Ulrike Meyfarth

4 septembre 1972 : Jeux Olympiques de En terre bavaroise, malgré un record personnel et national fixé à 1m85, Ulrike Meyfarth ne figure pas parmi les favorites pour le titre olympique. Ses compatriotes Gartner et Mundinger, plus expérimentées, la Bulgare Yordanka Blagoyeva ou encore l'Autrichienne Llona Gusenbauer, détentrice du record mondial à 1m92, ont davantage la faveur des pronostics. Pourtant, en cette journée magique du 4 septembre 1972, devant près de 100.000 spectateurs médusés, l'incroyable se produit. Avec un aplomb et une autorité inhabituels pour quelqu'un d'aussi jeune, Ulrike franchit au premier essai 1m79, 1m82 et 1m85, égalant ainsi son record personnel. Tout comme Gusenbauer et Blagoyeva, l'Allemande franchit ensuite 1m88 à sa première tentative. Elle est cependant la seule à renouveler l'exploit à 1m90. Dans une ambiance électrique, tandis que le public scande son nom, elle trouve la concentration nécessaire et parachève son chef d'oeuvre en franchissant, une fois encore au premier essai, 1m92. Elle égale ainsi le record mondial et améliore son record personnel de quelques 7cm! Le stade est debout. A 16 ans et 4 mois, Ulrike Meyfarth devient la plus jeune championne olympique individuelle de toute l'histoire de l'athlétisme et l'idole de tout un peuple .

Des hauts et des bas Si elle établit des records de précocité, Ulrike rend également un bel hommage à son idole en devenant la première championne olympique et détentrice du record mondial à pratiquer sa technique de saut. Devenue une célébrité nationale et internationale du jour au lendemain, constamment sous les feux de la rampe, la jeune Allemande trouve toutefois difficilement son équilibre. Sa carrière athlétique s'en ressent fortement au cours des années qui suivent. En 1976, aux Jeux de Montréal, elle est éliminée dès les qualifications et ne peut défendre son titre. Aux championnats d'Europe de 1974 et 1978, elle ne termine qu'à de modestes 5e et 7e places. De même, il lui faut attendre 1978, six ans après son exploit de Munich, pour à nouveau franchir et puis dépasser une barre placée à 1m92. Enfin, le boycott des Jeux de Moscou, décidé par plusieurs pays occidentaux en 1980, semble la condamner définitivement.

Telle le légendaire Phénix... La jeune et talentueuse Ulrike Meyfarth n'a-t-elle été, en fin de compte, qu'une étoile filante au firmament de l'athlétisme? C'est sans compter sur la principale intéressée qui, à près de 25 ans, avec beaucoup de courage et l'aide de l'excellent technicien allemand Gerd Osenberg, décide de tout reprendre à zéro. C'est ainsi qu'en septembre 1982, quasiment dix ans jour pour jour après sa victoire de Munich, Ulrike Meyfarth, telle le légendaire Phénix de la mythologie égyptienne, renaît de ses cendres pour s'imposer aux championnats d'Europe d'Athènes devant l'Italienne , championne olympique en titre et, jusque-là, détentrice du record mondial (2m01)! Par la même occasion, elle franchit exactement 10 cm de plus qu'à Munich, soit 2m02, décrochant ainsi son second record mondial La confirmation... 12 ans après Quelques jours plus tard, récupère le record mondial en franchissant 2m04 avant de le porter à 2m05 en mai 1984. La Russe sait pourtant qu'elle ne pourra pas croiser le fer aux Jeux de suite au boycott décrété par les pays de l'Est. Ulrike Meyfarth est, cette fois, du bon côté de la barrière et retrouve ainsi la scène olympique. Si l'absence de Bykova lui facilite la tâche, l'Allemande n'en a pas pour autant concours gagné. Face à elle se dresse effectivement la silhouette longiligne de Sara Simeoni, bien décidée à défendre son titre. Ainsi, revigorée après de longs mois de méforme, l'Italienne livre une fantastique bataille, franchissant 2m au premier essai. Retrouvant son assurance et sa rage de vaincre de Munich, Ulrike Meyfarth garde son calme et réplique magistralement en franchissant 2m02, nouveau record olympique, à sa première tentative. Simeoni ne reviendra plus. Clin d'œil de l'histoire, celle qui avait été la plus jeune championne olympique de l'épreuve douze ans plus tôt, devient à présent, à 28 ans, la plus âgée! La boucle est bouclée. Malgré une longue traversée du désert, Ulrike Meyfarth a réalisé un exceptionnel et inédit retour au premier plan.

Vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=YtD0i- qifBU&feature=related