Voeux Le Président et le Bureau Exécutif de la Fédération de l’Energie ont l’insigne honneur de présenter à S.M. LE ROI MOHAMMED VI Que Dieu l’assiste leur hommage déférent et leur indéfectible attachement aux valeurs sacrées de notre pays à l’occasion du 1er Moharam, marquant le début de l’année 1433 de l’Hégire. Les opérateurs de l’énergie saisissent également cette opportunité pour renouveler à notre Auguste Souverain leur engagement et leur adhésion à accompagner les programmes de développement économique et social du Maroc

SM le Roi s’enquiert des programmes intégrés en énergies renouvelables

Ont pris part à la séance de travail, la conseillère de SM le Roi, Mme Zoulikha Nasri, la ministre de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’environnement, Mme Amina Benkhadra, le Directeur général de l’ONE, Ali Fassi Fihri et le directeur général de l’agence MASEN, Mustapha Bakkoury

le Roi Mohammed VI a présidé fin Sep- avec une mise en service en 2014. La réalisation de la deuxiè- tembre au Cabinet Royal à , une me phase du complexe d’Ouarzazate pour porter sa puissance séance de travail portant sur l’état à 500 MW ainsi que la préparation et la qualification des qua- d’avancement des programmes intégrés tre autres sites retenus commenceront à la même période. L’en- enSM énergies renouvelables, solaire et éolienne, que le Maroc semble de ces centrales permettra au Maroc de disposer d’une s’est engagé à réaliser progressivement à l’horizon 2020 puissance de 2.000 MW. pour porter la part de ces énergies à 42 % de la puissance Le programme intégré en énergie éolienne piloté par l’Office globale installée. national de l’électricité (ONE) comporte deux phases de 1.000 Comme on le sait, ces programmes rentrent dans le cadre de MW chacune. La première phase est déjà opérationnelle pour la stratégie du pays, qui consiste à diversifier les sources d’ap- une puissance de 280 MW. Cinq autres parcs éoliens d’une provisionnement du Maroc en produits énergétiques. Cette capacité de 720 MW sont en cours de développement. Pour stratégie conforte, par ailleurs, la volonté royale d’optimiser atteindre 2.000 MW, un programme complémentaire a été l’exploitation des ressources naturelles du Maroc, de pérenni- décidé et porte sur la réalisation de cinq parcs éoliens d’une ser son développement économique et social, de préserver son capacité variant de 100 à 300 MW chacun. Le premier parc environnement et d’assurer l’avenir des générations futures. du programme complémentaire est situé à proximité de Taza. Lancé par le souverain, le 2 novembre 2009 à Ouarzazate, le Sept grands groupes ont été pré-qualifiés pour le réaliser. Le plan solaire marocain a donné lieu à la création d’une socié- développeur final du projet sera connu avant la fin de l’année té qui lui a été dédiée, la Moroccan Agency for en cours pour une mise en service prévue à l’horizon 2014. (MASEN) et dont le programme porte sur la réalisation de cinq Au-delà de la dimension énergétique, les programmes, solaire complexes solaires intégrés. comme éolien, seront développés avec une attention particuliè- Le premier projet engagé concerne le complexe d’Ouarzazate re à la promotion de l’industrie locale, à la constitution d’une dont la première phase, d’une capacité de 125 à 160 MW, est expertise de haut niveau et au renforcement de la recherche- bien entamée avec un processus de sélection du développeur de développement, de sorte à permettre au Maroc de maitriser ces ce projet, conforme aux standards internationaux. Ce proces- filières technologiques à fort potentiel pour l’économie natio- sus, à son étape technique, recueille un engagement prometteur nale. Cette vision intégrée, environnementale et énergétique, des différents acteurs pré-qualifiés et une mobilisation des fi- bénéficie du soutien des bailleurs de fonds et de la communauté nancements compatible avec le calendrier prévisionnel. internationale qui y voit une contribution pertinente aux pro- Le développeur final du projet sera connu avant la fin de l’an- blématiques de changement climatique et une réelle opportu- née, et les travaux du complexe commenceront à la mi-2012 nité d’intégration régionale.

Sommaire N° 31 - Octobre/Novembre 2011

Edito : « La nouvelle donne » 8 38 Interview de Saïd Mouline(ADERREE)

Energie News – Actu-Maroc 10 39 La stratégie de la France

Les activités de la Fédération 12 42 Opérateurs & Associés

AIE : un baril à 150 dollars ? 14 43 Politique volontariste de la SIE

Energie News/International 16 45 Libya Oil Maroc se positionne

Focus : Le gaz naturel 18 46 Lydec sécurise la distribution

2011 : l’année du GNL 19 47 Économie & Énergie

Le GNL dans le monde 20 48 M. Yahya Zniber à New York

Le Maroc peut compter sur le gaz 23 50 L’impact des EnR sur le Sud

Interview du chercheur Hakim Darbouche 24 51 Projets en Afrique du Nord

Événement : Maroc-France 27 52 Coopération Maroc-UE

Visite d’Eric Besson au Maroc 28 53 Le Togo et le Maroc

Un pôle franco- marocain d’excellence 29 54 Les échanges maroco-péruviens

UpM : Reportage photos 31 55 L’industrie solaire en surproduction

Enjeux et défis en Méditerranée 30 56 Interview de My Abdallah Alaoui

Dossier : l’efficacité énergétique 32 58 « Ca va bientôt gazer » (Les Echos)

Comment consommer moins et mieux 33 60 Gazprom, un acteur global

Analyse de Mme Benkhadra 34 62 Les chiffres clés de la fédération

Directeur de la Publication Conception et réalisation Moulay Abdallah Alaoui Aveprod

Comité Scientifique 13, rue des Tuileries – Palmiers, Magazine de la Fédération de l’Energie Med Bennani Smirès, Rachid Idrissi Kaïtouni, Tél. : (212)0522 25 65 42 – Fax : (212)0522 25 64 83 23, Bd. Mohamed Abdou – Palmiers, Saïd Mouline Email : [email protected] Casablanca – 20340 Rédacteur en Chef Tél. : (212)0522 99 70 71/72 – Fax : (212)0522 98 52 80 Fouad Nejjar Impression Email : [email protected] Edit

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 7 Editorial

Gaz naturel La nouvelle donne

Par Moulay Abdallah Alaoui Président de la Fédération de l’Energie

a nouvelle stratégie énergétique na- tes permettent de garantir 100 ans et plus de tionale a, pour objectif depuis 2009, consommation par rapport au rythme actuel. de sécuriser l’approvisionnement du Ainsi, la part du gaz dans le mix énergétique pays en énergie par le développement mondial passera, toujours selon l’AIE, en 2035, desL ressources nationales, les énergies renouve- de 21 à 25 % se rapprochant du pétrole (27 %) lables et la promotion du gaz naturel. et dépassant le charbon. Ce dernier objectif a fait l’objet de nombreu- Au Maroc, la recherche du gaz naturel s’est in- ses études et évaluations, tensifiée ces derniers temps et La promotion scénarii, commandes à des ce, par le regain d’intérêt des du gaz naturel cabinets extérieurs et inter- sociétés internationales qui améliorera nationaux. ont négocié des accords avec considérable- L’introduction du gaz natu- le gouvernement marocain ment la rel se heurtait, cependant, afin d’explorer des régions «compétitivité dans les années passées, à aussi bien en mer qu’en terre. des entreprises une raréfaction de cette éner- Le mix énergétique va donc nationales gie fossile sur le marché in- devoir évoluer positivement grâce à un mix ternational et à l’immaturité parce qu’il y a une demande énergétique du marché domestique. En croissante des besoins de nos plus équilibré. outre, les fournisseurs poten- centrales électriques, de l’ha- tiels avaient des exigences bitat, de l’industrie, du trans- sur les contrôles de fournitu- port, du tourisme et de l’agri- re ainsi que les engagements culture qui sont les axes les que doit prendre l’Etat pour plus importants du dévelop- effectuer des achats confor- pement économique du Ma- mes au plan de développement du marché avec roc de 2020. Aussi, la promotion du gaz naturel la garantie d’exclusivité sur une période de 10 améliorera considérablement la compétitivité ans au minimum. des entreprises nationales grâce à un mix éner- Ces contraintes extérieures ont eu pour consé- gétique plus équilibré. quence de reporter, à chaque fois, la décision Les pouvoirs publics et le secteur privé sont d’utiliser le gaz naturel comme autre source mobilisés actuellement pour porter ce projet au d’énergie d’approvisionnement et de diversifi- stade de la réalisation et de la mise en œuvre. cation du bouquet énergétique national. Un projet de loi visant la promotion du dé- L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) veloppement du marché du gaz naturel est en pronostique dans un rapport publié en 2011, gestation et évaluation par toutes les compo- «un âge d’or pour le gaz naturel», tributaire à santes du monde économique et des autorités l’explosion de la demande internationale par compétentes : il s’agit de mettre en place un ce que les réserves et les nouvelles découver- cadre juridique, de garantir la transparence des

8 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Editorial

règles dans le secteur gazier aval et l’impartia- «Un œuvre juste marge équitable est à préserver pour les lité de leur application, de garantir la sécurité c’est comme différentes activités. des installations et la protection des hommes, un fruit, il faut Ce chantier dont l’investissement et le finan- des biens et de l’environnement, de donner la savoir la cueillir cement sont très lourds, est constitué de dif- visibilité nécessaire aux investisseurs intéres- à temps, ni trop férentes entités industrielles tant en amont sés par le secteur du gaz. tôt ni trop tard qu’en aval, puisqu’il devra mettre en place de Par ailleurs, les mesures de sauvetage sont nouvelles sociétés ex-nihilo, d’importation, de prévues pour mettre en place une autorité de distribution, de stockage, de regazéification et régulation indépendante qui aura pour mission de transport. de fixer les prix der commercialisation du gaz Cette mission, de par son caractère commer- naturel et/ou du GNL. « cial, sera assignée à un partenariat public et La détermination des prix du gaz naturel devra privé et portée par les hautes autorités du pays, prendre en considération un prix de fourniture parce qu’il s’agit d’un des grands chantiers de juste, les coûts de son acheminement et une l’énergie, gravé dans le marbre de la nouvelle stratégie de l’énergie.

COLLOQUE sur le gaz naturel à CASABLANCA - 29 MARS 2012 Place du gaz dans la politique énergétique marocaine

Programme prévu Intervenants (*) Ouverture par le Président de la Fédération de l’Energie et le Vice- M. Abdallah ALAOUI 9h15 - 9h30 président de l’UIIG (Union Internationale de l’Industrie du Gaz) M. Jérôme FERRIER (*)

M. Pierre-Franck CHEVET, Directeur Comment concilier incitations aux investissements et des prix 9h30 – 10h00 général de l’énergie et du climat, attractifs pour les consommateurs de gaz ? Expérience française France (*)

M. Said EL OUFIR Comment le gaz naturel peut-il être une solution pour répondre 10h00 – 10h45 aux besoins croissants en énergie du Maroc ? Directeur des Combustibles et Carburants

10h45 – 11h15 Pause café M. Jacques PERCEBOIS, Directeur du Panorama mondial de l’industrie du gaz – Place du gaz dans le 11h15 - 12h00 CREDEN, Université de Montpellier 1, bouquet énergétique France (*)

12h00 – 12h30 Questions / débat avec la salle

12h30 – 14h00 Déjeuner

Mme Marta MARGARIT, Secrétaire 14h00 – 14h45 Etude de cas : l’Espagne générale de SEDIGAS, Espagne (*)

M. Daniel PACCOUD, Délégué général 14h45 – 15h30 Le gaz naturel liquéfié (GNL) et ses atouts de l’Association Française du Gaz, France

15h30 – 16h15 Projet de terminal méthanier au Maroc Intervenant marocain (*)

16h15 - 16h45 Questions / débat avec la salle

Clôture par le Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de 16h45 – 17h15 l’Environnement (*) à confirmer

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 9 Energie News

My Abdelaziz choisit le Maroc Tahiri (ONE) pour sa première centrale solaire Honoré Desertec Industrial Initiative (DII) qui hésitait entre plusieurs pays de la rive Sud de la Méditerranée, a finalement choisi le Maroc pour l’implantation de sa 1re centrale solaire pilote du projet Desertec. Le PDG de DII, Paul Van Son (photo), explique ce choix par la stabilité politique et sociale du Royaume et sa stratégie ambitieuse de développement des énergies renouvelables et par le fait que le pays est déjà relié à l’Europe via 2 câbles sous-marins. Nécessitant un investissement de 800 millions de dollars, la construction de la centrale débutera dès 2012.

My Abdelaziz Tahiri, Cadre supérieur à l’ONE, membre du Bureau de la Fédération de l’Energie vient d’être élevé, au titre de l’année 2011, au grade d’Officier de l’Ordre National du Mérite. Toutes nos félicitations.

East West explore Doukkala Hausse de plus de 44 % des exportations de phosphates et dérivés au 1er semestre La compagnie pétrolière, East West Petroleum Corp, vient Les exportations marocaines de de s’adjuger un contrat avec l’Onhym, à travers lequel elle phosphates et dérivés ont atteint entamera des études géologiques et sismiques et des forages plus de 22,8 milliards de dirhams exploratoires sur un tronçon de 500.000 hectares dans la (MMDH) à fin juin dernier contre région des Doukkala. Le contrat stipule des intérêts à hauteur 15,8 MMDH une année aupara- de 75 % pour l’explorateur sur une durée de 8 ans. vant, enregistrant ainsi une haus- Mostapha Terrab PDG de l’OCP se de 44,4 % selon l’Office des changes. EW Petroleum prospecte au Maroc Les ventes à l’étranger de phosphates se sont élevées à 5,72 MMDH 2011, contre 3,88 MMDH durant la même période de East West Petroleum Corp., société canadienne spéciali- 2010, s’inscrivant en hausse de 47,2 %, précise l’office. sée dans l’exploitation pétrolière, a d’annoncé qu’elle était Les exportations d’engrais naturels et chimiques ont, pour leur sur le point de démarrer ses activités de forage sismique part, atteint 9,4 MMDH contre 5,1 MMDH une année aupa- ravant, soit une progression de 85 % pour un volume égale- au Maroc. ment en hausse de 32,4 %, indique l’office, ajoutant que le prix Cette annonce intervient après que EWP Corp. a réussi moyen à l’exportation des engrais a atteint 4,724 SH/T contre à identifier et à délimiter des zones dites de «potentiel». 3.381 DH/T à fin juin 2010. Pour rappel, le Canadien qui opère sur une surface de 202 De leur côté, les exportations d’acide phosphorique ont aug- 342 hectares au Maroc, a levé des fonds via une émission menté de 12,2 %, se chiffrant à 7,6 MMDH à fin juin 2011 contre obligataire, portant sa trésorerie à 29,5 millions de dollars. 6,8 MMDH une année auparavant, pour un volume en baisse Une manne qui servira, à effectuer les travaux prévus au de 15 %. Le prix moyen à l’exportation s’est établi à 7.266 DH/T Maroc en 2012. à fin juin 2010.

