de succession cultura- le, soit tout d'abord deux ans de coton et tabac, puis deux ans de cultures vivrières, ou deux ans de cultures vivrières puis deux ans de cultures commerciales, puis un ou deux ans de cultures vivrières. Les formes de rotation fréquemment pratiquées en zone méridionale sont les suivantes :

- Riz, Riz, Riz (pendant 7 a 8 années successives) ensuite 2 à 3 ans de jachère.

- Sorgho, Sorgho, Coton, Coton, Sorgho, Arachide (jachère) . - Coton, Coton, Mals, Mals, Sorgho, Sorgho (jachère).

- Tabac, Tabac, Mil, Mil, Maïs, Maïs, Arachide, Arachide.

- Mil, Mil, Arachide, Arachide, Tabac, Tabac, Sorgho.

Il faut remarquer, dans ces rotations les cultures de rente en tête de rotation, sont généralement pratiquées sur des vieux chanps de 3il, ou du sorgho. Sur 1'enseLmble septentrional, les rotations culturales sont respectées et cela à cause du déficit pluviométrique et de la courte durée de l'hivernage. Ceux-ci obligent, les paysans a installer en tête de rotation les cultures vivrie- res, pour sa sécurité alimentaire. Il a été constaté en 1978, dans les secteurs OUELESSE- BOUGOU et BAMAKO, que les paysans ont reconduit d'une année à l'autre respectivement le sorgho, le millet, et le maïs. Il ressort de cette observation que dans ces deux secteurs, il n'y a pas de différence de culture, sur des sols en majo- rité ferruçineux tropicaux lessivées (localement appelé Tisbou ou Bilanbougou) . Les rotations courantes sont les suivantes :

- Sorgho, Sorgho, Millet, Millet, Arachide, Arachide (jachère) . - Millet, Millet, Arachide, Arachide, Sorgho, Sorgho (jachère) . - Mals, Maïs, Sorgho, Sorgho, Arachide, Arachide.

Pourtant quand on pose la question aux paysans qui connaissent bien leur milieu, et l'environnement, sur le choix des cultures, les priorités, leurs emplacements, ils répondent que cela tient aux raisons suivantes : - Raison économique (sécurité alimentaire)

- Raison pédologique : par exemple à , où les sols sont légers, sableux, le millet qui est beaucoup cultivé dans ce village, affectionne ce type de sol, et est toujours en tête d'assolement, suivi d'une culture d'arachi- de. Alors qu'à (Secteur de OUELESSEBObGOU) , le sorgho beaucoup plus exigeant que le millet, est en tête de rotation, car préfère des sols moins légers, et une certaine humidité.

- Raison physcologique : par rapport à l'assimilation chlorophylliènne, le paysan sait qu'il doit choisir des en- droits qui conviennent à sa culture, du point de vue durée d ' ensoleillement; en tenant compte du cycle de développement de culture pratiquée.

Enfin, la quatrième raison, tient compte du type de 1'enracinement de la plante. Le paysan choisit en tête de rotation de préférence les cultures de céréales (mil-sorgho) dont l'enracinement est superficiel, plutôt que celles de coton ou tabac à enracinement pivotant, salissant, qui exi- gent un apport assez élevé en eau. LA FERTILITE DES SOLS ( fumure)

La plupart des paysans savent qu'ils peuvent compter sur une production plus rapide et plus abondante sur les champs qu'ils engraissent. Et le problème de fumure leur cause un réel souci. Néanmoins ils ne pratiquent pas une association systématique élevage-agriculture, ils n'intè- grent pas le gros bétail dans le système de production et ils n'ont pas par conséquent réussi à trouver une soluticn globale satisfaisante au problème de fumure. Pourtant, on peut c~nstateraux alentours du village, les champs d'enclos et les jardins en saison sèche, qui ne représentent qu'une superficie infime du terroir, bénéficient des apports de matières organiques. Le procédé de fumure le plus courant et le moins effi- cace consiste à brûler sur les champs, les chaumes des ré- coltes ainsi que des arbustes qui ont poussé durant la sai- son sèche, et éventuellement à en répandre les cendres. La quantité d'engrais produite est faible car les fem- mes ont antérieurement ramassé la majeure partie des chaumes et bois qui servent de combustible, destinés à la cuisine. L'enfouissement des mauvaises herbes lors des sarclages successifs est un autre procédé commun d'enrichissement des sols, système très au point dans le pays dogon (Séno) . La grande majorité des champs dans la région,sont en- graissés grâce à la collecte de fumier domestique qui com- prend des déjections de boeufs, mouton, chèvre, la fiente des volailles et les déchets domestiques etc.. . Ce fumier est généralement rassemblé en un tas à l'intériecr des champs sans aménagement préalable, répandu 15 à 20 jours avec le labour. Nous verrons la fumure de bétail dans le cas d'asso- ciation agriculture et élevage. Il ressort donc de ce bref examen, un manque général de régénération des sols et cela malgré l'effet bénéfique de Faidherbia-albida (Balanza) , qui n'est pas jusqu'ici consi- déré par la grande majorité des paysans comme moyens de pal- lier 1' appauvrissement des terres.

- Méthode de travail aux opérations culturales: Une enquête menée auprès des cinq familles des villages visités et par nos propres expériences, nous ont permis de préciser l'organisation du temps chez les paysans Malinké. L'intensi- té du travail mené dans un champ est foncticn Zes disponibi- lités en temps de groupement familial. La répartition des tâches au sein de ce groupement en fonction du sexe de l'âge, a été étudiée au chapitre traitant l'organisation sociale de la production. Les techniques culturales sont restées des tec3niques traditionnelles qui font appel à une gamne réauite d'outil- lage dont le sremier outil reste la petite dabo ~slinkéqui exige une inportante dépense <'énergie pour un rendement médiocre. La familie constitutz i ' unique source d 'énergie pour les travaux culturaux. La première opératicn culturale est le défrichement ou le nettoyage, suivant qu'il s'agit de nouvelles parcelles ou de champs exploités 1' année précédente. Cette opératicn est généralement facilitéepar le brûlage de la brousse qui à chaque saiscn éclaircit la végétation devant la lisière des cultures.

- Le défrichement : Les défrichements se font en géné- ral en ~oûtaprès le semi et le néttoyage des différents champs, on les reprend parfois en Novembre et ils peuvent durer jusyu'à la fin de la saison sèche. En Haute-Vallée en 1978, 90% des champs de cultures vivrières des paysans sont cultivés à la daba. Ces champs n 'exigent que des défrichements superficiels, essentielle- ment la destruction d'une grande partie de couvert arboré, technique traditionnelle bien connue. Les paysans défrichent les champs sur une ancienne jachère, de 30 à 40 ans, ce qui est la norme. Les paysans doivent essentiellement supprimer un couvert arboré à peu près dense. Ce défrichement est effectué à l'aide d'une hache, seuls les petits arbustes sont coupés à la machette, les branches sont disposées au pied des gros arbres pour être brûlées par la suite, les arbres exigent trop de tra- vail : le dessouchage ou l'abattage. Il est à remarquer que tous les arbres ne sont pas à abattre à cause de leur utilité alimentaire tels que : V.LXallakia puxaduxa (Karite), Pa/thia biglubusa (Néré pour faire du Soumbala) , quelque fois le balanza ( Fuidheftbiu aLbida) pour la fertilite du sol, ou encore de leur intérêt mkdicinal, par exemple ( BuXykus pekmum PazthÜ = Shi (Karité) pour les soins, antirhumatismaux, ou anti-inflammatoires; on peut noter également Guieka Senegalenhis = Kundié dont les feuilles sont utilisées en anti-diarrhéique Ce problème de défrichement est résolu sans précipita- tions, mais réalisé pendant la saison sèche. Compte-tenu de l'évaporation qui est intense, l'ameublissement est immédia- tement entrepris afin d'éviter le durcissement du sol. Après le nettoyage complet du champ, le travail à la daba (houe traditionnelle) commence pour le labour, et dans certain cas, cette opération se fait à la charrue pour recevoir les pre- miers semis en Juin. Dans les rizières le processus est différent.

- Les rizières : Il est extrèmement rare que les pay- sans aient besoin de bruler et d'abattre des arbres dans les bas-fonds cultivables,ceux-ci étant couverts d'herbe. Les paysans intérrogés ne se souviennent pas avoir accompli un travail de défrichement beaucoup plus lourd 1 ' année d'ouver- ture des rizières Pour se débarrasser de l'herbe, deux méthcdes sont employées : la plus rapide est de couper les herbes à la faucille, et la plus longue, par un labour profond pour en- fouir la matière végétale. Cette méthode donne généralement de meilleurs rendements, mais elle est de moins en moins pratiquée dans la mesure ou l'emploi de la charrue se géné- ralise pour le labour des rizières, ou mëme des tracteurs sous forme de location pour les paysans aises.

-Les semis : se font par paquets sans souci d'alignement le nombre de grains par paquet varie selon la spéculation : ainsi on peut vcir pour le mil et le sorgho, le semeur en- fouit 4 à 8 grains par poquet, il enfouit trois de quatre pour le mals, six pour le coton. L'arachide elle, est semée à raison d'une à deux graines.

- Le démariage de mil-sorgho-coton et remplacement des manquants est réalisé par piquetage; toutefois on opère pour le coton par simple resemis. Cette opération est effectuée quand les plantes ont atteint une hauteur d'environ 20 cm, elle est couramment exécutée au moment du premier sarclage. Ce sarclage consiste à ameublir le sol, mais surtout à dé- sherber. Les mauvaises herbes sont coupées au niveau des racines puis elle restent étalées plus ou noins recouvertes de terre en attenàant de pourrir. Un second sarclage puis un troisième et même un quatrième peuvent s'avérer nécessai- re, mais ils ne représentent jamais le même caractère d'ur- gence que le premier et ils sont parfois négligés.

- Quant à la récolte, elle constitue une opératicn assez contraignante pour les paysans, et pourtant possible du fait du manque de moyens adaptés pour leur réalisation. Ainsi celle du riz : Les tiges sont coupées au couteau par les hommes puis rassemblées en tas par les enfants et les femmes, ensuite les panicules sont battues deux semaines plus tard, sur une aire en plein champ; celle de l'arachide dont le soulevage est réalisé à l'aide de la daba ou le falo, et l'époussage manuel est entrepris immédiatement, ou deux trois semaines plus tard après séchage sur le champ, le bat- tage est alors réalisé à l'aide d'un bâton. La récolte du coton qui nécessite deux passages ou même trois dans les champs, de façon que les capsules soient ceuillies au fur et à mesure qu'elles parviennent à maturité.

PuuR concluRe, on peut dire que quelque soit la façon culturale, le travail est fastidieux et monotone. Pour par- venir a une meilleure efficacité, le travail est souvent fait en groupe entre membres d' une mëme famille ou sizple- ment entre cnis. L'entraide est d'ailleurs partout de règle générale, même pour les parcelles individuelles. Ainsi pour cellss que l'on exploite, en plus àu champ familiai sour son c~mptepersonnel à temps perdu et 12s jours traditionnels de repos du lundi et vendredi. Il n'y a pas de vrais temps morts pendant l'hivernage puisque entre les gros travaux, de nombreux soins doivent être apportés aux cultures secondaires qui ont leur cycle végétatif décalé et leurs exigences propres.

CALENDRIER AGRICOLE

Comme dans toute la zone sahélo-soudanienne, les acti- vités agricoles se situent en saison des pluies; les autres en saison sèche. On peut dès maintenant signaler que dans les sociétés paysannes africaines comme celles de notre ré- gion d'étude, le droit à un congé mensuel, annuel est mé- connu, comme on peut le constater chez les paysans des pays en voie de développement. La saison agricole est rythmée par l'alternance de la saison des pluies et la saison sèche dans la vie villageoi- se. En Janvier jusqu'en Avril, c'est-à-dire en saison sèche on peut estimer l'occupation des actifs (hommes et femmes) environ 10 à 45%. La période des lourds travaux dure envi- ron 4 mois (Juin-Septembre) et même jusqu'en Octobre-Novem- bre, 60 à 80% des journées se passent alors dans les champs. En définitive l'addition de tous les travaux agricoles et non agricoles contribue à fournir une année bien char- gée pour les habitants des villages en pays ~alinké.

Les activités en saison sèche

Cependant la saison sèche (Janvier à Avril) est aussi le temps de certains travaux communautaires ou artisanaux. Les hommes s'occupent : du creusage, ou curage et répa- ration des puits, construction et réfection des toits de chaume, le badigeonnage des maisons en banco, tissage, for- ge, vannerie, maraichage etc. . . D' autre part de nombreux paysans, surtout dans la catégorie des jeunes quittent les villages durant cette période pour trouver un emploi rému- néré dans les centres urbains proches (Bamako). Les femmes poursuivent leurs activités quotidiennes, préparation de l'unique repas, ou font du commerce sur les marchés villageois. Dans cette étude il ne sera pas question de reprendre tout ce qui a été dit des activités, une analyse a été faite lors de l'analyse de la répartition des tâches. Il sera tout de r.ême intkressant de préciser certaines activités qui marquent aussi la vie villageoise; il s'agit des activités artisanales et castées, qui prennent de 1 'im- portance dans ia région. Ses activités ont pour but ia transformation Ces produits du terroir en vue de ia fabri- cation d'cbjets utiles à la production ou à la consomation, exemple les forgerons et les tisserands. L'analyse de quelques exemples de ces activités per- mettra d'illustrer leur organisation :

- Le forgeron du village qui est un artisan, à une production diversifiée : outre les dabas (1), il fabrique des lames de haches, des dabas à partir de vieux ressorts de camions, produits de récupération. Là où les épouses du forgeron quant à elles, confectionnent des poteries de di- vers types. Mais la production d'objet en fer ou de poterie n'est pas la seule source de revenu monétaire des forgerons. Ils reçoivent des dons au cours des diverses cérémonies vil- lageoises (mariage-baptème, circoncision) ces dons sont par- fois fort importants (dons de bovin notamment). Le métier de caste, forgerons ou griots (Dyéli) béné- f icient de revenus supérieurs à ceux des simples paysans. Dans le Mandingue, bien qu'il y aitdegros travailleurs il n'en demeure pas moins, que le nombre de griots parasites est un véritable fléau. Signalons que les villages comme KRINA et KELA dont 90% de la populaticn sont griots et per- sonne n'ignore leur mode de vie. Ces gens qui passent les douzes mois de l'année la guitare entre les mains, chantent les louanges des hommes libres, au cours de cérémonies dont ces derniers sont 1'objet et servent souvent d'internédiai- res entre les amoureux. Les griottes tressent les cheveux des femmes et exécutent des danses. En retour de ces servi- ces les griots comme les forgerons reçoivent des dons im- portants au cours des cérémonies. Par ailleurs, certains hommes coupent des arbres et fabriquent des cuvettes (qui servent comme plat pour les aliments) des pilons, mortiers ou encore de petits objets de formes humaines ou animales généralement utilisés pour la sorcellerie, et qui serviront aussi d'amulette aux en- fants. Ces sculpteurs de bois ont une tendance au nomadisme, ils s'installent près d'un village et y restent tant qu'ils ont des commandes, lorsqu'ils n'ont plus de travail, ils vont plus loin; ils attendent les premières tornades qui éclatent vers la fin du mois d'Avril, pour entreprendre les travaux de la saison des pluies.

Les travaux des saisons de pluie

Dans la région, la saison des pluies est courte. Le paysan ne s'occupe en ce moment de l'agriculture , durant 3 à 4 mois environ chaque année. Pendant ce court délai, imparti au paysan par le régime de pluie, et compte tenu du cycle végétatif, l'ordre des diverses àctivités est ç~umis à des contraintes. Le paysan ne dispose pas assez de temps pour organiser à sa façon les travaux culturaux. Compte tenu dü souci de la grande majorite sur les substances, st tenant compte de l'irrégularité des pluies. La priorité est toujours donnée aux cultures céréaliè- res qui aoivent assurer la subsistance en prenant soin de diversifier les variétés en fonction de leur cycle végétatif. 1 Daba: houe traditionnelle qui sert de sarclage-binage et labour La pkEpairaLiun de6 vivkiekh : le défrichement en pre- mière année, et nettoyage les années suivantes, occupent 35% de temps consacré à ces champs. On note sur les 35%, 13 à 14% du temps sont consacrés au 1aDour.Les travaux sont effectués entre fin Avril et la fin Mai. Il est à remarquer que les travaux des champs destinés aux cultures de rentes sont préparés quelques jours ou même un mois après cenx des cultures vivrières.

Le aemih : le mil et le sorgho sont semés dès les pre- mières grosses pluies de Mai à Juin suivant les zones de cultures. Le mals et l'arachide sont semés en Juin quant aux plantes secondaires dites intercalaires ou en associa- tion, le semi est effectué envircn 15 à 20 jours après la levée des plantes principales. Le semi occupe 7 à 10% du temps de travail, et 7% au gardiennage nécessaire, dès après le semi en Juillet, pour éloigner les prédateurs des cultu- res (oiseaux, singes): surtout dans les champs qui se trou- vent au bas de la falaise des monts Mandingues.

Le binage eL Le ,~airclage : ils sont effectues aussi bien par les hommes que par les femmes, ceci est vrai pour toutes les cultures , 10%du temps consacré. Ce t.ravai1 est peu apprécié par les paysans non pas qu'il exige de très gros efforts, mais c'est un travail fatiguant, minutieux qui s'alourdit au fur et à mesure que le champ vieillit et que se développent les adventices. D'une manière générale le sarclage est t~ujoursaccompagné d'un buttage au cours duquel on enfouit les herbes. C'est le seul engrais que reçoivent les champs. Le premier sarclage de ces cultures, est pratiqué deux à trois semaines après le semis, c'est 1'opération cultura- le la plus délicate et la plus longue dont dépend en grande partie le succès de la récolte, et elle doit pour être éffi- cace ëtre menée dans un laps de temps relativement bref. C'est donc elle qui constitue un goulot d'étranglement et empêche le paysan d'accroître la taille de l'exploitation. A certaines périodes de Mai-Juin, toute la population active sarcle ou bine ses champs sans arrêt de l'aube au coucher du soleil. Les 2ème et 3ème sarclage occupent, ne- cessitent aussi beaucoup de temps, mais ils ne constituent pas pour autant l'activité la -plus astreignante du calendrier agricole. Ils sont en effet étalés dans le temps à partir de mi-Juillet ou des le début 6'AoÛt l'activité agricole décroit et les paysans pensent se consacrer aux petites parcelles des plantes secondaires (fonio, gombo, aubergine, patate douce etc...) C'est ensuite la récolte à partir d'cc- tobre qui peut s'étaler sur deux mois. La hgcatte et te thandpoht : dès la maturité des céréa- les les sauterelles et autres prédateurs des cultures (par exemple le singe) sont attirés vers les champs; et pour évi- ter des pertes importantes, le paysan délègue, ses enfants (sans distinction de sexe) pour entreprendre des marches à tous les travers du champ, poussant des cris, ou lançant avec des frondes pour éloigner ces prédateurs. Cette récolte s'étale sur les mois d'octobre et Novem- bre. Il suffit quelque fois d'une ou deux semaines pour cou- per les épis et les panicules, les assembler en gerbes et les transporter autour des greniers. La récolte de maïs en culture de case ou de champ, est toujours réalisée fin Août àébut Septembre donc plus tôt que les autres. Cela pour deux raiscns : la soudure alimentaire pendant l'hivernage et la vente d'une partie pour subvenir à certaines dépenses fami- liales. La récolte de l'arachide à lieu aussi en même temps que le maïs et même souvent plus tard avant le décorticage des gousses. La fin de la récolte ne constitue pas pour les paysans, comme la fin des travaux des champs, les produits récoltés; il faut procéder au transport du champ au grenier. Le transport des récoltes est assuré par les femmes et les jeunes filles dont les joyeuses files s'étirent tout au long des sentiers qui mènent aux villaçes. alg gré l'utilisation faible des charrettes à traction animale dans la région, les hommes acceptent de transporter les charges les plus lourdes (soit avec les charrettes, soit à dos d'âne) . C'est la ren- trée totale des produits qui marque la fin de 1 ' année agri- cole. Le battage est effectué ultérieurement, mais réalisé avant l'hivernage suivant.(Cf: Fig. 9 - Calendrier Agricole)

CONCLUS 1 ON Le paysan de la ~aute-Vallée a un emploi de temps char- gé. Le temps consacré aux activités agricoles, n'est pas une chose facile à déterminer. Il ressort de cette étude que le paysan est peu occupé pendant la saison sèche, mais bouscu- lé pendant l'hivernage. Selon le calendrier agricole établi le paysan Malinké est occupé pendant 10 mois de la fin Fé- vrier jusqu'en ~ecembre.Etant donné l'importance de l'orga- nisation du travail, le paysan consacre 6 à 7 mois à ces cultures, 4 mois 1/2 (dü début Avril a la mi-Août pour la préparation ues champs et les entretiens, et 2 1/2 mois (début Octobre à mi- Décembre) pour la récolte et le trans- port des produits. Le mois de Septembre ne semble pas une période où le paysan se trouve chargé, se livre à des tra- vaux complémentaires qui ne nécessite pas un empressement (2èrne et 3&me sar.cLage) . Dans le calendrier agricole des paysans Malinké, le sarclage parait relativement important. Nous ne disposons pas de d~~u~.~btâtior-.çnécessaires, pour évaluer le temps con- sacré au sarclage aes principales cultures; mais d'après les renseignements recüeillis auprès des techniciens de l'Opéra- tion Haute-Vallée du Niger, ceux-ci estiment que le 'sarclage -. -- l CALENDRIER AGRICOLE -1

NETTOYAGE . PREPARATION - -i: SEMIS. REMPLACEMENT DES MANQUANTS

:i . ., 1111 SARCLAGE

v \ v v RECOLTE ET TRANSPORT

Fig. 20 - par actif enregistré dans cinq exploitations familiales au cours de la campagne 1976/1977 avec la surface moyenne cul- tivée, obtiennent les résultats suivants : 12 à 16 jours de sarclage pour les cultures vivrières (mil-sorgho-millet) pour 1 ha, 10 à 12 jours pour 1 ha de coton, et de même pour l'arachide. Pour le riz, le premier sarclage semble être le plus long et le plus important, à cause de la forte densité des plants qui demandent souvent un désherbage manuel. Le 2ème et 3ème désherbage est à peu près nul. Le travail de repiquage du riz revient pour les trois quarts des femmes (36 jours de repiquage par femme active, 11 jours par homme actif) . Ces résultats ne sont qu'approximatifs, mais on cons- tate tout cie même que le paysan passe près de 3 sarclages donc plus de temps a sarcler les champs de cultures vivriè- res.

LES EQUIPEMENTS DE L'EXPLOITATION AGRICOLE

Les instruments de travail dont disposent les paysans Malinké sont en définitifs peu nombreux, cette insuffisance de l'outillage est en grande partie cause de la faible pro- ductivité des exploitations agricoles. Les instruments em- ployés sont encore presque tous de type traditionnel, conçus essentiellement en fonction du travail r.anue1, ceci explique pourquoi les superficies cultivées par individu actif restent faibles. Toutefois ces outils permettent d'effectuer convenablement, dans une position inconfortable les travaux culturaux. Parmi ces outils, la daba (houe traditionnelle) s'im- pose comme la plus importante. C'est un outil polyvalent qui permet la préparation des champs, le labour, le binage, le sarclage et souvent aussi le buttage. Il existe un seul type de daba à manche assez court de 40 a 50 cm présentant à sa base une lame de fer forgé plus ou moins carrée de.10 à 15 cm de côté en foncti~nde la taille de la personne qui l'utilise, ce qui fait que dès l'approche de l'hivernage, les paysans qui désirent renouveler leur daba sont convoqués par les forgerons du village pour venir ajuster leur daba à leur taille. Quelle que soit la longueur du manche, l'emploi de cet outil exige une importante dépense d'énergie humaine. La totalité des houes que l'on peut trouver chez les paysans sont sans exception fabriquées por les forgerons du village. Certains hameaux perdus dans la vallée sont défavorisés et doivent faire appel au forgeron d'un gros village plus pro- che. Les femmes et les enfants qui apportent une aide dans l'exploitation, disposent de dabas beaucoup plus légères. Le deuxième oucil est la hache qui sert à abattre les gros arbres et peut-Gtre aussi utilis6epour la coupe àes bois secs destines à la cuisine. La hache pour sa part, est un outil avec une lame longue mince, s'insère au manche par une soie sans douille. Le sabre d'abattis (Mourou-dian) sert à couper les arbustres lors du débroussement ou du d.éfrichement, les épineux étant écartés et maintenus à distance, au moyen d'un bâton fourchu d'une longueur d'un mètre environ tenu à la main gauche. Le Fa10 Malinké, qui sert à piocher les sols durs des rizières. Cet instrument se confond à peu près avec la daba à la seule différence qu'il a la lame épaisse et assez étroite. Il sert souvent comme un instrument de déssouchage ou pour creuser et peut servir corne une souleveuse de la récolte de l'arachide, et le binage de cette culture. Les autres outils rudimentaires ont des foncti~nsbien déterminées : la récolte du riz se fait à l'aide d'une fau- cille qui sert aussi à couper les herbes pour l'alimentation du bétail, pour la fabrication des nattes et secco. Les her- bes servent aussi d'engrais verts. Pour couper les épis du mil, les paysans utilisent le couteau. Les semailles des céréales ou de l'arachide sont réa- lisées à l'aide d'une petite calebasse de la forme arron- die qui au moment du semis est tenue par un cordon. Au cours de cette étude, un comptage mené dans trente concessions permet de constater que le nombre de matériel disponible est généralement fonction du nombre de personnes actives composant la famille. Dans chacune de ces conces- sions on trouve les outils cités ci-dessus.

L'EQUIPEMENT MODERNE AGRICOLE

Si les outils traditionnels semblent être à la portée du budget des paysans, on peut signaler que depuis des ten- tatives lancées pour la modernisation agricole dans la ré- gion du matériel moderne (charrue-charrette-multiculteur- semoir) a fait son apparition. En 1930 avait lieu des essais de la charrue dans les rizières de BANKOUMANA et KANGABA. La création de l'école de ferme d'état de SAMAKO justifiait cette introduction des matériels modernes. Malheureusement, on constate actuelle- ment dans la région que près de 70 à 75% des paysans conti- nuent à travailler uniquement à l'aide d'un outillage léger plus ancien. Une enquête menée dans la région par le B. C. 1.S. (Bureau dlEtude de Conseils et d'Intervention au Sahel) en Janvier 1981, montre que 1.e taux d'équipement : seules 40% des exploitations possèdent du matériel aratoire attelé (charrue et multiculteur). C'est un taux faible pour le sec- teur KAT1 (secteur BAMAKO) avec 27,5%, ce qui est assez sur- prenant de part l'influence de deux métropoles (KATI-BAPIAKO). Cela s'explique par la nature des grandes parties rocheuses ce qui limitepeut-être les possibilités df=tilisaticn Ce ce matériel. On peut ajouter que le secteur étant une zone de culture sèche, les possibilités de la riziculture sont pres- que nulles, et le nombre de boeufs de labour est peu impor- tant. Les exploitations familiales assez fortement équipées, c'est-à-dire disposant d'une charrue, d'une paire de boeufs et d'un semoir, ne représentent que 6% du total des exploi- tations. Celles qui ne disposent que d'une charrue ou d'un multiculteur, plus une ou des paires de boeufs sont au nom- bre de 84 sur 300 exploitations, soit 28% (Cf. Tableau 7) ------. ---PA 'ai U c .1 O r: Non utilisateurs Motifs Chdine complète r: -1 O J U '1 'JI 'JI Secteurs - O u a, ai TJ = rli 'a, .ai Q Q. Q. 4-J % ai O ai .1 '1 a\O .1 rc rc Ll O 3 3 No~nbre par rapport Manque -4 a, Q-ib b E E cl, .a .a, aux de a b O ai ox- . 2 Tl Zaim 'J équipées boeufs ------p.------

BANKOUMANA 77 36 46, 8 3 8,3 3 9 2 4

KANGABA 114 5 1 44,7 7 13, 7 7 6 38

OUEL ESSk>'BOUGOU 5 8

BAMAKO 5 1

Il'dbleau 9 - Equipènient des exploitations et utilisation du matériel Source : B.C.I.S. Bamako a : clidrrue ou multiculteur + pcjir.c cJc boeufs t senloir b : cl~arrueou multiculteur + yd~rede Oozufs Nous remarquons le secteur de OUELESSEBOUGOU qui est le plus équipé en matériel, après BANKOUMANA. Cet avantage dû à ces deux secteurs s'explique du fait qu'ils constituent la zone de riziculture de la région, et en même temps les premières zones où les premiers essais de matériel ont eu lieu. La charrette qui est considérée comme un outil de tra- vail un peu particulier, n'est pas jusqu'ici très répandue, dans la paysannerie ~alinké,contrairement a ce que l'on constate dans la région de SEGOU où l'on compte 7 charrettes pour 10 exploitations. Ce matériel naturellement sert non seulement a transporter les récoltes mais aussi le paysan et les membres de sa famille. Le tableau ci-dessous nous montre que l'utilisation de ce matériel est beaucoup moins importante que celle des au- tres matériels agricoles. Le secteur de OUELESSEBOUGOU qui était parmi les plus équipés a le taux le plus faible.

Secteurs Nombre d 'Unités Propriétaires % de Production

BANKOUMANA 7 7 20 2 6

KANGABA 114 13 11,4

OUELESSEBOUGOU 5 8 3 5,2

BAMAKO 5 1 10 19,6

Tableau 10 - De répartition Source : B.C.I.S. CONCLUSION L'utilisation de matériels agricoles modernes dans la région, bien qu'assez importante est loin d'être généralisée, les principales raisons de sa faible diffusion tiennent à son prix d'achat par rapport aux ressources des paysans. L'utilisation des semoirs est très limitée car les paysans estiment qu'il est facile de réussir pour une semaille, une main d ' oeuvre abondante d ' autant moins onéreuse, qu ' elle est f~urnieFar la famille, alors qu'un semoir monorang coutait au moment de notre étude environ 58000 francs naliens. D'une manière générale, il n'y a aucune amorce de mé- canisation de l'agriculture. Aucune des exploitations de la zone ne possède un tracteur, cependant il semble que le la- bour au tracteur ne soit pas totalement inconnu dans la ré- gion. Les paysans de KOUREMALE, DIOULAFOUDOU et d'aut-res encore qui font frontière avec la ~épubliquede ~uinéefont labourer leurs champs avec des tracteurs loués dans ce pays.

PROBLEME DE LA CULTURE ATTELEE

Ape.tçu kia-totique : Dans cette partie, nous n'avons pas l'intention de faire, une étude approfondie 2e l'histoi- re de la culture attelée. Néanmoins, la région Haute-Vallée a été le berceau de l'Opération culture attelée et continue encore à être le lieu privilégié de cette expérience. Nous voulons retenir quelques aspects de son essor , et marquer la place de cette tentative dans le système agricole en pays Malinké. Débutée vers les années 1930, 1'Opération culture atte- lée a été accueillie favorablement car sa diffusion était liée à la riziculture. La charrue s'est développée d'abord dans les zones où la riziculture était la plus importante, et en retour elle a incontestablement contribué au dévelop- pement du riz. Les premiers titulaires de la charrue, ont été des chefs de familles riches qui avaient acquis de l'extérieur une certaine expérience en matière de riziculture. YOUSSOUF CISSE Sociologue Malien, nous indique que le premier titu- laire de la charrue en Haute-Vallée était un ouvrier açri- cole a FIGUIRA, qui travaillait pour les casiers rizicoles à RICHARD-TOLL (Sénégal) . C'est a son retour du long péri- ple qui le mena à CONAKRY, aux rizières de SEGUIRI et de KANKAN, que NAMA TRAORE a introduit la première charrue dans son village vers les années 1935. Dix ans plus tarc, l'utilisation de la charrue commença à se développer progressivement à toute la région rizicole de la Haute-vallée. Les charrues employées étaient d'origine et de marque diffhrentês nais de type très lourd et sarticu- lièrement adapté au labour des rizières. 11 s'agissait notam- nent des ,marques française telle que le MASSEY-HAXRISGN et le EAJAC (R II et B IV). Avec l'indépendance du Mali, d'autres marques et types ont fait leur introduction en 1962 (BAJAC T.M.) la charrue Russe (K.V. P 27) et la Yougoslave (le KREKA) , houe techine (France) . Il va de soi, que l'introduction de la culture attelée, dans la région n'est pas demeurée sans effet sur le système agraire des Malinké. Il est relativement difficile d'en me- surer statistiquement le degré d'intensité. Pour apprécier ces effets, nous nous contenterons des données fournies par le personnel de l'encadrement de secteur de BANKOUMANA, et le résultat d'enquête que nous avons mené au sein de quelque famille.

Leb edao&Zb de La cuLZuke aXXeLEe : Cependant la pre- mière remarque résulte d'une comparaison entre les exploi- tations de culture attelée et celle de culture manuelle. A cet effet, l'enquête menée auprès des trois exploitants équipés nous permet d'apprécier les effets de la culture attelée.

roton Arachide Riz Exploi tant équipé (ha) (ha)

TREMOKO - KEITA culture manuelle 2,50 3,25 2,50 (18 actifs) culture attelée 3,85 4,lO 5,15

TIKIDA - MASS-qMA culture manu'elle 1,25 2,OO 3,50 (16 actifs) culture attelée 2, 75 3, 70 5,19

SEKOU KANTE Culture manuelle 2,00 O, 85 0, 75 (14 actifs) culture attelée 3,80 1,90 1,60

Tableau II - Effet de la culture attelée Il ressort de ce tableau, qu'en moyenne l'exploitation de culture attelee représente une surface double de celle de la culture manuelle. La superficie du riz qui est à peu près 2,5 plus importante dans l'exploitation de culture attelée que celle de la culture manuelle. Si par ailleurs intervient le potentiel de travail humain, nous constatons que la su- perficie moyenne cultivée par actif peut-être supérieure après de 15% à celle de la culture manuelle. Dans ce cas, on peut dire qu'avec l'introduction de la charrue, celle-ci a eu une influence sur la taille de l'ex- ploitation (champs) , d'où un accroissement de surface. D'autre part ces paysans reconnaissent que non seule- ment avec la culture attelée, ils ont des surfaces plus grandes mais aussi le travail est plus rapide, avec un temps minimum et moins de main d'oeuvre. Par exemple l'exploitant TREMOKO KEITA, qui en culture manuelle du riz, avec 17 actifs faisait 6 à 7 journées de travail pour le labour sur une surface de 2,5 ha; avec la possession d'une charrue il a abaissé le temps de travail à moins 1/3 soit avec la charrue un peu moins de deux jours. Avec la culture attelée, la notion de limite de champ se précise, les paysans lorsqu'ils ouvrent un champ commen- cent à dessiner le contour sur le terrain avec la charrue. Enfin il est évident qu'avec la culture attelee, il y a augmentation des superficies cultivables, par contre les rendements n'augmentent pas. Cela est imputable au fait que les paysans maitrisent mal les techniques vulgarisées. De tout ceci, il résulte que la diffusion de la cultu- re attelée, ne s'est jusqu'ici pas accompagnée des effets spatiaux qui constituent un des objectifs de son développe- ment. En Haute-Vallée, seules les cultures commerciales et le riz bénéficient vraiment de la culture attelee. Si donc les effets de la culture attelee sont encore loin des objectifs retenus, il ne faut pas oublier cepen- dant que certains paysans la considère encore corrme une nouvelle pratique. Le développement de la culture attelee se heurte toutefois à un certain nombre de facteurs limitant pesant de façon inégale sur le choix des paysans. Comme indiqué plus haut, les effets de la culture atte- lée n ' atteignent que certains travaux culturaux le labour et le semis. Par contre les façons culturales, tel que le sarclage, la récolte, bénéficient peu de cette inovation. Bien d'autres problèmes empëchent l'extension de la culture attelée. Par exemple, quand l'acquisiticn des matériels, constitue un facteur limitant la culture attelée demeure surtout le fait des paysans riches, qui ont des grandes - -- exploitations et les paysans pauvres se contentent d'une petite surface cultivable. Cela rend compte d'un certain déséquilibre entre les deux catégories de paysans. On -eut compter actuellement dans la région que près de 70% des paysans représente la classe la plus pauvre, donc démunis de toute ressource pour faire face à cette culture attelee. D'un autre côté, l'un des facteurs limitant est le problème de boeuf de labour. Deux problèmes principaux se posent en effet : le premier concerne 1.a disponibilité en bétail apte à la culture attelée; le second, leur prix d'acquisition, la fourniture des boeufs par les troupeaux locaux perturbe les données traditionnelles de l'élevage dans la région, l'élevage totalement séparé de l'agricul- ture dont nous verrons le détail au cours de notre étude. Les paysans qui possèdent des attelages complets éprou- vent certaines difficultés du point de vue alimentation et entretien de leur bétail. En résume, tout ce problème est lié à un crédit agri- cole inadéquat (organisation et insuffisance)

L'€LEVAGE EN HAUTE-VALLEE

Condition du milieu en rapport avec l'élevage

Pour tenter de comprendre les difficultés de l'élevage en Haute-Vallée du Niger, il est nécessaire de préciser les conditions qui lui sont offertes par le milieu nature. Cette région comprise dans le climat soudanien et soudano-prégui- néen, prisente des possibilités fourragères assez convenables pour l'élevage. Dans les formations végétales arbustives, l'évolution des espèces herbacées associées aux arbustes Tsxminalia 1Macto4pexa (le woloba) , Pathia Biglobosa (NERE) , 14 obstlinia Doka (Sô) et Guieta Senegalenai.~, Ptetrucatpua, pour ne ci- ter que celles-ci, offrent les plus beaux pàturages dans la vallée du Niger. La proauction de matière végétale par les gr.aminées est d'excellente qualité et les valeurs nutritives sont assez favorables. Parmi ces principales vs- riétés herbacées, citons : Andtopogun gayanud, Pedicc.elatum dont le développement feuillu attire le bétail; et des gra- minées UxyXenanZhexa aby~hinica.A ces possibilités fourra- gères s'ajoutent de nombreux cours d'eau temporaires qui font leur plein dès le début de la saison des pluies et à la suite de quelques averses de forte intensité et tarris- sent ensuite progressivement au cours de la saison sèche. Pourtant on peut constater par endroit que certaines mares conservent un peu d'eau résiduelle dans leurs parties les plus déprimées jusqu'a la saison des pluies suivantes. L'assèchement dans la plupart des cas ne peut avoir les con- séquences dramatiques que l'on pourra s'imaginer puisque la plupart de ces mares recèlent dans leur lit une nappe phréa- tique que la population exploite au moyen de puisards tem- poraires de profondeur variable en fonction de celle de la nappe ( nous verrons dans l'étude des infrastructures ce problème de puits) . Compte tsnu de cos possiSilLt~sfourrzgères zt hyarl-. . ques, on peut dire que 1'élevage dans la région, jouit de conditions naturelles assez favorables pour son développe- ment, si toutefois aes efforts pouvaient encore 6tre faits pour diminuer certaines perturbations du milieu dues à l'é- levage et qui se trsduisent : - Par la dégradation du couvert végétal par un patura- ge trop prolongé dont les piétinements des animaux provo- quent un certain tassement du sol, empechant la repousse de la strate herbacée. - D'autre part, par la mise 5 feu de la brousse, qui sévit dans la région, représente un gaspillage de réserve potentielle d'azote pour la régénératicn des plantes.

TYPE D'ELEVAGE ET SON IMPORTANCE

L'élevage pratiquée est surtout, l'élevage de case et ne constitue pas un secteur de grand élevage comme on pour- ra le constater dans la cinquième et sixième région du pays. La répartition des animaux est d'une manière générale hétérogène. Les secteurs de OUELESSEBOUGOU et KANGABA Sem- blent être important en bétail, ce qui s'explique par une concentration de bétail dont l'origine est à la fois écono- mique et historique. Dans les villages ou hameaux, et dans chaque concession, on peut trouver quelques aires (12 à 16 m2) aménagées pour le bétail et des cases souvent transfor- mées pour le petit bétail. Le troupeau bovin est constitué essentiellement de race N'DAMA et de quelques taurins. En 1978 on recensait 44014 taurins et 86544 N'dama, soit une densité respective de 3,18 et 6,27 tête au km2 qui se ren- contre surtout comme indiqué dans les secteurs OUELESSEBOU- GOU et KANGABA. Les faibles densités inférieures ou égales à deux têtes par km2 se situent surtout au Nord-Est et l'Est- Nord-Est qui couvrent la totalité du secteur de BAMAKO et le quart du secteur de BANKOUMANA. On observe dans le secteur de OUELESSEBOUGOU une assez forte concentration de la race N'dama, ainsi qu'autour des villages comme MANIKOURA, , FIGUIRA. Par contre dans les villages de GUELENIKORO, KENIEBA, l'élevage du petit bétail (ovins, caprins, volailles) est très important; celui-ci est la propriété individuelle des femmes et des célibataires qui en tirent un revenu substantiel.

SYSTEME PASTORAL

La garde des troupeaux est placée sous le contrôle d'une population traditionnellement vouée a l'élevage qui vient de MACINA et de la .République de ~uinée.Cette popu- lation intégrée 12 societé Maliuké est nommée par tous les paysans "FOULA-iWNINKAu qui veut dire peul des Malinké. Ceux-ci selon les cas font pâturer les animaux aux alentours des villages (3 à 6 Km à la ronde) pour les y ramener le soir. Un berger peut se charger de tous les troupeaux d'un village : le matin, il part au pâturage avec les vaches et revient le soir. Aux abords des villages les bergers ramènent les animaux à leurs propriétaires qui disposent du lait dont la quantité ne dépasse pas 2 à 3 litres par vache laitière. Ces propriétaires fournissent aux bêtes un aliment complémentaire composé de son, de mil, quelque fois mélangé avec du sel gemme. Dans la région le berger est rétribué une partie en numéraire et une partie en nature (bottes de riz) et en plus il peut disposer du lait de chacune des va- ches laitières tous les lundis et vendredis. Il vend ce lait frais ou caillé dans le même village ou dans les villages environnants. En saison sèche, qui correspond à la période critique pour l'alimentation du bétail, de nombreux éleveurs sortent du village, ou venant de l'extérieur s'installent et font pâturer les boeufs dans les champs pour y brouter les chaumes de rizières et les pailles du mil. Un autre problème est celui de l'abreuvement qui com- mande les déplacements du bétail et la localisation des pz- turages. La distance est un handicap, quand on sait que dans 40% des cas il faut parcourir plus de 5 km, à partir du parc pour trouver un coin d'eau. Gans 60 à 75% des cas, celui-ci est dans un bas-fond de marigot oü de fleuve. On peut noter également, que l'abreuvement des bêtes, pose souvent des problèmes ce qui peut s'expliquer par le fait que, certains éleveurs qui sont habitués à aller abreuver leurs bêtes au même point d'eau, ne veulent pas que c'autres éleveurs s 'y rendent. Ce qui aboutit à des querelles entre éleveurs, voire les propriétaires des troupeaux de villages différents. En sàison de pluies, lorsque les champs sont labourés et ensemencés, le déplacement des troupeaux est placé sous contrôle et ils pâturent dans les jachères sous la surveil- lance des bergers. Dans certaines zones on peut constater que les trcupeaux sont enfermés dans les parcs ou encore en stabulation restreinte, mais cette fois-ci sous surveil- lance de la famille. La divagation des animaux en saison sèche est l'un des problèmes cruciaux qui se pose aux paysans Malinké. A côté de ce problème, se pose également celui de l'état sanitaire des troupeaux , de leur potentiel productif, or tradition- nellement, il faut noter de graves négligences tout au moins, un certain laisser-aller, illustrant tout-à-fait le côté second de l'activité pastorale.

LA FONCTION DU TROUPEAU DANS LA SOCIETE MALINKE

La possession du bétail en Haute-Vallée est un indice de richesse du paysan, car il représente le capital, ce qui ne signifie pas qu'il ne soit pas exploité, souvent même de façon intensive gour l'auto-consorrn.ation (fsce, iriariâge, circonsision, rituel religieux) . Selon les coutumes des Malinké, un boeuf est sacrifié a l'occasion des cérémonies de funérailles citune personne Sqke en tenànt compte ce son rang social dans le village. Cependant, l'ambition de chacun des paysans que nous avons rencontré est de constituer et accroitre un cheptel comme indiqué ci-dessus en signe de prospérité. Le bovin rend de nombreux services dans la société Malinké, malheu- reusement, son activité est nettement séparée des activités agricoles, et le temps consacré à l'élevage est relativement plus faible que celui consacré à l'agriculture.

Problème de l'association agriculture et élevage

Dans la région,agriculture et élevage restent les deux principales activités dont dépendent la vie des paysans. Dans plus de 90% des exploitations agricoles, on peut cons- tater que l'activité pastorale est nettement séparée de l'activité agricole. Cependant, bon nombre de paysans mani- festent le désir de fumer leur champ dès l'approche des saisons de culture. Ce qui entraine diverses pratiques :

- En saison sèche, après la récolte, la presque tota- lité des champs sont proclamés ouverts à la vaine pâture. Le paysan désireux d'amender son champ par le passage du bétail, fait appel au berger, qui souvent moyennant d'une certaine somme ou en nature (mil par exemple).

- Les paysans qui ne possèdent pas de bétail peuvent se procurer du fumier : étant donné la liberté de pâturage, partout ou le bétail passe, il dépose des excréments. Cer- taines familles ordonnent à leurs enfants, femmes ou même toute la famille de se livrer au ramassage de ces déjections animales qui seront disposées en tas dans les champs avant d'être répandues. Autour des villages et des cases, les chèvres et mou- tons sont maintenus à des piquets déplacés de tenips à autre ce qui permettra d'avoir du fumier. Les paysans qui n'ont pas assez de fumier ajoutent à celui-ci, de la paille de mil ou des chaumes. L'ensemble est enfoui autour des cases dans les sillons entre les but- tes, et arrosé régulièrement pendant deux à trois semaines pour permettre sa décomposition. Un besoin de fumure apparait donc, et est ressenti de façon impérieuse par les paysans. Ceci devrait conduire à un jumelage entre les deux activités agricoles et élevage. Malheureusement, l'élevage dans cette contrée n'est pas considéré comme un élément de l'agriculture et constitue une fonction à part. L'agriculture pour les ~alinké,à une signification et une fonction socio-religieuse. Elle assure la cohésion familiale et donne droit à la considération sociale. C'est de l'agriculture que les paysans tirent leurs ressources essentiellzs et font face aux besoics de leur famille. Ces id€es sont profondement implantées dans la men- talité paysanne, et il est très difficile de les convaincre des effets bénéfiques d'une association de l'élevage 2 l'a- griculture. L'essentiel, est dcnc la prise de conscience par le paysan que l'élevage peut déboucher sur une amélioration des conditions de travail agricole, ainsi que sur un accrois- sement des superficies à cultiver (Cf : chapitre culture attelée page . Nous avons déjà parlé de la culture atte- lée, mais davantage comme un élément de transformation de 1' agriculture. Il est difficile de définir succintement le concept " association agriculture élevage ". Plusieurs auteurs ont essayés de le faire, soit par l'utilisation de la force animale dans l'exploitation agricole, soit par l'utilisation conbinée de la force animale et fumier. D'un autre côté, on peut définir ce concept ccmme un système de production vi- sant à valoriser les surfaces agricoles de production par une exploitation judicieuse et harmonieuse de toutes les possibilités de production végétale et animale. Dans ce système, l'animal doit consommer une partie de la production végétale, d'où nécessité de consacrer une partie des surfa- ces cultivables à la production fourragère (source d'éner- gie) (Tableau 12 - Aperçu des valeurs nutritives des prin- cipaux fourrages rencontrés).

