a garanti sans 3D Ciném

MANUTENTION : Cour Maria Casarès / REPUBLIQUE : 5, rue Figuière 84000 AVIGNON / Tél : 04 90 82 65 36 / www.cinemas-utopia.org MICHEL-ANGE

(IL PECCATO) Ce n’est pas un film sur fond de re- troupe à l’unisson, de petites mains vir- naissance que nous offre Andreï tuoses et invisibles, que Konchalovsky Andreï KONCHALOVSKY Konchalovsky, c’est la Renaissance elle- orchestre pour aboutir à un résultat aus- Italie 2019 2h14 VOSTF même, avec sa texture, son univers sen- si vrai que nature. On nous dirait que avec Alberto Testone, Jakob soriel, sonore, sans apparats superflus. chausses, pourpoints, perruques […] Diehl, Francesco Gaudiello, Il tord le cou à tous les clichés à grand sont d’époque, on y croirait aveuglé- Orso Maria Guerrini… renfort de recherches, de conseils pris ment ! On n’imagine pas une seconde Scénario d’Elena Kiseleva auprès d’historiens, de spécialistes de que rues, galeries, tavernes… aient été et Andreï Konchalovsky la période. C’est un travail de clan, de recréées pour les besoins d’un seul

N°404 du 5 août au 8 septembre 2020 / Entrée : 7€ / le midi : 4,50€ / Abonnement : 50€ les dix places MICHEL-ANGE

L’avenir se prépare à Rosmerta, avec une réflexion sur la gouvernance de l’association.

Rosmerta se dote de nouveaux organes de décisions, afin de continuer l’action qui se tient depuis maintenant presque deux ans au 7 bis rue Pasteur. film… jusqu’au port de Carrare et à la tiendra à l’année et couvrira leurs frais. Chapelle Sixtine qui ont été reproduits Enjeu d’autant plus important pour ceux Ainsi, des nouveaux statuts par une trentaine de maîtres artisans qui sculptent, et dont le matériau coûte sculpteurs, charpentiers, peintres et plâ- à extraire, à transporter, à apprivoi- et un nouveau mode triers. Il y a comme une forme d’humi- ser. Et c’est peut-être là le premier génie de gouvernance seront lité orgueilleuse qui se tapit à l’arrière- de Michel-Ange : comprendre la roche, plan pour s’effacer derrière l’essentiel, le ses veines, ses pulsations… Dévoiler mis en place à la fin de sujet. Tout comme la rugosité du marbre ce que recèle la matière… Issu du mi- l’été à l’occasion d’une s’est estompée au fil du temps derrière lieu des artisans, il est du genre brut de David, La Pietà, L’Esclave mourant… décoffrage : il ne fait pas salon, inapte assemblée générale. sculptures criantes d’humanité. Qui, en à se pomponner, à se parer de rubans, les admirant, se représente les solides bien incapable d’une once de diploma- paluches du sculpteur, ses colères in- tie. Pas plus capable de respecter les De quoi voir arriver sensées, sa truculence, son anxiété fé- délais impartis, tant il est obnubilé par sereinement le procès en brile ? Et c’est tout cela que le réalisateur la poursuite d’un idéal divin inaccessible nous restitue, la substance d’un homme, aux simples mortels. Rien n’est jamais appel au tribunal d’instance son charisme, sa folie magnifique qui assez parfait pour lui sembler achevé. de Nîmes le 21 septembre. transcende ses parts d’ombre. On sort Pourtant les puissants semblent prêts à de l’expérience avec l’impression d’avoir tout lui pardonner, même sa crasse et Notez la date, Rosmerta aura été brinquebalés sur les routes cail- ses ardeurs délirantes, son incapacité à besoin de soutien ! louteuses de l’Italie de l’époque, entre gérer un budget. Étonnant de découvrir Rome et ses provinces, d’avoir goûté à sans le rond, constamment au seuil de la poussière d’une carrière, d’avoir croi- la mendicité, celui dont l’œuvre n’a pour- À noter également que sé l’insondable Michel-Ange, au moins tant pas de prix. Cela l’amènera à ba- une fois dans notre vie, jusqu’à pouvoir fouer ses engagements avec ses protec- l’association recherche des décrire l’odeur de l’homme, raconter sa teurs historiques, la famille Della Rovere, bénévoles, notamment pour peau burinée, ses regards taiseux, ses pour céder aux injonctions de la famille terribles tempêtes… De Médicis… Voilà notre homme tiraillé la commission petits travaux. entre deux commanditaires, torturé par Appel aux Mac Gyver aguerris, Nous voilà rendus au début du xvie sa conscience, sa force vitale indomp- siècle. La Florence d’alors est belle et table, ses hallucinations mystiques, ses mais aussi aux personnes terrible, tendre et violente. Michelangelo ambiguïtés jalouses, dans un monde où peut être moins à l’aise avec Buonarroti est déjà ce maître incontes- la compassion n’a guère sa place… té, et donc jalousé, qui attire les convoi- une clef anglaise à la main, tises des puissants. Mais les mécènes C’est beau, puissant, d’une modernité mais avec l’envie d’échanger capables d’engager des sommes im- folle… Fruit d’une rencontre platonique portantes pour produire des œuvres im- entre deux êtres inclassables, un réa- avec les résidents. posantes ne sont pas si nombreux. Les lisateur ancré dans notre époque et un artistes d’alors se les disputent, prêts Michel-Ange anguleux, à la fois miné- à quelques bassesses pour récupé- ral et organique, tout aussi indomptable Plus d’infos sur le Facebook rer les faveurs d’un clan qui les entre- qu’indémodable. de Rosmerta EFFACER L’HISTORIQUE

Écrit et réalisé par Benoît DELÉPINE Marie, Bertrand et Christine, les trois feuse de VTC, se découvre l’esclave non et Gustave KERVERN pieds-nickelés de Effacer l’historique, seulement de son employeur mais sur- France 2020 1h46 habitent le même ensemble pavillon- tout des notes, systématiquement mi- avec Blanche Gardin, Denis Podalydès, naire, quelque part dans une vague nables, que lui décernent ses clients. Se Corinne Masiero, entourés de Vincent zone péri-urbaine, un de ces coins de voyant également broyés par le même Lacoste, Benoît Poelvoorde, Bouli France où l’on a décoré avec amour les système, Marie, Christine et Bertrand Lanners, Vincent Dedienne, Philippe terre-pleins des ronds points qui des- décident d’unir leurs maigres forces – et Rebbot, Michel Houellebecq… servent des centres commerciaux faits de s’adjoindre l’aide inattendue mais dé- d’immenses hangars grisâtres habil- cisive de Dieu lui-même – pour remonter Benoît Delépine et Gustave Kervern lés d’enseignes uniformes, tristes et la chaîne de leurs malheurs et remettre poursuivent méthodiquement la mis- bariolées. Marie, Christine et Bertrand les compteurs à zéro : le harceleur de sion qu’ils se sont donnée dès Aaltra le connaissent d’ailleurs bien, le rond- Marie, ceux de la fille de Bertrand et les en 2004 (disponible avec leurs 5 pre- point de leur banlieue. C’est là qu’ils se faiseurs d’étoiles de Christine. miers films en Vidéo en Poche !), qui sont rencontrés, cintrés dans leur gilet est de rendre justice, dans des brûlots jaune, dans un moment d’euphorie col- Ainsi contée, la fable, aussi gafa que kaf- rageurs pas vraiment tirés au cordeau, lective autour d’un barbecue révolution- kaïenne, aurait pu n’être qu’une charge à toute une cohorte de petites gens ou- naire – un moment où ils ont découvert satirique, hargneuse et revigorante, bliées du monde moderne et de ses re- que la fraternité et la solidarité n’étaient contre les entreprises tentaculaires qui présentations. Ouvrières au bord de la pas de vains mots perdus dans les hy- ont bâti leurs empires en faisant com- délocalisation, retraités sans pension, perliens d’un dictionnaire en ligne. Ils les merce de nos fameuses « données per- agriculteurs en fin de droits, cadres en ont expérimentés et, la gueule de bois sonnelles ». Or, comme souvent sinon rupture d’idéologie libérale, punks à sociale dissipée, ils sont naturellement toujours chez Delépine et Kervern, c’est chiens vieillissant sans chiens, handi- restés amis. Cabossés, usés, en rupture dans les marges, les fossés des routes, capés teigneux et rancuniers, femmes, de ban social, sentimental, familial, pro- dans les pas de côté que s’écrivent les hommes, jeunes et vieux, même com- fessionnel… la vie ne les a guère épar- histoires et que se révèle l’humanité pro- bat : tous entassés dans le même sac, gnés. Chacun se cramponne aux deux fonde des gens qu’ils filment. Si on ne rit celui des laissés-pour-compte… dont la autres, en les croyant plus solides, plus pas à gorge déployée, si les quêtes in- bonne société a quand même besoin, ne fiables… des blagues. sensées n’ont sans doute pas de résolu- serait-ce que pour s’en servir de repous- tion, ils ont à nouveau semé leurs petites soir ou de marche-pied. Les films de nos Ils basculent le jour où Marie se retrouve graines d’ananars dans des récits drôles Grolandais préférés mettent donc en victime de chantage à la sextape de la et généreux qui nous parlent simplement scène des anti-héros prolétaires, en ré- part d’un godelureau dans le lit duquel de nous. Et doucement instillé la certi- volte maladroite contre les dysfonction- une cuite carabinée l’a conduite à se tude que pour tous les Marie, Christine nements d’un monde imbécile dont ils glisser ; le jour où Bertrand perd pied et Bertrand de la terre, être libre, c’est ne comprennent pas, ou plus, les codes, entre le harcèlement dont sa fille est vic- se donner la maîtrise de son histoire, de un monde dont le but ultime est de les time au lycée et la suave séduction al- son passé et de son avenir – le pouvoir asservir et les pressurer au profit des gorithmée d’une vendeuse de véranda à aussi de prendre son temps, d'« effacer puissants. crédit ; le jour où Christine, qui fait chauf- l’historique ». ÉTÉ 85 Écrit et réalisé par François OZON France 2020 1h40 avec Félix Lefebvre, Benjamin Voisin, Philippine Velge, Valeria Bruni-Tedeshi, Melvil Poupaud, Isabelle Nanty… D’après le roman d’Aidan Chambers, Dance on my grave (en France La Danse du coucou, Editions Points) Alex a le cheveu blond en bataille, le tee-shirt sans manches, accro à son baladeur à cassettes… Nous sommes en 1985 et les vacances commencent à peine tandis que rien de très clair ne s’annonce pour l’année qui suit : continuer ses études ou plonger dans la vie active, il hésite… C’est sa maladresse à la barre d’un voilier prêté par un co- pain – pris par un orage soudain, il chavire et se retrouve à la flotte – qui va provoquer sa rencontre avec David, marin plus aguerri qui se porte à son secours. David a deux ans de plus seulement, mais il assure et, en se moquant un peu, ramène Alex à terre, puis l’entraîne chez lui, remplace ses fringues mouillées tandis qu’il barbote dans un bain chaud… Si Alex est novice côté cœur, David a visiblement plus d’ex- périence, et il trouve bien à son goût ce jeune éphèbe un peu incertain… Ils vont faire les fous en boîte, des virées en moto, ils vont s’aimer… Orphelin depuis peu, vivant avec une mère qui l’adule, David a laissé sans regret ses études et travaille avec elle dans la boutique de matériel marin léguée par le père disparu… Dans la fulgurance de cet été tout neuf, Alex, fasciné, s’aban- donne totalement à ce qui devient vite un amour possessif et jaloux. David est plus joueur, plus volage sans doute, nulle- ment prêt à se laisser enfermer dans une relation exclusive… MADRE À l’origine du film, il y a un roman anglais, lu par François Rodrigo SOROGOYEN Ozon alors qu’il avait l’âge d’Alex et commençait à réaliser Espagne 2020 2h09 VOSTF des courts métrages… Il fallait que le temps passe pour que avec Marta Nieto, Jules Porier, cette histoire d’amour s’enrichisse du recul d’un auteur talen- Alex Brendemühl, Anne Consigny, Frédéric Pierrot… tueux qui a mûri et pose un regard bienveillant sur ses émo- Scénario de Rodrigo Sorogoyen et Isabel Peña tions adolescentes. François Ozon réalise ainsi un de ses plus beaux films, porté par deux jeunes acteurs formidables. Isabel a perdu son fils quand il avait six ans… disparu sur une plage où il s’était égaré, malgré le téléphone portable par lequel elle tentait de le guider, jusqu’à ce que la communica- tion soit coupée… Le temps a passé mais peut-être ne dé- sespère-t-elle pas tout à fait de le retrouver un jour. Alors, elle s’est installée là où les traces du gamin se perdaient dans le sable, et travaille dans un bistrot près de la plage où main- tenant d’autres gamins se bousculent… cohabitant depuis avec une douleur qui s’estompe au fil du temps pour laisser la place à une mélancolie plus douce. Dix ans ont passé… dix ans comme une longue remontée vers une vie moins sombre. Peu à peu, son nouvel amou- reux, Joseba, la tire vers un ailleurs où il est possible de vivre heureux à nouveau, vers son pays d’origine, l’Espagne… Il connaît ses blessures et l’aime assez pour lui laisser le temps dont elle a besoin… Quand elle croise Jean, le visage de l’adolescent, son re- gard lumineux, ses cheveux blonds accrochent son regard. C’est au-delà des mots, mais de part et d’autre l’attirance s’impose comme une évidence : plaisir de parler ensemble en marchant sur le sable, de rester juste là à côté l’un de l’autre… Est-ce parce qu’il a l’âge qu’aurait son fils et qu’il pourrait lui ressembler ? Ou est-elle simplement troublée par le regard chavirant de tendresse d’un adolescent amoureux et si beau ? Les parents de Jean, qui étaient là pour passer des vacances tranquilles avec un fils aimé qu’ils n’ont pas vu grandir, ne comprennent pas. L’attirance de leur fils pour une femme mûre leur semble dangereuse et contre nature, ils ont tôt fait de penser qu’elle est folle… Le talent de Rodrigo Sorogoyen est de nous entraîner bien au-delà de l’anecdote vers l’étrange mystère des sentiments humains, son film nous trouble et nous envoûte, comme le vi- sage de Marta Nieto, actrice magnifique. LIGHT OF MY LIFE

Écrit et réalisé par Casey AFFLECK de désobéir. Rag n’a pas toujours vé- de mots et quelques regards suffisent à USA 2019 2h VOSTF cu comme un animal traqué, mais ses dire la force du lien qui les unit – mais avec Casey Affleck, Anna Pniowsky, souvenirs enfantins du cocon protecteur aussi les peurs, les secrets, les rêves Elisabeth Moss… tissé par l’amour maternel s’effilochent d’évasion… On ne peut s’empêcher de avec le temps. trouver à la situation, qui il y a quelques C’est un bien étrange déconfinement C’est le moment de préciser que Rag, mois encore nous aurait semblé rele- que vit Rag, onze ans aux prunes, sous malgré des apparences factices que son ver de la science-fiction, comme un pe- l’aile protectrice de son paternel. À la fois père s’efforce de lui conserver, cheveux tit air familier. Pas tout à fait contempo- rescapés et fugitifs, ils avancent, sans courts, pantalons informes, casquette rain mais relevant d’une anticipation très but bien défini, et campent, seuls, le plus sur le nez, voix basse, fait partie des plausible et vraisemblablement pas si souvent dans une tente au plus profond rares filles qui n’ont pas été emportées lointaine. Or, de toute évidence, mieux des bois. À l’occasion, ils squattent les par la maladie. Et qu’à ce titre, elle n’est qu’un survival post-apocalyptique mini- maisons abandonnées ou les granges plus seulement une enfant – mais une maliste (on pense aux Fils de l’homme, délabrées croisées en chemin, en quête femme, une mère en devenir, une proie au Temps du loup), Light of my life est un de moyens de subsistance et se proté- potentielle, ainsi qu’un objet d’étude conte. Moderne, certes, un peu effrayant geant coûte que coûte d’un environne- convoité. D’où l’inquiétude, l’état de (mais quels contes ne le sont pas ?), ment hostile – le plus grand danger pou- veille permanent d’un père qui lui ra- où l’on croise plus d’ogres prédateurs vant venir des humains de passage. Une bâche inlassablement les techniques et de maisons inquiétantes (celle entre épidémie (tiens, tiens…), dont on ne sait qu’il juge indispensables à leur survie – trop si elle rôde encore ou s’est finale- tout en l’éduquant du mieux possible, autres des trois ours) que de fées bien- ment éteinte, a ravagé une très large dans la méfiance, mais également dans faitrices. Un conte futé, qui ne joue avec moitié de la population – une part indis- le respect de ce qu’il peut rester d’hu- les nerfs du spectateur que pour mieux pensable, par ailleurs, à la survie de l’Es- manité dans le monde qui les entoure. parler d’amour filial et de transmission. pèce, puisqu’elle a exclusivement visé Au croisement des mémorables Leave et quasiment éradiqué de la surface du Le film, sombre et épuré, avec une im- no trace et Captain Fantastic, Light of globe les êtres humains de sexe féminin. pressionnante économie de moyens, my life, comme beaucoup de contes Dans un tel contexte, Rag et son père nous entraîne à la suite du père et de la en définitive, rappelle que les enfants n’ont qu’un objectif : rester vivants, en fille dans une longue errance hivernale, doivent grandir et se débarrasser de pa- sécurité. Plus précisément encore, cet neigeuse et boueuse, à travers les pay- rents encombrants – lesquels doivent un homme hirsute au regard vif, perpé- sages désolés du Nord des États-Unis. jour laisser les enfants prendre leur en- tuellement aux aguets, ne vit que pour Malgré tout, malgré le froid et la menace vol. Épaulé par la jeune Anna Pniowsky, protéger son enfant et lui inculquer un diffuse, malgré l’intranquillité qui les ha- de tous les plans, épatante de justesse certain nombre de règles d’airain qui bite, la complicité, la connivence fusion- et de naturel, Casey Affleck filme et in- assureront plus tard, un jour, sa survie nelle qu’ils parviennent à maintenir est terprète avec beaucoup de tendresse et en autonomie. Rag, c’est de son âge, l’étincelle qui éclaire le film d’une lumière de retenue ce conte qui se révèle finale- teste parfois ses limites, a la tentation étonnamment douce et apaisée. Très peu ment solaire et émouvant. TIJUANA BIBLE Jean-Charles HUE Mexique / France 2020 1h32 VOSTF (espagnol et anglais) avec Paul Anderson, Adriana Paz, Noe Hernandez, Giancarlo Ruiz… Scénario de Jean-Charles Hue et Axel Guyot Tijuana est devenue souvent la fin du voyage pour des Mexicains expulsés, mais aussi pour des vétérans ou des toxicomanes américains venus chercher un paradis artificiel à peu de frais. Le personnage principal, Nick, est de ceux- là. Ancien soldat blessé en Irak, il vit désormais au cœur de la Zona Norte, quartier frontalier et interlope, où il pratique de petits trafics minables pour les dealers locaux qui lui four- nissent de quoi remplir sa pipe à crack. Et puis son destin fra- cassé va croiser celui d’Ana, une jeune Mexicaine qui cherche désespérément son frère vétéran disparu dans ce cloaque. Une disparition que le caïd local – au visage tatoué d’autant de larmes qu’il a tué d’humains – ne veut pour rien au monde voir élucidée. La trame de ce polar poisseux, où l’on sent presque physi- quement les odeurs pestilentielles du canal/égout qui longe la frontière, a tout du scénario de western classique : le hé- ros déchu et tombé au plus bas qui rencontre une belle qui va le pousser à chercher en lui son héroïsme et sa dignité depuis longtemps enfouis. Le scénario est transcendé par la démarche propre à Jean-Charles Hue, la même à l’œuvre que dans ses deux films au cœur la communauté gitane, La LES FLEURS BM du seigneur (disponible en Vidéo en Poche) et Mange tes morts. Ce qui frappe une fois de plus, c’est l’authenticité du projet et elle n’est pas due au hasard. En dehors des trois per- sonnages principaux, tous les personnages secondaires sont des non professionnels qui jouent peu ou prou leur propre DE SHANGHAÏ rôle : migrants expulsés, anciens vétérans qui ont reconsti- tué en marge de la ville des communautés fraternelles de for- HOU Hsiao-hsien tunes, toxicomanes perdus… Une cour des miracles à la fois Taiwan 1998 1h55 VOSTF avec Tony Leung Chiu-Wai, Michiko Hada, touchante et terrifiante qui sonne remarquablement vrai. À tel Michelle Reis, Carina Lau… point que plusieurs des protagonistes du film, quelques mois après le tournage, ne survécurent pas à une ultime guerre Scénario de Chu Tien-wen d’après le roman de Han Ziyun entre narco-trafiquants. Tijuana bible, à sa manière, leur rend C’est un film magnifique, que vous allez voir dans une version magnifiquement hommage et dignité. restaurée qui en restitue toute la splendeur. Un de ces mo- ments de cinéma où le temps semble s’arrêter, où l’on retient son souffle pour ne pas perturber la magie. Nous sommes à Shanghai à la fin du xixe siècle, dans une de ces maisons closes suprêmement raffinées qu’on appelle les maisons des fleurs. Ici le moindre détail participe du culte du plaisir et de la beauté : tout est fait pour que le corps et l’es- prit se libèrent de la pesanteur du quotidien afin que les sens, tous les sens exultent sans retenue. Les hommes qui fréquentent la maison, l’élite masculine de Shanghaï, sont des habitués. C’est une vie en dehors de leur vie, dans un monde à l’écart de leur monde, comme une île entre paradis et enfer, d’où les hôtesses auraient expurgé soigneusement toute trace de laideur. Fait-il nuit, fait-il jour, l’heure a-t-elle la moindre importance ?… Chacun peut s’abandonner en confiance, aimer sans contrainte, jouir sans entrave : la maîtresse de maison veille. Elle règne sur ce petit monde délicat dont les cœurs ne sont pas de pierre. Les fleurs ont nom Rubis, Émeraude, Trésor, Jade, Perle… et l’écrin qui leur sert de décor fait partie du plaisir qu’elles donnent… et qu’elles prennent aussi, car si leur empire est celui des sens, elles ne sont pas les dernières servies : servantes et souveraines à la fois. Pour savourer pleinement ce film précieux, il faudrait pouvoir être comme ces amants de luxe qui débarquent dans la mai- son des fleurs… Laisser sa vie et sa montre au vestiaire, en- trer, fermer les yeux comme un fumeur d’opium, et attendre l’enchantement qui ne manquera pas de venir doucement : car le plaisir ne trouve sa juste intensité que dans la disponi- bilité totale de l’esprit, et des sens. THE PERFECT CANDIDATE Haïfaa AL-MANSOUR moment où l’Arabie Saoudite semble as- tôt touchant, il y a plusieurs entrées : Arabie Saoudite 2019 1h44 VOSTF souplir son carcan conservateur, notam- d’abord le combat quotidien des femmes avec Mila Al Zahrani, Dhay, Khalid ment pour les femmes qui avaient au- saoudiennes, – montrées comme des Abdulrhim, Dhay, Shafi Al Harthy… paravant à peine plus de droits que les battantes courageuses et non comme Scénario de Haifaa Al-Mansour animaux domestiques. des victimes, – qui ne se fait pas sur des et Brad Niermann The Perfect candidate évoque le com- principes féministes importés de l’occi- bat d’une femme pour se présenter aux dent mais plus simplement par sororité La réalisatrice saoudienne est aus- élections municipales. Mais Maryam n’a et pragmatisme, dans l’espoir d’un ave- si rare que le skieur burkinabé, le poli- rien d’une femme politique. Elle est mé- nir meilleur pour toutes et tous… Et puis cier non violent, ou le bienfaiteur macro- decin dans le petit hôpital excentré de Haifaa Al-Mansour montre avec délica- niste. Alors en 2012, quand déboula du sa petite ville, bien loin de Ryad. Un hô- tesse la sphère privée où les femmes, pays de l’or noir et des décapitations pital qui manque de moyens et dont l’ac- souvent soumises à moult contraintes au sabre un petit bijou de cinéma inti- cès est rendu difficile aux ambulances à dans l’espace public, peuvent se libérer tulé Wadjda, signé de la jeune Haïfaa cause d’une route non bitumée qui de- et être elles-mêmes, notamment dans Al-Mansour, notre curiosité était à son vient un bourbier les jours de pluie. On une magnifique scène de mariage. Loin comble. Curiosité comblée puisque ce découvre ainsi qu’il y a une autre Arabie des clichés, la réalisatrice ne décrit pas récit d’une adolescente voulant acheter Saoudite que celle des limousines aux un monde manichéen où les femmes coûte que coûte un vélo malgré les in- calandres en or, et aussi qu’il peut y sont victimes et les hommes des abrutis terdictions était merveilleusement tendre pleuvoir ! Le combat de Maryam, c’est masculinistes omnipotents. Il y a notam- et malicieux sans jamais être angélique. surtout celui de l’amélioration des condi- ment le personnage magnifique du père, Le film fut d’ailleurs primé en son temps tions de travail et du confort de ses pa- paria lui aussi puisque musicien dans un à Venise. Depuis, faute de moyens dé- tients. C’est un hasard improbable, à pays où on apprécie certes la musique volus au cinéma dans son propre pays l’occasion d’un voyage à Ryad annulé mais où on soupçonne immanquable- (en 2012 il n y avait même pas de salles faute d’autorisation parentale (jusqu’à ment d’immoralité ceux qui la pratiquent, de cinéma publiques), la brillante réalisa- cette année, une femme saoudienne un homme qui ne se remet pas de la dis- trice a mené une carrière internationale, ne pouvait voyager sans l’autorisation parition de sa femme, chanteuse qu’il ai- signant entre autres un biopic réussi de du mari ou du père), qui va l’amener à mait plus que tout, et qui tant que bien l’écrivaine Mary Shelley que vous avez se présenter aux élections municipales que mal reporte son amour sur ses deux pu découvrir sur nos écrans. avec comme principale revendication filles. Même s’il y a encore du boulot au l’amélioration de la voirie. pays des pèlerinages, la force et l’hu- The Perfect candidate signe le retour de mour des personnages féminins de The Haïfaa Al-Mansour sur ses terres à un Dans ce film subtil, tantôt drôle, tan- Perfect candidate nous revigorent ! Avis aux chanteuses et chanteurs, musiciennes et musiciens. ARIZONA JUNIOR Nous cherchons des morceaux musicaux pour agrémenter l’attente des spectateurs dans les salles !