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Nous voulons éviter d’appuyer tel parti par rapport à tel autre, mais par contre nous allons nous prononcer sur des sujets précis : « quelle est la stratégie de ce parti vis-à-vis de la problématique de la compensation, du commerce extérieur, de la fiscalité, du système des retraites, etc ». «Nous allons nous aussi donner notre avis et espérons créer un véritable débat autour de ces questions, dans cette période cruciale de notre histoire » a déclaré Mohamed Horani, Président de la CGEM. Extrait d’une interview au mensuel «Conjoncture» de novembre 2011 Mohamed Horani a reçu Adelilah Benkirane, SG du PJD, au siège de la CGEM le 26 octobre dernier, ainsi que d’autres responsables politiques.

Le Maroc nouveau Salon : Elec Expo et membre de l’UIG Ener Event à Casablanca Le Conseil de l’Union Internationale du La ville de Casablanca a abrité du 22 au 26 Gaz a approuvé, lors de son assemblée en Croatie, le 6 octobre dernier, l’admission novembre dernier, les salons internationaux de quatre nouveaux membres : La de l’électricité, de l’éclairage, de l’électro- Mongolie, le Maroc, le Mozambique et nique et de l’automation industrielle, « Elec l’Ouzbekistan. Il a été décidé, à cette Expo », et des énergies renouvelables et de occasion, de tenir le prochain Congrès l’efficacité énergétique « Ener Event ». Orga- mondial du gaz aux Etats Unis en 2018 nisés par la Fédération nationale de l’électri- ; les américains présideront l’UIG entre cité de l’électronique et des énergies renou- David Caroll 2015 et 2018. Il est à signaler que c’est la velables (FENELEC), ces salons tendent à Malaisie qui promouvoir la dimension de développement dirigera l’organisation jusqu’à la 25ème conférence mondiale de 2012 ; l’UIG durable et de l’efficacité énergétique et favo- sera présidée par David Caroll, l’actuel risent de nouvelles synergies économiques patron de l’Institut technologique de et industrielles au Maroc et à l’international. Chicago, qui a été élu à Dubrovnik. En outre, l’assemblée générale constitutive C’est le français Jérome Ferrier qui lui de la Confédération africaine de l’électricité succèdera. Rappelons que l’UIG est une (CAFELEC) s’est tenue en marge de cette organisation créée en 1931 et qu’elle est manifestation qui a connu un succès parmi à but non lucratif. Son Secrétariat se Jérome Ferrier les professionnels. trouve à Oslo, en Norvège.

La veille énergétique s’organise lettre de veille La direction de l’Observatoire et de la programmation du ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de nationale l’Environnement publie, depuis quelque temps, un Sommaire : Energie Solaire : Desertec choisit le Energie: East West explore Doukkala tableau de bord quotidien dans lequel on peut trouver Energie : Maroc pour sa 1 ère centrale 1– Desertec choisit le Maroc La compagnie pétrolière, East West Petroleum de nombreuses informations concernant le secteur. Des pour sa 1ère centrale Desertec Industrial Initiative (DII), qui hési- Corp, vient de s'adjuger un contrat avec l'On- tait entre plusieurs pays de la rive sud de la hym, à travers lequel la compagnie entamera 1 – East West explore Doukka- Méditerranée, a finalement choisit le Maroc des études géologiques et sismiques et des statistiques et les cours de matières premières, datant de la forages exploratoires sur un tronçon de 500 pour l’implantation de sa 1ère centrale solaire Immobilier 2020 : 000 hectares dans la région de Doukkala. Le 24h, sont publiés et diffusés pratiquement chaque jour pilote du projet Desertec. contrat stipule des intérêts à hauteur de 75% 2 - Les chantiers prioritaires pour l'explorateur sur une durée de 8 ans. aux différents acteurs et intervenants dans le domaine 3 - Alliances Darna diversifie Le PDG de DII, Paul Van Son, explique ce ses sources de financement choix par la stabilité politique et sociale du de l’Energie. Initiative louable qui permet aux intéressés Royaume et sa stratégie ambitieuse de déve- Bâtiment : loppement des énergies renouvelables et par de suivre régulièrement les fluctuations des prix, 3 - Partenariat entre Vinci et le fait que le pays est déjà relié à l’Europe via la CDG pour la création du 2 câbles sous-marins. Nécessitant un inves- particulièrement pour le pétrole dont le baril a atteint des leader marocain de manage- tissement de 800 millions de dollars, la cons- ment du bâtiment truction de la centrale débutera dès 2012. pics. Par ailleurs, la société Akwa publie, depuis quelques Tourisme : 4 - Marrakech toujours at- années déjà, une lettre de veille nationale qui n’aborde pas tractive malgré une conjonctu- que les problèmes de l’Energie. Tous les sujets d’intérêt re internationale difficile Développement : économique y sont traités avec professionnalisme. On ne 5 - Ait Kamra, une petite peut que se féliciter de ces deux initiatives et encourager commune qui voit grand Economie : leurs promoteurs à redoubler d’efforts car le Maroc a, 6 - Les atouts économiques du Maroc mis en exergue à plus que jamais, besoin de documents - rationnellement Washington établis et fiables - qui sont le reflet de son développement Oxford Business Group : 6 - Le Maroc investit massi- vement pour le développe- économique. Chancelleries, acteurs du secteur, experts, ment de son réseau ferroviaire

chercheurs et journalistes en ont besoin. Commerce : 7 - Excédent de plus de 33 MMDH de la balance des échanges de services à fin août

Entreprises : 7 - Rencontre à Marrakech sur les avantages de la média- tion commercialeEnergie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 11

Emploi : 8 - CIP : nouveau dispositif pour faciliter l'accès au mar- ché du travail

Technologies : 8 - Le Maroc prend part au salon Worldskills de Londres Change : 9 - Taux de change au comp- tant contre dirham des devises

AKWA GROUP – CDI : LETTRE DE VEILLE NATIONALE : 03/ 10/ 2011 1 Energie News

Juil.-Oct. 2011: Activités de la Fédération de l’Energie

12 Juillet Economique et Social sur l’évaluation des 7 Septembre politiques publiques » ; Loi de Finances 17 Août et vision 2020 Conseil d’administration de la CGEM : - Loi de finances 2012 ; - Réflexion sur la mise en œuvre de la vi- sion 2020 de la CGEM dans le cadre de la nouvelle Constitution et du nouveau dé- Prochain colloque coupage régional. sur le gaz naturel Réunion avec Daniel Paccoud, délégué gé- 12 Septembre néral de l’Association française du gaz; Efficacité «Préparation du colloque sur le gaz natu- énergitique rel» qui doit avoir lieu le 29 mars 2012 à Casablanca. et nucléaire Réunion avec Michèle Pappalardo, conseiller Maître à la Cour des comptes, 13 Juillet sur « L’Efficacité énergétique et l’évalua- tion du coût du démantèlement de la cen- trale nucléaire ». Relations entre la 6 Septembre Lydec et le Conseil de la ville Réunion avec Jean-Pierre Ermenault, di- recteur général de Lydec : relation entre le conseil de la ville et Lydec. Croissante verte et régulation 15 Septembre Réunion avec Richard Lavergne, chargé de mission stratégique Energie – Climat, MEEDDAT/CXGDD sur : Séance de 1) Activités, emplois et métiers liés à la croissance verte ; travail avec 2) Fonctionnement de la commission de la régulation. Mme Benkhadra Réunion de travail avec Amina Benkha- dra, ministre de l’Energie, des Mines, de 11 Août Eau et de l’Environnement, échange d’in- formation et de suivi sur les activités du Conférence sur les secteur de l’énergie : La présidence de l’UIG politiques publiques - Recherche pétrolière ; Réunion avec Qatar-Gas, représenté par Réunion avec Paul Ohana, président de la - Projet du gaz naturel ; MM. Ali Abdulla Al-Mutawaa, senior commission Réforme de l’Etat, Fondation - Les emplois liés à la croissance verte ; LNG Marketer Europe, Middle East & Concorde Partner, « Projet d’une conféren- - La formation et les adaptations profes- Africa et Azzam Abdulaziz Al Mannai, se- ce au Maroc en partenariat avec le Conseil sionnelles. nior LNG Receving Terminal Analyst, sur

12 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Energie News

« la candidature du Qatar à l’Union inter- 29 Septembre chael Philbin, senior commercial Adviser nationale du gaz, pour le prochain mandat, LNG Shell Netherland « Commentaires 2015-2018 (réunion à Dubrovnik en Croa- Session ordinaire sur le projet de loi relatif du gaz naturel ». tie, le 6 octobre 2011). du CES Septième session ordinaire du Conseil 6 octobre 19 Septembre économique et social : - Discussion et approbation de la charte Réunion de travail Evaluation des d’éthique du CES ; Fedenerg - Ministère programmes - Conférence-débat sur la « La cohésion so- Réunion de travail avec Mme Amina Benkha- ciale » en marge de la session; intervenants: dra, sur les projets énergétiques du Maroc. énergétiques - Haut-commissariat au Plan Réunion avec Bernard Duhamel, Inter- - ONDH ; national Consultant Energy, Economiste, - Institut Royal des Etudes stratégiques. 7 octobre mandaté par la commission énergie de Bruxelles sur l’évaluation des programmes L’évolution de Oil Libya énergétiques au Maroc. 30 Septembre Réunion avec Rachid Choukry, directeur général de Libya Oil Maroc, « L’évolution de la société dans le cadre d’une nouvelle 21 Septembre structure ». Intervention du 19 octobre Cabinet d’avocats D&B Law Firm Réunion avec D&B Law Firm, Cabinet d’avocats indépendant, développant des expertises dans l’ensemble des domaines du droit des affaires et du droit financier. D&B intervient de manière récurrente auprès d’établissements financiers et de sociétés côtées sur les aspects juridiques Le leader ‘‘FRV’’ de leurs opérations, tant en conseil qu’en s’interesse au Maroc contentieux. Le cabinet marque un intérêt Réunion avec la société espagnole FRV pour la stratégie énergétique du Maroc et (FOTOWATIO RENEWABLE VENTU- et les pose les jalons pour faire l’interface entre RES), producteur d’énergie solaire indé- les opérateurs et le gouvernement à titre de pendant (IPP), leader mondial. pouvoirs publics consultant. FRV est présent en Europe et en Australie, Réunion avec Thierry de Margerie, direc- avec des bureaux à Madrid, Turin, et teur général d’Alstom ; « Evironnement 26 Septembre Sydney. Le groupe travaille pour ouvrir des affaires et relation entre Alstom et les d’autres marchés comme l’Afrique du Nord, pouvoirs publics marocains ». l’Inde, l’Afrique du Sud et le Moyen-Orient. Investisseurs : 26 octobre - QVC (Qualitas Venture Capital), sup- port d’investissement du groupe Timon, Arcturusgroup actionnaire majoritaire du plus grand mé- dia en Espagne : Groupe Prisa. et le plan solaire - Grupo Corporativo Landon, propriétaire Réunion avec Loubna El Kmiti, directeur de la participation majoritaire de la plus gran- associé du groupe ARCTURUSGROUP, Mohamed Horani, de entreprise pharmaceutique d’Espagne. « Suivi du plan solaire marocain ». Président de la CGEM - GE EFS : Division d’investissement dans les énergies de GE Capital. 27 octobre CGEM : les mesures Promotion du pour l’emploi 3 octobre Séance de travail et d’échanges relative gaz naturel aux 20 mesures pour l’emploi (CGEM). Shell et le projet Réunion de travail avec Mme Amina Ben- khadra : « Développement et promotion du de loi sur le gaz  Réunion avec Shell représenté par Mark gaz naturel au Maroc ». Liebster, GM Upstream Shell Tunis et Li-

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 13 Energie News Perspectives Un baril de pétrole à 150 dollars dès 2015 ?

Nous nous dirigeons vers un baril - de pétrole - à 150 dollars dès 2015, un prix qui pourrait redescendre légèrement ensuite», a affirmé Fatih Birol, l’économiste en chef de l’Agence internationale à l’énergie (AIE), à l’occasion de la publication annuelle du «World Energy Outlook 2011».

’AIE prévient au mieux que le naturel, renforçant la sécurité des approvi- baril devrait s’échanger à envi- sionnements. ron 120 dollars à l’horizon 2035, «La part du gaz non conventionnel aug- à condition toutefois que la part mente et atteint un cinquième de la pro- duL pétrole dans la consommation énergé- duction totale de gaz en 2035, mais elle tique mondiale passe seulement de 33 % à progresse à un rythme qui varie considé- 27 %. La totalité de l’augmentation nette rablement d’une région à l’autre. La crois- de la demande de pétrole est imputable au sance de la production dépend aussi du secteur des transports dans les économies succès de l’industrie à relever les défis en- émergentes car la croissance économique vironnementaux. L’âge d’or du gaz exigera stimule la demande de mobilité indivi- le respect de normes de production très duelle et de transport de marchandises. strictes. Le gaz naturel est le «plus propre» «La demande de produits pétroliers (bio- des combustibles fossiles, mais l’accrois- carburants non compris) s’accroît et passe sement de son utilisation ne suffira pas, à de 87 millions de barils par jour (Mb/j) lui seul (sans captage et stockage du car- en 2010 à 99 Mb/j en 2035. Le nombre bone), à contenir les émissions à un niveau total de voitures particulières double pour limitant l’augmentation de la température atteindre près de 1,7 milliard en 2035. Les moyenne mondiale à 2°C.» ventes sur les marchés hors OCDE dépas- sent celles de la zone OCDE en 2020, tan- Le charbon dis que le centre de gravité de l’industrie Le charbon a contribué à près de la moitié automobile se déplace vers les pays hors des pays de l’OPEP du Moyen-Orient. Les de l’augmentation de la demande mondiale OCDE avant 2015.» liquides de gaz naturel représentent une d’énergie au cours de la décennie écou- Les coûts de production du pétrole aug- fraction de plus en plus importante de la lée. Savoir si cette tendance changera et à mentent parce que les compagnies pétro- production (plus de 18 Mb/j en 2035), de quel rythme est l’une des plus importantes lières doivent se tourner vers des champs même que les hydrocarbures non conven- questions qui se posent au sujet de l’avenir plus coûteux et plus difficiles à exploiter tionnels (10 Mb/j). Le plus fort accroisse- de l’économie énergétique mondiale. «La pour remplacer les capacités épuisées et ment de production pétrolière provient de Chine affiche une consommation de charbon faire face à la demande croissante. l’Irak, suivi par l’Arabie saoudite, le Bré- pratiquement égale à la moitié de la demande «La production de pétrole brut conven- sil, le Kazakhstan et le Canada. Les appro- mondiale et son plan quinquennal pour 2011 tionnel – principale composante des ap- visionnements en biocarburants triplent et à 2015, qui vise à réduire l’intensité énergé- provisionnements pétroliers – se maintient dépassent l’équivalent de 4 Mb/j, dopés par tique et l’intensité en carbone de son écono- aux niveaux actuels, avant de baisser lé- 1 400 milliards de dollars de subventions mie, sera déterminant pour les marchés mon- gèrement pour s’établir à environ 68 Mb/j allouées pendant la période considérée.» diaux du charbon.» en 2035. Pour compenser le déclin de la D’après l’AIE, le déploiement généralisé de production de pétrole brut des gisements Le gaz naturel centrales à charbon plus efficaces et de la existants, la mise en œuvre de 47 Mb/j Le gaz non conventionnel, géographi- technologie de captage et de stockage du car- de nouvelles capacités de production sera quement plus dispersé que les ressources bone (CSC) pourrait renforcer les perspecti- nécessaire, soit le double de la production conventionnelles, représente aujourd’hui ves du charbon à long terme, mais il faut en- totale actuelle de pétrole de l’ensemble la moitié des ressources estimées de gaz core surmonter des obstacles considérables.

