PHR PAYSAN DU HAUT-RHIN HEBDOMADAIRE AGRICOLE, VITICOLE ET RURAL
VENDREDI 1ER JANVIER 2021 • N°53 • 4,00 € EAVPHR | @EAVPHR | Agriculture innovante | www.phr.fr Au fil de l’actu phr.fr I Vendredi 1er janvier 2021 2
en bref Le Savoir Vert des Agriculteurs d’Alsace
Collectivité européenne d’Alsace C’est le grand jour Parler aux enfants comme des pros En cette nouvelle année Le 26 novembre, 2021, l’Alsace retrouve une réalité administrative qu’elle l’association Savoir Vert avait perdue en 2015 avec des Agriculteurs d’Alsace © CEA la loi de délimitation des terminait sa première régions et la création de la Région Grand Est. D’abord baptisée formation destinée à Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine ou encore ACAL (la professionnaliser l’accueil dénomination Grand Est est adoptée en 2016), la grande région fusionne alors trois anciennes régions et regroupe dix des écoliers dans départements. Une réforme territoriale qui s’installe non sans les fermes. Une journée critique d’une partie de la population, notamment en Alsace. Cinq de mise en pratique, ans plus tard, une réponse est apportée à travers la création de malheureusement sans la Collectivité européenne d’Alsace. Il faut désormais s’habituer à enfants à cause de la crise un nouveau sigle : la CEA. Depuis le vendredi 1er janvier, les deux Quelques jours après la fin de la formation Savoir Vert, Marie Cazenave-Péré conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin ont ainsi sanitaire, qui a apporté et Benjamin sont allés dans la classe de leur fils pour parler d’agriculture. Une visite planifiée de longue date qui a mis en exergue la forte curiosité fusionné. Cette nouvelle collectivité dispose de compétences aux participants les clés des enfants pour ce sujet. © DR supplémentaires en termes de coopération transfrontalière, pour bien communiquer bilinguisme, attractivité du territoire, transport, culture… Pour avec le jeune public. blement pour, qu’une fois adultes, ils mette. Une journée de « mise en autant, le découpage administratif des départements ne change se souviennent d’où vient le contenu pratique », coorganisée avec l’Ariena pas et les préfectures de Strasbourg et Colmar sont maintenues. Pour les enfants, l’agribashing, ce de leur assiette, qui l’a produit et (Association régionale d’initiation à Si les services déconcentrés de l’État dans le Bas-Rhin et le mot de « grand », ça ne veut pas dire comment. Mais comme avec les l’environnement et à la nature en Haut-Rhin restent donc distincts, une forte coopération des grand-chose. Quand on a cinq, six ou adultes, la communication positive Alsace), qui a clôturé neuf jours de administrations départementales doit être mise en œuvre à neuf ans, on a encore cette dose d’in- avec les enfants, ça ne s’improvise formation. travers l’accompagnement des institutions dans leur transition souciance et de curiosité qui fait voir pas. Il existe des méthodes, un voca- vers la CEA et l’harmonisation des pratiques des deux préfectures le monde avec plus de légèreté que bulaire, et autant de petits trucs qui Apprendre les « clés » sur les sujets majeurs relatifs à la CEA. Quant à l’agriculture, le les parents. La ferme, les animaux, permettent de capter l’attention et de la pédagogie changement n’est pas pour maintenant. L’essentiel des institutions les tracteurs, les jardins remplis de graver les messages. Et ça aussi, ça Il a fallu néanmoins adapter cette qui encadrent le monde agricole alsacien a soit déjà fusionné au légumes ou les fraises à cueillir soi- s’apprend. C’est ce qu’ont pu consta- étape finale. « À la base, on devait cours des dernières années, à l’image de la Chambre d’agriculture même, c’est quand même vache- ter les participants à la première accueillir une classe de primaire Alsace, ou est voué à rester au plus près des départements ment cool. Pour les agriculteurs, c’est session de formation organisée par pour tester en conditions réelles comme les directions départementales des territoires. Ce un public idéal. Avec les bons mots, l’association Savoir Vert des Agri- les ateliers qu’on avait créés. Mal- samedi 2 janvier voit enfin l’installation de la CEA, à l’Hôtel du la bonne méthode, la bonne attitude, culteurs d’Alsace le 26 novembre à heureusement, on a dû faire sans département à Colmar. Affaire à suivre. il est possible de les sensibiliser dura- la ferme des Schalandos, à Hachi- et composer autrement », explique
Agriculteurs de Bretagne Le dialogue, droit au but Retrouvez Créée en juillet 2012, « Agriculteurs de vos journaux en ligne Bretagne » est une association qui entend rassembler tous ceux L’information est notre métier. S’assurer que vous y avez accès est pour nous primordial. pour qui l’agriculture est un levier essentiel En cette période de confinement, toute notre équipe du développement régional est donc mobilisée. Pour ceux qui continuent à travail- autour d’une démarche ler sur leur exploitation ; pour ceux qui accompagnent de communication positive les agriculteurs en télétravail ; pour ceux qui aiment et attendent leur journal, nous vous proposons une ver- et collective. Huit ans sion numérique et gratuite accessible sur vos ordina- plus tard, le bilan est très teurs, tablettes et téléphones. encourageant et démontre
que l’agribashing est loin Quand le football devient un vecteur de communication pour l’agriculture. Bonne lecture et prenez soin de vous ! d’être une fatalité. Ici, lors d’un match du Stade Rennais, en février 2020. Bientôt la même chose au Racing ? © DR Entre les agriculteurs et les consom- mateurs bretons, la relation semblait là, un long chemin reste à parcou- nise une profession, c’est trop tard. » bien mal engagée. En apparence rir. Mais en Bretagne, peut-être Elle en est convaincue : cette capa- www. .fr seulement. Au printemps 2011, un plus qu’ailleurs, l’image du métier cité à parler de son métier, de l’ex- PHR groupe de paysans de cette région d’agriculteur s’est considérablement pliquer pour finalement convaincre riche en élevages se réunit pour améliorée. Le secret : faire parler son auditoire est à la portée de tout redorer l’image d’une agriculture celles et ceux qui le vivent au quo- un chacun. En étant bien entouré, bretonne malmenée. L’épisode très tidien. « C’était une évidence à nos c’est encore mieux. Là réside la médiatisé des algues vertes était yeux que ça soit les agricultrices grande force d’un collectif comme Abonnement passé par là. Les agriculteurs bre- et agriculteurs qui parlent. Pas des Agriculteurs de Bretagne : accom- Vous rencontrez des difficultés ou des retards dans la livraison tons étaient alors convaincus d’une institutions ou des syndicats. Et ça pagner les nouveaux venus dans de votre journal ? Angélique, responsable de notre service chose : ils ne sont ni aimés, ni com- marche », explique la présidente de leur démarche de communication, Abonnement, est là pour y remédier. pris. En face, un sondage révèle en l’association, Danielle Even. leur donner les clés essentielles 03 88 56 90 75 réalité le fort attachement des Bre- pour bien s’exprimer, en vidéo sur tonnes et des Bretons aux paysans La com’, ça s’apprend les réseaux sociaux ou en présentiel qui les entourent. Un paradoxe ? Des Montrer ce qu’on fait, le dire, l’expli- face à d’autres personnes. interrogations réciproques plutôt, quer, n’est pas un exercice facile. La confiance est la clé, tout comme
Edité par Société Anonyme d’Edition et de Publicité (SANEP) et un besoin profond d’apprendre Danielle Even l’a expérimenté per- l’exploration d’autres horizons. « Il 13 rue Jean Mermoz – BP40 – 68127 Sainte Croix en Plaine à mieux connaître l’autre, et ainsi sonnellement face un jeune couple ne faut pas hésiter à sortir de ses Tél : 03 89 20 98 50 – Fax : 03 89 20 98 51 – [email protected] Société anonyme, capital de 144 150 €, durée 99 ans mieux communiquer. vegan. Forcément, quand on est lieux habituels. On peut aller sur Directeur général : Michel Busch L’association Agriculteurs de Bre- éleveuse de porcs, on part avec un un marché, sans produit à vendre, Principaux actionnaires : Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles tagne était née avec une idée fixe certain handicap. Et pourtant, en juste pour se mettre en avant et du Haut-Rhin, Chambre d’Agriculture Alsace, Sodiaal Union Directeur de la publication : Michel Busch en tête : redonner la « fierté » aux prenant le temps de dialoguer, la parler avec les gens qui passent. Hebdomadaire. Prix de vente au numéro : 4 € - abonnement annuel : 110 € paysans. Neuf ans plus tard, ce pari compréhension peut s’installer à Ce n’est pas la chose la plus facile CPPAP : 0923 T 84079 – Dépôt légal : 01/2021 – ISSN : 0184-8550 Caractéristiques environnementales : Imprimé par : ROTOCHAMPAGNE 52000 Chaumont pour GRLI ambitieux est devenu une réalité, défaut d’acceptation. « En prenant le à faire, c’est vrai. Mais progressive- Origine géographique du papier : France. Taux de fibres recyclées : 100 %. inspirant d’autres régions. L’agri- temps de leur parler, j’ai pu leur rap- ment, on prend de l’assurance. On Papier issus de forêts gérées durablement. Indicateur environnemental : Ptot : 0,011 kg/t. Journal habilité pour l’insertion des publications judiciaires et légales. bashing s’est mué progressivement peler que nos métiers, ce sont avant se rend compte que les gens nous Contacts : Rédaction : [email protected] - Publicité : [email protected] – Annonces légales : [email protected] en « agriloving ». Certes, les contra- tout des femmes et des hommes, écoutent et qu’un dialogue est pos- Abonnement : [email protected] – Comptabilité : [email protected] dicteurs et les « anti » sont toujours comme eux. Quand on déshuma- sible », témoigne Danielle Even. Un Au fil de l’actu phr.fr I Vendredi 1er janvier 2021 3 Formation Dossier réalisé par Nicolas Bernard Pages 2 à 5 La communication positive, ça s’apprend ! Ange Loing, responsable de la ferme Une diversification de plus et président de l’association. Dans la Marie Cazenave-Péré, de la ferme 67 000 élèves mesure où cette formation avait été Lammert, à Ensisheim, confirme : Les 20 et 21 janvier, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs financée par Vivea, les participants malgré une expérience éprouvée sensibilisés du Haut-Rhin (JA 68) organisent leur première session ont tenu à aller au bout. Ils ont donc, avec les écoliers, elle constate que tous les ans de formation sur la