Ainsi nous lançons un appel aux amatrices et amateurs, profes- sionnelles et professionnels, seul, en duo ou en groupe !

Vous pouvez nous envoyer vos morceaux en mp3 à cette adresse : utopia.84@wanadoo. fr, ou sur notre facebook en message privé, et nous les diffu- serons (peut-être !!??) dans nos salles tout l’été.

Merci de nous donner les titres et artistes, et même si vous le souhaitez une petite présentation afin que nous puissions les lister sur notre site.

(RAISING ARIZONA) photo anthropométrique, à condition de la pratiquer très régulièrement, ça crée Écrit et réalisé par Joel et Ethan COEN des liens. C’est donc assez naturelle- USA 1986 1h34 VOSTF ment qu’Ed et Hi se retrouvent à dire oui avec , Nicolas Cage, devant Monsieur le Maire. Hi renonce à John Goodman, Trey Wilson, William ses néfastes activités, trouve un job en Pauline et Tom ont participé Forsythe, Frances McDormand… usine (où il n’est pas dépaysé puisqu’il y retrouve l’ambiance chaleureuse de la à la vie du restaurant de Deux ans près leur coup d’essai aus- prison…) et loue un pavillon 100 % pré- la Manutention pendant si sulfureux que mémorable, j’ai nom- fabriqué, en prévision de la naissance du mé Blood simple (1984), les encore dé- premier petit McDunnough, qui ne sau- des années. butants frères Coen enchaînèrent pied rait tarder. Hélas ! Ed s’avère stérile, et Ils ont repris, depuis le au plancher avec cette franche comé- les institutions sociales psycho-rigides 14 juillet, , ancien die, turbulente et décapante, grand coup refusent au couple le bonheur d’adopter Le Four de pied rigolard dans la fourmilière de un enfant. Ed déprime, Hi sent le démon four banal du village, l’Amérique profonde, de ses valeurs et du hold-up le chatouiller de nouveau : à Vielvic en Lozère. de ses désirs. il faut réagir ! C’est alors que naissent, dans l’opulente et relativement voisine C’est d’abord l’histoire d’une rencontre. famille Arizona, des quintuplés. Ed et Hi N’hésitez pas à vous y arrêter, Grandiose, la rencontre, homérique ! A s’insurgent, crient à l’injustice : comment ma gauche : Herbert I. McDunnough, est-il possible que les Arizona touchent pour manger, boire un verre ou plus connu sous le diminutif de Hi (pro- 5 rejetons d’un coup alors qu’eux n’ont ne serait-ce que pour leur faire noncer Aïe !), grand garçon pas compli- pas droit à un, même petit ? Leur résolu- qué pour un sou, le cœur sur la main, tion est vite prise : ils vont enlever un des un coucou ! malheureusement affligé d’un penchant bébés Arizona ; un de plus ou de moins, pour les hold-up répétitifs et foireux. A les parents suréquipés n’y verront que du ma droite : Edwina (appelez la Ed), une feu… Café-Restaurant - Cantine femme policier à qui on ne la fait pas, Mais à l’instant même où Arizona junior - Produits locaux et qui consacre son intelligence, vive, et fait son entrée vagissante dans le home son énergie, durable, à son boulot tout sweet home des McDunnough, les en- cuisson feu de bois. Vielvic en attendant de rencontrer un prince rai- nuis se mettent à pleuvoir. Et ce ne se- 48800 Saint André Capcèze sonnablement charmant. Comme cha- ra pas une petite averse, je ne vous dis contact : [email protected] cun devrait le savoir, la cérémonie de la que ça… VOIR LE JOUR Marion LAINE France 2020 1h31 plus, elle est plutôt du genre discrète. Un coup d’argent. Le jour où un nouveau-né avec Sandrine Bonnaire, Brigitte Roüan, peu en retrait, ailleurs, elle entretient une décède dans le service, toutes les ten- Aure Atika, Sarah Stern, Kenza Fortas… forme de douce distance vis-à-vis des sions, toutes les histoires intimes, toute Scénario de Marion Laine, avec la collègues, et ça ne pose de problème à la fatigue accumulée vont ressurgir… collaboration de Julie Bonnie et personne. Jeanne fait son boulot et elle Mais pour Jeanne, c’est le passé qui re- Laura Piani, d’après le roman de Julie le fait plus que bien : le monde des nou- vient la visiter. Il a un blouson de cuir et Bonnie, Chambre 2. veaux-nés lui convient à merveille. Avec des airs de vieux rocker fatigué, dans les bébés, pas besoin de mots ni d’argu- son sillage flotte un parfum d’écume et Avant d’être une belle histoire d’amour mentaire, ni négociations, ni promesses et d’amitié entre des femmes toutes plus jamais tenues, pas besoin de gagner de peau salée… Jellyfish était le nom du lumineuses les unes que les autres, Voir une bataille ou simplement la confiance : groupe dont elle était la chanteuse cha- le jour est un vibrant hommage aux soi- tout se joue à l’instinct, au gré des émo- rismatique : sa vie d’avant, qu’elle a su- gnantes. Qui tombe à pic, pas besoin de tions et des corps qui se touchent, se bitement mais sans regret abandonné le grand discours pour le souligner. Sans respirent, se protègent. Mais le monde jour où elle est tombée enceinte. en avoir l’air, et sans en faire son sujet extra-utérin est une drôle de galaxie : on On va alors comprendre un peu mieux central, c’est un film qui résonne comme y brandit des grands mots comme « ren- ce qui fait la singularité de Jeanne : sa un plaidoyer pour une médecine plus hu- tabilité », « efficacité », « rendement », relation fusionnelle avec sa grande fille, maine, plus à l’écoute de celles et ceux « réduction des lits », « compression des au moment même où celle-ci s’ap- qui la font vivre au quotidien. Car elles effectifs », on souhaite aussi largement y prête à quitter le nid, sa complicité avec bossent dur, les filles, dans cette mater- pratiquer les césariennes programmées, Francesa, sorte de grande sœur ou de nité d’un grand hôpital marseillais, elles plus intéressantes, mieux gérables, plus mère de substitution qui l’a guidée et ac- enchaînent les gardes, de jour, de nuit, lucratives. Les tensions sont ici d’autant compagnée alors qu’elle était perdue… on ne dort pas as assez mais tant pis, ça plus palpables qu’un petit noyau dur, fait des heures en plus pour boucler les mené par une sage-femme, la charis- Forte et gracieuse, fragile et rebelle, fins de mois difficiles. Elles ont chacune matique Francesca (toujours formidable Sandrine Bonnaire porte le film, entourée leur histoire, leur tempérament, leurs Brigitte Rouän), souhaite depuis de blessures, elles se serrent les coudes, nombreuses années créer une maison d’une troupe formidable. À mi-chemin parfois ça fait du bien, parfois des étin- de naissance : accompagner au mieux entre le film politique et le récit intimiste celles. Malgré le peu de reconnaissance les mamans dans une approche natu- qui s’autorise même, et de manière plu- et l’incroyable responsabilité qui repose relle de l’accouchement, tout en ayant la tôt futée et audacieuse, quelques flash- sur leurs épaules, elles continuent à ai- sécurité d’un plateau technique en cas back ou digressions oniriques, Voir le mer leur métier. de problème. Mais la direction ne voit jour est inspirant… puisse-t-il être vu Jeanne est l’une d’entre elles. Pas la pas les choses du même œil : prendre le par celles et ceux qui décident du sort plus syndiquée, pas la plus loquace non temps d’accoucher, c’est perdre beau- de notre service public hospitalier. CAFÉ ROMA HOTEL BY THE RIVER

Vous pouvez venir boire un verre ou manger un morceau du lundi 18h00 au dimanche 16h00. Contact : [email protected] ou 04 90 86 86 77

Le Bistrot d’Utopia vous accueille tous les jours à partir de midi. Tartines, sandwiches et boissons.

Écrit et réalisé par HONG Sang-soo leur beauté. Il les aborde pour leur dire Corée du Sud 2018 1h36 en quelques mots combien leur présence VOSTF Noir & Blanc est une sorte de bénédiction. On imagine avec Ki Joon-bong, Kim Min-hee, le début d’une histoire d’amour. Song Seon-mi, Kwon Hae-hyo… Fausse piste. Il va de fait moins s’agir d’amour que de possibles morts ou re- Il faut croire que Hong Sang-soo filme naissance, réconciliation avec la vie, re- comme il respire, à voir la rapidité de son trouvailles avec des proches. Sur un ton Comme nous, vous avez envie rendement – un film par an, quand ce badin, mais où pointent des notes de d’une société plus juste et moins n’est pas deux. Celui-ci se distingue as- gravité et même un drame, le cinéaste sez des autres, ne serait-ce qu’à travers discriminante ? SOS homophobie coréen offre un brillant jeu de reflets et de son personnage central, un poète sexa- correspondances, à partir d’un chassé- organise à Avignon des génaire qui, se voyant mourir, a convié croisé aussi minimaliste que fluide. Allant ses deux fils à venir le retrouver dans et venant entre l’hôtel et ses alentours, événements, des interventions en l’hôtel où il séjourne, au bord d’une ri- milieu scolaire, des formations, les protagonistes, d’égale importance, vière. La vue, dégagée, montre une mon- se cherchent, se manquent, se trouvent, des débats et réflexions. Venez tagne au loin. Le paysage est immaculé, la neige scintillante donnant un éclat iné- pour se dire des vérités, plus ou moins nous rencontrer et échanger dit au noir et blanc de ce récit, tout près aimables. autour d’une grignote et découvrir du conte. Lorsqu’ils arrivent, les deux fils Le film est imprévisible, surprenant par notre association ! Pourquoi pas attendent pas mal de temps leur père, en se taquinant l’un l’autre, non sans mor- ses chemins empruntés, ses change- vous engager et militer à nos dant. L’aîné, plus expansif, est narquois ; ments de registre et sa douce indistinc- côtés ? Hétéro, Lesbienne, Gay, le cadet contre-attaque volontiers, mais tion entre veille et sommeil. Car, plus on le sent plus timide – il se définit lui- d’une fois, les personnages font des Bi, Trans ou autre, nous sommes même, tiens tiens, comme « un cinéaste siestes ou s’assoupissent malgré eux. On toutes et tous concerné-es par qui n’est ni grand public ni auteur, mais en vient à s’interroger sur le degré de réa- la société de demain ! qui fait ce qu’il peut ». lité de ce qui est à l’écran. Oscillant entre visions éclatantes, pressentiments, évo- Centre LGBTQI d’Avignon Au même moment, deux jeunes femmes cations du passé et rêves prémonitoires, amies se retrouvent à l’hôtel. L’une a Hotel by the river est un diamant, dont la 10 rue Râteau AVIGNON un chagrin d’amour, l’autre tente de la lumière est proportionnelle à la noirceur. Nous contacter : consoler. Elles se baladent dans le coin [email protected] et croisent le poète, aussitôt saisi par (J. Morice, Télérama) Nous discuterons avec des membres de l’association Miradas Hispanas à l’issue de la projection du jeudi 27 août à 20h30. MANO DE OBRA

Écrit et réalisé par David ZONANA et on n’y croit à peine quand on voit une comme si chacun était condamné à su- Mexique 2020 1h23 VOSTF masse tomber depuis le toit dans la cour bir dans son coin. Les jeux sont perdus avec Luis Alberti, Hugo Mendoza, intérieure, presque sans bruit, sans faire d’avance. Jonathan Sánchez, Horacio Celestino… de vague. Chacun rentre alors dans sa tanière, « Claudio, le frère de Francisco, a eu dans sa piaule minimaliste aux allures Voici un premier long métrage qui trompe un accident ! » crie l’un, « Appelez une de bidonville. Il pleut dans celle de son monde, qui surprend ses specta- ambulance ! » supplie un autre… Tous Francisco, prédestiné à patauger dans teurs, et on ne peut que s’en réjouir. S’il restent interdits devant le jeune corps son maigre réduit comme il patauge débute comme un film social aux codes qui ne bouge plus et ne bougera plus ja- dans la vie. classiques, il va rapidement bifurquer mais. De guerre lasse, à force de taper à des vers des voies plus sombres, plus malai- La mise en scène ne s’attarde pas sur portes qui ne s’ouvrent jamais tout à fait, santes. Le tout forme une sorte de fable l’enterrement, comme pour souligner à force de parcourir les bureaux à tra- contemporaine à la morale acide, qui ne qu’on n’accorde même pas à Francisco vers lesquels on trimbale les pauvres laisse pas la place à la rédemption. le temps du deuil. Il est déjà sur le chan- ères pour éviter de les aider à résoudre C’est un chantier parmi tant d’autres. tier. Il continue sa tâche, avec ses com- leurs problèmes, Francisco renoncera à L’un de ceux certainement pas très rè- parses, sans broncher, le regard perdu obtenir justice et réparation pour la mort glementaires, où le patron ne prend pas dans le vague. Quelques rares mots de de son frère. Et de fil en aiguille, puisqu’il la peine d’investir pour la protection des réconfort sont prononcés. Pâle conso- n’a plus rien à perdre, lui viendra une travailleurs (les a-t-il seulement décla- lation qui n’aidera pas Lupe, la veuve drôle d’idée dangereuse dans laquelle il rés ?). Pourquoi s’embarrasser avec des de Claudio, enceinte jusqu’aux yeux, à va entraîner bien du monde… complications et des dépenses inutiles ? survivre. À l’heure de la paie, pas foli- Les misérables se ramassent à la pelle, chonne, Francisco s’enhardit : quand Au fur et à mesure que l’intrigue évolue, une main d’œuvre (la traduction du titre) arriveront les indemnités pour sa belle notre héros devient méconnaissable. Et tellement bon marché que le calcul est sœur ? On découvrira alors ce qu’un pa- la morale de l’histoire pourrait bien de- vite fait : à quoi bon assurer les travaux, tronat sans vergogne, ni remord, est prêt venir : « Prenez un honnête homme, mettre des filets de sécurité, des bar- à raconter pour ne pas voir sa responsa- marquez-le d’injustice, détruisez en lui rières, leur fournir des casques, des te- bilité engagée, ouvrir les cordons de sa tout espoir, vous en ferez un Ténardier à nues adaptées ? Sitôt qu’un ouvrier est bourse. Nul ne bronche, nul ne proteste, l’image de ses bourreaux. » blessé, il sera remplacé pour quelques pesos. Ce jour-là, ils sont une bonne dizaine à bosser consciencieusement dans tous Miradas Hispanas vous propose un autre les recoins d’une prétentieuse maison regard sur les cinémas du monde hispan- bourgeoise que nul d’entre eux évidem- ique en collaboration, entre autres, avec des ment n’aura jamais les moyens d’acheter. Mais sans doute n’y pensent-ils même festivals de cinéma espagnol et latino-américains. Soirées théma- pas. On plâtre, on gâche, on perce, on tiques, conférences et expositions en prolongement des projections : peint… Avec en bruit de fond le son na- miradashispanas.free.fr • À noter le mercredi 9 septembre, projection sillard d’un transistor qui massacre une chanson romantique racontant combien suivie d’une discussion de EMA de Pablo Larrain la vie est précieuse… Tout est tranquille VIDÉO EN POCHE

Venez au ciné remplir une clé USB avec des Vidéos en Poche, il y en a WHITE RIOT pour tous les goûts et les âges. 5€ PAR FILM, sans DRM et en HD quand c’est possible, la résolution Après la séance du minimale étant celle d’un DVD ! samedi 8 août à 21h, discussion avec des membres de l'équipe du cinéma.