14 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Energie News Perspectives

et l’Union européenne, assurent près de la réseaux de transport et de distribution. moitié de l’augmentation. Même s’il est D’après l’AIE, «Nous ne pouvons pas nous prévu que le coût des subventions par unité permettre de remettre à plus tard l’action de production diminue, la plupart des sour- contre le changement climatique si nous ces d’énergie renouvelables ont besoin, voulons atteindre à un coût raisonnable pour être compétitives sur les marchés de l’objectif à long terme d’une limitation à l’électricité, d’un soutien ininterrompu 2°C de l’augmentation de la température pendant toute la période considérée. moyenne mondiale : c’est ce que montre Dans l’Union européenne, 25 % de l’in- le Scénario 450. Dans le Scénario « nou- vestissement dans les réseaux de transport velles politiques » le niveau des émissions sont nécessaires à cet effet. La part de mondiales de CO2 entraîne à long terme l’énergie hydraulique dans la production une hausse de la température moyenne de mondiale d’électricité reste constante à plus de 3,5°C. Si ces nouvelles politiques environ 15 % ; près de la moitié de 680 ne sont pas mises en œuvre, le monde gigawatts de puissance installée supplé- s’oriente vers une issue encore plus dan- mentaire est construite en Chine, en Inde gereuse, à savoir une augmentation de la Fatih Birol (AIE) et au Brésil. température de 6°C ou plus.» L’organisation tient à alerter les pays ré- Le nucléaire Des perspectives crispantes ticents à s’engager fortement dans la voie de réduction des émissions de CO2 : «En Les événements survenus à Fukushima «L’ère des combustibles fossiles est loin reportant l’action, nous réaliserions de Daiichi ont amené à s’interroger sur le rôle d’être révolue, mais leur prépondérance fausses économies : chaque dollar d’in- futur de l’énergie nucléaire, bien que des diminue.» La demande de tous les com- vestissement non réalisé dans le secteur pays moteurs de son développement com- bustibles augmente, mais la part des com- de l’électricité avant 2020 entraînerait 4,3 me la Chine, l’Inde, la Russie et la Corée bustibles fossiles dans la consommation dollars de dépenses supplémentaires après n’aient pas modifié leurs politiques de ce mondiale d’énergie primaire faiblit légère- cette date afin de compenser l’augmenta- fait. Dans le scénario d’un moindre recours ment, passant de 81 % en 2010 à 75 % en tion des émissions.» à l’énergie nucléaire, L’AIE confirme que 2035. Le gaz naturel est la seule énergie fossile dont la part progresse dans le mix cela créé des opportunités pour les éner- De l’énergie pour tous ? gies renouvelables, mais stimulent aussi la énergétique mondial d’ici à 2035. Dans le demande de combustibles fossiles : «l’ac- secteur de l’électricité, les énergies renou- L’AIE estime qu’environ 9 milliards de croissement de la demande mondiale de velables, hydraulique et éolienne en tête, dollars ont été investis en 2009 dans le charbon est égal au double des exportations représentent la moitié de la nouvelle puis- monde entier afin de donner accès aux ser- actuelles de charbon vapeur de l’Australie, sance installée pour faire face à l’augmen- vices énergétiques modernes à des popula- et celui de la demande de gaz équivaut tation de la demande. tions qui en étaient privées jusque là, mais aux deux tiers des exportations actuelles Bien que les perspectives de croissance il faudrait investir chaque année plus de 5 de gaz naturel de la Russie. Cela résulte- économique soient incertaines à court ter- fois ce montant, à savoir 48 milliards de rait en une nouvelle pression haussière sur me, dans le Scénario « nouvelles politiques dollars, pour réussir à donner à tous l’ac- les prix de l’énergie, des craintes accrues », la demande d’énergie s’accroît vigou- cès à l’énergie en 2030. pour la sécurité énergétique, et une lutte reusement d’un tiers entre 2010 et 2035. L’accès universel à l’énergie en 2030 est contre le changement climatique plus dif- Les hypothèses d’une augmentation de la un objectif fondamental annoncé par le ficile et plus coûteuse. Les conséquences population mondiale de 1,7 milliard d’ha- Secrétaire général de l’ONU. À ce jour, en seraient particulièrement sévères pour bitants et d’un taux de croissance annuel 1,3 milliard d’individus n’ont pas d’élec- les pays ayant des ressources énergétiques moyen du PIB mondial de 3,5% entraînent tricité, et 2,7 milliards utilisent toujours limitées et qui prévoyaient de faire une une demande de services énergétiques et la biomasse traditionnelle pour la cuisson place relativement importante à l’énergie de mobilité toujours plus forte. des aliments. L’investissement nécessaire nucléaire. De même, les économies émer- L’investissement nécessaire en infrastruc- pour parvenir à assurer un accès universel gentes auraient considérablement plus de tures énergétiques dans le monde pour la s’élève à 3 % de l’investissement énergéti- mal à satisfaire leur demande d’électricité période 2011-2035 se chiffre à 38 000 mil- que total d’ici à 2030. Sans cet investisse- en expansion rapide.» liards de dollars (en dollars de 2010). Près ment supplémentaire, la situation en 2030 des deux tiers de l’investissement total n’aura pas beaucoup changé par rapport au Les énergies renouvelables interviennent dans des pays hors OCDE. monde d’aujourd’hui et aura même empiré Les secteurs du pétrole et du gaz combinés en Afrique subsaharienne. La part des énergies renouvelables non absorbent presque 20 000 milliards de dol- Certaines politiques actuellement en vi- hydrauliques dans la production d’électri- lars, reflétant l’augmentation à moyen et à gueur, conçues pour aider les plus pauvres, cité augmentera de 3 % en 2009 à 15 % en long terme à la fois des besoins d’investis- manquent leur cible. En effet, en 2010, seu- 2035, une évolution soutenue par des sub- sement en exploration et production et des lement 8 % des subventions à la consom- ventions annuelles presque multipliées par coûts associés. La majorité des investisse- mation de combustibles fossiles ont béné- cinq, atteignant 180 milliards de dollars. ments restants sont destinés au secteur de ficié aux 20 % les plus démunis. Les moteurs de cette expansion, la Chine l’électricité, dont plus de 40 % vont aux

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 15 Energie News

Prix du gaz: Eric Besson «privilégie» les scénarios évitant une hausse Le ministre français de l’Energie Eric Besson a indiqué le 29 novembre qu’il «privilégiait» les pistes permettant d’éviter toute hausse des prix du gaz d’ici mi-2012, après que le Conseil d’Etat a invalidé le gel des tarifs de GDF Suez imposé par le gouvernement au 1er octobre. «Eric Besson étudie toutes options et privilégie les scenarii permettant d’éviter toute augmentation des tarifs du gaz pour les particuliers d’ici le mois de juillet», a indiqué son cabinet. Ces tarifs, sur lesquels le gouvernement a historiquement le dernier mot, bénéficient à près de 9,7 millions de ménages français, soit l’essentiel des abonnés au gaz. Le gouvernement avait confirmé auparavant le gel des prix du gaz et de l’électricité d’ici la présidentielle.

Concentration record de gaz à effet de serre en 2010 La concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère a atteint dustrielle, précise l’OMM. un niveau sans précédent en 2010 et l’augmentation a été plus rapide L’effet de réchauffement provoqué par certains gaz à effet de serre cette année-là que la moyenne de la dernière décennie, indique l’Or- (GES), soit la quantité nette de rayons entrant dans l’atmosphère), a ganisation météorologique mondiale (OMM) dans son bulletin annuel augmenté de 29% depuis 1990 et de 1,4% de 2009 à 2010, dernière an- sur le sujet. née pour laquelle des statistiques sont disponibles, indique l’OMM. Les concentrations de dioxyde de carbone, de méthane et de protoxyde Ce bulletin annuel de l’OMM mesure la quantité de gaz à effet de serre d’azote, gaz à effet de serre à la dispersion la plus lente, ont respec- présents dans l’atmosphère, sur la base de relevés communiqués par tivement augmenté de 39%, 158% et 20% depuis le début de l’ère in- un réseau de stations de surveillance réparties dans plus de 50 pays.

Un géant dans le domaine des transports énergétiques aux Etats-Unis AIE : pas de nouveau La compagnie américaine de transports de produits énergétiques Kinder Mor- recours aux réserves gan a acheté sa concurrente El Paso pour 21 milliards de dollars (15 milliards d’euros), soit environ 38 milliards avec la dette, et formera ainsi le plus grand L’Agence internationale de l’énergie réseau de gazoducs aux Etats-Unis. Le groupe parie sur l’expansion du rôle «n’envisage pas pour l’instant de puiser croissant du gaz naturel en Amérique du Nord. «Avec le récent développe- de nouveau dans ses réserves stratégi- ment des gaz de schiste, il y a maintenant des ressources abondantes de gaz ques » mais se tient prête à le faire si les naturel dans le pays», a souligné Richard Kinder, le PDG de Kinder Morgan. conditions de marché le justifient, Le réseau de la future société sera relié à d’importants champs d’exploitation a-t-elle annoncé dans un communiqué. de ces gaz, notamment au Texas et en Louisiane. Les membres de l’AIE, qui regroupe les Ensemble, les deux sociétés exploiteront près de 130 000 kilomètres d’oléo- pays industrialisés, avaient annoncé à ducs et gazoducs aux Etats-Unis. En plus de posséder le plus grand réseau de gazoducs, la nouvelle société sera le plus important transporteur indépendant la fin du 1er semestre que l’agence allait de produits pétroliers, déplacant en moyenne 1,9 million de barils par jour. puiser 60 millions de barils de pétrole dans leurs stocks stratégiques pour compenser l’arrêt des exportations li- Gaz : Shell investit dans le GNL byennes. Cette action a « été utile au mar- à destination du transport ché en lui apportant des liquidités dans Au Canada, Shell prévoit de proposer dès 2012, du gaz naturel liquéfié l’attente d’une hausse de la production (GNL) aux clients qui exploitent un parc de véhicules automobiles lourds des pays de l’OPEP », a estimé l’AIE. Par dans des relais routiers sélectionnés de l’Alberta. Shell travaille ainsi à ailleurs, l’Agence souligne « avoir relevé l’obtention des permis d’ingénierie et réglementaires qui lui permettront une nette augmentation de la production de produire du GNL d’ici 2013 dans ses installations de traitement du des pays de l’OPEP », producteurs d’or gaz de Jumping Pound situées dans le piémont de l’Alberta. noir. Cette augmentation, combinée à la Il s’agira du premier investissement de cet ordre pour Shell à l’échelle décision fin juin de l’AIE de puiser dans internationale. Jusque-là, le GNL sera fourni aux relais routiers Shell ses réserves, devraient « largement cou- Flying J par des tiers, conformément aux ententes d’approvisionnement vrir » l’écart de 1,3 million de barils par en vigueur. jour entre l’offre et la demande anticipé au troisième trimestre.