CONCLUSION D'une manière générale, l'alimentation des animaux principalement les boeufs est assurée par les jachères, les pâturages naturels et les sous-produits des récoltes. Malgré l'abondance de ceux-ci, l'alimentation des boeufs reste en régle générale défectueuse, car aléatoire, soit en raison de la destruction des pâturages par les feux de brousse en saison sèche, soit en raison du bas niveau de régénération des réserves fourragères ou de leur mauvaise conservation. Le climat de la région, avec une saison sèche beaucoup plus longue que la saison hivernale et qui se termine par des pluies orageuses de forte intensité, est très contrai- gnant pour le développement des végétaux. Cette saison sèche qui l'accompagne par une augmentation de l'évaporation pro- voque l'assèchement brusque des eaux des mares. De plus, des mesures de protection et d'amélioration de l'état sanitaire doivent être poursuivies et renforcées : vaccinations contre les principales épizooties et traite- ments périodiques contre la trypanoscmiase. L'utilisation rationnelle des jachères, constitution de réserves fourragères, l'entretien sanitaire des animaux dépendent beaucoup des facteurs humains. Les di£f icultés d'alimentation des bêtes tiennent davantaçe de la UFffic~~l- té de communication entre techniciens et paysans et à la réticence voire la résistance des populations paysannes à toutes les techniques nouvelle;. Mat. Sèche UF/kg M.S Mat az. Désignation dig/qrs M.S. -- SOUS-PRODUIT DES CULTURES Feuilles de Sorgho 96, 4 O, 32 3 Paille de mil (feuille) 86,2 0,36 4 Fane d 'arachide - Coupé avant arrachage 92,9 O, 75 107 - Récolté après battage 91,6 O, 60 4 1 - Stocké sur champ 92,O O, 40 30 Fane du Niébé (vigna Senegalensis)

FOURRAGE DES GRAMINEES Pennisetum Pedicellalum Andropogon Ga yanus

DERIVEE DES GRAINES Son - Maïs Son - Mil Sorgho

ESPECY ARBRE Guiera Senegalensis - Jeunes feuilles - Feuilles + Fleurs

KHAYA-SENEGALENSIS Jeunes feuilles

PTEROCARPUS-ERINACEUS Jeunes feuilles Jeunes fruits Jeunes pousses

OXYTENANTHERA-ABYSSINICA Jeunes tiges feuillées 40,O 0,57 9 6

TaDLeau 12- Aperçu des valeurs nutritives des principaux fourrages rencontrés en Hzute-Vallée Source : Cirection ~Vatlonalede 1 'élevage - Mali

CHAPITRE II LA POPULATION DE LA RÉGION

L'étude démographique de la région ne peut-être abordée sans référence à l'histoire. D'après les informations re- cueillies auprès des griots traditionnels à KELA, le peuple- ment progressif de la région est lié de très près à l'évolu- tion de l'empire du Mali. L'étude intitulée " Paysan Malinké du Haut-Niger, Emile LEYNAUD - Y. CISSE (1961 page 18) ", traite des origines du peuplenent de la région en ces termes : une chronologie plus qu ' incertaine concerne 1' origine mythique du peuple du Man- dingue et la forme des grands rameaux ~alinkéet Bambara notamment qui en sont issus. La deuxième phase du Xè et XI116 siècle est celle au royaume légendaire du Do et Kri pendant laquelle les prin- cipaux clans qui peuplent aujourd'hui la Eaute-Vallée occu- pent définitivement le terrain. Le règne de Soundiata Kéita (1230 - 1255) a narqilé la phase finale riche en ivènements historiques et légendaires qui ont eu des incidences sur l'organisation politique et sociale de la Haute-Vallée. Leur localisation géographique cerne des sites encore occupés par des descendants des Kéita, Kamara, Traoré. Les potentialités agricoles de la Haute-Vallée ont crée un mouvement économique à l'intérieur du territoire en par- ticulier par l'activité rizicole qui est la sienne. Ce mou- vement a ,provoqué un véritable rsmodelage humain dans la région. Les travailleurs venant des autres régions du Mali se sont intégrés en fondant leur propre village tout en res- tant dans le cadre des étrangers aux Malinké.

ASPECT QUAXTITATIF Source de renseignexents

Les sources principales ont 6th les recensenents admi- nistratifs et les sondaqes effectués auprès de quelques chefs de ccncession dans les villages visités complétés par les statistiques disponibles à la direction de l'Opération Haute-Vallée. Leur exactitude reste toutefois très relative, de multiples raisons d'ordre technique, fiscal et politique. Les recensements administratifs sont généralement très approximatifs et le plus souvent sous estimés du fait de 1'absence de déclaration de naissance. Les renseignements concernant l'émigration sont également peu fiables car les départs de jeunes ruraux sont rarement signalés. La déci- sion de départ est prise le plus souvent en groupe à l'in- su des parents, à plus forte raison des autorités adminis- tratives; et les jeunes quittent les villages avant le pre- mier appel du muezin (entre 3 à 4 heures du matin) alors que tous les autres villageois dorment encore. En 1964 - 1965 du temps du régime socialiste, des dis- positions auraient été prises pour freiner l'exode, de telle sorte que les familles répugnent à déclarer les départs tant qu'elles n'avaient pas de difficulté pour le paiement des impôts. La seule enquëte fournissant des renseignements satis- faisants valables est le sondage réalisé dans les quatre secteurs de développement : ses résultats ont servi à éta- blir une estimation de la population pour l'ensemble de la région. Ceci confronté avec diverses autres sources faisant état d'arrivées de population, permet d'évaluer à quelque 242881 habitants du peuplement de la Haute-Vallée.

Secteurs Population Superficie Densité totale km2

BANKOUMANA 41268

KANGABA 61 250

OUELESSEBOUGOU 6971 1

BAMAKO 70652

- -. -.

Ensemble

Tableau 13 - Effectifs et densité Source : enquête au niveau dzs s~czeürs Corme on l'a déjà signalé la majeure partie de la po- pulation se livre à la production agricole, habitant dans les villages et hameaux distribués d'une façon inégale sur 13200 km2. Ceci correspond à une densité moyenne régionale d'environ 18 habitants au km2. La lecture du tableau fait apparaitre une densité beau- coup plus forte dans le secteur de OUELESSEBOUGOU ce qui s'explique par l'importance de la population de certains gros villages tels que DANGASSA ( 10003 habitants) SùNANKO- ROBA (7336 habitants) et OUELESSEBOUGOU (15645 habitants), qui sont respectivement des villages en bordure de la route internationale (Bamako - Côte-dllvoire). Il est intéressant de noter aussi la relative faiblesse de densité dans les secteurs de BANKOUMANA et KANGABA, qui constituent la par- tie méridionale et favorable à l'agriculture. Ce net £16- chissement de la densité, peut s'expliquer par la présence des plateaux des monts Madingues : l'observation de la car- te de la population nous montre que, dans cette partie la grande majorité de la population est concentrée à proximité immédiate des zones inondables à cause des possibilités de riziculture. Le tableau dressé dans le résumé de l'enquête donne une variation de taille de chaque village puisqu'elle varie de 1000 à 100 habitants exception faite de quelque très gros villages citgs plus haut. Dans la région d'étude on comptait 250 à 280 villages et hameaux, ce qui fait ressortir une moyenne de l'ordre de 980 habitants par village, avec un habitat relativement dispersé.

Répartition de la population par sexe et par âge

En Haute-Vallée, nous avons distingué trois grands groupes d'âge dans la population étudiée. Ces groupes cor- respondent à la division classique européenne de la popula- tion en jeunes (O à 14 ans) adultes (15 à 59 ans) et en vieillards (60 ans et plus). Si telle est la définition européenne, il en n'est autrement dans les villages ~alinké, seule la classe d'âge des jeunes rejoint cette définition. On est adulte à partir de la classe d'âge de 15 à 45 ans qui représente la population active, 49 ans et plus c'est la classe des vieillards. C'est pourquoi dans les villagês Malinké, il n'est pas du tout surprenant, de constater que les hommes âgés de 45 à 48 ans, prennent part aux réunions rituelles des anciens, où les Jeunes et les adultes ne sont pas acceptés. Le regroupement en tranche d'âge de 5 ans permet de prendre une connaissance plus synthétique de la structure de la population de la région. L? graphique et le tableau ci-dessous nous aonnent la rSpartikion de la population par sexe et par âge pour le s?cteur de KANGABA. Ce secteur représente la r.oyenne de la region. Elle est presque donc la même que la pyramide de l'ensemble de la région, elle représente les mSmes caractê- ristiqces de distribution gar âge de la population. Dans l'&semble, la population parait jeune. Le pour- centage moyen de jeunes de moins de 15 ans est de 42% et celui des aàultes actifs (15 à 49 ans) est de 45% proche de la moitié de la population totale, celui des vieillards de 13%. Nous constatons donc que c'est une répartition assez hétérogène. D'autre part on note une assez bonne proportion d'adultes actifs, par contre la classe d'âge de O à 14 ans est moins forte par rapport au pourcentage des adultes. Cette situation peut s'expliquer par l'existence d'une mortalité infantile qui semble plus élevée dans la région. Le taux de masculinité, qui pour la population globale est voisin de 0,8, évolue normalement. Pour les tranches d'âge comprises entre O à 15 ans, les effectifs masculins sont nettenent supérieurs aux effectifs féminins (voir ta- bleau de répartition). C'est à l'âge adulte que le taux de masculinité est significatif, ce taux diminue constamment et atteint son point le plus bas (0,6) entre 30 et 34 ans. L'équilibre se rétablit entre 40 et 44 ans, puis le taux ne cesse de croitre, environ 2, 7% entre 55 à 59 ans. Toutefois, en Haute-Vallée, on a pu constater que c'est essentiellement dans les hameaux de culture qu'il y a une sur-représentation des hommes par rapport aux femmes, ce qui suppose que les habitànts ne sont pas toüchés au départ par l'émigration. D'une façon générale, la répartition par sexe montre un déséquilibre notable puisqu'on compte en moyenne 92 hommes pour 100 femmes. Pyramide des âges, comme déjà mentionné, cette pyramide est dressée à titre de riference et permet de mesurer la valeur très relative de nos chiffres. Elle correspond à la situation de la population du secteur de KANGABA. Cette pyramide, à base très large est celle d'une po- pulation démographiquement jeune. La base particulièrement aplatie jusqu'à 1'âge de 10 ans, permet de conclure que l'essor actuel est un phénomène récent, du à une chute, d'une part du taux de mortalité des enfants de 1 à 9 ans. L'ouverture des postes médicaux à KANGABA, SIBY, EANKOUMANA, a permis une légère amélioration de l'état sanitaire de la population. Le déficit masculin entre 15 et 45 ans, s 'explique en partie par l'émigration temporaire d'une partie de la popu- lation active vers BAMAKO ou méme dans les pays voisins (Cote d'Ivoire, France etc...). Ces départs ne sont que partiellement compensés par l'arrivée de migrants saison- niers. Dans la région, toute personne âgée de plus de 50 à 55 ans souhaite regagner le village natal avec le grand souhait d'y aourir . - Carte réparticion de la ~opulatioc- Fig. 11 - Tyranide des âges - Fig. 12

- Tableai: de rkpartition par âge et sexe no 14

Fig. 12 - PYRAMIDE DES AGES - Secteur KANGABA (moyenne de la Haute-Vallée)

1 cm = 1000 habitants

Masculin 49% Féminin 51 %

1 Ssxe masculin Sexe féminin Total Groupe d'âge i 1 Nombrs 1 % Nombre 1 ?6 1 Nombre ?6

Ensemble 30125 110% 31125 100% ô1250 iOO.6 l Exode rural

En l'absence des données chiffrées précises, nous avons d'une part recherché quelques informations auprès des auto- rités administratives et des responsables de l'Opération Fiaute-vallée. D'autre part, nous avons procédé à des sonda- ges auprès de quelques chefs de concession qui nous ont montré leur carnet de famille, et que nous avons interrogé sur les effectifs de jeunes actuellement présents, il Sem- ble que les effectifs de jeunes filles soient plus impor- tants que ceux des jeunes hommes. Nous avons voulu préciser l'ampleur de ces mouvements par une étude plus détaillée, qui permet de cerner la réalité de plus près. Ainsi donc nous nous sommes intéressés à l'étude " sur l'établissement des statistiques de base et de la commercialisation des cé- réales en zone Opération Haute-Vallée ", réalisée par le Bureau d'études de Conseils et d'Interventions au Sahel (B.C.I.S. pcge 6) en janvier 1981. Il ressort de cette étu- de sur un échantillon de 300 exploitants par secteür, les pourcentaqes de migrants suivants :

- Secteur BFSJKOUYANA : 4,5%

- Il OULESSEEOUGOU : 10, 3%

La moyenne de l'échantillon est d'environ 6%, près de 7% pour l'ensemble des exploitations des 50 villages de recensement. Ces taux sont certainement trks approximatifs. Ils semblent néanmoins témoigner d'une forte tendance à l'émigration due notamment à la proximité de la ville de BAMAKO (capitale) qui attire les jeunes adultes, quelle que soit leur ethnie. Ceci semble collaborer psr le fait que certains villages et hameaux paraissent vidés des bras va- lides, on ne rencontre que des vieillards, des enfants de moins de 15 ans et des femmes, dont certaines sont abandon- nées par leur conjoint. Par ailleurs une autre constatation plus frappante est le nombre de jeunes ruraux Malinké qui séjournent à BAMAKO. En interrogeant sur leur origine des garçons et filles des restaurants, des domestiques, des vendeurs de journaux ou de cigarettes, sur la façade de la grande poste de BAMAKO ou sur les grandes places (souvenirs et DABANANI) la plupart sont originaires du Mandingue. Selon l'étude du B.C.I.S., les motifs de départ se répartissent en particulier entre le travail (42,1%),les visites (25,2%) et divers motifs (26,3%) dont le plus impor- tant est l'accompagnement de quelqu'un d'autre dans son céplacement . Par contre, la destination majoritaire de ceux qui sont partis plus d'un an, reste le Mali (29% pour ERW.KO, moins $3 20% ont émigré beaucoup plus loin dans le pays, total Mali 53%). Le taux élevé de BAMAKO, ne constitue pas une perte pour le développement de la région puisque la main d'oeuvre reste sur place. Mais la Cote d'Ivoire prend beaucoup plus d'importance, 40% contre 14% pour les saisonniers. La classe d'âge la plus touchée, est celle de 15 à 40 ans. Sur l'ensemble de la région, l'émigration féminine est beaucoup moins importante par les effectifs concernés, re- présentant environ 27% des femmes de 15 à 45 ans et 37% de 1 ' ensemble de départ. Migration

Durée Nb. Lieux Motifs de période - .- . - - - t,

'ru -ru

BANKOUMANA

KANGAHA 14 1455 90 43 47 41 13 29 4 3 67 3

OUELESSEBOUGOU 10 725 75 38 37 11 34 24 - 6 37 4

_ --_-- .-

Tableau 16' - Relation entre le lieu, la durée et le rnotif d'émiyrants Les causes actuelles de l'exode

Les causes des àéparts des jeunes ruraux dans la région sont multiples. Nous serions d'accord avec J.P. RAISON lorsqu'il traite dans son livre intitulé " Colonisation agricole des terres neuves dans la zone intertropicale - TANANARIVE 1967 " la diversité des causes des mouvements spontanés " pression démographique et ses corollaires, faim de terre et épuisement des sols cultivés, conflits internes et surtout des causes extérieures d'ordre surtoüt économi- que ". Ces principales causes existent réellement dans no- tre région, surtout le besoin d'argent. Par contre l'émi- gration pour cause de faim de terre en aut te-Vallée est in- connue, ce que nous verrons en étudiant la tenure tradition- nelle des sols. Les causes d'ordre économique sont mention- nées en priorité par les quelques chefs de concession que nous avons eu l'occasion d'interroger sur l'émigration de leurs enfants, frères, cousins. Ils nous ont en effet dé- claré " nos productions qui sont tributaires des aléas cli- matiques n'arrivent plus à satisfaire nos besoins, et les jeunes, compte tenu de la sollicitation de besoins nouveaux s'en vont ailleurs, ce que certains parents déplorent ". Ce déplacement à donc pour but essentiel la recherche de res- sources monétaires, mais de tels motifs ne suffisent pas a eux seuls à justifier pleinement les dépsrts actuels et les rendre inéluctables. De nombreuses autres raisons existent au delà de ce besoin d'argent : on notera notemment les aspects psycho-sociologiques et sociaux de cette migration rurale; le malaise des jeunes ruraux qui ne retrouvent plus dans les villages d'origine le plein épanouissement auprès des vieux, détermine le plus souvent la décision de migrer. Une autre cause, qui j usqu'ici n 'a jamais été mesurée par les vieux parents et semble être importante dans la mesure où elle contribue a une diminution de l'effectif de la po- pulation active dans l'exploitation agricole, est la scola- risation des enfants qui est en étroite relation avec la tendance à 1 'émigration. Les jeunes scolarisés, une fois atteint un certain niveau scolaire, se trouvent dans 1 'obli- gation de poursuivre les études dans les grands centres, où le plus souvent ils sont tentés de rester. L'analyse de ces quelques causes de migraticn, est liée aux mécanismes qui la déterminent.

Les besoins d'argent

La population Malinké est habituellement connue comme désourvue à'3xiçence matérlelLe, sa seule a~~bitionétant d' arriver à satisfaire les frustes conditions d'existezce traditionnelle. Ce juqement est sans doute vrai, mais il est toüt de même juste de dire que du fait de 1 'évolution actuelle et des besoins nouveaux, un changement notable a pu se produire au sein de la société Malinké. La nécessith absoiue ae se procurer de l'argent, que la production agricole ne peut plus leur donner, a suscité un décourage- ment au niveau des jeunes. Ces derniers quittent de façon définitive ou temporaire leurs villages d ' origine pour aller chercher de l'argent en vue de préparer leur mariage, d'aider les parents à payer les impôts, ou de s'acheter de beaux habits, des compléments alimentaires etc. . . Dans le pays d'accueil ou les jeunes émigrés laissent leur force de travail en se livrant à toutes sortes de tra- vaux, qui sont a 75% insalubres et mal rémunérés. L'exemple le plus frappant est le cas des travailleurs noirs africains en France. Les émigrés qui viennent de la campagne africai- ne à Paris sont souvent confrontés à des difficultés d'a- daptation : analphabètes, vis-à-vis d'une civilisation de l'écriture, ils subissent la loi de certains patrons qui profitent de cette situation pour les utiliser " au noir " avec des salaires de misères. Partis pour la France ou dans les pays voisins d'Afrique dans le but de gagner de l'argent, ils se nourrissent et se logent à moindre frais, et retour- nent dans les villages d'origine dans des conditions sani- taires lamentables, qui ne leur donnent qu'une espérance de vie limitée et qui les rendent inutilisables dans l'exploi- tation agricole paternelle. Si l'on observe les années 1968 - 1970, au moment où le B.D.P.A. (Bureau pour le Développement de la Production Agricole) intervient dans la région pour l'encadrement de la riziculture; on remarque que des familles sont recru- tées pour creuser les canaux régulateürs des casiers, mo- yennant de l'argent qui apporte à ces familles une source de revenu monétaire sûre et leur permettant de satisfaire certains besoins sur place. Le contrat B.D.P .A. ayant pris fin, des familles qui avaient pris goht à ces revenus s'en voyaient tout d'un coup privées. Il semble sans aucun doute que cette fin de contrat ait amorcé un mouvement d'émigration. En conclusion l'émigration en aut te-Vallée est due essentiellement à un besoin d'argent, mais la question sui- vante se pose : cette rentrée d'argent compensera-t-elle les pertes occasionnées par les départs ?

Les causes psycho-sociologiques et sociales

Ces causes d'émigration commencent à ëtre de plus en plus connues dans les milieux ruraux africains, et mettent en relief la répugnance de la jeunesse rurale à s'accommo- der de la vie du village, surtout à se soumettre à certaines coutumes qui lient la famille à la terre. En effet, les jeunes gens scpportent de plus en plus àifficilement la tutelle des vieux et cherchent à s'y sous- traire en quittant le village ou la famille pour aller tra- vailler à l'extérieur. La famille se vide ainsi ces éléments jeunes et actifs. C'est ainsi qu'en Côte d'Ivoire, la seule ville de BOUAKE renferme .plus de 100 jeunes du vi1laç.e de NATENA; il apparaît très clairement que la présence de ces bras, constituerait un avantage pour le développement de l'agriculture dans la région. Cette aspiration à l'indivi- dualisme a traduit un véritable conflit de génération qui détruit l'unité morale de la société et qui rend difficile sinon impossible l'application de toute mesure de dévelop- pement rural de cette région. Ainsi il n'est pas rare, de voir les vieux Malinké dirent que l'ère des blancs a gaté le monde rural. Notons que ces conflits peuvent s 'étendre de famille en village et concession, a toute une localité.

Frein pour l'agriculture

Le départ massif des hommes valides des campagnes, ne peut permettre une utilisation rationnelle des terres. La Haute-Vallée nourrissait en 1960 - 1970 sans aucune diffi- culté la totalité de sa population voire meme exportait le surplus du riz. L'explication la plus plausible de l'émi- gration de nature psycho-sociologique; à ce sujet, certains nomures d'indices peuvent être rapprochés de façon signifi- cative. Le recul de l'agriculture à l'heure actuelle est net- tement visible dans nos campagnes, par une dixinution des espaces cultivés due au manque de main d'oeuvre disponible. Cependant dans les secteurs où la population a diminué an valeur absolue, les vides pourraient correspondre à des départs définitifs. Par ailleurs, on peut rapprocher la diminution des surfaces cultivkes d'une baisse notable de rendement que tous les vieux paysans ont constaté et déplo- rent amèrement. Les champs de zones sèches semblent beau- coup plus atteints, car les problèmes d'entretien cultural s ' aggravent de la baisse de niveau de rendement. On a pu remarquer par ailleurs que les jeunes ruraux émigrés tempcraires, tardent le plus souvent à regagner le village d'origine. Ce qui fait qu'au cours de la campagne agricole, on ne voit que les vieux parents avec les femmes et les jeunes enfants de moins de 15 ans sur les champs pour les premiers travaux. Cette tendance à l'âbsentéisme désorganise 1' exploitation agricole et oblige les vieux parents à mener les travaux de façon incomplète ou cultiver superficiellement. Et cependant, les vieux rétorquent que dans les années passées, la somme de travail &tait beaucoup plus considérable et que l'homme perpétuellement sollicite par les groupes d'entr'aide ne regagnait son dorr~icilequ'au crépuscule . L'élevaçe qui dans les conditions normales doit amélio- rer la condition de vie des paysans est très largement in- productif. Comme il a été dit précéde-ent, la région est consicérée comme déficitaire du point de vue du bétail, Sien quo certains privileigiés en possèdent, qui ne condui- sent pas leur élevage de façoc intensive, mais pour fournir l'essentiel de 1s fumure : leur bétail est à la merci d'é- pizootie et ils n'ont pss de parc fourrager. Dans le secteur de OUELESSEBOUGOU, qui semble être important du point de vue bétail, les quelques éleveurs Peul que nous avons eu l'occasion de rencontrer, nous décla- rent que le bétail n'est plus nourri avec assiduité comme autrefois. Par ailleurs certains jeunes éleveurs Peul en complicité avec des commerçants, font passer les troupeaux clandestinement vers la côte d'Ivoire pour les vendre. Ceci a sensiblement diminué l'effectif de bétail dans la région, ce qui entraine une diminution du fumier pour les exploitations. Ces jeunes Peul qui émigrent avec les troupeaux dans les pays voisins, ne songent pas à retourner dans l'immédiat une fois la commercialisation terminée.

La scolarisation

La scolarisation des enfants ruraux ~alinké,peut-être considérée actuellement comme une des causes indirectes de l'émigration. L'école prive les chefs de famille paysans, de l'appoint de travail des enfants. Dans la Haute-Vallée, l'école est considérée comme la véritable possibilité d'ac- cès au bien être a long terme. Aujourd'hui plus de 40% des paysans scolarisent leurs enfants dans l'espoir de les voir un jour devenir des hauts fonctionnaires. On peut noter que l'avantage de cette scolarisation a été bien ressentie; par contre l'inconvénient semble être peu considéré. Plus la

' scolarisation est forte plus est forte la tendance à l'émi- gration. Il a été constats que généralement les enfants ti- tulaires du D.E.F. (Diplôme dlEtude Fondamentale Malien, équivalent du B.E.P.C.) ne pouvant pas poursuivre les études dans leur village, sont orientés dans les classes secondai- res (lycée, écc>le normale secondaire etc. . .) qui sont im- plantées dans les centres urbains du pays. Ces jeunes ru- raux qui seront en contact permanent avec les grandes villes pendant 3 à 4 années scolaires, ne veulent plus retourner dans leur village pour aider les vieux parents à cultiver la terre par la seule crainte de perdre leur personnalité. A NIPANA (secteur de KATI), un paysan nous déclare " depuis la rentrée des classes 1978 - 1979, mon fils âgé de 20 ans se trouve a l'école a BAMAKO. Nous voila au mois de Juillet, il n'y a plus d'école, et l'hivernage bat son plein, en cette période de surcharge des travaux agricoles, je suis obligé de me consacrer à ces travaux de manière à ne pas être en retard sur la saison ". Le plus souvent ces enfants profitent de leurs vacances pour travailler dans les grandes villes, afin de s'acheter les fournitures sco- laires pour la rentrée prochaine. Ce phénomène est souvent encouragé par certains parents qui n'arrivent pas a satis- faire les besoins scolaires de leurs enfants. En outre, il est à remarquer que généralement ce sont de grands élèves, c'sst-&-dire les étudiants, qui donnent l'exemple du non retour dans les villages. CONCLUS 1 ON L'observation de ce qui se passe cans la région permet de constater que le courant migratoire tend à prélever tou- te la force de travail des adultes actifs et conduit la ré- gion a sa ruine économique. Dans la plupart des cas l'émi- gration tient à la difficulté de subsistance des populations qui incite les jeunes a quitter leur village. Mais les reve- nus apportés par les migrants ne permettent pas une vérita- ble modernisation agricole et servent dans le cas général à faire vivre une fraction notable de la famille. L'importance du taux de migrants relevé dans la région suffit a montrer l'ampleur du phénomène, qui touche tous les groupes ethniques. Il importe que des solutions d'ordre économique soient trouvées, afin de maintenir l'équilibre humain, surtout dans une région essentiellement agricole dépourvue Cie toutes ressources monetaires. Les solutions à envisager, en tenant compte de la con- dition actuelle de la aut te-Vallée, doivent, en première étape, donner une nouvelle physionomie à l'agriculture, c'est en considérant l'agriculture comme base de l'indus- trialisation agro alimentaire. Le développement de 1' agri- culture, qui permet la création des industries dans la région, sera une des seules mesures permettant le maintien des jeunes dans la région. Comme nous venons de le voir, dans le cas de l'inter- vention du B.D.P.A., les occasions d'emploi sur place ou à proximité peuvent constituer un frein sensible à l'émigra- tion. Il faut reconnaitre, que de telles possibilités sont rares en Haute-Vallée. Le projet sucrier de BANKOUMANA re- cemment élaboré, qui prévoit une usine sucrière pernettant dans un avenir proche , devrait donner quelques espoirs dans ce sens. Cette usine dans les deux premières années de fonctionnement doit employer 80 à 90 personnes en premijre année, et 100 à 120 en deuxième année. Cette main d'oeuvre sera payée sur la base du S.M.1 .G. malien, qui se situe autour de 15000 a 20000 francs maliens. Par ailleurs on note également que le développement des cultures co~merciales(jardinage, maraichage) telles qu'el- les sont pratiquées actuellement dans la zone de BAGUINEDA, permettent de nombreuses possibilités d'emploi pour les villageois. Mais de telles activités maraicheres se heur- tent. au problème de manque de terres cultivables, car elles ne sont réalisables que dans les bas-fonds ou dans les zones bien approvisionnées en eau, possédant de plus des moyens de communication satisfaisants pour permettre l'évacuation rapide des produits vers les grands centres. ASPECTS QUALITATIFS

Répartition ethnique La population de la r au te-vallée regroupe plusieurs ethnies où les Malinké sont majoritaires; Les Bambara sont un sous-groupe de l'ethnie Malinké, alors que les Somono et les Peul forment une minorité et sont considérés comme des étrangers par les ~alinke.Malgré cette aiversité des ethnies, les habitants de la Haute-Vallée respectent toutes les coutumes propres a la civilisation Malinké, et parlent le même langage. Les principaux clans Malinké sont les KEITE, KAMARA, TRAORE; les Peul descendants de SAMAYANA BASS1 sont surtout des DIALLO - DIAKITE - SIDIBE - SANGARE. Tandis que les Bambara de Ségou sont représentés par les clans Koné et Coulibaly. Quelle que soit leur origine eth- nique ou tribale, les villages de la aut te-Vallée répondent tous au même modèle sociologique et on peut noter à cet égard que la population possède une certaine cohésion dans la structure familiale patriarcale. La répartition de la population rurale entre les di£- férents groupes ethniques représentés en Haute-Vallée est la suivante :

- Malinké ...... 56% - Bambara...... 41% - Peul...... 2% - Somono...... 1%

Lsb IUalinhE : Ils occupent la première place dans la région. Ils peuplent de nombreux villages où ils sont à la fois fondateurs et chefs. Il n'est pas rare en aut te-vallée, surtout dans les zones à forte concentration de Malinke, que tout un village regroupe un même clan. Ce phénomène peut s'expliquer par le principe de filiati~npatrilinéaire et 1' appartenance à ce groupe. Les études sur l'histoire des Malinke, réalisées par E. LEYNAUD et CISSE YOUSSOUF dans leur livre " les paysans Malinke du Haut-Niger, édition du Mali - p. 134 " peuvent permettre une approche historique sur les Malinké de la Haute-Vallée. En résumé, ce livre nous enseigne, que l'oc- cupation de la Haute-Vallée par les différents clans Malin- ké semble avoir été progressif. Avant l'expansion KEITA, elle avait été peuplée par des Traoré, Koné et des ~onaté qui corme nous l'avons signalé, sersient les premiers occu- pants 3u Fiandingue, et qui sont à la tête des royaumes ani- mistes 22 Kri et de Do, originaire les uns de Kiza, les autrzs au lac Debo (cinquième région gconomique du Mali), aux riv virons du Xè siècle, vinrent ensuite d'autres Traoré 2t :

Lea Barnbarra : forment le deuxième groupe après les Malinké avec 41% de la populatiob totale. Cela parait sur- prenant, et s'explique, par le fait de l'extension de la région du point de vue administratif. Au coeur du vieux Mandingue (secteurs KANGABA et BANKOUMANA) , les Bambara vivant dans cette partie, sont d'origine servile. Ceux des secteurs OUELESSEBOUGOU et BAMAKO ne le sont pas et sont originaires de ~égou,c'est là où ils auraient émigré en masse a partir de l'effondrement de l'empire SONGHOI (en 1595) sous le coup des mercenaires du roi du Maroc. Parmi les Bambara habitant l'ensemble de la région, les principaux clans sont les COULIBALY, KONE, SANOGO et TOGORA du village EJXANKORO . L'origine de ces Bambara de ~eçou,et leur présence dans le Mandingue, tiendrait aussi au siège de cette ville par le Colonel Français ARCHINARD, qui aurait provoqué un départ important des Bambara de Ségou vers d'autres régions du Mali. Nous aisposons de peu d'information sur les Bambara de la Haute-Vallée dispersés en petit groupe dans les vil- lages. Selon E. LEYNAUD et Y. CISSE, ces Bambara seraient d'origines diverses, les premiers seraient des représentants de vieux stocks d'esclaves du vieux Mandingue, alors que les autres ont été transplantés dans le pays par 1'ALMAMY SAMORY TOURE . Ils bénéficient chez les Malinké d'une hospitalité généreuse, cela pour plusieurs raisons : d'une part parce que la mère de Soundiata Keita empereur au Mali, est d'ori- gine Bambara, d'autre part, les Bambara physiquement bien portant étaient des guerriers et chefs de guerre des Malin- ké grâce à leur courage. Cette bravoure des Earnbara n'est pas un fait du hasard car ils sont reconnus au Mandingue comme l'etnie spécialisée en sorcellerie. Cela démontre leur efficacité sur les frgnts de Guerre. Les 3zakarz pou- vaient prévoir la défaite ou la victoire des ~alinke,con- tre SOUMAGOUROU KANTE. Compte tenu de ces cozsidérations, les Bambâre sujourd'hui

Les Peul : Originaires de MACINA et du HOUTA-DJALLON, ils représentent 1%de la population. Ils ne forment pas un ensemble cohérent. Vers la fin du X1IIè siècle, les Peul venant de KITA s'installent en aval de la Haute-Vallée, sous l'impulsion de SAMAYANA-BASS1 et s'imposent au ~alinké.Par ailleurs dans tous les villages Malinké, on trouve quelques familles de bergers Peul. Ceux-ci sont particulièrement abondant à KANGABA, FIGUIXA, SAWYA et DALAKANA. Les habitants de la Haute-Vallée les désignent sous le nom des FULA-MPLXINKA, c'est-à-dire de Peul assimilés. Ces Peul groupes en village dont ils détiennent la chefferie et qui disposent d'un ter- roir, se répartissent de façon inégale dans la vallée. Ils sont installés sur la rive gauche et dans la zone du fleu- ve où la concentrsticn du bétail est importante. Les Peul DIAKITE, SIDIBE, se sont fixés sur la rive droite du fleuve Niger au delà des rives SANKARANI, dans le OUASSOULOU qu'ils habitent encore. Indépendamment de leur vocation d'éleveurs, les Peul du Mandingue, sont d'excellents agriculteurs, malgré leur faiblesse numérique. Ils contribuent activement au dévelop- pement économique et social de la région. Ils cultivent comme les ~alinké,le riz, mil, sorgho. Etant donné leur ancienneté dans la région, les Peul sont 40% propriétaires des terres qu'ils ont peut-être héritées, de leurs alliés matrimoniaux. Structure socio-économique traditionnelle

De tout temps, la famille constitue au Mandingue une véritable cormunauté sociale politique et économique très cohérente. Témoin l'importance des structures résidentiel- les (Lou) , des rites des mariages, du travail communautaire. Mais depuis la conquête coloniale et plus particulièrement depuis le développement de l'économie marchande,ses struc- tures n'arrêtent pas de s 'effriter. Ainsi une famille qui comptait au début du siècle 120 personnes a éclaté en plu- sieurs unités de production, ne compte plus que 15 à 20 personnes. Une description rapide de l'organisation sociale Pialinké nous permettra d'une manière générale de cerner le système économique traditionnel. En ef £et, 1'ensemble de la vie sociale est régi par des forces issues de la traai- tion (principalement celle émanant des groupes familiaux) et les tendances nouvelles consécutives aux bouleversements économiques et politiques (1'etablissement des arrondisse- ments ou anciens cantons au niveau des villages) est un élément nouveau de plus haute importance. Dans cette société ~alinke,l'homme et la terre sont les deux pôles inséparables du système: spirituellement liés l'un à l'autre, ils sont les deux facteurs essentiels de toute 1 'activité économique. Dans le Mandingue, les structures sociales sont basées sur les liens de parenté et les groupements humains, les plus larges se déclarent d'un même ancêtre commun. La famille étendue qui est la cellule sociale de base est en même temps l'unité économique, et c'est en son sein que se réalise les processus de production et que se situe les décisions économiques. Il est à remarquer par ailleurs que l'exploitation des terres se fait selon trois modes que nous verrons plus en détail, au cours de l'étude, il s'agit:

- Des terres exploitées en commun par l'ensemble des membres de familles étendues (FOROBA).

- Des terres expioitées en commun par des membres des ménages composant la famille étendue (DYON-FORO) .

- Des terres exploitées à titre indivuel par les hom- mes à l'exception du chef de famille; les femmes, même par certains adolescents (DOUGOU-GOUMA - FORO) . La valeur de ces types de champ varie selon les cas. Organisation du village et la chefferie

Le village se situe, du point de vue cie la morphologie sociale, immédiatement au dessus de la notion de famille sans passer par d'autre phase intermédiaire. L'organisation politique à l'échelon du village, reflète assez fidèlement l'ambiance familiale et l'esprit traditionnel tribal : elle est également archalque et caractérisée par une forte hiérarchie. Le village que les Malinké appelle " DOUGOU " est com- posé au moins de deux familles étendues appelées (LOU ou KABILA) . Celle ci est toujours exogame, (-NYOKOMA) . La chefferie à l'origine, revient à la famille la plus influente. A ce titre on peut considérer le village comme le fo~2ementde la vie rurale. Le chef traditionnel est l'ainé des descendants mâles du clan fondateur du village (par exemple a SAMALE c'est l'aine des TRAOERE). Son intro- nisation ne donne lieu à aucune cérémonie particulière. Il devient chef immédiatement après le décès de son prédéces- seur en âge. Il est le conciliateur entre les Smes des an- cêtres et les vivants d'où l'origine mystique de son pou- voir. Il est craint, vénéré à cause du mystère qui juste- ment sntoure son pouvoir. C'est lui qui doit veiller sur la bonne marche du village dans le respect de la tradition. Sa conduite aoit être exemplaire, puisque les malheurs et les bonheurs du village sont des conséquences de la confiance que les âmes des ancêtres lui accordent. Pour cette fonc- tion il est appelé " DOUGOU-TIGUI ". Etant issu du clan fondateur du village, il est par là même le chef de toutes les terres, lesquelles sont inaliènables et ne peuvent fai- re l'objet de spéculation. Il procèderait en tant que le premier père (FA) de la communauté, au partage des terres entre les autres chefs de famille. En effet, si la proprié- té est collective au niveau du village, la propriation réel- le se fait au niveau de chaque groupe familial, par le travail qu'il consacre à la terre. Le pouvoir du chef de village domine ceux du conseil villageois. L'appareil politique traditionnel composé de quelques chefs de familles (LOV-TIGUI) et des notables riches du village. Il sert d'organe consultatif auprès du chef du village. Il est convoqué chaque fois que besoin s'en fait sentir dans le vestibule du chef du village : vestibule qui lui sert de salle de réunion, ce conseil sert à tempérer le pouvoir du chef du village. Nous remarquons aujourd'hui qu'avec l'indépendance du Mali, le chef du village qui était autrefois beaucoup plus indépendant du pouvoir administratif, est chargé de relation avec les autorité,^ administratives, et ae la boite à lettre, recevant et transxettant les pièces, communicaticns , convo- csti,=zs, qui ic~éressentlrs villaqeois . Plus que jamais, il semble que l'évolution aura pour effst de confirmer le chef de village à des fonctions secon- c aires et 2urement formelles. L'accession du Mali 2 l'indé- pendance, par la création des arrondissements tend à amoin- drir les r6les des chefs du village. Malgré l'introduction de cette zouvelle institution au niveau des villageois, les pouvoirs traditionnels des anciens semblent se conserver. C'est ainsi que le conseil est encore habilité à trancher les questions relatives à l'ensemble de la cornunauté vil- lageoise, surtout lorsqu'il s'agit de la vie agraire, voire de certains problèmes sociaux qui font appel à sa justice ou sa décision. Il est a remarquer que les assemblées villageoises sont de deux types : soit des assemblées de quatier pour trancher des litiges ou régler des problèmes d'administra- tion courante (creusement des puits, construction d'une mosquée, dl un dispensaire, réfection des pistes agricoles etc.. . ) soit des assemblées de 1'ensemble du village pour célébrer des rites collectifs, perception d'impôts etc ... Les assemblées au niveau des quartiers sont composées de tous les hommes ayant le statut adulte (TIE-BALE) sous la présidence du chef de quartier. Les femmes ne se rendent jamais à ces réunions. Les critères exigés pour y partici- per sont l'âge et la circoncision. La présence n'y est ja- mais obligatoire, seuls les anciens du quartier ont droit à la parole. Les assemblées de villàge, réunissent tous les villa- geols. Le but étant de résoudre les sroblèmes ?osés à la collectivité. Généralement la fin de cette réunion, comme celle des conseillers villageois, exige toujours des priè- res (bénédiction) et des rites collectifs. L'aspect caractéristique de ces assemblées est que les décisions prises sont discutées publiquement, mais sont toujours transmises sar un homme de caste (NYFMAKALA) qui joue le rôle d'information et contrôle au niveau des villa- geois l'exécution des décisions. A 1'échelon inférieur, certaines des décisions concer- nant les affaires de la concession (LOU) sont directement posées au niveau du chef de concession (LOUTI-GUI) , telles que héritage, mariage sanction contre un individu, questions de gestion de patrimoine et du revenu. Le Loutigui (FA) est souvent assisté par un conseil familial composé des hommes mariés appartenant à la famille, qui sont des frères cousins que les ~alinkéappellent " KORO-LOU " c'est-à-dire concession des frères ainés. Au sein du conseil de famille les jeunes n'ont pas le droit à la parole. En règle générale, la durée du mandat de Dougou-tigui (chef de village) d'un même chef de concession et de quar- tier est indéterminée; en fait il est nommé à vie parce qu'il est le plus âgé de tout le lignage. ORGANISATION FAMILIALE ET SOCIALE Groupement familiaux

Dans bien des cas, parce qu'il faut saisir une realite agro-économique en cours de transformation, on ne se trcu- vers pas face à une situation très. claire concernant les groupements familiaux de production en pays Malinké. Dans ce groupement, deux forces contradictoires se dégagent, les unes poussant à la création de sous groupe- ments, ayant leur propre autonomie, les autres au contràire venant renforcer les liens de dépendance; en vue de satis- faire les besoins de sécurité grâce aux greniers collectifs et aux troupeaux du chef de famille étendue du " LOU Malin- ké ". Les fondements de l'organisation sociale en Haute- Vallée, nous permettent de dégager deux éléments essentiels pour mieux cerner ce problème : clan et lignage. En aut te-vallée, chaque individu se réclame de deux ancêtres diffirents, appartenant à deux groupes de filia- tion, rattaché à son clan par sa mère, l'autre à son ligna- ge par son père. Les Malinké sortent plusieurs noms : un indivi2u porte le nom de son père, le nom " DYAMU " collectif qui le rat- tache a un ensemble classique (KEITA, KAMARA, DIABATE, TRAORE etc... ) ; il est ensuite individualisé par un certain nombre de noms possible. Le premier est donné à la naissan- ce, indiquant à la fois le sexe et rang de naissance par rapport aux enfants de même mère (se référer au système de parenté traité par E. LEYNAUD et Y. CISSE 1961 - p. 169 (1). Dans la plupart des domaines de la realite sociale en pays Malinké, des rôles différents sont assignés à l'un et l'autre groupe de filiaticn. Dans la lignée maternelle qui garue cependant une importance sociale certaine, et les frères de la mère jouent un rôle prépondérant: les rapports sont en général empreints d'affection et marqués par un système de plaisanterie. Par contre dans la filiation pa- ternelle, se développe un contexte beaucoup plus autoritai- re qui se manifeste au sein de la famille étendue (surtout pour les décisions concernant la production agricole et les rites agraires) . Par exemple la transmission de certains biens fonciers témoiçne de l'importance de ce type de filia- tion. L'analyse qui suit porte essentiellement sur les fonc- tions que remplissent chacun des groupes de filiation.

Lignage : Le sentiment d'appartenance à un mëme ligna- ge est de rattachement à un même ancêtre définit chacun depuis la naissance. Les enfants sont légitimement nés d'un même père, qui est le chef de tout le groupe et habitent ensemble dans la même concession (Lou) .

(1) E. LEYNAUD - Y. CISSE : Paysans du Haut-Niger tradition et développement - édition du Mali 11 faut remarquer qu'au sein de la concession, plusieurs termes peuvent être employés : le pere (FA) appelle les enfants den le suffixe Kyé, K& et Tyé permettent de préci- ser s 'il s'agit d'un garçon ( ~enkyè), muaao pour préciser femme (dèn-musso) . Pour remarquer une différence d'âge on peut ajouter au terme dèn ou musso les suffixes N'TINI (petit) ou KOROBA (grand). Les grands parents sont éventuellement appelés les hommes et les femmes de la deuxième génération ascendante " ~oke", " MAMAKE " (grand-père) ou " MAMA-MUSSO ", " MO- MUSSU " (grand-mère) . Les oncles paternels ou maternels ont les mêmes appellations (Eenké, Berenké). Dans cette societe Malinké, la plupart des hommes sont pclygames, les enfants sont d'un seul père, mais de mères différentes. Les enfants issus de la même mere l'appellent mere (Nàh, Màh ou Ba) et appellent les autres femmes du pere (Ba- = petite soeur de rr.a mere, Ba-Koro = grande soeur de ma mere, ou " Ténin " = remplace les deux premiers). Dans ce groupement familial, les membres ont en commun un ensemble d'interdits (N'TANA) et des rites dont le plus déterminant est la concession. Avec la circoncision, les enfants passent à l'état adulte et obtiennent une responsa- bilité économique (par exemple un champ de culture) . Le li- gnage est en principe divisé en plusieurs familles restrein- tes qui sont contenues dans les limites d'une autorité assez strictement hierarchisée. De ce point de vue, la famille étendue s'inscrit dans le cadre du lignage où se situe la part des droits et des obligaticns. Avant de l'aborder, on peut mentionner que la cellule de base est la famille éten- due qui est une unité de résidence et de travail groupée autour d'un même chef de famille, il a le droit au respect de tous les travaux culturaux, il gère tous les biens de la communauté (exemple stock et récolte) et distribue la ré- colte à ses membres. Il est aussi le gardien des coutumes, des moeurs. Nous verrons ces principales attributions de chef de la famille étendue, lorsqu'on étudiera la décision économique au niveau des types d'exploitations agricoles.

Clan : Groupe constitué par tous les individus qui se rattachent, soit par descendance agnatique (patriclan), soit par descendance utérine (matriclan) à un ancêtre fondateur, lointain, quelque fois mythique. Le clan se différencie du lignage en ce qu'il est im- possible de raccorder cet ancêtre au groupe par connexion généalogique précise. Du côté du groupe lignager de la mere, nous avons défini les termes couramment utilisés pour dési- gner les frères de la mere et les soeurs enin in-~usso) . Chez les ~alinké,1 'oncle maternel joue un rôle impor- tant au niveâu du lignage voire même au niveau du clan. Ces quelques exemples nous peraettent d ' apprécier leurs fonctions principales. Les oncles maternels aans la societe africaine, plus pàrticuliérement ceux 2s notrs région, sont considérés par les enfants de leurs soeurs que des oncles paternels. La concession de l'oncle maternel est un lien de refuge certain ?Our les enfants, chaque fois qil'un désacord l'oppose à son père, ses frères, on a recours à l'oncle maternel. C'est chez l'cncle maternel qu'ils trcuveront le réconfort moral, on l'écoute avec bienveillance, on le con- seille utilement. Si l'oncle maternel a une fille, son plus grand souhait est que sa fille soit mariée au fils de sa soeur, ou bien s 'il incombe au père de procurer une fille pour son garçon, c'est l'oncle maternel qui lui offre la seconde et qui avancera l'argent nécessaire au frais de dot et ceux de festivités du mariage. Le mariage cousin, cousine est beaucoup plus fréquent en aut te-vallée, cela s'explique par le fait que les Malinké veulent éviter 1'4- parpillement de leur descendance (SI). D'autre part la gé- nérosité de l'oncle s'explique sans doute par le souci non seulement de consolider les liens fraternels, mais aussi de faciliter l'établissement entre les époux d'une sorte d'affection dont il espère qu'elle subsistera après sa mort. Une autre fonction de leur relaticn d'alliance est d'intervenir dans presque tous les cas de conflits (querel- les familiales) lorsqu'il s'agit de deux frères appartenant à une même famille étendue, dont l'un est son gendre (BOU- RANKE). Il permet de rétablir une situation troublée au sein d'un groupement familial, ou d'un village. Les moyens utilisés à cet effet, sont généralement significatifs tra- ditionnellement, par exemple mettre une braise dans une calebasse qui n'a pas été utilisée contenant de l'eau, ou encore dans certaines zones, il jure sur la mort des ancê- tres, tout en disant " si vous finissez cette querelle, je vais danser le MARI-BA-YASSA " (danse rituelle des ~alinke). Notons par ailleurs que l'on reconnait en Haute-Vallée des traces d'ancienne organisation de groupement de village et chefferie, mais qu'il n'y a pas de différence très re- marquable entre 1' ancienne structure et celle d'aujourd'hui, à part une légère évolution de ces structures due à l'éffri- tement.