Tous les films de Pierre Carles arrivent en Vidéo en Poche ! THARLO, LE BERGER TIBÉTAIN Écrit et réalisé par Pema Tseden Petite natte est un berger tibétain au doux sourire et doté d’une mémoire phénoménale. Dès la première scène du film, devant un commissaire de police Rubika SHAH du pouvoir. médusé, il récite sur le ton monocorde GB 2020 1h21 VOSTF Le photographe Red Saunders, se sen- d’une prière un discours célèbre de avec The Clash, Steel Pulse, The tant trahi en voyant les grandes figures Mao « Servir le peuple » texte fondateur Selecter, Tom Robinson, Sham 69 du rock (David Bowie, Eric Clapton, Rod du communisme chinois. Sa mémoire et les membres du RAR… Stewart en tête) faire cause commune Écrit par Ed Gibbs et Rubika Shah avec ces opinions réactionnaires, décide aurait pu lui permettre de faire de belles de passer à l’action. En 1976, il crée avec études et d’accéder à une place res- White riot, c’est d’abord une chanson, un petit groupe d’artistes et d’activistes pectable dans la société, mais, très vite un tube incendiaire sur trois accords, dont le graphiste Roger Huddle et la jour- orphelin, son sort a dépendu d’un oncle un hymne punk sorti en 1977 sur le pre- naliste Kate Webb, le mouvement Rock qui a cherché à s’en débarrasser au mier album d’un des plus grands groupes Against Racism, le RAR. Une protesta- plus vite. Peu importe ! Petite natte n’en de rock anglais de tous les temps : The tion farouche contre la pensée dominante semble nullement affecté et ne s’ima- Clash. Emmené par son leader cha- qui va s’organiser à travers des actions rismatique, chanteur et guitariste Joe concrètes : création de fanzines, distribu- gine guère une autre vie que la sienne Strummer, le groupe fait souffler un vent tion de tracts, organisation de concerts qui s’écoule tranquillement, sereinement. de rébellion sur la Grande-Bretagne de militants où des groupes de punk et de D’ailleurs il est un excellent berger qui l’époque. À travers des paroles contesta- reggae jouent sur la même scène, sabo- sait protéger ses bêtes des attaques des taires, qui évoquent les classes sociales tage des marches anti-immigration orga- loups. et les communautés, il incite la jeunesse nisées par le National Front. Sa présence au commissariat ce jour-là à se rebeller pour une vraie cause. « Vous En avril 1978, à Londres, le RAR et l’An- s’explique par le fait qu’à l’âge d’à peu plierez-vous aux ordres ou prendrez- ti-Nazi League organisent le Carnival près 40 ans (à peu près car il n’est sûr vous le dessus ? Allez-vous reculer ou Against Racism, une marche à travers irez-vous de l’avant ? » Le ton est donné, Trafalgar Square, qui se termine par un de rien) Petite natte n’a jamais possédé car l’heure est grave. concert géant à Victoria Park. À la sur- de carte d’identité. Ce qui dans la Chine Dix ans plus tôt en effet, le député conser- prise des organisateurs, c’est presque d’aujourd’hui, à laquelle, comme chacun vateur Enoch Powell demande dans un 100 000 personnes qui participent à cette sait, le Tibet appartient, est une anoma- discours l’arrêt immédiat de l’immigra- manifestation, dont beaucoup de jeunes lie qui ne peut durer… tion en Angleterre, un appel direct à la d’à peine vingt ans qui sont venus de loin Pema Tseden était écrivain avant de haine raciale qui va se propager comme pour rallier la capitale. devenir le principal réalisateur tibétain. une traînée de poudre dans la culture, la politique et les quartiers populaires du L’aventure de Rock Against Racism, avec Tharlo représente non seulement la civi- pays. Le 4 juin 1976, dans l’East End The Clash en première ligne, va réconci- lisation tibétaine menacée par l’impé- de Londres, Gurdip Singh Chaggar, étu- lier sur des rythmes punk, rock ou reg- rialisme chinois, mais également toute diant sikh de 18 ans, est assassiné par gae, toutes les communautés d’un pays civilisation traditionnelle menacée par le de jeunes néo-fascistes. C’est le début en crise. C’est cette histoire que raconte modernisme consumériste. d’une série d’agressions racistes contre ce documentaire formidable, une histoire les populations d’origine indienne et ja- exaltante qui résonne aujourd’hui plus et plus de 200 films au catalogue : maïcaine. L’extrême droite est aux portes fort que jamais. www.videoenpoche.info que pourtant tout sépare, à commen- leur quotidien, de leurs disputes, de cer par leur caractère : Kyle, le bon gars, leurs doutes, de leurs fous-rires, de toujours prêt à recoller les morceaux, à leurs brouilles puis de leurs retrouvailles, voir le bon côté des choses, à pardonner alors qu’autour d’eux le monde change les excès de son alter-ego, et Mike, le et vieillit : des mariages ratés, des pa- THE CLIMB passionnel, l’excessif, obstiné jusqu’à la rents disparus, des enfants qui gran- Michael Angelo CORVINO déraison, le genre de type capable d’in- dissent… Ainsi, par l’élégance discrète USA 2019 1h36 VOSTF terrompre un mariage pendant le tradi- de sa mise en scène, Corvino nous fait avec Kyle Marvin, Michael Angelo tionnel échange de vœux pour s’oppo- ressentir certains sentiments d’une pro- Corvino, Gayle Rankin, Talia Balsam, ser à l’union des tourtereaux parce qu’il fondeur et d’une subtilité qu’on ne s’at- Judith Godrèche… Scénario de considère que la demoiselle n’est pas à tendait pas à trouver dans une comédie Michael Angelo Corvino et Kyle Marvin la hauteur de l’époux… Une bombe à a priori aussi légère : celui de la vie qui retardement toujours prête à exploser, passe, vous laisse un pincement mélan- Ça commencerait presque comme une Mike, mais paradoxalement le plus fi- colique au cœur et un sourire un peu blague nulle : « c’est l’histoire de deux dèle des amis, prêt à attendre toute sa triste aux lèvres. Américains qui font du vélo sur les vie qu’on lui pardonne ses conneries routes de France, et dont l’un avoue plutôt que de tirer un trait sur Kyle. Ça Admirateur déclaré du cinéma européen, à l’autre qu’il a couché avec sa future en fait, du temps… Corvino est parvenu à extraire l’essence femme… » ; et de fait lorsque Mike ap- … et le temps justement est l’autre des comédies classiques du vieux conti- prend à Kyle, son ami de toujours, qu’il grande affaire de ce film, celui qui passe nent, de Lubitsch, Monicelli, Tati et Etaix entretient une relation avec sa promise, pour les personnages – chaque scène (les personnages visionnent un extrait on s’attend à ce que ces deux-là en ou presque est séparée de la suivante du Grand amour !) pour l’injecter dans viennent aux mains, explication virile et par un intermède musical censé figurer un canevas hérité des « screwball co- chute triviale. Et puis non, rien de tout le passage des années et les variations medies » américaines. Et par on ne sait ça : les deux compères continuent l’as- de l’état psychologique des protago- quel miracle, la greffe prend ! Alors, pour cension du Col de Vence… Oh bien sûr, nistes – et celui de l’action elle-même : paraphraser un sage d’un autre temps, Kyle menace bien d’étriper Mike si ja- filmé en autant de plans-séquences laissez-vous tenter par ce beau roman, mais il le rattrape – c’est justement pour que l’histoire compte de chapitres, The cette belle histoire : une « bromance » ça que Mike a attendu un raidillon bien Climb nous immerge dans le chaos de d’aujourd’hui… traître avant de passer aux aveux ! – mais il ne viendrait à l’idée d’aucun des deux de rompre ici leur relation. Dès cette scène d’ouverture, à la fois banale et fantasque par sa cocasserie, tout est dit ou presque de la nature du lien – un peu toxique mais indéfectible – qui rapproche ces deux olibrius par-delà les années.

Cette amitié cabossée, c’est le centre du film. Écrit par le réalisateur-acteur Michael Angelo Corvino avec la com- plicité de l’autre acteur principal Kyle Marvin, lointainement (on l’espère !) inspiré de leur propre amitié et nour- ri d’anecdotes plus ou moins autobio- graphiques, The Climb dresse le portrait d’un duo de trentenaires inséparables et Nous discuterons avec des membres de l’association Contraluz à l’issue de la projection du jeudi 3 septembre à 20h30.

EPICENTROEPICENTRO Hubert SAUPER portent en eux les contradictions d’un gratuit à la santé (et capable au demeu- Cuba 2020 1h47 VOSTF peuple qui décrit les souffrances su- rant d’envoyer plus de 2000 soignants Production Franco-Autrichienne bies en raison de l’impérialisme améri- en pleine crise de la Covid-19 pour ai- cain mais rêve de Disneyland… Tout est der le personnel de nos pays riches, Nous sommes tant sur cette planète ! Il plus complexe que les images d’Épi- notamment en Martinique…) et ceux y a tant de réalisateurs aussi qu’on peut nal dans lesquelles on essaie d’enfer- qui critiquent le régime autoritaire et la ne pas se souvenir d’un nom. Il est peu mer l’île d’Or. Il y a de la Rumba dans faible croissance du pays ? Ceci étant, probable par contre que ceux qui ont été l’air, certes, et même du reggeaton (cu- à l’heure où il faudrait très vite viser une secoués par Le Cauchemar de Darwin baton), des rires qui fusent… Des nuées indispensable sobriété pour lutter contre aient oublié le film, même s’ils n’ont plus de touristes qui viennent s’extasier sur le le réchauffement climatique, le bilan car- en tête le nom de son auteur : Hupert Malecón, ses vieilles Chevrolet lustrées, bone de Cuba pourrait bien nous inspirer. Sauper. ses jolies filles et ses chauds garçons… Voici donc son nouveau documentaire, Mais ni leur pouvoir d’achat, ni l’aura Hubert Sauper ne se contente pas de au ton plus enjoué mais tout aussi pas- des pays riches ne font oublier leur pas- faire le tour de l’île, et de donner la pa- sionnant. Un véritable condensé d’his- sé colonialiste, leur appartenance à des role aux artistes (dont la petite fille de toire, d’humanité… à l’image de Cuba, pays dominants. Car bien sûr l’histoire Charlie Chaplin), historiens, habitants qui en est, en définitive, sa protago- cubaine nous ramène à celle de la traite lambdas, de les mettre en valeur à tra- niste principale, peuplée d’une multi- négrière, tout autant qu’à l’avènement vers des prises de vue d’une beauté tude d’autres personnages, en particu- de l’Empire américain, elle en est même époustouflante, parfois onirique. Il af- lier ceux que le réalisateur nomme les l’épicentre et permet d’explorer un siècle fronte également ses propres ressentis, « jeunes prophètes ». d’interventionnisme, de fabrication de se questionne en filigrane sur la légitimi- mythes à laquelle les images, celles du té de sa présence, il interroge tout autant Ces mômes, parfois guère plus haut que cinéma en particulier, qui naît à la même le regard des autochtones que celui de trois pommes, qui s’improvisent guides époque, vont largement collaborer… l’observateur européen qui se promène, de leur île, de sa civilisation, sont mali- Souvent, parler du régime cubain dé- juge avec son système de valeurs… La cieux, taquins, intelligents, bien plus po- clenche des débats endiablés entre ses place du filmeur, la place des filmés… la litisés que ce qu’on pourrait imaginer admirateurs et ses détracteurs absolus. place des humains, tout simplement, si compte tenu de leur âge. Ils sont fas- Réconciliera-t-on jamais ceux qui plé- fragiles et petits, en définitive, face à la cinants à écouter et leur discours très biscitent un système social, un accès nature qui se déchaîne. construit, critique, détricote celui des adultes, interroge et peut paraître un brin inquiétant. Où commence la rai- son, où démarre la propagande ? Mais Reprise : Tertulias (conversations en Espagnol) ne peut-on se poser les mêmes ques- mardi 8 septembre à 18h00, cours d’Espagnol tions à propos du grand voisin yankee, sauveur auto-proclamé, contre les « es- mercredi 9 à 18h30, cours de tango, vendredi 25 clavagistes espagnols » de la petite île ? à 19h00. Contraluz, c’est aussi des stages inten- Mais à quel prix ? Passer du statut de sifs d’espagnol, des expositions, des spectacles, des soirées, des voy- colonie espagnole pour tomber sous le joug d’un protectorat américain non ages en Espagne et en Amérique latine… Toutes ces informations et choisi ? Les USA si proches, ennemis bien d’autres sur contraluz.fr jurés autant qu’admirés ! Ces gosses de Giorgetto qui n’a rien glandé de toute sa vie et se raccroche aux branches des minima sociaux. Toujours fauché, en- core plus que les autres qu’il n’arrête pas de taxer, surtout le professeur qui ne sait pas trop dire non, bien que sa re- CITOYENS DU MONDE traite soit presqu’aussi maigre que ces Écrit et réalisé par lante et rigolarde des quartiers popu- fameux minimas sociaux… Ma che ! Il Gianni DI GREGORIO laires avant qu’ils ne tirent leur révé- faut faire avec et prendre ce qui vient. Va Italien 2019 1h31 VOSTF rence. Cette farce « al dente », qui vaut pour Giorgetto ! avec Gianni Di Gregorio, Ennio son pesant de répliques hilarantes, est Il faut dire que les amis se font rares. Fantastichini, Giorgio Colangeli… traversée par une sorte de « saudade » Avec le temps ils se sont envolés vers romaine, une manière de dandysme d’autres cieux à moins que ce ne soit Après Le Déjeuner du 15 août et Gianni dilettante, solaire et élégante. Tout vers des îles paradisiaques, où le coût et les femmes, le multi-casquettes comme l’est « le professeur » avec ses de vie est si bas que leurs maigres pen- Gianni Di Gregorio (scénariste, réalisa- airs de cocker craquants, hors d’âge. sions les font passer pour des nababs… teur, acteur) revient pour nous donner Il fait partie de l’engeance des grands En voilà une idée ! Et nos deux com- des nouvelles de son petit monde, de sa mâles désabusés après une vie sans pères vont forcément essayer de la rat- philosophie de la vie : au-delà des rires, tempête, qui continuent de la traverser traper au vol. Mais comment organi- des badineries débonnaires, perce une avec des airs d’éternels célibataires dé- ser un départ au bout du monde quand belle générosité, une vision fine de l’hu- concertés. Les femmes ? À quoi bon ? Il on n’a jamais dépassé les portes de manité, tendre et lumineuse. y a presque renoncé, pas très sûr d’être Rome ? Leur périple commencera donc un de ces princes charmants dont elles en proche banlieue à la recherche de Citoyens du monde, c’est l’histoire de puissent rêver, préférant observer timi- conseils, à la rencontre d’un troisième ceux qui rêvent de partir à sa conquête dement sans mot dire ces impression- larron, Attilio, l’homme à la moto, puis sans quitter leurs pantoufles. L’histoire nantes créatures… Que lui reste-t-il d’un quatrième fort érudit… Jusqu’où d’une bande de papis hauts en couleur, donc, à ce retraité de l’éducation natio- cela les mènera-t-il ? Eh bien, vous sa- dignes d’un western spaghetti, mais nale, pour combler le vide de ses jour- vez quoi ? On ne vous le dira pas ! sans chevaux, ni cowboys… Un road nées sans vagues ? Des livres, des movie, mais sans the road, qui va dé- rêveries, quelques citations latines, l’es- En filigrane, le réalisateur ne se prive buter dans le Trastevere, joli quartier de pérance d’avoir servi à quelques élèves pas d’égratigner les pesanteurs de la Rome dont l’authenticité, « Au-delà du et surtout… le petit vin blanc à l’heure bureaucratie italienne, pas si lointaine Tibre », résiste encore à la gentrification, de l’apéro, au café du coin, rare espace de la nôtre, et franchement après ça on même si la lutte est forcément perdue de socialisation accessible à sa bourse, se sent moins seul. Au fond, s’il fallait d’avance… mais c’est une autre his- et encore… Sous la pression immobi- tirer une morale de cette fable pleine toire ! En attendant, le film de Gianni Di lière, les touristes, tout ne cesse d’aug- d’authenticité, ce serait : « Dindons de Gregorio nous plonge avec délectation menter. Ici l’on croise quelques têtes la farce de tous les pays, unissez-vous, dans cette ambiance italienne bienveil- connues et spécialement ce flemmard ça ne peut pas faire de mal. » Le Collectif 23h59 communique : CINÉMASQUÉ ! Comme annoncé en des temps très anciens datant d’avant Gazette post-covid n°2 le fameux Monde d’après, dans une précédente gazette, le Collectif 23h59 avait décidé de se muter en association Madame, votre masque s’il vous plaît ! pour poursuivre son action dans la continuité de sa propre « Pourquoi voulez-vous que je porte un masque, ça ne sert à histoire qui avait jadis duré plusieurs mois. Ces temps de rien et en plus c’est une atteinte à la liberté individuelle ! » guerre traversés depuis ayant rendu l’avancement du pro- Début juillet à notre réouverture, que répondre à cette jet difficile, il profite aujourd’hui d’une accalmie du front dame ? pour aboutir à ses fins. Dans tous les débats complotistes, conspirationnistes, Ainsi donc, si vous voulez participer aux multiples mo- réseaux-socialisés ou pas, scientifiques ou pas, super- in ments de convivialité que le quartier de la Manutention formés ou pas… Tout le monde est d’accord (du coup enfin nous promet et si vous souhaitez continuer tout simple- presque) sur au moins une chose, le masque n’augmente pas ment à passer par le Passage, alors donc vous êtes prêts les risques de propagation du virus, il aurait même plutôt à devenir membre de l’association X que nous comptons fonder. tendance à le diminuer. Si le désagrément personnel pro- duit possiblement du bien-être collectif, pourquoi donc s’en priver !! Cette discussion, nous ne l’avons eu que très très rarement à la caisse. Vous avez toutes et tous été attentifs et courtois, en un mot super ! Nous nous sommes toutes et tous retrouvés avec énormé- ment de plaisir, dont celui de discuter en se regardant droit dans les yeux (le bleu des masques étant passablement inexpressif), l’angoisse ou l’inquiétude a disparu et la pru- dence est restée de mise… La circulation dans les salles est fluide et si nous osions, nous dirions que tout se passe bien même si ce n’est pas dans le meilleur des mondes.