16 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Energie News

La filière nucléaire La politique énergétique fait bloc «de la France mérite mieux « On est dans la dernière phase du L’arrêt d’ici à 2025 de 24 des 58 réacteurs génie civil, 86 % a déjà été réalisé. » exploités en France, s’il devait intervenir, Antoine Ménager, le responsable EDF aurait de désastreuses conséquences du chantier de l’EPR de Flamanville, économiques, sociales et environne- ne cache pas sa satisfaction. Mais il mentales. Les faits et les chiffres sont im- reste l’essentiel des travaux d’électro- placables. Plus de 70 milliards d’investis- mécanique. « On est à la moitié du sements supplémentaires devraient être chemin », dit-il. Annoncé pour 2012, le premier réacteur français de 3ème consentis pour remplacer les installations génération ne sera pas mis en service avant 2016. Au lieu de 3,3 milliards nucléaires sabordées par une capacité d’euros, il devrait coûter près de 6 milliards. de production équivalente en énergies Mais la filière craint que les Verts, qui veulent fermer des centrales et stopper renouvelables plus onéreuses et par l’EPR, ne reviennent à la charge. Elle fait bloc. Pour ses promoteurs, arrêter des centrales à gaz. Il va de soi que la un tel chantier, avant même qu’il ne produise de l’électricité, serait tout hausse inéluctable du prix de l’électricité simplement une hérésie. serait un mauvais coup porté au pouvoir d’achat des ménages et à la compétiti- vité des entreprises. Favorisant les dé- Les français paient moins cher leur électricité localisations, elle rendrait illusoire la vo- lonté de maintenir une base industrielle Malgré les récentes hausses de prix, la France reste un des pays où la facture forte sur le territoire français. Quant à la d’électricité des entreprises est la moins élevée du monde. Selon une étude inter- réintroduction de manière forcément si- nationale réalisée par le cabinet NUS Consulting, un client industriel français paye gnificative d’énergies fossiles comme le son courant 6,70 centimes par kilowattheure (kWh) en moyenne, la moitié d’un gaz dans la production d’électricité, elle industriel allemand qui le paye 12,94 centimes… Alors que la France est la moins créerait une brèche dans l’indépendance chère derrière le Canada, l’Afrique du Sud et les Etats-Unis, l’Allemagne se place énergétique de la France voulue par le au deuxième rang des pays les plus onéreux, juste derrière l’Italie où les entrepri- général de Gaulle, préservée depuis lors ses payent leur électricité 13,74 centimes par kWh. avec intransigeance par l’ensemble des Les pouvoirs publics français devraient se réjouir de cette étude, au moment où les gouvernements qui se sont succédé. prix de l’énergie font débat en France. D’autre part, avec la nouvelle réforme du Sans compter l’envol des émissions de marché de l’électricité, les entreprises tricolores s’inquiètent de l’érosion possible CO2, que la France contient beaucoup de l’avantage compétitif de la France en la matière. mieux que les autres pays industriali- Les experts tablent en effet sur des hausses de tarifs à l’horizon 2015. sés, alors que les effets du dérèglement climatique ne relèvent pas d’un risque hypothétique mais d’une douloureuse Pétrole : Total Les hydrofluorocarbones, réalité. Curieusement, le thème de l’en- développe sa présence des gaz industriels qui vironnement semble avoir disparu du débat. en Afrique de l’Est montent, qui montent Et que l’on ne vienne pas nous dire que Total annonce une prise de Eviter la peste et le choléra dans la haute les énergies renouvelables peuvent se participation de 40 % dans cinq substituer totalement au nucléaire. A permis offshore du bassin de atmosphère. C’est le sens du rapport que viennent de publier les Nations unies, appelant à bannir moins de faire luire le soleil ou souffler Lamu, au Kenya, afin de déve- le vent en permanence. En décidant lopper sa présence en explora- les gaz industriels du type hydrofluorocarbones (HFC). Cette famille de molécules a remplacé d’abandonner le nucléaire, l’Allemagne tion-production dans les pays ne s’oriente pas vers davantage de re- d’Afrique de l’Est. Cette tran- les chlorofluorocarbures (CFC), interdits par le protocole de Montréal à cause de leur destruction nouvelables, mais davantage de gaz im- saction est soumise à l’appro- porté de Russie. bation des autorités kenyanes, de la couche d’ozone. Mais les HFC et d’autres gaz industriels apparentés produisent par ailleurs Opposer nucléaire et renouvelables précise le groupe pétrolier dans constitue, plus qu’une erreur, une trom- un communiqué. Le domaine un puissant effet de serre. L’ONU s’alarme donc des 8 % de croissance des volumes annuels de perie. Ces deux sources doivent occuper d’exploitation, situé au large toute la place qui leur revient dans un de l’archipel de Lamu, s’étend HFC. S’ils ne représentent que 1 % de l’effet de serre généré par le CO2, ils pourraient mix énergétique capable de satisfaire à sur une superficie de plus de la fois aux enjeux économiques, sociaux 30.500 kilomètres carrés par générer jusqu’à un quart de l’impact du CO2 en 2050. Les HFC sont majoritairement utilisés et environnementaux auxquels nous des profondeurs d’eau compri- sommes confrontés(...). ses entre 100 et 3.000 mètres. dans la réfrigération et la climatisation, mais Total s’est récemment engagé aussi comme solvants, agents moussants, etc. dans l’exploration et le déve- L’agence recommande aux industriels trois loppement des réserves du lac types de substitution : de nouvelles technologies d’isolation thermique, des fluides sans effet de Albert, en Ouganda, et a été Luc Oursel, sélectionné pour développer serre comme les hydrocarbones ou des HFC à faible effet de serre. Plus de 90 % des systèmes président du des activités d’exploration en directoire Tanzanie. climatisés industriels dans les pays développés recourent déjà à ces alternatives. d’

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 17 Focus Pages 19 à 26 Le gaz naturel

e gaz naturel est un combustible C’est principalement ce type de gaz Le gaz est également un combustible fiable fossile composé d’un mélange conventionnel non associé qui alimente le : les sources sont déjà diversifiées et seront d’hydrocarbures présent naturel- marché international du gaz naturel et ses encore plus diversifiées dans le futur. Les lement dans des roches poreuses réseaux de transport par gazoducs et mé- importations vont augmenter, mais le po- sousL forme gazeuse. thaniers (voir section Industrie du gaz). tentiel de production de gaz (en Europe) Avec 23 % de l’énergie consommée, le gaz Gaz associé est encore élevé. Aujourd’hui 53% des naturel est la troisième source d’énergie la Il s’agit de gaz présent en solution dans le approvisionnements proviennent de l’UE plus utilisée dans le monde après le pétrole pétrole. Il est séparé lors de l’extraction et de la Norvège. Pas moins de 21 pays et le charbon. L’usage du gaz naturel dans de ce dernier. Pendant longtemps, il était approvisionnent l’Union Européenne en l’industrie, les usages domestiques puis la considéré comme un déchet et détruit en gaz naturel liquéfié (GNL). L’accès à des production d’électricité, se développait ra- torchère, ce qui constitue un gaspillage de approvisionnements mondiaux fiables et à pidement depuis les années 1970 et était ressources énergétiques non renouvelables coût bas est essentiel pour la compétitivité sur le point de devancer le charbon. Ce- et une pollution inutile. Aujourd’hui, une économique de l’UE. Ils trouveront leur pendant, avec le renchérissement observé partie est soit réinjectée dans les gisements chemin vers l’Europe via les gazoducs et depuis le début du xxie siècle, les tasse- de pétrole (contribuant à y maintenir la davantage de gaz naturel liquéfié. C’est ments dans la consommation des pays dé- pression et à maximiser l’extraction du pourquoi l’entretien de bonnes relations veloppés, les besoins des pays émergents pétrole), soit valorisée. La destruction en avec les pays producteurs et de transits et les progrès réalisés dans le traitement torchère représentait toujours 150 Gm3 par sont importants. du charbon, ce dernier tend à retrouver un an en 2007. certain essor. Il existe également le Gaz biogénique, Gaz Il existe plusieurs formes de gaz naturel, se de charbon, Gaz de schiste et les Hydrates. distinguant par leur origine, leur composi- tion et le type de réservoirs dans lesquels La clé d’un futur ils se trouvent. Néanmoins, le gaz est tou- énergétique bas-carbone jours composé principalement de méthane Les experts et les exploitants sont unani- et issu de la désagrégation d’anciens orga- mes : le gaz naturel est la clé d’un futur nismes vivants. énergétique bas-carbone.Le gaz possède Aux différents types de gaz naturels, on tout ce dont a besoin le futur énergétique. pourrait adjoindre le biogaz, ou biomé- Cela a été d’ailleurs confirmé lors de l’As- thane, un substitut renouvelable issu de la semblée Générale d’Eurogas, qui s’est te- décomposition de certains déchets de l’ac- nue dernièrement à Milan. tivité anthropique. Le gaz émet environ 50% de dioxyde de Gaz conventionnel non associé carbone en moins que le charbon lorsqu’il C’est la forme la plus exploitée de gaz brûle et émet également moins d’oxyde naturel. Son processus de formation est d’azote, d’oxyde de soufre et de particu- similaire à celui du pétrole. On distingue les. Le gaz est un combustible polyvalent le gaz thermogénique primaire, issu direc- : en dehors de la production d’énergie à tement de la pyrolyse du kérogène, et le grande échelle, les ménages peuvent être gaz thermogénique secondaire, formé par équipés de chaudière à cogénération (mi- la pyrolyse du pétrole. Le gaz thermogé- cro-cogénération) . Le gaz peut être utilisé nique comprend, outre le méthane, un taux dans les piles à combustible, comme le gaz variable d’hydrocarbures plus lourds, pou- naturel comprimé, dans les voitures, etc… vant aller jusqu’à l’heptane (C7H16). On Par ailleurs, il est flexible pour la produc- peut y trouver aussi du dioxyde de carbone tion d’énergies intermittentes telles que (CO2), du sulfure d’hydrogène appelé aus- les sources d’énergies renouvelables. Par si « gaz acide » (H2S), et parfois de l’azote exemple lorsque le vent ne souffle pas ou (N2) et de petites quantités d’hélium (He). que le soleil ne brille pas. 

18 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Focus 2011 L’année du GNL

Pour l’agence internationale de l’énergie, le gaz est la seule énergie fossile qui progressera durablement pendant les vingt-cinq prochaines années. Le gaz naturel pourrait alors représenter un quart du bouquet énergétique mondial analyse de la revue « Gaz d’aujourd’hui ».

e gaz naturel liquéfié (GNL) devrait gran- y joue une place prépondérante, et représente près de dement participer à cette dynamique. Gaz 30 % des importations mondiales de GNL. d’aujourd’hui a voulu dresser un panorama Les intervenants des rendez-vous de l’AFG confir- des évolutions et perspectives du GNL sur ment qu’avec sa façade maritime avantageuse, la l’ensemble de la chaine gazière, en donnant la parole France pourrait devenir la tête de pont de l’Europe La plus forte L aux acteurs issus de l’industrie, de la finance et de la en termes d’importations et de distribution de GNL, croissance distribution. grâce à de nouveaux projets de terminaux. jamais atteinte Dans son étude annuelle, le Groupe international des Enfin, l’Amérique latine est surtout l’Asie devraient en matière importateurs de gaz naturel liquéfié (GIIGNL) souli- renforcer le marché mondial du GNL qui, pour Mer- d’échanges gne la progression à deux chiffres du commerce du rill Lynch, bénéficie en 2011 de conditions favorables internationaux GNL, soit la plus forte croissance jamais atteinte en pour se développer Lire pages à .  de gaz. matière d’échanges internationaux de gaz. L’Europe

L’europe représente 30% des importations mondiales

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 19 Focus Etude du GIIGNL Le secteur du GNL dans le monde en 2010

Le texte ci-dessous est extrait de l’étude « The LNG Industry – 2010 », publiée par le Groupe international des importateurs de gaz naturel liquéfié (GIIGNL). Elle est disponible dans sa version complète (en langue anglaise) sur www. giiign.org.

près une hausse régulière de la consom- La consommation de gaz naturel a fortement chuté en mation au cours de la dernière décennie 2009 (- 2,4 %), avec cependant des disparités régio- – dont une année en 2008 -, la consom- nales : les marchés matures se sont inscrits en baisse mation d’énergie primaire dans le monde (- 6,8 % en Europe, - 1,2 % en Amérique du Nord) Aa diminué de 1,3 % en 2009, revenant ainsi pratique- tandis que la demande a progressé dans les nouvelles ment à son niveau de 2002, à la suite de la récession régions de consommation (+ 3,4 % en Asie et + 4,4 % économique mondiale. au Moyen-Orient). En raison der la taille relativement petite, en termes absolus, de leurs marchés encore La situation énergétique mondiale émergents, la Chine et l’Inde ont eu une incidence Au niveau mondial, les tendances observées fin 2008 limitée sur l’évolution de la demande de gaz naturel se sont maintenues en 2009, les pays de l’OCDE en- mondiale, malgré des taux de croissance respectifs de registrant un déclin de la consommation tandis que 9,4 % et 10,3 %. Au niveau mondial, la part de marché la région Asie-Pacifique affichait une hausse limitée du gaz naturel dans l’offre d’énergie primaire a légè- de la demande énergétique en Amérique du Nord et rement diminué, passant sous la barre des 24 %. en Europe a reculé respectivement de 4,7 % et 6 % En 2010, la demande d’énergie mondiale s’est redres- alors qu’elle a continué de croître de 4,4 % dans la sée. Les estimations de consommation de gaz naturel région Asie-Pacifique. Avec des taux de croissance mondiale témoignent d’une augmentation de 7,3, par respectifs de 8,7 % et 6,6 %, la Chine et l’Inde sont rapport à 2009 qui s’explique par la reprise économi- demeurées les principaux moteurs de la demande que et les conditions hivernales rigoureuses qu’ont énergétique de cette région. connues les pays occidentaux. Sur fond de déclin des Entre 2007 et 2009, la consommation de combus- productions locales des marchés matures et d’essor tibles fossiles est demeurée stable, la baisse de la de nouveaux marchés de gaz, les échanges interna- consommation de pétrole ayant été compensée par tionaux de gaz ont continué de croître, le commerce une hausse de la demande de charbon. La consom- de gaz international total progressant de 10,9 % par mation de gaz est restée inchangée, tandis que la de- rapport à 2009. mande d’hydroélectricité et d’énergies renouvelables Dans ce contexte, le commerce du GNL a signé la plus a augmenté de 6,4 %. forte croissance, avec une hausse de 21 % en 2010, due principalement à la mise en service de nouvelles Les principaux types d’énergies en 2009, comparés à capacités de liquéfaction au Qatar. A titre de compa- 2008 et 2007, se répartissent de la manière suivante : raison, les échanges par gazoducs ont augmenté de seulement 7 %. Consommation par combustible (en millions de tonnes) Contrats et commerce de GNL

Année 2009 2008 2007 2009-2008 2009-2007 En 2010, le commerce du GNL de 84,4 millions de Pétrole 3.882 3.960 3.970 -2% -2,20% mètres cubes sous sa forme liquide, soit un taux de Charbon 3.278 3.286 3.184 -0,20% 3% croissance de 21,2 %, comparé à 2009. Stimulée par Gaz la reprise économique mondiale, cette croissance a 2.653 2.717 2.652 -2,40% 0% naturel été rendue possible par l’augmentation des niveaux Nucléaire 611 620 622 -1,50% -1,80% de production des installations existantes au Qatar, au Hydro Nigeria, en Indonésie et en Russie, ainsi que par la 740 31 696 1,20% 6,40% et autres mise en exploitation de nouvelles unités de liquéfac- tion au Qatar, au Yémen et au Pérou.

20 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Focus Etude du GIIGNL

Taux de croissance respectifs depuis 2000 de la production de gaz commercialisée, des échanges de gaz transfrontaliers totaux et des échanges de GNL

* Données hors échanges intra CEI Union soviétique et hors émirats arabes unis.