En cancluhian : La structure sociale peut présenter de nombreuses variantes selon les coutumes locales, mais reste valable pour la grande majorité du milieu rural Malinké, en particulier celui de la Haute-Vallée. On peut toutefois noter que dans la région d'étude la famille étendue occupe un ensemble de cases entourées de murs en banco ou de simples haies généralement en chaume de tige de mil, qui est la concession (LOU) avec une seule porte d'entrée. Le " LOU " ~alinkéest l'unité familiale de la plus qrande cchésion et le cadre de ia vie quotidien- ne, et represente un ensemble structuré de ménages dont chacun correspond à une unité économique nettement distincte. La solidarité 1s plus poussée règne au sein du (LOU). Les hommes prennent znsemble leur repas, ils collaborent Tré- quemrnent pcur les travaux agricoles, de même que les femmes s'entraident pour les tâches domestiques (cuisine, garde d'enfants, etc...). Enfin c'est le plus souvent au niveau àe la concession que lorsqu'un homme marié émigre, sa fa- nille est prise en charge (surtout la subsistance), en géné- ral 2ar un ou plusieürs membres proches du lignage habitant Lou 1 : celui du clief de la farriille bten

II et III : ceux cles Irbres puines du 1 .---. - . -. . :

'. S. , ,; r>(l E3 [acase d'habilrlion

,'; " G renie;?p~~ecrif , , , . ,.,' ,,. ,.' ', * JI . , la même concession que celui qui est parti. Comme indiqué plus haut, à la tête du lignage, se trouve le membre le plus âgé (Loutigui) qui a autorité sur tous les membres et il est en quelque sorte le représentant du " LOU " vis à vis du chef du village. Dans le conseil de famille, le Loutigui est le rriaitre absolu, mais il peut déléguer à ses frères cadets, une par- tie de ses responsabilités : par exemple, l'organisation des travaux agricoles, la gestion de la charge d'entretien des matériels agricoles de la communauté. Du point de vue de l'organisation de la production et de la consommation, il apparait dans l'organisation sociale trois type de champs et de même, on rencontre trois types de troupeaux. (Schéma du Lou ~alinké- Fiy. 13)

La vie religieuse

Sur ce sujet, il ne nous sera pas possible de présen- ter une étude approfondie des conceptions religieuses des nabitants de la Haute-Vallée du Niger; en raison de la com- plexité des conceptions abstraites et de leurs interféren- ces systématiques dans la vie commune. Nous nous contente- rons de donner un aperçu de la religion traditionnelle qui depuis tout temps a marqué la vie des Malinké. La religion traditionnelle du pays Malinké est l'ani- misme, c'est cependant un " animisme existentiel ", c'est- à-dire qu'il n'est pas pratiqué pour la recherche d'un bien être dans un au delà imaginaire, mais un bien être imédiat et temporel. Le Malinké estime qu'une bonne conduite en société basée sur le respect des coutumes, demeure suffi- sante en vu d'cn repos bien mérité au bénéfice de l'âme du mortel. Dans ses prstiques religieuses, l'homme tente de se concilier les forces surnaturelles afin de créer autour de lui un milieu viable. La société Malinké étant une commu- nauté agricole, il ne fait aucun doute que les rites cultu- rels correspondent aux cycles agraires. Il est pratiqué des sacrifices d'animaux et offrandes alimentaires (comestibles ou nature) pour implorer l'attention des âmes des ancêtres où l'intervention des " diables " (SOUBA-KA) protecteurs du village et dispensateurs de précipitations pluviométri- ques . Ces conceptions religieuses et pratiques rituelles pour le culte des ancêtres, ainsi que l'interaction des données abstraites (des esprits par exemple) ou les facteurs supra-naturels sur le physique et l'histoire, le vécu et la mémoire collective, ne semblent pas constituer un type procédant d'une mythologie panthéïque : à l'exemple de la Grèce antique, mais d'une multitude de " diables " ou d'ancêtres investis de pouvoirs interfèrants sur le vécu du inonde des " vivan~stemporels " (dans la théorie d'une existence dans 1' au-delà) . Il faudrait aussi admettre selon les conceptions Malin- ké " que l'au-delà parait soumis à une échelle de valeurs de temps, le aïeuls et ancêtres éloignés dans les époques finissent par perdre leur influence, leur force, leur mémoi- re, au bénéfice de défunts récents dans le cycle naturel des disparus. En effet, il parait difficile dans l'état actuel des recherches, de tenter une reconstitution d'un panthéon ~alinké,et pour cause d'une part : les conceptions imagi- naires rencontrées en Haute-Vallée actuelle (non géographi- que) ne présentent pas un monolithisme caractérisé en domai- ne des formes d'animismes présentes sur le terrain. Et d'au- tre part : les objets (ex-voto) et ustensiles aux usages des cultes sont autant multiples que diversifiés des annulettes, des gris-gris fait en peau de chèvre, aussi de libation rituelle de sang d'un coq blanc ect.. . ) . Parmi ces différences ou analogies appréhendées, on peut mentionner le culte de KAMA-BLON (premier vestibule ou sanctuaire du maitre du ciel) qui est une institcticn des " Traoré " qui s'est implanté partout dans le Mandingue (géographique) , aussi bien dans les provinces TRAORE, que KONATE, KEITA, KAPLARA, et que nous retrcuvons dâns d'autres régions voisines par exemple Maninka-Fing (~alinké-noir)de KITA, SAN KAMINYAN (cercle de Ségou). Les centres cités ont été très anciennement occupés par la forte colonie de l'etn- nie Bambara dont le village d'origine serait BRAZAN l'actuel Balanza en Haute-Vallée. Les cultes de KAMA-BLON " de Kangaba, jusqu'a ce jour, font l'objet de cérémonies religieuses septennales, dont les chefs à la fois prêtres (vernaculairement dénommés " MANSA ", étaient considérés corrme des ëtres surnaturels, les représentants du Dieu créateur sur la terre. Ces cultes communs "KAMA-BLON " occasionnaient des cérémonies d'adora- tions, tout en prenant l'allure de fêtes régionales. Ces cultes sont adressés essentiellement aux esprits protecteurs des communautés villageoises. L 'objet de l'offrande est généralement un boeuf fourni par le " DOUGOU-TIGUI " (chef de village) qui assume pour en ëtre le doyen en âge, le sa- crifice et la prêtrise. A ceté du KAMA-BLON, il existe des cultes particuliers pour certaines familles ou spécifiques pour une personne. Le pays Malinké a également connu et adopté le ritua- lisme religieux de certains cultes qui paraissent dans d'au- tres ethnies. C'est le cas du " COMO " qui est un culte as- socié aux traditions culturelles " KAMA-BLON ", ce " COMO " est purement Bambara. On ne peut pas préciser à quelle date ce culte a fait son apparition dans la région, mais on peut supposer que le " COMO " s'est développé peu à peu avec l'immiçration Sanbare dans la rigion. Cette vie religieuse a un impact réel sur la vie agri- cole, en dépit d'une résistance crcissante à l'encontre des traditions : en raison du 6iiéveloppenent culturel. Des grou- pes d'hommes institués en confreries religieuses, se consti- tuent en société de culture pendant les périodes des travaux culturaux à la saison des pluies. Ces sociétés de cultivateurs sur invitation de diffé- rents paysans, effectuent leurs tâches moyennant paiement d'animaux sacrificiels qui leur serviront d'objet d'offran- des pendant la période de cultes et rites religieux. Nous verrons plus loin ces différentes sociétés de cultures. L'Islam présente une expansion à tous les nouveaux de la société, fait de plus en plus de conquête dans le milieu Malinké, et le nombre de musulmans va croissant, plus de 75% de la population se déclare musulmane. Cette conversion se fait par le biais de l'exode rural. Les jeunes Malinké qui vont en exod.e, sont obligés de se convertir à l'Islam pour se faire accepter par les communautés " DIOULAS ". Au départ,llIslam leur est imposé, mais par la suite, certains d'entre eux rentrés au pays d'origine, continuent un semblant des pratiques de forme monotheïste, malgré le mépris dont ils sont l'objet de la part de leur coréligionnaires qui sont restés dans la religion traditionnelle. Leur conversion à de nouvelles tendances religieuses ne leur fait pas aban- donner pour autant toutes les pratiques an.cestrales. Il s'est alors crée un genre de syncrétisme fait d'un apport islamique sur le fond originel animiste.

Répartition des tâches

Les rapports sociaux ou sein d'une concession ou d'un village en Haute-Vallée sont fondés sur une division sexuel- le du travail qui constitue un élément fondamental de la structure générale de la répartiticn des tâches. L'cbjet de cette étude est de mieux marquer la place de la feme dans l'économie villageoise dans son contexte purement traditionnel. Nous n'allons pas revenir sur le travail masculin, car nous considérons que l'homme dans cet- te société est le premier responsable de la concession, et il n'en demeure pas moins que les gros travaux lui sont ré- servés. Le défrichement, le battage, le labour, etc. .. sont des opérations excl.usivement accomplies par des hommes. En Haute-Vallée, selon la tradition, c'est l'homme qui s'occu- pe de l'élevage du gros bétail, qu'il s'agisse àe soigner l'animal, de lui procurer de la nourriture ou de l'abreuver. C'est en généralement l'homme qui est le plus préoccupé, lorsqu'il s'agit d'apporter des soins aux cultures, et des la rentrée des récoltes, il exerce des activités secondai- res : travaux de tisserands - forgerons etc... Au moment de la morte saiscn, les quelques paysans qui exercent une ac- tivité secondaire bien définie, sont ceux qui s'adonnent à la chasse, a la pêche, à un commerce et à d'autres activi- tés artisanales comme le colportage. Enfin l'homme apparait comme le représentant de la concession (LOU) aux assemblées villa~eoiseset à ia mosquée et ccm~ele protecteur de sa famille. Néanmoins, la part des femmes est toujours nettement plus importante, puisque ce sont elles qui assurent le bien être de la famille, et l'on peut les considérer comme les éléments familiaux prépondérant sur le plan économique. Travail de la femme La femme qui dans le contexte traditionnel parait tom- me soumise et dépendante de son époux, noue avec ce dernier des relations de solidarité et de coopération. Voyons l'e- xemple suivant d'une femme que nous avons interrogé. " J'ai peur de non mari, parce qu'il est mon supérieur et me commande, je lui dois tout, c'est lui qui prend des décisions, sans me consulter; de toutes les façons, ces dé- cisions n'appartiennent qu'à lui seul; moi en tant qu'étran- gère dans 'le foyer conjugal, je n 'ai pas à me mêler des a£- faires de mon mari. Je ne suis qu'une simple exécutante, je l'aide dans les activités agric~lesen sus de mes travaux ménagers, cela pour l'honneur de mon mariet de mes enfants ". Nous lui avons posé la question suivante " malgré le dur labeur auquel tu ne cesses de te consacrer pour ton mari, pourquoi ne peux-tu pas demander ta part dans la production ou disposer d'un fond commun ". La pauvre femme n'étant pas satisfaite de cette ques- tion a répliqué aussitôt; en nous donnant une traduction libre. " Vous savez Monsieur, la collaboration d'une femme, sa conduite, ses divers comportements techniques et scciaux décident de sa place au sein du foyer pour l'honneur et la dignité de sa couche patriarcale. Quand elle a plusizurs enfants (3 ou plus) malgré qu'elle est étrangère, mais fait n6anmoins partie intégrante de la famille de son mari, en tant que complément, une source pour enrichir l'économie du conjoint, 6onc une collaboratrice ". Ainsi le rôle et le statut de la femme dans la Haute- Vallée ne s'écartent nullement de ce qu'ils sont tradition- nellement en milieu rural : tout en jouant un rôle économi- que de premier plan, sa participation aux affaires publiques et aux décisions qui engagent l'avenir de la communauté res- te négligeable. Le problème étant situé dans ce cadre, il ne me parait pas indispensable de ne pas citer les activitjs de l'homme sans mentionner le rôle important que joue la femme dans une exploitation agricole du type traditionnel. D'une facon très variable, selon les diverses ethnies, la femme inter- vient par son travail dans l'exploitation agricole. Mais ses possibilités de travail, sont régulièrement réduites par le fardeau écrasant que représentent pour elle les tâches pu- rement domestiques sur lesquelles nous reviendrons. Les activités de production sont des activitss de cueillette, les soins au petit bétail, ou encore la commer- cialisation des produits de son jardin potager. La quasi- totalité des femmes de notre région d'étude, exerce corne activité régulière la culture et la cueillette. Dacs les villages, les chzmps des femmes sont généralement ensemencés en arachide, gombo, aubergine lccale; elles cultivent àussi assez courammect de petitzs parcelles de riz (IG a 15 ares), mais plus raremect les cultures vivrières (mil - sorgho). D'autre part, elles entretiennent très souvent des jardics potagers où elles font pousser des oignons et tomates. Dans la région, les produits des cueillettes sont es- sentiellement les noix de Karité et fruit Oe gousse du Néré; les noix de Karité sont transformes en beurre de ~aritéet le Nere en Soumbala (1) par les femmes elles-mêmes. Dans le cadre de l'élevage de case pratiqué dans la région, on observe que dans certains villages, la femme trait les vaches laitières. Une partie de la production féminine, beurre de Karité, soumbala, légumes, volailles etc... est vendue sur les marchéshebdomadaires et même souvent sur les marchés de la capitale (Bamako) et autres grands centres urbains, pour essayer de satisfaire les besoins familiaux dont elle a la charge : soins médicamenteux, habillement des enfants et même du mari, pétrcle, allumette, poissons fumes. L'homme se contente de fournir les céréales et il re- vient à la femme qui est de tour de cuisine (au cas du sys- tème polygamique) d'apporter le reste des ingrédients. La cuisine occupe beaucoup de. temps : dans toctes les concessions, lerepas est préparé deux ou trois fois par jour. La préparation des repas se fait sur feu de bois, soit en plein air, par beau temps, soit dans une cuisine fabriquée de chaume de mil. C'est la femme qui se charge de ramener le bois de cuisine qu'elle va chercher en pleine brousse. La lessive, celle des grosses pièces en particulier pose des problèmes délicats, étant donné l'absence de fon- taine dans les villages. Les femmes en pays ~alinkése con- tentent de lavoirs naturels ; les petits étangs, fleuve du Niger, marigots, au bord des puits villageois, etc... En plus de la lessive, on peut mentionner la corvée d'eau qui occupe une partie importante du temps des femmes ~alinke (presque une matinée) . Une mère de famille organisée, s ' ar- range pour faire trois à quatre voyages, à l'aller en empi- lant les cuvettes de grandes tailles (8 à 10 litres) ou caleoasses . La corvée d'eau repose presque entièrement sur la mère de famille. Lorsque se trouve au foyer un parent, beau- frère ou cousin, elle peut le charger d'aller ramener l'eau. Cependant pour les femmes de la réaion, certaines fati- sues s'ajoutent encore à celles déjà indiquées ci-dessus. Du fait de l'éloigement des villages du marché hebdomadaire, on voit dès le premier chant du coq les femmes transportant les produits, partir pour une longue marche pour atteindre le marché. On remarque aussi, les paysannes habitants en bor- dure 6es routes ou des pistes, qui emmènent leurs produits au marché par taxis-brousse.

(1) Sounbala : c'est un condiment qui intervient dans la préparation des sauces, accompagnant tous les 21-ts traditionnels. Tenure des terres En Haute-Vallée, l'activité productive des hommes se réalise dans le cadre d'un régime foncier d'ancien droit coutumier. Il n'y a pas de village que nous avons visité sans lien avec la terre, chaque village affirme avoir sa terre, aux limites bien précises, bien que parfois contes- tées. La situation foncière dans la région est complexe et confuse, et le régime actuel des terres entre en conflit avec les impératifs de développement. L'affirmation de tels droits ne doit être négligée, ni par les autorités adminis- tratives, ni par l'opération de développement aut te-Vallée; surtout là ou il y a difficulté d'avoir des terres, et ou les rivalités peuvent surgir. Le système d'agriculture dans la région est basé en général sur une utilisation temporaire des terres pour les cultures pluviales, car celles-ci sont abandonnées lorsqu' elles sont épuisées. Traditionnellement, l'appropriation des terres reste la prérogative des unités lignagères dont le doyen lignager reste le détenteur des droits fonciers. En fait l'exploitant n'exerce en somme qu'un droit d'usage sur les terres dont il est l'usufruitier intégral, et non le propriétaire au sens juridique du terme. La véri- table propriété de la terre reste dévolue à la collectivité. Le cultivateur qui détient son droit d'usage permanent, est un droit investi par son patrilignage, puisque l'utilisation de cette terre se transmet à sa mort à ses enfants: de son vivant, personne ne peut lui retirer sa terre pour la donner à une autre personne. D'un autre côté, le chef de la famille étendue première installée sur le terroir maintient sa domi- nation sur les terres et devient le chef de terre (DOUKOU- KOLOTIGUI). C'est lui qui distribue les terres à ses frères et aux étrangers qui désirent s'installer dans son village, limite le contrôle foncier du terroir, etc ... Par ailleurs, on peut remarquer dans la région, que dans la mesure où l'exploitation du sol perd son caractère temporaire, la notion d'appropriation se précise et se rap- proche d'un droit véritable de propriété. C'est le cas par exemple des cultures permanentes situées aux alentours des villages qui. ont une tendance à devenir de véritables pro- priétés privées, ainsi que celui des plaines rizicoles à sols hydromorphes fertiles: qui sont constamment exploitées par la même famille à chaque campagne agricole. On peut é- galement citer le cas des arbres fruitiers. Ces cas ne dif- f rent pas en rien de la vraie propriété, sinon qu'ils ne sont pas constatés par des actes juridiques. On peut donc Cire que jusqu'à ?rSsent, toute l'organi- sation foncière reste formellement dominée par la tradition. Ainsi les procédures juridiques actuellement préconisées sont court-circuitées dans toutes les opérations foncigres, mesées dans la Haute-Vallke. Nous présentons donc les prin- cipaux modes de tenure des terres que l'on peut rencontrer. On distingue ainsi : - l'appropriation des terres par des groupements familiaux

- l'appropriation des terres sous forme des prêt de terre.

L'appropriation des terres par des groupements familiaux

L'expression " bien de famille " peut-ëtre conservée pour distinguer la propriété collective d'un segment de li- gnage ou d'un petit groupe de collatéraux ayant conservé en indivision des biens fonciers. L'appropriation des terres dans le Mandingue remonte à très loin, sinon à l'époque de l'empire du Mali où les premiers occupants des villages ont accaparé tous les grands domaines fonciers pouvant être cul- tives et se considèrent comme des vrais propriétaires. Il existe dans la région et dans chaque village, des descendants de SOUDIATA KEITA, fondateur de l'empire du Mali, qui se sont considérés comme propriétaires de la ter- re, vraisemblablement à cause de leur ancienneté dans la région. Dans la région, les fonctions de chef de terre se tra- duisent comme nous l'avons indiqué par la prééminence de droit sur les autres. Le caractère privilégié des relations entre la terre et le chef, fait de ce dernier le dépositai- re des connaissances sséciales, religieuses, mais aussi ma- térielles (connaissance des plantes et de leurs vertus, connaissance précise des terres de son patrimoine hérité de ses ancêtres). Nous avons par ailleurs constaté que l'appropriation des terre est liée au système de croyance : à la fin de cha- que récolte, les paysans propriétaires aux usufruitiers font don d'une partie de leur récolte soit au chef religieux ou aux pauvres en une sorte de DIME. Le droit de culture de certains champs est aussi par- fois réservé au chef de terre, qui peut bénéficier d'une aide en main d'oeuvre pour la culture de ses champs et cha- cune de concession (LOU) lui doit une ou plusieurs journées de travail. En plus de ses fonctions, il doit veiller à l'intégri- té de l'espace liqnager; lorsque les terres manquent, c'est lui qui accorde aux membres de son lignage le droit d'usage sur les terres en fonction des besoins de la famille. Le chef de terre localement appelé " DOUGOU-KOLOTIGUI " est le resrSsentont du groupe familial vis à vis de la justice en cas de litige, c'est lui qui doit plaider au nom de tous les héritiers, et le jugement ren

Prêt de terre

Dans la région d'étude, il n'est jamais question d'a- chat ou vente des terres; elles sont exploitées de généra- tion en génération. Cependant sous une certaine contrainte démographique, les membres d'une exploitation (usufruitiers, étrangers) peuvent être conduit à exploiter une partie de terroir at- tribuée initialement à nne autre famille, avec bien enten- du. lapermission du chef du village et du chef de famille. Ce droit d'usage est sous forme de prêt, quelle que soit la nature du contrat de prêt, la cession de l'usufruit peut prendre fin après l'exécution des obligations. Pour l'occu- pation d'une portion de ce terroir par un étranger, le pro- tocole est plus long; le postulant se rend dans le village pour demander la permission d'occuper momentanément une terre en friche. La demande est reçue par les chefs de ter- re qui consultent d'abord les âmes des ancêtres, car la terre est terre des morts avant d'ëtre celles des vivants. L'offrande est faite en versant le sang d'un coq rouge, apporté par le soumissionnaire. Dans le cas où les âmes acceptent l'offrande, le soumissionnaire apporte par la suite une modeste somme variant entre 100 et 150 francs maliens, pour le chef de terr~.Il est ensuite tenu de £ai- re voeu de çoumission avant de rejoindre les terres con- fiées, les chefs de terres lui recomnandent de faire com- prendre à sa pestérité qu'il n'est q~'~~nusufruitier sur la terre qu'il va exploiter. Lorsque l'offrande n'sst pas re- çue par 12s ânes des ancêtres, aucune négociation n'est plus possible, et llStranger doit attendre un autre moment propice pour renouveler sa demande. Le droit de résidence et de culture concrétise le droit reconnu de tout homme adulte, de jouir tranquillement d'une porticn qui lui permet d'assurer la subsistance de sa famil- le. La terre nourricière qui fait vivre tout ce peuple a un caractère sacré, religieux. De ce fait, elle a des to- tems; il existe des actes qui une fois accomplis rendent la terre inféconde. L'acte sexuel accompli dans la brousse empêche les pluies de tomber et de ce fait entraine l'arrêt des activi- tés agricoles, seuls les chefs spirituels sont capables de réparer les délits de ce genre. Cette croyance explique pourquoi dans certaines zones pastorales de la région, par exemple à DIOULAFOUDOU, les paysans ont tcujours tenu les Peul pasteurs nomades pour responsables de la sécheresse. Toute portion de terroir est supposée être le domicile de quelque diable et la société des diables est a l'image de celle des hommes, organisée avec des totems (N'TAXA) et ses interdits. Faire la " Bagarre " dans la brousse équivaut au viol d'un interdit des diables qui hantent la région et qui par leur pouvoir surhumain rendent la terre stérile. Il faut une fois de plus l'intervention des chefs spirituels qui savent apaiser les diables par les sacrifices nécessaires pour redonner à là terre toute sa générosité et sa fécondité.

On peut toutefois signaler qu'en Haute-Vallée les prêts des terres entrainent le plus souvent une tension sociale qui exprime régulièrement en conflit et les violences phy- siques interviennent fréquemment dans ces affaires. A SAMALE, nous avons assisté a un jugement de ce genre " c'est non grand-père MAMARY KEITA qui t'a prêté cette por- tion de terre, il y a environ 10 ans, maintenant qu'il est mort, nous désirons récupérer cette terre du grand-père. Mes enfants sont nombreux maintenant, car certains sont de retour de l'émigration ", mais BAKARY DIAKITE (peul de Malinké) le détenteur et sa famille protestent en insistant sur le droit de propriété de cette terre. C'est alors la discorde entre les deux familles, qui dans un premier temps sera tranchée au niveau du chef de village et de certains anciens. Etant donné la difficulté de rendre la justice au niveau villageois, 1' af faire sera transmise et tranchée par le chef d ' arrondissement. En ef£et le chef d ' arrondissement est le seul représentant légal du gouvernement et dépend du commandant de cercle; il peut administrer jusqu'à 20 villa- ges. Là fonction essentielle du chef de l'arrondissement est de fournir le recensement de la population imposable par village, par hameau et par individu, et de surveiller la perception des impôts par les chefs de village. En plus iie ses fonctions éconûr,iques, il doit maintenir l'orare au niveau de chaque village de son arrondissement. Conflit fcncier

L ' appropriaticn individuelle et les règles de partage qui en découlent, aboutissement en dernier lieu à une com- plication de la structure foncière. Des conflits permanents opposent certaines familles qui estiment avoir des droits traditionnels sur les terres à d'autres villageois qui s'obs- tinent à y pratiquer des cultures. Ce genre de conflits peut d'ailleurs opposer à la suite d'une mésentente dans le partage, les membres d'une même famille, des cousins et par- fois des frères, au sujet des limites indécises du terroir. Les disputes les plus graves ont trait généralement à la forme des prêts des terres. Les tenants de la coutume con- sidèrent en effet qu'une terre de culture appartient à celui qui l'a travaillée le premier et que ce droit est ensuite transmis à ses descendants. Mais ceux qui sont démunis de terre s'appuient sur les avis récents des autorités et con- sidèrent qu'une terre abandonnée par un villageois est cul- tivée par une autre personne pendant plusieurs années, au naximum 5 ans, devient libre et peut-être dès lors mise en culture par cette dernière personne. Le sentiment récent de la propriété individuelle des sols cultivés engendre donc un certain nombre de malaises à l'intérieur des villages. Il s'oppose en définitive au libre usage des terres par les plus démunis. Chaque paysan travaille pour lui, et tente de résoudre ses propres pro- blèmes, par lui-même. L'attachement traditionnel aux liens familiaux est de moins en moins apte à redonner une certai- ne cohésion à la société villageoise ~alinkécomrrie dans le temps ancien. Chef de terre Secteur Troc L)on de Don par le (Propriétaires Emprunt Ensemble 1 'adriiiriis trat.iori chef de terre terriens) ..-______,. __- __,.-- _ ._ --- nombre 65 - 1 10 1 7 7 BANKOUMANA

nombre 101 - - 13 - 114 KANGABA

nombre 4 3 BAMAKO

nombre 248 Er~semble

'I'abledu ?? -- Modes d'acquisitien observés dans la réyion Sources - B.C.I.S. Bamako Nous remarquons dans ce tableau tiré d'une étude menée sur un échantillon de 300 paysans, que les chefs de terre possèdent en moyenne 83% de terre. Le plus faible pourcentage des terres possédées se ren- contre dans le secteur de Bamako, où la proximité des grands centres comme Samako-Kati, introduit un phénomène inconnu dans les autres secteurs (le troc). L'administration inter- vient quelque peu dans la même strate pour fournir des ter- res à certains agriculteurs nécessiteux. Les producteurs qui ne détiennent pas l'entière liberté de l'utilisation de leur terre, ne constituent en fin de compte que moins de 15% d'entre eux parmi lesquels 13,4 jouissent tcut de même d'une importance autonomie.

Types d'exploitation familiale L'organisation sociale de la société Malinké présente une certaine complexité qui fait que les décisions relatives à la production et à la consommation ne sont pas toutes prises a un même niveau. Ainsi dans notre région, on obser- ve divers types de champs et l'observation de différents systèmes permettant de déterminer trois types.

Localement appelée " FORGBA " ce type d'exploitation dans la région est de règle générale, c 'est le fait de la famille patriarcale. Le groupement pour la culture sous l'autorité du père de famille, fait appel à tous les membres actifs de son groupe. A cela, on peut souvent ajouter aussi bien des pa- rents plus ou moins éloignés, recueillis par la famille, telles selon certaines coutumes, des filles ou fillettes qui viennent accompagner les soeurs nouvellement mariées et qui, dans la pluplart des cas restent au sein de la fa- mille du conjoint (qui appartient certainement a une famille étendue) . La famille ainsi constituée, peut varier de 10 à 50 personnes et même plus, les moyennes se situent entre 10 et 30 personnes. C'est du chef d'exploitation que dépendent les déci- sions économiques qui pèsent sur les résidents de l'exploi- tation. C'est lui qui décide de l'organisation du travail agricole, il répartit les parcelles à cultiver pour chaque saison entre les différents membres de l'exploitation, il indique la priorité a rsspecter dans l'organisâtion des travaux, il envoie certains membres de l1ex?loitation par- tici~eraux trâvaux d'autres exploitations. Lîs produits de l'exploitation sont gérés sar le chef : une partie îst stockée dans le grenier collectif pour l'usage quotidien, une seconde est vendue pour subvenir aux besoins de la fa- mille (impôts, achats de condiments, dot de mariage, etc...) L'exploitation collective supporte enfin toutes les dépenses concernant les fêtes familiales, les réceptions des étrangers, les cérémonies de circoncision et de deuil. Dans certains villages comme BANKOUMANA, il existe même des familles où les produits de certains champs collectifs, sur lesquels travaillent des familles appartenant au même ligna- ge sont exclusivement consacrés à la nourriture des hôtes de passage et à la célébration des fêtes. On peut également signaler que si le cheptel de trait nécessaire aux travaux de 1 'exploitation, provient en gran- de partie du matrilignage du chef d'exploitation, l'impor- tant, est de constater qu'il est mis à la disposition de tous les membres de 1'exploitation. L 'exploitation de la famille étendue, qui apparait comme à la fois, centre de décision économique et communauté de production - consomma- tion, est donc bien l'unité économique fondamentale en pays Malinké. Un second pôle de décision économique apparait à côté de ceci à tendance plus individualisée, caractéristique de 1' exploitataion de ménage.

Ici il s'agit d'un champ exploité par un ménage appar- tenant à une famille étendue. Ce champ peut-être également exploité par une famille distincte, c'est-à-dire n'appar- tientaaucune famille étendue et se compose essentiellement du pere, de la (ou deslmère (s) et des enfants. Quelles que soient les familles, leurs membres varient entre 8 et 20 personnes. On peut remarquer qu'au sein de ces familles, à défaut d'éléments actifs, les chefs de ménage peuvent avoir recours à une main d'oeuvre extérieure. En général le pere gère le budget familial et aussi, en début de chaque campagne agri- cole, décide du choix des diverses productions en tenant compte des besoins de la famille. En outre, si la famille étendue continue à être une réalité socio-économique, l'émergence de la famille res- treinte prend une place croissante dans la société. C'est ainsi qu'a côté des champs de la famille étendue (FOROBA) on distingue les champs appartenant à des ménages (GOUA- FORO), l'importance de ces champs de ménage par rapport aux champs de la collectivité est très variable selon les villa- ges, et dans un même village selon les familles. L'existen- ce de la famille restreinte de production à l'intérieur de la famille étendue indique le désir de s 'affranchir au moins partiellement de l'emprise exercée par le chef de cette fa- mille. A l'origine on peut dire que ces champs de ménages avaient pour but de satisfaire certains besoins personnels (en pratiquant des cultures de rentes arachide - riz) mais aussi du groupe (culture mil - sorgho - maïs) , en vue d'a- akllorer la nourriture quotidienne, lorsque le grenier de la famille étendue était insuffisant pcur les liaisons de celle-ci au moment de la soudure. Dans certaines familles, la cohésion de la communauté est telle que les champs collectifs, dont les produits ser- vent à l'entretien de toute la famille, sont de loin plus importants que les champs de la famille restreinte. Dans ce cas seulement deux, ou même trois jours par semaine (vendre- di, lundi) sont ccnsacrés aux champs de ménage, le reste du temps étant consacré au travail des champs de la famille étendue.

E xplaiZcZicn individuelle

Si en Haute-Vallée 75% des habitants font partie d'un ménage contrôlé, de façon ferme par un chef de famille, 25% d'entre eux ne semblent avoir aucune responsabilité de ména- ge Il s'agit d'hommes et de femmes qui n'ont sas atteint l'âge moyen du mariage, qui se situe dans la région de 16 à 17 ans pour les filles et de 25 à 30 ans pour les garçons. Parvenus à cet âge, il n'est pas rare, qu'ils manifestent quelques vélléités d'émancipation, et demandent une portion de terre à exploiter personnellement, et une case personnel- le. Tout cela suppose l'accession a une certaine autonomie sociale; c'est le cas par exemple, dans la famille de BIRAMA-KEITA a , dont le fils SEKOU KEITA et le cou- sin ou neveu SOULEYMANE KAMARA sont respectivement âgés de 21 et 22 ans. La mere de SOULEYMANE,soeur de BIRAMA est veuve; par son âge elle n'arrive pas à se remarier. Elle et son fils sont pris en charge par BIRAMA, ce qui n'est pas surprenant en Haute-Vallée: car il est fréquent dans la région que les enfants des veuves suivent leur mere. A ce titre SOULEYMANE et SEKOU, pour avoir leur autonomie déci- dent de construire dans la partie qu'ils occupent avec leur père et oncle maternel deux cases supplémentaires, dont les accès sont vers l'extérieur. Cette autonomie des jeunes est bien souvent le prélude à des fiancailles prochaines. A cette catégorie des exploi- tations individuelles on note que les petites parcelles aménagées aux alentours des habitats constituent les exploi- tations individuelles des femmes mariées. La campagne agricole est considérée comme la grande période de mobilisation des villageois, et mëme des jeunes (cadets) dès l'approche de la saison pluvieuse qui ont tom- me premier souci de se procurer une parcelle de cultures, généralement localisée non loin des champs de la famille étendue ou restreinte. Ceci explique que les jeunes qui demandent des parcelles à cultiver soient considérés comme des irresponsables alors qu'ils passent plus de temps de travail dans les champs des parents, que tous les autres de . - - - la famille. --iiOrs pour ne pas prendre de retard pour leurs propres travaux, ils souhaitent avoir leur champ non loin de celui des sarents. Aucune opération de culture n'est en- I~repïlse

En Haute-Vallée, l'entraide est partout de règle compte tenu de la complexité des travaux champêtres. L'organisation du travail au niveau de la concession ou du village pour les cultures de subsistance s ' inscrit traditionnellement dans le cadre de la vie communautaire. Mise à part les parcelles individuelles dont les superficies sont généralement rédui- tes et qui sont destinées aux cultures commerciales, la grande najorité des superficies cultivées est destinée aux cultures vivrières. Cela veut dire que la prospérité de la concession passe avant la réussite individuelle, et l'effort individuel doit d'abord profiter à la communauté. Une des premières fonctions de la coopération dans les tâ- ches agricoles consiste à organiser 1' aide collective, afin de maitriser les surcharges de travaux, et ensuite d'appor- ter une aide aux familles qui manquent de bras. C'est pour- quoi dans les villages ou hameaux, on peut constater que la sccikté est divisée en piusieurs sociétés 2'entrzide de culture (N'TON-TJI), qui constituent des groupes de produc- tion structuré. A la tête de chacune des sociétés de cultu- rc, se trouve cn chef de cülture localement appelé (TJI- KOUNTIGUI), assisté d'un adjoint et souvent de deux (NOKAN- SIGÜI), qui sont en principe les plus âgés de chaque grou- pe. Le syst€me de rémunération est purement symbolique; Un repas géant, avec sacrifice d'un mouton ou d'un boeuf : chaque membre étant à tour de rôle débiteur et cré- diteur. Ce qui caractérise surtout ce système d'entraide, c'est la répartition des travailleurs, en plusieurs endroits du champ, pour éviter la gène dans le travail. ~énéralement les deux équipes se placent aux extrémités du champ et dans le processus du travail sont amenées à se rencontrer, ce qui engendre des cris des équipiers manifestant ainsi leur joie. Les communautés d'entraide tissent un réseau de liens entre les individus. Un même individu peut faire partie de plusieurs sociétés de cultures, ce qui le conduit à être lié par un faisceau d'obligations variées et par voie de conséquence à être constamment sollicité, mais lui permet aussi de bénéficier d'une aide accrue. Les séances de cultures sont souvent des fêtes bruyan- tes et joyeuses, où fusent des plaisanteries, ou une émula- tion règne entre les classes d'âge et même à titre indivi- duel en raison du prestige que comporte le titre de TJI-KOUN (tête de culture). A cours de ces séances de culture, les jeunes travaillent en ligne, procèdent à une course de vi- tesse avec le désir à'avancer plus vite que son voisin. Quand l'un d'eux, à force de trop travailler, arrive à cas- ser le manche de sa houe (Daba), il est applaudi par les autres cultivateurs, qui lui présentent leurs voeux de pros- périté et surtout, il sera célébré par les griots, qui chan- tent ses louanges et exhaltent la généalogie de cultiva- teur. Ainsi une double incitation se crSe à son niveau qui, le pousse à faire d'autres promesses d'entraide de culture. D'un autre côté, si deux cultivateurs, dans la hâte de cultiver entre-choquent les houes, chacun s'empresse de réclamer un don provenant d'une femme. Ce don est l'offre d'un pot d'eau, ou d'un mouchoir pour assécher la sueur du cultivateur. Enfin, la contribution des sociétés de culture est difficile à émunérer dans sa totalité. Nous nous contente- rons à ce sujet de décrire les trois principaux accords, couramment utilisés dans la région.

Les principaux accords de cultures

SÙLIMA : C'est une forme traditionnelle de coopération Lour les travaux, qui regroupe un nombre variable de tra- vailleurs volontaires pour une séance de travaux agricoles d'une matinée. Le jour prévu pour cette séance tombant sur It jour de naliché hebdomacàire. 3a~sle villaçe Ue KENIER0'- BA, un vieux paysan nous confirme que cette forme de Solima se pratiquait entre parents et souvent amis, afin de donner un élan aux travsux. Les raisons de cette coopération étaient à la fois socioles et techniques. Les liens qui unissaient les nembres du groupe lignager et des communautés locales étaient renforcés par cet échange de services. Actuellement dans la région, cette forme d'entraide a tendance à s'effacer du fait de l'évolution de la société, et aussi par manque de temps au niveau de chacun des pay- sans, les activités agricoles étant subordonnées à la chute des pluies, qui sont actuellement déficitaires. Compte tenu de ces conditions certains vieux paysans prétendent regret- ter de s'être trouvés dans-la nécessité de cultiver leur champ sans pouvoir recourir à cette forme de Solima: de plus en plus chacun travaille pour soi pour les raisons évoquées plus haut. Le solima autrefois n'était pas rétribué parce qu'il était essentiellement organisé au niveau familial ou amical Les personnes qui y participaient apportaient alors leur propre nourriture, ou bien elles mangeaient avant d'aller au champ, ou encore se restauraient âu retour du travail au moment de la prière de 14 heures. Les paysans qui ne voulaient pas prendre de retard pour se rendre au marché hebdomadaire à la fin des travaux, prenaient sur place les repas qu'apportaient leurs femmes. Ces repas sont pris en commun , comme au sein de la concession.

C'est une entraide qui dure toute une journée, du le- ver du soleil à la tombée de la nuit avec quelques arrêts comme temps de repos. Cette séance de culture d'une jour- née entière émane de l'initiative du paysan qui fait la demande, surtout lorsqu'il se voit en retard sur les tra- vaux. Ce groupe de travailleurs est composé de paysans du même village ou de paysans de villages voisins; il regrou- pe les jeunes ruraux mariés qui décident d'aller travailler dans le champ du beau-père (BOURANKE-FORO-TJI) soit en gui- se de reconnaissance ou encore pour exécuter la part des travaux de la mariée dans l'exploitation paternelle. Les travailleurs agricoles qui se rendent à cette forme d'invitation de culture ne sont jamais rémunérés, mais le bénéficiaire doit leur fournir en contre partie soit un boeuf, soit un repas et de la kola (fruit d'Afrique, intervenant dans tous les rituels). Cette entraide présen- te des aspects sociologiques originaux et constitue le plus important rassemblenent de la population durant la campagne agricole. L'aspect caractéristique de cette invitation est de pouvoir rassembler séparément les hommes et les femmes; les hommes se consacrent aux travsux difficiles (dessou- chage, binage, sarclage, récolte etc ...) et les femmes s'accusent de petits travaux (binage, ramsssace etc...). On peut noter également que cette forae d'invitation a tendance à se dégrader du fait qu'elle est de plus en plus dominée par des phénomènes de consommation liés à la recherche de prestige social. Nous constatons, aujourd'hui que même les paysans qui se croient les plus aisés, éprou- vent des difficultés à supporter les frais d'organisation de cette entraide (la difficulté d'avoir des produits vivriers). Dans de telles conditions, la journée d'entraide perd progressivement sa fonction d'origine. L'importance du facteur travail s'estompe ainsi que l'enjeu de solidarité. Cette forme d'invitation à tendance à être remplacée par une sorte de salariat payé par les fonctionnaires eux-mêmes. Ceux-ci qui sont loin des zones de cultures demandent aux chefs de villages, le plus souvent complice, de chercher quelques 20 à 30 paysans pouvant faire une journée de tra- vail sur les terres d'un fonctionnaire : le repas tradi- tionnellemnt fourni est remplacé par l'argent en espèce. Ce dernier cas étant d'ordre plus économique que social, les travaux effectués sont généralement d'une qualité mé- diocre et suscitent des querelles entre paysans, chefs de villages et bénéficiares.

FORO-SOUGNA

Cela veut dire en langue Malinké " voler le champ ". C'est une entraide surprise apportée aux familles dans le besoin, et qui dure le temps nécessaire pour achever le travail du champ, en général 3 à 4 jours. De ce fait pour le séjour, les invités venant Ce loin campent dans le champ du bénéficiaire. Le chef de ce grou- pe décide des travaux à faire, et il a toujours l'honneur de prendre part, le premier aux travaux. L'intervention se fait couramment chez les paysans les plus pauvres, les plus aisés n'en profitant pas. Quel que soit le rang social, cette intervention se solde par le sacrifice d'un taureau.

Les associations traditionnelles Les seules associations traditionnelles existant dans les différents villages étudiés sont les associations de jeunes et les associations de chasseurs.

On peut dire qu'après l'indépendance du Mali, c'est une des formes d'association qui se maintient le mieux, malgré une légère transformation. Vernaculairement cette association est appelée " KARI "; elle regroupe des jeunes du -~illagede même classe d'âge (jeunes gens ou jeunes filles). Cette association assure pour le compte de la collectivité villageoise un certain nombre de tâches pu- bliques; nis à part les travaux champêtres, elle effectue dans 12 viilage et ses environs : la police du village la réfection des pistes, le forage des puits etc ... On peut tout de même constater qu'au sein de toutes ces associations de jeunes, se réalise une coopération entre familles du village. L'initiative de créer l'association dans un quartier ou un village, appartenait autrefois aux jeunes les plus entreprenants du lieu. L'association est dirigée par un chef (appelé N'TON-KOUNTIGUI) , muni d'un ré- glement strict et parrainé par quelques ainés qui en profi- tent pour transmettre leur savoir agricole. Ainsi l'asso- ciation représente un élément fondamental de l'éducation traditionnelle qui se poursuit de nos jours, car c'est par le biais des associations de jeunes que commence l'alpha- bétidation fonctionnelle des adultes. Les sociétaires ma- riés participent aux activités de l'association à titre in- dividuel et il n'est pas rare qu'un seul des deux conjoints soit membre. Dans chaque village et hameau, chacune des associations porte un nom : ce sont les noms de dignité traditionnelle qui sont les plus courants; parfois on préfère un nom fai- sant référence aux activités dominantes des sociétaires : SANSENE-N'TON (association de culture de l'année) ou encore BARA-N'TON (association de tambour) (1) ce type d'association étant le plus répandu sur toute l'étendue de la ~épublique du mali.

Lea aaauciaXiana de chaaaeuka

Les associaticns de chasseurs restent très vivantes et ont l'air àe prenare une importance considérable en Xaute- Vallée. Dans la région, ces associations ne sont pas à la portée de n'importe quel paysan ; c'est pcurquoi elles sont orgânisées au niveau du groupement de plusieurs villages. Pour être membre il faut être possesseur d'un fusil et ac- cepter de se soumettre au règlement des chàsseurs. L'association des chasseurs, dcns le Mandingue corne dans le reste du Mali, est redoutée. Lors de la célabration de la fête dlinCépenCance du pays, toutes les associations àe la région sent présentes au rendez-vous pour la conmémo- ration. Certaines associations sont présentes un ou deux jours à l'avance et commencent les festivités à la veille du défilé. La guitare des chasseurs (DONSO-KONI) et le cor, généralement fobriqué avec la corne d'un çibier, rendent le rythme de la festivité diabolique et incitent les chasseurs aux danses traditionnelles, tout en évoquant leurs actes ae bravoure à la chasse. La chasse en aut te-vallée est une activité autant reli- gieuse qu'économique. Les grands rites de la chasse se àé- roulent au carrefour (DANKOU), a la limite du village car

(1) Le Barra est un gros tambour traditionnel dont le rythme évoque la gloire et la bravoure (très répandu au Mali). la brousse (KONGON) est un espace religieux (1). Ceci dit, un chasseur se rend en brousse avant le lever du soleil et peut rester pendant des heures, même un jour ou plus, aux aguêts d'un seul gibier. Alors il offrira la tête de ce gi- bier au DONSONBA (chef de chasseur). Tant qu'il n'a pas abattu ce premier gibier, il ne doit pas revenir au village et se présenter au chef des chasseurs. Cn peut souligner que tous les animaux ne sont pas chassés ; certains d'entre-eux sont protégés par la loi, et interdits en rapport avec certains noms patronymiques. Par exemple, les TRAORE doivent respecter la panthère et le crocociile, les DIARRA respectent le lion, etc.

(1) S. LYYNXUD at Y. CISSC : paysans du Haut-Niger (Tradi- tion et le développement rural en Afrique soudanaise, p. 314).

ÉQUIPEMENT RÉGIONAL ET ACTION DE DÉVELOPPEMENT EN COURS

INFRASTRUCTURE

BOUTES ET PISTES

En matière d'infrastructure routière, la Haute-Vallée a un assez bon réseau mais l'état des routes et pistes est plus mauvais que partout ailleurs au Mali. Deux routes in- ternationales traversent la région : une première route goudronnée relie BAMAKO à la Côte d'ivoire en psssant par le secteur de OUELESSEBOUGOU et SIKASSG, la deuxième qui est Situniée et carrossable relie BAMAKO à la République de Guinée via BANKOUMA-SIBY et KOUREMALE (village frontalier de la région) à la République de Guinée. En plus de ces deux routes principales, ue nombreux embranchements et pistes en chemin de terre relient les di£férents villages entre-eux. La route de SAMAYA-NAFADJI à GALAKANA traverse sur toute sa longueur la partie centre-occidentale de la région, des routes d'aspect latéritique ou la stagnation des eaux de pluie est favorisée par l'absence de bas côtés et de fossés. Pendant l'hivernage, le réseau routier BAMAKO- GGINEE et les pistes agric~lessont très difficilement pra- ticables ; seule la route internati~naleBAMAKO-Côte D' d'Ivoire est relativement praticable en cette saison. Par contre, sur les autres routes et pistes, les communications restent précaires. D'une manière générale, en Haute-Vallée, les paysans sont isolés et "enfermés" faute de moyens de communication, surtout en saison hivernale ; les conséquences d'une telle situation sont en outre : - le manque d'ouverture des paysans au monde ext€rieur, - la difficulté de corünercialisation de leurs produits par leur propres moyens, conduisant à un désintéres- sement pour la production comerciallo~ble, - le blocage du développement en général. Malgré certains efforts fournis par le GouvernemeEt, en 1965-1966, durant 12 prenihre spératicn de réfection des axes routiers situés à l'crée du bassin barraro, cer- taines pistes eont la portée économique est indéniable, n'ont bénéficié d'aucune amélicration. Plus de 900 km de pistes ont été refaits en 1967 par l'opération de dévelop- pement, s'occupant de la région en collaboration avec la Société O.R.T.A.L. Mais ce travail n'a eu lieu que sur les pistes de SAMAYA, BANKOUMANA-SIBY, où l'opération ue déve- loppement a lancé sa première opération d'encadrement. Les fossés creusés et les creux remblayés ont été en- dommagés par le ruissellement intensif des eaux des pluies et le passage des grcs véhicules pendant la période de commercialisation. L'action principale du Gouvernement avait porté sur la réfection de la rcute reliant BANKOUMANA-SIEY avec la cons- truction de six radiers en béton et celle d'une digue-route à proximité de SAMAKO. Ces artères représentent des axes vitaux pour les paysans leur permettant de circuler toute l'année, même si la route du fleuve est devenue impratica- ble. Les paysans sont disséminés dans les villages et ha- meaux éloignés, le plus souvent, les uns des autres. Dans la zone centrale, sur le bord de la rive gauche, se regrcu- pe la majorité de la population (soit une densité moyenne de 30 habitants par km2). Pendant l'hivernage, plus on s'eloigne de BAMAKO, plus il est difficile de circuler ou de communiquer. Il n'est donc pas rare de voir des paysans dans l'impossibilité de s'approvisicnner en piècesde rechange de matériel agricole ou en produits manufacturés, intrcuvables sur place. Les paysans qui se trouvent dans le besoin sont obligés de se déplacer en perdant plusieurs jours (5 à 6 jours) sur leurs activités agricoles. A partir de KANGABA, seul le fleuve permet d'atteindre les villages se trouvant entre ce village et la frontière de Guinée. A l'est du fleuve, sur la rive droite, les pis- tes sont impraticables d'août à fin octobre. Enfin, au sud, dans le triangle formé par le fleuve Niger, la rivière de SANKARANI et la Répub1iqu.e de Guinée, il est très difficile de contacter les paysans car la liaison est impossible. Les pistes étant très endommagées, alors que la zone est riche en possibilités agricoles car très arrosée. Il importe donc de souligner que pour permettre le désenclavement et le développement économique et social d'une telle région, il semble nécessaire de résoudre le problème des infrastructures routières.

LES bfARCHES A TRAVERS LX HAAUTE-V-ALLEE

Les marchés dans la région ont un rôle iconomique im- Fortant ; ces marchés, corne Cians tous les bourgs rcrsux du Days ont une situation privilégiée où se rassemblent à ictervslle régulier les personnes de différentes unités vlllageoises dacs une atmosphère de foule animée, bruyante et chaieureuse, tcute en contraste avec la vie isolée de tous les jours. L'organisation des journées des ïnarchés dans la region, répond à ces caractsres. Les marchks peuvent être classés en deux types ; selon les renseignements obte- nus du chef d'arrcndissement de SIBY, on distingue :

- les marchés hebdomadaires villageois, - les marchés de grands carrefours qui sont intermit- tants où quelques femmes et hcrnrnes viennent vendre par pe- tites quantités leurs produits. Quelle que soit l'importance d,e ces marchés, ils cons- tituent un véritable réseau de centres autour desquels gra- vitent les villages satellites et hameaux de cultures. Les marchés ruraux de notre région ont lieu une fois par semai- ne, sauf dans les centres administratifs comme KATI, BAMAKO, KANGABA où il a lieu deux fois par semaine. Par exemple, dâns le secteur de BANKOUMANA, le calendrier des principaux marchés ruraux est établi c0m.e suit :

BANKOUMANA ...... lundi SAMAYA ...... jeudi BALANZA ...... vendredi SIBY ...... samedi DJOLIBA ...... dimanche.