communication positive destinée tour à tour, pris le rôle des enfants au cette formation lui a apporté de L’association Savoir Vert des aux agriculteurs et aux salariés agricoles. Deux jours cours de cette mise en pratique. Une nouvelles clés de compréhension. Agriculteurs d’Alsace a été expérience très enrichissante qui a « Cela m’a forcée à m’intéresser à créée fin 2019. Elle est le pour apprendre à construire un argumentaire et, surtout, démontré la pertinence de profes- la problématique des programmes fruit de la collaboration entre savoir l’exprimer avec calme et sérénité face à un public sionnaliser l’accueil de scolaires dans scolaires. Et puis on avait deux les JA 68 et le Savoir Vert des parfois hostile. En février, la Chambre d’agriculture une ferme. « On accueillait déjà des points de vue : ceux d’agriculteurs Hauts-de-France. Le réseau proposera une autre formation sur la même thématique. enfants avec les Jeunes Agricul- déjà rodés à l’accueil du public, et Savoir Vert est le premier teurs. Mais avec cette formation, celui d’une personne qui a l’habi- réseau de fermes pédago- Nourrir le monde… et savoir lui parler. on a pu s’apercevoir que ce n’est pas tude d’accueillir des enfants dans giques professionnelles en En coulisses, les agriculteurs s’orga- quelque chose qu’on peut improvi- un cadre plus ludique. » Pour cap- France. Il est constitué de 101 nisent pour reconquérir ce terrain ser. On connaît tous nos métiers. La ter leur attention, pas de miracle, fermes et de 127 agriculteurs de la communication, laissé de côté pédagogie, un peu moins voire pas mais du « bon sens » adapté à leurs formés à l’accueil de scolaires, pendant trop longtemps. En Alsace, du tout. Et si le but c’est d’instruire âges : utiliser les sens, faire appel et sensibilise à l’agriculture la profession agricole a répondu à correctement les enfants, il faut uti- à l’imagination, l’émotion, le jeu, la plus de 67 000 élèves par an. un appel d’offres de l’organisme de liser les bons outils », souligne Ange construction… Ici pas d’argumen- financement des formations agri- Loing. Dans des conditions nor- taire rationnel et posé comme on coles Vivea qui entend soutenir les males, chaque visite est planifiée en le ferait devant un adulte ; pour formations en « communication amont avec l’instituteur ou l’institu- communiquer positivement, il faut au cinéma pour une classe. Reste positive » destinées aux salariés et trice ; l’idée étant que cela réponde s’adapter à son public. Outre le fait maintenant à faire grandir et déve- non salariés du milieu. « On a lancé aux attendus pédagogiques de fin de diffuser une meilleure image de lopper la branche alsacienne du cette initiative à l’échelle du Grand de cycle. Et comme en classe, il y l’agriculture, l’accueil des écoliers réseau Savoir Vert. Une deuxième Est. L’idée est d’apprendre aux a une méthode à appliquer avec sous l’égide du réseau Savoir Vert session de formation est prévue agriculteurs à bien communiquer. des enfants pour qu’une informa- représente une nouvelle possibi- dans le courant de l’année 2021, Quelle posture adopter ? Comment La communication positive a la tion devienne une connaissance lité de diversification pour l’exploi- voire au tout début si le recrute- avoir un dialogue constructif ? Il faut vocation d’établir ou de rétablir un dialogue constructif entre le pérenne : la répétition. « C’est la tant. Contrairement à des portes ment en cours s’avère concluant. permettre à chacun de construire monde paysan et la société civile. base de toute éducation. En appli- ouvertes classiques, ces visites de un argumentaire solide », explique © Laure Barrière - Ademe Éditions quant ce principe, on met davan- fermes « professionnalisées » sont Pour adhérer au Savoir Vert : Michel Corbin, conseiller chez Vivea. tage de chances de notre côté », fait payantes, tout comme l’est fina- https://www.savoirvert.fr/ Une première session de forma- formations, assure Laurence Bares, remarquer Ange Loing. lement une sortie au théâtre ou espace-agriculteurs/adherer/ tion (douze participants maximum), conseillère en formation à la CAA. organisée par la FDSEA et les JA 68, « C’est sûr que c’est mieux sans. Mais est prévue les 20 et 21 janvier pro- même avec le regard, on peut faire chains à Sainte-Croix-en-Plaine. Elle passer pas mal de choses. Et puis sera animée par Jean-Jacques Pru- l’intérêt de ces deux jours réside sur- nair, expert en communication bien tout dans la dynamique de groupe connu du réseau FNSEA. Le coût de et dans des mises en situation. » Si cette première formation est inté- un module « réseaux sociaux » est gralement pris en charge par Vivea et évidemment au programme, il ne fera office de test pour les suivantes. constitue qu’une infime partie de la exemple illustre assez bien cela : cette différence, c’est déjà beau- agriculteurs de leur territoire. » Cela Une deuxième formation organisée formation. Cette communication la complexité et la diversité de coup », estime Danielle Even. peut être la mise en avant dans le par la Chambre d’agriculture Alsace positive est une posture différente l’agriculture qui tend à être mieux bulletin communal, ou bien encore (CAA) est d’ores et déjà prévue les 15 de la communication syndicale appréhendée par les Bretonnes Des communes de proposer un site pour organiser et 16 février 2021 dans ses locaux à éprouvée depuis des décennies. et les Bretons. « Dans nos anima- aux stades de foot une journée « Tous à la ferme ». « Le Schiltigheim. Intitulée « Mieux com- Ici, il n’est pas question de se tions, on parle de filières longues, Dans sa stratégie de communi- maire a l’avantage de connaître tous muniquer sur ses pratiques, projets « défendre » ou de se justifier. L’agri- de filières courtes, d’animal et de cation, Agriculteurs de Bretagne a les agriculteurs de sa commune, ce et produits », elle est davantage culteur doit apprendre à rappeler le végétal, de bio et de convention- réussi le tour de force d’impliquer de qui n’est pas notre cas. Il a la capacité destinée aux agriculteurs vendant rôle essentiel de l’agriculture. « Et ça, nel. Une diversité de réponses qui nombreuses collectivités. Nombre de faciliter l’organisation de ce type en circuits courts, ayant un projet de il n’y a que l’agriculteur qui peut le correspond à la diversité d’actes d’entre elles affichent le logo de d’événements », justifie Danielle méthanisation ou faisant de l’accueil faire, individuellement et collective- d’achats qui existe en face. En l’association à l’entrée de leur ville ou Even. à la ferme. Elle reste évidemment ment », conclut Laurence Bares. présentant les choses de cette village. Ces communes sont toutes L’agriculture bretonne a aussi ouverte à tous les autres profils. Elle manière, le public s’identifie et on adhérentes à l’association, ce qui réussi à se faire place… dans les sera animée par Cora Klein, facilita- Contacts : finit par mieux se comprendre. Cela sous-entend un réel engagement stades de foot. Dans le club phare trice, coach, formatrice et clown. Son Pour la formation des 20 et 21 janvier leur permet également de mieux de leur part. « Ce n’est pas juste un de la région, le Stade Rennais, la financement sera pris partiellement à Sainte-Croix-en-Plaine : Agnès Sabaté appréhender les différences entre soutien verbal à l’égard de notre « marque » Agriculteurs de Bre- en charge par Vivea. à la FDSEA 68 au 03 89 22 28 60 un cochon élevé ici, avec le cahier profession. Les collectivités qui s’en- tagne est déployée sur d’immenses ou [email protected], Géraldine Mann des charges strict qui est le nôtre, gagent à nos côtés doivent réaliser tifos, visible par des milliers de Rendre son métier Bendele chez JA 68 au 03 89 22 28 26 et un cochon importé du Brésil. Si au moins deux actions de promo- spectateurs ou téléspectateurs. On plus « accessible » ou [email protected] au moins ils sont capables de faire tion par an qui mettent en avant les la retrouve également au départ de Évidemment, le maintien de ces Pour la formation des 15 et 16 février la très médiatique Route du rhum, dates reste lié à l’évolution sani- à Schiltigheim : Laurence Bares ou associée au festival musical des taire. Les masques ne seront pas à la CAA au 03 89 20 97 44 ou par mail Vieilles charrues. Autant d’événe- un frein au bon déroulement de ces à [email protected] Un premier bilan encourageant ments qui ont fait connaître l’asso- En 2019 et 2020, Agriculteurs de Bretagne a commandité plusieurs ciation aux agriculteurs bretons et enquêtes pour évaluer l’efficacité de ses actions depuis sa création en qui les ont incités à la rejoindre. au Syl de l’actu… 2012. Il en ressort que 88 % des agriculteurs connaissent l’association Aussi médiatisée soit-elle, l’asso- ou ses évènements. Ils sont également 88 % à en avoir une bonne ou ciation n’a pas encore réussi à ral- très bonne image. Chez les non adhérents de l’association, 33 % des lier tous les paysans bretons à sa moins de 40 sont intéressés par l’adhésion : à 31 % pour soutenir la cause, ni les acteurs qui gravitent démarche, à 26 % pour bénéficier d’un soutien en communication, et à autour. « Notre objectif est d’obte- 18 % pour rencontrer de nouvelles personnes. Ce bilan montre que le nir la reconnaissance des 3,5 mil- mouvement autour d’Agriculteurs de Bretagne s’est amplifié fortement lions de Bretons. On n’y est pas entre 2015 et 2019. Fin 2019, l’association comptait un peu plus de encore, c’est certain. Cependant, 3 000 adhérents. En deux ans, ce sont 180 communes qui ont apporté nous sommes aujourd’hui bien ins- leur soutien. Un chiffre illustre l’adhésion du public : le doublement du crits et repérés dans le paysage. Et nombre moyen de visiteurs à « Tous à la ferme », de 600 par ferme ça, c’est déjà beaucoup. Les choses en 2013 à 1 320 par ferme en 2019. L’association aussi suscite un « réel bougent dans nos campagnes. Mais engouement » auprès des jeunes, en particulier chez les élèves des tout cela ne se fait pas en un cla- écoles d’agriculture, et a réussi à générer des relations « apaisées » et quement de doigts. Pour construire « constructives » avec les médias régionaux. Enfin, l’enquête menée une communication efficace, cela en octobre 2020 auprès des Bretons montre que 65 % d’entre eux prend des années. Le plus dur, c’est ont plutôt une « bonne image » de l’agriculture et 11 % une « mauvaise de faire le premier pas. » image ». 71 % d’entre eux pensent que les agriculteurs sont de plus en plus soucieux de l’environnement, 56 % ne sont « pas d’accord » avec Pour en savoir plus l’agribashing alors que 26 % sont « d’accord » estimant que la majorité sur Agriculteurs de Bretagne, des agriculteurs reste encore sur des pratiques « critiquables ». rendez-vous sur leur site internet http://www.agriculteurs-de-bretagne.fr/ Au fil de l’actu phr.fr I Vendredi 1er janvier 2021 4