Pour ce qui est des importations, les marchés asiati- Les volumes en raison principalement de la demande de gaz pour ques du GNL ont affiché une forte croissance (+ 16,8 additionnels la production d’anergie électrique. Les importations %) après une baisse de 4 % en 2009. en 2010 de ces trois pays ont pratiquement triplé pour attendre 12,6 millions de mètres cubes, portant la part de mar- Les Japon toujours 1er importateur du GNL s’expliquent dans une large ché de GNL mondiale de l’Amérique du Sud à 2,6 % à la fin de l’année 2010. Les importations européennes ont continué de pro- mesure par gresser de manière régulière de 24,8 %, la majorité Dubaï a fait son entrée sur le marché du GNL en cours l’accroissement des volumes additionnels provenant du Qatar et étant d’année, avec trois cargaisons importées en novembre. acheminés vers l’Italie (Rovigo), le Royaume-Uni de la Pour ce qui est des exportations, la production de (South Hook) et la Turquie (Aliaga). Les importations production des GNL a progressé plus vite que la capacité de produc- vers l’Amérique centrale et du Sud ont plus que dou- installations tion totale. Les volumes additionnels en 2010 s’expli- blé (+ 13,2 millions de mètres cubes). Cette tendance mises en quent dans une large mesure par l’accroissement de la explique que la part de marché de l’Asie (59,8 %) ait service en 2009. production des installations mises en service en 2009, décliné de 2,5 %, tandis que celle de l’Europe et du par l’amélioration de l’efficacité opérationnelle des continent américain ont progressé respectivement de trains existants et, dans une moindre mesure, par la 0,9 % et 1 %. mise en exploitation de nouveaux projets durant l’an- A la fin de l’année, le Japon était toujours le premier née au Qatar, au Yémen et au Pérou (quatre trains, importateur de GNL avec 154 millions de mètres cu- représentant une capacité additionnelle 23,35 millions bes, contre 141,6 millions de mètres cubes en 2009 de tonnes par an). (+ 8,7 %). Parallèlement, la part du Japon dans les Au niveau régional, les exportations en provenance du importations totales mondiales a légèrement reculé, bassin Pacifique ont augmenté de 15,1 % ce qui lui a passant de 35,3 % en 2009 à 31,7 % en 2010, les plus permis de demeurer la principale source des expor- importantes augmentations de la consommation de tations de GNL avec 181 millions de mètres cubes. GNL étant à mettre au compte de la Corée dans les Toutefois, la part du bassin Pacifique dans les expor- importations totales s’est élevée à 14,8 % Par rapport tations mondiales de GNL a reculé, passant de 39,5 % à 13,8 % en 2009. Classée au troisième rang avec une en 2009 à 37,2 % en 2010. Avec une croissance an- part de 9,5 % des importations totales, l’Espagne a nuelle de 47,8 % et un volume d’exportations de 164,4 consommé 45,6 millions de mètres cubes (+ 1,5 % millions de mètres cubes, la contribution du Moyen- après une contraction de 8 % en 2009). Orient a considérablement augmenté, passant de 27,9 En 2010, l’Inde a été le seul pays asiatique à avoir ré- % des exportations totales en 2009 à 33,9 % en 2010. duit sa demande de GNL, en raison de l’augmentation Malgré une croissance de 6,1 %, le bassin Atlantique a de sa production locale. perdu des parts de marché, passant de 32,5 % en 2009 à 28,8 % en 2010, du fait principalement de la baisse Les importations du Brésil, de l’Argentine des exportations de l’Afrique du Nord. et du Chili ont triplé L’Indonésie revient à la 2ème place Quant au continent américain, la hausse de l’offre lo- cale de gaz non conventionnel et un environnement Au niveau national, le Qatar a représenté près de la caractérisé par des prix relativement bas ont entrainé moitié des volumes additionnels totaux (+ 42,2 mil- une baisse des importations de gaz américaines de lions de mètres cubes), de la Russie (+ 10,6 millions 11,1 % , qui sont ainsi passées de 20,9 millions de de mètres cubes) et de l’Indonésie (+ 9,2 millions de mètres cubes en 2009 à 18,6 millions de mètres cu- mètres cubes). L’Egypte, l’Algérie et Trinidad ont, bes en 2010, après déduction des réexportations de quant à eux, réduit leurs livraisons, l’Egypte enregis- 1,3 million de mètres cubes au cours de l’année. En trant la plus forte baisse (- 30,2 %) en raison de la revanche, la consommation de GNL en Amérique du croissance des besoins nationaux en gaz. En 2010, le Sud (Argentine, Brésil, Chili) a fortement progressé, Qatar a représenté un quart de la production 

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 21 Focus Etude du GIIGNL mondiale de GNL (123,3 millions de mètres cubes), courtage pétrolier, ainsi que d’un nombre important En 2010, le exportant vers tous les pays, à l’exception de la Grèce, de réexpédiées au cours de l’année – sept à partir des commerce du du Koweït, de Porto Rico et de la République domi- terminaux de réception de GNL de Zeebrugge (Bel- GNL a signé, nicaine. Classée au troisième rang en 2009, l’Indo- gique), huit à partir de Sabine Pass et quatre à partir avec une hausse nésie est revenue à la deuxième place en 2010 avec de Freeport (Etats-Unis), soit un total d’environ 2,5 de 21 %, la plus une croissance de 21,6 % et des exportations s’élevant millions de mètres cubes. A noter qu’en 2010, seules forte croissance à 51,5 Millions de mètres cubes. La Malaisie s’est neuf livraisons sur dix-neuf ont été réexportées vers classée troisième avec 50,9 millions de mètres cubes, des pays situés à l’est du canal de Suez, dix demeurant des échanges suivie de l’Australie avec 41,3 millions de mètres cu- à l’ouest du bassin Atlantique du canal. internationaux bes. Les exportations du Nigeria ont crû de 54,2 % en Au 31 décembre 2010, trois livraisons réexportées des de gaz. A titre de raison de la reprise de l’approvisionnement de l’usine Etats-Unis à fin décembre étaient encore en mer. Elles comparaison, de GNL, suite au redémarrage de Soku, la principale ont été livrées en janvier 2011 au Royaume-Uni, en les échanges usine de gaz du Nigeria. Inde et en Corée du Sud. par gazoducs Pour ce qui est des sources d’approvisionnement des SPOT : Le Qatar dépasse Trinidad ont augmenté de transactions spot et à court terme en 2010, le Qatar seulement 7%. Les importations via des contrats spot et à court terme a ravi la première place à Trinidad avec une part de (définis comme étant des contrats de moins de quatre 25,7 % suivi de Trinidad (17,2 %), du Nigeria (12,3 ans) se sont inscrites en très forte hausse (+ 40 %), %) et de l’Egypte (7,3 %). En 2010, les nouveaux vo- atteignant 91,3 millions de mètres cubes (sept cent lumes flexibles en provenance du Qatar ont représenté vingt-sept cargaisons) contre 65,1 millions de mètres 45,3 % des nouveaux volumes spot et à court terme cubes (quatre cent quatre-vingt-onze cargaisons) en du marché, suivi par le Nigeria (18,8 %) et le Yémen 2009. Elles représentent 18,9 % du commerce mon- (12,6 %).  dial du GNL, par rapport à 16,3 en 2009. A titre de comparaison, le commerce de GNL via des contrats à long terme a augmenté de 17 % atteignant 391,8 millions de mètres cubes en 2010. La progression des transactions spot et à court terme est particulièrement significative en Europe (+ 50,9 %) grâce à l’attractivité des cours du GNL comparés aux prix de long terme et à la disponibilité de l’offre de GNL flexible en prove- nance du Moyen-Orient. Après une chute marquée en 2009, l’Asie a renoué avec une croissance des achats spot et à court terme, avec 39,7 millions de mètres cubes. Malgré une hausse de 17 %, les importations asiatiques spot et à court terme demeurent en dessous du niveau de 2008, qui s’établissait à 52,8 millions de mètres cubes, une grande partie de l’approvisionne- ment asiatique supplémentaire étant fournie par des contrats à long terme avec l’Indonésie et la Russie. A eux deux, la Corée et le Japon ont représenté 38,2 % des volumes additionnels spot et à court terme. Les transactions spot et à court terme de GNL en 2010 ont également bénéficié de l’activité en plein essor d’acteurs n’appartenant pas à ce secteur, notam- ment les institutions financières et les entreprises de 149 flux et 386 itinéraires

Les échanges internationaux se décomposent en cent quarante-neuf « flux » (échanges de pays à pays) acheminés via trois cent quatre-vingt-six itinéraires de transport maritime itinéraires de port à port). En 2010, on dénombre cent nouveaux itinéraires tandis que soixante-treize itinéraires ont été abandonnés. Toujours en 2010, quarante-deux nouveaux flux de pays à pays ont été mis en place : ABU DHABI/Brésil, Chine, Corée, Koweït, Espagne et Taiwan ; ALGERIE/Chili et Japon ; EGYPTE/Belgique, Chili et Koweït ; GUINEE EQUATORIALE/Grèce, Inde, Italie et Koweït ; NIGERIA/Koweït et Royaume-Uni ; NORVÈGE/Belgique, Italie, Corée et Taiwan ; PEROU/Belgique, Brésil, Canada, Corée, Mexique, Espagne et Etats-Unis ; QATAR/Argentine, Brésil, Dubaï et Portugal ; TRINIDAD ET TOBAGO/Chili et Italie ; YEMEN/Chili, Chine, France, Inde, Japon, Koweït, Royaume-Uni et Etats-Unis. Vingt flux ont disparu : ABU DHABI/Inde et Portugal ; ALGERIE : Inde et Portugal; EGYPTE/Argentine, Canada, Chine et Turquie ; GUINEE EQUATORIALE :Chine, France, Inde et Portugal ; INDONÉSIE/INDE ; LIBYE/Inde ; MALAISIE/inde ; NORVERGE/Mexique OMAN/Chine et Turquie ; RUSSIE/Inde et TRINIDAD ET TOBAGO/Chine.

22 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Le Maroc peut compter sur le gaz naturel

n estime que d’ici 2050, la centrales au charbon. Par ailleurs, le gaz selon les estimations de l’Agence Inter- demande mondiale d’énergie naturel peut venir s’ajouter en complément nationale de l’Energie, il existe dans le va doubler et peut-être même aux sources d’énergie renouvelables com- monde des réserves suffisantes pour l’ap- tripler par rapport à son niveau me par exemple: les turbines éoliennes, les provisionnement pendant 250 années au deO 2000 si les économies émergentes sui- panneaux solaires et l’hydroélectricité; en taux actuel de consommation; sans oublier vent le cours historique de développement. effet, les entreprises d’électricité ne peu- que le gaz naturel liquéfié (GNL) offre une Bien entendu, la demande croissante sera vent pas compter sur les seules sources souplesse d’utilisation aux fournisseurs et également déterminée par l’augmentation d’énergie renouvelables puisque celles-ci aux clients. En effet, grâce à cette techno- de la population mondiale – 9 milliards de dépendent du degré d’ensoleillement ou de logie, le gaz peut provenir de sources très personnes en 2050, alors que le chiffre ac- la force du vent. Le gaz représente l’option variées, et peut également être acheminé tuel est de 7 milliards (ceci représente une la moins chère pour la production d’une vers de multiples destinations. Cette abon- augmentation d’un pour cent par an). Par énergie souple et fiable qui servira à com- dance de ressources en gaz naturel et le la même occasion, le monde doit assurer bler les pénuries irrégulières. D’autre part, développement de l’industrie du GNL ont la transition vers un système énergétique il ne faut pas sous-estimer l’impact social pour effet combiné d’ajouter à la sûreté de durable. Avec le temps, les sources d’éner- l’approvisionnement du gaz et de réduire gie renouvelables, comme par exemple la volatilité des prix à long terme. les biocombustibles, l’énergie éolienne et C’est la raison pour laquelle Shell s’est l’énergie solaire, répondront à une propor- trouvée à la pointe de l’innovation dans tion croissante de la demande. Shell estime l’industrie du gaz pendant presque cinq que d’ici l’an 2050, les sources d’énergie décennies. L’innovation nous permet d’ac- renouvelables pourront fournir jusqu’à croître la production de gaz dans des projets 30% de l’énergie dans le monde – Actuelle- existants, et de rentabiliser les ressources ment, cela ne représente que 13%. Attein- en gaz qui étaient auparavant considérées dre ce pourcentage représentera un énorme inaccessibles, ou bien trop difficiles à ex- défi, il existe des contraintes techniques et ploiter. L’importance attachée par Shell au financières substantielles pour développer et environnemental important des pollu- gaz naturel est tellement grande que d’ici de nouvelles ressources d’énergies en qua- tions locales produites par les émissions fin 2011, le gaz représentera plus de 50% lité importante. Cela signifie également des centrales au charbon, entre autres sous de la production totale. Shell travaille dans que les combustibles fossiles continueront forme de particules. D’après les analyses le secteur du gaz depuis longtemps, et de fournir, même en 2050, plus de 60% de effectuées par plusieurs organismes diffé- les découvertes de gaz naturel en Europe l’énerge mondiale, le reste étant pris en rents, dont le National Energy Technology (aux Pays-Bas) remontent à 1948. Shell a charge par l’énergie nucléaire. Laboratory aux Etats-Unis, les turbines à ouvert la voie à l’exploration du gaz offs- Au Maroc, il est prévu que la population gaz à cycle combiné émettent des quanti- hore et à la production en Mer du Nord continuera de grandir et que l’usage de tés négligeables de particules, comparées pendant les années 1960. A présent, c’est l’énergie augmentera de 6% tous les ans, aux centrales au charbon qui émettent 20 le premier producteur de GNL parmi les d’ici à l’an 2050. Pour faire face à cette à 40 fois plus de SOx, et presque 10 fois sociétés pétrolières internationales. Nous demande croissante, le pays va devoir plus de Nox, tout en consommant environ avons participé à la première usine com- prendre des mesures radicales tout en ne le double du volume d’eau par MWh. merciale de GNL en 1964, et nous conti- perdant pas de vue ses engagements, vis- Le gaz naturel est non seulement accep- nuons d’investir dans le GNL avec Qatar- à-vis du Protocole de Kyoto et du GIEC table du point de vue environnemental; il Gas 4. Nous construisons actuellement la (Groupe d’experts intergouvernemental est également d’un prix abordable et abon- première usine flottante de GNL qui sera sur l’évolution du climat), à contrôler les dant. Il est d’un prix abordable car les nou- utilisée en Australie. Plus de fourniture de émissions de carbone. velles centrales à turbines à gaz sont d’un gaz naturel au marché aidera le monde à Shell estime que le gaz naturel représente bon rendement énergétique. D’autre part, satisfaire sa demande croissante pour une une solution viable et à long terme pour elles n’exigent que la moitié des dépenses source d’énergie plus propre. relever le défi énergétique mondial (et ce- d’investissement en charbon par mégawatt Compte tenu de la proximité géographique lui du Maroc). Du point de vue environ- d’énergie produite; le cinquième du coût de réserves d’énergie, et de l’engagement nemental, le gaz dégage la moindre quan- du nucléaire, et 15% du coût des éoliennes à développer les sources d’énergie renou- tité de CO2 par unité d’énergie lorsqu’on à terre – ce qui revient à dire que le gaz velables, le Maroc pourra prospérer dans s’en sert pour produire de l’électricité, et naturel sera plus rentable pour les écono- les années à venir grâce à importation et il dégage la moitié du CO2 produit par les mies qui s’en servent. Il est abondant car, l’utilisation croissante de gaz naturel. 

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 23 Focus Entretien La production gazière, peu influencée par le printemps arabe Hakim Darbouche, chercheur à l’Oxford Institute for Energy Studies, spécialiste des questions énergétiques, politiques et économiques en Afrique du Nord a accordé une large interview à la revue française «Gaz d’aujourd’hui».