Ces marchés sont peu fréquentés pendant l'hivernage ; ils sont très animés dès la rentree des recoltes. Une étude succincte nous permettra de mieux apprécier ces marchés.

Il ne sera pas question d'énumérer dans tocte ça di- versité la gammede produits que l'on peut rencontrer sur ces marchés mais l'on s'efforcera de situer l'origine des principaux produits pouvant faire l'objet d'un échange. Nous pouvons d'ores et déjà affirmer que l'origine des produits est essentiellement de deux sources ; les uns sont de production locale et les autres de l'extérieur. La vente de produits locaux est le fait des paysannes et paysans et pourtant il a éte constaté que la vente des produits n'est pas la spécialité propre des paysans. Chaque paysan peut vendre, en fonction des produits dont il dispose, soit dans la production agricole (agriculture et élevage) , soit dans la collecte et cueillette (Néré, Karité, bois de chauffe, etc.). Quelle que soit l'origine des produits, la vente prin- cipale porte sur des &réales, surtout mil et riz, maïs et fonio. L'arachide dont les Malinké sont friands, fait éga- lement l'objet d'une vente importante, soit en coques, soit décortiquées. Les feuilles comestibles, assimilables aux gpinords, se trzuvent en quantitk, ensuit2 viennent les condiments (piments, gombo, auberçines locales, beurre de Karité, scurr.bala, etc.) ; on trouve ces produits sur les norchés en fin de saison Ses ~l~~les(septembre-octobre) . Ces condiments sont indispensables dans la ci~isinelocale. Les fruits, mangues, oranges, pastèques, goyaves, etc., tiennent une place non négliçeabie : on les trouve en quan- tités suffisantes pendant la saison sèche. Un second groupe est constitué de produits variés, déjà transformés ou préparés pour la consommation : les beignets de farine de mil ou de blé importé, des boules d'accassa (c'est un met qui est préparé uniquement avec de l'arachide, avec du piment dont les Malinké sont très friands) ; on peut ajouter à cette liste le tabac en feuilles ou transformé en poudre : le ~alinkéest l'une des ethnies du Mali connue comme de véritables fumeurs et chiqueurs. Parmi les produits d'origine animale, la vente du chap- tel vif est peu developpée (moutons, chèvres, boeufs, che- vaux, anes). Les volailles (poulets, pintades, canards), les oeufs, les gargotières de plain air, occupent une place assez appréciable sur ces marchés et constituent une source de revenu pour les paysannes. Les marchés sont souvent orga- nisés dans les zones du fleuve où la vente de l'encens est exclusivement féminine. En dehors de son parfum, l'utilisa- tion de ce produit prend toute sa signification, surtout lors de la célébration des mariages. Enfin, on note un der- nier groupe parfois représenté, celui de la vente de la pharmacopée traditionnelle avec des écorces et des minéraux variés.

Le makch2 hebdomadaike ù BALANZA

L'étude du marché de BALANZA a été effectuée au cours de notre étude à KELA, à quelque 20 km de là, en avril 1978. Ce choix n'est pas dû au hasard : ce village est proche de notre zone d'enquête et il possède une certaine importance du fait de sa situation géographique par rapport aux autres villages voisins. En effet, ce marché l~ngela route reliant BANKOUMANA à KANGABA ; cela lui confère un certain avantage auprès des habitants des villages voisins. Nous avons pu remarquer qu'à la veille du marché, ou même très tôt le matin, le jour du marché, des taxis-brousse sillonnent la route carrossable afin de mieux desservir des vendeurs ou acheteurs venant de l'extérieur. Le marché de BALANZA se tient tous les vendredis, la religion mus~lmaneétant pratiquée presqu'à 75 % dans la Haute-Vallée, l'organisation du marché ce vendredi expli- que la fréquentation relativement importante après la gran- de prière. La grande majorité des vendeurs et vendeuses qui sont des fidèles viennent des villages et hameaux et mêne dans d'autres régions agricoles plus proches, les femmes viennent de hameaux et villages où les routes sont moins fréquentées par les automobiles : ces femmes entreprennent une marche à pied, le plus souvent en petits groupes, formant une colonne et transportant d'énormes charges de paniers contenant des produits, des bassines en Smail, des fagots de bois. Cer- tains jeunes çens f~ntaussi comme les femmes, cette fois, transportont des sacs 2e jute contenant des produits ; d'a~treçviecnent â dos d'Zne. La marche vers le marché est toujcurs accompàgnée de chants permettant d'oublier la fa- tig~eet de ne pas penssr aux longues distances. La vente des proauits agricoles (mil, maïs, néré, etc.) se réalise par faibles quantités, mesur€es à la calebasse ou à la tine, la vente de ces produits est surtout le fait de bon nombre defemmes. Il n'est pas rare d'y rencontrer, en janvier, février et mars, des commerçants de BAMAKO, KATI, venus avec leur comionnette s'approvisionner en den- rées agricoles. La plupart des commerçants qui se rendent sur ce genre de marché, achètent des produits pour aller les revendre dans d'autres régions déficitaires du pays ou même des pays voisins. Ces commerçants qui viennent payer les produits des paysans, paient en espèce ou, en contre- partie, des produits importés (sel, poissons, allumettes, lames, ficelles et ingrédients, etc.) qui sont de premiè- re nécessité. Nous pouvons remarquer que dans le marché de BALANZA, il n'y a aucune installation moderne, à part des hangars préfabriqués en banco ou en bois, couverts de pailles tres- sées, de nattes, de seccos. Généralement, la grande majori- té des vendeurs et acheteurs est abritée soit sous l'ombre des arbres, soit groupée au centre de l'aire du marché, mê- me si quelquefois certains se détachent en petits groupes qui sont des négociants (de bétail maintenu dans les champs de SOFORO) . Pour conclure, les villageois qui constituent ce gen- re de marchés, ne pouvant y satisfaire tous leurs besoins, peuvent prendre une grande part dans un autre marché villa- geois beaucoup plus important économiquement et administra- tivement.

Bien qu'il soit situé sur la grande route carrossable reliant le Mali et la République de Guinée, l'étude de ce marché a été jugée utile parce qu'il se trouve à un chef lieu d'arrondissement et cûnstitue un des anciens villages administratifs de la Haute-Vallée. situé au carrefour de pistes, ce marché connaît une forte fréquentation et d'ail- leurs c'est un des marchés le mieux aménagé de la région d'étude. Outre l'expérience, son caractère d'un district administratif, ce village possède un dispensaire et un ser- vice de vulgarisation (zone d'expansion rurale = ZER) ; tout cela parait relever d'une volonté d'animer le village. A SIBY le marché se tient tous les samedis, groupant un bon nombre de personnes. Il est à remarquer que l'aire de pro- venance est assez diverse ; 65 % des personnes sont des ven- deurs et vendeuses des villages voisins qui viennent propo- ser de multiples produits en quantités plus importantes que celles observées a BALANZA (1). C'est sur ce marché que l'on assiste à un flux important de co~~nerçantset de va- et-vient incessants de taxis-brousse et de camions.

(1) Les produits exposés sont les nêmes, différznts selon leur quantité à cause de l'importance des personnes. Le village étant situé non loin de BAMAKO, la capitale (en- vison 35 km), à la veille du marché, certains camions quit- tent BAMAKO pour venir attendre les paysans vendeurs de cé- réales à l'entrée du marché. Quant aux paysans, ils préfè- rent quitter les villages d'origine pour être à pied d'oeu- vre à l'ouverture du marchélet il arrive souvent que les personnes âgées restent au village, envoyant leurs filles parce que leur village est éloigné du marché (15-20 km), de peur de ne pas pouvoir revenir le même jour. Le marché de SIBY, bien que ne disposant pas de nouvel- les constructi~ns,présente des caractères semblables à ce- lui de BALANZA, à la seule différence que nous distinguons tout au long de la route que des maisons d'habitation cons- truites en banco, sont transformées en magasins et bouti- ques bordant la route où se tient le marché. Dans ces locaux se sont les hommes qui vendent (pétrole, arachide décorti- quée, poisson fumé, etc.) et servent souvent d'intermédiai- res entre les paysans céréaliers et les commerçants de l'ex- térieur. A l'entrée du marché, en venant de KANKOUMANA, un em- placement spécial est réservé aux bouchers villageois, avec des tables en bois sur lesquelles est débitée la viande (moutons, boeufs, chèvres) . X côté de ceux-ci, à quelques mètres, c'est la vente du bétail dont le beuglement et le bèlement se confondent au brouhaha des vendeurs et acheteurs. L'installation sur l'aire du marché se fait, cette fois, d'une façon tumultueuse, avec moins de désordre de part et d'autre de la route mais faisant apparaître le caractère de petits groupes, selon le goût pour une vente donnée. Les hommes se mettent auprès de ceux qui ont apporté les mêmes produits à vendre (céréales, tabac, arachides, condiments, etc.). Les femmes font comme les hommes et s'arrangent de manière à être toujours à coté de la route pour essayer de mieux vendre aux voyageurs venant de Guinée où de BAMAKO. Les marchandises vendues en bordure de la route (beignets, viande grillée au feu de bois, lait, couscous frais ou sec, cacahuettes salées,poulets, mangues, etc.) pernettent aux villageois et aux voyageurs de se restaurer. Les femmes vendent, tout autour du marché, des fagots et du charbon de bois, des éventails tressés, des balais en paille de mil qui sont achetés par les commerçants venant de BAMAKO qui, à leur tour, les revendent aux femmes de cette ville. Le marché de SIEY permet également le contact entre l'administration et les paysans.- - Il a été constaté que ces paysans ne se déplacent jamais expressément pour un besoin administratif. Le jour du marché est toujours l'occasion saisie pour régler les probl$mes administratifs (déclara- tion de naissance, impôt, scolarisation des enfants et éta- blissement d'identitg nationale lorsqu ' ils éprouvent le be- soin d'émigrer, surtout les jeunes) . Par exemple, à SIBY, un paysan nous a déclaré que la convocation qui lui a été adressée par le chef d'arrondissement, lui a été remis par le chef du village. Pendant un mois il n'a pu répondre à l'appel et ne l'a fait que lorsque la diminution des tra- vaux des champs lui a permis de se rendre au marché. Ce n'est également qu'à l'occasion du marché que les paysans ont recours aux dispensaires. La fin du marché se perçoit par un départ progressif des vendeurs et vendeuses. Ce départ s ' effectue aux envi- rons de 16 h, pour permettre aux gens d'atteindre leur vil- lage avant la nuit. Toutefois, certains retarcataires quit- tent au crépuscule pour entreprendre une marche nocturne, dans la fraicheur du temps.

Cunctudiun : Au terme de cette étude de marchés, deux éléments peuvent être mis en évidence. La première est l'em- prise des commerçants de l'extérieur sur la masse paysanne ; ces commerçants viennent payer des produits de subsistance du paysan à des prix dérisoires non règlementés (par exem- ple : quand le prix du mil est fixé à 135 francs maliens le kilo par le Gouvernement, le commerçant profitant des moyens de mesure des produits du paysan, arrive toujours à payer moins cher ; chaque tine coûte 0,40 soit 40 francs maliens : trois tines de mil qui font plus d'un kilo, lui reviennent à 120 francs maliens). Ces produits sont revendus dans les régions déficitai- res ok dans les centres urbains à des prix élevés. Pour mieux attirer la clientèle paysanne, le comerçant fait souvent des propositions d'avances sur les récoltes qui ne sont, en fait, que des prix usureires pesant lourdement sur la paysannerie. Au moment de la commercialisation entre paysans et commerçants, ceux-ci oeuvrent toujours pour empê- cher toute tentative d'amélioration des méthodes commercia- les ; que ce soit à l'achat ou à la vente, ils agissent toujours au détriment des paysans, surtout lorsqu'ils ont à faire avec les paysannes. La seconde remarque coccerne les droits de marché. Dans les deux marchés étudiés, nous avons remarqué qu'aucun droit de marché n 'est perçu, ce qui explique que ces mar- chés jouissent d'une liberté de vente, sans aucun contrôle. Par contre, les villages de la région qui sont beaucoup plus proches de la capitale (BAMAKO), au marché duquel certaines paysannes acheminent leurs produits céréaliers, sont frappés par ce droit. Il n'est pas rare de voir ces paysannes refusées de se soumettre. Ainsi, dès qu'elles apperçoivent le percepteur s'avancer sur elles, elles s'en- fuient avec leurs produits en essayant de les éviter. Par contre, certaines d'entre elles préfèrent toujours vendre plus vite pour quitter le marché. Elles font de ce fait quelques achats (sels, poissons, lampe tempête, habille- ment, etc.) et rentrent ensuite au village. APERCU SITUATION SANITAIRE

Cette étude de la situation sanitaire en Haute-Vallée se réfèrera à la sit.uetion générale au Mali, tout en £ai- sant ressortir quelques aspects relatifs à la région étu- diée. En ce qui concerne nos sources de renseignements, une grande partie des données ont été recueillies à la Direc- tion Nationale de la Santé à BAMAKO et complétées par un entretien personnel avec le Dr. MOUSSA Maïga, professeur à 1'Ecole Nationale de ~édecineet de Pharmacie de BMvlAKO. D' autres rense'ignements proviennent des sources di£féren- tes telles qu'une enquête auprès des Services d'~ygiène Mobile et de Prophylaxie (S.G.H.M.P.) . Nous avons utilisé également des renseignements recueillis auprès des diffé- rents infirmiers responsables sanitaires installés dans les villages visités. Il ressort de cette étude que la situation sanitaire pose, en au te-Vallée , des problèmes d ' une grande impcr- tance. Il convient d ' en signaler les principaux aspects ainsi que leurs relations très directes avec les problèmes de développement. Le niveau sanitaire de la région est très bas et, de- puis plus de vingt ans, les problèmes auxquels fait face le Service de Santé sont restés les mêmes.

- Ceux liés à la maladie : la pathologie est essen- tiellement infectieuse (rougeole, méningite), parasitaire (paludisme, bilharziose), nutritionnelle (Marasme- Kwashiorkor ) .

- Ceux liés aux ressources : les moyens humains, maté- riels et financiers, sont nettement insuffisants.

- Ceux liés à l'organisation : la politique des infra- structures de soins (hôpitaux, dispensaires) a été prépon- dérente dans les villes aü détriment des zones rurales dé- munies et coupées de tout système de soins.

Pathologie

bio~Xal.LXé : Premier problème de la santé publique dans la région, la mortalité est particulièrement dramatique chez les enfants et les femmes enceintes. Parmi les causes à retenir, les maladies transmissibles viennent en tête dans les causes de décès puisque 52 % des morts enregis- trées (en 1978-1979) 6ans les formations sanitaires leur sont imputables. Quelques exemples :

- Rougeole : C'est une maladie caractère nettement épidémique appelée en langue ~alinké"NIO-NISSA". Elle est meurtrière chez les enfants de 1 à 4 ans. Elle vient en tête des causes de décès. Cette maladie n'apparait pas dans les mêmes secteurs chaque année, mais il est vraisemblable que dans la région, prise dans son ensemble, elle cause an- nuellement un grand nombre de décès. La proportion des cas de décès due à cette maladie est estimée à :

15 à 16% au dessous de 1 an 20 à 25% au dessus de 1 an

soit une proportion moyenne générale de 20%. La période d'apparution de la rougeole en pleine chaleur de Février .à Juin.

- Le Paludisme : reste la maladie la plus chronique dans la région, localement dénommée " DION-TE ". Cette af- fection constitue une endemie majeure dans toute la Haute- Vallée particulièrement dans les villages longeant le fleuve et les grands lacs. Elle est beaucoup plus importante pen- dant l'hivernage, surtout au moment où les cultures (maïs, gombo, arachide) situées à proximité immédiate des habitats, commencent leur floraison et constituent un repaire de mou- ches, insectes et mcustiqües qui propagent les maladies. les éléments les plus vulnérables sont essentiellement les enfacts. A cette période hivernale, plus de 46% des cas ont été constatés dans le seul village de DJOLIBA (source : responsable de la santé de ce village) .

- Le Tétanos : il faut retenir le tétanos ombilical du nouveau né, frequent dans les accouchements effectués dans les villages par les méthodes traditionnelles.

-La Méningite cérébro-spinale : réapparait en saison sèche sous forme d'endémies sporadiques. Elle provoque cha- que année un certain nombre de décès de tout âge. Si l'on ne tient pas compte des décès avec signes méningés chez les enfants de moins de trois, décès qui peuvent être dus à des causes obstétricales, il est vraisemblable que les décès par maladies de courte durée, avec fièvre et raideur du cou, au dessus de cet âge, sont dus, dans la plupart des cas, à la méningite cérébro-spinale. La proportion de décès due à cet- te affection serait alors de 5 à 6%.

- La Tuberculose : avec 2 à 3% de décès, ne semble pas impcrtante par sa grsvité 2t sa diffusion. Mais il n'est pas rare de rencontrer dans les villages où l'élevage est impor- tant, quelques cas manifestent de tuberculose ostéo-articu- laire. Par exemple, à OUELESSEBOUGOU, nous avons rencontré un enfant de moins de 10 ans qui présentait plusieurs fis- tules rachidiznnes et ccxalos. Ii faut noter que la mortalité générale dans la région, comme partout au Mali, est de 30°/7,. Ce taux reste génera- lement haur dans les villages ne benéficiant pas de l'action sanitaire. Dans le domaine de la santé maternelle et infantile, selon la Direction Nationale de la santé Publique, sur 346500 naissances enregistrées chaque année au Mali, 47000 seulement sont contrôlées par le Service de la Santé contre 299500 par les méthodes traditionnelles de village. Cinq femmes sur 100, présentent des complications, soit 14975 pour les 299500 femmes assistées en zone rurale, 14975 complications sur lesquelles 4000 à 6000 femmes meurent dans les villages avant même que l'on ne décide de les évacuer dans les centres urbains. 2000 à 4000 autres succombent au cours du transport sur des pistes carrossables. Cependant les 500 à 1500 qui restent, constituent la fraction la plus importante de ces maladies que les chirurgiens obstétricaux acceptent de prendre le risque d'installer, sur une table d'opération, alors qu'elles ne sont qu'à un doigt de la mort. En général, le taux de mortalité maternelle reste in- connu, puisque rarement abordé dans la région ou n'existe pas d'état civil et où l'enregistrement est incorrect. Cn estime très élevé, si on tient compte des maladies infec- tieuses survenant pendant la grossesse et dans la période du post-parturn chez des femmes dénutries et fatiguées par des grossesses rapprochées et les travaux pénibles. Ces causes expliquent l'importante mortalité infantile. Il faut y ajouter la malnutrition assez sévère du fait d'un sevrage brutal des interdits et du manque de disponibilité alimentaire en période de soudure. La mortalité infantile moyenne est de 150°/,? (moyenne du Mali) alors qu'en Haute- vallée elle est estimee à 200°/,,. Celle de O à 5 ans est de 400°/,,.

La lLfufibiditZ : Elle est caractéristique d' une patholo- gie tropicale des pays chauds. Sur les maladies déjà citées, il faut ajouter :

- Bilharziose : que l'infection soit provoquée par les baignades ou l'ingestion d'eau de boisson, la bilharziose vésicale est assez répandue dans certaines zones agricoles de la région. Ainsi à DIOULAFOUDOU et SAMAYA, l'ethnie Peul qui mêne surtout une vie de pasteur faisant abreuver leurs troupeaux dans les mares, semble la plus atteinte, 11 à 12O/,,. Par contre dans les zones où l'élevage est moins important, ce taux est faible et se situe 4 à 5%. Il est cependant intéressant de souligner que d'après nos constatations personnelles, les hommes seraient beaucoup plus atteints que les femmes, mais on pourrait émettre des soutes sur cette certitude car les femmes, à cause de leur pudeur et des troubles que cela peut causer dans leur esprit s'abstiennent de toute eéclaration. - L'onchocercose et le Trachome : qui causent de nom- breux cas de cécité. Les cas rencontrés appartiennent à la classe des 6 à 8 ans. L'enquête menée au S.G.H.M.P. nous fait connaître que, la plus forte densité rend la contagion facile, dans la région d'étude les cas sont beaucoup plus nombreux dans la zone inondée qu'en zone sèche. Au cours du voyage d'étude 1978 certaines zones agricoles ont fait l'cb- jet d'une interdiction de visite et étaient mises en qua- rantaine a cause de l'extension de cette maladie, du à la pénurie de personnel et de médicament. Le nombre de cas de cécit6 selon le personnel sanitai- re de KANGABA, a été de 16% dans les gros villages du sec- teur en 1978; et dans les villages satellites de plus de 20%.

- La ~èpre: est l'une des endémies sur lesquelles les Services d'~ygieneMobile et l'Institut Marchoux à CJIKORONI, ont porté leur action en Haute-Vallée. Son importance est relativement faible. Le rapport du Service dl~ygieneet l'Institut Marchoux, indique qu'elle apparaît aans les vil- lages comDJIKORON1, DJOLIBA, et presque inexsistante dans le secteur de KATI. Le taux général de la région est estimé à 2 a 3%, mais DJIKORONI peut atteindre 9%. Pour ces maladies comme pour d'autres (choléra, trypa- nosomiase, etc.. .) , les remèdes sont quelquefois tres pré- caires, et la difficulté provient aussi des distances qui séparent le plus souvent, les malades dans les villages au centre de soins. Etant donné l'incidence directe de l'état de santé sur la production, l'action sanitaire doit marcher de pair avec l'action rurale et s'intégrer à un prograrme d'ensemble établi en fonction des besoins les plus importants.

Les Ressources

Il est notoirement insuffisant et le plus souvent peu qualifie. Ainsi a NARENA, le dispensaire et la maternité tenus par un infirRier et une matrone, pour une population de 1500 habitants ( y compris la population des villz.ges environnants) . Ces quelques ratios de personnels en 197Ç pour expli- quer l'insuffisance du personnel médical et para-médical.

1 ~édecinpour 23700 habitants ( Poiir le 1 ?karmaci-n pour 352462 habitants i Mali 1 Sage-ferme pour 28000 habitants ( 1 Infirmier 2our 3000 habitants (

Ces cniffres sont globaux d'une facon générale. Ils ne laissent pas transparaitre la répartition cjécgraphiqur du personnel qui on le sait est tres insgale. D'autre part 1' attraction d'exercer en zones urbaines (notamment dans la capitale) est très forte et lucrative aux yeux des médecins, infirmiers, sage-femmes, etc... Par conséquent la maitrise de la maladie reste impar- faite quand on n'ignore pas l'étendue de la région.

Le budget sante, alloué par l'état, en grande partie déductible sur les ressources des contribuables est de quatre milliards de francs maliens, soit 6 à 7% du budget national, autrement dit huit francs maliens par maliens et par an. Le budget de la santé, reste insuffisant, l'expérien- ce a montré qu'il ne peut subvenir qu'aux besoins de 20% de la population, c'est-à-dire, exclusivement les habitants des villes, â côté desquels se trouvent les hôpitaux, les centres de santé. Les 80% restact se confinent dans une médecine villageoise et traditionnelle. Les allocations constituent essentiellement un budget de fonctionnement.

- les 3/4 des ressources allouées, servent à payer le salaire de professionnels de la santé.

- le quart restant garantit une médecine de soins et très peu préventive.

L'organisation sanitaire

Elle sera la synthèse de tous les domaines de l'action sanitaire. Car elle fait ressortir les faiblesses constatées dans le système de santé dans la Haute-Vallée, tant au ni- veau humain, matériel, locaux de financement, afin de lut- ter contre la mortalité et la morbidité.

La pénutie de petbonnet

La politique sanitaire définie au moment de la coloni- sation consistant à créer des structures de soins dans les centres urbains a été maintenue depuis vingt ans. Au demeu- rant les actions de consolidation Ces acquis de la coloni- sation a aggravé cet état. Car le déséquilibre entre zone rurale et zone urbaine se creuse. Pourtant 80 à 90% de la population demeure rurale et agricole. A titre d 'exeriiple, 65% des m&decins exercent dzns les chefs lieux de région et cercle 57% des sage-femmes travaillent à BAMAKO, les villages ont été délaissé depuis longtemps en dehors de quelques spora- diques équipes mobiles pour lutter contre les épidémies.

Le modèle d'infrastructure sanitaire classique (hôpitaux, dispensaires) n'a pas été modifié, ni augmenté en nombre. En effet au délà de 15 km de leur lieu d'implan- tation, tout effet de soins demeure ignoré. Actuellement en Haute-Vallée, on compte seulement 19 dispensaires et 17 maternités pour sa population totale répartie dans 208 villages et hameaux qui sont dispersés sur des grandes distances. En réalité pour l'ensemble de la population malienne (5.276.000 habitants en 1978), 15 à 20% de la population seulement dans les villes reçoit une couverture sanitaire acceptable, alors qu'en Haute-Vallée pour une population de 245000 habitants 2 à 4% de la population reçoit cette couverture sanitaire, ceci à condition d'être assez près de BAMAKO, ou d'un centre hospitalier de la région. On peut noter également que parmi les besoins les plus élémentaires, ce qui relèvent de l'hygiène sont aussi res- sentis de façon aigue. La plupart des villages ne possèdent aucune source a'eau potable à la fois proche et permanente et à l'abri des pollutions. Aucune fontaine publique sauf des puits qui servent à l'approvisionnement en eau des paysans et qui ne sont l'objet d'aucun contrôle. En plus des puits villageois le ravitaillement en eau se fait dans les marigots et les mares qui présentent des eaux, dont on ne sait, si elles sont ou non potables. Ces eaux sont bues corne telles par les villageois, ce qui n'améliore pas la situation sanitaire.

DISPENSAIRES MATERNITES Cercles en non en non fonction ouverts fonction ouvertes

BAMAKO Ouéléssébougou + 11 5 6 15 Bamako

KANGASA

Kan gab a .-

Source : Opération Haute-Vallie BAMAKO Taaleau IB Aménagements Hydro-agricole

En aut te-Vallée, on pratique la riziculture par sub- mersion naturelle contrôlée avec les ouvrages hydroliques tels que : diçue, barrage, prise d'eau avec évacuation et canaux d'amenée. L'alimentation en eau des plaines se fait par les eaux de ruissellement à partir des pluies et par les crues du Niger, quand celles-ci sont suffisamment hau- tes. Il n'y a pas de réservoir d'eau, ni de station de pom- page pour l'alimentati~ndes plaines en temps voulu. A l'intérieur des plaines aménagées, le terrain pré- sente des points hauts et des points bas, il n'y pas de di- guettes, de pistes surélevées pour séparer les parties hau- tes des parties basses : c'est la raison pour laquelle l'u- tilisation des plaines et le contrôle du plan d'eau sont assez difficiles. Les parties hautes ont besoin d'eau tandis que les parties basses souffrent de l'excès d'.eau. La mise en eau des plaines se fait par ruissellement, parfois pour renouveler l'eau, on est obligé de créer un courant continu d'eau dans la plaine en ouvrant simultané- ment les ouvrages de prise et de vidange,ce qui provoque un lessivage entrainant ainsi, les matières fertilisantes. L'état actuel des ouvrages ne permet pas une maitrise de l'eau pendant les travaux rizicoles, on doit attendre les eaux de pluie et les hautes crues : les plaines se trou- vent alors face à deux problèmes, les eaux de pluie trop abondantes et les crues du fleuve Niger provoquant l'inon- dation des plaines et où naissent les jeunes plants de riz d'où une destruction des récoltes. On ne peut labourer les terres, et faire les semis, qu'à la chute des premières pluies. Après les semis, s'il ne pleut pas, les graines restent longtemps dans le sols sans germer. Par suite de la sécheresse, ou du retard des pluies, la période de semis traine jusque vers mi-AoÜt. A cette époque les pluies sont si abondantes que les jeunes pousses sont noyées et les graines entrainées, ce qui cause les per- tes dès les premiers jours de culture. Il découle de tout ceci que la rentabilité des plaines ne peut-être que très faible et les rendements des cultures très médiocres. Cependant la construction du barrage de SELINGUE dont la mise en eau est prévue pour 1981 pourra entrainer le réaménagement de certaines plaines rizicoles de notre région; nous assisterons alors à une augmentation de rendement des cultures qui améliorera la rentabilité des plaines. La riziculture est l'un des thkmes de développement retenu pour la Haute-Vallée. Les projets rizicoles concer- nent une série de casiers à aménager ou à réaménager, géné- ralement de petite surface totalisant 6700 ha dont 900 ha sont cultivés actuellement. Sup. Cul t. 900 1400 1900 2 700 3 500 4 000 4000 (ha) 1t.i L sl lnple cul t UI e suhrnez~sjori contrôlée Rendement et jrliyatior~de saison de pluie

Production 3 0,63 1,05 1,52 2,29 3, 15 4,OO 414 10 t.

b'ci~elonr~rinentdes prévisions de la production du RIZ

Source : Direction Haute-Vallée Y'ableau 19 LES DIFFERENTES OPERATIONS (LES ACTIONS)

Après avoir défini très brièvement les différentes caracté- ristiques socio-économiques de la région, il convient main- tenant de dégager les possibilités qui pourraient se maté- rialiser moyennant la nise en oeuvre d'action de développe- ment. Ainsi qu'il a été dit précédemment, le Mali, lors de son accession à l'indépendance, s'est fixé comme premier objectif la réorganisation de son développement économique et social. C'est pourquoi, dès 1971, les orientations géné- rales d'un plan quinquennal de développement économique et social étaient élaborées sur la base des potentialités existantes et des besoins de la population. Cette période quinquennale sera donc, pour l'économie rurale, une période charnière car le programme retenu implique, à long terme, la mutation des productions actuellement pratiquées aussi bien uans l'agriculture que dans l'élevage et la mise en oeuvre de techniques nouvelles : double cultures irriguées, production fourragère, embauche. En fonction de cette nouvelle stratégie, des objectifs ont été fixés dans les différentes branches de la produc- tion et des moyens ont été déterminés pour les atteindre. Pour aider à 1'élaboration de ces objectifs et de ces moyens, le Mali a été divisé en différentes zones rurales correspondant à des régions climatiques et géographiques. C'est ainsi que la région Haute-Valise se voit confiée à une opération de dévelocpement dénommée "Opération Haute- vallée du Niger", à qui il revient de s 'occuper pleinement du développement de la région. L'intervention de llCpéra- tion dans la région a pour but essentiellement :

- de mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires pour réaliser 12 développement intégré, - d'organiser la commerciaiisation et le crédit agri- cole,

- de promouvoir et d'snimer les collectivites exploi- tantes en ccllaboration avec le service de la coopération afin ae créer des structurss prcfessionnelles d'agricultecrs capables d'autogérer les moyens collectifs de production et de commercialisation,

- de for~~ierles cadres et les paysans de l'opération par recyclage et séminaires, stages divers et alphabétisa- tion fonctionnelle. A côté 6e ces orientations nous allons essayer d'étu- dier dans l'immédiat, au niveau de la région, le problème le plus urgent à résoudre qui est celui de la survie du groupe : successivement l'évolution des cultures vivrières et des cultures commerciales pour améliorer le niveau de vie actuel des paysans, l'action sociale permettant de con- server et d'améliorer le capital humain. Naturellement, ces actions se combinent et se complètent.

Action de cultures vivrières

Actuellement, l'évolution des cultures vivrières lais- se supposer que ces cultures sont pratiquées à une échelle beaucoup trop faible . Agir sur le développement des productions vivrières doit permettre non seulement d'éviter une aggravation du déficit alimentaire actuel mais de le réduire. Pour réali- ser les principaux objectifs que s'est fixé le Gouvernement et assurer l'approvisionnement total et régulier en produc- tions vivrières, divers moyens ont été préconisés :

- Maintien des prêts de soudure.

- Commercialisation des cériales : possibilités ac- cordées aux paysans de vendre leurs récoltes à 1'OPAM (Office de Produits Agricoles du Mali), à des prix fixés par 1'Etat lui-même, afin de favoriser un meilleur approvi- sionnement à l'intérieur du pays et de supprimer où de li- miter les importations.

- Action de la vulgarisation portant sur divers thè- mes techniques (semences sélecticnnées, fertilisation, trai- tement phytosanitaire, etc.) et ayant pour but de faciliter l'acquisition par le paysan de meilleures techniques de pro- duction devant bénéficier des cultures vivrières en même temps que des cultures commerciales. On peut, dès à présent, souligner certaines faiblesses dans' la façon dont sont menées ces actions : celles-ci sont conduites de façon confuse et sans organisation précise. Les objectifs des actions restent vagues et ne sont pas liés entre eux. Aucune politique vivrière n'a été réellement 66- finie ; les objectifs restent globaux et les moyens permet- tant de les atteindre n'ont pas été rassenblés. Lz développement des cultures industrielles a permis l'amélioration des cultures céréalières qui profitent de l'arrière effet d'engrais apporté sur les cultures commer- ciales (coton, tabac, arachide) . C'est pourquoi la plupart des champs de mil-sorgho atteignent un rendement moyen, va- riant de 575 à 600 kg/ha. Le rendement du riz se situe dans la moyenne de 932 kg/ha. ~'apresles témoignages des habi- tants, la riziculture existe au moins depuis le début du siècle. Le développement de la riziculture n'est pas néces- sairement lie à l'existence ou à l'absence d'une plaine amé- nagée. Ainsi, KELA et SAMALE qui continuent d'exploiter les rizières sans aucun contrôle d'eau, ont beaucoup plus augmenté leur rendement en riz que des villages comme DANKAN, TOMKOLA ou BANANKORO qui disposent, au contraire, de casiers aménagés. Quant au maïs, sa culture prend de l'importance, tant au niveau de la Haute-Vallée que sur le plan national et son rendement est élevé : en moyenne 950 à 1000 kg/ha. L'examen du tableau ci-dessous nous permettra de com- parer les résultats pendant sept années de campagne agrico- le. MIL - SORGIIO MAlS RIZ --- (Idliip d gr1 es Proclucti on Rendemerl t Production Rendement Production Rendement en 3' k g/li a en T k(~/ha en T k9/ha -- -- -

l>dblddu cc~~~ipdratif: Rendements - Productioris 1970 - 1977

Sources : note de synthèse carnpacjne 1970 - 1977 (Opération Haute-vallée du Niger BAMAKO) TubLeau 20 Les cultures indus trielles Parallèlement au développement des cultures vivrières dans la région, ont peut dire que le développement des cul- tures industrielles est l'une des actions les plus encoura- gées de la part de gouvernement malien, pour la simple rai- son de supprimer le goulot d'étranglement de quantité des céréales vendues, puisque les paysans comme nous en avons eu déjà à l'expliquer, pour obtenir une ressource monétai- re,vendaient une partie de leur récolte céréalière. Depuis une dizaine d'années, bien des cultures nouvel- les ont été introduites : les cultures de coton, tabac ont connu un sérieux développement ainsi que l'introduction 10- cale de certaines cultures maraîchères (poivrons, pommes de terre) . L'arachide étant une culture traditionnelle dont les ~alickésont friands, n'a connu aucune entrave interne à son extansion, le jour où elle a fait l'objet d'une vente. Cet attrait de la culture industrielle, doit normalement entrainer au niveau du paysan un mode de vie différent de celui qu ' il connai t j usqu' alors. Ce changement sera évidem- ment fonction du succès des actions susceptibles d'être me- nées. Dans ce paragraphe, nous allons essayer d'étudier 1'6- volution actuelle de ces cultures et voir leur emprise en milieu paysan. Mais avant cette étude réalisée, culture par culture, on peut faire observer que de façon générale les superficies ensemencées ne progresseront que si l'organisme chargé du. développement, encourage les rotations de cultures et les techniques d'amélioration d'amélioration du sol. Nous constatons en ef £et que jusqu ' à maintenant, bon nombre de paysans continuent a pratiquer une culture itinérante aban- donnant les anciens champs après quelques années de culture pour aller ensemencer des friches récentes.

Tour d'abord, nos sources de renseignements sur cette question sont essentiellement les rapports régionaux de la C.M.D .T. (Compagnie Malienne de Développement Textile) et 1'opération Haute-Vallée ainsi que de nombreuses conversa- tions avec les chefs de secteurs. Dans la région, la culture du coton était insignifiante au moment de l'indépendance du Mali 1960. La culture cotonnière exigeante mais rémunératrice quand elle est bien conduite, commence maintenant à obtenir l'adhésion des paysans. La concentration de la culture sur les terres propices et le renforcement de l'encadrement a permis la formation des producteurs, une amélioration des rnéthoaes de culture, l ' exicution de traitements insecticides et par conssquent l'accroissement de la production. Le dé- veloppement de la culture du coton en Haute-Vallée est en- tikrenent sous le contrôle de la C.M.D.T. qui reste le seul organisme du pays a prendre des décisions pour le proçranne de dgveloppement de la production cotonnière. La région de la Haute-Vallée a vu s'accroître les sur- faces en coton au cours de sept ans de campagne à près de 2000 hectares ; la production s'est élevée, dans le même temps, à près de 2500 tonnes de coton-graine ; elle a ainsi décuplée depuis 1973-1974. Avant l'indépendance, cette pro- duction avoisinait entre 900 a 1000 tonnes. Quant au rende- ment moyen à l'hectare, il est passé de 500 à 1000 kg (càm- pagne 1976-1977). Une telle croissance n'est pas sans consé- quence sur le vie de la région. Elle traduit de toute façon le succès d'une politique vigoureuse sur le plan des objec- tifs d'accroissement des surfaces de production et d'amélio- ration du rendement. Elle relève également les qualités d'a- daptation et d'assimilation des paysans ~alinké.La lecture du tableau nous montre la forte progression des surfaces cotonnières de la campagne 1973-1974, jusqu'en 1976-1977 ainsi que l'évolution semblable des rendements. Au cours de ces sept années de campagne, aucune stagnation, ni en sur- face ni en production, n'a pu ëtre constatée. Enfin, on peut conclure en soulignant que la région semble occuper une place privilégiée dans 1'expansion de la culture du coton avec l'espoir qu'elle ne sera pas entravée par les phénomènes climatiques.

OpC.kaXian Xabac Il serait abusif de dire que la culture du tabac était méconnue en Haute-vallée avant la création de l'opération de développement. Les paysans cultivaient la variété locale RudXica dont les produits étaient vendus sur les marchés locaux et quelquefois dans les pays limitrophes (Guinée, Côte d'Ivoire). Il n'existait pas de tabac à fumer au Mali, c'est pourquoi, la SONATAM (Société Nationale du Tabac du Mali) importait de la Chine du tabac blond du type Vihgirzia, qu'elle associait au tabac local. Ce mélange ne convenait pas au goût des fumeurs maliens qui préféraient la Gauloise. L'intrcduction du tabac industriel a commencé au Mali en 1969-1972, avec des variétés de tabac brun comme le Paraguay, le Rio Grande, puis des variétés de tabac blond parmi les- quels on peut citer le Maryland et le grand Redito. L'intro- duction de ces différentes variétés a été accompagnée, d'au- tre part, par la mise en place de procédés techniques cultu- raux ignorés par les paysans. Seulement le problème restait de savoir qu'elle serait l'impacte de ces techniques liées à la culture de tabac sur l'ensemble du systime agricole. L'opération du développement qui attache une grande im- portance à cette culture du tabac vulgarise docc auprès des paysans un certain nombre de méthodes techniques.

- préparation des semences. Les graines sont mélangées avec du sable et de la cen- dre à cause 2e leur petitesse pour avoir une uniformité dans la répartition. L'encadrement insiste aussi sur le repiquaçe et la fu- mure dont la dose vulgarisée est la suivante : . phosphate d'ammoniaque ...... 2 00 kg/ha . sulfate de potasse ...... 200 kg/ha . urée ...... 300 kg/ha Selon le chef de secteur de KmGABA, la presque totali- té des champs de tabac bénéficie de la fumure de fond et 45 % bénéficient egalement de la fumure complémentaire. Outre l'arrosage et le sarclo-binage, la culture du ta- bac nécessite egalement l'épamprement et l'écimage ; ce sont là de réelles nouveautés pour les paysans, qui exigent une sensibilisation et une formation suivies. Le séchage présente un aspect beaucoup plus délicat et. implique un certain nombre de contraintes. Les paysans Malinké s'en sortent très difficilement avec leurs maigres moyens. Cette opération de séchage, fait généralement tomber la qualité du tabac produit, et nous en verrons plus loin les effets au moment de la commercialisation. La méthode de séchage actuellement préconisée dans la région consiste à éliminer l'eau, mais aussi du sucre, les tanins et les ma- tières azotées qui devront être transformées ou éliminées. Ces procédés se font dans des séchoirs traditionnels, donc en foncticn du buàjet du paysan.

- Production et rendement. Actuellement, la culture du tabac pratiquée en Haute- vallée, se fait d'une façon intensive sur de nombreuses par- celles, mais de faible surface, soit en saison sèche avec une irrigaticn avec de petites motopompes, soit encore en saison des pluies. Les 2/3 de la production sont fourni par le tabac de contre saisons et les 1/3 par le tabac d'hivernage. Les ren- dements sont excellents âvec une moyenne de 6100 kg/ha ce qui assure une très bonne rentabilité malgré le travail &le- vé que cette culture requiert. La production est extrémement variable d ' une année à l'autre; la maximale qui correspondait au démarrage de l'o- pération a atteint 549,65 tonnes (campagne 1972-1973). Mais la campagne 1973-1974 marquée par la grande sécheresse qui a sévi sur tout le pays, a accusé une chute de production de plus de 200 tonnes; malgré une augmentation de rendement de près de 300 kg/ha. Avec une baisse de la production, la campaçne suivante a connu le même sort; mais la progression a repris en 1975-1976, qui o été une annee normale et a corespondu à la fin de la sécheresse. On peut noter que la production moyenne régionale au cours des sept années de camFagne avoisine 350 tonnes. Actuellement, on assiste dans la région à une désaffec- tion des paysans pour la culture du tabac, et cela pour plu- sieurs raisons. - obtention de très faible production de tabac de mau- vaise qualité - épuisement des sols et leur lourdeur - difficulté de séchage, qui reste l'une des principa- les cause de l'abandon - collecte des produits médiocrement organisée - les prix sont également très bas, ce qui a contribué à éloigner les paysans de cette culture. Enfin la SONATAM qui bénéficie du monopole d'achat de l'opération chargée de la collecte, achète directement le tabac aux paysans. Le prix est fixé en fontion àes catégo- ries de la qualité du tabac. Ce procédé a suscité un profond découragement. Au cours de l'étude à KELA, les paysans nous ont amèrement dénoncé les méfaits de cette culture de tabac, et expriment leur désir dès la campagne suivante de consa- crer les terres réservées au tabac à la culture du riz.

Le Mali est un des pays possèdant des possibilités de développement de la culture maraichère. La région de la Haute-Vallée, avec son climat, ses sols et ses nombreux cours d'eau, est propice au développement de ces productions qui peuvent ëtre réalisées en saison des pluies et en saison sèche. L'action " culture maraichère " est de création ré- cente, car au moment de notre étude sur le terrain en 1978, elle en itait à sa première année de campagne, et se situait au niveau organisationnel. Par suite de la mauvaise organi- sation de la commercialisation de la campagne 1976/1977 au niveau de llOPAM, et même de la Coopérative, 1 'opération reste prudente sur les possibilités d'extension sur une grande échelle de ces cultures. Les prix sont mal étudiés et n'incitent pas les pay- sans, à commercialiser certaines denrées : le poivron par exemple, qui est la culture principale, est payé a 120 francs maliens (1, 20 FF) le kilo, sur contrat passé avec 1'OPAM (Office des produits Agricoles du Mali) et la coopérative, un deuxième prix sur commission est encore plus faible que le premier. Les 90% des producteurs se voient économiquement obligés de signer ce contrat de vente au comptant à 120 FM/ kg. Alors qu'à côté, au ~énégal,les prix semblent de loin les meilleurs. De plus les exigences des règles de conditionnement sont très d€courageantes. Les paysans n'arrivent à condi- tionner que les 1/3 de leur production, les 2/3 restent éta- lés dans les champs, alors que les propriétaires ne dispo- sente ni de moyens de transport, ni de moyens efficaces de conservation. C'est pourquoi, il arrive de voir des femmes venir de BAMAKO pour en acheter une petite quantite destinée 7 - à la consorrl~~aticnen 7,~i:ie. On voit donc que tout :el& est de nature à décourager les cultures aaralchères qui ~~urraientcependant, jouer un r6ls importznt dans l'icûncmie régionale, voire xême natio- nale. Pourtant les facteurs favorables existent dans cette région,pour cette culture le problème se pose au civeau de la commercialisation. ~'~pérationinsiste actuellement sur la recherche des débouchés pour faciliter l'écoulement des produits, qui par voie de conséquence lui permettra d'exploiter les potentia- lites de la région.

Le problème de trânsport pour l'évacuation des produits vers les grands centres, reste posé au niveau de tous les maraichers. Etant donné le manque d'organisation actuelle, l'Opération aut te-vallée dans ce domaine, est un échec. Les motopompes diésel attribuées à certains maraîchers à titre de prêt à long terme pour lancer la culture maraîchère, restent encore en bonne partie inutilisées. -- Arachide Co t oii Tabac Citmf)-ïj11eS ~endenrent He11 dên~ent Rendemeri t Production (T) Production (3') Production (kg/ha) Ikg/Jla) (kg/ha)

?'abLecru 21 3'dblej-u cornparatif: Rel~den?ent- Production (principàle culture ii~dustrielle) c~lir~pagne19 70 - 1978

Soiirce de reriseigi~ement : Note de sqnthèse canlpayrie 1975 - 1976 - 1978 Action d'élevage

C'est 1s campagne 1976/1977 qui a vu le démarrage de cette action pour " l'opération aut te-vallée ". Il convient de rappeler ici les principaux objectifs qui lui ont été assignés. Une meilleure intégration de 1 'agriculture et de l'é- levage par la promotion et le développement de l'élevage principalement des bovins dans les exploitations agricoles. Il s'agit notamment de fournir une force de travail à l'a- griculture pour l'augmentation du rendement de la terre, l'amélioration de la production laitière pour un meilleur ravitaillement en lait de la ville de B1JVIAK0, dont la région constitue avec le village BAGUINEDA la ceinture laitière. Et, enfin l'introduction d'une spéculation nouvelle en mi- lieu paysan assure une amélioration de l'alimentation hu- maine par l'importance de l'apport protidique. Actuellement, la réalisation de ces objectifs, se heurte à de nombreuses contraintes financières et structurelles. C'est pourquoi on a adopté dans un premier temps, une approche pragmatique du problème, en dégageant des acticns prioritaires qui consistent à assurer une bonne alimentation des boeufs de labour par l'exploitation rriaximum des poten- tialités existafites (herbes et fanes d'arachide), et la maîtrise des contraintes d'ordre pathologique, notamment celles des maladies parasitaires. Dans une deuxième phase, en collaboration avec LIE.C.I.B.E.V., des pratiques d'embouche ont été entrepri- ses au cours de la campagne 1976/1977. amélioration de la production laitière, nécessitant des actions plus complexes, surtcut en ce qui concerne l'as- pect génétique, fera l'objet d'interventions ultérieures en collaboration avec U.L.B. (Union Laitière de BAMAKO) et le Centre National de Recherches Zootechniques.

- Les réalisations

Alimentation : En plus de l'utilisation des jachères, des parcours naturels et des sous-produits de cultures, l'alimentation du bétail comprend aussi les sous-produits agro-industriels depuis la campagne 1976/1977. Au cours de cette campagne, près de 100 tonnes de graines de coton cnt été vendues, et cela pour la première fois depuis la créa- tion de l'Opération. Les cultures fourrâgères ont été expérimentées sur une superficie de 5 ha avec des varietés MUCUNA et les STYLO- santes-GRACILIS. L'ensilage en est à sa deuxième année et est effectuée avec la collaboration du projet ensilage du service de 1 'élevage. Les résultats de cette expérience Sien que nodestes, ont été suffisamment encourageants pour permettre la continuation de 1 ' action. Ptoduction animaLe : 1' activité essentielle reste les réalisations de culture attelée; mais même si les chiffres manquent, on peut considérer comme assez importante aussi, la production laitière avec les deux centres de collecte de 1'U.L.B. situés en Haute-vallée, ceux de BANKOUMANA et DIALAKORO. Par contre, mëme avec le démarrage effectif de l'embauche en Janvier 1978, la production de viande reste faible.