« Le Monde du cinéma » est en crise et pas qu’un peu. À l’heure du bouclage environ 10% des salles en France ne sont toujours pas ouvertes… d’autres pourraient refermer. La raison n’est pas la peur de contagion mais le manque de films. Les grosses firmes, surtout américaines ont purement et simplement décidé de suspendre les sorties de leurs films : plus de Walt Dysney, de Nolan, de Dupontel, de Wes Anderson… James Bond déjà à la trappe ! Les cinémas commerciaux n’auront pas de films importants à projeter pour plusieurs semaines voir plusieurs mois en- Ce sera le mardi 8 septembre 2020 à 18H30 core ! Vous l’avez compris, ouvrir les salles de cinémas est une ga- Il s’agira, vous l’avez compris, d’une assemblée constitu- geure, mais comme pour quasiment tous les pans de l’écon- ante qui aura pour ordre du jour essentiel l’amendement omie mondialisée, leur (sur)vie dépend pour une grande part éventuel de ses statuts puis leur validation avec en partic- du marché américain qui n’est pas actuellement en grande ulier l’attribution d’un nom (bien sûr X est en effet tout à forme ! Plus de films à potentiel économique, plus de films fait temporaire !). qui se tournent… Donc nous vous attendons nombreux mais attention, nous Les seules salles qui pourraient encore s’en sortir, étonna- devons obéissance à nos hautes autorités militaires (si établissement d’accueil de plus de 1500 personnes, alinéa ment ce sont les salles Art et Essai qui ont des spectateurs IV de l’article 27 du décret du 31 mai 2020 modifié le 21 juin fidèles et avertis. 2020) ce qui signifie concrètement que vous devez vous Sur cette gazette finalement, ce ne sont pas les films qui présenter : manquent, actuels ou anciens, et comme d’habitude très • après vous être assurés que ces mêmes autorités n’inter- peu de blockbusters américains à gros budget… Les films disent pas notre assemblée par application de l’article 29 viennent des quatre coins de la Planète avec une très forte ou 57 (relatif au reconfinement) du premier décret sus visé. présence des films asiatiques. Signe des temps ? • avec votre arme en état de marche (votre masque favori) (un certain alinéa d’un certain article) • pas trop en retard car le nombre de places est limité (5000 en vertu de l’alinéa V art 3 du premier décret sus visé) UN SEUL REMÈDE : Voyez, c’est finalement tout simple, il suffit de lire les bons textes pour trouver la solution ! Il en résulte que le lieu que nous vous proposons est à l’air libre : Ce sera le Verger Urbain V VENEZ AU À très bientôt… contact : [email protected] CINÉMA ! DAVID CRONENBERG : LA CHAIR ET L’EFFROI

CRASHÉcrit et réalisé par David CRONENBERG Canada 1996 1h40 VOSTF avec James Spader, Holly Hunter, Deborah Unger, Elias Koteas, Rosanna Arquette… D’après le roman de J.G. Ballard Interdit aux moins de 16 ans PRIX SPÉCIAL DU JURY FESTIVAL DE CANNES 1996 Objet d’un scandale retentissant lors de sa présentation à Cannes en 1996, contant l’attrait érotique de quelques per- sonnages pour les accidents de voiture, Crash apparaî- tra peut-être un jour comme le plus grand film d’amour des années 1990. Encore faudrait-il voir ce que l’on entend par « amour ». Le film de David Cronenberg n’a que peu à voir avec le domaine des sentiments, galvaudés par un siècle de romantisme hollywoodien, et qui n’ont jamais véritablement intéressé le réalisateur, féru de dérives psychanalytiques et d’horreur organique. Pour le maître canadien, le cœur et ses raisons n’existent pas, puisque toute l’aventure humaine se passe quelque part entre le cerveau et la chair, dans l’influence souvent monstrueuse qu’ont les idées sur le corps. La grande affaire de Crash est donc celle de l’attraction des corps. Ou, SCANNERSÉcrit et réalisé par David CRONENBERG pour le dire autrement, des stratégies qu’ils mettent en œuvre Canada 1981 1h43 VOSTF pour entrer en collision. avec Jennifer O’Neill, Stephen Lack, Patrick McGoohan, Michael Ironside… James Ballard (James Spader), réalisateur de publicités, Interdit aux moins de 16 ans forme avec sa femme Catherine (Deborah Unger) un couple libre, multipliant les aventures, mais traversant néanmoins une Scanners marque l’aboutissement de la première période de mauvaise passe sexuelle. Après une violente sortie de route, la carrière de David Cronenberg, quand celui-ci travaillait dans qui le laisse la jambe brisée, James fait la rencontre à l’hôpital le secteur étroit du cinéma d’exploitation canadien et était loin du mystérieux Bob Vaughan (Elias Koteas), au visage scarifié, de susciter l’intérêt et l’enthousiasme (ou la controverse) qui dont le passe-temps favori est de reconstituer clandestine- accompagnent la sortie de ses films depuis Faux-semblants ment des célèbres accidents de voiture (comme ceux qui coû- (1988). Ses premiers films, Frissons, Rage et Chromosome 3, tèrent la vie à James Dean ou à Jayne Mansfield). Autour de jalons importants de l’horreur moderne, avaient rencontré soit lui gravite une petite communauté de fétichistes (Holly Hunter, l’indifférence, soit le mépris dégoûté de la critique sérieuse Rosanna Arquette) plus ou moins éclopés, qui ne trouvent et bien pensante, sans parler de l’acharnement de lobbies d’excitation que dans les désastres automobiles, au contact et institutions canadiennes contre le jeune cinéaste réguliè- de la tôle froissée… rement taxé de pornographie ou de misogynie. Pourtant, les Cronenberg filme cette aventure comme une sorte de songe premiers films de Cronenberg proposent déjà une réflexion in- languide, où les personnages quittent leur modernité lisse tellectuelle sur le sexe, la violence et la répression, très in- pour plonger dans une dimension marginale de l’existence : fluencée par Reich et Bataille. Le succès commercial inespéré un outre-monde fait de parkings et de fourrières, de bretelles de Scanners, qui adopte la forme d’un thriller hitchcockien et abandonnées et de virées nocturnes, où le désir prend des tranche ainsi avec ses autres titres, permettra ensuite au ci- formes extrêmes… (M. Macheret, Le Monde) néaste de toucher un plus large public sans pour autant re- noncer à ses obsessions et à son approche du cinéma comme une exploration de la chair et de l’esprit. Scanners, ténébreuse histoire de jumeaux ennemis doués de pouvoirs psychiques extraordinaires, de conspirations entre organisations pharmaceutiques rivales, aborde sous certains poncifs représentatifs du cinéma de genre (course-poursuite, cascades, affrontement du Bien et du Mal, duel final) des thèmes similaires à ceux des romans de William Burroughs et contient des images proches de certaines formes artistiques contemporaines comme le « body art » (la fameuse tête ex- plosive du prologue). Tout cela n’échappa guère aux specta- teurs les plus perspicaces et aux admirateurs de la première heure du cinéaste (comme par exemple le jeune critique et ci- néphile Olivier Assayas dans Les Cahiers du cinéma ou dans un autre registre George Lucas…), qui ne furent pas le moins du monde surpris lorsque Cronenberg décida dans les années 90 de s’atteler à des projets à la fois plus riches et plus expé- rimentaux, en adaptant à l’écran Burroughs (Le Festin nu) ou Ballard (Crash). (O. Père, arte.tv) A PERFECT FAMILY LE SEL DES LARMES LES GAZETTES Du 19/08 au 08/09 Du 5/08 au 18/08 ANTIGONE THE CLIMB EN INTRAMUROS À partir du 2/09 Jusqu’au 18/08 Vous pouvez les retrouver ARIZONA JUNIOR THE PERFECT CANDIDATE dans plus de 90 points. Du 12/08 au 08/09 Du 12/08 au 8/09

• Aux Halles d’Avignon, CHONGQING BLUES TIJUANA BIBLE un marché couvert situé au Du 5/08 au 25/08 Jusqu’au 11/08 centre-ville, lieu de rencontre CITOYENS DU MONDE VOIR LE JOUR et de convivialité, quarante À partir du 26/08 Du 12/08 au 8/09 commerçants y sont à votre DANS UN JARDIN WHITE RIOT service. De 6h à 14h, sauf le QU’ON DIRAIT ÉTERNEL À partir du 26/08 Du 5/08 au 7/09 lundi, vous pourrez faire vos Discussion le 8/08 à 21h courses et également vous EFFACER L’HISTORIQUE restaurer sur place. Avant-première le 25/08 L’accès au parking de 556 places puis à partir du 26/08 DAVID CRONENBERG se fait par la rue Thiers et vous ÉNORME CRASH vous retrouvez directement au- À partir du 2/09 Du 19/08 au 7/09 dessus du marché. EPICENTRO SCANNERS Une heure de parking est offerte Du 19/08 au 7/09 Du 19/08 au 8/09 par les commerçants des Discussion le 3/09 à 20h30 Halles aux clients. ÉTÉ 85 RETROSPECTIVE Jusqu’au 25/08 Du 5/08 au 8/09 LA FEMME DES STEPPES Du 19/08 au 8/09 ADALEN 31 AMOUR 65 LES FLEURS DE SHANGHAI LA BEAUTÉ DES CHOSES Jusqu’au 11/08 JOE HILL HOTEL BY THE RIVER LE PÉCHÉ SUÉDOIS Du 5/08 au 18 /08

L’INFIRMIÈRE LA SÉANCE DU GROUPE Du 5/08 au 24/08 DE PRESSION

LIGHT OF MY LIFE MALMKROG • Mais aussi à la Médiathèque Du 12/08 au 8/09 Ceccano, à l’Office de Tourisme, Le vendredi 21/08 à 18h30 dans un grand nombre LUCKY STRIKE Du 5/08 au 25/08 de restaurants et de bars, chez POUR LES ENFANTS les libraires, chez le cordonnier MADRE (MAIS PAS QUE) Jusqu’au 1er/09 de la rue Paul Saïn, au Cloître BRENDAN ET St Louis, à la Maison Jean MANO DE OBRA LE SECRET DE KELLS Vilar, jusqu’à la Souricière rue Du 19/08 au 8/09 Du 6/08 au 5/09 Discussion le 27/08 à 20h30 Carreterie et même à Rosmerta LA PETITE TAUPE et bien d’autres encore ! MICHEL-ANGE AIME LA NATURE En avant-première du 5/08 au 1er/09 Du 5/08 au 6/09

Un petit rappel des tarifs des PETIT PAYS LE GRUFFALO parkings de l’intramuros de 20h À partir du 28/08 Du 6/08 au 5/09 à 1h : 2€ pour Les Halles, 3€ POLICE LE ROI ET L’OISEAU pour Le Palais des Papes et 4€ À partir du 2/09 Du 5/08 au 6/09 pour l’Oratoire. L’ïle Piot et les Italiens sont toujours gratuits ainsi que les navettes. Séances de films français avec sous-titres sourds et malentendants : le lundi 17 août à 16h20, le lundi 24 août Le cinéma Utopia est classé Été 85 Voir le jour art-et-essai et est soutenu à 15h45, Effacer l’historique le lundi 31 août à 14h40 et par Europa Cinemas. Petit pays le jeudi 3 septembre à 14h30 Séances bébé : Dans un jardin qu’on dirait éternel le mardi 1er septembre à 14h et Citoyens du monde le jeudi 3 septembre à 13h30 4 salles à la manutention cour Maria Casarès, 1 salle à République, 5 rue Figuière. Les portes sont fermées au début des séances et nous ne laissons pas entrer les retardataires PROGRAMME (l’heure indiquée sur le programme est celle du début du film). 14H00 16H45 18H40 20H45 MANUTENTION MICHEL-ANGE LE ROI ET L’OISEAU TIJUANA BIBLE MICHEL-ANGE 13H45 16H00 17H10 19H20 21H30 MER L’INFIRMIÈRE LA PETITE TAUPE... LE SEL DES LARMES CHONGQING BLUES HOTEL BY THE RIVER 14H15 16H30 19H10 21H15 CHONGQING BLUES MADRE THE CLIMB ÉTÉ 85 5 13H30 15H20 17H15 19H30 21H20 Widerberg AOÛT WHITE RIOT ELVIRA MADIGAN L’INFIRMIÈRE WHITE RIOT LUCKY STRIKE 12H00 14H20 16H30 19H15 21H20 MANUTENTION CHONGQING BLUES THE CLIMB MICHEL-ANGE HOTEL BY THE RIVER TIJUANA BIBLE 13H40 16H00 17H10 19H30 21H30 JEU LUCKY STRIKE LE GRUFFALO CHONGQING BLUES LE SEL DES LARMES THE CLIMB 14H00 16H20 18H10 20H20 LES FLEURS DE SHANGHAI WHITE RIOT ÉTÉ 85 MADRE 6 11H45 14H30 16H45 18H20 20H50 Widerberg AOÛT MICHEL-ANGE L’INFIRMIÈRE BRENDAN... LA BEAUTÉ DES CHOSES L’INFIRMIÈRE 14H15 17H00 19H30 MANUTENTION MICHEL-ANGE LES FLEURS DE SHANGHAI MICHEL-ANGE 13H45 16H30 17H40 19H45 21H45 VEN MADRE LA PETITE TAUPE... HOTEL BY THE RIVER TIJUANA BIBLE WHITE RIOT 14H30 16H45 19H10 21H15 L’INFIRMIÈRE LUCKY STRIKE ÉTÉ 85 CHONGQING BLUES 7 14H00 16H10 18H10 20H20 Widerberg AOÛT LE SEL DES LARMES LE ROI ET L’OISEAU THE CLIMB JOE HILL 14H00 16H40 18H20 20H30 MANUTENTION MADRE BRENDAN... TIJUANA BIBLE MICHEL-ANGE 13H50 Widerberg 15H50 17H00 19H00 21H10 SAM AMOUR 65 LE GRUFFALO HOTEL BY THE RIVER THE CLIMB LUCKY STRIKE 14H10 16H20 18H30 21H00 Discussion ÉTÉ 85 THE CLIMB LES FLEURS DE SHANGHAI WHITE RIOT 8 13H40 16H20 18H30 20H50 AOÛT MICHEL-ANGE LE SEL DES LARMES L’INFIRMIÈRE CHONGQING BLUES 11H40 14H00 16H00 17H10 20H00 MANUTENTION CHONGQING BLUES TIJUANA BIBLE LA PETITE TAUPE... MICHEL-ANGE MADRE 11H20 13H30 16H20 18H15 20H30 DIM LE SEL DES LARMES MICHEL-ANGE LE ROI ET L’OISEAU CHONGQING BLUES ÉTÉ 85 11H40 14H10 16H30 18H40 20H30 LES FLEURS DE SHANGHAI LUCKY STRIKE L’INFIRMIÈRE WHITE RIOT LUCKY STRIKE 9 11H30 13H45 15H50 18H00 20H10 Widerberg AOÛT L’INFIRMIÈRE THE CLIMB HOTEL BY THE RIVER THE CLIMB ADALEN 31 13H45 16H30 17H45 20H00 MANUTENTION MICHEL-ANGE LE GRUFFALO LE SEL DES LARMES MICHEL-ANGE 13H45 15H40 17H50 20H10 LUN WHITE RIOT THE CLIMB LUCKY STRIKE MADRE 14H00 16H20 18H00 20H20 L’INFIRMIÈRE BRENDAN... CHONGQING BLUES TIJUANA BIBLE 10 13H50 16H00 18H10 20H40 AOÛT HOTEL BY THE RIVER ÉTÉ 85 LES FLEURS DE SHANGHAI L’INFIRMIÈRE 14H10 17H00 19H20 21H20 MANUTENTION MICHEL-ANGE CHONGQING BLUES THE CLIMB WHITE RIOT 14H00 16H00 18H15 20H20 MAR LE ROI ET L’OISEAU L’INFIRMIÈRE HOTEL BY THE RIVER MADRE 14H20 16H30 17H45 20H30 LE SEL DES LARMES LA PETITE TAUPE... MICHEL-ANGE LUCKY STRIKE 11 14H30 16H30 19H00 21H10 Widerberg (D) (D) AOÛT LE PÉCHÉ SUÉDOIS LES FLEURS DE SHANGHAI ÉTÉ 85 TIJUANA BIBLE

Comme le PQ, la farine et les œufs, faites provision, achetez des abonnements ! 13H45 15H50 18H30 20H40 MANUTENTION VOIR LE JOUR MADRE LE SEL DES LARMES VOIR LE JOUR 14H00 16H20 18H10 20H30 MER PERFECT CANDIDATE BRENDAN... ÉTÉ 85 LIGHT OF MY LIFE 14H00 16H00 Widerberg 18H00 20H15 WHITE RIOT AMOUR 65 THE CLIMB PERFECT CANDIDATE 12 13H45 16H10 17H30 19H50 AOÛT CHONGQING BLUES LE GRUFFALO L’INFIRMIÈRE MICHEL-ANGE 12H30 15H00 17H00 19H00 20H50 MANUTENTION LIGHT OF MY LIFE THE CLIMB VOIR LE JOUR WHITE RIOT LIGHT OF MY LIFE 12H15 14H40 17H00 19H00 21H10 JEU CHONGQING BLUES LUCKY STRIKE LE ROI ET L’OISEAU PERFECT CANDIDATE MADRE 12H00 14H15 17H10 18H30 21H15 LE SEL DES LARMES MICHEL-ANGE LA PETITE TAUPE... MICHEL-ANGE ÉTÉ 85 13 12H00 14H00 16H10 18H30 21H00 Widerberg AOÛT VOIR LE JOUR ARIZONA JUNIOR L’INFIRMIÈRE JOE HILL HOTEL BY THE RIVER 13H30 15H30 17H20 19H30 21H40 MANUTENTION HOTEL BY THE RIVER BRENDAN... PERFECT CANDIDATE L’INFIRMIÈRE LIGHT OF MY LIFE 13H30 15H50 18H00 20H00 21H40 VEN PERFECT CANDIDATE THE CLIMB VOIR LE JOUR WHITE RIOT ARIZONA JUNIOR 14H00 16H10 Widerberg 18H30 21H00 14 VOIR LE JOUR ADALEN 31 LIGHT OF MY LIFE CHONGQING BLUES 14H00 16H45 18H00 20H40 AOÛT MADRE LE GRUFFALO MICHEL-ANGE LUCKY STRIKE 12H15 15H00 17H00 19H15 21H40 MANUTENTION Widerberg MADRE LE PÉCHÉ SUÉDOIS L’INFIRMIÈRE LIGHT OF MY LIFE WHITE RIOT 13H40 15H40 17H30 19H45 21H50 SAM VOIR LE JOUR LE ROI ET L’OISEAU CHONGQING BLUES PERFECT CANDIDATE ÉTÉ 85 13H50 16H40 19H00 21H00 MICHEL-ANGE PERFECT CANDIDATE HOTEL BY THE RIVER MICHEL-ANGE 15 12H00 14H10 16H40 17H50 19H50 21H45 AOÛT ARIZONA JUNIOR LIGHT OF MY LIFE LA PETITE TAUPE... THE CLIMB VOIR LE JOUR LUCKY STRIKE 12H00 14H00 16H20 18H40 20H50 MANUTENTION VOIR LE JOUR LUCKY STRIKE L’INFIRMIÈRE PERFECT CANDIDATE MADRE 11H00 12H40 15H30 18H00 20H30 DIM BRENDAN... MICHEL-ANGE LIGHT OF MY LIFE LIGHT OF MY LIFE LE SEL DES LARMES 11H00 12H20 14H40 16H40 19H00 21H00 LE GRUFFALO PERFECT CANDIDATE THE CLIMB CHONGQING BLUES VOIR LE JOUR ARIZONA JUNIOR 16 11H30 13H30 15H40 18H30 20H20 Widerberg AOÛT HOTEL BY THE RIVER ÉTÉ 85 MICHEL-ANGE WHITE RIOT ELVIRA MADIGAN 13H30 15H30 17H30 19H45 21H40 MANUTENTION HOTEL BY THE RIVER LE ROI ET L’OISEAU PERFECT CANDIDATE VOIR LE JOUR THE CLIMB 13H50 16H00 17H50 20H30 LUN ARIZONA JUNIOR WHITE RIOT MICHEL-ANGE LIGHT OF MY LIFE 14H10 16H20 18H30 21H00 THE CLIMB ÉTÉ 85 MADRE L’INFIRMIÈRE 17 13H40 16H00 17H15 19H15 21H30 AOÛT LUCKY STRIKE LA PETITE TAUPE... LE SEL DES LARMES CHONGQING BLUES ARIZONA JUNIOR 14H00 16H15 18H30 20H30 MANUTENTION ÉTÉ 85 PERFECT CANDIDATE VOIR LE JOUR MICHEL-ANGE 13H45 16H20 18H40 21H00 MAR LIGHT OF MY LIFE L’INFIRMIÈRE LIGHT OF MY LIFE PERFECT CANDIDATE 13H30 Widerberg 16H10 18H00 (D) 20H00 21H40 LA BEAUTÉ DES CHOSES BRENDAN... HOTEL BY THE RIVER WHITE RIOT LUCKY STRIKE 18 13H45 16H00 17H20 19H40 21H40 (D) (D) AOÛT LE SEL DES LARMES LE GRUFFALO CHONGQING BLUES THE CLIMB ARIZONA JUNIOR

Bientôt du côté de Troyes, à Pont Sainte-Marie, un petit nouveau Utopia. Il sera sans 3D, sans pop-corn, sans pub, en version originable, ça vous connaissez mais ce n’est pas tout : Il sera écolo, bio mais pas dégradable ! Ce sera le premier cinéma à énergie positive, bas carbone, zéro déchets, économe en eau. Pour vous renseigner : www.cinemas-utopia.org /U-blog/pontsaintemarie Pour soutenir la presse indépendante, vous pouvez acheter L’âge de faire et Fakir. Les nouveaux numéros sont disponibles à la caisse.