Si les Vous êtes un expert des questions énergétiques se inexpliquée de plus de 25 % par rapport à l’année événements en Afrique du Nord et particulièrement des précédente, mais elle s’est rattrapée par la suite en affi- qui ont secoué marchés égyptien et algérien. Quel est l’état chant une légère hausse jusqu’au mois de juin. cette région ont des lieux des différents marchés nationaux Perturbation des exportations eu un impact au lendemain du printemps arabe ? La «à court terme production gazière a-t-elle été influencée par Si les causes de la baisse demeurent inconnues, l’aug- mentation de la production entre mars et juin est due plutôt modéré ces événements et si oui, de quelle manière ? vraisemblablement à la baisse de la consommation de sur les marchés A l’exception de la Libye, où la majeure partie de gaz dans le secteur de l’industrie suite à de nombreu- gaziers, les la production d’hydrocarbures a été interrompue, les ses grèves et la disponibilité concomitamment de vo- changements événements politiques extraordinaires qui ont eu lieu lumes additionnels de gaz à l’exportation. Plus grave structurels ces derniers mois en Afrique du Nord n’ont eu pres- que ces fluctuations, les exportations par gazoduc vers qu’ils ont que aucune incidence sur l’activité amont dans les Israël et la Jordanie ont été sévèrement perturbées par amorcés autres pays producteurs de gaz, et ce malgré l’éva- une série d’explosions près de la station de pompage peuvent cuation par les compagnies étrangères de la majo- d’El Arish, dans le Sinaï, entre le 5 février et le 30 avoir des rité du personnel expatrié lors des soulèvements, en juillet, causant d’énormes dommages financiers aux répercussions à Egypte et en Tunisie notamment. clients de l’Egypte dans ces deux pays. En Tunisie, quelques jours après le départ du président Ben Ali, long terme plus Il faut noter qu’en Egypte, deuxième plus grand pro- ducteur de gaz en Méditerranée, plus de 75 % de la le flux des exportations de gaz d’Algérie vers l’Ita- significatives. » production gazière provient de gisements situés en lie à travers la gazoduc Transmed a enregistré une offshore. En plus, le mouvement de protestation popu- baisse inexpliquée, mais sans effet majeurs, de plus laire qui a fait chuter le régime Moubarak était large- 40 % au point d’entrée dans la section offshore du ment pacifique et concentré dans les grandes villes du pipeline. En juillet, les autorités tunisiennes avaient pays, loin des zones de production gazière. La mobili- annoncé que deux explosions simultanées visant le sation de l’armée égyptienne pour assurer la continuité Transmed avaient eu lieu dans la nuit du 18 au 19 mai de l’Etat après le départ de Moubarak était aussi – et sans causer de dégâts. Ces deux incidents ont mis en est toujours – un facteur important pour la stabilité évidence la vulnérabilité de certains pays européens, qu’a connue la production gazière du pays. Cependant, tels que l’Italie, aux risques de suspensions d’appro- la production de GNL et le transport par canalisation visionnement de gaz à partir de l’Afrique du Nord. n’ont pas été épargnés par ces événements. En février, Si les événements qui ont secoué cette région ont eu la production de GNL en Egypte a enregistré une bais- un impact à court terme plutôt modéré sur les gaziers, Hakim Darbouche Hakim Darbouche est chercheur à l’Oxford Institute for Energy Studies en Grande-Bretagne et chercheur associé au St Antony’s College à l’université d’Oxford. Il est spécialiste des questions énergétiques, politiques et économiques en Afrique du Nord, ainsi que des marchés gaziers dans la région MENA (Moyen-Orient Afrique du Nord). M. Darbouche a publié plus d’une trentaine d’articles et de chapitres dans des revues et ouvrages importants. Il est aussi consultant auprès du cabinet Oxford Analytica et il est souvent sollicité pour ses conseils par des compagnies énergétiques et des institutions gouvernementales européennes. Il est titulaire d’un PhD en relations internationales de l’université de Liverpool et éditeur adjoint de la revue Mediterranean Politics.

24 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Focus Entretien les changements structurels qu’ils ont amorcés peu- Egypte. En Egypte, la consommation de gaz a dépassé « Avec les vent avoir des répercussions qu’ils à long terme plus les 45 milliards de mètres cubes en 2010 (comparé changements significatives. En effet, tout changement politique qui aux 20 milliards de mètres cubes il y a dix ans), et qui s’opèrent affecterait les politiques de subvention des prix de en Algérie, elle a atteint presque les 29 milliards de à travers le cession de gaz sur les marchés internes, les régimes mètres cubes) comparé aux 20 milliards de mètres en monde arabe fiscaux régissant les investissements dans l’amont 2010). Dans les deux pays, cette croissance est tirée et l’avènement gazier et les stratégies de monétisation de gaz est sus- principalement par les besoins en électricité qui ne ceptible d’avoir un effet négatif sur les perspectives de cessent de croître à des rythmes aussi élevés, reflé- éventuel de production et d’exportations de gaz dans la région. tant les dynamismes économiques et démographiques gouvernements qu’enregistrent les deux pays et le fait que les prix de plus L’Afrique du Nord est un fournisseur l’électricité sont eux aussi subventionnés. Tout porte à démocratiques, énergétique historique du continent européen. croire que cette tendance va continuer dans les années davantage A la lueur des perspectives de croissance de à venir, d’autant que les gouvernements vont faire d’efforts la demande gazière de l’Union européenne face à des pressions sociopolitiques considérables. d’intégration et de la mise en service d’une nouvelle route 2011 apparait, à plusieurs titres comme une économique d’approvisionnement entre l’Algérie et année forte pour la gaz naturel liquéfié, tant en et énergétique l’Espagne (Medgaz), la région dispose-t-elle termes de capacités d’offre que de demande. verront le jour. des capacités suffisantes pour soutenir cette Comment se positionne l’Algérie, fournisseur exportation au cours des prochaines décennies de longue date de GNL à destination de ? Quel est l’état de la demande domestique ? l’Europe, notamment au regard des futurs En théorie, la région dispose de réserves de gaz projets de terminaux en France ? Comment conventionnel et non-conventionnel suffisantes pour l’Egypte et de manière plus large la Qatar « satisfaire, pendant longtemps, ses propres besoins pourraient influer sur le rôle de l’Algérie ainsi que ses engagements contractuels auprès de dans ce domaine ? clients européens et autres. Mais en réalité, les po- litiques de développement de ces ressources dans D’abord, il faut noter que depuis 2003, les exporta- plusieurs pays de la région demeurent largement tions algériennes de GNL n’ont cessé de diminuer. inadéquates pour l’optimisation de ce potentiel. Les Depuis 2009, la Sonatrach (compagnie nationale investissements étrangers dans l’amont gazier, tant d’hydrocarbures algérienne) a largement diminué les nécessaires pour l’extraction de ces ressources, sont quantités du GNL vendues en spot. L’explosion sur- depuis quelques années soumis à des conditions fis- venue au niveau de l’usine de Skikda en janvier 2004 cales, commerciales et réglementaires plutôt restric- y est pour beaucoup, ayant détruit à peu près 2 mil- tives. Que ce soit en Algérie, en Egypte ou en Libye, lions de tonnes par an de capacité de liquéfaction. l’intérêt porté par les entreprises étrangères pour les opportunités d’investissement dans l’exploration et La sonatrach, perd des marchés dans la production gazières a nettement diminué depuis le bassin l’Atlantique 2006. En plus de vouloir, de manière tout à fait lé- En 2009, la plus ancienne unité de production de GNL gitime, maximiser la rente générée par l’extraction en Algérie et au monde, située dans la zone indus- des ressources en hydrocarbures et gazières en par- trielle d’Arzew, a été définitivement mise en service ticulier, les gouvernements de ces pays retrouvent en 1964 et avait une capacité de plus d’un million souvent dans l’incapacité d’offrir aux investisseurs de tonnes par an. A cela s’ajoute l’accroissement de étrangers des conditions suffisamment attractives la demande domestique depuis le début des années pour la commercialisation des volumes de gaz pro- 2000 et les retards enregistrés dans la réalisation de duits en association pour la commercialisation des nombreux projets en amont, tel que Gassi Touil. volumes de gaz produits en association dans le cadre Par conséquent, la Sonatrach a perdu une partie de sa de contrats de partage de production. part de marché en Europe, notamment en Belgique et Des niveaux artificiellement bas en France, au profit de la Russie et du Qatar principa- lement. Etant donné que la production de GNL en Al- En plus de ces restrictions en amont, une plus grande gérie, avoisinant actuellement les 15 millions de ton- partie de la production gazière est désormais destinée nes par an, ne risque pas d’augmenter avant la mise aux marchés domestiques dans la région. Le maintient en services en 2014 de deux nouveaux trains (l’un à par les gouvernements des prix de cession de gaz aux Skikda d’une capacité 4,5 millions de tonnes par an consommateurs locaux à des niveaux artificiellement et l’autre à Arzew d’une capacité de 4,7 millions de bas contribue largement aux rythmes relativement éle- tonnes par an), la Sonatrach continuera sans doute à vés de croissance que connaît la demande domestique perdre des parts de marché dans le bassin Atlantique. dans la région. Depuis quelques années, la moyenne Au-delà de 2014, il est possible que la Sonatrach dé- annuelle de croissance de la consommation gazière cide de mettre à l’arrêt les plus anciennes de ses uni- varie entre 4 et 5 % en Algérie et entre 6 et 8 % en tés de production à Skikda et à Arzew. 

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 25 Focus Entretien

Ceci lui permettrait de concentrer ses efforts d’ex- « Jusqu’au fice national de l’électricité (ONE) marocain ont signé portation à partir des deux nouveaux trains, et surtout moins en 2014, un accord historique d’approvisionnement de gaz sur par gazoducs (Transmed, gazoduc Maghreb Europe, les besoins en une période de dix ans. Sans doute l’échec du projet Medgaz, Galsi) vers les pays de l’Europe du Sud. Ceci gaz croissants de construction d’un terminal de GNL au Maroc avait me paraît, dans les conditions actuelles, le seul moyen de l’Egypte fini par convaincre les décideurs marocains de se tour- pour la Sonatrach d’optimiser ses exportations de gaz ner vers le gaz algérien qui est beaucoup moins cher. l’empêcheront à l’horizon 2020 et de maintenir sa part de marché en Mais aussi, et surtout, l’amélioration apparente du cli- Europe face à la compétition russe et qatari. de jouer le rôle mat de confiance entre les gouvernements des deux de fournisseurs pays, notamment depuis l’avènement du « printemps Si les infrastructures tournées vers majeur et fiable arabe », a dû faciliter la conclusion d’un tel accord. l’exportation existent, qu’en est-il des dans la région.» Que ce soit au Maghreb, au Machrek ou dans le Golfe, possibilités de développement d’un marché le développement de marchés régionaux de gaz a tou- régional entre les différentes composantes jours été tributaire des relations politiques entre les pays du Maghreb-Machrek ? Quelles éventuelles en question. Avec les changements qui s’opèrent à tra- barrières entrevoyez-vous ? vers le monde arabe et l’avènement éventuel de gouver- nements plus démocratiques, davantage d’efforts d’in- Je pense que l’espoir suscité par la mise en service en tégration économique et énergétique verront le jour. 2003 du Arab Gas Pipeline (AGP), reliant l’Egypte aux marchés du Machrek (Jordaznie, Syrie, Liban) et Depuis le début de l’année, on annonce créant un marché régional de gaz avait commencé à régulièrement des découvertes de réserves être remis en question bien avant l’éruption des ré- gazières offshore au large d’Israël. Au voltes arabes et ce, à cause de l’incapacité apparente regard du contexte géopolitique local, quelles de l’Egypte à remplir ses engagements contractuels conséquences – notamment pour l’Egypte – auprès de ses voisins. Jusqu’au moins en 2014, les ces découvertes pourraient-elles avoir ? besoins en gaz croissants de l’Egypte l’empêcheront de jouer le rôle de fournisseurs majeur et fiable dans Le bassin du Levant, englobant les eaux territoria- la région. C’est la raison pour laquelle la Jordanie, la les d’Israël, les territoires palestiniens, le Liban, la Syrie et le Liban se sont tournés ces derniers temps Syrie et Chypre, contient des réserves de gaz esti- vers d’autres fournisseurs potentiels, tels que l’Irak, le mées à plus de 4.000 milliards de mètres cubes. Ces Qatar et l’Iran, en vue de conclure des contrats d’ap- ressources ont le potentiel de changer radicalement provisionnement en GNL ou par pipeline. Même si les données énergétiques de ces pays, assurant leur aucun contrat n’a été signé jusqu’à présent, la suspen- besoin pendant au moins trente ans et leur permettant sion des approvisionnements via l’AGP depuis février de développer des capacités d’exportation. 2011 et la volonté affichée par les autorités égyptien- nes d’augmenter les prix du gaz dans les contrats La tension monte entre Israel et le Liban d’approvisionnement avec Israël et la Jordanie n’ont Mais il est vrai que, compte tenu du contexte géopo- fait que renforcer la conviction de ces pays que leur litique régional, ce potentiel pourrait aussi être une avenir gazier ne pouvait dépendre de l’Egypte. source de conflit entre les Etats de la région. D’ailleurs, la tension entre le Liban et Israël est montée d’un cran Accord historique entre la depuis l’annonce par l’Etat hébreu de découvertes im- Sonatrach et l’ONE portantes de réserves de gaz et la conclusion d’un ac- Au Maghreb, les choses semblent évoluer dans le sens cord avec Chypre sur le tracé des zones économiques inverse. L’Algérie est la source principale de gaz en exclusives (ZEE) des deux pays. Le Liban et même le Tunisie, et ce depuis l’entrée en service du Transmed Hezbollah, les deux techniquement e »n guerre avec en 1983. Par contre, le Maroc, qui importe plus de 97 Israël, ont mis en garde les autorités de ce pays contre % de ses besoins énergétiques, a toujours, pour des tout empiètement sur la ZEE libanaise. Les mêmes considérations politiques, refusé de développer une querelles pourraient empoisonner les relations déjà dépendance envers l’Algérie en matière d’approvi- belligérantes entre la Turquie et la République turque sionnement en gaz. Entre 1996, date de mise en servi- de Chypre du Nord [non reconnue par la communauté ce GMA, et 2005, le Maroc refusait de percevoir ses internationale, NDLR] d’un côté, et la République de redevances de transit en nature. Mais avec la montée Chypre et la Grèce de l’autre. du prix du pétrole au début des années 2000, le poids Si dans l’avenir l’Egypte devenait importateur de de la facture énergétique du Royaume devenait insou- gaz, elle pourrait en recevoir à partir de ces pays, y tenable pour le gouvernement. Celui-ci décide alors compris d’Israël, en utilisant les gazoduc qui jusque- de construire deux centrales électriques à cycle com- là auraient servi d’infrastructures d’exportation de biné gaz (CCGT- les premières du genre dans le pays gaz égyptien. Mais là encore, les sonnées politiques - et de les alimenter à partir du gaz algérien prélevé à seraient déterminantes.  partir du GMA en guise de redevance de transit. Et en Propos recueillis par la rédaction juillet 2011, contre toute attente, la Sonatrach et l’Of- de Gaz d’aujourd’hui

26 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Événement Maroc-France Un partenariat et de l’énergie à grande vitesse

Le coup d’envoi du premier TGV du continent africain a été donné le 29 septembre 2011 à Tanger par SM le Roi Mohammed VI et le président français Nicolas Sarkozy, en présence de plusieurs responsables du Golfe.