Sant2 animaLe : en l'absence d'une structure adéquate, l'intervention de l'opération Haute-Vallée àans le domaine de la santé animale, a consisté jusqu'à présent à donner un appui logistique au secteur d'élevage de BAMAKO et KANGABA au cours de la campagne d'immunisation. Par ailleurs, un stock de produits vétérinaires est mis en place pour mettre les paysans à l'abri de ruptures de stock de médicaments indispensables. Enfin l'action " bétail " de la aut te-Vallée, assure la surveillance sanitaire permanente de toute la zone d'intervention, en signalant toute apparition de maladie aux secteurs d'élevage concernés et en participant à toutes les mesures prophylactiques.

Commercialisation des produits

Avant d'entrer dans le vif 2u sujet, il semble néces- saire de faire 1' historique de la commercialisation depuis la période coloniale jusqu'à aujourd'hui, afin de mieux mar- quer 1' emprise de 1' économie agricole. Au moment de la colonisation de l'actuel Mali, certains administrateurs eurent conscience de la nécessité d'organi- ser les producteurs des principales cultures industrielles (arachide notamment). En 1910 un décret portait sur la créa- tion des sociétés de prévoyance sociale dans les pays de l'Afrique Occidentale dont faisait partie le Mali. La créa- tion de ces sociétés, avait pour but essentiel de mettre en place un système de mutualité mais aussi d'organiser le crédit pour la commercialisation. Seuls certains commerçants détenaient ce crédit, de la part non seulement de l'Institut de prévoyance sociale, mais aussi des sociétés privées, qui à leur tour en faisaient bénéficier les paysans producteurs, sous forme de contrat pour la campagne agricole. Vers les années 1947, fut créé la S.M.D.P.R. (société Mutuelle de Développement de la Production Rurale) et paral- lèlement la Z.E.T.A. (zone d'expansion de techniques agri- coles) qui cherchait à coordonner les activités nouvelles Ge la S.M.3.P.2. Ce n'est que dans les années 1952 que la S.M.D.P.R. vint coiffer le tout, et devait servir de courroie de trans- mission entrî 13s paysans ît les organismes ou fédérations d'organismes (coopérative villageoise de vente et d'achat) . Des points de traite 6taient fixées par les autorités ad- ministratives avant le début de la campagne, théoriquement tout devait donc bien marcher. Toute cette politique de défense du paysan avait un double rôle : les paysans contre une exploitations par les marchands, mais aussi soutenir l'économie du terri- toire. Avec l'indépendance du Mali, ces structures ont été bouleversées. Les sociétés d'état maliennes ont purement et simplement remplacé les groupes de sociétés et les com- merçants étrangers (VEZIA, SCOA, CHAVANEL, MOREL et PROM), et certains groupes des commerçants autochtones afin de con- tribuer, à supprimer le super profit que prélevaient ces sociétés au détriment des producteurs. A l'image des orga- nisations anciennes coopératives, une autre forme de com- merce d'état s'est instaurée dans le pays, tout en conser- vant quelques structures anciennes pendant plusieurs années, telle que la S.M.D.P.R. qui a fonctionné jusqu'en 1968. A la suite d'un séminaire sur les coopératives en milieu ru- ral, est décidée la création des coopératives comme l'un des principaux moteurs coopératifs. Ces coopératives fonc- tionnent sur les cotisations versées par le paysannat, mais ces agents dépendent du ~inistèrede l'Agriculture. Elles sont chargées de collecter les produits agricoles auprès des groupes ruraux, cette fois pour le compte de 1'O.P.A.M. (l'office des Produits Agricoles du Mali), chargée de la commercialisation des céréales et de la constitution de stock pour le compte de la S.O.M.I.E.X. (société Malienne d' Import et d'Export) chargée de 1' exporation de 1' arachide et du coton. La S.O.M.I.E.X. assistée de la B.D.M. (Banque Malienne pour le Développement), devait chaque année organiser le developpement de la commercialisation. Les commandants de cercle et les chefs d'arrondissement détenaient les fonds de la part de la S.O.M.I.E.X. pour solder les produits; et paraissaient d'un autre côté comme l'organisme qui supervisait la campagne de la commerciali- sation. Les résultats obtenus de toute cette organisation ont été en grande partie, la suppression des achats directs ces produits par les corrmerçants clandestins, et de freiner les crédits usuraires. Malgré tout cela, le système de mar- ché parallèle demeure, ce qui fait que dans la situation actuelle, l'opération Haute-Vallée en sus de l'encadrement doit s'occuper de l'organisation de la commercialisation, en tant que structure d'appui auxgroupements ruraux. Ceux- ci sont appelés à la remplacer au fur et & mseure que cela deviendra possible. Ainsi donc nous allons essayer d'étudier l'impact de l'opération Haute-Vallée sur la commercialisation et les principaux résultats de son action.

Conune 1'ont montré plusieurs auteurs " la campagne fournit à la ville les moyens de subsistance et des matiè- res 2remières pour 1s manufacture, la ville en contre parti? rembourse ces avances en renvoyant aux habitants de la Cam- pagne une partie des produits manufacturés ". Citation cours d ' économie rurale 1. P. 2. KATIBOUGOU. C'est donc le surplus dégagé du secteur agricole, qui est la condition possible de l'émergence du secteur indus- triel, autrement dit c'est la commercialisation des surplus agricoles qui est la condition nécessaire pour que naisse et croisse le secteur industriel. C'est dans ce cadre que 1'opération au te-vallée du Niger commercialise les cultures industrielles de sa zone pour le compte de certaines unités industrielles du Pays.

- Le coton pour le compte de la C.M.D.T. (Compagnie Malienne de Développement du Textile) qui a remplacé la C.F.E.T.

- L'arachide pour le compte de la S.E.P.O.M.(Société d'exploitation des Produits Oléagineux du Mali) .

- Le tabac pour le compte de la SONATAM (Société Nationale du Tabac Malien).

La comercialisation des produits vivriers reste faible sinon nulle dans la région, les quantités produites font l'objet d'un marché intérieur, qui se fait par l'intermé- diaire des femmes et des commerçants privés venant de grân- des villes, procèdent à un marché parallèle des produits vivriers, en les acheminant vers les pays frontaliers ou d' autres régions du Mali. Etant donné la plus grande importance accordée à la commercialisation des cultures industrielles (arachide, coton, tabac) des possibilités ont été offertes aux paysans de vendre leur produit à l'opération à un prix stable. Ceci doit faciliter le développement de cette producti~net fa- voriser un meilleur approvisionnement des unités industriel- les citées plus haut. On assiste donc à la fois à une inci- tation à la production et, en même temps, à une améliora- tion de l'approvisionnement. Pour mieux coordonner les activités de comrnercialisa- tion régionale, une rencontre tripartite a été organisée dans chaque arrondissement de la région pour préparer la campagne de commercialisation. Au cours de cette rencontre un calendrier d'achat entre paysans et autorités adminis- tratives est adopté selon la date à laquelle chaque village pense être prêt ; ensuite, les obligations de chaque partie sont précisées. Par exemple, les paysans se livrent à la réfection des pistes, construction des secco et enclos, chargement des véhicules, transport des produits des champs au point d'a- chat, etc. Quant à l'encadrement, il procède à la mise en place des sacheries, achat des produits, respect des calendriers, rzinassage cies cr35uits du ?oizt 6e réception au point d'a- chat, etc. Au cours de la campagne 1978-1977, 17 équipes ont été rgparties à trevers t~utes13s zones d'achat iie l'opération. Chaque Z .E .R. (zone a'zxpansion rurale) a disposé d'une équipe : les Z -2.R. les plus productives, cornTe SIaY, NLqENA, ont Sénéfici6 de deux iquipes : l'une pour le coton, et l'autre pour l'arachide. Chaque équipe est composée : d'un peseur, d'un payeur (chef d'équipe), d'un condition- neur et d'un pointeur.

- Les résultats obtenus (voir tableau page suivante).

Sur ce tableau plusieurs remarques peuvent être faites. Le pourcentage de la production commercialisée pour l'ensem- ble de la région se situe à la moyenne de 50 %. D'après les renseignements généraux recueillis, se sont des secteurs à bonne pluviométrie (KANGABA et BANKOUMANA) dont la produc- tion comercialisée dépasse la moyenne de l'ensemble de la région. D'une manière générale, les résultats de ces sept an- nées de campagne nous font voir que, seul, le coton a une évolution progressive avec une moyenne de 89 %. Ce pourcen- tage élevé est dû, non seulement du fait que cette culture ne fait pas l'objet de spéculation sur le marché parallèle, mais aussi en raison de la réussite dans cette région de cette culture. Il faut remarquer, par ailleurs, que c'est la culture industrielle actuellement qui accuse le meilleur rendement, ce qui encourage les paysans a s'adonner à cette culture cotonnière au détriment des autres cultures indus- trielles. L'arachide, du fait de son ancienneté et de son impor- tance alimentaire dans la société ~alinké,de tout temps, reste soumise à trop de spéculations sur le marché parallè- le, ce qui réduit considérablement la quantité commerciali- sable pour l'opération Haute-Vallée. Au cours des deux der- nières czmpagnes, l'arachide a subi une forte chute autant dans la production que dans la commercialisation. Les cau- ses de ces phénomènes sont multiples et l'une des princi- pales reste le marché parallèle sur lequel l'accent sera mis au cours de cette étude. Il explique la diminution des chiffres de la production commercialisée même s'il y a tou- jours une forte consommation interne. Quant à la commercialisation du tabac, il est hors de doute que c'est une culture fort payante mais le problème de débouché pour son écoulement limite beaucoup les possi- bilités de développement. Le chiffre moyen de la production commercialisée reste faible : 16,2 %. Les causes de ce £ai- ble développement tiennent au problème du prix en fonction des variétés ou des qualités de tabac. Par ailleurs, les cultivateurs ne sont pas toujours bien qualifiés Four cer- taines techniques du traitement du tabac et ne prennent pas toujours conscience de la qualité de leur récolte, d'où l'abandon progressif de cette culture. Un gros effort de vulgarisation et de formation serait à entreprendre si l'on veut développer cette culture. Cul 1-ti ces ARACHIDE COTON TABAC

LJroductioii Commer- a Producti 011 Comrner- % Productiori Commer- % Cd~np~ynès eri T cidlisé T Commer. en T T ciàlisé 2' Colnmer. .- . -- --. - .. .--- cialisé T Commer. -

P1oye~1~it- totale

Les rSsultdts obtenus : moyenne total de 1 'enseiiible = 5(1,3 %

Sourc-e : 1zdppo1t de canlpayne 1976 - 1977 Opérdtion Haute-Vallée BAMAKO A bisn réfléchir sur l'évolution de la comrnercialisa- tion des cultures, on s'aperçoit que les résultats recher- chés ne sont pas toujours atteints. Les paysans n'ont pas répondu comme l'opération pouvait l'espérer. alg gré toutes les dispositions prises, l'Opération a connu beaucoup de difficultés qui se situent à plusieurs niveaux.

- Au niveau des paysans : il a été constaté des retards accusés pour la rentrée des produits, surtout de l'arachide et une lenteur dans la récolte qui ont provoqué la baisse de la commercialisation. Les paysans n'étant pas toujours convaincus de la nécessité, voire de la valeur de ces productions, donnent, en toute circonstance, la priorité à la récolte des cultures vivrières. Le calendrier d'achat et la réfection des pistes consi- dérés comme un impact pour l'évacuation des produits n'ont été que très partiellement résolus, ce qui a rendu l'accès de plusieurs points d'achat impossible. A cela,on peut ajou- ter que les fonds destinés au chargement des camions ont été jugés insuffisants, ce qui fait que la plupart des pay- sans ont refusé de livrer leurs produits.

- Au niveau de l'organisation et du transport : la dif- ficulté màjeure à ce niveau est marquée par l'absence des moyens de transport ou de déplacement des équipes d'achat, surtout en début de campagne. Cela est dû à la faiblesse du parc auto qui ne permet pas d'assurer correctement le trans- port des 17 équipes mises sur pied au cours de la campagne. Cette faiblesse du parc auto explique, d'une part que 1'0pé- ration Haute-Vallée n'arrive pas à acheter à temps les pro- duits aux paysans et à les acheminer jusqu'au chef-lieu ou jusqu'aux différentes unités industrielles. Il est de cou- tume, pour l'Opération, à chaque campagne, de signer des contrats avec certains transporteurs réquisitionnés dont la rémunération est faite selon un tarif fixé par 1'Etat ; ce prix n'intéresse pas les 3/4 des producteurs qui refusent de se mettre à la disposition de 1 'Opération, les autres n'intervenant que de façon irrégulière. Cela pose d'énormes problèmes à l'opération ; en outre, il faut ajouter la malhonnêteté de certains chauffeurs qui ne sont jamais là où ils sont envoyés par peur de mauvaises routes.

- Les marchés parallèles : ils restefit le problème épi- neux pour 1s déroulement de la commercialisation. L'inter- vention de l'opération a pour but de resteindre le marché parallèle et l'acneminement vers les pays frontaliers. Bien que les sociétes étrangSr-s soient parties, le problème de- meure toujours accru. Là castê des marchands fraudeurs con- tinue à exister et cause? 6,s skrieux problèmes de développe- - - nent à la c~mmercialisation.-n des systèmes le plus uéili- se par ces petits commerçants pour attirer la clientèle est celui des avances sür la récolte qui sont en fait des préts usuraires, pesant lonrdement sur la paysannerie. C 'est Qga- lement la pratique des cadeaux qui coûtent en réalité chers aux soi-disant bénéficiaires. Cette caste intermédiaire fait tout pour empêcher la réussite de toute tentative d'a- mélioration des méthodes commerciales. Que l'on se trouve dans le cas de l'achat ou de la vente, ces marchands agis- sent toujours au détriment de la masse paysanne qui est per- dante sur tous les tableaux, car elle vend à bon marché et achète cher. Le paysan qui voit finalement son effort se traduire par une hausse du coût de la vie, se décourage et n'est pas incité produire davantage. Mais en réalité, les problèmes ne se situent pas uniquement au niveau du paysan, ils sont autant sinon plus nocifs à l'opération qui voit ses possi- bilités d'auto-financement réduites. Cette organisation clandestine que nous appelons mar- ché parallèle, pose de sérieux problèmes, pour la commer- cialisation correcte des produits en Haute-Vallée. Ce .pro- blème se trouve aggrave par l'influence du marché de BAMAKO; sur ce marché, les prix des céréales et de l'arachide se trouvent sinon doublés, du moins beaucoup plus élevés que les prix officiels. Dans ces conditions les paysans de certains villages, .en que recevant des semences, refusent de vendre leurs .oduits à l'opération, srincipalement les paysans du sec- teur de OUELESSEBOUGOU. Une enquête menée dans les zones de BAMAKO donne la situation des prix de l'arachide jusqu'en 1977 comme suit

Produi ts Prix officiel Prix marchés Parallèles

Villages BAMAKO

Arachides (coques)

Arachides 80 (grai~es)

Mil-Sorgho 3 6 56 80 à 175

Co con 8 6 iPro quali CS Dans ce tableau, le prix des produits est indiqué en francs maliens par kg. Telle qu'observée sur les différents marchés de BAMAKO, c'est une moyenne des prix pratiqués depuis 1977. On peut remarquer dans ce tableau que les prix des mar- chés parallèles sont toujours supérieurs au prix officiels. De plus, les prix varient d'un marché à l'autre, surtout quand il s'agit à la mesure louchée couramment pratiquée dans les villages et hameaux. La différence que l'on peut remarquer entre les prix officiels d'achat aux producteurs et lsprix de vente aux consommateurs, est d'environ 40 à 60%. Cette situation vient de s'aggraver par suite de la hausse générale des prix des articles de consommation courante (sel, huile, sucre, etc) .

Action éducative et de promotion

La mise en place d'une politique de développement a- gric~ledans une région où un pays qui se trouve à l'état embryonnaire de son développement, exige des hommes, et ces hommes ne peuvent être efficaces que s'ils ont acquis une éducation et une formation adéquate. Le souci constant du Gouvernement Malien est de promouvoir l'éducation de la masse paysanne, afin de s'orienter résolument vers un dé- rveloppement économique, social et culturel. Dans le cadre de ces perspectives de développement, l'éducation conduite par l'Opération Haute-Vallée s'est étendue à l'ensemble de la région depuis sa créaticn et de façon plus intensive lors des campagnes 1975/1976 et 1976/ 1977. Deux types d'actions furent prévus constituànt, en fonction du dégrè d'évolution des exploitations, une suite par étape de thèmes techniques vulgarisés. En premier lieu des actions simples diffuses dites de productivité, pouvant être appliquées en un cours délai, ne nécessitant pas un bouleversement radical des habitures paysannes ou des structures sociales, et mis à part les en- grais, n'exigeant pas d'importantes dépenses supplémentaires. Elles ont pour rôle l'augmentation des rendements accompa- gnant 1 'augmentation des superficies cultivées. A 1 ' échelon supérieur (Direction Baute-Vallée) des ac- tions dites de modernisation dipassent elles-mêmes le ca- dre de la productivité. Ces actions de formation et de vul- garisation ont porté sur les points suivants :

- Introduction d'outillage amilioré - Intr~ductiocet généralisation de la pratique de techniqces culturales amsliorées - Introduction ae l'utilisation rationnelle des possi- bilités de fumure naturelle à base d'humus ou de fumier ànimaL et de fumure chimique - Utilisation des semences sélectionnées, afin d'éli- miner des variétés locales - Association aussi étroite que possible d'un élevage sédentarisé à l'agriculture et en finir avec l'élevage " contemplatif " ou simple moyen de thésaurisation.

Quant à l'orientation des thèmes techniques, ils sont essentiellement axés sur l'introduction de la culture atte- lée à une échelle plus grande de diffusion, grâce, en un premier temps au matérielcédé à crédit par l'Opération (charrettes, charrues, multiculteurs, etc). En plus de la culture attelée, ces thèmes portent également sur le semis en ligne, l'utilisation du rayonneur ou semoir, le respect de l'assolement des cultures vivrières et industrielles et de la jachère et l'introduction de la sole fourragère, ce qui traduira principalement la sédentarisation des cultu- res. L'organisation de tout ce transfert de thèmes techni- ques vers le paysan repose sur un système de vulgarisation et d'encadrement qui doit favoriser la participation des paysans au processus du développement. Ce rapide examen des objectifs opérationnels visant la population Malinké, nous conduit à distinguer des attitudes très nuancées et la réaction des paysans face aux actions de développement. Il est certain que l'action concernait tous les villa- geois habitant la Haute-vallée. Dans un premier temps, on peut noter que les attitudes du paysan à l'égard des ac- tions sont mitigées comme dans toutes les communautés pay- sannes africaines ; l'intérêt d'une action de développement ne s'impose que lorsque les paysans prennent conscience de son efficacité. Il parait donc clair que l'application d'une action de modernisation agricole est en liaison di- recte avec l'attitude du paysan. Cela s'explique du fait que les paysans ont dans leur esprit certains mauvais sou- venirs de l'administration coloniale, dont l'Opération de développement actuel présente presque la même image : impôt, capitalisation, prestation en nature, culture forcée, etc. Cela a profondémment marqué le paysan ~alinké,et prédis- pose à adopter une attitude qui ne donne pas droit d'espé- rer en aucune autre intervention administrative à son égard. A l'issue de nos entretiens, avec les paysans à SIBY, les uns et les autres reconnaissaient l'immense avantage qu'ils pourraient tirer de cette action, par exemple l'in- troduction de la culture attelée, qui permet d ' augmenter la superficie cultivée avec moins de temps. Dans ce même village nous avons interrogé vingt chefs de famille ; certains s'expriment en ces termes : "nous sorrmes d'accord pur les scticns de l19pération ?aute-vallée si réellement csla converge dans le sens de nos i~térêts"; par contre d'autres s'inquiètent du fait du gros problème que cela peut poser : II ;'z;,çit notamment du croblèrne =on- cier. Certains pensent que 1' intervention de i 'Opération aaute-vallée aursit pour conséquence la réquis i tion des terres des familles étendues. D'autres .sont rjticents car ils craignent surtout que ces acticns diminuent leur super- ficie cultivée, ou ne les dépossèdent des terres destinées aux principales cultures vivrières au profit des cultures commerciales. A KALIFABOUGOU la réaction de la plupart der paysans se manifeste a l'égard du facteur de production (engrais) qui est le plus efficace mais aussi le plus coûteux. Compte tenu de la faiblesse du revenu monétaire des paysans, l'uti- lisation des engrais minéraux ne semble pas ëtre générali- sée en raison du prix et de la difficulté à se les procurer. Alors, pour certains paysans, c'est une fausse incitation si l'Opération n'arrive à les aider ou à leur faciliter l'emploi de ce facteur de production. Selon nos observations dans la région, les paysans intéressés par l'action i au te-Vallée sont les plus riches et minoritaires. Il n'est peut-être pas abusif de les esti- mer à 15-20 %. Cette catégorie de paysan semble améliorer ses champs ; c'est chez ces paysans que sont enregistrés des rendements supérieurs à 1,5 tonne de tabac, l,i5 tonne d'arachide (1,5 tonne au cours de la campagne 1979,1980, chez le paysan Tiemoko Keïté, dans le village KENIEROBA) . D'un autre côté, une autre catégorie de paysans pour qui l'action de développement n'a eu aucun effet sont les pay- sans pauvres qui représentent la categorie la plus impor- tante dans la région et semblent être indifférents aux mé- thodes améliorées parce qu'ils les jugent~inutiles. Dans ces conditicns, on peut noter que les actions n'ont, en gé- néral, que de tres faibles répercussions sur l'accroisse- ment de la production, ce qui fait qu'il n'est pas rare de remarquer, aujourd'hui, en aut te-Vallée, que 70 % des pay- sans ont corne souci de subvenir aux besoins alinentaires de leur famille, réaction qui n'est pas certe condamnoble. Les E-tapes de l'ac-tian Educa-tiun dand la hégian

Les actions éducatives entreprises ont été menées sur les cadres agricoles utilisés par 1'~pérationde développe- ment,sur les paysans pilotes et sur les villageois. Le perfectionnement des cadres a porté essentiellement sur la méthodologie de la vulgarisation, de l'organisation de la programmation et de la gestion. Ceci tient au fait que les programmes des écoles d'agriculture ne font qu'une Place tres réduite à ces enseignemerïts pourtant f~ndamen- taux. Une action de formation a été entreprise sur le per- sonnel d'encadrement : les moniteurs mais aussi les enca- dreurs ruraux qui sont des paysans pilotes recrutés et entièrement formés à certaines techniques de base pour ltOpératicn. Cette forxation est assurée en deux phase : une première qui se passe en période morte et qui est, en réalité, une fornation théorique assurée par le~sponsable ae 1s formation de 1'0cérati~n: la deuxième est 2'crdre pratique : elle se fait en période de culture et est assu- rée par les chefs de secteur de base (s.B.) . Pour sa part, la formation des agents de base est assu- rée au cours de séances d'information, de recrutement et de recyclage; au cocrs desquelles sont débattus les programmes et la méthodologie de la vulgarisation appuyée par des dé- monstrations et des applications, tels que la tenue de comptes rendus et le relevé iies renseignements statistiques. Jusqu'à maintenant, llOpSration n'organise pas de séminaire et se contente des rencontres mensuelles. La tenue de sémi- naires, cependant, serait nécessaire pour étudier de façon approfondie tous les problèmes de l'Opération et permet- trait s'améliorer les méthodes de travail et d'instaurer un esprit d'équipe, grace aux contacts et aux décisions collégiales.

- La formation de la population rurale, indépendamment de la vulgarisation, fait l'objet de véritables séances de formaticns organisées pour les paysans. Des journées de for- maticn des paysans encadreurs communément appelés paysans pilotes sont organisées.Des paysans de villages différents et venant ~.ëmed'autres régions, sont regroupés afin de susciter l'émulation lors des visites des champs, des séan- ces de démonstration et des débats.

- L'alphabétisation fonctionnelle, considèrée comme le moyen essentiel de l'éducation des paysans ~alinkésera traitée dans un autre chapitre. Elle a été mise en place, et ses succès commencent à se faire sentir au niveau de 1' opération Haute-Vall€e.

- Une autre action spéciale de formation et &'équipe- ment des artisans locaux vient d'être créée,appelée " acticn forgeron " : elle a pour Dut de faire face à l'important problème du service après vente qui se pose pour la vulga- risation du matériel nouveau.

- Enfin, une dernière action de formation vise essen- tiellement à améliorer la tenue des foyers agricoles et est connue sous le nom de vulgarisation de l'économie ménagère. Elle est de création toute récente, et n'est pas encore dé- marrée, faute de personnel qualifié et en l'absence de tra- vaux su£fisants de recherche.

parallèlement à cette formation, un accent peut être mis sur la formation des jeunes ruraux (jeunes gens et jeu- nes filles) ae la région. La aut te-vallée étant une des premières régions du Mali où le problème de formation des adultes dans le développement agricole s'est posé, avec la création du centre d'apprentissage de pratique agricole de SA-PLAKO, actuellemect transformé en un centre de formaticn de3 z,cnite;~rçd'açriicltüre. Ztont don;& le besoin izpérieux &e formation pour assurer l'évolution du milieu rural, il est apparu indispensabie de mieux former les jeunes ruraux aux techniques 6'exploitatisn rariannelle de terre (assoie- ment, emploi des semences silectionnées, engrais, fonçici- des, cultures attelses). Cet enseignement pratique dans la reçion Stait dispensé au nomerit de notre étude, dans quelques centres d'animation rurale : KANGABA, SIBY, KENIE- GUE, SANAXOROBA, OUELESSEBOUGOU. Ces différents centres travaillent en collaboration avec 1'Opération en vue d ' assurer une meilleure formation de la jeunesse rurale. Le but de ces centres (C.A. R.) est de recruter les jeunes ruraux dans les différents villages de la région, de les former aux techniques modernes de production, de leur donner du matériel à crédit avec la garantie de leur grou- pement rural et de les suivre après leur fin de cycle au centre pour qu'ils constituent le " levain " de la région. Il importe de remarquer que le nombre des jeunes recrutés, par an et par le C.A.R., n'est pas assez élevé (de 15 à 25) pour permettre une diffusion rapide des techniques. CHAPITRE IV

ANALYSE DES CHANGEMENTS CONSTATÉS ET APPRÉCIATION DES MOYENS MIS EN OEUVRE

On ne peut traiter cette partie sans donner un petit aperçu sur les différentes erreurs qui ont marqué la con- duite des actions.

L'EQUILIBRE EN RESSOURCES VIVRIERES DE LA REGION

Depuis des années, les nouvelles orientations prises par le Gouvernement, dans le cadre de l'opération du déve- loppement Haute-vallée , consistent en une intensification des cultures commerciales (arachide, coton, tabac) , les seules à offrir des débouchés et à apporter des revenus appréciables aux producteurs. L'application des méthodes destinées à améliorer le rendement de ces cultures se heurte à de nombreuses diffi- cultés. Celles-ci sont d'ordre psychologique ou résultent la perpétuation d'un système économique dont le caractère essentiel est d'obtenir les produits de ces cultures indus- trielles au moindre coût. Mais 1' intensification qui est 1'objectif principal de 1'Opération, n ' a pu être atteinte dans ce milieu paysan Malinké. alg gré l'utilisation de techniques culturales plus ela- borées, le paysan parvient difficilement à subvenir à ses besoins. Il n'est pas rare,qulau moment des grands travaux de 1'hivernage, il scit dépourvu de produits vivriers. Ces difficultés de subsistance traduisent une dégradation des conditions de vie consécutive à la faible rentabilité des cultures commerciales due à la conjoncture d'un certain nombre de facteurs.

- Conditions climatiques dé£avorables pendant un cer- tain ncmbre d'années, d'où impossibilité Ce rentabiliser les investissements technoloqiques qui uevraient permettre une auqmentation du revenu.

- blauvaise applicatio~des techniques valçariçées. - Déficit général en produits vivriers consécutif à l'abandon de ces cultures, d'où une inflation accélérée sur leurs prix. Il faudra quel que soit le niveau de rentabilité des cultures commerciales, conserver un équilibre de ces der- nières avec les produits vivriers.

- Dégradation du niveau des prix des cultures comrner- ciales. Aussi, on constate aujourd'hui chez les paysans de la région, comme partoüt ailleurs en République du Mali, un désir de retour aux cultures vivrières. L'analyse de la pro- duction des sept années de campaçne agricole montre que les paysans âccordent une nette préférence aux cultures vivriè- res. Or, jusqu'ici, ces dernières n'ont pas bénéficié d'amé- liorations techniques appropriées. Pourtant dans ce milieu paysan Malinké, ces améliorations ne nécessitent qu'un en- cadrement réduit et une bonne organisation. Elles n'entrai- neront que des investissements modestes qui seront à la por- tée du paysan et ne boulverseront pas, au départ, son sys- tème de production.

L ' aspect psychologique

Partout dans le Monde, le paysan représente ce qu'il y a de plus traditionnel au sens noble du terme. Cela implique toujours une certaine méfiance à l'égard de l'innovation. L'intérêt d'une action de développement, ne s 'impose que si l'on tient compte de la réalité paysanne dans sa spécificité et dans son extrême diversité et si l'on s'assure que le pay- san a pris. conscience du potentiel économique qu'il pourra atteindre. Mais trop souvent il n'en a pas été ainsi. La plupart des échecs tienne à la mise en oeuvre de politi- ques qui ont trop souvent négligé cette réalité. Pourtant on ne cesse de dire que pour aboutir à une mo- dernisation agricole, il faut éduquer la masse paysanne. A notre avis, cette éducation n'aura son sens que lorsque l'on apprendra à mieux connaitre cette masse, prise dans son en- semble. D' autre part, malgré 1' apparence archaïque des méthodes paysannes, il faut tenir compte de ces dernières qui souvent sont bien adaptées au milieu, pour l'introduction des techni- ques nouvelles. Il faut signaler aussi que la méfiance habi- tuelle devant le progrès se manifeste par une hostilité à peine déguisée envers les techniciens et les agents de l'ad- ministration. En dépit de leur bonne volonté, ces derniers sont pratiqueinent incapables de sortir de leur propre ratio- nalité économique de type occidental. Le résultat est une i~coinpréhensiontotale, voire une absence totale de dialo- gue entre-eux. Il faut pourtant que le personnel chargé d'encadrer les paysans sorte de son cheminement occidental pcur aller 2 la rencontre de ces derniers afin d'oeuvrer en- semble pour le développement économique. La politique des prix et de la commercialisation

Elle conditionne le revenu du paysan et son incitation à produire. La désaffection des paysans à l'égard des cul- tures commerciales est due, d'une part à la mauvaise métho- de de fixation de prix minimum. aux producteurs, d'autre part à la participation directe de 1'Etat aux opérations de commercialisation. La gestion de l'Opération pâtit du fait que la grande majorité des producteurs n'est pas alphabétisée face à des agents chargés de la commercialisation qui ont, eux-mêmes, un faible niveau d'instruction. Le producteur ne participe, en aucune manière, à la gestion du groupement villageois. Il ne peut exercer aucun contrôle sur des pesées et les agents peuvent se livrer à des fraudes qui les enrichissent aux dépens des producteurs. Alors que les opérations de commercialisation et de cul- ture sont menées par des agents de la Haute-Vallée, les prix, eux, sont fixés pour l'arachide, le coton et le tabac par llEtat,en l'occurrence la SONATAM. Cette dernière fixe les catégories de tabac et la plus grande partie de la production tombe dans la troisième ca- tégorie qui correspond aux prix les plus faibles. L'appar- tenance à une catégorie donnée est essentiellement liée aux conditions de cultures et surtout de conditionnement (séchage notamment). Il s'agit donc de facteurs qui dépen- dent moins du paysan que de son niveau d'encadrement.

La recherche agronomique L'absence de la recherche, au sein de 1 'opération Haute- Vallée, peut être considérée comme llumdescauses fonda- mentales de son échec. Depuis l'indépendance 'la recherche agronomique au Mali est assurée par des instituts français dans le cadre de contrats d'assistance technique entre la France et la Mali. On peut dire que le niveau de cette re- cherche n'était satisfaisant que pour le maïs, le riz et le coton, bien suivi par 1'I.R.C.T. et l1I.R.A.T. Le mil et le sorgho ont longtemps été considérés comme étant rustiques et ne répondant pas assez aux améliorations. Aussi, les tra- vaux de sélection (hybridation, croisement et introduction de nouveaux matériels végétaux) n'ont pas été, jusqu'ici, concluants. Les structures actuelles de la recherche (équipement, personnel spécialisé, financement) sont incapables de faire face aux problèmes posés par la création d'un nombre crois- sant d'opérations de développement. Ainsi, dans les prograa- mes des actions Je développement, on ne cesse Se suggérer aux paysans àe penser aux thèmes de fertilisation. Or, dans la région, la grande majorité d'entre-eux éprouve des diffi- cultés à acheter ; 5'âutres ne connaissent pas les engrais chimiques et très peu le fumier et ils pensent, à tort ou à raison, que leur sol est suffisamment riche. Les paysans non convaincus de~andentla preuve de l'efficacité des en- grais avant de commercer à faire des essais eux-mêmes sur une fraction de leur champ. La recherche agronomique a beaucoup à faire dans les conditions particulières de la Haute-Vallée : adoption d'un bon calendrier cultural, recherche de variétés résistant à la sécheresse et productives, fumure équilibrée et renta- ble. Cela nécessiterait donc une décentralisation de la re- cherche au niveau de chacune des opérations de développe- ment. Il ne faut associer fertilité et région tropicale, car les caractéristiques des sols associés aux conditions climatiques posent généralement des problèmes d'utilisation très complexes. Pour conclure, il existe bien sûr des blocages au dé- veloppement, que seule une politique cohérente et suivie de la recherche doublée d'une action de formation et de mobili- sation peut lever le goulot d'étranglement, afin de faire naitre un réel progrès au niveau des paysans.

CHANGEMENTS CONSTATES

Un examen même superficiel de la structure socio-éco- nomique de la région aut te-vallée, permet de constater une transformation, qui depuis 1'intervention aes organismes de développement français (B.D.P .A.) et 1 ' intervention actuel- le de l'Opération Haute-vallée, affecte plus où moins pro- fondément la société Malinké, en lui permettant une ouver- ture sur le monde extérieur. Face à ces innovations venues de 1' extérieur, certains Anciens ne manquent pas d ' évoquer, avec nostalgie, l'heureux temps du passé. Leur attitude se manifeste par un dédain à l'égard du ccmportement "moderne" au sein du village. Ils parlent ironiquement de TOUBABOU-TLE (où ère Européenne) . Afin de mieux cerner avec réalisme les changements, il nous a paru nécessaire de situer notre analyse à deux ni- veaux : le système agricole et l'organisation sociologique. Dans cette étude, il ne s'agira que de l'ensemble des chan- gements sociaux mais de ceux qui interviennent dans les pers.- pectives de développement.

Système agricole

Etant donné la faiblesse de notre documentation sur le passé agraire de la région, on peut supposer qu'avant l'in- troduction de la culture attelée, vers les années 1934, l'es- pace cultivé ne dépassâit pas plus de 25 % de la superficiz total2 cultivable. L'agriculture, à cette époque, ce visait essentiellement qu'à la satisfaction des besoins dé subsis- tance et cela occupait ie paysan presque toute 1'année, d'où la difficulti? cie dégoger un calendrier agricole. La conduite de ces cultures ne tenait pas compte de cri- tères d'ordrp agronomique et de certaines facon culturales. Aussi la production itait sous la dépendance des aléas cli- matiques. L'intervention du B.D.P.A. et de l'opération Haute- Vallée n'est pas demeurée sans effet ni répercussion sur le système agraire Malinké. La superficie cultivée est passée d'environ 25 % à 60- 70 % par rapport aux superficies cultivables. Aujourd'hui, ce changement s 'explique par 1 'introduction de cultures com- merciales et d'outils modernes. Cette culture a nécessité l'adoption de méthodes intensives dont les paysans n'avaient pas l'habitude et elle a pris un poids considérable dans le système agraire. Les interventions venues de l'extérieur et qui, cherchant à transformer les techniques et les habitudes des paysans afin de maintenir l'équilibre entre les formes d'utilisation du sol et le milieu, n'ont pas été sans provo- quer quelques perturbations. L'introduction de la charrue (culture attelée), bien qu'elle ne concerne qu'une partie minoritaire des paysans, a permis une augmentation àe la superficie cultivée. Cela provoque une amélioration des rotations culturales et une diminution du temps de travail. Pour une meilleure utilisa- tion de la charrue, les paysans doivent procéder obligatoi- rement à un nettoyage complet du champ, ce qui se fait dif- ficilement avec l'utilisation de la daba ou de la hâche. Un agent de llCpération, au cours d'une séance de vulgarisation portant sur l'utilisation de la charrue, conseillait le dé- souchage, ce qui suppose un investissement en travail sans commune mesure avec ce qui se pratiquait auparavant. On peut noter également que c'est par le biais de la culture attelée que les paysans Malinké éprouvent, à l'heure actuelle, le besoin d'une association agriculture-élevage pouvant fournir un appoint capital de fumier pour l'amendement des champs. Ceci reste si vrai que dès l'approche de la saison des cul- tures, ceux qui ne possèdent pas de bétail se livrent à la recherche du fumier pour épandre avant le labour. Quant à 1 'élevage, jusqu'ici il conserve certaines ha- bitudes anciennes mais son importance commence à être res- sentie au niveau du paysan grâce à l'action bétail. L'ali- mentation du bétail avec des sous-produits agro-industriels (tourteau d'arachide et du coton) semble être généralisée. Si l'opération de développement Haute-Vallée a apporté certaines innovations techniques pour promouvoir les cultu- res commerciales, il est peu probable qu'elles aient augmen- té le revenu par habitant. Les paysans qui ont su mener de front cultures vivrières et cultures commerciales, ont ce- pendant pu s'appercevoir que ces dernières leur assuraient des rentrées monétaires. Aussi, après avoir longtemps mani- festé un déaain à l'égard de l'argent, les paysans l'utili- sent aujourd'hui pour payer les impôts, les vêtements, le pétrole, le sel, les allumettes, les charrues et les engrais, à la place du troc pratiqué jadis. D'autre part, les paysans Malinké ont la vive convic- tion que pour un zccroiasement inportant de 1s production, il faut sméliorer le rendement. L'Opération Baute-Vallée qui doit promovoir la vente des matériels de la S.C.A.E.R., gréconise le labour profond, les semis ec lignes, le respect du c2lendrier cultural et la rotation culturale. Cela suppose 1' adoption de la traction lourde, 1' achat d'engrais chi- miques et de matériels, afin que les cultures soient bien suivies.

Transformation sociale

L'accession du Mali à l'indépendance a marqué un tour- nant décisif dans le processus de transformation de la structure sociale traditi~nnelleen pays ~alinké. La création des arrondissements en sus des cercles qui sont des anciens Cantons coloniaux, destinés à promou- voir une société nouvelle, a bouleversé le fondement même de 1'équilibre ancien. Nul n 'ignore au Mali que la Haute- Vallée reste l'une des grandes régions de ce pays, la plus attachée à ses coutumes, et qu'elle constitue un des pivots de la tradition malienne. Nous avons vu plus haut que la société traditi~nnelle Malinké, fondée à l'origine sur la grande famille, l'auto- rité patriarcale et communautaire, est de plus en plus largement pénétrée par les circuits monétaires et désintégrée par le développement de l'individualisme. Le système d'entraide qui résultait de l'organisation de la production sur une base à la fois familiale, et sociale, est en nette dégradation. C'est une conséquence de l'évo- lution des conditions économiques par l'introüuction des industrielles qui permettent aux paysans de prétendre à une source de revenus monétaires. L'étude d'un cas observé dans le secteur de BANKOUPIANA nous permettra de voir que les rapports entre les individus dans le système de pro- duction ne sont plus fondés sur la solidarité, mais sur le salariat. Dans ce secteur, le paysan KARAMOKO (chef de famille) qui disposait de 9 ha en 1977/1978 avait besoin de main d'oeuvre pour la moisson de ses 9 ha de riz. Seul, quelques uns de ses enfants sont venus l'aider. Ce paysan, vue le retard pris sur sa moisson, s'est trouvé dans la nécessité de faire appel à un groupe de jeunes du village et du voi- sinage, moyennant de l'argent. Pourtant cn peut constater certains avantages à cette rémunération- Elle permet une nette économie, par rapport aux frais réels occasionés par l'entraide traditionneiie. Dans ce dernier cas, il faut dépenser beaucoup plus que pour payer des salariés. Du temps de 1 'entraide, il fallait donner un repas copieux à tous ies invités de cultures. Pour ce repas, il fallait acheter de la viande, ou tuer un boeuf, du riz, céréale de lüxe, de la kola et des cigarettes. D'une manière générale, 1'entraide familiale est deve- nüe symbolique aujourd'hui. Seul le soutien apporté par les fils au père vieilli, est restk encore vivace, pcr contre l'entraide eatre frères et à plus forte raison entre cou- sins, est devenue à peu près nulle. Elle implique toujours lorsqu'elle existe, une règle de réciprocité, ainsi les prêts d'une charrue ou d'une charrette à un parent exige une contre partie en travail. On peut noter également que la dégradation de l'entrai- de observée au niveau de certaines familles est due à l'é- migration des jeunes ruraux, dont les effets ont été déjà signalés. Actuellement, bien que la réciprocité ne joue plus qu'à 1' intérieur des petites cellules économiques rassemblant deux à trois ménages, aux rivalités classiques toujours vi- vaces, s'ajoutent les différents,opposant les frères entre eux, différents qui ne sont plus réglés par le chef de fa- mille. L'aspect le plus spectaculaire de ces différents, apparaît dans la transformation actuelle du régime foncier. Comme cela était déjà signalé, le régime foncier en usage sur le terroir ~alinké,n'était régi par aucun code fixant le droit de propriété, mais seulement par un droit coutumier, qui évoluait vers une appropriation individuelle des terres de culture. Dès 1' intervention de 1'opération de développement, une réglementation a été décrétée, pour permettre de dimi- nuer 1 'appropriation privée des terres. Elle met fin à la loi traditionnelle de maitre de la terre ou terre de ligna- ge. Cette intervention jusqu'ici ne peut pas être considé- rée comme un succès total, et nous remarquons encore que les droits traditionnels n'ont pas totalement disparus du terroir. L'Opération Haute-Vallée, chargée du développement de la région, pratique la distribution des terres comme elle 1'entend. En tenant compte de sa ligne politique, de sa préférence pour les cultures commerciales, elle attribue des terres aux paysans sur simple demande, à la condition d'y installer principalement les cultures conseillées. Ces saisies de terres, et leur redistribution, ainsi que le changement politique, ont profondément modifié le système foncier, car bien souvent, l'opération attribue des terres aux paysans du village démunis de tout droit traditionnel ou à des immigrants, lors de chaque mise en culture. Ces terres en fait, appartenaient à des propriétaires absents du village. Cette appropriation est à la source de nombreux conflits ou disputes qui sont tranchés par l'Administration ou par 1' opération en compagnie du chef de village. Pour conclure, on peut dire que l'individualisme est aujourd'hui de rigueur. Chacun travaille pour soi et tente de résoudre ses problèmes par lui-même. L'attachement tra- ditionnel aux liens familiaux est de moins en moins apte à redonner une certaine cohésion à la société villageoise. Cet individuslisme prend une expression nouvelle dans développement des activités secondaires (commerce, maçonne- rie, etc), qui représentent un très important facteur d'é- volution de la société. LES RESSOURCES VILLAGEOISES POUR LES REVENUS

Dans le cadre d'un système archaïque, il est normal que l'essentiel du revenu soit issu des marchandises provenant du secteur primaire. Dans la région étudiée, les 2/3 des revenus, proviennent de 1' agriculture et de 1 'élevage, qui est de loin la source de rentrée la plus importante, du fait que la vente de bétail est très restreinte. Le marché se passe généralement entre le producteur et les bouchers vil- lageois, voire souvent les commerçants privés qui viennent payer quelques têtes destinées à l'exportation clandestine; dont la quantité évaluée est ciifficilement appréciable. Dans le circuit traditionnel 'de vente, on peut estimer qu'un boeuf peut coûter 40000 a 60000 FM: un ovin 6000 a 12000 FM et un caprin 4500 a 7000 FM. Quant aux produits agricoles, le mil coûte 12000 a 13000 FM les 100 kg, le riz 20000 a 22000 FM et le maïs 8000 a 10000 FM. Le 1/3 restant, provient de sources diverses : volail- les, cueillettes, artisanat (forgeron - tisserand) salariat à l'intérieur de la région et l'émigration. L'argent envoyé par les jeunes ruraux émigrés, constitue une part importan- te de revenu familial, car on a pu remarquer, que les jeu- nes qui se trouvent a 1' étranger (France-Côte ci' Ivoire ect). Leur envoi trimestriel se situe environ 100000 FM soit 45000 FM par mois. Cela est régulier pour les jeunes ruraux émi- grés, qui désirent se fiancer dan.s les villages d'origine, et devient très saccadés, une fois que les épouses les re- joignent sur le lieu d'émigration; et l'envoi est fait pres- que à chaque, 7 à 8 mois, avec une diminution du montant. Par contre, les jeunes qui restent dans les grands cen- tres, combe BAMAKO, leur envoi est tres niorcelé, sinon nul, l'argent envoyé par ces jeunes se situe aux alentours de 10000 FM ou 15000, et occasionne le plus souvent, le dépla- cement des parents ou d'un frère aine, pour aller récupérer ces sommes çénéralement au moment où les chefs de famille se trouvent devant la difficulté de payer les impôts. D'autre part, il ne nous a pas été possible d'évaluer statistiquement les revenus exacts de ces postes faute d'or- ganisation et de gestion, mais on peut l'estimer à 10 à 15% de l'ensemble du revenu régional- D'un autre côté, il n'é- tait pas possible de mesurer le tonnage de l'ensemble des récoltes de la région. Une étude faite par l'Opération nous a permis d'évaluer le revenu du paysan pendant les années cie campagne 1970 - 1977. Les renseignements tirés sont pré- sentés dans le tableau ci-dessous. Dans l'étude, les revenus agricoles étaient évalués en 1960 a 7462 CFA soit 14984 FM par actif, alors qu'en 197C - 1971 üne famille compcsée de huit personnes dont cinq actifs, le revenu se situe aux envircns de 158CC FM. Conpte tenu de l'ivolution monétaire constatée entre les deux épo- ques, le revenu par actif aurait 2onc fortercent baissé. La modificatiû~actuelle Ee l'appareil de production, par l'introduction des cultures industrielles Sénéficia~t de certains avantâçes techniques (engrais, semences sélec- tim,,,nnees, • attelage bovins etc! semble être une coridition indispensable de l'accession des paysans à un revenu moné- taire. Or, il se trouve en Haute-Vallée que c'est le coton, tabac, arachide qui constituent cette source monétaire et une fois que les procédés modernes seront adoptés, le ni- veau de vie s 'élèvera. L'arachide dans le Mandingue, comme cela a déjà été souligné, est une culture ancienne dont la vente tient une place capitale dans la vie économique vil- lageoise. Cette place capitale sera encore beaucoup plus grande dans les années à venir, puisque le revenu arachidier au niveau des marchés villageois, ne cesse de s'accroitre. Par contre pour les autres cultures, principalement le tabac la progression des prix est lente et leur commercialisation à l'intérieur du marché régional est tr&s faible. Quant aux cultures vivrières (mil, sorgho, riz, maïs) dont l'entretien se trouve négligé, le rendement ne s'est pas amélioré. Tout ce qu'on peut dire, est que les revenus tirés de ces cultures, n'ont guère progressés comme l'on s'y attendait, et les produits sont en grande partie auto- consommés. Il ne nous a pas été possible d'évaluer le reve- nu, faute de tonnage, et la quantité commercialisée; ils ne font l'objet que d'échange très limité à l'encontre de ce qui se constate dans les régions de MOPTI et SEGOU (5è et 4è région du Mali) qui sont des rsgions à forte production céréalière. On note également qu'avec l'auto- consommation des céréales, il est très difficile de préci- ser le revenu et le budjet familial dans ce milieu ~alinke. Cela s'explique, il faut bien le dire, par le système de troc, et par l'hétérogénéité du prix pratiqué sur les dif- férents marchés villageois. Tout ceci rend difficile la connaissance exacte du revenu par exploitattion familiale, et par actif. C'est pourquoi en entend par revenu chez les ~alinké,la valeur de la production, auto-consommation com- prise, et déduction faite des sémences, de l'amortissement des matériels et des redevances (casiers rizicoles) . En dépit de ce commentaire, nous allons essayer de dégager la destination, c'est-à-dire sa répartition au ni- veau de la famille, mais on peut souligner, que le revenu par tête d'habitant est difficile à exprimer. Dans l'analy- se de la consommation collective, l'épargne est commune. Le chef de famille qui doit fournir le produit pour la consom- mation collective, les autres membres de la famille par contre, complètent en fournissant une partie de leur revenu tiré de leur exploitation. Selon les renseignements recueil- lis auprès de la Direction aut te-vallée, le revenu moyen mensuel par poysan, est sstimé de 20 25000 FM. A partir de ces données, nous allons essayer d'évaluer successive- ment la destina,tion de ces revenus.