MANUTENTION 14H00 16H15 18H20 20H40 FEMME DES STEPPES VOIR LE JOUR L’INFIRMIÈRE FEMME DES STEPPES 14H00 16H00 17H15 20H00 MER LE ROI ET L’OISEAU LA PETITE TAUPE... MICHEL-ANGE A PERFECT FAMILY 14H00 16H10 Widerberg 18H15 20H30 19 A PERFECT FAMILY LE PÉCHÉ SUÉDOIS EPICENTRO LIGHT OF MY LIFE 14H00 16H30 18H45 20H30 AOÛT LIGHT OF MY LIFE PERFECT CANDIDATE MANO DE OBRA PERFECT CANDIDATE 18H00 Cronenberg 20H15 Cronenberg RÉPUBLIQUE CRASH SCANNERS

MANUTENTION 11H50 14H00 16H15 17H30 19H45 22H00 FEMME DES STEPPES PERFECT CANDIDATE LE GRUFFALO FEMME DES STEPPES LIGHT OF MY LIFE WHITE RIOT 11H50 13H50 15H40 17H50 19H50 21H45 Cronenberg JEU A PERFECT FAMILY BRENDAN... ÉTÉ 85 A PERFECT FAMILY VOIR LE JOUR CRASH 12H00 14H30 16H50 19H30 21H15 LIGHT OF MY LIFE EPICENTRO L’INFIRMIÈRE MANO DE OBRA LUCKY STRIKE 20 12H00 14H00 16H10 18H30 Widerberg 20H50 AOÛT VOIR LE JOUR ARIZONA JUNIOR CHONGQING BLUES ADALEN 31 MICHEL-ANGE 18H00 Cronenberg 20H15 RÉPUBLIQUE SCANNERS MADRE

MANUTENTION 13H50 15H50 18H30 Groupe de pression LE ROI ET L’OISEAU MADRE MALMKROG 14H00 15H50 17H10 19H40 21H40 VEN MANO DE OBRA LA PETITE TAUPE... LIGHT OF MY LIFE FEMME DES STEPPES LIGHT OF MY LIFE 14H00 16H10 Widerberg 18H10 20H10 22H00 21 L’INFIRMIÈRE ELVIRA MADIGAN VOIR LE JOUR A PERFECT FAMILY ARIZONA JUNIOR 14H00 16H15 18H30 20H45 AOÛT PERFECT CANDIDATE FEMME DES STEPPES CHONGQING BLUES PERFECT CANDIDATE 18H00 20H50 RÉPUBLIQUE MICHEL-ANGE EPICENTRO

MANUTENTION 14H00 16H10 17H30 19H45 21H45 Cronenberg FEMME DES STEPPES LE GRUFFALO PERFECT CANDIDATE FEMME DES STEPPES SCANNERS 14H00 15H50 17H50 20H10 21H50 SAM BRENDAN... A PERFECT FAMILY EPICENTRO MANO DE OBRA LUCKY STRIKE 14H00 Widerberg 16H40 18H45 20H40 22 LA BEAUTÉ DES CHOSES VOIR LE JOUR WHITE RIOT A PERFECT FAMILY 13H45 16H15 18H50 21H00 AOÛT LIGHT OF MY LIFE MADRE ARIZONA JUNIOR LIGHT OF MY LIFE 15H45 17H50 20H40 RÉPUBLIQUE ÉTÉ 85 MICHEL-ANGE VOIR LE JOUR

MANUTENTION 12H00 14H15 16H20 18H30 20H45 FEMME DES STEPPES A PERFECT FAMILY ÉTÉ 85 FEMME DES STEPPES ARIZONA JUNIOR 12H00 14H15 16H15 19H00 21H00 Cronenberg DIM PERFECT CANDIDATE LE ROI ET L’OISEAU MADRE A PERFECT FAMILY CRASH 12H00 14H20 17H10 18H30 21H00 23 LUCKY STRIKE MICHEL-ANGE LA PETITE TAUPE... LIGHT OF MY LIFE WHITE RIOT 12H00 14H00 16H20 18H45 20H40 Widerberg AOÛT MANO DE OBRA CHONGQING BLUES EPICENTRO VOIR LE JOUR AMOUR 65 18H00 20H15 RÉPUBLIQUE PERFECT CANDIDATE L’INFIRMIÈRE

MANUTENTION 14H00 16H15 (D) 18H30 20H50 FEMME DES STEPPES L’INFIRMIÈRE EPICENTRO MICHEL-ANGE 14H00 15H45 17H40 19H40 21H40 Cronenberg LUN BRENDAN... VOIR LE JOUR A PERFECT FAMILY PERFECT CANDIDATE SCANNERS 14H00 16H10 17H30 19H30 21H20 24 ARIZONA JUNIOR LE GRUFFALO MANO DE OBRA VOIR LE JOUR LIGHT OF MY LIFE 14H00 15H50 18H20 21H00 AOÛT WHITE RIOT LIGHT OF MY LIFE MADRE ÉTÉ 85 18H00 20H30 RÉPUBLIQUE LUCKY STRIKE CHONGQING BLUES

MANUTENTION 14H00 16H00 18H15 (D) 20H40 Avant-première LE ROI ET L’OISEAU FEMME DES STEPPES CHONGQING BLUES EFFACER L’HISTORIQUE 14H00 16H00 17H15 (D) 19H30 21H30 MAR A PERFECT FAMILY LA PETITE TAUPE... ÉTÉ 85 FEMME DES STEPPES LIGHT OF MY LIFE 14H00 Widerberg 16H30 19H20 21H10 (D) JOE HILL MICHEL-ANGE A PERFECT FAMILY LUCKY STRIKE 25 13H45 15H50 18H00 Cronenberg 20H15 22H00 AOÛT VOIR LE JOUR ARIZONA JUNIOR CRASH MANO DE OBRA WHITE RIOT 18H00 20H15 RÉPUBLIQUE PERFECT CANDIDATE EPICENTRO Enseignantes, enseignants, de la maternelle au secondaire, nous vous accueillons pour des séances à la demande, en matinée. Vous pouvez choisir un film de la gazette

MANUTENTION 14H15 16H40 18H30 20H45 EFFACER L’HISTORIQUE BRENDAN... EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE 14H00 16H10 17H30 19H30 21H30 Cronenberg MER FEMME DES STEPPES LE GRUFFALO VOIR LE JOUR DANS UN JARDIN… CRASH 14H30 16H40 19H00 21H00 26 CITOYENS DU MONDE PERFECT CANDIDATE CITOYENS DU MONDE LIGHT OF MY LIFE 14H20 16H30 19H20 21H15 AOUT DANS UN JARDIN… MICHEL-ANGE A PERFECT FAMILY ARIZONA JUNIOR 15H50 Widerberg 18H30 20H45 RÉPUBLIQUE LA BEAUTÉ DES CHOSES EPICENTRO FEMME DES STEPPES

MANUTENTION 12H00 14H10 16H20 18H15 20H30 Discussion A PERFECT FAMILY DANS UN JARDIN… LE ROI ET L’OISEAU FEMME DES STEPPES MANO DE OBRA 12H00 14H20 17H00 19H15 21H30 JEU EFFACER L’HISTORIQUE MADRE EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE WHITE RIOT 13H30 15H45 17H00 Widerberg 19H00 21H15 27 EPICENTRO LA PETITE TAUPE... ELVIRA MADIGAN PERFECT CANDIDATE LIGHT OF MY LIFE 12H00 14H00 16H00 18H00 20H15 AOUT ARIZONA JUNIOR MANO DE OBRA VOIR LE JOUR DANS UN JARDIN… MICHEL-ANGE 16H15 Cronenberg 18H30 20H30 RÉPUBLIQUE CRASH CITOYENS DU MONDE A PERFECT FAMILY

MANUTENTION 13H40 15H40 17H20 19H15 21H30 A PERFECT FAMILY BRENDAN... MANO DE OBRA EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE 13H50 16H20 18H30 21H00 VEN PETIT PAYS CITOYENS DU MONDE LIGHT OF MY LIFE PETIT PAYS 14H00 16H20 17H30 19H40 21H40 Cronenberg EFFACER L’HISTORIQUE LE GRUFFALO EPICENTRO VOIR LE JOUR SCANNERS 28 14H00 16H40 Widerberg 18H40 20H45 AOÛT MICHEL-ANGE AMOUR 65 PERFECT CANDIDATE CITOYENS DU MONDE 16H00 18H10 20H40 RÉPUBLIQUE FEMME DES STEPPES MADRE DANS UN JARDIN…

MANUTENTION 14H00 16H20 18H40 20H40 EFFACER L’HISTORIQUE PERFECT CANDIDATE CITOYENS DU MONDE EFFACER L’HISTORIQUE 13H30 15H30 17H30 19H30 21H30 Cronenberg SAM CITOYENS DU MONDE LE ROI ET L’OISEAU A PERFECT FAMILY DANS UN JARDIN… CRASH 13H45 15H40 17H00 19H00 21H10 A PERFECT FAMILY LA PETITE TAUPE... VOIR LE JOUR FEMME DES STEPPES LIGHT OF MY LIFE 29 13H45 Widerberg 16H10 18H20 21H00 AOÛT JOE HILL DANS UN JARDIN… MICHEL-ANGE EPICENTRO 14H00 16H10 18H30 20H40 RÉPUBLIQUE FEMME DES STEPPES PETIT PAYS EFFACER L’HISTORIQUE PETIT PAYS

MANUTENTION 11H50 14H10 16H30 18H30 20H45 Widerberg EPICENTRO EFFACER L’HISTORIQUE A PERFECT FAMILY EFFACER L’HISTORIQUE LE PÉCHÉ SUÉDOIS 11H45 14H20 16H30 18H45 21H00 DIM MADRE DANS UN JARDIN… FEMME DES STEPPES DANS UN JARDIN… A PERFECT FAMILY 12H00 14H00 16H00 17H45 20H15 30 VOIR LE JOUR ARIZONA JUNIOR BRENDAN... PETIT PAYS MICHEL-ANGE 12H10 14H30 17H00 18H15 20H10 AOÛT EFFACER L’HISTORIQUE PETIT PAYS LE GRUFFALO MANO DE OBRA PERFECT CANDIDATE 14H10 16H00 18H30 20H30 Cronenberg RÉPUBLIQUE WHITE RIOT LIGHT OF MY LIFE CITOYENS DU MONDE SCANNERS

MANUTENTION 12H00 14H30 16H40 18H40 20H45 LIGHT OF MY LIFE FEMME DES STEPPES CITOYENS DU MONDE EFFACER L’HISTORIQUE DANS UN JARDIN… 12H00 14H40 17H15 20H00 LUN MICHEL-ANGE EFFACER L’HISTORIQUE MICHEL-ANGE PETIT PAYS 12H00 14H00 Cronenberg 16H10 18H30 Cronenberg 20H40 31 CITOYENS DU MONDE CRASH PETIT PAYS SCANNERS FEMME DES STEPPES 12H00 14H40 16H50 19H00 21H00 AOÛT MADRE PERFECT CANDIDATE EPICENTRO VOIR LE JOUR ARIZONA JUNIOR 16H30 18H30 20H30 RÉPUBLIQUE MANO DE OBRA A PERFECT FAMILY EFFACER L’HISTORIQUE

MANUTENTION 14H20 16H30 (D) 19H10 21H15 EFFACER L’HISTORIQUE MADRE EFFACER L’HISTORIQUE WHITE RIOT 14H00 Bébé 16H15 18H30 20H45 MAR DANS UN JARDIN… EFFACER L’HISTORIQUE DANS UN JARDIN… PETIT PAYS er 14H20 Widerberg 16H40 18H40 20H30 1 ADALEN 31 VOIR LE JOUR MANO DE OBRA A PERFECT FAMILY 14H00 16H30 18H30 20H40 SEPT PETIT PAYS CITOYENS DU MONDE FEMME DES STEPPES LIGHT OF MY LIFE 15H30 (D) 18H20 20H30 RÉPUBLIQUE MICHEL-ANGE PERFECT CANDIDATE CITOYENS DU MONDE mais nous sommes aussi ouverts aux propositions en lien avec les programmes ou projets pédagogiques de votre classe. Pour en parler, vous pouvez nous appeler au 04 90 82 65 36.

MANUTENTION 14H15 16H30 18H30 20H30 ÉNORME LE ROI ET L’OISEAU CITOYENS DU MONDE EFFACER L’HISTORIQUE 14H00 16H10 Widerberg 18H40 20H40 MER POLICE JOE HILL A PERFECT FAMILY POLICE 14H20 16H40 18H00 20H20 2 ANTIGONE LA PETITE TAUPE... EPICENTRO PETIT PAYS 14H10 16H10 18H20 20H30 SEPT DANS UN JARDIN... FEMME DES STEPPES PERFECT CANDIDATE ANTIGONE 15H45 18H00 20H30 RÉPUBLIQUE EFFACER L’HISTORIQUE LIGHT OF MY LIFE ÉNORME

MANUTENTION 12H00 14H00 16H10 18H10 20H30 Discussion POLICE PERFECT CANDIDATE DANS UN JARDIN... PETIT PAYS EPICENTRO 13H30 Bébé 15H30 17H30 19H40 JEU CITOYENS DU MONDE VOIR LE JOUR ANTIGONE EFFACER L’HISTORIQUE 12H20 14H40 17H00 19H10 21H10 EFFACER L’HISTORIQUE EPICENTRO FEMME DES STEPPES MANO DE OBRA EFFACER L’HISTORIQUE 3 12H20 14H30 17H00 Widerberg 19H00 21H00 SEPT ARIZONA JUNIOR PETIT PAYS AMOUR 65 CITOYENS DU MONDE ÉNORME 16H00 18H10 20H20 RÉPUBLIQUE A PERFECT FAMILY POLICE DANS UN JARDIN...

MANUTENTION 13H30 15H30 17H20 19H30 21H40 Cronenberg POLICE MANO DE OBRA DANS UN JARDIN... EFFACER L’HISTORIQUE SCANNERS 14H00 16H20 18H45 21H00 VEN EFFACER L’HISTORIQUE ANTIGONE ÉNORME POLICE 14H00 16H15 18H40 20H45 ÉNORME PETIT PAYS A PERFECT FAMILY ANTIGONE 4 13H30 15H30 Widerberg 17H30 19H30 Cronenberg 21H30 SEPT FEMME DES STEPPES LE PÉCHÉ SUÉDOIS VOIR LE JOUR CRASH LIGHT OF MY LIFE 16H20 18H20 20H30 RÉPUBLIQUE CITOYENS DU MONDE EFFACER L’HISTORIQUE PETIT PAYS

MANUTENTION 13H40 15H50 (D) 17H00 19H30 21H30 ÉNORME LE GRUFFALO PETIT PAYS ÉNORME EFFACER L’HISTORIQUE 13H40 15H50 (D) 17H30 19H40 21H40 SAM DANS UN JARDIN... BRENDAN... FEMME DES STEPPES POLICE ARIZONA JUNIOR 13H30 15H40 17H40 19H40 21H40 ANTIGONE CITOYENS DU MONDE A PERFECT FAMILY DANS UN JARDIN... WHITE RIOT 5 14H15 Widerberg 16H30 18H40 20H50 SEPT ADALEN 31 POLICE ANTIGONE CITOYENS DU MONDE 14H00 16H20 18H30 20H40 RÉPUBLIQUE PETIT PAYS EFFACER L’HISTORIQUE EPICENTRO EFFACER L’HISTORIQUE

MANUTENTION 11H30 13H45 16H00 (D) 18H00 20H15 EFFACER L’HISTORIQUE EFFACER L’HISTORIQUE LE ROI ET L’OISEAU EFFACER L’HISTORIQUE LIGHT OF MY LIFE 12H00 14H00 16H15 18H30 20H40 DIM FEMME DES STEPPES ÉNORME DANS UN JARDIN... ÉNORME A PERFECT FAMILY 11H30 13H50 16H00 18H20 20H20 Cronenberg ANTIGONE POLICE ANTIGONE CITOYENS DU MONDE CRASH 6 11H00 (D) 12H15 14H20 16H20 18H20 Cronenberg 20H30 SEPT LA PETITE TAUPE... DANS UN JARDIN... MANO DE OBRA VOIR LE JOUR SCANNERS PERFECT CANDIDATE 13H45 15H45 18H10 20H20 Widerbergv RÉPUBLIQUE CITOYENS DU MONDE PETIT PAYS POLICE LA BEAUTÉ DES CHOSES

MANUTENTION 12H00 14H10 16H15 18H30 20H30 EFFACER L’HISTORIQUE ARIZONA JUNIOR EFFACER L’HISTORIQUE CITOYENS DU MONDE EFFACER L’HISTORIQUE 11H50 14H00 16H20 18H40 20H45 LUN POLICE PETIT PAYS LIGHT OF MY LIFE ÉNORME POLICE 12H00 14H20 16H30 (D) 18H50 20H45 ANTIGONE PERFECT CANDIDATE EPICENTRO MANO DE OBRA ANTIGONE 7 12H10 14H10 16H10 Cronenberg 18H20 Cronenberg 20H20 SEPT A PERFECT FAMILY VOIR LE JOUR SCANNERS CRASH (D) DANS UN JARDIN... 16H00 18H10 (D) 20H00 RÉPUBLIQUE DANS UN JARDIN... WHITE RIOT FEMME DES STEPPES

MANUTENTION 14H00 16H20 (D) 18H50 21H00 EFFACER L’HISTORIQUE LIGHT OF MY LIFE POLICE EFFACER L’HISTORIQUE 14H20 16H30 18H50 21H00 MAR DANS UN JARDIN... PETIT PAYS DANS UN JARDIN... ÉNORME 14H00 16H20 (D) 18H30 (D) 20H45 ANTIGONE PERFECT CANDIDATE FEMME DES STEPPES PETIT PAYS 8 13H30 Widerberg 15H30 (D) 17H20 (D) 19H20 (D) 21H15 Cronenberg SEPT ELVIRA MADIGAN MANO DE OBRA ARIZONA JUNIOR VOIR LE JOUR SCANNERS (D) 15H50 18H00 (D) 20H00 RÉPUBLIQUE ÉNORME A PERFECT FAMILY CITOYENS DU MONDE Séance unique le vendredi 21 août à 18h30

MALMKROG Écrit et réalisé par Cristi PUIU Roumanie / France 2020 3h20 Le travail remarquable de Cristi Puiu sur (uniquement en français) la profondeur de champ saisit d’emblée. avec Frédéric Schulz-Richard, Agathe Miroirs et embrasures de portes viennent Bosch, Marina Palii, Ugo Broussot… changer le cadre à l’intérieur d’un même D’après Trois entretiens – Sur la plan, comme par un excitant tour de guerre, la morale et la religion, de passe-passe. Les personnages se dé- Vladimir Soloviev placent dans une même pièce mais pa- raissent déjà à des années-lumières les Dans un manoir perdu dans la cam- uns des autres, prisonniers de mondes pagne enneigée, cinq amis aristocrates séparés. Alors que ces derniers mono- (deux femmes et trois hommes) passent loguent de plus belle, la caméra veut dis- le temps en échangeant leurs points de crètement nous guider ailleurs, loin de vue sur divers sujets philosophiques. leur parole vaine : elle panote discrète- Durant les monumentales 3h20 que ment, se focalise sur autre chose. La dis- durent le superbe nouveau film de Cristi cussion semble ne jamais pouvoir arri- Puiu, nous ne verrons quasiment rien ver à une conclusion pacifique (ou même du monde extérieur, nous connaîtrons à une conclusion tout court). Malgré un peine plus que les divers salons de ce lo- rythme particulièrement exigeant, la ten- gis cossu où règne une sévère élégance, sion monte, et les veines du film battent où l’on n’entend que le murmure du vent fort. et où rien ne dépasse. « A philosopher, l’intelligence attrape La guerre, le christianisme, la politique, le tournis » nous prévient-on. Enfermé la mort… le programme de la discussion entre quatre murs au même titre que les est ambitieux, et les sujets propices à la personnages, le temps lui-même semble controverse, mais là non plus rien ne pa- tourner en rond, se dilater et se méta- raît dépasser. On discute d’une voix par- morphoser, jusqu’à presque se casser. ticulièrement affable et avec une curiosité toute courtoise. Tous d’origines diffé- Figés dans leurs idées rétrogrades, rentes, ils échangent en français comme leur dogmatisme glacial et leurs cour- dans le fantasme d’une Europe noble et bettes figées, les protagonistes unifiée, une tour de Babel prête à s’ef- de Malmkrog ont l’air de fantômes cap- fondrer. Une intransigeante leçon de po- tifs, empesés par le luxe qui les entoure litesse tout en retenue (le mot « vilain » et incapables d’interagir avec la réali- révulse par sa violence), où la condes- té extérieure. Puiu traduit avec une in- cendance prend tellement son temps tensité remarquablement magnétique qu’on ne la reconnaît pas tout de suite. le voile mortifère qui les nimbe… D’une Il y a quelque chose qui cloche dans ces radicalité majuscule, Malmkrog est un très beaux plans-séquences. Quelque chant splendide venu d’un autre monde. chose d’étrange qui flotte. (G. Coutaut, Le Polyester)