Les quatorze sition des rames à grande vitesse et la construction rames à d'un atelier d'entretien des rames à Tanger deux niveaux Les quatorze rames à deux niveaux (duplex) d'une ca- (duplex) d’une pacité de 533 voyageurs seront livrées par le groupe français Alstom (coût de 400 M€) suite à un contrat capacité de de gré à gré. Chaque rame comprendra huit voitures 533 voyageurs dont deux voitures de première classe, une voiture seront livrées restauration et cinq voitures de seconde classe. par le groupe Elles seront conçues et fabriquées principalement en français Alstom France dans les sites d’Alstom Transport puis livrées (coût de 400 M€) en éléments séparés (motrices et voitures) à l’atelier ONCF de Moghogha situé au nord de Tanger, où se- ront réalisées les opérations de mise en rame. "Les a future LGV marocaine reliant Tanger à tests techniques préalables à la mise en service com- Casablanca via Rabat sera mise en service mercial s’effectueront à la fois sur le site de Mogho- en décembre 2015. Elle nécessitera un in- gha et sur le réseau ONCF" annonce Alstom. vestissement de 20 milliards de dirhams, (Lire également en pages 28 à 31 nos articles concer- financéL en partie par la France grâce à un prêt de 920 nant le partenariat Maroc-France et les enjeux en M€ mais aussi par le Fonds Hassan II pour le déve- méditerranée).  loppement économique et social (86 M€), le Fonds saoudien pour le développement (144 M€), le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (100 M€), le Fonds d'Abou Dhabi pour le dévelop- pement (70 M€) et le Fonds arabe pour le dévelop- pement économique et social (66 M€). L'État maro- cain apporte lui 414 M€. La future LGV marocaine reliera le port de Tanger à Casablanca via Rabat soit 350 km de ligne. Le train français circulera à 320 km/h et transportera ses premiers voyageurs en décembre 2015. La durée du trajet entre Casablanca et Tanger passera de 5h45 à 2h10. Et la capitale Rabat ne se trouvera plus qu'à 1h20 (contre 3h45) du port de Tanger. L'enveloppe de 1,8 mrd € englobe les travaux de la ligne nouvelle Tanger-Kénitra, les équipements fer- roviaires (voies, systèmes de signalisation et de té- La future LGV marocaine reliera le port de Tanger à lécommunication, installations électriques), l'acqui- Casablanca via Rabat soit 350 km de ligne.

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 27 Événement Partenariat Le Maroc et la France appellent à un pacte euro-méditerranéen

« Nous sommes de véritables partenaires du plan solaire marocain. C’est un plan extrêmement ambitieux qui sera la clé de voûte pour le plan solaire méditerranéen »

e Maroc et la France ont appelé les pays de l’Union pour la Méditerranée (UpM) à conclure ensemble un pacte énergétique euro-méditerranéen. « Nous appelons les paysL de l’Union pour l’Union de la Méditerranée à s’engager dans un pacte énergétique euro-méditerra- néen, seul à même de relever les défis qui nous sont posés et de maximiser nos potentialités dans un in- dispensable esprit de co-développement » , ont sou- ligné les ministres français et marocain de l’énergie dans une déclaration commune. « Nous sommes de véritables partenaires du plan so- laire marocain. C’est un plan extrêmement ambitieux qui sera la clé de voûte pour le plan solaire méditer- ranéen », a indiqué à la presse le ministre français de l’Industrie, de l’énergie et de l’Economie numérique, Eric Besson, en visite au Maroc dans le cadre du par- tenariat politique et économique bilatéral. Fort de sa électrique méditerranéenne en renforçant les inter- « Pour concrétiser ce partenariat global, il faudra position connexions Nord-Sud et Sud-Sud ainsi que l’organi- travailler sur les interconnexions. Tout passe par la géographique sation des coopérations technologiques pour la créa- manière selon laquelle le Maroc sera relié à l’Es- privilégiée, le tion de filière industrielles euro-méditerranéenne des pagne, et l’Espagne à la France », a expliqué M. Maroc compte énergies propres et des réseaux électriques. M. Besson était arrivé au Maroc dans le cadre d’une Besson. Pour sa part, la ministre de l’Energie et bien jouer des Mines, Mme Amina Benkhadra, a affirmé que visite de travail de deux jours, accompagné d’une son rôle de importante délégation d’entreprises leader dans le « l’intégration dans l’espace euro-méditerranéen pivot dans constitue une pièce maîtresse de la stratégie éner- secteur de l’énergie. l’interconnexion gétique du Maroc ». Il a eu une série d’entretiens avec des responsables « Fort de sa position géographique privilégiée, le électrique euro- marocains dont le ministre des Affaires étrangères Maroc compte bien jouer son rôle de pivot dans l’in- méditerranéenne et de la Coopération et le président du directoire de terconnexion électrique euro-méditerranéenne et la l’agence marocaine pour l’énergie solaire. construction d’un marché énergétique entre les deux A l’occasion de cette visite, le Syndicat français rives de la Méditerranée », a-t-elle ajouté. des énergies renouvelables et l’Association des in- Cette initiative maroco-française comporte trois vo- dustries solaires ont signé un accord de coopéra- lets essentiels à savoir, l’accélération du financement « tion sur la formation, la recherche, le développe- du plan solaire marocain pour installer 20 GW de ment, la production industrielle et la promotion des  capacité électrique nouvelle au Nord et à l’Est de la entreprises. Méditerranée, l’achèvement d’ici 2020 de la boucle

28 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Événement Eric Besson Notre démarche est claire : un «pôle franco-marocain d’excellence

L’objectif du PSM est de répondre à la demande d’électricité qui va augmenter de 6 % par an au Sud et à l’Est de la Méditerranée d’ici 2025, en mettant en valeur le gisement inépuisable d’énergie solaire dans la région

La France français, relevant que le Maroc et la France doivent proposera « donner l’exemple en plaçant l’énergie solaire au d’avancer cœur de leur partenariat ». simultanément Evoquant par ailleurs le Plan solaire marocain, M. sur trois volets Besson a souligné que la France proposera d’avancer simultanément sur ces trois volets à savoir la mobi- à savoir la lisation de nouveaux financements publics et privés, mobilisation la construction de nouvelles interconnexions et l’or- de nouveaux ganisation d’une nouvelle coopération technologique financements et industrielle. publics et Il a dans ce sens rappelé que l’Agence française privés, la de développement vient d’accorder 100 millions construction d’euros pour le plan solaire marocain, de même que de nouvelles la société française Soitec, leader mondial des semi- interconnexions conducteurs et du solaire photovoltaïque à haute per- et l’organisation formance, installera au Maroc un premier démonstra- teur début 2012. d’une nouvelle a France souhaite un pacte énergétique Le responsable français a également rappelé que coopération pour accélérer la réalisation du Plan solaire l’accord signé le 15 juin entre Soitec et le Maroc pré- technologique méditerranéen (PSM), a déclaré à la presse voit aussi des programmes conjoints de recherche et et industrielle. le ministre de l’Industrie, de l’Energie et de développement, la création d’un master universitaire l’EconomieL numérique, Eric Besson. de management des énergies renouvelables et surtout Le ministre français a proposé, à cette occasion, avec la perspective d’un site de production sur le territoire la ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de marocain. l’Environnement, Mme Amina Benkhadra, un pacte M. Besson a en outre affirmé que le Maroc et la énergétique euro-méditerranéen qui doit être adopté France concluront avant fin 2011 des accords d’achat d’ici la fin du premier trimestre de 2012 pour accélé- d’électricité, rappelant la coopération établie entre rer la réalisation du PSM, le plus important projet de les gestionnaires et organismes de régulation des l’Union pour la Méditerranée (UpM). deux pays. L’objectif du PSM est de répondre à la demande « A terme, nous espérons parvenir à un marché euro- d’électricité qui va augmenter de 6 % par an au Sud méditerranéen de l’électricité. Mais attention : l’ob- et à l’Est de la Méditerranéen d’ici 2025, en mettant jectif n’est pas d’importer toute l’électricité produite, en valeur le gisement inépuisable d’énergie solaire au détriment des populations du Sud de la Médi- dans la région, a-t-il expliqué. terranée », a relevé le responsable français, estimant Il a dans ce contexte estimé que le Maroc et la France que « le Maghreb ne doit pas être l’usine électrique ont « un seul mot d’ordre : passer du plan aux actes des pays du Nord ». » pour la concrétisation du PSM à travers la mobi- Abordant les possibilités de synergies dans l’écono- lisation de leurs partenaires, les pays membres de mie numérique, le ministre français a cité notamment l’UpM, les entreprises, les bailleurs de fonds et les la coopération entre les pôles de compétitivité à l’ins- investisseurs. tar de l’accord signé lors de sa visite à Rabat entre « Notre démarche est donc claire : un pôle franco- Systèmatic de Paris-région et Maroc Numeric Clus- marocain d’excellence, un plan solaire méditerranéen ter et l’adaptation dans la zone euro-méditerranéenne qui va créer plus de formation, plus de partage de des expériences marocaine et française pour former technologie et plus d’emplois », a insisté le ministre les PME à l’économie numérique. 

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 29 Événement Rencontre Enjeux et défis du développement urbain durable en Méditerranée La problématique urbaine en Méditerranée est l’un des enjeux les plus lourds du 21-ème siècle, qui nécessite un «combat collectif», mené par l’ensemble des pays engagés dans le processus de l’Union pour la Méditerranée (UpM), a affirmé Mme Amina Benkhadra, ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement.

a problématique du développement urbain me oeuvrera pleinement au partage des expériences, durable est un véritable enjeu du dévelop- des informations et des expertises, à la mise en ré- pement de notre région méditerranéenne seau des acteurs concernés et à la mise en oeuvre de qui intégrera durant les deux prochaines la Stratégie méditerranéenne pour le Développement décenniesL quelque 80 millions d’urbains supplémen- Urbain. taires, principalement dans les villes du littoral, qui Intervenant lors de cette réunion de deux jours, M. connaîtront dès lors des mutations sociales, économi- Achraf Hamdy, au nom de la coprésidence égyp- ques et environnementales profondes», a souligné la tienne de l’UPM, a mis l’accent sur la nécessité de ministre à l’ouverture, à Rabat de la Réunion prépa- redoubler les efforts de la part des gouvernements ratoire à la première réunion ministérielle de l’UpM méditerranéens en vue de relever les défis du déve- sur le développement urbain durable, prévue fin no- loppement urbain et de trouver des solutions rapides vembre 2011 en France. à cette problématique dans le but d’améliorer le ni- La ministre a fait remarquer que «cette urbanisation veau de vie des populations et de leur garantir une accélérée, principalement dans les pays méditerra- vie décente. néens du Sud et de l’Est, provoquera la détérioration M. Achraf a fait remarquer que la situation dans la d’une situation déjà préoccupante aux niveaux de la région méditerranéenne ne nécessite pas davantage consommation des terres, de la pollution des eaux de stratégies, mais plus d’actions et de travail au mo- souterraines, de l’accès à une eau potable de qualité ment ou la communauté internationale demande des et à des services d’assainissement, de la gestion des résultats concrets à ce problème. Le Royaume déchets et des impacts négatifs sur l’environnement De son côté, l’Ambassadeur Serge Telle, au nom de oeuvrera et la santé humaine». la coprésidence francaise de l’Union pour la médi- pleinement au «Le combat de notre développement sera gagné, ou terranée, a évoqué la problématique majeure urbaine partage des perdu, dans nos villes», a dit la ministre ajoutant que que connaissent les villes méditerranéennes, notant expériences, des «Notre action et notre ambition pour assurer un dé- que la population urbaine dans la région atteindrait informations et veloppement urbain durable en méditerranée doivent 100 millions d’urbains dans les 30 ans à venir. Il a des expertises, être à la hauteur de ces enjeux et notre combat doit notamment souligné l’urgence d’apporter des solu- être forcément collectif». tions à cette problématique en vue de réaliser la dé- à la mise Selon Mme Benkhadra, «Aucun de nos pays ne pour- mocratie et le développement escompté. en réseau ra le réussir tout seul. Il doit être mené par l’ensemble Pour sa part, M. Piotr Zuber, au nom de la présidence des acteurs des pays engagés dans le processus de l’Union pour polonaise de l’Union européenne a souligné l’impor- concernés et à la la Méditerranée, qui travaillent déjà sur d’autres thè- tance de la coopération entre les pays de l’ UpM et du mise en oeuvre mes, Plan Solaire Méditerranéen et mise en oeuvre soutien de l’Union Européenne dans ce domaine. de la Stratégie attendue d’une stratégie méditerranéenne de l’eau, L’objectif de la rencontre de Rabat était de préparer méditerranéenne notamment». la réunion ministérielle, prévue en France, d’initier pour le La ministre a, par ailleurs, souligné l’importance l’élaboration de la déclaration des ministres et d’exa- Développement qu’accorde le Maroc au partenariat euro-méditerra- miner les propositions d’actions à entreprendre dans  Urbain. néen dans le cadre de l’UpM», notant que le Royau- ce cadre.

30 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 De gauche à droite : Ali Fassi Fihri, DG de l’ONE ; Mohamed Yahya Zniber, SG du département de l’Energie ; Fathallah Oualalou, Maire de Rabat ; My Abdallah Alaoui, Président de la Fédération de l’Energie ; Mme Amina Benkhadra ; MM Serge Telle, Piotr Zuber et Achraf Hamdy

Achraf Hamdy Mme Amina Benkhadra Serge Telle

Une vue de l’assistance MM. Zniber, Alaoui et Oualalou

La délégation palestinienne M. Adyel, coordinateur Mme Benkhadra et un congréssiste Le délégué Algérien

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 31 Dossier Pages 33 à 41

L’analyse de Amina Benkhadra Interview de Saïd Mouline Pages 34-37 Page 38

Un exemple concret : Schneider Electric Page 41

La stratégie de la France Pages 39-40

L’efficacité énergétique

32 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Dossier Efficacité énergétique Comment consommer moins et mieux ?