Destination des revenus

Dans cette sarcle, on ne saurait préciser taut ce que le paysan peut faire avec ses revenus, mais néanmoins nous essaierons de faire ressortir les princi~alesdépenses de première nécessité. Selon lss renseignements de l15peration, et le sondage effectué en 1978 dans les villages étudiés, sur 100 familles interrogées, 65 ont un revenu compris en- tre 15 et 20000 FM par mois et 35 un revenu de 25000 FM et plus. Cette inégalité de revenu s'effectue au détriment des zones de culture sèche qui pratiquent très peu de culture commerciale, à l'inverse de ce qui se passe dans la zone inondée. Par ailleurs, cette inégalité s'explique aussi du fait des dépenses de famille à supporter. Dans la répartition des revenus, les chefs de famille s'accaparent la plus gran- de partie allant de 60 à 70%, et les 40 à 30% reviennent aux autres membres de la famille. Il faut noter aussi que le revenu est fonction du sexe, du statut auquel appartient chaque individu. L'analyse des dépenses moyennes, montre que les charges familiales les plus lourdes, incombent à chacun des membres de la famille qui peut accéder à un revenu monétaire (epouse, frère, fils) , mais principalement au chef de famil- le, qui est considéré comme le premier responsable des dé- penses et en conséquence 1' investisseur. En Haute-Vallée, le revenu des paysans n'est pas af- fecté n'importe comment, mais est destiné à des fins bien précises, pour la survie de la famille. Par exemple, le revenu affecté à l'achat des denrées alimentaires, semble être équilibré, d'autant plus que 1/3 de ces achats cie nour- riture d' origine végétale (ccndiment, riz, mil, arachide) ou d'origine animale (pcisson fumé ou frais, lait de vache, viande etc) s'effectuefit à l'intérieur de la région. Nous constatons donc que la part des dépenses alimen- taires (de 1'ordre de 45% du revenu total) est prépondérante par rapport aux autres dépenses, surtout si l'on se rapporte au tres faible revenu moyen (25000 FM), cela si l'on tient compte du nombre de personnes qui composent les concessions (LOU) . Aujourd'hui, ce revenu est perturbé, d'une part à cause de la mauvaise récolte provoquée par des aléas climatiques et d'autre part, par la forte concurrence que subissent les cultures vivrières et cultures commerciales. Parmi les dépenses non alimentaires, se sont les dé- penses d'habillement qui tiennent de loin la plus grande place. Elles représentent 20% du total des dépenses. Dans la population de la Haute-Vallée tres imprégnée des tradi- tions, et à 90% islamisée, la mode n'évolue que très lente- ment; ainsi les achats Ge vêtements se limitent aux tenues traditionnelles (trouqui, grand-boubou en bazin blanc ou bleu, des boubous en cotonnade etc). Trois produits importés : pétrole, savon, sel gemme représentent globalenent 5% des dépenses sur le revenu to- tal du paysan. D'autre part, des récipients utilisés pour les besognes dcmestiques, sont le plus souvent fabriques par l'zrtisanat local (calebasses, cuillères de bois, plats et cuvettes àe bois, etc) . Les seaux en zinc, bassines, cu- vettes &maillées qui sont d'usage courant dans le milieu villageois, sont achetés par les paysàns. Dans les dépenses de construction, on peut noter que 1'habitat n'a pas de valeur marchande en Haute-vallée. Cha- que chef de famille construit sa maison, avec l'aide des parents et des voisins. Les matériaux manufacturés (tôles, serrures, ciments) sont peu répandus. Sur les 100 familles enquêtées, 15 seulement ont un toit en tôle sur leur mai- son et la plupart des toits des maisons sont coiffés de chaumes. D'après nos remarques, l'habitat de la région n'e- xige pas un gros investissement financier, ne se vend pas, ne se loue pas, exception faite dans les villes comme BAMAKO et KATI. D'une manière générale, il exige un gros investissement humain (préparation des toits, fabrication des briques en terre battue, construction de murs) . Le reste des 25%, les dépenses sont destinées à d'au- tres faits qui marquent la vie villageoise : fiançailles, baptèmes, circoncisians, impôts, etc). Les revenus destinés généralement au frais de fiançailles proviennent en grande partie des revenus de petites exploitations individuelles; même si une part est aussi fournie par le revenu familial qu'on peut estimer à 30 et 40% en guise d'aide familiale.

CONCLUS 1 ON

On peut dire que la multiplicite des sources de reve- nus monétaires est remarquable. La majeure partie des res- sources villageoises, est tirée du travail agricole qui pro- duit notamment la presque totalité des ressources alimen- taires. Les revenus provennant des cultures commerciales sont généralement contrôlés par le chef de famille qui en même temps contrôle le tiers des revenus des autres membres de la famille. Les cultures inCiustrielles permettent aux pay- sans d'accéder à un revenu monétaire, elles renforcent aussi de façon considérable le pouvoir économique des chefs de famille. Les dépenses monétaires annuelles par habitant, s'élè- vent à 20000 FM en 1977 - 1978, celles concernant l'agri- culture, l'élevage, la nourriture, les biens consonunables, l'habitat, l'impôt, etc, sont en grande partie à la charge des chefs de famille, les autres habitants dont les dépen- ses et les revenus sont beaucoup moins élevés sont d'avan- tage concernés par des dépenses d'habillement, toilette, ménage, et par l'achat des stimulents (tabac, kola). Tout naturellement, le pouvoir économique des chefs de famille, s'étend à la possession des ca~icauxdivers, dont notament la grande parcle fia prit Siêvùçe. io~cefois,ce capitzi reste faible, et seuls quelques chefs de famille (les 1/3) possèdent une ~ain2'oeuvre nombreuse leur donnant accès à des revecus ?lus élevés. MOYENS MIS EN OEUVRE

Alphabétisation fonctionnelle

L'alphabétisation fonctionnelle, qui est l'un des prin- cipaux moyens de développement de la population rurale, est menée par le Service National d'alphabétisation fonctionnel- le assisté de 1'U.N.E.S.C.O. C'est en 1971 que cette acti~n s'est cfficiellement et exclusivement orientée vers l'al- phabétisation des adultes. Le principal objectif des pro- grammes d'alphabétisation qui prend la forme des cours extra- scolaires, dispensé dans les dialectes locaux, est d'aider le paysan à améliorer sa productivité et à lui apprendre dans sa langue à lire, écrire et compter. Cette alphabéti- sation, ne se limite pas seulement à l'apprentissage rudi- mentaire de la lecture, de l'écriture et calcul, mais cons- titue une méthode éducative permettant aux paysans d'acqué- rir progressivement les moyens d'analyse et de maîtrise des situations techniques et économiques. L'essentiel réside en effet dans l'amélioration des compétences professionnelles, et des connaissances techno- logiques utilisables, directement par le producteur indi- viduel ou par la collectivité villageoise. L'intégration au sein de 1 'Opération de cette forme éducative de la paysannerie en septembre 1976, n'est pas demeurée sans résultat positif. L'action entreprise, doit permettre une transforrnation de 1 ' attitude psychologique propre du paysan face au changement, et à l'innovation et valorisers les interventions techniques menées par l'opéra- tion Haute-Vallée. Seule en effet, l'amélioration des conditions techni- ques de la production peut avoir des conséquences bénéfiques sur le niveau et les conditions de vie des paysans ~alinké. L'action éducative menée au travers de l'alphabétisa- tion fonctionnelle, a été entreprise dans vingt centres, et a pour objectif :

- De faciliter la vulgarisation des techniques et de permettre aux paysans de mieux contrôler les diverses opéra- tions de commercialisation de produits.

- De favoriser la sensibilisation de la masse paysanne, en lui permettant de mieux saisir en profondeur le contenu ou l'intérêt des thèmes techniques appliqués. Une journée spéciale (le vendredi) est réservée à cette sensibilisation. Ce jour est considérk comme jour religieux où les pay- sans doivent se reposer. A cet effet, il n'est pas rare, de ccnstater dans les villages, les paysans rassemblés autour des ?ostes récepteurs, Scoutant des émissions radio-Ziffu- aies, après la prière du vendredi. Ces émissions de radio - Mali, sont destinies à sensibiliser l'opinion villageoise à l'alphabétisation fonctionnelle, et a soutenir l'action pédagogique des techniciens et des animateurs. Elles com- plètent l'émission quotidienne " apprendre pour produire " qui diffuse des consignes culturales à l'adresse des culti- vateurs, retransmet des interviews des paysans pilotes (les encadreurs) et même des confrontations encadreurs - paysans. Ces émissions sont accompagnées de chants de griot composés sur les thèmes techniques abordés ou relatant le succès de tel producteur ou de tel village, modèle dans les domaines de l'agriculture. Malheureusement, la campagne de sensibi- lisaticn est atténuée par le petit nombre de postes recep- teurs. Tout cela pour créer une émulation. L'alphabétisation fonctionnelle dans la aut te-Vallée, doit par ailleurs permettre une meilleur adhésion des pay- sans au programme de développement de cette région. L'ouverture des vingt centres d'alphabétisation fonc- tionnelle, s'est accompagnée de la formation des animateurs qui restent l'élément déterminant dans la mise en oeuvre des programmes d'alphabétisation. Une fois recrutés, ces animateurs suivent un stage de base, limité à cinq séances portant sur l'initiation à la lecture et à l'écriture du dialecte (1/2 journée) à la pédagogie des adultes, à la mé- thodologie de l'enseignement et de l'utilisation du maté- riel de formation (4 jours). Leur perfectionnement est assu- ré par des cours de recyclage ayant lieu en principe une fois par an. Nous avons pu remarquer dans la région, que chaque village peut faire l'objet de création d'un centre, mais à condition de constituer un comité d'alphabétisation présidé par le chef de villaqe (DOUGOU-TIGUI) . Ce comité doit nor- malement être composé d'un conseil des anciens du village, d'une représentante féminine, d ' un représentant des jeunes et d'un infirmier si celui-là existe dans le village. Le choix d'un animoteur est effectué par le comité, ainsi que les membres de participants. Au cours de l'étude en 1978, la région ne comprenait que cinq zones d'alphabétisation fonctionnelle, avec 8 centres répartis dans les deux cercles (KANGABA et BAMAKO) . Tous ces centres enregistrèrent un bon démarrage avec des effectifs importants (voir tableau) . Le journal appelé " KUBARU " (c'est-à-dire " nouvelle ") fit son apparition en 1973, publié sous la direction du Ministère de l'Information en collaboration avec le Service National d'Alphabétisation (D'I.N.A.F.L.A.) et le Ministère de la production. Ce journal écrit en langue Bambara, cons- titue avec les émissions radiophoniques, l'unique moyen de post-alphabétisation, dont disposent aujourd'hui les paysans ~alinké. Z.A.F. Nombre de Programmes Nombre de ont Participé Cerc.1es zone d 'alphabéti- villages touchgs Appliqués Centres - Auditeurs Audi tri ces satiori Fonct. par L 'A.F.

BAMAKO Sanankoroba 11

Bankoumana Sirassené

Kangaba 7 Sirassené 7 185 KANC'ABA

Na réna 4 Sirassené 4 113 -

Tableau 24 - Situatjon des centres ayant foncticnné pendant la campagne 1976/1977

Sources : Rapport Direction Haute-Vallée 1976/1977

Korissen& : culture de coton Sirassené : réfection dcs pistes agricoles Z.A.F. (LAF) : zone d'alphabétisation fonctioi~nelle Formation des forgerons villageois (service après-vente)

Pour éviter une immobilisation du matériel en période de travail, il importe qu'un circuit de mise à disposition de pièces détachées soit organisé parallèlement à celui cïe la vente des équipements. Pour les petites reparations, un atelier à proximité des exploitations, doit être préconisé, pour assurer une bonne maintenance des matériels. La fabrication peut-être assurée par un réseau d'artisans ruraux qui en plus, se chargera de la vente, des reparations et de l'entretien. Les forgerons villageois existent partout en Haute- vallée, mais n'étant pas familiarisés avec le problème de la culture attelée, ils restent en marge de l'action. Cepen- dant, certains d'entre eux tentent devant la pression des besoins, d' entreprendre quelques travaux d'entretien et de vente. Profitant de cette expérience rudimentaire du forgeron villageois, et par souci de satisfaire aux besoins sans ces- se croissants des paysans en pièces détachées. L'Opération Haute-Vallée à l'instar de la C.M.D.T. (Compagnie Malienne de Développement des Textiles) a lancé une actionMforgeron" dans la région. Un mouvement a été organisé juste à proxi- mité de zone d'intervention, et a porté sur un certain nom- bre de forgerons destinés à recevoir un équipement et une formation, afin de répondre efficacement aux besoins. Pour cela, 5 forgerons ont été choisis et formés suivant les critères ci-après :

- Importance du travail dans la forge - Notoriété du forgeron dans le village - Importance de l'équipement agricole dans chacun des secteurs de développement

Le stage de formation, s'échelonne entre 15 jours à un mois, au cours de la campagne 19/6/1977, un stage de forma- tion de 15 jours a été effectué à KALIFA BOUGOU, dirigé par un contremaitre du Génie Civil, affecté à 1'opération Haute- Vallée. Ce stage avait un triple but : - Au premier stade, équipement de base pour la forge, et aménagement des ateliers traditionnels pour ~ermettrele passage de la position assise traditionnelle à la position debout adaptée aux techniques nouvelles. - Au deuxième stade, initiation et équiperLent pour la soudure oxyacétylé2ique - Au trcisième stade, étude du motsur Les forgerons qui ont subi cette formation, reçoivent leur première dotation d'équipement (le matériel de filtage et de taraudage, l'étau, 1'enclume) sous forme de prêts rem- boursables à trois annuités- Ainsi pour les problèmes les plus simples, tels que montage de charrettes, fabrication de socs, et autres pièces de consommation courante, l'achat des pièces détachées importées, ne nécessitera plus le 6é- placement des paysans vers les centres urbains. Comme il est de coutume au Mali, toutes les demàndes de matériels doivent se passer au niveau de la S.C.A.E.R. Au moment de l'étude, une liaison étroite existait entre la S.C.A.E.R., l'opération et le forgeron, permettant à ce dernier d'obtenir les équipements nécessaires qu'il rem- boursait ensuite à l'Opération du développement. Les modali- tés de crédit restent les mêmes au niveau de toutes les opérations de développement, qui constituent les zones pro- priétaires pour l'action de la S.C.A.E.R. La S.C.A.E.R., est habituée à consentir tout prêt à court et moyen terme aux producteurs; elle peut recevoir une aide extérieure. Les conditions d'octroi de prêt et d'obtention du matériel, sont les suivants :

- Les commandes sont faites 10 mois à 1 an avant la canlpagne agricole, les conditions de réglement par l'Opéra- tion en sont les suivantes :

- 30% à la commande - 20% à l'expédition - solde à 90 jours

Ce qui implique pour cette opération, de très lourues charges financières. Les premiers remboursements par les paysans ont lieu à la commercialisation, c'est-à-dire 18 à 24 mois après la commande. Forgerons Rési dences Secteurs -

Minamba Keïta Karan Kangaba

Sékou Konaté Diogaré Bamako

Semé Sinaba Bankoumana Bankoumana

Youssou Camara Farabana Ouél essébougou

Mamadou Kanté Sinsina Ouélessébougou

Dongou Sinaba Koula Bankoumana

- Tableau 25 Centres de forgerons à travers la Haute-Vallée

ler Equipemen t 2ème Equipemen t 3ème Equipemen t (forge + matérie) (poste de (outil + pièce dé- soudure) tachée + ferraille

% Frs-Maliens

Au Comptant 30 1 O000 20 30000 50 100000

1 an 7 0 20000 40 60000 50 100000

2 ans - - 40 60000 - -

Tableau 20 - Modalité de crédit des équipeme~ts Appréciation de la structure de 1 'encadrement

Le problème posé en matière agricole en Haute-Vallée, et d'ailleurs partout au Mali, est de :

- Passer d'une économie de traite à une économie de marché

- Procéder à des aménagements de terroir - Associer aussi étroitement que possible un élevage sédentaire à 1' agriculture

- Assurer enfin, la permanence de la fertilité des sols, par des apports de fumure organique ou chimique, ainsi que la mise en place de dispositifs anti-érosifs et d'un assolement rationnel.

Tout ceci, pour citer le Professeur ~enéDUMONT, cons- titue une véritable révolution agraire qui implique un bou- leversement total des habitudes et mentalités des paysans. C'est pour atteindre ces objectifs qu'a été mise en place par le Gouvernement du Mali " l'opération Haute- Vallée ". Cette structure opérationnelle comprend à l'échelon central des divisions techniques, et aux échelons régionaux des sections de développement rural au nombre de quatre (4) ; subdivisés eux-mêmes en zones d 'expansion rurale (ZER) re- groupant chacune 4 5 villages. Les divisions techniques définissent les méthodes , les moyens et programmes d'activités dans les domaines de leurs compétences respectives. Elles coordonnent et contrô- lent l'exécution de ces activités par les agents affectés dans les secteurs de développement rural. En 1977 a été ainsi constituée une division centrale de vulgarisation chargée de prendre en compte de façon plus spécifique, les problèmes relatifs à l'encadrement agricole,jusqu'alors traités au sein de la division de la production. Les secteurs de développement rural, sont dirigés par les chefs de secteur (ingénieurs de travaux ou conducteurs) dépendant de la division centrale de la vulgarisation. Ce sont des formateurs régionaux sous le contrôle desquels sont placés les chefs de zone d'expansion rurale (moniteur d'agriculture et même parfois conducteur de travaux agrico- le), responsables eux-mêmes de la formation pratique et du suivi des encadreurs ruraux. Ceux-ci sont des paysans re- crutés au niveau de chaque secteur de base, leur r6le est d'apporter aux paysans un appui constant, à base de conseils, de démonstrations, de dif fusion ce semences siiectionnées , ue techniques nouvelles, de moyens de production, etc. Ils suivent 1'exécution tcut au long de l'année afin d'aider les Paysans à risoudre leurs difficultis. C'est aussi par eux que passeront les notions des groupements ruraux, de crédit de commercialisation etc. Cet encadrement rapproché se justifiait surtout dans une période de démarrage, et devait être par la suite re- layé par un système de formation groupant un assez grand nombre d'agricultures. Il aurait été nécessaire pour cela, de créer de nombreux centres de formation et d'avoir les moyens financiers et humains nécessaires pour assurer leur fonctionnement, ceci n'a pu être réalisé. Le seul centre de formation en fonctionnement, dans la région qui permet- te la formation des agents d'encadrement, est le centre d'expérimentation de machinisme agricole implanté à SAMAKO. En 1978, lors de notre étude dans la région, les séan- ces portaient sur le dressage des boeufs des paysans des villages environnants. La pratique et l'utilisation des matériels attelés etc. On peut dire qu' actuellement, de nombreuses dif ficul- tés existent en matière d'éducation des paysans et que les moyens qui permettraient de les surmonter ne sont pas en- core rassemblés. - Fig. Organigramme de la structure d'encadrement. Exemple du secteur de Bankoumana (page Mlnistér'e d 'Acjricul ture

Direction de 1 'Ayricul

1 Secteur Barikciumdnri 1

SU : Secteur de base

ZEK : Zone d'expansion rurale

- i)rc~a11iyrarrrrrre de la structure cl 'encadrenient

" Exerrrple : Secteur BANKOUMANA " DEUXIEME PARTIE CONDITIONS ET PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL

Il ne fait aucun doute que les perspectives de dévelop- pement régional, relèvent plus de l'art de la ~olitiqueque de celui de l'ingénieur. Nous nous réfèrons à la définition que donne Mr. M.D. GBAGUIDI dans son livre " Facteurs es- sentiels et accélérateurs du développement ", pour cet au- teur " le développement est le résultat d'une série de trans- formations quantitatives et qualitatives qui se produisent au sein d'une population rurale donnée et dont les effets convergents, induisent un relèvement du niveau de vie et une évolution favorable du genre de vie ". A cette défini- tion, nous ajoutons que le développement et 1' aménagement sont des synthèses et exigent des concours techniques infi- niment divers, qu ' i 1 s ' agit de coordonner. Dans la région étudiée, les actions de développement doivent être intensifiées. On ne peut penser qu'un dévelop- pement harmonieux se réalisera de lui-même. Une politique volontariste de développement et d' aménagement doit être lancée, prenant en compte 1'ensemble de 1'espace régional et pas seulement quelques objectifs régionaux sectoriels. On devra s'interroger sur l'adaptation des institu- tions de développement, mises en place. Sont-elles actuel- lement en mesure d'emporter l'adhésion de la masse paysan- ne ? Dénonçant le blocage du développement qui tiendrait selon eux à de nombreuses pesanteurs sociologiques du mi- lieu rural, les responsables administratifs et techniques n'éludent-ils pas certains problèmes fondamentaux qui tien- nent à la conception même du développement et aux méthodes utilisées pour le mettre en oeuvre. Ainsi, dans ce chapitre, notre étude portera sur l'examen des carences en matière de conception ou d'application des actions, telles qu'on les rencontre au sein de l'opération aut te-vallée. Ensuite, nous montrerons les conditions d'une approche participative réelle permettant de rechercher et d'élaborer de nouvelles orientaticns.

CHAPITRE II

LA RECHERCHE DE NOUVELLES FIIVALITES

EXAMEN DES CARENCES DES SYSTEMES DE MODERNISATION

Le promotion de l'agriculture en aut te-Vallée, ne se réalisera que si les actions de développement tiennent comp- te de la situation réelle de la paysannerie et son dynamis- me, en bref, d'un certain nombre de faits, clairement éta- blis concernant ce monde rural ~alinké,que l'on aspire à faire progresser. Dans une optique opérationnelle, il con- vient donc de ne pas ignorer certaines caractéristiques de la situation de la paysannerie :

La valeur des pratiques traditionnelles : le paysan pris dans son contexte traditionnel, fait preuve d'une grande habilite dans la mise en valeur des sols et l'utili- sation des divers systèmes de culture. Les dures contraintes naturelles imposées aux paysans, ainsi que la faiblesse de leurs moyen,s technologiques, ren- dent peu efficace leur action, ce qui entrave le progrès. Par ailleurs depuis quelques années, nous avons pu remar- quer que, les paysans font preuve d'une bonne capacité d'adaptation à des nouvelles exigences de production agri- cole. Le développement de la culture du coton, du tabac et des cultures maraichères, en sont les preuves palpables. Or ces divers aspects ne sont pas pris pleinement en compte par les responsables du développement. Pour ceux-ci, 1' unique moteur du développement régio- nal, est l'opération de développement Haute-Vallée, avec ses structures (divisions techniques, secteur de développe- ment rural) .

Ses moyens et szs hommes : en dehors de cela, selon ces responsâbles rian n'existe et rien n'est possible. Dans leur esprit l'opératicn doit impulser le développement a des paysans considérés comme des ëtres sans culture et irres- sonsables qui hivent etr5 -ris en charge et guiS€s par ceux qui détizncent le sa-~oir.Zéritage pour nne part de la colonisation, le système mis en place est très hièrarchisé : la décision est srise au sommet et descend par toute une série d'échelons du chef au sous-chef, puis au petit chef, jusqu'à la base, représentée par les paysans, sans réelle possibilité de retour de la base vers le haut. Par aille~rs,l'analyse du milieu rural, est générale- ment schématique et fragmentaire. Elle fait apparaitre les difficultés et résistances du milieu face au changement et aux innovations, mais n'incite pas a une remise en cause de la politique de développement, afin que celle-ci soit mieux adaptée aux caractéristiques sociologiques des grou- pes humains auxquels elle s'adresse. Enfin le phénomène bureaucratique a tendance à s'am- plifier; les jeunes ingénieurs et techniciens et même les moniteurs désertent de plus en plus la campagne pour la ville en pleine période de culture, au lieu d'être sur le terrain à dispenser leurs connaissances aux paysans. Ils restent enfermer dans leur bureau, devant leur téléphone, laissant les paysans se débrouiller tout seuls, les résultats obtenus sur le terrain, n'étant que peu sou- vent pris en compte, alors que la structure de développe- ment devrait être souple et évolutive, elle est actuelle- ment rigide et statique. Cette absence de remise en question peut provenir de deux causes :

- Méconnaissance par l'encadrement des réelles carac- téristiques du milieu

- Ou volonté de cet encadrement de ne pas prendre en compte de telles caractéristiques qui obligeraient à révi- ser fondamentalement la politique de développement actuel- lement pratiquée.

Dans un cas comme dans l'autre, ceci témoigne d'un mépris du paysan, considéré comme objet et non comme acteur du développement, et favorise l'extension du phénomène bu- reaucratique qui éloigne les techniciens, et rend très abstraite et théorique la formation dispensée aux paysans. Telles sont les critiques essentielles qui peuvent être formulées à l'encontre du système actuel. Ces critiquesdébouchent sur des propositions qui vi- sent à reconsidérer la place faite à la paysannerie dans l'Opération Haute-Vallée du Niger.

RECHERCHES DE NOUVELLES ORIENTATIONS

Le plan quinquennal de développement économique et social du Mali (1974/1978) a opté pour un développement rurd intégr4 ronpânt avec l'agriculture basée sur l 'integ- sifization de quelques productions destinées à l'exporta- tion. Ce développement se veut donc centré sur les paysans. Il nécessite une convergence entre les besoins de ces àer- niers, et les objectifs nationaux de développement. Cela suppose une nouvelle distribution des rôles et des fonc- tions entre les câdres et les paysans, c'est-à-dire une transformation des structures d'encadrement et de la con- ception des actions de développement. D ' une manière con- crète, il s'agit d'associer les paysans aux prises de déci- sions. La participation ne relève pas d'expédients pédagogi- ques. La responsabilité ne se transfère pas surtout dans le contexte d' intervention actuel, elle ne peut que se partager en exigeant dès le départ de conformer les struc- tures aux besoins d'une communication qui instaure une vé- ritable politique de concertation. Cela requiert une forte cohésion entre les groupes en présence et ne peut être ob- tenu par une simple juxtaposition des structures paysannes à la hièrarchie d'encadrement. Il s'agirait alors d'une organisation formelle, issue du transfert d'un modèle tota- lement étranger à la réalité culturelle locale. Cela ex- plique, un certain formalisme dans les tentatives d'orga- nisations, et d'autant plus accentué que celles-ci sont évoluées (ccopératives, associations diverses). Elles sont inévitablement marquées par un j uridisme calqué sur des modèles extérieurs. Les objectifs d' un véritable développement rural in- tégré, ne pourront donc être atteints qu'en développant un certain nombre d' aspects (autres qu 'économiques) de la vie sociale. Ce sont entre autres :

Participation villageoise

C'est une autre pierre d'achoppement des opérations de vulgarisation. La réussite de celles-ci exige que la population concernée soit persuadée de la possibilité d'ac- céder au mieux, au bien être recherché. On ne peut pas faire le bonheur d'une communauté en la tenant à l'écart de la construction de ce bonheur. Il faut donc adopter un cheminement permettant d'obtenir l'a- dhésion des hommes, et de sauvegarder leur place au sein de la structure socio-économique. Dans la Haute-Vallée du Niger, et d'une façon plus générale dans la société rurale malienne, la femme est un producteur dont l'influence est décisive. Aussi on peut se demander, s'il n'est pas paradoxal que le seul porte paro- le de la femme malienne, soit 1'U.N.F.M. (l'Union Nationale des Femmes Maliennes) qui regroupe pratiquement que les fermes des grandes villes et ne traite en conséquence que leurs problèmes. Formation - Information La mise en place d'une politique agricole, nécessite une formation et une information des hommes. Cela a été une préoccupation constante du Gouvernement Malien et le séminaire d'information de la D.I.N.A.F.L.A. (Institut Nationalisâtion d'Alphabétisation Fonctionnelle), qui s'est tenu en Août 1980, a été largement dominé par les problèmes de formation du personnel d'encadrement. Pourtant ceux-ci ne semblent pas avoir été perçus dans toute leur acuité, car la formation actuelle du personnel d'encadre- ment n'a pas atteint l'efficacité souhaitable. Il est donc nécessaire de procéder à une réorganisation des centres agricoles qui la dispense. Ainsi, par exemple, l'alphabétisation fonctionnelle indispensable à la formation des paysans ne figure pas au programme de ces centres. D'autre part, au cours des séan- ces de formation et d'information, les conducteurs, les moniteurs, voire les ingénieurs formateurs, ont des di£ fi- cultes à utiliser " la langue vernaculaire " au moment de 1 ' exposé des thèmes techniques.

Formation féminine En Haute-vallée, et dans la plupart des régions du Mali, le retard en matière de formation féminine, est très important. Il n'y a aucun doute que tout progrès dans le milieu rural, ne pourra se faire sans une évolution paral- lèle des hommes et des femmes. Comme il a été mentiocné, la femme participe pour 40 à 45%, aux travaux agricoles, en plus du rôle qu'elle joue au sein du ménage. De ce fait, il est nécessaire, sinon impérieux de s'attaquer au pro- blème de leur formation. On commence à s 'en préoccuper à l'Institut Polytechnique de KATIBOUGOU. Il faudra envisa- ger également la création de centre d'apprentissage agri- cole féminin, recrutant dans les mêmes conditions que pour les hommes. La formation féminine sera axée non seulement sur les techniques agricoles, mais aussi sur l'enseignement ménager. Elle devra tenir compte des désirs exprimés par les femmes elles-mêmes.

Organisation et structuration Les structures de représentation des paysons, sont d'une importance capitale. Ces derniers doivent pouvoir exprimer leurs problSmes spécifiques et Stre certains qu'ils seront pris en compte. Cela se fait déjà dons certains villages, à travers certaines organisations traditionnelles (coopératives pro- fessionnelles, ùssociations de jeunes, etc). Ces structures traditionnelles peuvent donc servir de point de départ, et être améliorées. La validité de l'organisation paysanne, dépendra de son caractère de légitimité et de représentativité, par rapport à la réalité du monde paysan actuel. Ainsi la prise en compte des règles coutumières, convenant entre autres la distribution des rôles, créera un large consensus. A l'heure actuelle, à l'opération aut te-Vallée, il n'y a pas de relations entre les organisation coopératives et l'action crédit en matériels agricoles. Cela alourdit beau- coup le fonctionnement de l'Opération. La S.C.A.E.R. (Société Crédit Agricole Equipement Rural) , seul organisme habilité à consentir des crédits au niveau des Opérations de développement pour les frais consentis. Les charges supplémentaires devraient ëtre supportées par les bénéfi- ciaires eux-mêmes et non par les Opérations de développement. Ainsi les crédits agricoles devraient passer par la voie d'organisations coopératives, en collaboration étroite avec les Opérations de développement. Ces coopératives au- ront pour missions d'augmenter 1' autofinancement des Opéra- tions. Mais des simples relations entre les organisations coo- pératives et l'Opération ne suffiraient pas; il faudrait alors une collaboration participante des paysans intéressés. Prenons un exemple concret, pour mieux situer le problème. Supposons que dans un village d'un secteur d'action rurale, le programme d ' assistance technique, porte notamment sur 1' équipement des cultivateurs en moyens de culture attelée. Le chef de ZER (zone d'expansion rurale) aidé du chef de secteur, va étudier les cas un à un, déterminer les besoins réels 6e chaque cultivateur en fonction de ses ressources en main d'oeuvre, des terres dont il dispose, et de ses possibilites à supporter les charges représentées sar les annuités de rembousement. C'est en fonction de tout cela, que les prêts seront accordés. Dès lors, il appartiendra au chef de secteur, d'en assurer la réalisation matérielle, d'en surveiller l'utilisation correcte en fonction du pro- gramme de modernisation agricole prévue pour son secteur. Si dans ce même village, il existe une organisation coopératicn indépendante de cette Opération de modernisation, mais disposant des crédits alloués sans étude préalable, et sans contrôle de son utilisation, le rôle du chef de sec- teur sera très difficile. Il ne pourra pas assurer la ges- tion 2es prsts acccrc!és, dans le cadre de l'action dé dé- velopgement dont il a la charge. Les prêts ne doivent être accordés auxcoopératives que si elle s'intègre dans un plan d'action rurale et qu'elles concourent à sa réalisation. Le prêt doit récompenser l'a- dhésion du cultivateur, aux directives techniques dont 1' application conditionne ia réussi te de 1' action de moàer- nisation entreprise. Dans css conditi~ns,llOpératicn et l'organisation coopérative, ne seuvent agir cnacune de leur cote. Elles doivent nécessâiremect Strs Stroitement associSes.

CHAPITRE III LES OBJECTI FS OPÉRATI ONNELS

Les orientations qu'il conviendrait de donner au pro- gramme de développement dans la région Haute-Vallée , résul- tent naturellement de l'analyse des facteurs positifs et négatifs qui conditionnent ce développement, et qui ont été étudiées dans les chapitres précédents. Bien des facteurs limitants peuvent en effet voir leur importance diminuer par l'exploitation des facteurs favora- bles, révélés par l'analyse. D'autres au contraire, ne sont pas facilement modifiables. Certaines données évolutives, présentent un intérêt tel, qu'elles rendent possible des ac- tions jusqu'ici écartées en raison des caractiristiques dé£ avorables , enregistrées localement. Dans l'examen des principaux facteurs conditionnant l'économie de la Haute-Vallée, se dégagent d'une façon assez claire, les orientations générales à donner à un programme opérationnel. Il est hors de question de prétendre modifier radica- lement les cadres du milieu naturel; ceci est chose impos- sible, mais certaines améliorations peuvent être apportées dont les effets permettront des progrès : ceci nécessitera un aménagement j udicieux de 1' espace. Pour assurer la permanence, et organiser les actions à entreprendre, pour mettre les moyens techniques et finan- ciers à la portée des agents économiques, des modifications doivent être apportées au cadre institutionnel existant. Ceci devrait notamment permettre d'exploiter au mieux, le potentiel de production disponible, en facilitant la trans- formation des produits, en disposant de centres ruraux ja- dicieusement choisis, ainsi que d'un réseau de voies de corrmunication suffisant et convenablement entretenu. L'essor de la production rurale, est conditionné essen- tiellement par un encadrement adapté de la population con- cernée, qui aurait pour objectif l'crganisation de la for- mation des masses rurales et l'assistance technique à leur apporter. Mais si l'on entend s'intéresser aux hommes, sous l'angle de leur aptitude à produire et à consommer, on est inévitablement conduit à s'inquiéter de leur santé, de leur instruction, de leur habitat et bien d'autres choses encore dont dépend l'évolution. Dans cette optique, nous allons essayer d'examiner les différents paramètres énumérés ci-après. Il est cependant à remarquer, que les structures qui feront l'objet de cette étude, peavent 5tre jugées diversement. Selon la logiqüe du lecteur, le but recherché dans cette partie, est tout sim- plement de présenter des solutiocs susceptibles de facili- ter le développement économique et social, sous forme de suggestions qui prétendent kclairer l'action dans la région. EXAIEX DES DIFFERENTS OBJECTIFS

Aménagement de 1' espace régional Tndkaa.tkuc.tuke e.t aménagemenZn génékaux, pi~.tea eZ hauZea : Dans le chapitre précédent, nous avons étudié dans quel état se trouvait l'infrastructure routière qui entrave jusqu'ici le progrès économique de la région. Mal- gré des efforts, et de nombreux projets en ce sens prévus par le plan quinquennal 1974/1978, beaucoup de problèmes restent encore aujourd'hui non résolus. amélioration du réseau de voies de communication qui r€sulte de l'ouverture de nombreuses pistes de collecte est essentiellement tempo- raire, si l'entretien permanent de ces pistes n'est pas assuré. Pour éviter la dégradation continuelle des routes et pistes, le gouvernement devrait s'engager à prendre en charge l'entretien de celles-ci, ou à prévoir un budget ré- gional permettant cet entretien. Pour le développement de l'agriculture et la commer- cialisation dans le cadre de 1 'opération Haute-Vallée, 1 'a- mélioration des routes comme BAMAKO -BANKOUMANA- KANGABA (96 km), KOUROUBA - FARABA (30 km), BANKOUMANA - SIBY (20 km) KANGABA - KARAN (33 km), SIBY - TABOR - NIAME (35 km), BAMAKO - KAT1 - KALIFABOUGOU (56 km), etc, serait une action plus intéressarite que 1' ouverture de nouvelles routes et pistes. Ces artères représentent pour la région des axes d'im- portsnce vitale, permettant de circuler toute 1' année. Pour mener à bien l'aménagement de ces pistes, cela nécessitera des travaux d'investissement humain (réfection par les pay- sans eux-mêmes, à condition d'être encouragés par les auto- rités locales), mais aussi par des subventions de l'état lorsqu'il s'agira des travaux d'équipement (des ponts ou des fossés de réception). Le désenclavement t~talde la région ne pourra ëtre obtenu tant qu'une politique routière tenant compte des moyens limités de l'état, et associant étroitement les pay- sans à l'effort, ne sera pas définie. L'action de réfection des pistes et routes, devrait être intégrée à la politique de l'opération de développement Haute-Vallée. Cela nécessi- terait la création d'une division de réfection des pistes agricoles au sein de l'Opération, qui serait supervisée par le service des travaux publics. La création de la dite sec- tion permettrait une meilleure coordination entre les in- frastructures routières et le développement agricole. Le programme routier régional doit ëtre basé sur cer- taines priorités discutées avec les paysans et admises sinon par l'ensemble des conseillers villageois, du moins par la majorité d'entre-eux, une telle procédure permettra à l'en- semble des paysans de suivre le déroulement des travaux et d'y apporter leur participation active. Indépendamment de ces aménagements princisaux in~ispen- sables a une meilleure décentralisation à la diffusion aes techniques moàernes agricoles, et à l'approvisionnement correct des paysans en moyens de production; l'amélioration des pistes piétonnières souvent fréquentées par des mobylet- tes, doit faire 1'objet d'une étude en vue de leur réfec- tion. Au moment des campagnes agricoles, ces pistes sont très fréquentées par les vulgarisateurs qui .disposent de mobylettes pour atteindre les paysans. La responsabilité de l'entretien de ces pistes, peut- être confiée aux paysans ou aux conseillers villageois, chacun d'entre eux serait chargé de surveiller l'état de quelques dizaines de kilomètres de pistes, à partir de son lieu de résidence. Les travaux de réfection seraient alors exécutés avec les moyens simples des paysans après que, les communautés villageoises conscientes de l'intérêt de l'ac- tion, se voient organisées pour la prendre 'en charge.

Lea aménagemenia hyd~v-ag~icolea: Ils sont nombreux, très différents tant dans leurs dimensions, que dans leurs principes techniques : irrigation par gravité ou pompage, régulation partielle de la submersion ou travaux d'assai- nissement. Le coût des aménagements complets d'irrigation est considérable; la rentabilité de tels investissements implique une haute productivité, ce qui n'est pas toujours facile à obtenir. C'est pourquoi il semble plus urgent eu égard aux possibilités économiques, dont dispose l'opéra- tion Haute-Vallée, d'axer l'effort en matière d'aménagement hydro-agricole, sur les travaux de semi-régulation de la submersion dans les plaines inondables. Cela en vue du dé- veloppement de la riziculture ou des cultures de décrue. La mise en valeur de ces plaines inondables (terre basse) per- mettra de soulager les terres hautes souvent surexploitées. Même en dehors des vallées des grands cours d'eau (Niger, Sankarani, Fié) , il existe des plaines inondables plus ou moins mal exploitées. La mise en valeur de ces terres pré- sente un double avantage : celui d'abord de la productivité relativement élevée en raison de leur fertilité, celui en- suite d'atténuer la surexploitation des terres hautes voi- sines. En Haute-Vallée, des investissements peu onéreux comme les moto-pompes permettent actuellement de mettre en valeur les zones des rivières d'importance très faible, ne pouvant par conséquent bénéficier d'aménagement hydro-agri- cole. Cette pratique s'est surtout multipliée avec la cul- ture fruitière (vergers) des fonctionnaires, et permet même de développer les cultures maraîchères. Se pose également le problème de la mise en valeur des terres bautes inexsloitées (nous entendons ici, par terres hautes, celles qui ne sont pas soumises normalement à l'i- nondation, sans qu'il s'agisse pour autant des terres qui ont une situation altimétrique élevée). Parmi celles-ci se trouvent d'excellentes terres qui restent peu ou pas ex- ploitées. C'est le cas notamment des sols argileux ou argi- lo-limoneux alluvionnaires, à structure très compact litte- ralenent bloqués en saison sèche. De tels sols, ne sont pas cultivés parce que leur trsvail demande an trop grand effort. Le probième rsvicnt 5or.c 2 .doter les culfiTiat2urs de noyens de trâvaii plus -uisssnts. La culture attelke pcurrâ cons- tituer dans une larqe mesure une solution acceptable. Dans la région qui dispose 6'une possibilité hydrauli- que importante d'irrigation, plusieurs sources d'eau n'ont pas à l'heure actuelle été aménagées en vue de leur utili- sation pour les cultures, les hommes et les animaux. Il s ' agit notamment : - des bas-fonds - des eaux souterraines - des eaux superficielles

Il est donc possible dès maintenant, de multiplier les périmètres irrigués des grands et petits aménagements, à base de pompage dans les marigots (rivières pérennes) et dans les nappes phréatiques ou alluviaux. Il convient d'u- tiliser au mieux, et à moindre coût, les eaux par plusieurs systèmes d'irrigation. C'est grâce à cette rationnalisation de l'utilisation de l'eau que les récoltes peuvent être sauvées contre certaines fantaisies climatiques. De plus, l'irrigation peut permettre la double culture, l'exemple en est donné actuellement dans la ferme de BAQUINEDA.

- Les petits aménagements face au développement

Compte tenu de la croissance démographique, il faudrait intensifier la production céréalière, par conséquent aug- menter les superficies cultivables sous contrôle de l'eau. Seule l'expansion des périmètres irrigués au niveau de la collectivité villageoise, permettrait d'apporter une sécu- rité supplémentaire dans cette optique vivrière. La création de ces aménagements nécessite une organi- sation parfaite pour atteindre sa pleine efficacité, et il conviendra de mettre en place une structure de travail de type coopératif, en tenant compte du problème de la répar- tition de la population régionale, ceci est une des solu- tions clés aux problèmes actuels de développement. Ce système bénéficiant d'un encadrement serré permet la bonne utilisation de l'eau des pompages et certains mo- yens de production moderne. Pour la mise en place des petits périmètres irrigués, on choisira de préférence des bas-fonds; de tels petits pé- rimètres seront des pôles, autour desquels on pourra assu- rer le développement rationnel de la production du riz, du blé, de la canne à sucre et d'autres cultures pouvant satis- faire les besoins alimentaires.

h.lebu4e.h de LuLte con-tke 12 dëboibemen-t : La défores- tation constitue un problème important à l'égard de la pro- tection des sols, problème encore très imparfaitement réso- Lu en Bsuts-ValLge. La seule mesure pratiquement réalisée jusqu'ici, esc la création des réserves forestières sous forme de " forêts classées ", où sont interdits les feux de crgusss, les culturss, les troupezux. Cette mesure ce- vait au moins enrayer le processus de défor~stationdont on connait les méfaits. Mais le plus souvent, ces forêts classées sont vues par les paysans comme une entrave à la libre disposition de leurs terres de cultures traditionnelles. C'est la raison pour laquelle, il n'est pas rare de voir, ces forêts classées, faire 1' objet de fréquentes demandes de déclassement ou tout au moins de dérogations partielles à des fins agricoles, ou encore l'enterrement des morts. Sur le plan reforestaticn, les résultats obtenus dans ces périmètres classés, ne sont pas toujours satisfaisants, les mesures de protection prévues n'y étant pratiquement pas appliquées. Les feux de brousse notamment, sont très difficiles à éviter, leur suppression demanderait la mise en oeuvre de moyens très importants. Il faut convenir, que le système de forêt classée tel qu'il a été appliqué jusqu'ici, ne constitue pas une solu- tion satisfaisante ni au point de vue forestier, ni au point de vue agricole. Le premier reproche que l'on peut lui faire, réside par le chcix souvent arbitraire des pé- rimètres classés. Ce choix a été fait sans l'avis des po- pulations intéressées, et sans aucun critère pédologique en fonction des essences. La seule intention était de sa- tisfaire la population urbaine de BAMAKO en bois de chauffe. Un tel choix devrait en fait être basé sur une étude appro- fondie, faisant intervenir les critères cités. Cela revien- drait à déterminer en premier lieu, les zones impropres à l'agriculture qui seraient érigées non pas en réserve, mais en domaine forestier permanent, ou pourraient être appli- quées au mieux des nécessités et des possibilités, les me- sures de protection de la flore. Tout le reste constitue- rait le domaine agricole où primeraient les nécessités de 1' agriculture. Il convient toutefois de remarquer, qu 'en Haute-Vallée , il est difficile de parler de zones non propices à l'agri- culture, sauf les monts Mandingues qui seront érigés en domaine forestier permanent. Pour le reste de la région, on devra plutôt appliquer une politique de reboisement. Cette politique pour être menée à bien devra être faite en commun accord avec les paysans intéressés. Il s'agira de concevoir le reboisement dans les périmètres de restauration de sol; par exemple, dans le cas des anciennes jachères que les populations auront abandonnées pendant une certaine période, ou on plantera de jeunes plants comme le MELINA, actuelle- ment préconisé dans certaines régions du pays. Pour la pro- tection de ces superficies cultivées, il faut planter en bande parallèle et installer des pare-feux aussi bien in- térieur qu'extérieur, qui protégeront les arbres contre les feux de brousse. Ainsi au retour des paysans sur ces sur- faces, on leur fera appliquer certaines techniques. Il leur sera alors iiernandé de cultiver entre les bandes parallèles, et d'appliquer son srogramne 'de coupe, yui prrnettra en même femps, l'aménagement des peuplements de coupes et de fournir le bois d'oeuvre (pour la SONATAM par exemple) et ae chauffe. Après avoir défini tres brièvement les principes d'a- mélioration de ce milieu nature, il faudra tendre à les asseoir, à les stabiliser dans un milieu rationnellement organisé. Il s'agit en somme d'organiser certains équipe- ments fondamentaux du terroir pour 1'homme, au mieux de ses intérêts, ce qui nous conduira à faire des suggestions pour les équipements de la région.