Groupe de pression ! Moult films sortent chaque année, des petits et des gros, et trouvent chemin faisant l’itinéraire des salles. D’autres plus intimes, moins facilement casables de par leur sujets, leur forme plus atypique ont tendance à passer à la trappe. C’était sans compter VOTRE sur l’attention et la persévérance de certains spectateurs qui manifestent leur désir de les découvrir en salle. Comment s’opposer à cette force montante ? Ces obsédés de la bobine PUBLICITÉ vont former un groupe de pression que nous écouterons avec beaucoup d’attention et nous vous proposerons une séance des films qu’ils nous auront convaincus de passer. Sur cette dans la gazette gazette c’est donc Malmkrog. Ils profiteront de cette séance pour s’organiser et affûter des 06 84 60 07 55 outils de… pression pour que l’aventure continue ! Vous êtes toutes et tous bienvenus ! [email protected] ÉNORME Sophie LETOURNEUR France 2020 1h41 avec Marina Foïs, Jonathan Cohen, Jacqueline Kakou, Ayala Cousteau… Scénario de Sophie Letourneur et Mathias Gavarry

Claire, pianiste de renommée internatio- nale, a la quarantaine rugissante. Altière, fière et bosseuse, sûre de son talent, elle fait vibrer des salles de concerts en- thousiastes aux quatre coins du globe. Autant elle est vive, fonceuse et per- fectionniste dans son art, autant la vie quotidienne lui semble une terre étran- gère à la langue inconnue, parsemée d’inextricables contingences maté- rielles et d’obscures obligations tantôt sociales, tantôt administratives de- vant lesquelles elle a vite fait de perdre pied… Les choses étant tout de même bien faites, pour lui permettre d’avan- cer dans ce brouillard, Claire a trouvé en politique…), aurait pu permettre à nos deviendrait le laboratoire difforme de Frédéric la perle rare : mari passionné, deux tourtereaux-voyageurs de filer cette transformation familiale. Rongé agent intraitable, secrétaire méticuleux, des jours heureux ainsi que le parfait par son obsession, Frédéric va tout ten- garde du corps intransigeant, comp- amour si, par un de ces hasards dont la ter pour parvenir à ses fins – jusqu’à, table scrupuleux, amant attentif, ami Providence et les scénaristes ont le se- puisqu’il a la main dessus, jouer les ap- plein d’humour… Des billets d’avions cret, Frédéric ne s’était pas retrouvé au prentis-sorciers avec la contraception aux contrats de concerts, des courses cours d’un vol de nuit à assister mala- de sa compagne… alimentaires aux prises de rendez-vous, droitement (mais avec succès) un toubib des essayages de robes à la prise de sa pour un accouchement un peu précipité. Impeccablement écrite, la comédie flirte pilule contraceptive, il gère, assume, or- Dès lors, rien ne sera plus comme avant. en permanence avec un malaise dif- ganise, règle dans les moindres détails Le désir de paternité va devenir pour lui fus mais pas si désagréable. Le par- une vie qu’elle peut dès lors traverser une obsession grandissante, tandis que ti-pris initial, l’inversion des positions comme en apesanteur, libérée de toute Claire, dont la fibre maternelle n’est pas femme-homme dans la représentation contrainte, en se consacrant exclusive- extrêmement développée, ne comprend du couple (occidental) traditionnel, est ment à la musique. pas bien pour quelle impérieuse raison rapidement posé et sa logique poussée Cette belle mécanique bien huilée, qui il faudrait transformer leur couple en fa- au maximum donne lieu, parfois subti- reproduit en négatif le schéma habituel mille, avec des conséquences pour le lement, parfois avec une grâce réjouis- de la femme de tête et de ménage to- moins incertaines sur sa carrière profes- sante d’éléphant dans un magasin de talement dévouée au bien être de son sionnelle. D’autant que, jusqu’à preuve porcelaine, à des effets comiques irré- « grand homme » (artiste, scientifique, du contraire, c’est bien SON ventre qui sistibles et salutaires – et Marina Foïs et Jonathan Cohen s’en donnent visi- blement à cœur joie, dans des registres très différents. Avec, c’est un peu la si- gnature des films de Sophie Letourneur, cette délicieuse sensation de liberté, d’imparable légèreté, cette impression d’improvisation permanente qui habille de naturel des situations de plus en plus improbables et ahurissantes à mesure que le film avance. Le masque renfermé de Claire, Buster Keaton féminin et lu- naire, met bien ses quatre-vingt-dix mi- nutes à se lézarder, sous les assauts du jeu exubérant de son partenaire, pitre décomplexé qui paraîtrait presque en roue libre si, au détour d’une phrase, d’un regard, on n’était régulièrement ra- mené au sérieux, à la gravité de ce qui se joue. Mine de rien, outre les rela- tions de couple et de genre, la réalisa- trice retourne contre la société l’injonc- tion millénaire du désir de maternité. Et brode un conte aussi charmant que pi- quant qui dit avec une grande justesse les enjeux de la dépossession du corps de la femme pendant la grossesse. Une comédie instructive valant mieux qu’un long discours, on applaudit. l’attentat désespéré – et raté – du jeune faire libérer son frère, quoi qu’il lui en résistant Paul Collette, qui avait tiré en coûte, au prix de sa propre liberté, au vain sur Laval, Déat et quelques tenants risque de compromettre son propre ave- de la collaboration. Malgré les allusions nir au Québec. Et le leitmotiv du film, ce qu’on pouvait y déceler, malgré les cos- sera ces mots qu’Antigone hurle aux tumes des gardes du roi ressemblant fu- juges, défiant leur cérémonial désuet par ANTIGONE rieusement aux impers de la Gestapo, l’évidence de son engagement : « mon Écrit et réalisé par Sophie DERASPE sa pièce évita miraculeusement les cœur m’a dit ». Des mots qui seront re- Québec 2019 1h49 fourches caudines de la censure nazie pris par tous les jeunes qui, à travers avec Nahéma Ricci, Rachida Oussaada, et fut créée à Paris le 4 février 1944. Montréal et le pays, soutiennent la dé- Nour Belkhiria, Rawad El-Zein… Bien loin de la Thèbes de la Grèce clas- marche d’Antigone. Le chœur qui scan- sique ou du Paris occupé des années dait les différents actes de la pièce de PRIX DU MEILLEUR FILM CANA- 40, nous sommes dans le Montréal Sophocle se constitue ici à travers les DIEN, FESTIVAL DE TORONTO 2019 d’aujourd’hui. La famille d’Antigone, au- réseaux sociaux qui viennent au secours tour de la grand-mère Ménécée, pour- de la jeune femme. C’est une ode merveilleuse à la résis- rait ressembler à celle de bien des immi- tance et au sacrifice désintéressés face grés qui se sont construits une seconde Sophie Deraspe, à travers cette adap- à un pouvoir inique. Dans la scène d’in- vie dans un pays occidental, à ceci près tation particulièrement libre et inspi- troduction, on découvre, face à la ca- que l’on comprend par des flash-backs rée, propose un magnifique hommage méra, le visage encore enfantin et an- qu’elle a fui sa Kabylie dans les années à cette jeunesse qui, dans les ZAD, gélique de l’héroïne, interrogée par une 90, après un terrible drame lié à la vio- dans les marches pour le climat, dans femme hors champ dans ce qu’on ima- lence des années de plomb. Depuis, la les manifestations contre les violences gine être un commissariat. On suppose fratrie vit entre rires et rêves d’un avenir policières et contre la discrimination qu’elle a été arrêtée, on ne va pas tarder meilleur, en tentant d’oublier les circons- raciale, dans les cortèges tout de noir à découvrir pourquoi. tances qui l’ont amenée à s’installer vêtus, a décidé de dire définitivement au Québec. Mais voilà, comme partout non à cette légalité devenue illégitime, La jeune femme s’appelle Antigone, dans le monde, la méfiance envers les et s’est déclarée ingouvernable pour ses frères Etéocle et Polynice, sa sœur jeunes d’origine immigrée, et les vio- réclamer la justice et un monde meil- Ismène. Nous sommes bien là dans lences de la police – qui existent aussi leur. Pour incarner Antigone, le sym- une adaptation très contemporaine de dans le Canada de Trudeau, réputé pour bole de cette révolte, une révélation : la la tragédie de Sophocle qui a traversé son ouverture – va les rattraper et mettre jeune Nahéma Ricci, tout aussi magni- près de 2500 ans sans prendre une ride. en danger toute la famille. fique que la comédienne qui incarne sa Tragédie déjà « actualisée » en pleine grand-mère, Rachida Oussaada, bou- période d’occupation allemande par Polynice est arrêté et, puisqu’il n’a pas leversante quand elle s’installe devant Jean Anouilh qui réinventait l’histoire de encore la nationalité canadienne, il est la prison dans laquelle est détenue sa cette jeune fille qui veut affronter la jus- menacé d’expulsion. petite fille pour chanter des chants ka- tice des hommes et la mort pour enter- Sa pourtant sage et studieuse sœur byles, qui transporteront tous ceux pour rer décemment son frère condamné à Antigone a vite fait de prendre sa déci- qui la phrase « mon cœur m’a dit » a une l’indignité. Anouilh avait été inspiré par sion : elle va tout mettre en œuvre pour résonance. conscience, ni à leurs responsabili- l’incursion dans son intimité peu glo- tés. C’est comme une audience où l’on rieuse, il nous aurait paru passablement écouterait les circonstances atténuantes exécrable. Progressivement on touche- sans qu’elles excusent les actes, mais ra du doigt à quel point il est un être à la où nul ne voudrait endosser le rôle de dérive qui se protège derrière des bar- juge, surtout pas nous en tant que spec- ricades illusoires, plus fragiles qu’il n’y POLICE tateurs. paraît. Quant à Aristide (Omar Sy), tou- Anne FONTAINE jours en train de se poiler et de fanfa- France 2020 1h38 Si seulement le scénario commençait ronner en se vantant de ses conquêtes, avec Virginie Efira, Omar Sy, par la fin, fin que je me garderai bien de on découvrira l’ampleur de sa solitude, Grégory Gadebois, Peyman Moaadi… vous raconter… notre camp serait vite sa peur du vide, son impossibilité à Scénario d’Anne Fontaine et choisi et on aurait tôt fait de mettre dans construire quelque chose de paisible. Claire Barre, d’après le roman le même panier cette flicaille sans cœur. Finement seront égratignés au passage de Hugo Boris. On ne percevrait peut-être pas monter les préconçus sur la banlieue, l’immigra- de la même façon les doutes et les re- tion, la couleur de peau, quand il se mo- Ce nouveau film d’Anne Fontaine vau- mords qui vont assaillir les protagonistes quera avec tendresse de sa maîtresse drait le coup rien que pour ses acteurs : de cette micro-tragédie malaisante. (car il en a une, qu’on vous laisse décou- Efira, Sy, Gadebois, quel trio ! Mais Seulement il y a un avant… Un début de vrir). Trois gardiens d’une paix inacces- c’est en plus un film très intelligemment journée qui nous fait d’abord emboîter sible même pour eux-mêmes, à la fois construit, qui réussit à s’émanciper des les pas de Virginie. Avant que la sonne- puissants et impuissants face à la dureté piètres représentations qu’on a souvent rie du réveil ne se fasse entendre, il lui des situations. Une brigade sur laquelle de la police, qu’on l’admire sans nuance aura fallu pouponner le môme qui hurle planent les désillusions et sur laquelle ou qu’on appartienne au camp des anti- dès potron-minet, après avoir essayé de elles planeront d’autant plus quand ils condés primaires. négocier mollement avec son compa- se retrouveront pris au piège d’une mis- La réalisatrice parvient, grâce à une écri- gnon pas très chaud pour se lever le pre- sion contraire à leurs engagements. ture ciselée, à faire mouche, à tenir son mier. On comprendra vite combien leur Car après tout, on peut supposer – en propos de bout-en-bout sur un sujet relation s’est fragilisée et combien les tout cas espérer – que ceux qui s’inves- qui avance pourtant en terrain glissant. heures supplémentaires sur lesquelles tissent dans de tels métiers le font plus Elle réussit à contourner la polémique, elle se jettera ce soir-là seront une fuite dans l’idée de défendre les victimes que montre les hommes et les femmes sous pour ne pas avoir à rentrer chez elle, à de les envoyer au massacre. les uniformes, sans les condamner, ni s’expliquer. Dans le désordre on sui- les porter au pinacle. Elle les ramène à vra également Erik (Grégory Gadebois), Et ce soir-là, face au dilemme que leur leur condition d’humains imparfaits et qu’on aurait définitivement relégué, si on impose une administration aveugle, on fragiles, leur tend un miroir devant le- s’était contenté des apparences, dans la sentira germer les prémices d’une petite quel ils ne peuvent échapper ni à leur catégorie des machos grognons. Sans résistance ordinaire. man. Et si vous êtes parents et/ou ensei- sa beauté immédiate, sa poésie, ses tra- gnants et que vous vous posez la ques- hisons parfois et toute son insouciance. tion de savoir si ce film peut être montré Mais le cocon va commencer à se fis- à vos jeunes, la réponse est OUI, mille surer. Le cocon familial quand les pa- fois OUI parce qu’il permet justement rents de Gaby, à force de trop se dispu- PETIT PAYS d’aborder sans détour mais sans trau- ter, vont choisir de se séparer, puis celui Écrit et réalisé par Éric BARBIER matisme inutile cette page tragique de de son petit pays quand un coup d’État France / Belgique 2020 1h51 VOSTF l’Histoire de l’humanité où, dans l’indif- va entraîner une guerre civile. Dès lors, avec Djibril Vanccoppenolle, Jean- férence quasi générale, près d’un million la vie ne sera plus jamais la même. Et la Paul Rouve, Isabelle Kabano, Dayla de personnes furent massacrées en 100 violence, d’abord perçue au loin comme de Medina, Veronika Varga… jours. une rumeur sourde qui ne peut ni ne D’après le roman Petit pays doit atteindre l’innocence de l’enfance, de Gaël Faye (Prix Goncourt Mais avant cela, avant les appels de va peu à peu envahir l’espace de Gaby des Lycéens 2017). Radio Mille Collines, avant la folie, avant jusqu’à devenir un cri d’effroi. C’est le que la fureur n’emporte le destin or- cri des Tutsis et des Hutus modérés de Adaptation très fidèle et très réussie du dinaire d’un môme et de sa famille, le l’autre côté du fleuve, les cris de la fa- roman, Petit pays a eu l’intelligence de jeune Gabriel fait les quatre-cents coups mille maternelle… Dès lors tout va s’en- garder le mode de narration choisi par dans un petit coin de paradis qui a pour chaîner… les copains ne vont plus avoir Gaël Faye et de raconter cette histoire nom Burundi. Un petit pays, un petit les mêmes jeux ni faire les mêmes bla- bouleversante à hauteur d’enfant, sans bout d’Afrique coincé entre le Rwanda, gues, les hommes vont se regarder d’un donner aux adultes plus de place qu’ils le Congo et la Tanzanie où il vit avec mauvais œil et de toutes parts, l’huma- n’en ont dans le bouquin, les laissant son père français qui fait des affaires, sa nité va peu à peu se dissoudre dans le certes présents mais toujours au second petite sœur Ana et sa mère rwandaise chaos de l’Histoire. plan des événements. L’équilibre ainsi de plus en plus absente du foyer. Une trouvé donne une formidable respiration vie de môme à la Sempé, à la Doisneau « J’ai écrit ce roman pour crier à l’uni- à ce récit qui pourrait être douloureux, avec l’école, les virées dans le vieux vers que nous avons existé, avec nos voire insupportable mais qui sait tou- combi Volkswagen qui sert de repère vies simples, notre train-train, notre en- jours, parce que porté par les enfants, à la bande de copains, les clopes fu- nui, que nous avions des bonheurs qui demeurer dans la pudeur, la délicatesse, mées en douce et les mangues que l’on ne cherchaient qu’à le rester avant d’être voir même l’humour. Un subtil alliage de pique dans l’arbre généreux du voisin expédiés aux quatre coins du monde et douceur et de violence, de drame et de pour se faire quelques sous. L’enfance de devenir une bande d’exilés, de réfu- drôlerie émanent du film comme du ro- minuscule dans toute sa majesté, avec giés, d’immigrés, de migrants. » Gaël Faye A PERFECT FAMILY

Écrit et réalisé par Malou REYMANN nir. Drôle de pochette surprise dont on l’annonce, privé d’avoir pu préparer ses Danemark 2020 1h37 VOSTF se serait bien passé. Il ne reste qu’à es- filles avec douceur… C’est un univers avec Mikkel Boe Folsgaard, Kaya Toft sayer de s’habituer aux protubérances qui est atomisé, un autre à reconstruire Loholt, Neel Ronholt, Rigmor Ranthe… qui poussent, supposées attirer le re- et à apprivoiser. gard des garçons, mais bien peu ergo- Vous aurez traduit le titre par vous- nomiques quand il s’agit de jouer au Si l’aînée, Caroline, déjà en âge de s’en- même, il y est question d’une famille foot. Le foot, c’est le grand plaisir d’Em- voler loin du nid, se montre moins fé- parfaite. Ironie ? La perfection étant ra- ma, blondinette plus du genre garçon roce, Emma, elle, est révoltée. La sépa- rement de ce monde, on devine d’em- manqué que fillette à petite robe et sou- ration du couple semble même passer blée un hic… Et pourtant… En avançant liers vernis. À bas le rose bonbon sym- en définitive au second plan dans son dans le récit, une fois le premier choc bole de délicatesse, de petite chose fra- imaginaire. Qu’est-ce qui est le plus passé, on y découvrira plus d’interro- gile, sage comme une image ! bouleversant ? Cette sensation de gations tendres que de réponses tran- Emma n’est pas du style à sourire do- perdre un père ? De se retrouver d’un chées, assaisonnées d’une bonne ra- cile, comme on le verra. Pourtant tout coup avec deux mères ? Faire gober sade d’humour, ce qui ne gâche rien. va bien dans sa vie tranquille de gamine aux copines que cet individu mal fagoté, Malou Reymann s’est inspirée pour son de la classe moyenne, élevée au lait de à l’aspect un brin risible avec ses trop premier film de sa propre histoire, plei- la tendresse humaine de ses deux pa- grands pieds, est une femme ? Si l’es- nement assumée, et se place du point rents. Ou plutôt tout allait bien… jusqu’à de vue de l’enfance qui observe ces ce jour fatidique, celui où tout son train prit de Thomas a trouvé sa voie, il est drôles d’adultes s’efforçant d’endos- de vie, et celui de sa sœur, déraille entre encore engoncé dans les maladresses ser le rôle de « parents » avec toutes les deux bouchées de pizza. Il faut dire que d’un corps qui se cherche et auquel il obligations et tous les clichés qui sont leur mère, secouée par sa colère de va lui falloir tout réapprendre. Plus vrai- censés aller avec. Une panoplie par- femme abandonnée, son chagrin ren- ment Thomas, mais pas encore complè- fois inconfortable à porter, pour qui se tré, est bien incapable de modérer ses tement Agnete, cette femme qu’il est en cherche ou n’est pas complètement effets et n’y va pas par quatre chemins. train de devenir. C’est une étrange chose dans les clous… Le glas, qui vient enterrer leur vie de fa- que d’opérer une mue, en quelque sorte, mille harmonieuse, semble sonner par en même temps que sa propre progéni- À quel moment de l’existence est-on deux fois : « On va divorcer… » silence ture. C’en est une autre que de parvenir plus sensible aux regards d’autrui qu’à « … parce que Papa veut devenir une à le faire accepter à un âge où l’intégra- la pré-adolescence ? Cet âge inquiétant femme. »… Une perte de repères difficile tion sociale, le désir de se fondre dans où règne un faux calme avant le tsuna- à digérer en quelques secondes, de quoi le regard des autres ados sont si impor- mi des transformations, qui se feront à vous faire détester à vie la pizza ! Pas tants… Même s’il y a de l’amour et que votre corps défendant, sans pouvoir ni un regard au père, Thomas, à la mine la vie en bout de ligne recèle autant de anticiper, ni maîtriser ce qu’il va deve- contrite, catastrophé par la brutalité de tragédie que de comédie… BRENDAN ET LE SECRET DE KELLS Dessin animé réalisé par Tomm MOORE co-réalisé par Nora Twomey France/Belgique/Irlande 2008 1h15 VF Scénario de Fabrice Ziolkowski. POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 7 ANS