suite du dossier Adresse de correspondance : siège social de la MSA d’ALSACE 9 rue de Guebwiller 68023 COLMAR CEDEX ou par fax au 03 89 20 79 00 Association Agriculteurs d’Alsace Sur Internet, vous avez accès 24h/24 à votre compte privé particulier ou entreprise. Demandez votre mot de passe sur le site www.alsace.msa.fr Une nouvelle boîte à outils Les Points d’accueil de la MSA HORAIRES COLMAR ALTKIRCH RIBEAUVILLÉ SOULTZ MULHOUSE DE LA 9 rue Quartier Plessier 23 avenue 3 rue de Cernay 132 Av. R. Schuman pour mieux communiquer Guebwiller bâtiment 6 du Gal de Gaulle à côté de la Cave (face au Kinépolis) SEMAINE Vinicole du Vieil-Armand lundi Uniquement Uniquement Uniquement Désireuse de retrouver ses lettres de noblesse, l’agriculture alsacienne entend prendre en 4 janvier sur rdv sur rdv sur rdv main sa communication en s’inspirant des expériences réussies en la matière en Bretagne, mardi Uniquement FERMÉ 5 janvier sur rdv Suisse et dans le Nord. Une volonté forte qui doit se traduire, d’ici quelques mois, mercredi Uniquement Uniquement par la création d’une nouvelle association apolitique et asyndicale : Agriculteurs d’Alsace. 6 janvier sur rdv sur rdv jeudi Uniquement FERMÉ 7 janvier sur rdv vendredi 8 janvier
7 jours / 7 9 h à 12 h et de 13h30 à 17h Pour nous contacter et 24 heures / 24 (16h30 le vendredi) vos remboursements vos droits, votre carte Vitale, 03 89 20 78 68 votre carte européenne rendez vous d’assurance maladie sur votre espace privé puis utilisez les téléservices vos arrêts de travail «échanges et contact» 03 69 22 76 35 votre complémentaire santé Santé 03 89 20 78 68 solidaire (anciennement CMUC) votre complémentaire [email protected] 03 89 80 22 22 Mutualia Du lundi au vendredi votre complémentaire Agrica [email protected] de 8h30 à 12h ou Pacifica 03 89 20 78 37 rendez vous sur votre espace L’association Agriculteurs d’Alsace a commencé par créer une page Facebook. © Agriculteurs d’Alsace vos prestations famille Famille privé puis utilisez les téléservices 03 89 20 78 68 et logement «échanges et contact» la gestion et la facturation 03 89 20 79 37 L’association Agriculteurs d’Alsace et sur Internet pour les agricul- cette vaste démarche de communi- des salariés de votre Du lundi au vendredi de qui est en cours de création, doit teurs. Les résultats seront connus cation positive : l’idée serait de mettre entreprise 8h30 à 12h et de 13h30 à 17h Cotisations [email protected] permettre, sur le long terme, de en ce début d’année, mais les pre- un panneau relatif à Agriculteurs vos cotisations personnelles 03 89 20 78 86 mettre en œuvre une communi- miers retours des consommateurs d’Alsace à l’entrée de chaque ville ou ou la gestion Du lundi au vendredi de cation positive autour de l’agricul- semblent « encourageants » révèle village qui soutiendrait l’agriculture de votre exploitation 8h30 à 12h et de 13h30 à 17h ture alsacienne en rassemblant Julien Koegler. par des actions concrètes. « C’est une votre première demande rendez vous de retraite, relevé de carrière sur votre espace privé toutes les « bonnes volontés ». chose essentielle qui permettrait de Retraite 03 89 20 78 68 votre retraite à l’étranger puis utilisez les téléservices Une association qui s’appuiera sur De nombreux responsabiliser tout le monde sur vos prestation retraite «échanges et contact» l’expérience éprouvée et réussie partenariats étudiés nos territoires », justifie Julien Koe- 03 88 81 75 53 des homologues bretons et suisses Une fois cette première étape réali- gler. Concrètement, toutes les pistes adhérent retraité rendez vous du lundi au vendredi sur votre espace privé en la matière. « Cela fait plusieurs sée, il va falloir structurer cette future de partenariat sont aujourd’hui étu- Action de 8h30 à 12h (sauf mercredi) puis utilisez les téléservices années qu’ils se sont lancés dans association qui se veut « complé- diées pour développer l’action et la sociale 03 88 81 75 17 «échanges et contact» des démarches de communication mentaire » des organisations pro- visibilité de cette future association. adhérent actif et partenaire [email protected] du lundi au vendredi de 8h30 à 12h positive. Il y a beaucoup d’enseigne- fessionnelles déjà très actives en Tous les grands évènements publics Assistance Internet [email protected] 0 969 363 703 ments à en retirer », explique Julien matière de communication comme sont notamment visés. La Ligue 1 de (prix d’un appel local) Koegler, coprésident de la commis- les Jeunes Agriculteurs. « Ce n’est pas football est une éventualité. « En Bre- Santé au travail [email protected] sion Communication de la Chambre une instance en plus. L’idée est de tagne, ils ont réussi à s’associer avec le d’agriculture Alsace aux côtés de son sortir de l’aspect politique et syndical Stade Rennais. Pourquoi pas la même Permanences téléphoniques des travailleurs sociaux collègue haut-rhinois, Ange Loing. pour établir une communication de chose chez nous avec le Racing Club 03 68 00 79 62 Cernay - Colmar 2 - Wintzenheim Laura Kientz Le premier est un constat simple : construction plutôt qu’une communi- de Strasbourg ? », s’interroge Julien Mardi de 9h à 12h Altkirch - Brunstatt - Kingersheim - Masevaux 03 68 09 79 72 ces deux associations ont com- cation de réaction sur des sujets d’ac- Koegler. En attendant de, peut-être, Guillaume Aubry Rixheim - Saint-Louis Mardi de 9h à 12h mencé par lancer une vaste enquête tualité. Toutes les forces sont donc investir les travées de la Meinau, il faut 03 89 20 78 39 d’opinion chez les consommateurs les bienvenues pour peu qu’elles par- déjà concrétiser la création de cette Sainte Marie aux Mines - Wintzenheim Olivia Mallet Mardi de 9h à 12h et chez les agriculteurs : comment tagent cette vision », poursuit Julien nouvelle association. Pour l’instant, 03 68 09 76 73 Ensisheim - Colmar Adeline Banzet les uns perçoivent les agriculteurs Koegler. Différents collèges sont aucune date précise n’est avancée. Mardi de 9h à 12h et l’agriculture dans son ensemble, envisagés au sein de cette associa- Il va falloir, dans un premier temps, comment les autres évaluent leur tion : les agriculteurs tout d’abord, analyser les résultats des enquêtes place et leur métier dans la société. le « cœur » de cette association ; les en cours. « On veut prendre le temps « Ces études sont indispensables si lycées agricoles ; les organisations de faire les choses correctement. La Abattoir du Haut-Rhin on veut avoir une vision précise de professionnelles qui gravitent autour communication positive se construit Rue du Laurier - Z.I. Les Pins 68700 CERNAY la situation actuelle. Il fallait donc de l’agriculture comme les banques sur le long terme, il nous faut donc Tél. 03 89 38 08 05 - Fax: 03 89 38 01 31 qu’on passe aussi par là », poursuit- ou les assurances ; ou encore la une base solide. On pourra ensuite RECEPTION DES ANIMAUX Les veaux non sevrés doivent être il. C’est la première fois qu’une telle grande distribution. Comme en Bre- unir nos forces pour redonner à notre POUR ABATTAGE : emmenés à l’abattoir le jour même enquête est menée en Alsace : par tagne, Agriculteurs d’Alsace souhai- agriculture alsacienne les lettres de Lundi : Réception de 6h à 8h porcs et de l’abattage entre 6h00 et 8h00. téléphone pour les consommateurs, terait impliquer les communes de noblesse qu’elle mérite. » ovins/caprins pour abattage le jour même. Les abattages devront obligatoirement Mardi : Réception : 6h à 8h : être réservés pour le jeudi 12 h Bovins pour abattage jour. de la semaine précédente. 8h à 12h : Bovins pour abattage L’abattoir se réserve le droit de différer le lendemain. les abattages des animaux Valorisation des produits « frais et locaux » Mercredi : Réception : 6h à 8h : non annoncés. Bovins - Ovins - Caprins pour abattage jour. Les rendez-vous pour les prestations Une charte pour les commerces de proximité Jeudi : Pas d’abattage de découpe devront être pris * Abattage Halal possible un mois à l’avance minimum. Dans la continuité de la charte de 400 000 entreprises. « Cette aura une montée en puissance au mardi et mercredi sur réservation. signée en novembre par la grande charte vient renforcer ce que nous cours de l’année 2021 ». Et de citer L’abattage pour les animaux à test distribution, le ministre de l’Agri- faisons déjà », a-t-il assuré tout en notamment l’événement national ENLEVEMENT MARCHANDISES : (né avant janvier 2002) ne se fera Lundi au Jeudi : de 6h00 à 12h00 que le mardi. culture Julien Denormandie et se réjouissant que le maillon aval concomitant aux dates de Salon Alain Griset, ministre délégué aux ne soit pas oublié. de l’agriculture annulé à cause de PME, ont présenté le 16 décembre Concrètement, la mise en avant la pandémie de Covid-19. « Nous avec le commerce alimentaire des produits sera possible grâce à ferons un bilan dans quelques CICEVA de proximité une nouvelle charte la bannière « Engagements, pro- mois pour voir comment cela se nationale « pour la valorisation venance et fraîcheur : plus près met en place au sein des différents Conseil à l'entreprise des produits frais et des produits de vous et de vos goûts », déjà secteurs d’activité », indique-t-il. locaux ainsi que des savoir-faire utilisée par les supermarchés. Le Lors de la signature avec la grande Depuis 25 ans le CICEVA vous accompagne par son expertise indépendante des entreprises alimentaires de volet « savoir-faire des entreprises distribution, le ministre disait vou- sur l’installation, la mise en société, la transmission de votre patrimoine. proximité ». « Nos entreprises alimentaires » prendra la forme loir également étendre cette charte Nous vous donnerons les conseils avisés et argumentés pour faire votre choix comptent soutenir nos produc- d’une campagne « Tous artisans « à l’ensemble de la chaîne alimen- parmi des solutions souvent multiples. tions agricoles », a promis, lors de d’un monde meilleur ». « Notre taire » évoquant la restauration col- la conférence de presse, Joël Mau- objectif est de pouvoir lancer cette lective ainsi que tous les acteurs de Marie-Christine Maillard - Anaïs Pfemmert vigney, président de la Confédéra- dynamique dès maintenant avec la transformation alimentaire. Tél. 03 89 22 28 10 - [email protected] - Maison de l’Agriculture - Ste Croix en Plaine tion générale de l’alimentation en vision à moyen et long terme, détail (CGAD) qui regroupe plus annonce Julien Denormandie. Il y AJ Au fil de l’actu #EAVPHR I Vendredi 1er janvier 2021 5 Ferme Lammert à Ensisheim « J’ai vu un avant et un après »