ORGANISATION ET EQUIPEMENT DES TERROIRS

Dans ce chapitre, notre intention n'est pas de faire une étude systématique de toutes les organisations admi- nistratives, mais plutet de fournir quelques éléments de réflexion en vue d'une meilleure organisation villageoise. Comme nous l'avons vu tres brièvement, à l'heure ac- tuelle, la région aut te-Vallée, qui fait partie de la deu- xième région économique du Mali, est régie par une hierar- chie administrative. Ls Haute-Vallée avait depuis le début de la colonisa- tion été divisée en cercles et cantons, réunissant un cer- tain nombre de village rattachés à la capitale BAMAKO. Avec l'indépendance du Mali, une nouvelle organisa- tion à vu le jour, conservant certaines anciennes structu- res, mais en modifiant d'autres : par exemple, les cantons ont été remplscés par les arrondissements, les départements par des régions économiques. La machine administrative se trouvait ainsi allégée, et les pouvoirs concentrés en la personne des gouverneurs de région avec représentation des services administratifs socio-économiques et techniques. La Haute-Vallée comprenait au moment de l'étude 1978 comme déjà mentionné, 280 villages et hameaux (que l'on peut qualifier des villages satellites). Ces villages sont considérés comme des unités administratives de base de la région et, depuis que le Mali est indépendant, ils se sont vu doter des conseillers villageois (deux à trois conseil- lers par village, sauf dans les hameaux où ils n'existent pas) placés sous l'autorité du chef de village. Le chef de village est en contact permanent avec le chef d'arrondissement, et doit tenir ce dernier au courant de la vie du village. Un arrondissement peut administrer 10 â 20 villages, le nombre le plus faible étant enregistré dans le secteur de BANKOUMRMA et KANGABA. Il nous est im- possible de préciser le nombre d'arrondissements de la Haute-Vallée, celle-ci n'est en effet qu'une portion ré- gional~agricole intégrée à l'ensemble de la région de SAMPXO (KOULIKORO), et la délimitation administrative reste imprécise. En fait, les arrondissements coincident, soit avec an ou slusieurs anciens cantons, soit avec un groupe ethnique homogène, mais découpent rarement ceux-ci. Le chef d'arrondissement rend compte au commrnandant de cercle. Dans la région, on distingue quatre grands cercles iSAM.%KO, KANGASA, KOULIKORO, KALI) , qui se partagent la presque totalité de la superficie de la région. Le titre du commandant de cercle, est un héritage des débuts de la colo- nisation française où l'administration était militaire. Le commandant de cercle, est le représentant de l'autorité cen- trale : tous les fonctionnaires de la circonscription sont sous son autorité. Ils dépendent du gouverneur de la région économique qui représente le gouvernement (Ministre de l'in- térieur) . Ces structures qui viennent d'être décrites, constituent une organisation assez cohérente. Toutefois, certaines cri- tiques peuvent être formulées. - Le chef de village et les conseillers villageois de- vraient être progressivemnt associés, à la préparation d'un plus grand nombre de décisions, concernant les villages qu'ils sont censés représenter : Programme de construction, d'entretien et d'aménagement des pistes Organisation des marchés Programme d'équipement : création d'écoles, dispensaires Elaboration d'un projet du budget villageois - Outre le collecte de l'impôt, ces responsables villa- geois devraient participer à toutes les activités à carac- tère économique et social, intéressant le village (hygiène, état civil, voirie dans les gros villages). - Ils devraient avec les representants d'autres villages voisins, participer à des réunions d'informations et de ré- flexions, débat concernant l'aménagement et ll€quipement d'espaces ruraux limites. La mise en oeuvre de ces propositions ne nécessite au- cun bouleversement des structures existantes, et s'inscrit même dans la logique de ces structures. Si cette mise en oeuvre n'a pas encore été effectuée, cela peut sans doute s'expliquer par la difficulté d'obtenir une participation effective de la population à la gestion des affaires loca- les. En plus, il a été constaté que le nombre de conseillers au niveau de chaque village, est insuffisant, ce qui rend difficile l'adhésion totale des paysans à cette gestion. Il ne faut cependant pas oublier que la mise en place des structures administratives, n'a d'intérêt que dans la mesu- re où des transferts de gestion ont effectivement lieu au profit des representants de la population rurale, or, ces transferts, impliquent la disposition de certains moyens. Dans un deuxième temps, les tendances actuelles qui ren- dent difficile le recensement des paysans que l'on veut ad- ministrer ou encadrer, résident dans le fait ~e l'éparpille- ment des hameaux de cuiturs. En sffet, l'utilité au regrou- pement des hameaux parfois minuscules pour donner une im- portance suffisante 2 la crsation Z'un nouveau village, n'est pas dout2use, 2t se si-ue dans le cadre 2' une évo17~- tion inéluctable. Pour srocéder à ce regroupement, il est nécessaire de passer à une transformation considérable des habitudes, ce qui impliquera

Organisation et structuration au niveau des villages Dans cette partie, il sera question de faire des sug- gestions pour permettre de renforcer le circuit administra- tif au niveau des villages. Nous pensons que des aménage- ments sont toujours possibles, qui permettraient de faire des conseillers villageois, des individus représentatifs de leur communauté- a près avoir augmenté le nombre de conseil- lers par village, on pourrait confier à chacun des membres du conseil, une fonction bien définie (fonction de produc- tion, problème de santé, responsabilité de la scolarisation des enfants, infrastructure villageoise, sport et loisir etc). La fonction de production est de beaucoup la plus impor- tante, et doit permettre selon la logique politique agrico- le des responsables, de passer de l'économie de subsistance à l'économie de marché et provoquer un accroissement de res- sources. Cette fonction serait assurée, par l'ensemble du con- seil villageois, qui déléguerait certaines tâches aux pay- sans. Cette organisation pourrait par ailleurs, jouer un rôle en matière d'animation des masses rurales, et pour entrai- ner l'adhésion des paysans a l'oeuvre entreprise. Parmi les différentes fonctions citées, il semble in- dispensable que les femmes dont le rôle est si important dans la vie villageoise, soient représentées. Si le conseil élu n'en comportait pas, il est souhaitable qu'une ou plu- sieurs responsables des femmes du village désignées par celles-ci, lui soient adjointes. Au cours de la réunion du conseil, toutes les affaires intéressant le village, doivent être évoquées; et chaque responsable fera le point de ses activités. Ensuite, un programme commun sera arrêté, per- mettant l'aménagement de tous les équipements villageois.

Hydraulique villageoise Nous n'allons pas nous étendre sur cette question, la Haute-Vallée étant considérée comme une région semi inondée, où le problème d'alimentation en eau ne se pose pas. Pourtant depuis plusieurs années, le service hydrologi- que en parallèle avec l'opération puits du Mzli, poursuit des études dans la région sur la possibiliti d'alimentation en eau des populations, en donnant une prioriti aux zones déficitaires. Un inportant programme de puits et fcraçe dont le financement est national et extérieur (F.A.C.), doit ëtre nis en oeuvre. Les études par le service hydrolo- gique et l'Opération puits, doivent être poursuivies pour permettre dans l'avenir la mise au point de nouvelles structures d'hydraulique villageoise et pastorale. Dans une région fertile comme la Haute-Vallée, la mise en valeur nécessitera des mouvements de la population et, cela ne pourra être qu'à la seule condition, que l'alimen- tation en eau puisse ëtre assurée. Nous suggérons qu'en plus de la politique actuellement mise en place; qu'il soit créé rapidement des points d'eau pérennes en investissement humain, pour avoir des débits suffisants, et que parallèlement, soit fournie une main d'oeuvre capable de construire elle-même ses puits; cela nécessitera notamment une formation sur le tas de maçons et de puisatiers locaux. Pour ce qui est de l'approfondissement des puits tra- ditionnels, il y a lieu d'améliorer les moyens actuellement utilisés, et jusqu'alors très rudimentaires, tout en évi- tant l'introduction de matériels sophistiqués tels par exemple le marteau-piqueur. Dans certains gros villages (KANGABA, KATI, SIBY) etc, il faudrait susciter les constructions de puits modernes au niveau individuel, cela bien entendu, en tenant compte du revenu des paysans qui en font la demande. Par ailleurs, l'amélioration de l'exhaure de l'eau lèverait le goulot d'étranglement majeur, qui est la diffi- culté d'approvisionnement.

Activité scolaire et dispensaire La situation actuelle de l'enseignement en Haute-Vallée pose de multiples problèmes. Nous allons essayer dans un premier temps d'évoquer les principaux problèmes qui con- ditionnent l'enseignement dans ce milieu Malinké. Les dif- ficultés existent tant sur le plan économique que sur le plan social. Sur le plan économique, en nous réfèrant à l'orienta- tion du plan quinquennal 1974/1978 concernant la scolari- sation en aut te-vallée, qui prévoyait une adaptation totale de la formation en milieu rural quantitativement et quali- tativement. Malheureusement, les contraintes budgétaires constituent des iiinites à l'extension de la scolarisation. Ainsi nous avons remarqué au cours de l'étude, que bon nombre de villages ne disposent pas de constructions.nou.-~ velles permettant de dispenser les cours dans-des con- ditions cgnfortables. Dans les villages visités, 65% des classes construites avec les moyens rudimentaires des vil- lageois (une sorte d'abri provisoire préfabriqué avec du secco) sont dépourvues des équipements nécessaires (tableaux noirs, bancs etcj. SSzérslsnent, ce sont les ilSves eux- mêmes qui apportent ces escabots qui leurs servent comme bancs d'écoliers. En ?lus ce ces conditions, il faut ajou- ter le nombre important des enfants dans une même classe (40 à 50 élèves) . Au delà de ce problème d'infrastructure et d'équipement scolaire de base, il faut ajouter la carence actuelle des fournitures scolaires qui, généralement ne sont pas a la portée du budget des familles paysannes (cahiers, livres, encriers et même bancs), ce qui fait qu'il n'est pas du tout surprenant de voir dans les villages commes KALIFABOUGOU, que les classes restent longtemps fermées, du fait d'un man- que de personnel enseignant. Il faut noter également, que dans la région, les en- fants scolarisés viennent des villages différents et doivent tout au long de l'année scolaire effectuer de longues mar- ches (des dizaines de kilomètres) pour se rendre dans le village où est implantée l'école, et retourner le soir dans le village d'origine. Diverses améliorations devraient être recherchées : logement des écoliers au village centre et organisation de cantine scolaire notamment. Les charges de la cantine à 100% villageoise ; chaque parent dont l'enfant reste a la cantine devrait contribuer, en fournissant une partie des produits vivriers pour nourrir l'enfant; plus une somme versée pour frais de condiments et cuisine. Ces problèmes sont à régler avec la participation non seulement des pa- rents des élèves, mais aussi avec celui de l'ensemble de la population villageoise. Sur le plan social, il convient de souligner la mauvai- se fréquentation des écoles. Il est hors de doute que dans les campagnes Malinké, certains parents répugnent jusqu'ici a envoyer leurs enfants en classe. Cela s'explique par le mauvais souvenir du passé colonial. L'école pour certains d'entre eux est cruelle, et transforme l'idéologie de leurs enfants qui n'arrivent plus a s'adapter à certaines struc- tures anciennes, et quittent le village pour aller en ville. Il arrive donc fréquemment que les enfants scolarisables, avec l'accord des parents, restent dans les villages pour les travaux champêtres. D'autre part, un des aspects rendant la scolarité dif- ficile dans les villages Malinké, est le manque de person- nels enseignants, problème très brûlant d'ailleurs sur tou- te l'étendue du pays. Les jeunes formés dans les écoles normales, ou institut pédagogique général (I.P.E.G.) refu- sent au terme des études d'aller dispenser leur connaissan- ce aux jeunes de la brousse. Cela à cause des conditions auxquelles ils seront confrontés (solitude de villageois, manque de distraction, condition de vie) qui rendent diffi- cile leur intégration. Il est nécessaire de trouver des solutions à ces pro- blèmes, l'éducation étant considérée comme la base de tout épanouissement des hom~es. Dans les quelques villages enquêtés, et concernant la scolarité des enfants, certains parents nous ont àéclaré " au temps de la colonisation, l'école était entièrement qratuite, aucune dépense n'était à faire pour scolariser Les enfants. Aujourd'hui, il faut que nous nous occupions de la construction des ciasses, et des logements pour les maitres, de la fourniture de l'iquipement de l'école et des fournitures scolaires, etc)". Alors que les revenus agrico- les ne permettent pas de faire face à toutes ces dépenses; certains villageois estiment qu'il est préférable que leurs enfants restent sur les exploitations à leur côté, ou par- tent travailler à l'étranger, l'argent apporté par l'émi- gration leur étant beaucoup plus profitable que l'école. Dans de telles conditions, il faut que l'état prenne en charge une part plus importante des dépenses scolaires, surtout au niveau d'une communauté qui n'est pas jusqu'ici convaincue de tous les bienfaits de l'école. L'aspect fi- nancier est déterminant; c'est pourquoi il s'agit de déga- ger clairement des objectifs de réogarnisations structurel- les et pédagogiques, afin de comprimer au maximum, les coûts sans nuire à la qualité de la formation et de pouvoir dé- penser mieux. Il faut être conscient que l'une des principales limi- tes à l'extension de la formation de base, est la contrain- te budgétaire- Il est donc nécessaire de concevoir un en- seignement primaire peu onéreux, orienté vers les activités rurales agricoles en particulier; qui permettra dans les délais les plus brefs, la scolarisation totale des enfants. Il faut dès l'école donner aux futurs éléments actifs de la population, les notions qu'ils utiliseront avec fruit ulté- rieurement. Cela permettra d'ailleurs de ne pas éloigner les éco- liers des activites productrices locales, mais au contraire de les y rendre plus aptes : ce serait un remède partiel évidemment à l'exode de jeunes ruraux. Cet enseignement à orientation agricole , sera une solution temporaire adap- tée aux circonstances et aux conditions régionales, en at- tendant qu'une srospérité économique plus grande, apporte les moyens de reprendre sans limite un enseignement plus proche de celui qui est actuellement dispensé.

Infrastructure sanitaire

Sur la base de la connaissance des principaux problè- mes énoncés plus haut, il est aisé de dégager ces principaux besoins de la collectivité villageoise. En effet, de nombreux obstacles gênent encore l'amélioration de la protection sa- nitaire. C'est pourquoi, nous avons jugé utile de faire une ana- lyse d'approche de ces besoins. La santé des habitants des villages Malinké, ne dépend pas uniquement des soins qui leur sont donnés ou de la prévention (vaccination, aspersion dtinsectici2e etc.). Elle dépend aussi d'une multitude de facteurs (alimentation et qualité de l'eau de boisson). La première chose à vaincre, c'est la pauvreté. Une approche totale du 2r~blSmefait a~pelà une collaboration directe entre Les factsurs du développement rural : introduction de nouvelles cultures, encouragement du setit &levage, hygiène dans l'habitat, travaux ménagers, élimination des ordures, destruction 6es insectes et des rcngeurs etc. Besoins en couverture socio-sanitaire :

L'action sanitaire doit rapidement couvrir les zones rurales. Au point de vue infrastructure sanitaire, il sera souhaitable d'améliorer les acquis, sans oublier de penser à des modèles simples accessibles et peu onéreux. Le modèle de soins de santé primaire ou soins ruraux, actuellement mis en oeuvre dans beaucoup de villages, apporte plus où moins de satisfactions. Les moyens matériels ne permettant pas des actions sectorielles d'envergure, il reste à promou- voir des activités intégrées (médecine fixe et médecine mobile) dans un souci d'efficacité. Ainsi la médecine mobile ou itinérante permettra de soigner les malades en leur évi- tant des frais et des déplacements souvent pénibles. Par ailleurs, elle permettra une première adhésion d ' éléments médicaux modernes en milieu paysan.

Besoins de lutte contre les principales maladies transmissibles :

Elles sont causes d'une forte mortalité. La morbidité et surtout la mortalité très élevée chez les mères et les enfants doivent être une préoccupation majeure des services de santé. A cet effet, la priorité doit ëtre donnée à la santé maternelle et infantile, dans toutes les zones zurales Cie la région. Promotion de prévention comme : - Les immunisations - La chimioprophylaxie - Les visites prénatales, post-natales et d'enfants

Enfin, il faut développer le secourisme dans les vil- lages, ce qui nécessitera de former des secouristes parmi les villageois. Par exemple, les accoucheuses de villages devraient recevoir une instruction médicale sur des bases simples et disposer d'un petit dépot de méàicaments pour donner les premiers soins et secours.

ORGANISER L'APPUI DU DEVELOPPEMENT DE LA PRODUCTION ET LA MISE EN PLACE DES CIRCUITS D'APPROVISIONNEXENT ET DE COblMERCIALISATION Encadrement

Afin de maintenir la vulgarisation plus en contact des paysans, il conviendrait de multipler les postes d'en- cadrement aans les villages occupés par des agents expéri- mentés. Un moniteur (chef de Z.E.R.) peut suivre en moyenne 100 à 150 paysans individuellement. Cet effectif peut-être très fortement augmenté si l'effort mis sur la constitution de groupements de productsurs qui désignent des reprisen- tants, qui servent d'interlocuteurs privilégiés au moniteür Avant de corrmencer toute action entreprise des paysans, les moniteurs devraient avoir une très bonne connaissance de la région ou du moins de la zone où ils exercent leurs respon- sabilités, ainsi que de la population qui la compose. Le chef de poste doit être connu et apprécié des villageois, dont il concaitra lui-même les coutumes. Installé dans le village, il doit devenir l'homme en qui les villageois ont confiance, et qu'ils viennent voir pour solliciter conseil et appui, comme les malades qui viennent voir le docteur. C'est une procédure qui ne semble pas facile de prime abord mais qui peut seule permettre au moniteur d'exercer son ac- tion avec efficacité. Petit à petit, les paysans apprécieront les agents de l'encadrement et leurs feront confiance, ceux- ci ae leur côté auront remarqué les cultivateurs les plus ouverts, les plus dynamiques, dont 1' influence marque la collectivité. Il leur appartiendra alors, de choisir, en liaison avec la population et au niveau de chaque village et hameau un certain nombre de paysans (celui-ci est fonc- tion de 1'importance du village) ; pour que ceux-ci reçoivent une formation complémentaire adéquate, et constituent un groupe d'interlocuteurs priviligiés. C'est alors à ces paysans représentatifs d'un groupe, que les moniteurs s'adresseront en premier, pour vulgariser les techniques nouvelles. Ces paysans convaincus de la né- cessité du progrès rural, pourront servir d'exemples vis à vis de leurs voisins, qui ne tarderont pas se transformer. Chacun de ces paysans cultivera un champ pilote, soit en cultures de rentes ou en cultures vivrières. Sous 1 'influen- ce de cette propagande, cet encadrement permettra de tou- cher toute la masse à peu de frais. La vulgarisation des techniques et l'encadrement de la production, resteront le domaine des techniciens (conducteurs et moniteurs d'agri- culture) , mais 1' éveil des esprits aux réalités économiques se fera essentiellement grâce a ces paysans pilotes.

Approvisionnement en matériels et produits

Dans l'agriculture traditionnelle, le paysans est incapable de se procurer certains moyens de production (semences sélectionnées, matériels agricoles, engrais, etc), devant cette incapacité de s'approvisionner, il se trouve dans l'impossibilité de travailler correctement. Il est donc très important d'assurer l'équipement de l'agriculture, par une voie d'encadrement, car il est certain que si des programmes de vulgarisation prévoient l'introduction d'un matériel; d'emploi d'engrais et insecticides, il faut pren- dre des dispositions pour apgrovisionner en conséquence le paysan. Cet approvisionnement aura sa justification à condi- tion :

- de pouvoir aczorder des prëts de campagne, rembour- sables Far certains proauits susceptibles d'être commercia- lisés - de disposer lui-même en temps voulu, des produits nécessaires en quantité, pour satisfaire au mieux le pay- san, il convient de jumeler les cessions de matériels et produits au marché d'achat des produits vivriers. Par contre, les semences ne sont livrées qu'au moment des semis de façon a limiter les risques de consommation, et à récu- pérer par échange le " paddy " par exemple, prévu tradi- tionnellement pour le semi.

- Création des coopératives, qui feront l'objet d'une analyse à part, dans un autre chapitre

Commercialisation

amélioration du niveau de vie, ne résulte pas uni- quement d ' une production abondante et de meilleure qualité, il faut aussi vendre aux meilleures conditions. Ce qui veut tout simplement dire, trouver des marchés suffisamment im- portants, à des prix rémunérateurs. Pour que cette oeuvre de promotion du paysannat puisse se poursuivre, l'opération Eaute-Vallée doit situer son action a trois niveaux :

- Orienter les paysans vers les productions souhaitées par la collectivité Nationale - Assurer aux agriculteurs un revenu stable - Associer les paysans a la commercialisation

La Oanctian dla/ritntatian : Pour éviter un déséquili- bre dans la production des biens industriels et des produits vivriers, 1'Opération de développement doit, par une campa- gne d'explications, contribuer a une meilleure répartition des cultures, selon les besoins du pays. Il est évident que cette répartition pour être efficace, doit être associée à une politique des prix adéquate.

Aaau/re/r un /revenu atable : Pour cela, il faut évaluer les besoins nationaux en biens vivriers, et en biens indus- triels, proposer des prix relativement stables aux agricul- teurs en spécifiant les quantités désirées et les prix sur une pé'riode moyenne de deux à trois ans (fonction relevant de l'office de stabilisation des prix) . intérêt d'une telle prévision est double. Elle permet non seulement a l'état de se faire approvisionner régulièrement en produits, mais aussi la constitution d'un stock régulateur permettant Ce combler le déficit des années de mauvaises récoltes, par l'excédent des bonnes années. A cet égard, il importe de remarquer, que dans une région où les aléas climatiques sont fréquents, disposer d'un stock de sécurité, devient une néczssïté qui doit passer avant bien d'autres considérations. Les paysans pourraient aussi travailler dans une cer- taine sérénité, améliorer leurs méthodes culturales, car un revenu stable leur serait désormais garanti; pendant la durée du contrat. Les prix proposés devraient être tels qu'aucun des deux types de cultures céréalières ou indus- trielles ne seront délaissées. Pour le barème des prix, tant qu'une équipe ne se pré- sente pas sur le terrain, pour se rendre compte de la réa- lité, il y aura toujours une politique empirique de fixa- tion des prix. Et pour ce qui concerne, les fraudes céréa- lières, malgré le contrôle, étant donné ce que les culti- vateurs gagnent, aux risques qu'ils courent, ils se livre- ront toujours à cette action. Il faudrait dans ce cas, payer les produits aux prix à peu près similaire, au mar- ché noir. Le respect des contrats, nécessite, qu'ils soient pas- sés entre l'organisme public, qui est ici l'opération Haute- Vallée et les coopératives, qui sont des groupements de producteurs. Les groupements doivent être associés à la politique d'achat. Associer les paysans à la politique d'achat, allège- rait considérablement les charges de 1 'Opération de déve- loppement. Ainsi des prêts pourraient être consentis aux groupements agricoles, afin qu'ils se dotent des moyens leur permettant de collecter et de livrer à l'opération, les produits agricoles conformément aux termes du contrat. Pour cela, une ristourne devra leur être accoraée. Cette ristourne servira à rembourser les prêts et à améliorer l'infrastructure socio-culturelle et économique du groupe- ment d'agriculteurs. Les avantages nombreux pour les agriculteurs, d'une telle politique d'achat, seront sans doute de nature à at- ténuer le mécontentement paysan face aux prix peu élevés, qui seront proposés par l'opération aut te-vallée. Le mécontentement sera encore plus atténué lorsque, tous les produits pourront ëtre achetés par l'état.

CHAPITRE IV

LA MISE EN OEUVRE

LE PROJET DE BARRAGE DE SELINGWE : TRANSFERT DE LA POPULATION

Introduction Dans ce chapitre, notre intention est plutôt de décrire les contraintes que suscitent la construction du barrage de SELINGUE, en raison des transferts des populations et d'es- quisser quelques unes de difficultés majeures auxquelles, elles se sont heurtées. Nos sources de renseignements ont été des enquêtes : - Auprès de la population concernée (certains hommes travaillent sur le chantier du barrage) - Les principaux villages de la zone 1 (KANGARE, KONDJIGUILA) dans la zone II (villages de SODALA, BANMBALA). Ces zones représentant chacune du point de vue humain notam- ment des caractéristiques propres. - Des informations complémentaires acquises en travail- lant auprès des économistes et sociologues étrangers, affec- tés en 1980 sur le site du barrage. La première zone est située dans l'arrondissement de KANGARE, ce qu'on appelle traditionnellement le " BAYA ". Le BAYA est une région peuplée des Malinké, et on y rencon- tre rarement d'autres ethnies. Dans la deuxième zone, située sur le terroir des arron- dissements de , de l'arrondissement central de YANFOLILA (cercle limitrophe avec notre région d'étude) et l'arrondissement de GUELENIKORO. La deuxième zone est tra- ditionnellement appelée le !' OUASSOULOU " peuplée à 80% des peul de OUASSOULOU ( les OUASSOULOU-FULA) . La retenue créée par le barrage, submergera une zone de 41000 hectares environ dont 10% représentent des terres cul- ti-~ées;tnvir2n 30% de la 9opuiation de ces zones vivent de l'açriculture. Si dansla première zone le SAYA, l'homogénéité ethnique est trSs grande, la

HISTORIQUE La construction du barrage de SELINGUE dans la Républi- que du Mali, jouit depuis longtemps de la réputation fort enviable d'être l'un des rares projets après celui de MARKA- LA (Office du Niger) de grande envergure qui soit suscepti- ble da réussir. Le gouvernement du Mali dans le souci de remédier aux déséquilibres tenant à une balance commerciale en produit alimentaire déficitaire, a donc opté la mise en route rapi- de de la construction du barrage sur le SANKARINI, suscep- tible de conduire les paysans à un développement agricole à court terme. Datant de la colonisation, ce projet de développement agricole a été repris par le gouvernement Malien (socialis- te), puis inscrit en priorité par le gouvernement militaire (au pouvoir depuis le 19 novembre 1968) . Le site de SELINGUE, après une étude préliminaire, a été retenu en raison de caractéristique géologique et topo- graphique. Une étude de faisabilité avait été effectuée par CARLO LOTTI et Cie, sous les auspices des Nations Unies, et le rapport remis à cet effet en février 1973, justifiait l'in- térêt porté par le gouvernement Malien au site de SELINGUE, cette étude financée : - Fond Européen Ee développement (F.E.D.) - Fond d'ùiie de ccopération ds 12 ?épcbliqxe Françai- se, la République Italienne

La -r&sence étuae se ?repose 5e ïiunir les sonnées ethniques, relatives au barrage de SELINGUE, et ouvrages annexes, d'en chiffrer les coûts, et de faire ressortir les avantages que la République du Mali tirerait du barrage en matière énergique et agricole. Misa part la production de l'énergie, la construction du barrage permettra :

- de développer certaines zones déjà mises en culture - mettre en valeur de nouvelles zones agricoles irri- gables près des villages existants, de manière à trouver la main d'oeuvre, sans avoir recours à des déplacements des populations localisées en aval du barrage. Au total, une superficie de 55400 ha sera mise en va- leur, pour une part de nouvelle irrigation et pour le reste, par l'amélioration des irrigations existantes.

DONNEES TECHNIQUES ET DESCRIPTION DES OUVRAGES

Données hydrologiques

Le barrage de SELINGUE sera construit sur la rivière de SAKARANI qui est un affluent rive droite du Haut-Niger. Le point de confluent des deux rivières, se fait a environ 40 km en amont de BAMAKO, le site du barrage est situé a environ 60 km du point de confluence. La rivière de SANKARANI, à un bassin versant de 35500 km2, et son cours s'étire sur une longueur d'environ 670 km. A SELINGUE, site choisi pour le barrage, les caracté- ristiques de la rivière SANKARANI, sont les suivantes : - bassin versant 34200 km - pluie moyenne annuelle 1630 mm concentrée sur une période s'étendant de juin à octobre - débit moyen 373 m3 S-1 6 3 - volume annuel moyen des apports 11760 X 10 rn - crue considérée dans le projet pour les dimensions des ouvrages évacuateurs des crues 3500 m3

Topographique

Le SANKARANI coule dans une plaine alluviale d'environ 2 km de largeur, située à une altitude de 336 à 338 mètres. La retenue est limitée par un plateau et de petites colli- nes, constitués par des matériaux latéritiques, leur alti- tide varie de 430 rn en rive gauche à 350 mètres en rive droite. LES DIFFERENTS PERIMETRES RETENUS POUR LA HAUTE-VALLE

Dans la Haute-Vallée, le SANKARANI et le NIGER ont des vallées assez étroites, un lit majeur bien délimité et assez encaissé. Les plaines alluviales sont assez réduites et se déve- loppent surtout à la confluence du fleuve avec ses affluents généralenient des marigots non permanents (MADINA, BANKOUMA- NA, BANANKORO etc). Ces plaines sont généralement peu nom- breuses à faible surface, et souvent très occupées en cul- ture. Leur irrigation en contre saison, n'est possible que par pompage dans le fleuve. Les zones irrigables ont déjà été l'objet d'aménage- ment pour des irrigations par les affluents du fleuve en saison de pluies. Dans la région, mis a part l'aval du barrage, on ne peut prévoir l'utilisation de l'eau de la retenue que par pompage. Comme celui-ci est coûteux, les périmètres irri- gués sont réservés à la canne à sucre, au tabac, au thé et aux productions horticoles. Il est prévu :

- L'irrigation par gravité de 1500 ha à l'aval du bar- rage pour dédommage-r les paysans privés de leur terre par la mise en eau du barrage. Ce site est le seul qui soit ir- rigable, grâce a une prise dans le corps du barrage. Notons que l'eau utilisée pour l'irrigation en saison sèche, sera prélevée sur la réserve, au détriment des eaux turbinées.

- Par pompage : irrigation du périmètre sucrier de BANKObTMANA irrigation du périmètre italien irrigation de périmètres divers

Périmètre en aval immédiat du barrage

Comme indiqué plus haut, on prévoit l'aménagement d'une superficie de 1500 ha. Ce périmètre présente des terres à vocation rizicole: en période de croisière, la production du riz qui est la spéculation majeure sera de 900 ha avec une double culture. Il existe aussi, un bourrelet de 300 ha sur lequel on prévoit de pratiquer la théiculture. La Sour- ce d'eau serait la retenue, par une prise spéciale dans le corps du barrage. On prévoit également entre temps, l'irri- gation par pomFaue d'un périmètre expérimental de 150 ha. Gans le caare de 1 ' aménagement rizicole, la population avoisinante, y compris celle à déplacer, il est prévu la distribution de 40 zres par actif, en tenant com~tede la composition des famiiles, pcur qu'il y ai= le msximum de bénéficiaires, et que la culture puisse être réellement in- tensive. Le périmètre de BANKOUMANA

Situé entre MEDINA a l'ouest, et KRINA a l'est, la majeure partie est occupée par le riz. On prévoit l'instal- lation d'un bloc industriel de 3500 ha, tout en envisageant une augmentation de cette surface dans les années à venir. Pour les travaux et les investissements de la canne à sucre, on prévoit la réalisation du périmètre dans la plai- ne de la rivière grande Koba, 1'irrigation par pompage sera retenue. Pour le riz, on remettra d'abord en état les an- ciens casiers existants (700 ha), après cela, il sera réa- lisé un barrage régulateur sur la petite Koba qui permettra d'irriguer 900 ha supplémentaires. Pour la culture des légumes, on continuera à dévelop- per les petits périmètres irrigués par pompage, sur le bour- relet de berge du petit Koba et du Niger.

Le périmètre italien

Il s'agit d'un projet d'un bloc de cultures maraicnè- res (tomates, poivrons) en cours d'étude par un groupe ita- lien. La situation du projet n'est pas encore précisée, mais elle se trouverait non loin de BANKOUMANA. La culture qui est actuellement extensible et bien connue de la population, pourrait devenir intensive, si des facilités d'irrigation leurs étaient offertes, et si des débouchés sûrs étaient garantis. Partant sur 500 ha, la culture des tomates entrera dans une rotation triennale, NIEBE (en saison sèche avec irrigation) et culture tradionnelle du sorgho en saison de pluie, et profitant de l'arrière saison, faire des cultures de tomates (en culture irriguée). L'intérêt de cette légurnineuse est démontré actuelle- ment à BAGUINEDA. Elle pourra dans l'avenir être remplacée par le soja qui présente les intérêts suivants : - ~méliorationou rendement du sol par restitution d'éléments nutritifs - Graines riches en protéïne pour l'alimentation humai- ne et animale - Possibilité d'exportation vers les pays côtiers et les marchés internationaux Les périmètres divers liés au barrage

En dehors des périmètres bien localisés, il existe en Haute-Vallée du Niger, des surfaces ayant des potentialités de mise en valeur avec irrigation par pompage : par exemple dans la plaine de SAMANKO, on estime que 1500 ha pourront faire l'objet d'aménagement de petits périmètres, avec le choix de certaines spéculations, répondant aux besoins ac- tuels; s ' il est possible d'aménager d'autres plus intéres- sants, on doit modifier l'attribution arbitraire des sur- faces de certaines cultures. On prévoi l'établissement entre 1975 et 1989, d'une mise en valeur de 100 ha par an, les cultures envisagées sont :

Bananeh : l'approvisionnement du marché de BAMAKO, se fait en partie par SIKASSO, pour les paysans voisins (Côte d'Ivoire, Guinée et Haute-Volta). Les qualités sont irré- gulières et médiocres (provenances diverses et durée de transport) . Un excellent réservoir d'expérimentation, est obtenu par le C.N.R.F. (Centre National de Recherche Fruitière) à la sortie de BAMAKO avec irrigation (variété grande naine, américaine et autres). On pense introduire cette culture sur 300 ha à raison de 50 ha tous les deux ans de 1976 à 1986 : ce qui donnera une production de 250 tonnes en 1976 contre 5000 tonnes en 1986. Signalons cependant, que le marché local est à même d ' aborder ces productions.

La diversification est possible, mais toujours à une échelle réduite, avec un pourcentage d'incertitude. Les mangues font l'objet d'une exportation croissante, du fait de la présence de nombreux vergers : cependant, on peut introduire les variétés hatives et tardives, pour échelon- ner la production dans le temps. Ce qui permettrait d'aug- menter les exportations. On peut conclure, que la construction du barrage de SELINGUE, permettra l'aménagement hydro-agricole d'une su- perf icie importante. Le débit régularisé du fleuve Niger et de la rivière SANKARANI, permettra 1'eau disponible pour les actions jus- qu'ici entreprises, et d'élargir les possibilités d'utili- sation des eaux tout en agrandissant' les superficies irri- guées; et d'autre part, permettra le déplacement de quelques villages.

TRANSFERT DES POPULATIONS

LES PROBLEMES LIES AU DEPLACEMENT Introduction L'inondation de leur terroir, et la disparition de leur village et de tout ce qui l'y rattache, souvenir, cro- yance et relique, ne devraient pas être pour les 607 famil- les installées dans la retenue, une tragédie. Et c'est bien ainsi, que les habitants de la zone qui sera inondée l'entendent : obligés dans l'intérêt national de tout abandonner : terres, habitations, lieux de cultes et vergers, pour aller s'installer ailleurs, c'est avec résignation qu'ils envisagent le déplacement. Mais bon nom- bre d'entre eux attendent de ce déplacement un meilleur bien être : le barrage doit leur permettre d'accéder à l'ère moderne, et d'avoir des terres irriguées sur lesquel- les ils pourront faire de la riziculture; des infrastruc- tures sociales dans lesquelles ils pourront se soigner, et instruire leurs enfants; d'avoir des magasins ou des coopé- ratives où ils pourront se ravitailler en denrées de pre- mières nécessité. Le barrage, c'est également ce qui doit leur permettre de sortir de leur enclavement et de leur isolement. Une information et une vulgarisation appropriées doit pouvoir permettre de faire partager cette conviction à l'ensemble des paysans de la zone concernée. Le barrage c'est la chance de notre vie a déclaré l'un d'entre eux, résumant ainsi le point de vue de la grande majoriti de ses concitoyens. Cet optimisme, cet espoir de voir la constrnction du barrage sur leur territoire, leur apporter de meilleure condition de vie est d'autant plus grand qu'on se rapproche de SELINGUE, site du barrage. Ce- ~endant,cet opcinisrne s15vsncuirait, si des solutions aee- quates n'étaient pas trouvées aux quatre probiimes f~nda- entaüx que ?ose le déplacement des populations installées dans la retenue : - le problème des terres - l'indemnisation des vergers inondés - la reconstruction des habitations - la création d'infrastructures sociales

Le problème des terres

La terre, comme nous l'avons déjà souligné, est le principal instrument de production des populations qui vont se déplacer. A BANMBALLA, village dont les riches terres à tabac vont être inondées, un habitant nous a déclaré " si vous ne faites pas en sorte que nous ayons de nouvelles terres quand les nôtres seront inondées, vous nous mettez dans l'impossibilité de subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles ". Aussi dans le choix des sites de réinstallation, une attention particulière devra être protée au problème des terres. Nous pensons que les sites choisis pour le recase- ment des populations de l'arrondissement de KALUGARE qui se déplaçait en 1980, sont de ce point de vue satisfaisants : aussi bien de YANLANKALA (sur la rive gauche), que du deu- xième site sur la rive droite, les populations déplacées pourront continuer à exploiter leurs terres situées en de- hors de la retenue, et sur lesquelles elles ont déjà des hameaux de culture. L'aménagement de la nouvelle route sur la rive gauche, rendra ces hameaux plus accessibles qu'ils ne le sont actuellement. Par ailleurs, l'éménagement d'un périmètre irrigué en aval, permettra à ces populations de reprendre la riziculture qui avait notablement régressé avec la sècheresse de ces dernières années. Cela suppose, bien entendu, que le perimetre irrigué soit réservé en priorité aux populations déplacées, et aux habitants des villages riverains (SELENKENYI, DALADALA, SANANKORONI. Rappelons que les habitants des villages de KANGARE, KONDJIGUILA, BAYA-SIEKOROLE et BINKO, ont manifes- te lors de notre étude, un vif intérêt pour le périmètre irrigué, et que le désir de reprendre la riziculture dans de meilleures conditicns est une des raisons pour lesquel- les, ils veulent reconstruire leurs villages dans la zone du barrage. Si le problème des terres semble ainsi résolu en ce qui concerne les populations qui doivent se déplacer en 1980, les habitants des villages qui seront inondés en 1981 ne pourront retrouver des terres identiques à celles qu'ils vont serdre; que s'il est procédé à l'aménagement de péri- mètres hydro-agricoles, en amont également. Ceci est notam- nent vrai en ce qui concerne les villages de 1s rive gau- che : ZtlMBALLA, F.4RABA et leurs hameaux. Une solution complémentaire à l'aménagement des péri- mètres irrigués en amont, peut consister en l'introduction de cultures de décrue sur les rives du lac artificiel. Dans l'arrondissement de KANGARE (et les trois autres), le déplacement pourrait être et doit être l'occasion d'une amélioration des méthodes culturales. Dans cette ordre d'i- dées, il serait souhaitable qu'un encadrement soit mis en place, dès l'installation des habitants sur leurs nouveaux sites. Le déplacement pourrait être également l'occasion de développer les cultures maraichères dans la zone : la route de BAMAKO - SELINGUE d'une part, et la nouvelle route rive gauche d'autre part, permettront l'évacuation rapide de la production sur la capitale. Cet essor des cultures marai- chères ne pourra se réaliser, que s'il est possible d'avoir de l'eau en abondance sur les nouveaux sites, pendant la saison sèche. Dans le cadre de l'amélioration des revenus ruraux et de la situation nutritionnelle, l'aviculture, déjà impor- tante dans la zone, pourra ëtre développée. Ce développement suppose la mise en place d'un encadrement minimum de la zone par des agents du service d'élevage.

L' indemnisation des vergers inondés

Compte tenu de la place que l'arboriculture occupe dans l'économie de la zonelet dans les revenus de nombreuses familles, il est essentiel que le problème d'indemnisation des arbres fruitiers perdus, soit traite avec la plus gran- de attention. Ne pas indemniser les familles qui tirent l'essentiel de leurs revenus monétaires de l'arboriculture, ne pas les aider à reconstruire de nouveaux vergers; c'est les vouer à la misère. Un verger de plusieurs centaines d'arbres, est l'oeuvre de toute une vie, et si du jour au lendemain il disparait, c'est l'écroulement total, c'est ce qu'un habitant de FARABA a exprimé dans des termes poignants: " votre barrage, nos enfants ou nos petits enfants en béné- ficieront peut-être, quand à nous, vous nous faites quitter l'ombre de nos arbres, pour nous mettre au soleil ". Aussi on peut comprendre aisément, qu'au fur et à mesure que l'on remonte vers le sud, en amont, et que la densité des arbres fruitiers augmente l'inquiétude des populations face aux conséquences de la montée des eaux, croit et leur attente devient plus anxieuse. Cette inquiétude et cette peur de l'avenir, sour des personnes qui vivent essentiellement de ce que leur rapportent leurs mangues, ou agrumes, seront pleinement justifiées si parallèlement à une action tendant à recréer de nouveaux vergers, il n'est pas prévu une indem- nisation permettant de compenser le manque à gagner, en at- tendant que les nouvelles plantations commencent à produire. Rappelons que dans la zone, un oranger ne comence 2. produi- re qu'au bout de 5 à 7 ans. De nouvelles techniques, notam- ment l'arrosage des arbr~szendant la saison sèche, devraient permettre 2e rSculre ce àélai. La reconstruction des habitations

La mise en valeur du barrage de selingué provoquera le dé- guerpissement de 607 familles (source Bureau du Comité National de Barrage de selingué-~amako)..Ces constructions sont le plus souvent des cases rondes avec des murs en banco et un toit fait de paille et de bambou. A côté de ces cases au toit de chaume qui peuvent servir les usages domestiques, on remarque, dans certains villages, quelques constructions rectangulaires. A ces deux types de constructions, il faut ajouter les greniers et les poulaillers qui ont des factures particulières. La construction d'une case ronde d'habitation coûte entre 20000 et 40000 francs maliens, selon le diamètre. En prenant un prix moyen de 30000 francs maliens par case, la perte subie par les .populations du fait de l'inondation de leurs villages serait de l'ordre de 375.000000 = 12.500 x 30.000. Rappelons que, des trois formules d'indemnisation qui avaient été proposées aux populations au cours des enquêtes socio-économiques, celle qui avait réuni le plus de suffra- ges était la solution qui consistait à faire construire, par l'administration, des habitations de type amélioré. La quasi-totalité des personnes qui se sont prononcées en fa- veur de cette solution,de préférence à une indemnisation forfaitaire, avait déclaré, par ailleurs, accepter de con- tribuer aux frais de la construction de ces habitats de type amélioré. C'est dire combien les populations attendent du dépla- cement une amélioration de leur condition de logement. Tou- tes les personnes interrogées aspirent à avoir des habita- tions identiques à celles qui existent dans les banlieues populaires des grands centres urbains : des maisons rectan- gulaires de plusieurs pièces, avec des murs de parpaings et un toit en tôle ondulée. C'est déjà vers ce style qu'évo- luent les habitations des familles les plus aisées dans les villages, même si les murs sont toujours en banco et le toit encore souvent en chaume. Que ces maisons soient beaucoup moins confortables, no- tamment du point de vue de l'isolement thermique que les cases rondes en banco, et que l'on ne puisse pas y jouir de la même liberté et de la même intimité que cellequ'offrent des pièces séparées et indépendantes, leur importe peu : ce qui compte pour eux, c'est de ne plus ëtre astreints aux travaux annuels d'entretien, c'est de ne plus crsindre les incendies : c'est, en un mot, avoir quelque chose de défi- nitif, Ce qui leur importe c'est également et tout simplement "avoir eux aussi ce que les gens de la ville ont". Il serait hautement souhaitable au'une campagne de dis- cussion et d'explication soit menée avant le début de la construction des villages afin d'amener les populations à voir le problème de logement sous un nouveau jour afin de modérer leur niveau d'aspiration en la matière. Cela étant, ie dé2lacement devrait, cependant, être l'occasion de réa- liser un minimum d'améliorations en matière d'habitat. S'il est souhaitable de conserver la case ronde tradi- tionnelle typique des village Malinké, celle-ci devrait pou- voir subir quelques améliorations : le crépissage extérieur des murs avec du banco stabilisé qui adhère parfaitement bien aux briques d'argile, la peinture de l'intérieur avec la chaux, le dallage du sol avec des carreaux de terre cui- te, l'aménagement de l'ouverture pour assurer une meilleure aération, etc. ; ce sont là autant d'améliorations qui, sans être trop onéreuses, peuvent rendre les cases rondes plus salubres, plus agréables à habiter et d ' entretien beaucoup moins pénible. De même, la conception de toilette et de WC devra être totalement revue pour des raisons hygiéniques ; l'aménage- ment de puits perdus dans chaque concession pourra contri- buer grandement a la salubrité des nouveaux villages. Quel que soit le type d'habitat adopté en dernière analyse, s'il est souhaitable de faire participer pleinement les popula- tions à la construction de leur habitation, il faudrait pré- voir une aide en main d'oeuvre pour les familles les plus démunies et disposant de peu de bras valides.

Les infrastructures sociales Une des raisons pour lesquelles les gopulations qui doivent se déplacer ont demandé de venir s'installer dans la zone du barrage, est de bénéficier d'un certain nombre d'infrastructures sociales dont elles ne disposent pas ac- tuellement. Les infrastructures sociales que les populations consi- dèrent comme prioritaire, sont l'école fondamentale a cycle complet (neuf classes), le dispensaire et la maternité. A celles-ci on peut ajouter, toujours en partant des souhaits exprimés par les populations, un magasin de distribution des denrées de première nécessité. Ce magasin pourrait être aus- si bien une succursale de la SOMIEX qu'un magasin coopératif bien achalandé. Le regroupement des villages doit permettre de trouver une solution a ce problème des infrastructures sociales : en effet, si compte tenu des possibilités actuelles du Days on ne peut doter chaque village d'un dispensaire ou d'une maternité, il serait impensable de ne pas en créer dans des agglomérations de 3000 à 4000 habitants, comme celles qui vont être créées de partet d'autre du barrage et en amont pour la réinstallation Ces populations. Les infrastructures pourraient être implantées dans des viliages non concernés Sirsctement par le aépiacement 3e po- pulation, pourvu que, par leur situation géographique, les installations 2ui y seront créées puissent desservir un ma- xinum 2'aqglûmérationç ie 1s rigion. C'est ainsi que SAMBALLA et FA4RABA, une fois rscor?str?~its>lus haut, pourraient parta- ger avec FINGUANA qui n'est pas situé dans la retenue, les mêmes infrastructures sociales. Réalisation du déplacement

Faire en sorte que les populations retrouvent les ter- res identiques à celles qu'elles vont perdre, indemniser d'une manière équitable les personnes qui vont perdre des vergers dont elles tirent l'essentiel de leurs revenus, trouver une solution correcte à la construction des habita- tions et doter les nouveaux villages d'un minimum d'infra- structures sociales, sont les conditions à réunir pour réus- sir le déplacement des populations. Sur le plan humain, le déplacement devra se faire de rnanière à ne pas bouleverserles structures sociales et l'or- ganisation familiale existantes. Que ces structures soient appelées à évoluer que sous l'influence des changements qui apparaissent dans les méthodes et les rapports de produc- tion,que la famille étendue traditionnelle cède peu a peu le pas à la famille restreinte et que les activités de pro- duction communautaires deviennent de plus en plus indivi- duelles, cela ne fait aucun doute. Cependant, ces déplacements, ces mutations, ne doivent nullement être provoqués artificiellement, à l'occasion du déplacement, mais résulter de la dynamique même du dévelop- pement de la société toute entière. Le déplacement d'une population de 12494 habitations disséminées sur une superficie de 41.000 ha et réparties entre 30 villages et hameaux, ne peut être mené a bonne fin et sans traumatisme si un maximum de moyens n'est pas mis en oeuvre. AU-delà des moyens matériels et financiersqui seront mis en oeuvre, la réussite ou l'échec du déplacement et le sort des populations déplacées au cours des prochaines an- nées, dépendront, pour une large part, de la compréhension, du tact, du sens des responsabilités et de l'honnêteté mo- rale et intellectuelle de ceux qui seront chargés de le réaliser. C'est la raison pour laquelle il est nécessaire de met- tre en place, dans les meilleurs délais, une équipe chargée de la réalisation du déplacement. La composition de cette équipe, les responsabilités et les prérogatives de chacun de ses membres devront être l'ob- jet de la plus grande attention des autorités du pays : c'est à la demande et au nom de ces autorités que les popu- lations vont se déplacer et se sont ces autorités qui sont,. en dernière analyse, responsables de leur sort. C'est le sentiment profond des populations enquêtées qui, sur de nom- breux problèmes, déclarent spontanément et avec la pius grande sérénité, s'en remettre aux autorités. Cette sérénité traduit la confiance qu'elles placent dans les autorités responsables du pays pour résoudre,au mieux, les problèmes du déplacement. LES AVIS ET LES POIYTS DE VUE DES PAYSANS

Cette étude a porté essentiellement sur les questions suivantes qui feront l'objet d'une analyse ci-dessous. Les avis et les points de vue que nous allons exposer sur cha- cun de ces problèmes sont ceux que l'on peut dégager d'une part des reponses au questionnaire que chauue chef de con- cession a passé individuellement, et d'autre part de la syn- thèse des entretiens collectifs que nous avons eux avec les notables de différents villages et des opinions exprimées au cours des assemblées générales que nous avons pu tenir à KANGARE et BINKO, et d'autres points de vue recueillis dans l'arrondissement de SIEKOROLE bien que ce dernier n'intéres- se pas notre zone d'étude.