Dans l’Irlande du ixe siècle, Brendan est un orphelin de 12 ans qui partage la vie des moines dans l’abbaye fortifiée de Kells, sous la férule sévère de son oncle, l’abbé Cellach, le supé- LE ROI ET rieur de l’abbaye. De nature, Brendan serait plutôt du genre exubérant et turbulent, c’est de son âge… Une énergie sans cesse bridée par son oncle/père sévère, qui voudrait en faire son successeur. L’OISEAU Mais la vie de Brendan n’est pas un enfer : intégré naturelle- ment à la communauté, il participe aux activités du lieu avec Dessin animé de Paul GRIMAULT les autres frères, et aide ainsi à la construction d’une enceinte France 1980 1h27 pour protéger l’abbaye des assauts réguliers des vikings. avec les voix de Jean Martin, Pascal Mazzotti, Sa rencontre avec le débonnaire Frère Aidan, célèbre maître Raymond Bussière, Agnès Viala, Renaud Marx, enlumineur et « gardien » d’un livre fabuleux mais inachevé, Hubert Deschamps, Claude Piéplu… va l’entraîner dans de fantastiques aventures : Aidan va initier Scénario de Jacques Prévert et Paul Grimault, d’après Brendan à l’art de l’enluminure, pour lequel le moinillon révè- le conte La Bergère et le ramoneur de Hans Christian lera un talent prodigieux. Andersen. Dialogues de Jacques Prévert Pour finir le fameux livre, Brendan devra défier ses propres peurs et sortir des murs protecteurs de l’abbaye pour la pre- POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 7 ANS mière fois : il entrera ainsi au cœur de la forêt enchantée, où se cachent de dangereuses créatures tout droit sorties des Un des plus beaux films d’animation de tous les temps, réa- légendes les plus mystérieuses. C’est là qu’il va rencontrer lisé par le génial artisan qu’était Paul Grimault (1905-1994), Aisling, la jeune enfant loup, une sorte d’esprit de la forêt qui sur une idée et des mots du grand Jacques Prévert. Un chef va lui apporter une aide précieuse tout au long de son che- d’œuvre incontestable et incontesté, qu’il nous paraît indis- min. pensable de montrer régulièrement dans nos salles. Tandis que les hordes de vikings approchent de l’abbaye, Le Roi Charles V et trois font huit et huit font seize règne en Brendan va-t-il réussir sa mission, trouver la force, les ingré- tyran sur le royaume de Takicardie. Seul un oiseau ose le nar- dients et l’inspiration pour terminer le Livre ? Pourra-t-il prou- guer. Un volatile enjoué et bavard, qui a construit son nid en ver à son oncle méfiant que l’art est la meilleure fortification haut du gigantesque palais, tout près des appartements se- contre les barbares ? crets de Sa Majesté. Le film est d’une beauté visuelle remarquable, magnifique Une nuit, à l’heure où les objets paraît-il inanimés sortent de écrin pour un récit d’initiation poétique et envoûtant, qui ne leur muette immobilité et retrouvent leur liberté, trois tableaux s’adresse pas aux tout petits. prennent vie dans la chambre du roi : l’un est un portrait de lui en posture de monarque, le ventre en avant, le sourire in- fatué ; les deux autres représentent une charmante bergère et un petit ramoneur, qui s’aiment depuis toujours et qui vont enfin pouvoir se déclarer leur flamme. Mais le roi du tableau a juré d’épouser la bergère avant minuit, qu’elle le veuille ou non. Juste avant l’heure fatidique, les deux amoureux s’en- fuient par la cheminée… Réfugiés au sommet de la plus haute tour du palais, ils sauvent un petit oiseau imprudent, qui n’est autre que le rejeton de l’oiseau dont on parlait plus haut. Lequel oiseau promet de les aider. Le « vrai » roi s’éveille sur ces entrefaites mais il est vite élimi- né par le roi du tableau, qui lance toute la police du royaume à la poursuite des fuyards. Toute l’armada répressive du tyran se met en branle : des machines volantes conduites par des flics moustachus, de mystérieuses créatures couleur de mu- raille qui espionnent la ville, des tritons motorisés, un gigan- tesque robot piloté par le roi lui-même… Mais l’oiseau a plus d’un tour dans son sac ! Tout le charme, toute la beauté, toute la poésie, toute la drô- lerie, tout le merveilleux du monde dans un magnifique des- sin animé fait pour les petits, les grands et tous ceux qui ne savent pas s’ils sont l’un ou l’autre… LE GRUFFALO Programme de 4 films d’animation dont le formidable Gruffalo, présenté en fin de programme Europe 2011 45mn VF POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 4 ANS Tarif Unique : 4,5 euros Tiré du génial livre pour enfant du même titre (immense suc- cès Outre-Manche), Le Gruffalo est un petit bijou d’humour qui fera bien marrer les grands et surtout les petits (pas avant 4 ans). On y suit les aventures d’une petite souris un peu mytho qui va se trouver prise au propre jeu de son imagi- nation dont elle a sorti le Gruffalo, monstre (à priori) imagi- naire qui concentre en sa même et unique velue personne des orteils tout crochus, une affreuse verrue sur le bout du nez, des griffes acérées et des dents aiguisées dans une mâchoire d’acier (rien que ça !). En avant-programme, trois autres films d’animation où il est aussi question de bêtes effrayantes en tout genre : dragon, loup et monstre de dessous le lit…

PIERRE ET LE DRAGON EPINARD de Hélène Tragesser (4mn Allemagne 2010 papier découpé à l’ordinateur). Pierre n’aime pas les épinards. Ceux de son assiette sont d’autant plus difficiles à manger qu’ils se transforment en dra- LA PETITE gon. Comment va-t-il s’y prendre ? LOUP Y ES-TU ? de Vanda Raymanova (9mn Slovaquie 2010 papier découpé et ordinateur 2D) Deux petits garçons venus de nulle part construisent une mai- TAUPE AIME son un peu particulière pour se protéger du loup. MON MONSTRE ET MOI de Claudia röthlin (3mn Suisse 2008 marionettes) Une petite fille vit avec la peur des monstres : elle en voit dans LA NATURE la cave, dans la rue et même jusque sous son lit ! Aaahhhh!!!! Programme de trois petits films LE GRUFFALO de Jakob Schuh et Max Lang, d’animation de Zdenek MILER d’après l’album jeunesse Gruffalo Durée totale : 43 mn (avec la voix de Zabou Breitman - GB 2009 27mn) Une petite souris se promène dans un bois très sombre, elle POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 3 ANS est tranquille, peinarde, prête à se faire un petit encas de noi- Tarif Unique : 4,5 euros settes. Mais dans les bois, tout le monde le sait, on fait des sales rencontres. Et ne voilà-t-il pas que le chemin de cette L’emblématique, indémodable et irrésistible Petite Taupe re- innocente créature croise tour à tour ceux d’un renard, d’un vient au cinéma ! Soucieuse de l’environnement et de la pré- hibou et d’un serpent qui la trouvent bien appétissante et l’in- servation de la nature, la Petite Taupe et ses amis vont ravir vitent chacun leur tour à déjeuner dans leur demeure. Mais une nouvelle génération de jeunes spectateurs avec ces trois la petite souris, à qui on ne la fait pas, prétexte un rendez- aventures inédites au cinéma ! vous imminent avec… un Gruffalo ! Mais au fait, c’est quoi un La Petite Taupe ne cesse de vivre des aventures extrava- Gruffalo ? et d’ailleurs, quel est son plat préféré ? gantes avec la complicité de ses amis et cette fois, ils sont confrontés au sujet bien actuel qu’est l’écologie. Dans ces nouveaux épisodes, La Petite Taupe et ses acolytes vont être heurtés par le comportement irrespectueux des humains en- vers la nature, la pollution, la déforestation… Et ils feront tout leur possible pour préserver leur environnement naturel. Une façon joyeuse et ludique de sensibiliser les plus jeunes à cet enjeu majeur de nos temps perturbés.

LA PETITE TAUPE ET LE CHEWING-GUM (1969, 8mn) Aidée par ses amis, la Petite Taupe tente de se défaire d’un chewing-gum laissé au milieu de détritus par des malotrus malpolis mal élevés.

LA PETITE TAUPE ET LA TÉLÉVISION (1970, 6 mn) Farceuse mais pleine de bonne volonté, la Petite Taupe ap- prend à respecter le jardin en fleurs d’une maison.

LA PETITE TAUPE EN VILLE (1982, 29 mn) La Petite Taupe et ses amis vivent en harmonie au milieu de la forêt quand la construction d’une ville vient chambouler leurs habitudes. C’est le clou du programme, une grande histoire qui dure presque une demi-heure avec pas mal de gags et plein de rebondissements ! Bo WIDERBERG, CINÉASTE REBELLE, Rétrospective, partie 1

Ce n’est que depuis quelques années que l’on redécouvre enfin l’œuvre pas- sionnante de Bo Widerberg, grand cinéaste suédois dont la pourtant riche et LE PÉCHÉ longue carrière (de 1963 à 1995) est restée dans l’ombre envahissante de celle du génial mais encombrant Ingmar Bergman – il n’est sans doute pas SUÉDOIS inutile de rappeler que Widerberg se présentait lui-même, dès ses premiers Écrit et réalisé par Bo WIDERBERG Suède 1962 1h32 VOSTF Noir & Blanc pas de cinéaste, comme l’anti-Bergman. avec Inger Taube, , Bo Widerberg, réalisateur autodidacte issu d’une classe modeste, confirme Lars Passgard, Nina Widerberg… avec éclat qu’il était bien devenu le héraut de la rébellion cinématographique Suède, années 1950. Britt Larsson, jeune qu’il rêvait d’être. Une découverte majeure. ouvrière en usine, fait la connaissance de Nous vous avons déjà présenté en février dernier son magnifique dernier film Björn, d’origine bourgeoise, cultivé mais compliqué, qui disparaît aussitôt. Elle ren- La Beauté des choses et, pour les malchanceux qui l’avaient raté, nous profi- contre ensuite Robban, jeune guitariste tons de cette rétrospective pour reprogrammer quelques séances. Également et chanteur, dont elle tombe enceinte. Elle décide de garder l’enfant. Mais leur à noter sur la prochaine gazette, la projection unique le mercredi 16 sep- « couple » ne tient pas le choc, elle em- tembre à 18h30 de son deuxième film,Le Quartier du corbeau, en compagnie ménage seule mais Björn réapparaît par le plus grand des hasards… de Frédérique Hammerli, professeure de cinéma. Cette projection ouvrira son Tableau d’une jeunesse qui se cherche et ciné-club pour la saison 2020-2021. rejette les tabous, magnifique portrait de La rétrospective est mise en place grâce au distributeur Malavida, grand arti- femme libre dans l’esprit de la Nouvelle san de la redécouverte de ce cinéaste majeur. Vague. Première partie de l’hommage cet été avec 7 films et il faudra patienter jusqu’à l’année prochaine pour la suite. AMOUR 65 Écrit, réalisé et monté par Bo WIDERBERG Suède 1965 1h36 VOSTF Noir & Blanc avec Keve Hjelm, Inger Taube, Thommy Berggren, Björn Gustafson…

Cinéaste en vue, Keve est marié à la belle Ann-Marie avec qui il a une petite fille. Mais le mariage bat de l’aile et Keve peine à trouver l’inspiration. Comme chaque été, il organise une fête dans sa villa du bord de mer avec ses amis ; mais cette année, trois nouveaux s’invitent à la fête : Björn, sa femme Evabritt et l’acteur Ben Carruthers… Un souffle de liberté et de sensualité dans le cinéma suédois, fortement in- fluencé par les premiers films de John Cassavetes. ELVIRA MADIGAN

AMOUR 65 Écrit, réalisé et monté par Bo WIDERBERG Suède 1967 1h31 VOSTF bonne vingtaine d’années son aînée… avec Pia Degermark, Thommy Un film qui nous rappelle qu’il n’est rien Berggren, Lennart Malmer… LA BEAUTÉ de meilleur que la liberté de pensée, la li- berté d’expression et le goût de l’interdit. 1889. Un lieutenant de l’armée suédoise DES CHOSES Qui n’est pas tombé un peu amoureux ou d’origine noble, le comte Sixten Sparre, amoureuse d’un(e) de ses professeurs, ne a déserté pour s’enfuir avec une célèbre Écrit, réalisé et monté serait-ce qu’une fois dans sa scolarité ? danseuse de corde, Elvira Madigan. Un par Bo WIDERBERG Qui n’a rêvé de voler un baiser à un de amour fou les enflamme et chacun aban- Suède 1995 2h05 VOSTF Noir & Blanc ces êtres inaccessibles perchés sur leur donne ses devoirs, elle le cirque, ses amis avec Johan Widerberg, Marika chaire, au lieu de se contenter de ne boire et son public, lui, sa femme, ses enfants Lagercrantz, Tomas Von Brömssen, que leurs paroles ? et l’armée. Karin Huldt… La belle histoire sensuelle s’évanouit au Ils fuient bientôt leur pays pour trouver fur et à mesure que les relations entre les refuge dans la campagne danoise, où ils L’affaire nous plonge en 1943 , dans son personnages deviennent troubles, com- vivent un bonheur intense. Mais l’hostilité lycée, Stig n’a d’yeux que pour Viola qui plexes, insaisissables. Elle se transforme à leur liaison illégitime et la précarité de lui enseigne l’anglais. Celle-ci est d’une en prise de conscience morale, politique. leur vie deviennent pesantes… Bo WIDERBERG, CINÉASTE REBELLE, Rétrospective, partie 1

Un film impressionniste, sensuel et lumi- neux, d’une rare beauté plastique, rythmé par le 21e concerto de Mozart. ADALEN 31 Écrit, réalisé et monté par Bo WIDERBERG Suède 1969 1h50 VOSTF avec Roland Hedlund, Peter Schildt, Kerstin Tidelius, Marie de Geer…

1931. À Adalen, au nord de la Suède, la grève a débuté depuis 93 jours. Kjell Andersson, fils d’un docker, s’éprend d’Anna, la fille d’un directeur d’usine. La revendication se durcit quand les patrons font appel à des jaunes, venus d’autres provinces, pour faire le travail des gré- vistes. L’armée arrive en ville pour faire respecter l’ordre, et la tension monte. Pendant ce temps, à l’insu des parents, Kjell et Anna sont emportés par leurs sen- timents. Fresque politique et chronique roman- tique, d’une force émotionnelle intacte. JOE HILL ELVIRA MADIGAN velle et à l’effroyable pauvreté qui règne Un road movie social d’une puissance Écrit, réalisé et monté dans les quartiers de l’East Side à New- et d’une modernité stupéfiantes, un ma- par Bo WIDERBERG York. gnifique film épique porté par la perfor- Suède 1971 1h58 VOSTF mance de Thommy Berggren, alter ego avec Thommy Berggren, Anja Schmidt, Paul quitte la ville, Joel y reste, amoureux de Widerberg pendant tout le début de sa Kelvin Malave, Evert Anderson… d’une jeune Italienne. Mais la liaison est carrière (il est présent dans cinq des sept de courte durée. Rien ne le retenant plus films présentés dans cette première partie En 1902, deux immigrants suédois, Joel à New-York, Joel, devenu Joe Hill, se met de rétrospective !). et Paul Hillstrom, arrivent aux États-Unis. en route vers l’Ouest pour retrouver son Ils doivent faire face à une langue nou- frère… LE QUARTIER DU CORBEAU Séance unique dans le cadre du Ciné-club de Frédérique Hammerli sur la prochaine gazette le mercredi 16 septembre à 18h30

Écrit et réalisé par Bo WIDERBERG Suède 1964 1h37 VOSTF Noir & Blanc avec Thommy Berggren, Christina Frambäck, Emy Storm, Keve Hjelm…

1936, dans un quartier ouvrier à Malmö. Anders a 18 ans. Il vit avec un père al- coolique qui a renoncé à toute ambition et une mère courageuse qui cache son cha- grin dans le travail. Le jeune homme, pour échapper à son milieu et dénoncer l’injustice sociale, rêve de devenir écrivain. Il est prêt pour cela à bien des sacrifices… Deuxième film et déjà une maîtrise excep- tionnelle. Une plongée dans les quartiers ouvriers de Malmö, une œuvre néoréa- liste délicate et déchirante dans un noir et LE QUARTIER DU CORBEAU blanc splendide. Vacances, vacances... et pourquoi pas rentrée, rentrez ... !?

À partir de 20h00 le jeudi 3 septembre, 123 Soleil s’invite au Tri postal et vous propose d’assister à une soirée cinéma en plein air, au profit de Rosmerta ! Au programme les toutes LE SEL DES LARMES nouvelles productions de Philippe GARREL Joli cœur inconstant, le jeune homme l’association et une sélection France 2020 1h40 Noir & Blanc fait coup sur coup le malheur de deux avec Logann Antuofermo, Oulaya femmes rencontrées en deux endroits de films courts issus Amara, André Wilms, Louise différents : Djemila, lors d’un passage de festivals. Chevillotte… Scénario de Jean- éclair à Paris pour présenter le concours Claude Carrière, Arlette Langmann de l’École Boulle, et Geneviève, amie et Philippe Garrel d’enfance retrouvée dans sa province na- L’entrée est gratuite tale. Par lâcheté, par facilité aussi, il lais- Les films de Philippe Garrel ont une tex- sera l’une et l’autre sur le carreau. Une et le bar sera ouvert ture qui n’appartient qu’à eux. Cela tient déconvenue l’attend toutefois à Paris, où pendant les projections d’abord à l’attachement de longue date il revient étudier, qui lui apprendra la dou- du cinéaste à la pellicule noir et blanc, leur d’aimer… et servira une délicieuse somptueux écrin qui inscrit ses films petite restauration. dans un drôle d’espace-temps, suspen- En dressant le portrait d’un enjôleur que du entre les ombres d’hier et les lumières sa bonne fortune amoureuse prédispose d’aujourd’hui, et qui, en ces temps où le à la goujaterie, Le Sel des larmes propose Tri Postal 5 bis avenue du cinéma a achevé sa mue numérique, fait une petite équation morale dont le juge- figure de résistance. Texture faite aussi ment reste suspendu, mais où ce sont les blanchissage 84 Avignon de visages toujours nouveaux, de pré- aléas de la vie qui renferment les motifs sences frémissantes, celles de jeunes facebook.com/tripostal acteurs que ses films révèlent, une jeu- d’une leçon ou les stigmates d’un ap- nesse qui est restée la grande affaire du prentissage. Face aux errements d’une réalisateur depuis ses débuts (Marie pour masculinité puérile et inconséquente, le Sans oublier mémoire, 1967, plus de 50 ans !)… film oppose un triptyque féminin de per- sonnages accessibles à la souffrance, Le Festival C’est pas du luxe Le Sel des larmes, son vingt-huitième comme Luc finira par l’être à son tour. les 25, 26, 27 septembre long-métrage, pourrait être le nom de Certaines des plus belles scènes du film cette texture, marquée d’une consis- concernent toutefois la relation en miroir tance et d’un goût particuliers. Cet ap- entre Luc et son père, vieil homme af- Pour tout renseignement : pel à la matière n’est pas un hasard pour fable interprété avec une tendresse bou- un film dont le protagoniste est un arti- leversante par André Wilms. L’intensité 123soleilavignon@gmail. san. Sans doute faut-il voir là une sorte du lien filial est, en quelque sorte, l’en- com de profession de foi de la part de Garrel, vers de la désinvolture dont Luc fait qui conçoit le cinéma avant tout comme montre envers les femmes ; c’est d’ail- Pour nous suivre : un artisanat, un travail manuel. leurs la distance prise avec le père qui Apprenti ébéniste, Luc marche dans les lui permettra d’aimer pour de bon, c’est- facebook.com pas de son vieux père menuisier qui l’a à-dire de se rendre enfin vulnérable. /123soleilcinemasolidaire élevé comme la prunelle de ses yeux. (M. Macheret, Le Monde) L’INFIRMIÈRE