Il y a cinq ans, Benjamin Marie et Benjamin ont essayé de pratiques », par exemple. « On doit Lammert, agriculteur à communiquer par leurs propres traduire avec des termes non agri- moyens. Une manière d’anticiper coles ce qu’on dit et ce qu’on fait », Ensisheim, et sa compagne, la crise « d’image » qui pointait le résume simplement Benjamin. Plu- Marie Casenave-Péré, bout de son nez. « Il y avait déjà sieurs mois ont été nécessaires pour ont créé un site internet des débats sur le bien-être animal faire naître ce portail de communi- et on se disait qu’on aurait peut- cation. C’est Marie qui a mis la main pour présenter leur être d’autres problèmes à cause des dans le cambouis en apprenant les exploitation et le métier produits phytos. Trois ans plus tard, rudiments de programmation. de céréalier dans la plaine on était en plein dedans », se remé- Grâce au bouche-à-oreille et à la d’Alsace. Un support more Benjamin. puissance des réseaux sociaux, la plateforme se fait connaître. de communication qui leur Un premier pas à faire Les médias en font l’écho. TF1 et La communication positive se fait aussi dans les cours des écoles. © DR a permis progressivement Mais concevoir un site internet, qui France 5 contactent Benjamin pour de nouer un dialogue plus est clair et attrayant, demande leur reportage sur le soja. Mais c’est parole, devant un parterre de gens une alternative au glyphosate, aussi « constructif » et « apaisé » des compétences ; tout comme une aux abords de ses champs que l’ex- muets, peut être déstabilisant. Mais efficace, au même prix ou moins communication efficace avec un ploitant constate l’impact de cette si on sait de quoi on parle, qu’on cher, on sera les premiers à y aller. avec le grand public. public pas ou très peu familiarisé stratégie de communication. « J’ai s’exprime avec ses tripes et qu’on Ça, c’est une réponse pertinente et Sois le communicant que tu veux avec le jargon technique agricole. vu un avant et un après. Avant, les fait l’effort de rentrer dans la tête argumentée qui permet d’apaiser le voir dans ta profession. Il y a cinq Exit aussi les sujets polémiques qui promeneurs qui passaient à proxi- des gens pour rendre son discours débat. » ans, Benjamin Lammert, agriculteur font la une des mité étaient un compréhensible, ça doit rouler », à Ensisheim, et sa compagne, Marie médias. « Notre peu gênés quand poursuit-il. Retour aux fondamentaux Casenave-Péré, salariée à mi-temps objectif était Avoir fait le premier ils nous voyaient Au fil des échanges avec les per- Si tous les arguments techniques, de l’exploitation, ont créé leur site clair : dire ce qu’on pas a détendu dans le tracteur. sonnes extérieures au monde agri- rationnels et de bon sens devaient internet présentant leur exploita- fait, pourquoi on Ils n’osaient pas cole, Marie et Benjamin ont relevé ne pas suffire pour convaincre, il tion et le métier de céréalier dans le fait, sans avoir tout le monde nous parler et ne deux caractéristiques très fréquentes : en reste un, essentiel : la faim. Sans la plaine d’Alsace. Un constat se à nous justifier savaient pas s’ils la méconnaissance des sujets et, agriculteur, pas de nourriture. « Avec faisait jour : le besoin quasi constant comme si on était coupable de nous gênaient. Et puis ils ont décou- parfois aussi, une vision de l’agricul- l’épidémie de Covid-19, cette notion de devoir communiquer sur l’agri- quelque chose, ou rentrer dans une vert notre site. Ils ont vu qu’on était ture dictée par la peur. « Beaucoup de sécurité alimentaire est revenue culture. Au-delà des institutions et contradiction stérile », explique le ouverts et qu’on ne demandait qu’à de personnes nous servent la soupe en force. La souveraineté de nos des syndicats habitués à l’exercice couple. Les faits, rien que les faits, créer un dialogue. Maintenant, ils des médias, à base de messages approvisionnements est redevenue médiatique, il manquait « un seg- la pédagogie en prime. Il a fallu pour nous saluent, n’hésitent pas à s’arrê- simplifiés. Mais si on les écoute, qu’on un sujet prioritaire. Surtout, cela a ment » à leurs yeux : le paysan qui cela rédiger des textes pertinents, ter pour poser des questions. Quand les comprend et qu’on commence à donné un coup d’arrêt à l’agribashing parle directement sans filtre, sans illustrés par des photos parlantes, je traite mes parcelles et que des répondre intelligemment, on se rend qui prenait des proportions inquié- étiquette, armé d’un discours prag- le tout classé dans des catégo- gens approchent, j’arrête le temps aussi compte que le bon sens n’est tantes avec des actes de vandalisme, matique et argumenté. Voyant que ries claires et sans équivoque : « La qu’ils passent. Derrière, ils font un jamais très loin. Les choses bougent des menaces verbales ou physiques. rien n’émergeait au niveau collectif, ferme », « Les champs », « Nos signe pour me remercier. Claire- doucement, mais elles bougent. Par Tout à coup, on nous a à nouveau ment, avoir fait le premier pas a contre, cela sous-entend aussi de regardés pour ce que nous sommes : détendu tout le monde », témoigne savoir faire preuve d’humilité sur ses des femmes et des hommes qui Benjamin. pratiques. Comme tout le monde, sont là pour nourrir leurs semblables. nous devons accepter les critiques Bien sûr, l’agribashing peut revenir et Accepter les critiques si elles sont justifiées et construc- il y a toujours des dossiers sensibles. sans culpabiliser tives », analyse Benjamin. Cela veut Mais aujourd’hui, quand on discute Pour Benjamin, parler en public dire aussi que les agriculteurs doivent avec des amis qui ne sont pas du est un acquis issu, entre autres, de arrêter de « culpabiliser » quand ils milieu agricole, ils nous disent que son parcours professionnel et syn- se sentent pointés du doigt. « Cer- notre métier a un côté très attractif, dical (il fait notamment partie du tains voudraient nous faire passer en pleine nature. Par les temps qui bureau de la Fédération française pour les grands méchants. Il faut courent, c’est une forme de liberté des producteurs d’oléagineux et de arrêter de croire à ça. Nous sommes qui est enviée. Et pour nous, c’est un protéagineux). Progressivement, il des sentinelles de l’environnement. argument de plus pour parler positi- a appris les techniques de commu- C’est une question qui nous intéresse vement de l’agriculture et des agri- nication qui font mouche. Mais pour et nous sommes capables d’aller de culteurs », conclut Marie. lui comme pour tant d’autres, il y a l’avant. On est prêt à faire le job que Cette démarche de communication permet de parler aux médias en mettant eu une première fois. « C’est jamais la société attend de nous, à condition Rendez-vous sur en avant les faits et les réalités du terrain. © DR facile quand on se lance. Prendre la qu’il y ait des solutions. Si on trouve https://ferme-lammert.fr/
Université populaire La culture générale agricole pour tous Il n’y a pas que les fermes ouvertes, les réseaux sociaux ou les campagnes d’affichage pour parler positivement d’agriculture. À Mulhouse, Marie Casenave-Péré a fait le pari d’un cycle de conférences organisé au sein de l’Université populaire. De l’histoire de l’agriculture au fil des civilisations à la réalité concrète d’une ferme céréalière de la plaine d’Alsace, elle souhaite apporter la culture générale agricole à ses auditeurs.
Comment rendre simple des alimentaire en France », « Réalité et autre, mais de montrer ce qu’on a avant d’intégrer le milieu du cheval questions compliquées ? Qui plus enjeux du métier d’agriculteur ») fait et pourquoi. C’est un vrai travail pendant une dizaine d’années. Elle est quand il s’agit d’agriculture qui sont maintenues. La première, en d’équilibriste qui demande beau- finit par rejoindre Benjamin sur sa donne lieu à des cristallisations, février, sera proposée en visiocon- coup de vulgarisation et de syn- ferme, profitant de son mi-temps des a priori. Le phénomène d’agri- férence. Pour la suivante, au mois thèse », reconnaît-elle. pour développer d’autres projets. Ce bashing en est un bon exemple. de mars, tout dépendra de l’évolu- cycle de conférences est le dernier Pour répondre à ces questions, des tion sanitaire. L’incarnation en date. Elle ne se considère pas initiatives de communication posi- plutôt que l’expertise comme une experte pour autant. tive fleurissent. Parmi elle, il existe Un travail d’équilibriste Dans cette mission, Marie a un atout Elle n’est ni historienne, ni socio- la voie universitaire des confé- La première conférence de Marie à faire valoir : son parcours personnel logue, ni scientifique et le reven- rences. Une option qu’a décidé Casenave-Péré a eu lieu le 25 sep- et professionnel. Elle ne vient pas du dique. Avec ces conférences, d’explorer Marie Casenave-Péré au tembre dernier et a abordé pen- milieu agricole et a été élevée avec Pour y arriver, il semble de plus en Marie Casenave-Péré souhaite sein de l’Université populaire (UP) dant deux heures l’histoire de des valeurs « très différentes », voire plus évident que la communication apporter une « culture générale de Mulhouse. Ce sont six confé- l’agriculture. Une thématique très à l’opposé. Mais elle a toujours eu le aura un rôle central à jouer. À travers agricole » au grand public pour lui rences qui auraient dû avoir lieu vaste qui a attiré une dizaine de goût de la nature « au sens large » cette expérience, comme celle du permettre de mieux comprendre au cours de cette année scolaire personnes. « Pour une première, et des questions agricoles. « Je site internet et de la ferme péda- le métier et celles et ceux 2020-2021. Malheureusement, c’est rassurant. » Cette première n’oppose pas les deux. Au contraire, gogique créés avec Benjamin, Marie qui le pratiquent au quotidien. © DR trois d’entre elles (« Les échanges expérience est d’autant plus satis- je les lie très fortement. » Elle se Casenave-Péré est aujourd’hui agricoles mondiaux », « L’agricul- faisante qu’habituellement, les thé- forme à l’Institut des hautes études convaincue qu’il ne faut pas grand- Les inscriptions aux deux dernières ture française et alsacienne », « Les matiques des conférences de l’UP de droit rural et d’économie agricole chose pour établir un échange conférences sont ouvertes à tous. agriculteurs, qui sont-ils ? ») ont dû tournent plus autour du dévelop- (IHEDREA) à Paris, avant d’entamer serein et constructif avec le grand Tarif : 5 € ; gratuit pour les membres être reportées à une date inconnue pement personnel, de l’écologie ou sa carrière professionnelle dans des public. « Il n’y a pas de fatalité. Il de l’Université populaire de Mulhouse. à l’heure actuelle. Les deux der- de la psychologie. « Le but n’est pas organisations professionnelles agri- faut juste enclencher un cercle un Plus d’infos et inscriptions à cette adresse : nières du cycle (« La consommation de défendre un modèle plus qu’un coles. Elle y reste quelques années, peu plus vertueux. » www.universitepopulaire.fr Au fil de l’actu #EAVPHR I Vendredi 1er janvier 2021 6