QUELQUES PRINCIPAUX ARRONDISSEMENTS

Le site du nouveau village

Dans tous les villages, la très grande majorité des habitants refuse d'exprimer, dans leurs réponses aux ques- tionnaires individuels, tout avis sur le problème de savoir sur quel site leur village pourrait être reconstruit. Pour la majorité des personnes interrogées, un problème comme celui de savoir sur quel site le village pourrait être re- construit relève de la compétence des autorités adminis- tratives et non des souhaits et désirs personnels. Aussi, les personnes interrogées s'en remettent-elles généralement au Gouvernement pour leur trouver le site le plus convenable : "Le Gouvernement sait mieux que nous ce qui nous convient" est une réponse qui revient souvent dans les questionnaires individuels. Une telle réponse montre combien les populations font confiance aux pouvoirs publics pour résoudre les problèmes du déplacement au mieux de leurs intérêts. Elle peut s'in- terprêter également comme la volonté de mettre ces mêmes pouvoirs publics devant leurs responsabilités. C'est ce que certains habitants sxpriment d'une manière très explicable en déclarant : "c'est le Gouvernement qui nous fait partir, c'est donc à lui de nous trouver un site convenable pour rebatir notre village". Au cours des entretiens collectifs, nous insistons pour que les habitants nous fassent tout de même part de leur sropre point de vue, compte tenu de la connaissance qu'ils ont de leur terroir et des affinités qu'ils peuvent avoir avec les ~opulationsqui rSsïdent dans telle où telie région, çeneral~mentils nous Zemanaent un to,?ips 6e réflexion, le temps ae se consulter entrî eux. Les choix que nous allons exposer sont ceux émis après de larges consultations et discussions dans chacun des vil- lages concernés. KANGARE : deux sites ont été successivement indiqués par les habitants de KANGARE, comme susceptibles de devenir le nouvel emplacement de leur village : NIELENINA et la zone située imédiatement au nord du " village SATOM " a l'entrée de la cité du chantier, cette zone se trouve ap- proximativement à l'ouest d'une ligne joignant DALABALA a SANANKORONI. Le choix de NIELENINA, est surtout le fait des anciens du village. A leurs yeux, ce site présenterait l'avantage d'être proche du village actuel, donc de limiter le dépla- cement : d'être situé sur des terres qui leur appartiennent ilsn'y seront 'pas des étrangers, car a NIELENINA, ils seront chez eux, tout comme a KANGARE; enfin et peut-être surtout parce que NIELENINA est leur berceau. C'est de NIELENINA que sont partiesles populations qui fondèrent les 12 vil- lages du BAYA. S'installer a NIELENINA, c'est en quelque sorte pour eux ni plus ni moins un retour a la source. Par contre, le choix de la zone aval est le fait des Sléments les plus actifs du village : le barrage est la chance de notre vie; nous ne voulons pas la laisser échap- per en restant en amont déclarent-ils en substance. Le dé- guerpissement leur apparait comme la possibilité d'accéder a l'ère moderne et de bénéficier des infrastructures d'une grande agglomération école, à cycle complet, dispensaire, maternité et bureau de poste. Par ailleurs, ils entendent participer à la mise en valeur du périmètre amenagé en aval du barrage, le site sur lequel les habitants de KANGARE, souhaiteraient s'ins- taller, a étS visité par plusieurs experts, qui ont émis des réserves sur la qualité des terres de la zone. A cela, les habitants de KANGARE font remarquer, qu'ils peuvent toujours continuer a exploiter leurs champs de NIELENINA, qui sont distants de moins de 10 km, et où il pourront éventuellement, établir des campements de culture pendant la saison des pluies. Par ailleurs, les habitants de KANGARE, n'écartent pas la possibilité d'une reconversion totale, grâce au pé- rimètre aménagé en aval, de toutes leurs activités de pro- duction, en ne faisant plus que de la riziculture. C'est ainsi, qu'ils nous ont fait remarquer, qu'avant la séche- resse des années 1972/1975, de nombreuses familles vivaient exclusivement de la riziculture. Enfin, en voulant s'installer aux portes de la cité du chantier, les habitants de KANGARE, entendent continuer a résider dans le chef lieu d'arrondissement : selon cer- taines rumeurs, c'est a SELINGUE que déménageront les au- torités administratives a la fin des travaux du barrage. " KANGARE ", a toujours été un village de commandement (FAMA-DOUGOU? et nous entendons le rester: si SELINGUE doit devenir le nouveau chef lieu d'arrondisçenent, nous voudrions pouvoir y déménager éçalement ". KONDJIGUlLA : les habitants de ce village ont désigné YALANKALA comme pouvant servir de site a la reconstruction du village. On peut noter que ce choix s'appuie essentiel- lement sur des divers arguments d'ordre économique, social et culturel : en créant leur nouveau village sur des terres qui leur appartiennent, ils ne deviendront pas des étran- gers, au milieu d'autres populations. Par ailleurs, le village conserverait son identité, et continuerait d'avoir son propre chef, ce qui ne serait pas nécessairement le cas s'ils devaient aller s'installer dans un autre village de la région. Le choix de YANLANKA, qui est essentiellement celui' des notables du village, est loin de faire l'unanimité. Dans les entretiens individuels avec les habitants, les éléments les plus actifs du village, nous ont manifesté avec insistance leur désir d'aller s'installer à DALABA après la mise en eau du barrage. Tout comme les habitants de KANGARE, ils tiennent a bénéficier des retombées écono- miques du barrage et à bénéficier de ce que peut offrir une grande agglomération. " Si vous décidez de reconstruire le village a YALANKA- LA, comme le demandent nos anciens, vous créerez un village fantôme, car les gens n'y resteront pas " nous ont déclaré ces éléments actifs. C'est ainsi que de nombreux habitants de KONDJIGUILA possèdent déjà des concessions a DALABA, dans un quartier qui leur est réservé. Cette émigration sauvage risque de s'étendre dans les mois à venir. Il faut remarquer que de tous les villages de la ré- gion, a l'exception bien entendu de DALABA; KONDJIGUILA est sans doute un des villages qui vit le plus déjà dans la mouvance du chantier.

BlNKO : les habitants ont massivement manifesté leur volonté d'aller s'installer en aval du barrage; ils nous ont fait comprendre, en déclarant au cours des enquêtes individuelles, qu'ils iraient où le gouvernement les enver- rait, c'était en pensant que le gouvernement avait effec- tivement l'intention de les réinstaller dans la zone aval, où ils savaient que des aménagements étaient en cours pour accueillir les populations déplacées. En faveur de leur choix, ils énoncent les arguments suivants : - Nulle part ailleurs qu'en aval du barrage ils n'au- ront des terres aussi fertiles que celles qu'ils vont per- dre du fait de l'inondation : leur arrière pays est cons- titué essentiellement de " FOUGA ", c'est-à-dire de terres latéritiques. - Aller dans la zone du barrage, leur permettrait de constituer avec les habitants d'autres -~illages,une con- rsntration huma~?e suffisamment importante. Rester isolés, c'est rester en narge au progrès. - Enfin, ils tiennent a profiter des possibilités ri- zicoles du périmètre irrigué qui sera aménagé en aval du barrage. Cependant, quelques personnes âgées ont manifesté des réserves sur une reconstruction du village en aval. L'un d'entre eux, a tenu a attirer l'attention de ses concito- yens :

Su& Les inconvénien-ts qu'il peut y avoir à s'éloigner du terroir ancestral, et les difficultés à s'adapter dans un nouvel environnement physique et humain.

Su& Les diddicul-tés qu'ils pourraient avoir en aval, pour trouver des terres pour les cultures sèches (mil, sorgho, arachide), en supposant que le problème des cultu- res inondées soit résolu par les périmètres irrigués. Ce petit goupe, hostile à une réinstallation loin du terroir ancestral, pense que le village de BINKO pourrait être reconstruit soit a FOLONMBA, soit a proximité de DILIGBE hameau où sont déjà installées quelques famille du village.

DALABA : par une lettre en date du 7.2.1979 au chef d'arrondissement, les habitants de DALABA, ont demandé que leur village soit transféré a SELINGUE, ou devrait être reconstruit croient-ils savoir, le village de KANGARE. Cette demande de transfert est antérieure aux études topographiques et au moment où elle a été formulée, le déguerpissement de DALABA, n'était qu'une hypothèse dont les habitants n'avaient pas encore connaissance. c'est-a- dire, que leur désir d'aller s'installer a SELINGUE n'est pas lié à la situation de leur village, par rapport au fu- tur lac, mais est motivé par leur volonté de ne plus rester a leur emplacement actuel, quand KANGARE qui est le village le plus proche d'eux aura déménagé. Le choix du site de SELINGUE, est amplement confirmé par l'enquête individuel- le : la quasi totalité des chefs de concession interrogé, ont indiqué DALABA ou SELINGUE comme étant le site sur le- quel ils souhaiteraient reconstruire leur village. Cette volonté des habitants de DALABA, de suivre KANGARE dans son déménagement, même au cas où leur village ne serait pas inondé, s'expliquerait essentiellement par leur crainte de se trouver isolés,après le départ de leurs voisins de KANGARE : non seulement leur village se trouve- rait enclavé entre les deux lacs (celui sur le SANKARANI, et celui sur le OUASSOULOU-BALE); mals du point de vue hu- main Sqalsment, ils forment le seul village MalinkG dans une région dominée par les Peul du OUASSOULOU. Le regroupement de village Comme déjà signalé précédemment, le BAYA est habité presque exclusivement de Malinké : Ce n'est qu'à DALABA que l'on rencontre quelques famille Peul. D'autre part, tous les habitants du BAYA, ne forment que trois grands clans : les Dounbia à KANGARE a KONGJIGUILA, DALABA et à BAYA-SIEKOROLE, les ~raoréà BINKO. Cette appartenance à une même ethnie, souvent au même clan, explique pourquoi la grande majorité des habitants n'est pas opposée à l'idée de regroupement de plusieurs villages : il n'est déjà pas rare de voir des familles ori- ginaires de village différent, cohabiter dans le même ha- meau. La seule réserve émise par la plupart des habitants, est qu'ils ne souhaiteraient pas être regroupés avec les Peul du OUASSOULOU, qui d'après eux, ont des moeurs et une mentalité différents des leurs-Par ailleurs, si la grande majorité des personnes est favorable à un regroupement de plusieurs villages, afin de pouvoir bénéficier de certaines infrastructures, dont la création ne se justifie que lors- qu'il y a une grande concentration humaine. Nombre d'entre eux ont manifesté le souci de voir leur village conserver son idendité, continuer à avoir un chef et des conseillers comme par le passé, et surtout ne souhaiteraient pas voir son nom disparaître.

Le type d'habitation souhaité dans les nouveaux villages Si tous les habitants ont indique qu'ils souhaiteraient avoir dans leur nouveau village des habitations améliorées par rapport à celles dont ils disposent actuellement, ils fournissent cependant, peu d'indication sur l'amélioration souhaitée. Un certain nombre d'habitants ont émis le voeu de ne plus avoir à habiter dans des cases rondes, mais dans des maisons rectangulaires, comportant plusieurs pièces; d'au- tres souhaiteraient avoir des maisons aux toits en tôle à la place du chaume, ou encore, des maisons en matériaux " non périsables ", ciment ou pierre. Quelques uns, ceux qui voient dans la construction du barrage, l'occasion d'accéder à l'ère moderne, espèrent avoir dans leur nouveau village, l'eaü courante et l'élec- tricits. 11 ressort des eztretiens avec les habitznts des di£- férents villages, qu'un grand nombre d'entre eux, aspirent à avoir des habitations semblables à celles qui existent dans les villes : une cour SVPC tout autgur des misons rectangulaires, comportant aeux ou plusieurs pièces. On peut remarquer que c'est ce genre d'habitations qui appa- rait déjà Sans certains villages, qui, du fait de leur si- tuation le long des grands axes routiers, s'urbanisent ra- pidement. Enfin, on peut noter que le domaine de l'habitat est celui dans lequel les populations qui devront se déplacer, ont le niveau d'aspiration le plus élevé. " Si nous habi- tons dans les paillottes, c'est parce que nous sommes Pau- vres; si nous en avions les moyens, nous habiterions dans des maisons semblabes à celles qui existent dans les villes" déclarent les habitants.

Forme d'indemnisation des habitations perdues Il a été proposé au chef de concession, le choix entre trois formules différentes, pour reconstruction de leurs habitations dans le nouveau village.

- Fakmule 7 : faire bâtir eux-mêmes leurs habitations avec l'aide et la participation de l'administration (four- niture de matériaux de construction et l'assistance d'un expert en bâtiment).

- Fakmule 17 : faire bâtir des cases améliorées par l'administration avec éventuellement, leur participation financière.

- Fokmule 711 : recevoir une indemnisation forfaitaire. Les réponses entre ces trois formules d'indemnisation sont données ci-après, (voir tableau page suivante). La grande majorité (65%) des chefs de concession se prononce en faveur de la deuxième formule,celle qui consis- te a faire bâtir par l'administration des cases améliorées. La proportion de ceux qui choisissent cette formule, atteint les 3/4 des personnes interrogées à KANGARE (74%) et KON- DJIGUILA (75%). Ce n'est qu'a DALABA que les 57% de la po- pulation se prononcent pour la formule 1. Parmi les 233 chefs de concession qui se prononcent en faveur de la formule II, 153 (soit 67%) ont déclaré au moment de l'étude qu'ils étaient prêts à participer aux frais de la construction d'habitat du type amélioré. Cette attitude, qu'on serait tenté de qualifier de passive, peut étonner de la part des populations, qui tra- ditionnellement construisent elles-mêmes, le plus souvent sans aucune aide extérieure, leurs cases,. Elle pourrait s'expliquer par le souhait des habitants, d'avoir des habi- tations différentes de celles qu'elles occupent actuelle- ment et, pour la construction desquelles elles sont con- vaincues qu'il faudra mttre en oeuvre des techniques qu'el- les ne maitrisent pas. Formule Form~lle Formule Autres Villayes Total I II III sol utions

BAYA-SIEKOKOLE

BIfJKO Période de déménagement

Il a été demandé aux chefs de concession, d'indiquer quelle est selon eux, la meilleure période pour effectuer le déménagement, aussi bien des personnes que des biens (les troupeaux notamment) et des équipements. Les périodes indiquées vont de novembre à février, en général et sont reprises ci-après

Avant Après Villages Nov. No v. Déc. Jan. Fév. Total Fév.

KANGARE 2 1 2

KONDJIGUILA 1 16 5

DALABA 1 4 4

BAYA-SIEKOROLE 2 8

BINKO 6 8 10 63 7 1

TAGAN 13 15 16 20 4 8

TOTAL

Tableau 28

Sur un total de 217 personnes interrogées sur la ques- tion de savoir quel était le moment le plus proprice au dé- ménagement, 107 soit 49% ont indiqué le mois de janvier. On peut remarquer que quel que soit le village considéré, la majorité des chefs de concession pensent que le mois de janvier est le plus propice au déménagement. Le choix du mois de janvier et accessoirement celui de décembre, rete- nu par 16% des habitants ou encore celui de novembre qui réalise 11%des suffrages, n'est pas le fait du hasard : la période qui va de novembre à janvier est sans aucun dou- te la moins chargée du calendrier agricole : elle se situe entre la fin des récoltes, et le début de la ?réparation des champs pour la nouvelle campagne agricole. LA ZONE II - LES AUTRES ARRONDISSEMENTS

SITE DU NOUVEAU VILLAGE Beaucoup plus que dans la zone 1 arrondissement de KANGARE, les chefs de concession de la deuxième zone ont exprimé leur point de vue propre sur le problème de savoir ou devrait être reconstruit leur village, après la mise en eau du barrage : contrairement à ce que nous avons observé dans la zone 1, c'est seulement environ un tiers, 36% des chefs de concession interrogés qui s'en remettent à l'ad- ministration, pour leur trouver un site convenable pour re- bâtir leur village; tandis que 56% d'entre eux ont indiqué un site pouvant convenir à la reconstruction du village. Dans la tres grande majorité des cas, quel que soit le village ou le hameau considéré, le site indiqué se si- tue aux environs immédiats de l'emplacement actuel du vil- lage : 51% des choix exprimés, portent sur un emplacement situé dans la zone même et seulement 13 chefs de concession (soit 5% des personnes interrogées), ont exprimé le désir d'émigrer en aval du barrage (DALABALA ou SELINGUE). Parmi ces 13 chefs de concession, 9 sont de , 2 a MORIBALA, 1 a FARABA et 1 de BADA. Contrairement à ce que nous avons enregistré dans l'arrondissement de KANGARE dans la seconde zone, le choix d'un site n'a pas été l'objet de concertations entre les habitants dans les différ2nts villages et hameaux. Dans la majorité des cas, chaque chef de concession, a indiqué tres librement, le site qui lui semblait être le meilleur pour la reconstruction du village. C'est ainsi, que dans bien des cas, nous nous trouvons pour un village, en présence de plusieurs propositions. Les propres recueillis, a SODALA, BANMBALA, etc.

Les regroupements souhaités

SOVALA : dans ce village, une large majorité se déga- ge en faveur d'un site : 8 chefs de famille sur 12 ont dé- signé OURONIDA comme pouvant devenir le nouveau village. On peut s'étonner de voir que c'est seulement dans quatre villages parmi les 16, que compte la seconde zone que les habitants sont parvenus à se mettre d'accord sur un site, pour la reconstruction de leur village : dans l'arrondissement de KANGARE, nous nous trouvions presque toujours en présence d'une seule proposition, quelquefois .5eux, Icrsque Its anciens ,2u village et 12s &l&~ents les plus jeunes n'ont sas réussi à se mettre d'accord. On pourrzit être tenté d'expliquer cette différence entre l'zttitude des sopulations de la première zone et celle ce ceux de la seconde, en invoquant un invidualisme et un esprit d'indépendance plus grands,plus marqués chez les Peul de OUASSOULOU, que chez les ~alinkéqui auraient beaucoup plus le sens de communauté, qui seraient beaucoup plus enclins à la concertation, et plus soumis à l'autorité des anciens. Pour appuyer cette hypothèse, nous pouvons rappeler ce que nous disait le chef de village de KONDJIGUILA : " chez nous les Malinké, on ne peut laisser chacun agir à sa gui- se quand un problème se pose, nous nous concertons, et tout le monde doit se conformer à la décision arrêtée; on remar- que donc que c'est le véritable centralisme démocratique. Si une telle hypothèse n'est donc pas à écarter, on peut également penser que le manque de concertation entre les habitants des villages et hameaux de la zone II, pour désigner un site pour la construction de leurs villages, peut tenir compte du fait qu'ils ont été moins sensibilises que les habitants de la zone 1 du problème de déménagement, qu'ils ont beaucoup moins eu l'occasion d'en discuter entre eux.

BANMBALA : le seul village que certains chefs de con- cession ont nominalement désigné comme étant celui avec lequel leur village pourrait être regroupé, est MAKADIANA. Rappelons que BANMBALA et MAKADIANA, se font vis a vis de chaque côté du SANKARANI et que de ce fait, leur regrou- penent suppose que l'un des deux déménage d'une rive sur l'autre : soit que BANMBALA quitte la rive droite pour s'installer avec MAKADIANA un peu plus haut sur la rive gauche, soit au contraire que MAKADIANA déménage sur la rive droite. On peut signaler que BANMBALA fut fondé il y a 80 ans, par des populations qui étaient installées sur la rive gau- che a TYIENDOGO. Aussi, si le principe d'un retour de ces populations sur leur terroir d'origine, n'est pas à écarter à priori, on peut cependant se demander dans quelle mesure il sera possible de trouver sur la rive gauche, un site non seulement capable d'accueillir 1638 personnes (la popula- tion de BANMBALA, plus celle de MAKADIANA), mais surtout autour duquel il y aurait suffisamment des terres pour 69 exploitants (39 pour BANMBALA et 30 pour MAKADIANA) soit 23 personnes par famille. Quant à la deuxième solution, c'est-à-dire regrouper BANMBALA et MAKADIANA sur la rive droite de SANAKARANI, elle nous semble encore plus irréalisable, nous savons déjà qu'il y aura, après la mise en eau du barraçe, très peu de terre disponible sur la rive droite. D'un autre côté, si quelques habitants de BANMBALA souhaitent voir leur village se regrouper avec MAKADIANA, personne dans ce dernier vil- lage n'a émis un voeu semblable : les habitants de MAKADIANA n'envisaçent nullement l'idée de traverser le SANKARANI pour s'installer sur 1s rive droite, en plein says Malinké. Cela étant dit, le regroupement avec MAKADIANA n'est pas la seule éventualité envisagée par les habitants de 3ANMBALA : 31% des chefs de famille souhaitent se regrouper avec n'importe quel village. Cependant, 46% d'entre eux ont tenu à préciser qu'ils ne souhaiteraient pas cohabiter avec les Malinké dans un même village, et 15% etendent cet ostracisme aux Bambara. L'éventualité d'une telle cohabita- tion est d'ailleurs peu propable, étant donné qu'on ne ren- contre de population Bambara que sur la rive gauche.

MA. - TYiENDOGO ex SANYMALE : ces trois villa- ges se trouvent sur la rive gauche du SANKARANI : il y a moins de 3 km entre MAKADIANA et TYIENDOGO et environ 5 km entre celui-ci et SANYIMALE. Malgré ce voisinage, les ha- bitants de ces villages n'ont pas exprime expressément le désir de se regrouper sur un même site : seulement 5 chefs de famille de MAKADIANA (sur un total de 29) ont exprimé le souhait de voir leur village se regrouper avec TYIENDOGO. Mais d'un autre côté, dans chacun des trois villages, les chefs de concession sont unanimes à approuver le principe d'un regroupement de villages : ce n'est qu'à MAKADIAN que quelques chefs de famille se déclarent opposés au regroupe- ment de leur village avec un ou plusieurs autres. Comme dans les autres villages de OUASSOULOU, il y a cependant, quelques réticences devant l'éventualité d'un regroupement avec des villages Malinké. Mais c'est surtout à SANYIMALE que cette réticence s'est manifestée. Plus de la moitié de la population de ce village ne souhaiterait pas que leur village soit regroupé avec des villages Malinké.

POINT DE VUE GENERALE DES POPULATIONS POUR LE REGROUPEPIENT DE VILLAGE

84 % des 232 chefs de concession (LOU) de la zone II acceptent le principe de regroupement de leur village avec un ou plusieurs autres sur le même site; cette proportion des chefs de famille, favorable au regroupement de village, s'élève à 90% dans l'arrondissement de SIEKOROLE et de 84% dans l'arrondissement de GUELENINKORO, et tombe à 56% dans l'arrondissement central de YANFOLILA. On pourrait être tenté de dire que plus on descend vers le sud, moins les habitants sont favorables au prin- cipe de regroupement. Cependant, on peut penser que l'otti- tude adoptée sur cette question, dépend du fait non pas de la situation géographique, mais de l'origine des habitants, des liens de parenté, qu'ils peuvent avoir ou non avec les habitants de KAKADIANA, TYIENDOGO et SANYIMALE, comme nous l'avons déjà signalé, ont des origines communes, sont fa- vorables à 93% au principe du regroupement des villages. De même 12s chefs de famille de BANMBALX, dont 12s habitants sont originaire de KOUANO, comme ceux de TYIEN- DOGO, sont favorables S 90% au regroupement des villages. ?sr contre, les :?abi,tantsde SCDALX, ou 2nccrs ceux du village GOUALAFARA, qui apparaissent du point de vue de leurs origines, comme des ilots au milieu d'autres popu- lations, sont beaucoup plus réticents devant l'évrntualité d'un regroupement de leurs villages avec d'autres. CONCLUS 1 ON Sur le principe du regroupement de village, le point de vue des populations de la seconde zone est sensiblement différent de celui de la première zone. Alors que dans la première zone, non seulement la quasi totalité des chefs de concession y sont favorables, mais, les habitants de plusieurs villages, ont demandé explicite- ment leur fusion avec d'autres, pour former de grandes con- centrations, afin de bénéficier d'infrastructures et d'é- quipement collectif (c'est notamment le cas de Dalaba qui veut être installe sur le même site que KANGARE). Le cas de nombreux habitants de KONDJIGUILA qui veulent émigrer à DALABALA, les cas des habitants de BINKO qui voudraient que leur village soit reconstruit en aval. Par contre dans la seconde zone, le principe du regroupement rencontre des résistances dans de nombreux villages ou hameaux. D'autre part, les populations des deux zones n'ont pas non plus la même attitude quand au problème de savoir avec qui le regroupement est souhaitable et avec qui il risque de poser des difficultés de cohabitation. Dans la première zone, l'idée de cohabitation avec les Peul dans le même village est systématiquement rejetée. Par contre dans la seconde zone en pays Peul, ce n'est qu'une minorité de chef de concession qui rejette l'idée d'une co- habitation avec les Malinké ou des Bambara à peu près 24% des 232 chefs de famille.

TYFE D'HABITATION SOUHAITE DANS LE NOUVEAU VILLAGE

La majorité des chefs de concession de la deuxième zone, souhaite svoir dans les nouveaux villages, des habi- tations identiques à celles dont ils disposent actuelle- ment : c'est le souhait exprimé par 52% d'entre eux, tandis que 48% souhaiteraient avec des habitations de type amélio- ré. Il faut cependant remarquer que dans les villages de BANMBALA, MORIBALA, LEBA et GOUALAFARA, ainsi que dans les hameaux de FARANINA et BANKISI, la majorité des chefs de concession opte pour des habitations de type amélioré. A BANMBALA, le village le plus important de la secon- de zone, le pourcentage de ceux qui souhaiteraient avoir des habitations de type amélioré par rapport à celles qu'ils occupent maintenant, s'élève à 74% (voir le tableau des choix des types d'habitations souhaités de la zone II) . Dans ce tableau, nous relevons une différence importan- te zntre l'attitude des sopulations de la première zone et celle des habitants de la deuxième zone : dans 1 'arrondis- sement de KLVGARE, la très grande majorité des chefs de concession a opté en faveür d'habitatiorsde type amélioré par rapport à celles qu'elles occupent actuellement. - - -. -- - - ~8metype Type amélioré AL101iJi L;S~?IJI~IIt ViIl ages flarneaux TOTAL Nornbre % Nombre % -- - - -.- -- Sit5ko~ole Banlubal a 10 26 2 9 74 3 9 Farani 1 17 5 83 6 Macono 6 75 2 25 8 E'araba 11 5 2 10 4 8 2 1 Makadiana 18 62 11 3 8 29 l'yiendogo 8 100 - - 8 Sanyimalé 6 75 2 25 8 Moribala 10 4 3 13 5 7 23 Siraninkklk 5 83 1 17 6 N 'Golokouna 2 6 7 1 3 3 3 Bada 6 6 7 3 3 3 9 Bankisi - - 2 100 2

Total arrondissement Siekorolé 83 5 1 79 4 9 162

Gou2léninkoro Kéniéba Léba

'I'o t,dl cirroi~dissernent Goueléninkoro 22 5 1 2 1 4 9 43

Sodala Goual afara l'otdl tirro~~dissementcentral de Yanfolila 16 5 9 11 4 1 2 7

Totdl zone 2

Y'czbZeau 29 épar titi on des choix des types d'habitatioris par village et hameau - ZONE II On peut penser que la plus ou moins grande proximité du barrage, 1'attrait qu'il exerce sur les populations qui n'en sont pas très éloignées, et les espoirs que celles-ci placent dans ses retombées économiques pour voir leur sort s'améliorer, permettent d'expliquer cette différence entre l'attitude des habitants de l'arrondissement de KANGARE et celle des habitants des arrondissements plus reculés de SIEKOROLE, GOUELENINKORO ou de 1' arrondissement central de YANFOLILA (tableau répartition des choix des types d 'habi - tations par village et hameau - zone II)

FORMULE D'INDEMNISATION DES HABITATIONS PERDUES Les trois formules furent également proposées aux habitants de la zone II pour indemniser la perte de leur habitation. Dans l'arrondissement de KANGARE, la majorité 65% des chefs de famille ont opté pour la formule 2. Environ un tiers 27% pour la formule 1; la formule 3, par une très faible minorité 3% de chefs de famille. Sur cette question, le point de vue des habitants de la seconde zone est sensiblement différent de celui de l'arrondissement de KANGARE. C'est la formule 1 qui rempor- te l'adhésion de la majorité des chefs de famille : 50% d'entre eux se prononcent en faveur de la formule qui con- siste a bâtir eux-mêmes leur habitation avec l'aide du gouvernement. La formule 3, qui n 'est retenue que par 3% des chefs de concession de 1' arrondissement de KANGARE emporte 1' a- dhésion de 20% des chefs de concession. Tandis que la for- mule qui consiste à se reposer entièrement sur le gouver- nement pour la reconstruction des nouveaux villages, et qui a rallié l'adhésion de 65% des chefs de famille à KANGARE, n'est retenue que par le tiers de ceux de la seconde zone avec 30%.

CONCLUSION

Nous pouvons dire que le projet de création de deux importantes agglomérations de chaque côté du barrage, peut- être considéré comme un projet qui emporte l'assentiment non seulement des populations déplacées, mais également celui des habitants des zones d'accueil. Si le projet pré- sente les avantages que nous avons trss brisvernent énmérés, dont celui surtout de combler les voeux des populations déplacées; il convient de signaler qu'il peut cependant, comporter certains inconvénients qu'il est bon de rappeler ici. La création de nouvelles zones d'accueil pouvant ac- cueillir 3000 a 4000 personnes, peut entrainer, si on ne prend pas garde, de grave perturbation dans la vie sociale et familiale des populations qui jusqu' ici ont tcujours vécu dans des villages de quelques 500 à 1000 habitants; peu ouverts sur le monde extérieur. Pour que de nouveaux villages prennent de l'importan- ce, qu'ils deviennent un pôle d'attraction pour les popu- lations des environs, ils évolueront très rapidement du statut d'agglomération rurale vers celui du centre urbain, avec tout ce que cela implique comme changement dans le style le mode de vie, et dans le comportement des indivi- dus. C'est déjà l'amorce d'un phénomène de ce type que nous observons à DALABALA. Aussi, tout doit être mis en oeuvre pour que les nouveaux villages, même si ils prennent de l'importance, conservent leur caractère rural. C'est une population de ruraux que la construction de barrage va dé- placer, et il est souhaitable que, tout en les amenant à vivre dans un environnement, et dans des conditions nette- ment améliorées, ils conserveront 1'esprit, le comporte- ment et les activités économiques de populations rurales. On peut également craindre que la proximité du barra- ge, la fascination qu'il exerce sur la population, il est le signe et le symbole tangible de la modernisation, d'une part, et le désenclavement de la zone d'autre part, ne conauisent à une augmentation de l'exode rurale. Compte tenu de la pénurie des terres dans les environs immédiats des deux sites retenus (DALABALA et SELENKENYI) , il faut accepter de voir la pratique des hameaux de cultu- re continuer. Il faut se résigner à voir chaque année pen- dant l'hivernage, les villages se vider et des familles entieres émigrer vers des hameaux situés à 5, 10 ou même 20 km d'où les habitants ne viendront au village qu'une fois la semaine, généralement le jour du marché. Cet éloignement d'une grande partie de la population des villages, conduira inévitablement à une sous-exploità- tion de certaines infrastructures sociales (dispensaire, maternité pendant une période de l'année) .

CONCLUS 1 OlV GÉIVÉRALE

Au terme de notre étude, un certain nombre de problèmes se dégagent. Quelques uns relèvent du déséquilibre des so- ciétés villageoises, d'autres du système agraire proprement dit et de son adaptation au milieu. D'autre part, on a un aperçu du développement agro-pastoral, et de l'évolution sociale, deux données qui devront être intégrées d'une fa- çon ou d'une autre, à la politique de développement de l'opération Haute-Vallee.

SOC 1 ETE VILLAGEOISE

La société villageoise en aut te-Vallée, revèle des traits originaux. Son histoire est açitée, confuse, désor- donnée : succession de fuites, de passages, de fixations de groupes d'origines diverses de tailles variées, constuées eux-mêmes d'éléments divers. La stratification sociale re- posait essentiellement sur les bases lignagères, historiques et religieuses. Cette société arrive à sauvegarder une cer- taine cohérence, grâce à des institutions classiques écono- miques et religieuses, qui s'appuient sur des unités socia- les qui se chevauchent elles-mêmes et interférent. évolution surtout récente des conditions politiques et le développement des migrations, entrainent de profonds bouleversements des structures sociales. L'affaiblissement de l'appareil politique traditionnel, notamment Zes cheffe- ries coutumières, 1'extension bien que très limitée de 1'6- ducation de type occidental avec une démocratisation des moeurs, sont en train de saper encore qu'assez lentenent les f ondenents d ' une société restée j usque là, très conserva- trice et tros higrachisée. On constate aujourd ' hui , que les setites corrmunautés familiales de un, deux ou trois mhages, groupés ou isoles dans leur zxploizsti3n, sur 5e petits tsrrolrs, ne peuvent même pius compter sour compecser la faibi~ssede leurs moyens, sur les ancisnncs 5ûrxes de solidarité. Il faut re- marquer cependant, que par rapport à d'autres régions du Mali, la structure social2 des villages Plalinke, se prête encore plus facilement à une expérience communautaire de développement. Pour expliquer le fonctionnement économique de la so- ciété en aut te-vallée, il fallait procéder a l'analyse d'une part, des groupements familiaux, et d'autre part, du systè- me exploitation des sols. Cela nous a permis de classer les types d ' exploitations agricoles; selon les deux critères d ' uni té de production et d ' uni té de consommation. Traditionnellement, la société gère et controle de fa- çon stricte, un confortable patrimoine foncier. De par l'in- suffisance de ses techniques agricoles, et la maitrise im- parfaite du milieu, la société villageoise limite sa pro- duction à la satisfaction de ces besoins alimentaires. L'é- tude de l'utilisation foncière et le droit coutumier ont montré la répartition inégale des terres. Il a été constaté que les bonnes terres sont principalement entre les mains, des autochtones, au détriment de certains paysans considé- rés comme des étrangers. Ce phénomène semble être beaucoup plus important en zone méridionale qu'en zone septentrio- nale. Cela s 'explique par cette tendance à la constitution d'un droit d'usage permanent qui parait bien proche du droit de propriété, et qui est beaucoup plus important dans la partie méridionale. Dans cette dernière , de nombreux indices font penser que le manque de bonnes terres est un facteur limitant de la production pour les couches de la population qui en sont dépourvues. La précarité du régime foncier ne présente pas d'in- convénient majeur dans un système de culture extensive et itinérante. Mais dans un système de culture intensive (accélération plus forte du rythme d ' utilisation des terres), elle freine les investissements indispensables à l'amélio- ration des terres.

AGRICULTURE

Le milieu en Haute-Vallée offre de multiples possibi- lités. Les villageois s 'adonnent à des tâches variées (agriculture, élevage, chasse, cueillette, artisanat, etc.). Naturellement, les travaux agricoles gardent une place de choix dans ces occupations. Le système agricole reflète une bonne adaptation du milieu, car on observe pas de modification sensible par l'action de l'homme. L ' agriculture traditionnelle prédomine dans la région avec pratique des cultures vivrières (mil, sorgho, riz, maïs). L'utilisation des moyens modernes agricoles, etc, reste encore méconnue au niveau alun grand nombre de pay- sans. Quant à la culture industrielle, son introduction est récsnte 2t son extension faible. On note toutefois, une neilleure intigration des cultüres commerciales au sein des exploitations, çrâce à 1' Opération v au te-Vallée. Mais leur expansion se fait au détriment des cultures vivrières avec comme conséquence une pénurie alimentaire, un déséquilibre du développement régional, un assujetissement des paysans aux lois du marché pour leur alimentation. Les quelques paysans qui se sont adonnés à ces cultures commerciales, dans un premier temps par simple ençoûment, puis avec intérêt, se voient aujourd'hui découragés par la politique des prix appliqués. Ce découragement peut s 'ex- pliquer aussi par le manque de temps pour mener les deux cultures (culture vivrière et commerciale) de front. Et ce manque de temps s'exprime non seulement par une diminution des surfaces des cultures corrimerciales, mais aussi par celles des soins qui leur sont apportés, en particulier des sarclages trop rapidement menés. L ' arachide, la plus ancienne des cultures commerciales dans la région, a connu des vicissitudes pendant la deuxiè- me guerre. Par manque d ' écoulement, la production s ' est effondrée en provoquant un appauvrissement des producteurs. Quant au coton, bien encadré par la C.M.D.T. (Compa- gnie Malienne de Développement Textile) il accuse une pro- gression sensible. Dans le coeur du Mandingue qu'on appelle la Haute- Vallée géographique (secteurs KANGABA, BANKOUMANA) la rizi- culture reste dans l'esprit du paysan, la pièce maitresse du système agraire. Les principales difficultés de cette riziculture tiennent à 1' insuffisance de la maitrise d'eau. Aussi 1'organisation où la réfection des canaux d 'irriga- tion apparait de plus en plus urgent. Le climat soudano-guinéen confère à la Haute-Vallée des possibilités d'extension de la production animale. Celle- ci permettrait d'améliorer sensiblement, le niveau de vie de vie de la population. Elle est limitée particulièrement par 1' absence des bons terrains, des pâturages, 1' insuffisance des points d'eau (puits) pour abreuver les troupeaux. D'au- tre part, les éleveurs ont une attitude négative du point de vue économique. Ils se contentent d'une accumulation de capital improductif en augmentant le nombre de bêtes sans les utilissr pour la satisfaction de leurs besoins. Cependant on peut d'ores et déjà souligner certaines mesures tendant à rationaliser, l'exploitation du cheptel. Rappelons l'association agriculture élevage qui en est à ses débuts, et dont le premier but, est d'amener les pay- sans à pratiquer au moins les cultures fourragères. D'une manière générale, on peut dire que les structures socio-économiques actuelles, limitent le niveau de vie des populations rurales. Elles empêchent la majorité des pay- sans de dépasser eux-mêmes, parfoi s, d ' atteindre le stade de la satisfaction des besoins de subsistance, de consti- tuer des réserves, d'accumuler des revenus monétaires sus- ceptibles de f 3voriser 1 ' investissement. On peut mentionner que la seule mesure favorablement accueillie par les paysans ~alinké,est la culture attelée. Son évclution 2'3 -as abouti une intensification de l'a- gricuiture, mais à ia ciminution des travaux colizctifs. :eux-ci, ne conc~rnentactuellsment que le sarclo-binage, et les récoltes. Aux facteurs cités plus haut, d'autres viennent s'a- jouter pour freiner le développement de l'agriculture.

- L'accès difficile : la plus grande partie de la région reste enclavée. Les voies de communication se limi- tente à des pistes difficilement praticables pendant la saison des pluies, même à pied. - La mobilité de l'encadrement, la multiplicité des plans de développement qui ont rendu les paysans sceptiques et' méfiants.

LA MODERNISATION AGRICOLE

Elle doit permettre aux cultivateurs d'atteindre de meilleures conditions de vie. Cela suppose une exploitation plus rationnelle du milieu naturel, axée sur les facteurs économiques et sociaux, qui peuvent stimuler les efforts individuels et rendre chacun conscient de la responsablité qui lui échoit , en lui donnant les moyens d'action. Etant donné la structure familiale de l'agriculture Malinké, cet- te modernisation doit partir d'en bas : le cultivateur dans son exploitation, son foyer, son village, sa communauté. Le programme de modernisation doit être coordonné, grâce à l'instauration de structure, et d'organisation de la base au sommet. Conscient de ceci, le gouvernement du Mali a déjà planifié l'intégration d'un certain nombre de secteurs dans la zone d'encadrement rural, dépendant de la Direction Générale du Développement de la Haute-Vallée. Ce qui frappe le plus, c'est le manque de coordination entre les actions menées en faveur des agriculteurs. Or il est impensable de mener un développement harmonieux sans l'éducation de la population concernée. Malgré la création des centres d'al- phabétisation fonctionnelle, certains secteurs restent pa- ralysés par le manque presque total non seulement de per- sonnels qualifiés,mais aussi de matériels d'éducation. D'autre part, le paysan n'est pas encore prêt à accepter 1'enseignement qu'on lui propose. Pour quelques uns, qui adoptent avec curiosité, puis avec intérêt, la culture at- telée, et d'autres procédés, il y en a encore des milliers qui refusent de se tourner vers le progrès. Et c'est la, que la aut te-Vallée rejoint de nombreuses autres régions du Mali : la plupart de celles-ci, ont échoué dans leur politique de développement tout simplement, Farce que l'hducation du paysan, n'était pas faite avec efficacité. Et cette éducation est d'autant plus difficile, qu'elle doit se faire pour des peuples qui sont d'une ci- vilisation, et des moeurs radicalement différents de ceux du monde cechnologique. Il faut ajouter à ce problème, l'éducation de proble- mes d ' ordre sanitaire qui gënent 1' Opération du Développe- ment aut te-Vallée. Les moyens consacrés par le gouvernement à la lutte contre les maladies, semblent ëtre insuffisants. Pourtant il est impérieux, malgré la lourde tâche que cela impose au gouvernement, qu'une attention toute particuliè- re soit portée à l'amélioration de l'état sanitaire des populations concernées par les Opérations de Développement. Un certain nombre de propositions sont suggérées pour atteindre ce but :

- Education sanitaire de la masse, celle-ci dans le cadre des programmes d ' éducation des adultes. - Formation de personnel médical (formation psycholo- gique et médical, comprenant l'enseignement de la médecine traditionnelle).

- Intégration de l'action sanitaire à la politique du développement agricole.

Les difficultés de développement relèvent de 1 'ensem- ble de ces facteurs et non du surpeuplement, et de l'ac- croissement démographique. On peut terminer s'en dire un mot qui paraîtra sévère (mais il ne s'agit que de tirer les leçons du passé), des réalisations trop souvent ambitieuses qui jusque là furent des échecs, telles celles de certains barrages à l'exemple de celui de SANSANDING (Office du Niger) , qui n ' a apporté aucune amélioration de la condition paysanne. En conclusion, toute politique de développement doit s ' appuyer sur un ensemble de réformes, d ' aménagements, comp- tibles avec la réalité propre du milieu, étudiée et mise en oeuvre avec la participation véritable villageoise. opera ration au te-vallée, doit donc s'engager à fond dans cette oeuvre de rénovation, car 1 'enjeu est assez impor- tant pour en valoir la peine. La seule transformation radicale, sans doute celle qui touchera l'ensemble des paysans, sera une politique concertée d'envergure, basée sur l'analyse des problèmes et blocages actuellement constatés, pour leur trouver une solution : réforme du système agraire et du circuit com- mercial, plus ambitieuses que celles qui ont déjà été ten- tées, contrôle des prix aux produteurs éducation générali- sée des paysans, vulgarisaticn intensive de techniques nouvelles, crédits a 1' investissement, renforcement de 1' in- frastructure (voies de conmunication, moyens de stockage. . . ).

BIBLIOGRAPHIE

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AVANT-PROPOS

RESUME D'ENQUETE AGRO-SOCIO-ECONOMIQUE EN HAUTE-VALLEE DU NIGER (R. DU MALI) METHODOLOGIE UTILISEE

TRAVAIL REALISE EN LIAISON AVEC LES AUTORITES CENTRALES A BAMAKO

DEMARCHE UTILISEE POUR L'APPROCHE DU VILLAGE

LES RESULTATS L ' ENQUETE ANALYSE SOCIO-ECONOMIQUE Etude démographique Etude des structures sociales Analyse des associations traditionnelles et groupement d'entraide Les problèmes sanitaires ANALYSE AGRICOLE

L ' élevage Les équipements agricoles Les engrais et les amendements des sols Les problèmes focciers La formation EMQUETE SUR LES ?SNSEQUENC'?S AGRICOLES GE LA CCNSTRGCTION DU 3AR.RAGE DE SELINGTJE INTRODUCTION

LA REGION : CARACTERISTIQUES GENERALES ET LIMITES RAISON DU CHOIX D'ETUDE HISTORIQUE DU DEVELOPPEMENT PLACE DE L'AGRICULTURE DANS L'ECONOMIE REGIONALE

PREMIERE PARTIE - CARACTERISTIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES DE LA REGION

LES CARACTERES ESSENTIELS DU MILIEU PHYSIQUE ET HUVAIN 38

ASPECT PHYSIQUE 38 ASPECT HUMAIN Répartition ethnique

LES DONNEES ECONOMIQUES 39 CONDITION ET PERSPECTIVE D'UN DEVELOPPEMENT REGIONAL 40

CHAPITRE 1 - CARACTERISTIQUES PHYSIQUES ET AGRICOLES DE LA REC-ION FACTEURS PHYSIQUES Situation géographique générale Aperçu sur la formation géologique Climat LES SOLS DE LA HAUTE-VALLEE LE COUVERT VEGETAL

CONCLUSION

PAYSAGE RURAL AGXICCLTURE ET ELEVAGE Vue globale de l'agriculture et répartition Importance relative des cultures L'ETAT DES PRINCIPALES CULTUXES LES CULTURES TRADITIONNELLES SECHES AUTRES CULTURES TRADITIONNELLES SECHES LA RIZICULTURE ASFECT DE L'ACTIVITE AGRICOLE ET TECHNIQUE ROTATIONS CULTURALES LA FERTILITE DES SOLS (fumure) CALENDRIER AGRICOLE Les activités en saison sèche Les travaux des saisons de pluie

CONCLUSION

LES EQUIPEMENTS DE L'EXPLOITATION AGRICOLE L'EQUIPEMENT MODERNE AGRICOLE

CONCLUSION 95

PROBLEME DE LA CULTURE ATTELEE L'ELEVAGE EN HAUTE-VALLEE Condition du milieu en rapport avec l'élevage TYPE D'ELEVAGE ET SON IMPORTANCE SYSTEME PASTORAL LA FONCTION DU TROUPEAU DANS LA SOCIETE YALINKE 100 Problème de l'association agriculture et élevage 101

CONCLUSION

CHAPITRE II - LX POPULATION DE LA REGION ASPECT QUANTITATIF Source de renseignements Xéparatition de ia population par sexe et par âqe Exode rural Les causes actuelles de l'exode Les besoins d'argent Les causes psycho-sociologiques et sociales Frein pour l'agriculture La scolarisation

CONCLUSION

ASPECTS QUALITATIFS Répartition ethnique Structure socio-économique traditionnelle Organisation du village et la chefferie ORGANISATION FAMILIALE ET SOCIALE Groupement familiaux La vie religieuse Répartition des tâches Travail de la femme Tenure des terres L'appropriation des terres par des groupements familiaux Prêt de terre Conflit foncier Types d'exploitation familiale Les principaux accords de cultures Les associations traditionnelles

CHAPITRE III - EQUIPEMENT REGIONAL ET ACTIGN DE DEVELOPPEMENT EN COURS INFRASTRUCTURE ROUTES ET PISTES LES LWCHES A TRAVERS LA HAUTE-VALLEE APERCU 3E LA SITUATION SANITAIRE Pathologie Les ressources L'organisation sanitaire Aménagement hydro-agricole LES DIFFERENTES OPERATIONS (LES ACTIONS) Action de cultures vivrières Les cultures industrielles Action d'élevage Commercialisation des produits Action éducative et de promotion

CHAPITRE IV - ANALYSE DES CHANGEMENTS CONSTATES ET APPRECIATION DES MOYENS MIS EN OEUVRE

L'EQUILIBRE EN RESSOURCES VIVRIERES DE LA REGION 195 L'aspect psychologique 196 La politique des prix et de la commercialisation 197 La recherche agronomique 197

CHANGEMENTS CONSTATEES système agricole Transformation sociale

LES RESSOURCES VILLAGEOISES POUR LES REVENUS Destination des revenus

CONCLUSION 205

MOYENS MIS EN OEUVRE 206 Alphabétisation fonctionnelle 206 Formation des forgerons villageois 209 Appréciation de la structure de l'encadrement 212

DEUXIEME PARTIE - CONDITIONS ET PERSPECTIVES 3U DEVELOPPZMENT 3EGIONAL CHAPITRE II - LA RECHERCHE DE NOUVELLES FINALITES

EXAMEN DES CARENCES DES SYSTEMES DE MODERNISATION 221 RECHERCHE DE NOUVELLES ORIENTATIONS Participation villageoise Formation - Information Formation féminine Oraanisation et structuration

CHAPITRE III - LES OBJECTIFS OPERATIONNELS EXAMEN DES DIFFERENTS OBJECTIFS Aménagement de l'espace régional ORGANISATION ET EQUIPEMENT DES TERROIRS Organisation et structuration au niveau des villages Hydraulique villageoise Activité scolaire et dispensaire Insfrastructure sanitaire ORGANISER L'APPUI DU DEVELOPPEMENT DE LA PRODUCTION ET LA MISE EN PLACE DES CIRCUITS D'APPROVISIONNEMENTS ET DE COMMERCIALISATION Encadrement Approvisionnement en matériels et produits Commercialisation

CHAPITRE IV - LA MISE EN OEUVRE

LE PROJET DE BARRAGE DE SELINGUE : TRANSFERT DE LA POPULATION Introduction VUE GLOBALE DU PROJET HISTORIQUE DONNEES TECHNIQUES ET DESCRIPTION DES OUVRAGES Données hydrologiques Topographique

LES DIFFERENTS PERIMETRES RETENUS POUR LA HAUTE-VALLEE 251 périmètre ec aval immédiat du barrage 251 Périmètre de BANKOUMANA 252 Périmètre italien 252 Périmètres divers liés au barrage 253 TRANSFERT DES POPULATIONS

LES PROBLEMES LIES AU DEPLACEMENT Le problème des terres L'indemnisation des vergers inondés La reconstruction des habitations Les infrastructures sociales Réalisation du déplacement

LES AVIS ET LES POINTS DE VUE DES PAYSANS 261 QUELQUES PRINCIPAUX ARRONDISSEMENTS Le site du nouveau village Le regroupement de village Le type d'habitation souhaité dans les nouveaux villages Forme d'indemnisation des habitations perdues Période de déménagement

LA ZONE II - LES AUTRES ARRONDISSEMENTS 269 SITE DU NOUVEAU VILLAGE Les regroupements souhaités

POINTS DE VUE GENERALE DES POPULATIONS POUR LE REGROUPEMENT DE VILLAGE

CONCLUS ION 272

TYPE D'HABITATION SOUHAITE DANS LE NOUVEAU VILLAGE FORMULS D'INDEMNISATION DES HABITA'TIONS PERDUES CONCLUS ION

CONCLUSION GENERALE

SOCIETE VILLAGEOISE AGRICULTURE

LA MODERNISATION AGRICOLE

BIBLIOGRAPHIE