Écrit et réalisé par Kôji FUKADA doute devenue le centre de sa vie. Elle À l’arrière-plan de L’Infirmière, se des- Japon 2019 1h45 VOSTF n’en dit rien, ça ne se fait pas. Que valent sine en creux un portrait acéré de la so- avec Mariko Tsutsui, Mikako Ichikawa, les mots dans un pays qui fait passer le ciété japonaise contemporaine. Tantôt Sosuke Ikematsu, Hisako Ookata… devoir avant les sentiments ? Quand glacée, souvent glaçante, assoiffée de elle tente d’en prononcer, ils sortent si pureté et de propreté, jusqu’à se dés- Étrange infirmière, troublante, trouble, gauches qu’ils lui échappent et reflètent humaniser. Tantôt un peu glauque, vam- à l’image d’un film qui a tôt fait de mal ce qu’elle ressent. Quand elle se ha- pirisant une humanité qui ne parvient nous entraîner dans ses secrets et ses sardera à faire des confidences à l’ado- plus à exprimer la vérité de ses senti- méandres. Kôji Fukada prend plaisir à lescente de la maisonnée, elle se sen- ments. L’Infirmière regarde son époque déconstruire la narration, à jouer avec tira décalée et bizarre et cela lui attirera droit dans les yeux, sans commentaires. le spectateur comme un chat avec une une cascade d’ennuis inimaginables. Le film ne rentre décidément pas dans souris. C’est tricoté de petites choses Les comportements qui en découleront la catégorie du cinéma social, ni dans faussement anodines… Il faut donc sembleront démesurés et quasi incom- aucune autre d’ailleurs, c’est là le pa- s’accrocher au fil du récit, ne pas le lâ- préhensibles pour notre œil occidental, ri réussi de Kôji Fukada (on se souvient cher comme au grimper de corde… mais ils refléteront complètement l’am- de son Harmonium), qui se refuse à fi- Mais pas d’inquiétude, au moment où biance et le harcèlement subi par le per- ger ses films dans un cadre préformaté, l’on se sent un peu perdu, une main sonnel soignant japonais, que certains comme il le déclare si bien : vous sera tendue. verraient bien être remplacé systéma- « Je suis intimement convaincu que l’his- Le titre original japonais, « Profil », four- tiquement par des robots aseptisés. toire du cinéma est liée à la propagande, nissait une piste, car tout se construit ici Même si le film a été tourné largement que les travaux en la matière des ar- comme s’il était possible de voir simul- avant la pandémie, on pourra en dire mées allemandes, japonaises ou améri- tanément les deux profils d’une même que la réalité a fini par rattraper la fiction. caines pendant les guerres du xxe siècle personne, le côté pile nébuleux et le cô- En attendant, dans les gestes très pro- ont créé les principes dogmatiques du té face limpide ; une face pure, une autre fessionnels d’Ichiko, toujours discrète cinéma, là où je le conçois comme un souillée, comme si les strates du temps et attentive, transparaît une infinie ten- art libre et non comme souvent, un mé- n’existaient plus vraiment. Plus on avan- dresse. La vieille grand-mère qu’elle dia assez violent dans sa manière de di- cera dans le récit, plus l’inaccessible soigne ne s’y trompe pas, même si ses riger les réactions ou les sentiments du protagoniste principale nous désarçon- traitements et/ou son vieil âge lui font public. Il est du devoir des cinéastes de nera, toujours plus ambiguë avec ses perdre un peu la boule… prendre leurs distances avec ça. » airs de victime coupable, ses actes dés- tabilisants… Mais tout cela, c’était avant… avant Pour prolonger le film, on vous conseille qu’une étrange disparition vienne briser de lire le dossier de presse, avec l’in- Ichiko est infirmière à domicile, un quo- ce semblant d’harmonie et de choses terview du réalisateur et un éclairage tidien sans grande surprise, routinier, prédictibles qui orchestraient la vie de en tout point passionnant sur « être in- mais que visiblement elle aime. Enfin, l’infirmière… Avant que les médias, le ju- firmière au Japon » (arthouse-films.fr – ce qu’elle aime surtout, c’est le contact gement d’autrui, ne plongent son avenir Distribution – L’Infirmière : toutes les in- humain avec cette famille qui est sans dans la plus grande incertitude… formations sur le film). LUCKY STRIKE Écrit et réalisé par KIM Yong-hoon leur est très réussi, associant chacun Corée du Sud 2020 1h48 VOSTF des personnages à une tonalité particu- avec Jeon Do-yeon, Jung Woo-sung, lière. Quant à l’interprétation, elle est por- Bae Sung-woo, Youn Yuh-jung… tée par une brochette d’acteurs dont la renommée n’est plus à faire en Corée. Pyeongtaek – situé à environ 70 kilo- Une preuve de plus que le pays du ma- mètres au sud de Séoul – plante le décor tin calme produit de grandes œuvres de de cet étonnant et réjouissant polar sud cinéma, associant le brio de la mise en coréen : une zone portuaire à forte acti- scène au plaisir du divertissement. vité y côtoie des espaces urbains variés, quartiers populaires et zones commer- « Depuis le triomphe mondial ciales bardées de néons multicolores. de Parasite, plus personne n’ignore la vi- La découverte d’un sac rempli de billets talité du cinéma sud-coréen. Ici, un jeune par un frêle employé de sauna sera le réalisateur inconnu mélange les registres point de départ de ce film choral qui ver- avec la même gourmandise que Bong ra se croiser – et se heurter – des person- Joon-ho, et traque les plus vils instincts UN POUR UN nages aussi divers qu’un douanier peu d’une brochette de personnages inextri- Un accompagnement scolaire individualisé scrupuleux et fou amoureux, une hôtesse cablement liés par leur cupidité. de bar, un flic « pot de colle » d’appa- « L’intrigue vaut surtout pour sa narration (Ecoles publiques St Roch, Scheppler, Louis Gros) rence naïve, un prêteur sur gage et une en puzzle, à la Pulp Fiction, qui permet UN POUR UN Avignon employée de ménage… d’entretenir le mystère sur l’origine et le La réussite de Lucky Strike repose sur un devenir du magot, mais aussi sur les re- C’est un adulte qui va savant mélange entre le film noir et la co- lations insoupçonnées entre des prota- aider un enfant d’origine médie grinçante. De maladresses en qui- gonistes qui n’auraient jamais dû se croi- étrangère (en classe proquos, les personnages se trouvent ser. Comme l’exige le cahier des charges élémentaire) quelques dépassés par les situations qu’ils ont du thriller sauce kimchi, l’humour et la tri- heures par semaine eux-mêmes initiées, provoquant des ré- vialité viennent atténuer la violence gra- (maîtrise de la langue actions en chaînes tantôt violentes, tantôt phique des scènes de meurtre. À ceux française, ouvertu- absurdes. Le film oscille entre suspense qui pourraient reprocher au film d’appli- res culturelles) en et humour (noir) tout en convoquant des quer des recettes éprouvées et de ma- liaison avec sa figures emblématiques comme celle nier une ironie un peu systématique, on de la femme fatale, personnage central opposera le génial personnage de la famille et son de cette histoire, poussée ici à son pa- mère maquerelle en tailleur immaculé enseignant roxysme dans la manipulation de son en- interprétée par Jeon Do-yeon (l’héroïne tourage et l’usage de la violence, quelle de The Housemaid, d’Im Sang-soo), DES ENFANTS ATTENDENT UN TUTEUR qu'elle soit, si elle s’avère nécessaire à qui s’impose dans un emploi généra- 1 pour 1 Avignon MPTChampfleury l’atteinte de son objectif. lement dominé par la gent masculine. » 2, rue Marie Madeleine- 84000 Avignon Le traitement de la lumière et de la cou- (J. Couston, Télérama) Tel. 04 90 82 62 07 - http://1pour1-avignon.fr CHONGQING BLUES

Écrit et réalisé par WANG Xiaoshuai bleue mélancolique. Successivement, Lin va recueillir les té- Chine 2010 1h55 VOSTF Lin a été beaucoup absent, il travaillait sur moignages de l’entourage de son fils : avec Wang Xueqi, Fan Bingbing, le fleuve et voguait souvent longtemps l’ex-petite amie, la mère, le meilleur ami, Qin Hao, Wang Ziyili Feier… loin de la maisonnée. Il a quitté depuis le compagnon de travail, le docteur- belle lurette la grande ville pour créer un otage, chacun l’a connu et côtoyé à sa Un opus inédit du réalisateur chinois nouveau foyer ailleurs, en bord de mer, manière et raconte son histoire. Les vi- Wang Xiaoshuai, réalisateur des pépites sans plus donner de nouvelles. C’était il vants évoquent le mort, construisent Beijing Bicycle et So long my son, qui y a 15 ans. Mais à Chongqing, son fils, comme un patchwork où les événe- nous arrive dix ans après sa présentation le jeune Lin Bo, est mort, abattu par la ments se recoupent mais où toutes les cannoise en 2010. Projeté en compéti- police. Et le père veut comprendre. Il a interprétations sont possibles. On s’im- tion, il avait reçu un accueil chaleureux, peu de souvenirs, pas de photos : seu- prègne du fils à travers la quête de son avant de disparaître inexplicablement lement la vidéo d’une caméra de surveil- père. On se faufile dans l’histoire d’une des radars… lance et des coupures de journaux pour vie à travers les autres. Lin, le cœur ou- reconstituer l’histoire d’un fait divers qui vert, reçoit, engrange et encaisse : il ne Chongqing blues raconte, sous la forme a mal tourné, dénouer les fils des événe- fera pas l’économie de ce qu’il découvre d’une « enquête », l’histoire d’une fêlure, ments et tenter de « reconstituer » son à la fois sur son fils et sur lui-même. celle vécue par un marin qui a laissé fils pour le retrouver. Fausse enquête, derrière lui femme et enfant, avant d’ap- mais vraie quête, Lin le père nous em- On ne lâche pas d’une semelle le per- prendre la mort de celui-ci. C’est en pa- barque dans un mouvement permanent. sonnage principal, dans sa course aussi rallèle l’immersion dans l’une des villes Déambulations sac à dos sur l’épaule, calme que furieusement déterminée. Le principales de l’intérieur de la Chine, changements de lieux, de personnages, titre de ce beau film n’est pour sûr pas point de départ pour la visite des trois ici un commissariat, là un atelier de cou- anodin : le blues, c’est celui du brouil- gorges. À Chongqing, « Capitale du ture, un parc… L’homme, qu’aucun re- lard, du manque d’air et de couleurs, brouillard » de la province du Sichuan, fus ne semble rebuter, demande, rede- mais c’est aussi celui qui règne sur l’âme il est rare de voir le soleil. On entre dans mande, acharné, revient sans cesse à la du père. Le titre original chinois, Rizhao la ville et dans le film par un téléphérique charge auprès de la mère ou de ceux qui Chongqing, évoque la ville de Rizhao, urbain, pour traverser le fleuve et s’im- se taisent. « Si je pars sans rien savoir, où se rendent finalement les jeunes et merger au milieu des imposantes tours je ne pourrai plus me supporter », lance où habite désormais le père. « Rizhao » d’affaires et des HLM anonymes. Le Lin à son ex-épouse. Le rythme et l’éner- signifie aussi « ensoleillement ». C’est ce centre-ville tentaculaire laisse peu à peu gie bouillonnante de cette femme pleine petit rayon de soleil sur Chongqing, avec place à la vie de tous les jours, les rues de colère tranchent face au calme et à la l’image du père qui, apprivoisant pro- qui grouillent de monde, pour se focali- détermination du père. Plusieurs scènes gressivement sa vie, son passé et son ser sur les personnages s’activant sous usent de ce paradoxe : le calme appa- fils, fait entrer un peu de soleil dans le un ciel plombant, teinté d’une nappe rent et le débordement d’émotions. brouillard. « ciné-déconfiné » DANS UN JARDIN QU’ON DIRAIT ÉTERNEL Ce qui a changé et ce qu’il faut respecter

• Il y aura un décalage important entre chaque séance et chacune des salles pour que vous vous croisiez le moins possible.

• Le port du masque est obligatoire pour le public dans le hall d’accueil du cinéma, les zones de circulation et vivement conseillé pendant la séance.

• L’équipe sera masquée (mais tout à fait reconnaissable).

• L’heure, ce sera VRAIMENT l’heure : aucun retard ne sera accepté.

• Des consignes de bonnes pratiques seront indiquées par des messages projetés en début nue à enseigner, malgré les temps qui series, n’a pas d’équivalent. Sans parler de séance. changent et exigent de plus en plus de de la fascination qu’exerce forcément la compétitivité et d’efficacité, une cérémo- découverte d’un rituel riche et passion- nie hors du temps, que beaucoup trou- nant, dont la vieille dame fait don avec • Le principe UN FAUTEUIL veraient barbante et inutile, et pourtant ! sagesse. Chaque détail est essentiel, de SUR DEUX (attention, ne pas la qualité de l’eau à la manière de la pui- confondre avec Un fauteuil pour Il ne serait jamais venu à Noriko, du haut ser, tout pousse à une perfection impos- de ses vingt ans, l’idée d’aller s’inscrire sible à atteindre. deux) est mis en place. Pour à un cours aussi désuet sans l’impulsion La cérémonie du thé n’est qu’un prétexte les groupes, ils peuvent bien de ses parents qui lui vantent combien ou presque, lorsque le film rejoint la quête entendu se mettre côte à côte, les jeunes filles qui maîtrisent l’art du de la jeune Noriko pour chercher à com- thé ont la réputation d’être de bons par- prendre le sens profond de sa vie. Elle en laissant un fauteuil de part et tis. Nous sommes en 1993. On se doute est si différente de sa cousine Michiko, d’autre. d’emblée combien la jeunesse nippone, qui fonce joyeusement dans l’existence, fan de Michael Jackson et Madonna… qui rêve de voyages, d’amour, d’une fa- • Si possible pas d’attente est bien loin de tout ça. Comme argu- mille à fonder, elle est le Japon d’au- ment de drague, on repassera ! Mais la jourd’hui… Noriko admire cette témérité prolongée dans le hall du ciné contemplative et perpétuellement indé- insolente que sa timidité naturelle l’em- (mais plutôt dehors, c’est l’été). cise Noriko va se plier au jeu, sans qu’on pêche d’adopter. Sans idée du futur, elle sache vraiment si cela l’intéresse vrai- se rend chaque samedi chez Madame • La gazette sera à votre ment ou si elle obtempère par désœu- Takeda pour apprendre le temps qui vrement ou docilité. Peut-être la clef est- disposition dans le hall, merci elle dans les premières minutes du film, passe. Les saisons. S’inscrivant dans quand elle décrit son rapport au monde, une tradition toute japonaise, elle ap- de la garder, de ne pas la laisser à l’apprentissage, à la découverte d’un privoise peu à peu le sentiment d’éter- traîner, de ne pas l’oublier en certain cinéma. Il est des choses qui ne nité, où s’épanouit le respect de soi et salle (mort assurée pour elle, peuvent s’éclairer qu’avec le temps, au des autres. 24 ans plus tard, à l’heure du gré de gestes répétitifs, qui progressi- bilan, sa cousine Michiko, par son dé- sans perspective de seconde vement s’investissent d’un sens qu’on sir de modernité, n’a-t-elle pas repro- chance). n’imaginait pas. duit un schéma autrement ancestral ? Sa nouvelle professeure, Madame Noriko, elle, s’est vue capable de faire • Du gel et du savon seront à Takeda (Kirin Kiki donc), est de celles les mêmes choses, chaque année, de la qui ré-enchantent le monde, et elle sait même manière, petit à petit détachée de votre disposition (et du bon sens écouter aussi bien les murmures du l’angoisse du quotidien. Est-ce mainte- pour tout le monde). thé qui frémit que ceux du cœur des nant que tout commence ? femmes. Son enseignement de l’art du thé lui a déjà beaucoup dit des soifs inté- Plus qu’un récit initiatique de transmis- La Joyeuse Équipe assurera le rieures et de la manière de s’emplir, sans sion entre générations, ce film apprend à nettoyage des fameux « points débordements, de cette matière chaude mettre des suppléments d’âme dans nos de contacts » et des zones et savoureuse qu’on nomme aussi la actes, pour atteindre à une plus grande vie. La fluidité des gestes de Madame liberté. Sa force est de rester aussi recevant du public comme prévu Takeda, du simple pliage d’une ser- humble que l’enseignement de Madame dans le protocole… et tout va viette à la cuisson savante de ses pâtis- Takeda. bien se passer ! LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L’OEUF

Écrit et réalisé par WANG Quanan plus ! L’affaire est donc bien gênante et manque plus que l’apparition d’un œuf Mongolie/Chine 2020 1h32 les flics dépêchés sur place n’ont pas pour que l’énigme du titre soit résolue… VOSTF (tugrik) trop l’air de savoir comment s’y prendre. avec Enkhtaivan Dulamjav, Aorigeletu, L’un semble se souvenir vaguement qu’il Ce qui est magnifique dans le film, outre Bathmunk Norovsambuu, B. Anujin… faut éviter de trop piétiner une scène de ses paysages infinis somptueusement crime, tandis qu’un autre se propose de photographiés, c’est la place surpre- Qu’un film mongol parvienne sur nos recouvrir le corps d’une couverture. En nante que prend chaque personnage. écrans est un phénomène guère moins bout de ligne, ils auront tôt fait d’aban- Tous les clichés sont envoyés aux orties. rare qu’une aurore boréale à Paris (la donner le plus jeune poulet de la bande, Ici la femme n’est pas une petite chose dernière eut lieu en 1938). On pourrait à peine sorti de l’œuf, en lui confiant la fragile et soumise, elle n’a pas froid aux objecter un peu hâtivement qu’il y a un mission de veiller seul la morte jusqu’au yeux, elle fait des choix radicaux, plei- brin de tricherie, puisque son réalisa- lendemain matin. Drôle de bizutage pour nement assumés et les hommes ne teur est chinois… Mais ce serait oublier celui qui n’a pas de vie de famille et doit donc être corvéable à merci. Mais peuvent que suivre, pleins de respect. que c’est le deuxième film que Quanan Nul besoin de longues répliques explica- Wang tourne sur les terres de Mongolie, quelques mètres plus loin, sans doute tives pour nous captiver, ni de voix off ce coup-ci « non-chinoise » pour échap- pris d’un peu de remords de laisser la per aux coupes sombres de la censure nouvelle recrue, timide et désarmée, pour tout décrypter, il suffit d’observer, qui ont complètement dénaturé son der- sans vivres, ni couverture dans une nuit d’écouter les murmures de dame nature, nier film (Au pays du cerf blanc, inédit qui promet d’être glaciale, le chef de bri- de deviner l’invisible. Et la caméra nous en France), alors que son précédent, gade va réquisitionner la seule présence en offre le loisir, elle réussit à capturer le Le Mariage de Tuya (Ours d’or à Berlin humaine à des kilomètres à la ronde : il temps qui s’étire et nous plonge dans en 2007 et montré chez nous) avait été charge une bergère de veiller sur le po- une forme de contemplation jubilatoire tourné en Mongolie-Intérieure, chinoise licier. Voilà donc les rôles curieusement pour qui accepte de se laisser transpor- donc. Ici il a troqué son actrice fétiche inversés… Et vous l’aurez noté : il ne ter. Yu Nan pour une véritable bergère, qui tient admirablement le rôle-titre, la fa- meuse « femme des steppes », pour aboutir à cette œuvre atypique qui s’oc- troie une grande liberté de ton. Ce pur bijou dépouillé est servi par des prises de vue d’une beauté à vriller l’âme (c’est un chef opérateur français, Aymerick Pilarski, qui est aux manettes : comme quoi, la notion de frontières…).

Dans l’immensité des steppes, l’humain n’est qu’un petit point dans une image, subissant les caprices du vent comme un infime grain de sable. Alors tout ici devient un brin dérisoire : la naissance, l’amour, la vie, la mort. D’ailleurs le film commence par la découverte d’un ca- davre : celui d’une femme anonyme, aussi nue pour son dernier souffle sur terre qu’elle le fut pour son premier. Découverte qui n’arrange pas la police locale, peu habituée à traiter de telles affaires dans ces contrées désertiques. Avec la plus faible densité de population au monde (2 hab./km2), les occasions de se disputer entre voisins sont raris- simes et les homicides le sont d’autant a garanti sans 3D Ciném

MANUTENTION : Cour Maria Casarès / REPUBLIQUE : 5, rue Figuière 84000 AVIGNON / Tél : 04 90 82 65 36 / www.cinemas-utopia.org DANS UN JARDIN QU’ON DIRAIT ÉTERNEL

Écrit et réalisé par Tatsushi OMORI Ah, si la grande actrice Kirin Kiki, dis- souvient du moins de ses fabuleuses Japon 2018 1h40 VOSTF parue en septembre 2018, avait pu être apparitions dans Une affaire de famille avec Haru Kuroki, Mikako Tabe, aussi éternelle que ce jardin ! On ne se (Kore-Eda) et dans Les Délices de Tokyo Kirin Kiki, Mayu Harada… lasse pas de son jeu subtil, habité. Si (Naomi Kawase). Ici, dans ce qui reste- D’après le roman de les rôles qu’elle a interprétés ne sont ra comme son dernier film, elle incarne Noriko Morishita. pas tous parvenus jusqu’à nous, on se une incroyable vieille dame qui conti-

N°404 du 5 août au 8 septembre 2020 / Entrée : 7€ / le midi : 4,50€ / Abonnement : 50€ les dix places