Édito Une nouvelle ambition pour l’agriculture
Par Denis Ramspacher, Sécuriser le revenu essentiel avant tout de retrouver président, et Denis Nass, Si le revenu des agriculteurs dépen- confiance en l’avenir. Les crises dra toujours du prix et des volumes successives, la conjoncture diffi- vice-président de la vendus, la future Pac doit garder cile, mais aussi l’empilement des Chambre d’agriculture sa vocation première : protéger les contraintes réglementaires et les Alsace. agriculteurs, sécuriser leur revenu, phénomènes d’agribashing ont garantir des règles communes pour ébranlé le moral de nombreux L’année 2020 restera sans doute éviter les distorsions de concur- agriculteurs qui s’interrogent sur gravée dans toutes les mémoires. rence au sein du marché unique et l’avenir, qui hésitent à investir, à La crise sanitaire a bouleversé des assurer aux consommateurs euro- s’installer… Ces interrogations sont pans entiers de notre économie. péens une alimentation sûre et de légitimes et il faut y apporter des Et l’agriculture n’est pas épargnée. qualité. Sur le budget de la Pac, les éléments de réponses à défaut de L’horticulture, la viticulture, les cir- décisions prises lors du sommet certitudes. cuits courts ont été particulière- des chefs d’État du mois de juillet L’agriculture alsacienne dispose ment impactés par le confinement, nous ont plutôt rassurés… de solides atouts avec des filières la fermeture des marchés, des Au cours des discussions au niveau diversifiées et un vaste bassin de magasins et restaurants. C’est l’en- © Jean-Michel Hell européen et dans le débat natio- consommateurs. Nous devons semble des filières agricoles qui a nal qui va s’ouvrir, nous devrons préserver toutes ces filières et en dû s’adapter, réinventer ses circuits collectivement faire valoir nos particulier celles qui connaissent de commercialisation, d’approvi- cesse aux consommateurs : ils sont Est, à cause du manque d’eau, arguments sur la convergence des une conjoncture difficile comme sionnements et de transformation les acteurs de cette souveraineté conjugué à la progression du sco- aides, la rotation, la diversité des la vigne, la betterave ou la viande. avec un bouleversement des habi- alimentaire au quotidien dans lyte. assolements, le recouplage, le ver- Le maintien de nos outils de tudes de consommation. Tout cela leurs actes d’achat. Force est de constater que la ques- dissement afin de trouver des solu- transformation, de valorisation ou a dû être fait en un temps record, Nos producteurs de vin, de lait, tion du changement climatique se tions réalistes et pragmatiques qui d’abattage est indispensable pour avec des contraintes sanitaires de viande, de sucre, de fruits et pose avec toujours plus d’acuité. tiennent compte des spécificités pérenniser toutes les productions. fortes pour se protéger et protéger légumes, comptent plus que Nous devons trouver des solu- de notre territoire et de nos filières. Nous devons tisser davantage de la santé des salariés. jamais sur ces consommateurs tions conjoncturelles pour y faire Sans oublier la poursuite des poli- liens avec les nombreuses entre- La Chambre d’agriculture aussi a dû dans leurs fermes, dans leurs face avec des aides ponctuelles tiques essentielles en faveur de la prises agro-alimentaires de la réorganiser son fonctionnement magasins, mais aussi dans les qui sont nécessaires pour passer montagne, l’installation et les pro- région pour mieux valoriser nos pour continuer à assurer toutes ses rayons de nos supermarchés et le cap. Nous avons besoin aussi grammes d’investissements du 2e productions et en développer de missions et ses services aux agri- de plus en plus sur internet. Les de systèmes assurantiels perfor- pilier. nouvelles. De vraies opportunités culteurs. Masques, gel, distancia- décideurs politiques et élus de mants et nous devons surtout Face à la crise sanitaire et clima- de développement existent dans tion lors des contacts, télétravail, nos collectivités aussi peuvent trouver des réponses structurelles tique, le président de la République les filières longues ou courtes, utilisation d’outils à distance, com- agir sur la commande publique en pour augmenter la résilience des a annoncé un vaste plan de relance dans le bio ou le conventionnel, munication et conseil par mail, restauration collective, en jouant systèmes de productions. qui comporte un volet agricole dans la production d’énergie et vidéo, téléphone, tout a été mis en la carte de la proximité lors des On l’a vu encore en 2020, l’irri- doté de 1,2 milliard d’euros. L’ambi- demain, dans le marché du car- œuvre par nos équipes pour rester appels d’offres, en travaillant avec gation constitue indéniablement tion affichée est grande pour que bone. à l’écoute et répondre aux besoins les producteurs et les filières, à la une réponse efficace au manque l’agriculture puisse rebondir après la L’ensemble des élus et des colla- techniques, économiques, régle- contractualisation au niveau des de pluie pour sécuriser de nom- crise de la Covid19 et répondre aux borateurs de la Chambre d’agri- mentaires et sanitaires… prix et des volumes. breuses productions et garantir enjeux alimentaires de proximité, culture est pleinement engagé une alimentation régulière et de aux enjeux climatiques et socié- aux côtés des agriculteurs alsa- Retrouver Répondre qualité à nos consommateurs. taux actuels. Les premiers appels à ciens pour répondre à ces enjeux la souveraineté alimentaire aux enjeux climatiques Nous devons porter collective- projet sont parus et les mesures en multiples. Pour y parvenir, nous D’ores et déjà, nous pouvons tirer Outre la Covid-19, l’année 2020 ment ce message pour garantir un faveur des agroéquipements seront aurons besoin de la confiance des les premiers enseignements de a été marquée une nouvelle fois juste accès à l’eau dans les secteurs ouvertes à partir du mois de jan- consommateurs et du soutien cette crise. L’agriculture et l’ali- par la sécheresse qui a touché historiques de la nappe et, ailleurs, vier sur le principe « premier arrivé, de nos concitoyens. Nous nous mentation, à côté de la santé, font de nombreux secteurs en Alsace, pouvoir stocker l’eau quand elle premier servi ». Les collectivités sommes d’ores et déjà engagés à partie des besoins essentiels de parfois pour la troisième année est disponible, développer des territoriales aussi travaillent à des mieux communiquer sur nos pro- nos populations. On avait parfois consécutive. Le manque de pluie réseaux collectifs là où c’est néces- dispositifs d’accompagnement de duits, sur nos pratiques et les réali- tendance à l’oublier à l’heure de la et la canicule cet été ont provo- saire. cette relance. Il est important que tés de l’agriculture d’aujourd’hui. mondialisation. Quand les fron- qué des baisses de rendements Rappelons aussi que l’agriculture ces plans soient bien coordonnés et Nous aurons besoin aussi de tières se ferment, quand la logis- importants dans les secteurs non contribue de façon déterminante complémentaires et qu’ils puissent l’écoute et de l’appui des services tique se grippe, on se rend compte irrigués. Les prairies aussi ont à la production d’énergie renou- efficacement accompagner les de l’État sur de nombreux sujets et que le producteur d’à côté, que souffert. Difficile dans ces condi- velable avec le photovoltaïque transitions en cours, les projets des d’un partenariat renouvelé avec les l’usine qui fabrique ici constituent tions de reconstituer le stock sur toiture ou encore la méthani- agriculteurs et des filières. Nous collectivités territoriales, la Région une véritable garantie d’approvi- fourrager pour les éleveurs ! 2020 sation que nous pouvons encore serons aux côtés des institutions, Grand Est, la nouvelle Collectivité sionnement au quotidien pour nos sera donc une année compliquée développer. Et surtout, l’agriculture avec l’ensemble des organisations Européenne d’Alsace. concitoyens. pour le revenu de nombreux agri- peut proposer de vraies solutions professionnelles, pour les informer Nous vous souhaitons de passer
La souveraineté alimentaire, culteurs, surtout pour la viticul- pour stocker durablement le CO2 sur ces dispositifs, les guider et les de paisibles fêtes de fin d’année locale, nationale voire européenne ture mais aussi pour la viande, les dans les sols et les plantes. Nous conseiller dans leurs démarches. en famille. Que 2021 puisse vous n’est pas une vision du passé, mais betteraves et les grandes cultures devons résolument nous engager apporter la santé, la sérénité et un gage de sécurité et d’indé- dans les secteurs concernés. dans cette voie car les perspec- Retrouver la confiance beaucoup de satisfaction dans vos pendance pour l’avenir de notre Enfin, n’oublions pas la forêt qui tives pour l’agriculture sont réelles Mais au-delà des mesures de projets personnels et profession- société ! Et il faut le répéter sans est fragilisée dans tout le Grand dans ce futur marché du carbone ! relance qui sont nécessaires, il est nels. Au fil de l’actu phr.fr I Vendredi 1er janvier 2021 7 Restauration bio Des contraintes mais un avenir certain Malgré la demande, les restos bio se font encore rares. Témoignages de Frédéric Metzger, le 48°Nord à Breitenbach, 100 % bio et local, et de Grégoire Sanchez, L’Arpège à Colmar, non certifié.
Dans le cadre du mois de la bio, l’Opaba organisait une table ronde le 23 novembre à Breitenbach (67) sur la thématique de la restauration et RHD (restauration hors domi- cile) bio, de la réglementation, avec des témoignages. Cette matinée se concluait par une visite du tout nou- vel hôtel-restaurant 48°Nord, un modèle dans l’univers écorespon- sable, puisque le chef Fred Metzger et Emil Leroy-Jönsson ont lancé le défi du 100 % bio et local, jusqu’au Le 48°Nord propose outre son restaurant bio, local, des « hyttes » sel de table… comme hébergement insolite, d’inspiration scandinave. C’est Jean-Pierre Piela, maire de Breitenbach qui accueillait les visi- teurs en présentant les nombreux projets : une trame verte et bleue Le potager en permaculture dans l’hôtel assure une partie de l’approvisionnement incluant dix communes, un corri- local. © DL dor de biodiversité entre le Rhin et les vallées vosgiennes et plus pré- développement des menus végéta- leur schéma cultural. Nous ache- cisément sur les questions énergé- riens : « On s’adapte, sans exclusion, tons moyennant des engagements tiques, une politique très incitative à tous les régimes spéciaux, sans réciproques. » Pour sa part Grégoire en faveur des isolations avec maté- gluten, sans lactose, sans ail ou sans Sanchez tempère : « On est encore riaux biosourcés et chauffage avec oignon cru. Il ne faut pas être trop dans un schéma où l’on ne s’interdit des énergies renouvelables. Et des intégriste, poursuit-il et essayer de rien. Dans le dialogue avec mon chef, questions sur l’avenir touristique du faire du mieux possible, mais il y a il est force de proposition. Le poisson Champ-du-Feu. « Avec cinq com- de quoi faire », témoigne-t-il. L’es- vient de loin, la crème de marrons munautés de communes, il faut sentiel étant selon lui « les valeurs vient d’Ardèche. Il faut s’adapter à ce prendre son bâton de pèlerin pour humaines » et une certaine humilité : qu’on trouve, mais être en constante que cette initiative prenne corps. » « Se dire qu’on est juste un passeur évolution ». entre le producteur et le consom- Face à un « consommateur roi », n’y « Il ne faut pas être mateur, à travers notre travail de res- a-t-il pas un risque de susciter des trop intégriste » tauration. » Côté carte des vins, « je déceptions ? « Il faut être en mesure Plusieurs acteurs locaux de la res- ne choisis pas les grands noms. Pour d’expliquer au client qu’on n’a pas tauration bio étaient venus assister moi, ça ne veut plus rien dire. J’essaie toujours tout ce qui est sur la carte. à cette table ronde comme C’pas- juste de retrouver l’expression du ter- En retour, c’est une garantie de nos siflore à Baldersheim qui propose la roir ou la quintessence du fruit. Mais efforts envers les produits locaux », livraison à domicile de plats bio ou le monde du vin bouge plus que les répond le gérant de l’Arpège : une société en gestation de traiteur producteurs bio. » 35 couverts, 6 à 8 salariés. bio pour bébé à Gambsheim, Loriane Quant à Frédéric Metzger, il vient de Frédéric Metzger - 25 couverts le soir Scheer, et aussi Grégoire Sanchez du démarrer son activité en 2020 avec - estime en revanche que l’approvi- restaurant L’Arpège à Colmar. « J’uti- Emil Leroy Jönsson. Sur les hauteurs sionnement est « assez facile » : « si lise des produits bio, et on propose de Breitenbach, l’hôtel-restaurant un problème se pose vis-à-vis du des plats végétariens. Nous avions Le 48°Nord est certifié bio et s’est client, on propose une alternative voulu certifier le restaurant, mais fixé l’objectif de travailler en 100 % et on va au potager, chercher par nous avons renoncé en raison de la local dans un rayon de 150 km. Au exemple un légume et proposer paperasse. » Après 10 ans d’expé- 48°Nord, même l’huile de cuisine et une entrée thématique autour de ce rience, en restauration bio non certi- le sel de table proviennent de Lor- légume. Ça arrive ! » Au 48°Nord, on fiée, Grégoire Sanchez se dit satisfait raine. Ce qui limite la diversité des met autant que possible en avant les de « travailler avec des produits plats. « On ne propose que trois producteurs mais « tous les produc- locaux, mais en toute liberté ». Il sou- menus, et rien à la carte. Les menus teurs bio ne veulent pas travailler ligne aussi l’importance du « 100 % changent toutes les semaines. » avec les restos »… Frédéric Metzger fait maison, à partir de produits Le 48°Nord dispose de son propre élabore ses menus en fonction des bruts ». Mais également l’important potager en permaculture, assez propositions des producteurs. Pour conséquent, tout comme le restau- pallier l’effet saison, notamment en rant Brendel à Riquewihr. hiver, il pratique beaucoup les fer- mentations lactiques de légumes ou N’y a-t-il pas de risque de au kombucha. rupture d’approvisionnement ? Les deux restaurateurs sont d’ac- Selon Grégoire Sanchez, « il faut cord sur un point : « Les restos qui respecter la saisonnalité, alors on marchent, ce sont ceux qui réduisent s’expose moins aux ruptures, et on la carte, essayent de retrouver le établit des schémas de livraison avec produit originel et mettent en avant les producteurs, par exemple avec le le producteur. Beaucoup de clients chevrier Matin Ehrhart, les maraîchers viennent parce qu’on est bio. » Fré- les Saveurs du Ried et les Jardins déric Metzger ajoute : « Chez nous, de la Lohr. L’idée c’est de s’adapter c’est une expérience, on redécouvre Emil Leroy Jönsson fondateur aux productions du moment. Ce des goûts, des saveur locales. Donc du 48°Nord à Breitenbach. qui nous oblige à nous insérer dans pas de plats au curry. »
L’après Covid-19 ? Point d’actualité sur la certification bio Grégoire Sanchez se dit confiant, avec le retour d’une clientèle locale des restos et RHD depuis 2012 et touristique, active et non active : Si un plat est bio, il faut être en mesure de présenter la certification « On a structuré nos propositions des produits qui le constitue. Et si le menu est bio, de même chaque de telle sorte qu’il y en a pour tout plat doit pouvoir être tracé de telle sorte qu’il est possible de présen- le monde. L’essentiel est de se tenir ter la certification bio. Un restaurant peut se faire certifier bio s’il est en retrait même si on a envie de en mesure de prouver que 95 % de ses achats sont bio. « La base de se mettre en avant. Ce qui est cer- contrôle, c’est la facturation. Il en coûtera entre 300 à 1 000 € de cer- tain, c’est que beaucoup de restos tification. » La question sociale des entreprises de la restauration ne devront s’adapter ou disparaîtront. Et fait pour l’heure pas l’objet de démarche éthique dans le cadre d’une si l’Arpège coule, le lieu restera un certification bio. Signalons également le label Maître restaurateur qui resto. On est interchangeable ! » certifie le « fait maison ». DL Au fil de l’actu #EAVPHR I Vendredi 1er janvier 2021 8 Parcours d’insertion Pour Léotrint H et Nicolas Bauer, c’est gagnant-gagnant
Après le tri, Léotrint H, trait. Je le recommanderai. Et s’il est passer les 2, 4 et 6. Il a aussi son jeune Kosovar de 29 ans, a disponible pour la prochaine cam- permis B. Il est très demandé par pagne, qu’il revienne. » les agences d’intérim, depuis qu’il a enchaîné sur une mission de obtenu les précieux sésames. Il com- cariste, à l’usine de semences « Le chef nous laisse travailler » prend bien la langue, les consignes, de maïs du Comptoir Le responsable remarque : « Les mais il ne s’exprime pas encore avec agricole, à Marlenheim. Le équipes fonctionnent bien, l’am- fluidité en français. « Parler, c’est biance est bonne, puisque les chefs plus difficile », concède-t-il. Mais il responsable Nicolas Bauer l’a choisissent. » Il n’est pas le seul à le s’améliore. « J’écoute les collègues, remarqué parmi la trentaine dire ! Léotrint H est enchanté. Non je parle avec eux. » Germa Emploi de salariés de Germa Emploi seulement, il travaille mais, en plus, Alsace le ravit aussi. « Ils sont très il aime son travail et s’épanouit avec précis, très corrects », estime Léo- Alsace qui craquaient les ses collègues. « Nicolas et mon trint. Son père a entamé un parcours spathes. équipe sont gentils et corrects. J’ai d’insertion avec l’association. tout découvert de ce travail en arri- « Léotrint est là depuis le 31 août vant ici. Les collègues me montrent Anne Frintz 2020, depuis le début de la col- comment faire. Le chef nous laisse lecte de maïs. Il a trié, jusqu’à fin Léotrint H, salarié de Germa Emploi Alsace, mis à disposition auprès du Comptoir travailler. Il n’est pas tout le temps octobre, et a attaqué le calibrage, agricole, à Marlenheim, à l’usine de semences de maïs, est cariste. derrière nous. Je suis autonome », quelques jours après, sur une mis- assure-t-il. Arrivé en France en 2015, sion de cariste entrée, comme atmosphère humide, détaille Nico- Cette année, Nicolas a gardé dix il a passé son permis Caces (certificat on dit, puisqu’il est à l’entrée de la las Bauer. Germa Emploi Alsace intérimaires sur les soixante, après d’aptitude à la conduite en sécurité) chaîne », explique Nicolas Bauer, comprend notre besoin en person- la récolte, pour nettoyer l’installa- en 2019 avec Pôle emploi. Il a trouvé responsable de l’usine de semences nel saisonnier spécialisé. Elle est tion pendant une semaine. « Léo- l’offre de Germa Emploi Alsace sur de maïs du Comptoir agricole, à compétente pour les profils agri- trint en a fait partie », précise-t-il. Il Indeed à l’été 2020. Léotrint n’avait Marlenheim. Léotrint H est salarié coles. » a encore donné satisfaction, ce qui pas beaucoup d’expériences profes- de Germa Emploi Alsace. Il est mis l’a amené à la mission de cariste. sionnelles en France. Mécanicien de à disposition par l’association (lire ci- « Je le recommanderai » « On repère les plus compétents. Ils formation, il avait livré des canapés, dessous). Chaque année, depuis le Mais Nicolas Bauer ne charge pas travaillent avec nous jusqu’à Noël », trié des colis à la Poste, travaillé chez lancement de la filière de semences la mule. Dès 2016, il travaille aussi ajoute le responsable de l’usine. Ce Dr. Oetker, dans une imprimerie à de maïs en 2014, le Comptoir agri- avec Experteam intérim, à Saverne, sont ses chefs d’équipe qui choi- déplacer des rouleaux de papier. cole fait appel à Germa Emploi pour car il a besoin de soixante personnes sissent à chaque campagne les deux « J’aime être cariste maintenant. Je le tri. « C’est un travail difficile, répé- au tri. « C’est trop à gérer, pour saisonniers les plus performants de reste cariste », souligne-t-il. titif. Les poignets sont très sollicités, Germa. Je coupe la poire en deux », leur groupe à l’étape du tri. Pourquoi à force de craquer les spathes et confie-t-il. À l’époque, la barrière de Léotrint a-t-il été sélectionné ? « Il « Parler, c’est plus difficile » Nicolas Bauer, responsable de l’usine les pédoncules du maïs. Il faut res- la langue posait parfois problème. est travailleur, rigoureux et auto- Le jeune homme est ambitieux. S’il de semences de maïs du Comptoir agricole à Marlenheim. ter huit heures debout, dans une Aujourd’hui, personne ne se plaint. nome, lâche Nicolas Bauer, d’un a les permis Caces 1, 3 et 5, il espère © Germain Schmitt
Germa Emploi Alsace « Révélatrice de talents » Actrice de l’économie sociale et solidaire, Germa Emploi Alsace est une association de mise à disposition de salariés, auprès des entreprises, collectivités, associations et particuliers. Imaginée par la MSA Alsace, elle est une interlocutrice privilégiée du monde agricole.
Spécialisée dans les travaux simples Emploi, ajoute : « On connaît très bien fication ou un niveau intermédiaire : de liés à la production agricole, viticole, aux tout le monde. On accompagne les brevet des collèges à bac + 2. Ils sont espaces verts, à l’industrie (notamment salariés et les clients. On est présent français ou étrangers, jeunes, deman- agroalimentaire), au bois, mais aussi aussi sur le terrain avant, pendant et deurs d’emploi de plus d’un an, en au BTP et aux services, Germa Emploi après la mise à disposition. Plus qu’un reconversion professionnelle ou réfu- Alsace a été créée en 1994 par la MSA fournisseur de main-d’œuvre, on est un giés. Ils ont juste besoin « d’un coup de et les organisations professionnelles partenaire. » « Notre objectif est double : pouce », s’accordent Cécile et Sylvie. agricoles (OPA). Elle est constituée de offrir un service de qualité aux entre- « Les personnes qui viennent à nous deux agences, une à Strasbourg et une prises, comme le ferait une agence d’in- ont envie et besoin de travailler », cadre à Colmar, qui emploient onze perma- térim, sur des missions temporaires ; et la responsable de l’association. nents. C’est une structure d’insertion par que l’emploi soit un tremplin pour nos Germa sensibilise au savoir-être, aux l’activité économique (SIAE). salariés », explique Sylvie Maâ. codes de l’entreprise. Mais elle entre Sylvie Maâ, responsable de l’association : « Le plus de Germa Emploi Alsace ? La responsabilité employeur nous incombe. Le recrutement mais aussi l’administratif, « On recrute nos salariés au plus proche aussi dans le dur, en assurant le renfor- les contrats, si l’entreprise le désire, on s’en occupe de A à Z. » © Germain Schmitt de nos clients employeurs. Et on place, FLE agricole cement des compétences techniques bien sûr, le bon salarié au bon poste. et transformation de choucroute (par exemple, sur la végétalisation de progression possible. Nos salariés l’association par le haut. Ils décrochent C’est une mise en adéquation. On Germa Emploi Alsace ne lésine donc la vigne, le maraîchage, en partenariat n’entrent pas forcément dans les soit des CDD de plus de six mois, soit opère une grosse sélection », souligne pas sur les formations et les ateliers avec le lycée agricole d’Obernai, notam- cases mais ils savent faire. Ils ont du des CDI, soit entrent en formation. Sylvie Maâ, responsable de l’associa- pour ses salariés, en majorité des ment), et des compétences « transver- bon sens, sont à l’aise à l’extérieur et Un contrat signé donne du sens à nos tion, consciente que le terme « inser- hommes. Quand ils postulent à une sales » ; par exemple, la maîtrise de la ils sont déterminés », énumère Sylvie actions », détaille la responsable. tion » peut en rebuter plus d’eux. Cécile offre publiée par l’association, ils ont langue française, grâce à des cours de Maâ. En 2019, 55 équivalents temps Monteiro, cadre de proximité à Germa déjà atteint le premier niveau de quali- français langue étrangère à visée pro- plein, soit 300 salariés, sont pas- Des coups de foudre à la clé fessionnelle agricole (FLE agricole), avec sés par Germa Emploi Alsace. Ils ont La satisfaction des clients employeurs la contribution de la Chambre d’agricul- effectué 8 771 heures de travail auprès est au rendez-vous. « Les Jardins du ture Alsace. En 2019, certains appre- de plus de 200 clients. 50 % de l’acti- Ried, à Hoerdt, vont embaucher un nants du FLE agricole ont enchaîné sur vité de Germa Emploi est saisonnière de nos salariés. Germa a financé son un contrat d’insertion professionnelle car liée à l’agriculture. « On a diversifié permis Caces. Il ne manquait que ça. intérimaire (cipi) d’agent de transfor- les secteurs dans lesquels on inter- À 45 ans, il sera préparateur de com- mation de choucroute. En 2020, les vient pour la viabilité économique de mandes et agent de production », actions de Germa ont été bousculées l’association, pour lisser les activités cite Cécile Monteiro, à titre d’exemple. par le Covid-19 mais elle ne lâche rien. sur l’année », précise la responsable Autre victoire de 2020 : un jeune Ira- Pour la première fois, elle propose à ses de Germa. kien a décroché un CDD de plusieurs salariés Atouts permis, avec l’association En 2019, le chiffre d’affaires de Germa mois chez un viticulteur, après une Mobilex, pour les accompagner dans Emploi Alsace s’élève à 1,8 million première mission et une formation de l’obtention du permis de conduire. Le d’euros. L’association bénéficie de sub- tractoriste. salarié participe financièrement. ventions de l’État mais elle n’est finan- Germa Emploi Alsace est, par ailleurs, cée qu’à hauteur de 10 à 15 %. « Tout un des huit membres fondateurs « On a intérêt à être bons » le reste, c’est l’aspect commercial. On de Terra job, un groupement d’em- L’équipe de Germa Emploi Alsace, à Strasbourg, dans les locaux de la MSA : de « Germa Emploi est une révélatrice a intérêt à être bons. On autofinance ployeurs alsacien pour l’insertion et gauche à droite, Younes Fallahi, assistant d’agence, Cécile Monteiro, cadre de proximité en charge notamment du recrutement, Tinasoa Meyer, à la gestion, de talents », résume Cécile Monteiro. nos postes », confie Sylvie Maâ. L’État la qualification des salariés agricoles. et Élisabeth Pracht, conseillère en insertion professionnelle. Ils sont onze « On repère, on décèle les compé- fixe à Germa des objectifs. « Près de permanents, au total, avec l’agence de Colmar. tences, la motivation, la marge de 70 % des salariés de Germa sortent de Anne Frintz DEMANDE D’ATTRIBUTION D’UNE AIDE FINANCIÈRE INCITATIVE
- Copie de la facture acquittée - Un RIB
Nom ...... Prénom ...... Téléphone ...... Adresse...... Adresse E-mail ...... Téléphone ...... Date de naissance ...... (pour le chef d’exploitation ) N° de SIRET ......
Exploitation individuelle Exploitation individuelle Entreprise
Nom ...... Prénom ...... Rôle au sein de l’entreprise ...... Oui Non (chef d’exploitation, conjoint, membre de famille ou salarié)
• Si c’est une exploitation agricole, veuillez en indiquer la surface et donner le détail pour les cultures spéciales : ......
Équipement ...... Marque ...... N° de conformité ...... (chef d’exploitation, conjoint, membre de famille ou salarié) Si l’équipement est monté sur un véhicule, indiquez la marque et le type : ...... Pour les sièges de tracteur : Avec ceinture Sans ceinture Date de 1ère mise en circulation : ...... (ou copie de la carte grise) Y a-t-il une structure de sécurité en cas de renversement ? Oui Non
Disposez-vous d’un Document Unique d’Evaluation des Risques (DUER) : Oui Non
Si non, souhaiteriez-vous être accompagné dans la réalisation du Document Unique d’Evaluation des Risques (DUER) ? : Oui Non
Les subventions ne sont accordées qu’après accord de la commission de prévention. En outre, la Caisse se réserve tout droit de contrôle et peut, en cas de fausse déclaration, poursuivre le demandeur. J’atteste sur l’honneur l’exactitude des renseignements ci-dessus.
Fait à ...... , le ......
Cachet & signature
Caisse du Bas-Rhin Caisse du Haut-Rhin Caisse de la Moselle Montant minimum 2 rue de Rome à Schiltigheim - B.P. 20021 132 avenue Robert Schuman - C.S. 11167 64 avenue André Malraux 67013 Strasbourg Cedex - Tél. 03 88 19 55 19 68053 Mulhouse Cedex - Tél. 03 89 45 68 22 57045 Metz Cedex - Tél. 03 87 66 12 70 de facture à présenter : Fax 03 88 19 55 18 - Email : [email protected] Fax 03 89 46 41 34 - Email : [email protected] Fax 03 87 66 12 71 - Email : [email protected] 50€HT WWW.3CAAA.FR Au fil de l’actu #EAVPHR I Vendredi 1er janvier 2021 10 Nouveau commerce Les épices qui font les rencontres
Ouverte depuis début mélanges d’épices, graines, piments, ce domaine depuis 25 ans est pré- décembre à Strasbourg, plantes aromatiques que les deux cieuse : l’entreprise a en effet contri- hommes ont choisies en fonction bué au développement de certaines la boutique Georges Colin de leurs goûts respectifs. « On aurait filières, comme celle du poivre de propose une gamme pu mettre 50 poivres mais nous Kampot, qui fait vivre à ce jour 25 de 200 épices, n’avons pas voulu être trop élitistes, agriculteurs cambodgiens. assemblages d’épices, indique Éric Colin. De toute façon, À l’intérieur de la boutique, un ate- c’est une gamme qui est appelée à lier de mouture à façon permettra plantes aromatiques évoluer dans le temps. » de répondre à des demandes parti- et condiments. culières. Éric Colin et Jean-François Safran d’Alsace Hayer souhaitent aussi développer C’est l’histoire d’une rencontre : celle et poivre de Kampot le conseil. Ils envisagent de proposer d’Éric Colin, dirigeant du groupe Poivre rouge de Kampot, poivre des formations sur place, en lien avec Colin basé à Mittelhausen, dans le long du Népal, piment cheveu des chefs. Ils ont également lancé, en Bas-Rhin, fils et petit-fils de paysans, d’ange, graines de fenugrec, cumin parallèle, un site internet où l’on peut lui-même producteur de moutarde noir, baies de sumac, sésame blanc, commander toute la gamme vendue d’Alsace, et de Jean-François Hayer, aneth, coriandre, thym d’Alep… à la boutique de Strasbourg. Jean-François Hayer, passionné de cuisine et de pâtisserie (à gauche), et Éric Colin, gérant de commerces alimentaires dirigeant du groupe Colin (à droite) partagent une même passion, celle des épices. Rangées dans des boîtes cylin- depuis plus de 30 ans et passionné © Germain Schmitt driques selon un code couleur Florence Péry de cuisine. Ils ont fait connaissance propre à chaque famille de produits, au printemps 2020, lorsque Jean- collection d’épices de l’entreprise : à travers le monde à la rencontre les 200 références sont vendues Épices Georges Colin, François Hayer, qui visitait le nou- 1 000 épices exposées sur un mur des producteurs d’épices de tous les en vrac dans des sachets en papier 5 rue Gutenberg, Strasbourg. veau site de production du groupe de 15 mètres de long. Le résultat continents. Et l’une des facettes de kraft refermables ou dans des boîtes Rendez-vous sur www.georgescolin.com Colin, est tombé en arrêt devant la de 25 années de « promenades » l’entreprise de Mittelhausen, spé- métal réutilisables. Des mélanges cialisée dans les « ingrédients culi- d’épices et des sels épicés originaux naires » à destination des industries complètent l’assortiment, ainsi que agroalimentaires et des profession- des coffrets cadeaux (épices à des- nels de la restauration. sert, poivres d’exception, Noël en Pourquoi ne pas mettre ces épices Alsace). à la portée du grand public ? L’idée, 30 % des produits proposés dans la formulée par Jean-François Hayer, boutique Georges Colin sont issus a été reprise au vol par Éric Colin. de la culture biologique et 5 à 6 % Quelques mois ont suffi aux deux sont de provenance locale. Les deux hommes pour trouver un empla- entrepreneurs privilégient l’origine cement, dans une rue piétonne locale ou française quand elle est au cœur de Strasbourg, et don- possible : c’est le cas pour le safran ner corps à ce projet. La boutique d’Alsace, l’amarante noire du Loi- Georges Colin, qui tient son nom du ret, l’ail du Sud-Ouest ou le piment père d’Éric Colin, un jeune homme d’Espelette. Pour le reste, ils s’appro- de 78 ans, a ouvert ses portes visionnent auprès de filières locales début décembre. Ce ne sont pas un peu partout dans le monde, la Le site de production, comme les 1 000 épices de la collection ini- recherche du savoir-faire et de l’ex- la boutique et le site internet, Rangées dans des boîtes cylindriques, les 200 références sont vendues en vrac tiale qui sont proposées à la vente, cellence leur servant de boussole. regorge de produits d’exception, ou dans des boîtes métal réutilisables. mais une sélection de 200 épices, L’expérience acquise par Colin dans ici le poivre rouge de Kampot.
Foie gras Les producteurs ne sont pas à la fête Malgré des ventes par correspondance à la hausse en fin d’année, la filière des foies gras et de volailles festives souffre. Témoignages de Cédric et Guillaume Laban, producteurs dans les Pyrénées-Atlantiques, qui enregistrent une lourde perte financière liée principalement à l’annulation de salons et des foires. À Sedze-Maubecq, dans les Pyré- de novembre et décembre repré- conserverie à transformer plutôt qu’à nées-Atlantiques, Cédric et Guil- sente environ 40 % des ventes de la préparation des commandes… » laume Laban sont à la tête de la la ferme. Trop tôt encore pour tirer En parallèle, les ventes de foie gras ferme familiale où depuis 1940 le des conclusions, la vente par corres- ont, elles, diminué, ce qui a conduit canard est maître, élevé et trans- pondance a bien fonctionné. « Par les éleveurs à prendre des décisions. formé sur les lieux. À partir de leurs rapport à d’habitude, c’est simple, « Vu qu’en canard, c’est l’équation 10 000 canards produits sur l’an- on a multiplié notre nombre d’envoi viande et foie gras, à l’automne, nous née, les frères Laban et leurs trois par cinq », confie l’éleveur. Face à cet avons préféré diminuer le nombre salariés cuisinent toute une gamme engouement, les deux hommes ont de canards pour ne pas avoir un stock de produits frais (rillettes, terrines, dû réorganiser leur activité et embau- de foie gras qui dort trop élevé. » foie gras, aiguillettes, magret, man- cher pour répondre à toutes les solli- chons…) mais élaborent également citations. Le doute et la grippe aviaire… des conserves et des plats cuisi- « On observe un vrai effet domino En cette période d’après-fête, pour nés qu’ils écoulent par le biais de parce qu’on n’a pas vendu les mêmes l’instant, Guillaume demeure relati- la vente directe. « La ferme vend produits que ceux écoulés habituel- vement pessimiste avec encore de en circuit court depuis les années lement. Cela a engendré des pro- nombreuses inconnues persistantes. quatre-vingt. C’est pour nous une blèmes de stocks et des flux tendus « On ne sait pas comment vont se vraie volonté », souligne Guillaume. Comme beaucoup de producteurs de foie gras et volailles festives, Cédric (en sur certains produits. » Une difficulté passer les cinq premiers mois de photo) et Guillaume Laban sont en proie au doute pour début 2021. © Le Sillon face à laquelle les frères n’avaient l’année. Est-ce que les clients seront 120 000 euros de pertes pas, jusque-là, été confrontés. réceptifs ? Est-ce que l’événementiel Localement, leurs produits frais gar- sensiblement sur les mêmes ventes l’exploitation. « On a juste pu faire « Depuis le mois de mars, on avance pourra reprendre ? », s’interroge-t-il. nissent principalement les étals de qu’en 2019. » deux marchés, entre les deux confi- sans visibilité », ajoute l’éleveur. D’autant plus que certains éléments distributeurs tels que les Point Vert L’effet de la crise s’est fait beaucoup nements, mais on a été à nouveau, nourrissent la crainte de l’éleveur. À mais aussi des épiceries fines par- plus ressentir sur leur activité avec de suite, bloqués par l’interdiction Nouvelles tendances commencer par l’influenza aviaire. tout dans l’Hexagone. Et à l’heure du l’annulation des évènements et des rassemblements », regrette de consommation « On y pense aussi. Ce n’est vraiment premier bilan de l’année, le résultat des salons : chaque année, les deux Guillaume Laban. En fin d’année, de nouvelles ten- pas loin puisque des cas ont été est correct sur ce volet. « Malgré les frères participent à une vingtaine dances de consommation sont confirmés dans les Landes. Les pré- confinements, ce créneau a bien de salons et autres marchés festifs, Envol des ventes apparues. « On a observé une baisse cédents épisodes ont fortement tou- fonctionné, lâche-t-il. Cela n’a pas notamment conduits à Paris, Lyon par correspondance des plats cuisinés par exemple. Alors ché notre activité. J’espère que l’on ne été catastrophique. Les gens ont et Marseille. « Ça a été vraiment un Malgré ce gros manque, les deux que les ventes de confits ont bien va pas revivre ça », conclut Guillaume moins bougé et ont consommé gros manque. » Cette année « sans » agriculteurs gardent espoir et espé- augmenté. Il a fallu répondre à cette Laban. local. On ne s’y est pas encore trop va générer une perte financière esti- raient limiter la casse avec les fêtes tendance. Donc c’est vrai que nos penché mais on sera, je pense, mée autour des 120 000 euros pour de fin d’année. Pour eux, la période salariés ont passé plus de temps à la Baptiste Ducasse Technique #EAVPHR I Vendredi 1er janvier 2021 11 Institut technique de la betterave Un plan de recherche sur trois ans contre la jaunisse
Plus de 400 personnes ont assisté au premier webinaire proposé par l’institut technique de la betterave (ITB) mercredi 16 décembre consacré à la jaunisse. Les professionnels ont été informés sur les connaissances des virus et du puceron vecteur, sur l’efficacité des produits et sur le plan national de recherche et d’innovation.
Le webinaire a suscité l’intérêt des tions à éclaircir. L’interaction entre les des quantités de néonicotinoïdes agriculteurs après une année 2020 où virus responsables de la jaunisse ? par rapport à la dose de l’autorisa- les parcelles de betteraves ont connu L’existence ou non d’autre virus que tion de mise en marché (AMM). « Il y une pression très forte de la jaunisse les quatre connus ? Les plantes hôtes aurait également une diminution de avec, par endroits, d’énormes infesta- sur lesquelles les pucerons acquièrent la dose homologuée permettant une tions qui ont eu des conséquences sur les virus de la jaunisse ? Quelles sont protection des betteraves pendant les les rendements. « Une étude menée les dynamiques d’infestations ? 60 à 70 premiers jours de la culture. Dans de nombreuses régions, les traitements ont permis une réduction du nombre sur 26 parcelles a permis de consta- Pour répondre à ces interrogations, il Ce fonctionnement avait été suffisant des pucerons verts. © DR ter une perte de productivité de 25 % est important de connaître l’efficacité pour lutter contre la jaunisse en 1994 en moyenne avec des pointes allant des produits insecticides contre les et en 1999 », ajoute Cédric Royer. triels et la filière agricole seront mobi- de variétés tolérantes et en accélé- jusqu’à 48 %. Nous avons alors cher- pucerons verts mis en place en 2020 Concernant l’autorisation des néoni- lisés autour de l’ITB et de l’Institut rant le développement de produits ché à mieux connaître la biologie de et les moyens de protection pour cotinoïdes, le Conseil constitutionnel national de recherche pour l’agricul- de biocontrôle avec, par exemple, le cette jaunisse. Quatre virus distincts l’année à venir. Dans de nombreuses l’a validé. Le texte a été promulgué le ture, l’alimentation et l’environnement criblage sous serre des produits candi- en sont responsables. Deux, appelés régions, les traitements ont permis 15 décembre. « L’ITB va maintenant (Inrae). L’ITB doit être mobilisée sur dats selon un protocole standardisé et BMYV et BChV sont des polérovirus une réduction du nombre de ces déposer les demandes de dérogation l’impact de chaque virus seul ou en un criblage plus fin pour comprendre développant une jaunisse modérée. pucerons verts. Mais, le pourcentage nécessaires dans les tout prochains combinaison sur les symptômes et le les mécanismes impliqués », précise Le vecteur principal est le myzus de plantes touchées par au moins une jours. Il y aura sans aucun doute des rendement, mais aussi sur l’impact de Fabienne Maupas, ingénieur agro- persicae qui est un puceron vert du capture est resté au-dessus du seuil contraintes concernant ces autorisa- la date d’inoculation. L’Inrae doit tra- nome à l’ITB. pêcher, une espèce d’insectes hémip- de traitement. Les traitements à base tions d’utilisation », estime le directeur vailler sur la réalisation d’un répertoire Ce travail doit être réalisé dans les tères. Leur mode de transmission de pyrèthres et de carbamates contre général de l’institut, Vincent Laudinat. viral complet en appréciant les syner- trois années. Les laboratoires seront est persistant. Le troisième, appelé les pucerons verts se sont montrés gies et les antagonismes entre les les premiers mobilisés en 2021 (cher- BYV, est le virus de la jaunisse grave. inefficaces alors que les produits à Pas de solution unique virus. Il s’agira alors d’évaluer l’intérêt cheurs, industriels). Ils seront ensuite Le quatrième, le BtMV est le virus de demi-dose ont une efficacité réduite La dernière partie de ce webinaire d’une stratégie de vaccination et de aidés par l’ITB. Un travail qui se termi- la mosaïque. Ce sont des virus semi- par rapport à la dose homologuée. a été consacrée au plan national de trouver de nouveaux outils de détec- nera dans les champs, avec les agri- persistant et non persistant. Le myzus « Au final, nous avons constaté en recherche et d’innovation (PNRI) sur la tion sérologique et moléculaires. culteurs concernés. « On ne trouvera persicae est le plus souvent présent. 2020 une réduction des quantités de jaunisse. L’objectif est de mieux com- Une modélisation du risque et des pas une solution unique comme celle C’est un ravageur très polyphage et pucerons avec les produits Teppeki et prendre les virus et leur biologie en outils d’aide à la décision seront des néonicotinoïdes. Il y aura diffé- prolifique avec 70 à 80 nymphes Movento. On peut aussi affirmer qu’il accompagnant l’effort de la recherche. développés. « Il s’agit de quanti- rents leviers qui permettront d’abou- par femelles pour 6 à 7 jours de crois- ne faut pas sous doser les produits », Pour y parvenir, l’État vient d’apporter fier les effets relatifs du climat, des tir à une solution satisfaisante. Il faut sance. Il y a une influence de la météo précise Cédric Royer, technicien à un soutien financier de 7 M d’€. De pratiques agricoles, du paysage ou également savoir que toute l’Europe hivernale sur les infestations de prin- l’ITB. quoi travailler pour apporter des solu- encore des cultures avoisinantes. Mais betteravière travaille sur ce sujet de la temps », explique Amélie Monteiro, Pour 2021, quelles vont être les pro- tions opérationnelles aux agriculteurs aussi d’optimiser le positionnement jaunisse pour aller plus vite », conclut coordinatrice de projet de recherche tections insecticides proposées ? dans les trois années. De nombreux des traitements et de renforcer le Vincent Laudinat. jaunisse à l’ITB. La recherche se pour- Avec une potentielle dérogation, il y acteurs de la recherche (privée et contrôle biologique des pucerons en suit car il reste de nombreuses ques- aurait alors une diminution de 25 % publique), mais également des indus- accélérant ainsi la mise sur le marché Jean-Michel Hell UNE SYNERGIE, DES COMPETENCES 2021