’efficacité énergétique est le service inutilement, .... L’efficacité éner- en continu de la performance énergétique rapport entre ce que produit le gétique d’une chaudière à condensation globale du bâtiment eu égard au confort dispositif ou le système, et ce dépendra de son rendement de combus- à assurer ajusté uniquement quand les qu’il absorbe comme énergie. tion dépendant de ses réglages brûleur, usagers le nécessitent. Autant la notion LElle est d’autant meilleure que le système de son rendement de production intégrant d’efficacité énergétique est inhérente à un énergétique utilise le moins d’énergie les pertes par les fumées, les pertes ther- équipement ou un système technique qui possible , de la production d’eau chaude miques, et du mode de régulation ou de consomme et produit de l’énergie. Autant sanitaire, de la climatisation, et de toute modulation du brûleur tendant vers une la construction est liée à la notion plus sorte de besoin énergétique. Consommer parfaite combustion eu égard aux besoins globale de «performance énergétique». moins et mieux pour le même confort de chauffage. thermique tel est l’objectif de tout concept De même pour une pompe à chaleur son L’efficacité énergétique durable d’efficacité énergétique. efficacité énergétique dépendra du type de Rajoutons que l’efficacité énergétique « L’énergie la moins chère est celle que fluide frigorigène utilisé, de la cohérence n’est pas uniquement liée aux équipe- l’on ne consomme pas » ; pour cela, l’effi- et de la qualité des différents composants ments de chauffage ou de climatisation, cacité énergétique est un critère clef pour entre eux: détendeur électronique, surface mais à tout dispositif consommant de coller aux besoins de réduction énergéti- d’échange des évaporateur et condenseur, l’énergie. Dans la maison, le lieu de tra- que. Nous pouvons réduire nos consom- ainsi que de la modulation de puissance vail,..., pensons à l’éclairage avec l’usage mations, consommer mieux avec un mix- et de sa régulation notamment grâce à la d’ampoule à basse consommation, pen- énergétique intégrant, par exemple, des performance du mode Inventer. sons aux équipements ménagers et de loi- équipements à haute performance éner- De plus la prise en compte d’auxiliaires sirs tels TV, boxes internet, ordinateurs gétique comme la chaudière à conden- tels que des circulateurs à débit variable, PC avec leur veille, .... sation, ou des systèmes intégrants les augmente l’efficacité énergétique de la Enfin, «l’efficacité énergétique durable» énergies renouvelables comme la pompe pompe à chaleur avec la production d’un est une notion qui devra de plus impacter à chaleur ou le solaire thermique. meilleur COP global. les caractéristiques énergétiques des équi- pements ou matériaux. Une ampoule bas- La chasse aux gaspillages Deux types d’efficacité énergétique se consommation avec une durée de vie Ainsi pour un même confort nous sommes L’efficacité énergétique de chaque équi- faible ne correspondrait pas à ce concept amenés à payer moins chère notre facture pement ne donne pas nécessairement une de durabilité. Une pompe à chaleur, la énergétique grâce à des concepts opti- performance globale. Imaginons des pan- plus performante soit-elle, avec une du- misant l’énergie consommée par rapport neaux solaires et une résistance d’appoint rée de vie de moins de 5 ans, idem! Dans à celle restituée et ainsi intégrant l’effi- mal réglée qui s’enclencherait intempes- le même esprit, un chauffe-eau thermody- cacité énergétique. Cela commence par tivement. De même une pompe à chaleur namique lié à une VMC dans un logement la chasse aux gaspillages énergétiques: en relève de chaudière qui fonctionnerait BBC où les pannes seraient intempestives amélioration des rendements, défauts anormalement à -5° et non à partir de présenterait une efficacité énergétique manifestes d’isolation thermique, utili- +5°C, etc,... L’efficacité énergétique pour ponctuelle intéressante avec une notion sation et sélection d’équipements basse atteindre la «performance énergétique» de durabilité compromise par les pannes consommation, régulation et optimisa- doit associer une cohérence technique et opérations de réparation et de mainte- tion énergétique des équipements techni- et performantielle globale. Deux types nance. En résumé, le critère d’efficacité ques, gestion des consommations inutiles d’efficacité énergétique sont à distinguer. énergétique est primordial mais non suf- telles veilles informatiques, consomma- L’efficacité énergétique passive, obtenue fisant sur le plan de la performance glo- tion en continue de box internet, ..., A par le bâti, son inertie et la qualité de bale. La durée de vie, la prise en compte L’efficacité énergétique cela s’ajoute «l’efficacité énergétique» l’isolation thermique de l’enveloppe ainsi de l’exploitation maintenance ou PCEM, citoyenne qui concerne la gestion res- que sa protection solaire en été. Et l’effi- le bilan d’énergie grise, le bilan carbone, ponsable de faits et gestes quotidiens: cacité énergétique active, qui intègre une et d’autres critères de performances sont arrêt de l’éclairage, pas de climatisation domotique, une GTB (gestion technique à prendre en compte.  systématique, pas de poste TV ou PC en du bâtiment), soit un système de contrôle

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 33 Dossier Analyse L’efficacité énergétique constitue une priorité

Par Amina Benkhadra Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Environnement et de l’Eau.

Le thème « Les technologies des énergies renouvelables et nucléaires et leur impact sur les pays du sud » est d’une actualité certaine au regard des évènements récents survenus sur la scène internationale et régionale. En réalité, il nous interpelle tous.

e monde connaît de profondes mutations Le défi mande énergétique (les besoins en matière d’éner- qui vont transformer l’ordre productif ac- planétaire vital gie devraient augmenter de 40% d’ici 2030 et 90% tuel pour assurer le développement durable à relever est de cette augmentation est concentrée sur deux pays qui allie croissance économique responsa- de concilier la Chine et l’Inde). ble,L partage équitable des richesses et lutte contre croissance et - Une pression exacerbée sur les énergies fossiles le changement climatique. Cette profonde transfor- qui, en épuisement progressif, resteront dominantes préservation de mation devra aboutir à une économie fondée sur la à des niveaux de prix élevés production de valeurs dans l’économie réelle et non l’environnement - L’urgence de limiter l’émission des gaz à effet de virtuelle ; une croissance responsable économe de pour le bien- serre et leur impact climatique matières premières, promouvant de nouvelles activi- être des - La nécessité impérieuse de la décarbonation ra- tés durables et de nouveaux modes de consomma- générations pide des produits énergétiques fossiles tion; une géographie renouvelée par les solidarités de futures. - L’accélération du développement des énergies re- proximité, en lieu et place de la distinction obsolète nouvelables et de l’efficacité énergétique entre Nord et Sud. En somme, ce nouveau monde - La mise en œuvre d’un large éventail de techno- nous incite à approfondir notre réflexion sur la res- logies éprouvées et nouvelles et de stratégies natio- ponsabilité sociale de nos actes. nales et régionales pour sécuriser l’approvisionne- A cette hétérogénéité, le secteur de l’énergie et sa ment et généraliser l’accès à l’énergie à des coûts gouvernance n’est pas en reste. Confrontés à des raisonnables. fluctuations sans précédent des prix de l’énergie, ce - La mobilisation des financements nécessaires secteur est au cœur des problématiques cruciales de aux investissements énergétiques.(26 000 milliards transition vers un nouveau modèle de développe- de dollars prévus pour 2030 selon l’AIE) ment plus sobre et compatible avec les impératifs de Par ailleurs, d’autres défis doivent être levés, comme développement durable. la réduction de la pauvreté énergétique qui constitue Le défi planétaire vital à relever est de concilier un pilier essentiel pour la réalisation des objectifs du croissance et préservation de l’environnement pour Millénaire pour le développement. le bien-être des générations futures. Le système doit être transformé Les sept enjeux majeurs Aujourd’hui, 1,6 milliard d’êtres humains, vivant en Au niveau mondial, la transition énergétique sera majorité en zones rurales n’ont pas accès à l’élec- confrontée à des enjeux majeurs : tricité et les actions de gouvernance à prendre dans - L’émergence des pays en développement avec ce domaine devront assurer une énergie disponible, une forte croissance de leur économie et de leur de- abordable, fiable et durable pour tous. Face à ces

34 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Dossier Analyse défis, le système énergétique doit être profondément globalisée et intégrée, qui repose sur les principes de A l’instar de transformé pour sécuriser la disponibilité de l’énergie co-développement et de partenariats ambitieux et la Chine, de et son accessibilité généralisée à des prix raisonna- équilibrés à intérêts croisés, stables et à long terme. l’Inde, du Brésil bles afin de promouvoir le développement durable. Cette évolution énergétique ne saurait trouver une et d’autres, La bonne gouvernance constitue l’outil principal issue pérenne sans un dialogue NORD/SUD qui tout l’émergence pour assurer une croissance responsable fédérant à la en œuvrant à atténuer des clivages désormais désuets des pays en fois le développement économique, la protection de au regard des enjeux de la modernité, devront ériger l’environnement et la réduction des inégalités. en tant que droit universel l’accès à l’énergie et sé- développement C’est une nouvelle révolution que le monde doit curiser, à long terme et de manière viable, l’approvi- constitue, par accomplir pour pourvoir à ses besoins croissants sionnement énergétique mondial. leur poids en énergie et en eau. Ce qui implique à la fois des La consommation des pays du Nord est supérieure démographique, changements technologiques et des comportements aujourd’hui aux deux tiers de la consommation mon- économique et sociétaux nouveaux. Pour éviter une catastrophe diale mais à l’horizon 2020, celle des pays du sud, politique, une écologique irrémédiable, le monde doit accomplir dont les besoins continueront à être en forte hausse; composante une véritable révolution qui implique de profondes atteindra selon différentes estimations convergentes essentielle dans transformations technologiques, économiques et près de 40% du total mondial. ce nouvel ordre sociales par le changement radical de nos modèles A l’instar de la Chine, de l’Inde, du Brésil et d’autres, énergétique de production et de consommation. Cette mutation l’émergence des pays en développement constitue, exige l’utilisation responsable des ressources épuisa- par leur poids démographique, économique et politi- naissant. bles pour assurer la transition vers l’emploi massif que, une composante essentielle dans ce nouvel ordre des ressources renouvelables, produire proprement énergétique naissant. et consommer rationnellement, économiser et ne pas Ces tendances entraîneront une forte tension sur les gaspiller, recycler au lieu de jeter. ressources naturelles, financières et environnementa- les notamment dans les pays du sud. La solution est dans les EnR Aussi apparait-il nécessaire de vitaliser ce dialogue Dans cette perspective, les énergies renouvelables, NORD/SUD sur l’énergie, d’imaginer les gouver- propres et inépuisables, prendront progressivement nances adéquates, avant que les urgences ne devien- la relève des sources d’énergies fossiles. Elles per- nent encore plus pressantes ou insoutenables. mettront à la fois de sécuriser à long terme l’approvi- Assurer la transition vers les EnR sionnement énergétique de la planète et de préserver l’environnement en limitant les émissions de gaz à Aujourd’hui, les choix technologiques devant accom- effet de serre. pagner la transition énergétique, qu’ils émanent des Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de : pays du nord comme ceux du Sud, s’avèrent d’ores • Mettre en œuvre les technologies et les options et déjà cruciaux pour les équilibres énergétiques de disponibles pour développer toutes les ressources demain et la gestion des ressources naturelles. énergétiques Explosions en série, rupture d’enceinte de confine- • Faire de l’exploitation de tout le potentiel d’effica- ment, fusion de cœur… Les accidents observés au cité énergétique une priorité majeur sein des unités électronucléaires de Fukushima, suite • Promouvoir une intégration plus profonde des au séisme d’intensité historique, ont concentré le pire marchés régionaux et internationaux et accélérer le scénario en matière de sureté et sécurité nucléaire, transfert réel des technologies les mieux adaptées et leurs conséquences ont inéluctablement relancé un aux pays en développement vif débat sur cette filière à travers le monde. • Préserver l’environnement par le déploiement des Si aujourd’hui il est trop tôt pour tirer les premiè- énergies et des technologies propres res conclusions, le retour d’expérience attendu de • Adopter une démarche générale de développe- Fukushima, comme pour les accidents de Three ment durable. MiIes Islands et Tchernobyl, conduira à une nou- velle amélioration des contrôles et conditions de su- Le principe du co-développement reté et de sécurité, et somme toute à une évolution La nécessité de donner une ambition nouvelle à la technologique. coopération Nord- Sud n’a jamais été aussi forte et Prenant acte que les énergies fossiles resteront encore aussi pressante. L’un des principaux défis d’un par- dominantes dans le monde pour les trente prochaines tenariat Nord-Sud serait d’impulser une nouvelle années, cette mutation exige donc une utilisation res- dynamique qui permettrait de ne plus considérer les ponsable et en toute sécurité des ressources épuisa- pays du Sud comme de simples pourvoyeurs de ma- bles pour assurer la transition vers l’emploi massif tières premières ou uniquement comme des opportu- des ressources renouvelables. En somme dans le but nités de marché. Aussi, les rapports entre les socié- de produire proprement et consommer rationnelle- tés devraient-ils être basés sur une logique nouvelle, ment; un nouveau mode d’utilisation des ressources mettant en œuvre une vision stratégique plus large, fossiles reste à mettre en oeuvre. 

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 35 Dossier Analyse

D’ici 2020, la L’énergie verte tributaire de la politique rennisation des ressources naturelles. consommation Le second élan de transformations primordiales à Principaux objectifs à atteindre en énergie opérer dans le système énergétique concerne le dé- Cet essor sans précédent entraîne la croissance des primaire va au veloppement des énergies renouvelables, comme besoins en diverses formes d’énergie à un rythme moins doubler l’éolien, le solaire, l’hydroélectricité, la biomasse, la soutenu de 5% par an en moyenne. Ainsi, d’ici 2020, et celle de géothermie ou les biocarburants. la consommation en énergie primaire va au moins l’électricité Propres et inépuisables, bien réparties sur tous les doubler et celle de l’électricité tripler par rapport à continents, elles sont appelées à prendre la relève tripler par leur niveau actuel. des sources fossiles, épuisables et polluantes, dont la rapport à leur La nouvelle stratégie énergétique mise en œuvre en concentration dans un nombre limité de pays est au niveau actuel. mars 2009 pour satisfaire ces besoins croissants en centre de conflits et d’incertitudes géostratégiques. énergie a pour objectifs principaux de sécuriser l’ap- Certes, l’essor de ces énergies reste pour le moment provisionnement en diverses formes d’énergie socia- tributaire de la volonté politique des Etats parce lement et écologiquement acceptables, d’en assurer que les coûts d’investissement et de production des la disponibilité permanente et l’accessibilité généra- «énergies vertes», bien que décroissant ces dernières lisée à des prix équitables et abordables, de rationali- années, demeurent pour le moment moins compéti- ser l’utilisation et l’exploitation des sources énergé- tifs que ceux des combustibles classiques. tiques dans le respect de l’environnement. Un authentique projet de développement Pour atteindre ces objectifs, les orientations stratégi- ques adoptées visent : Bien ancré dans ses traditions et résolument tourné - La mise en place d’un bouquet énergétique diversi- vers la modernité, le Maroc, de sa large façade atlan- fié et optimisé, notamment pour la production électri- tique et de sa projection méditerranéenne, porte un que, autour de choix technologiques propres, fiables intérêt majeur aux questions de gouvernance globale et compétitifs. et de développement durable. - Le développement à grande échelle des ressources Sous la conduite éclairée de Sa Majesté Le Roi nationales considérables en énergies renouvelables, Mohammed VI, c’est un authentique projet de déve- en particulier le solaire et l’éolien, pour couvrir une loppement humain et durable qui est en cours dans part substantielle des besoins en énergie, atténuer la notre pays. dépendance énergétique, réduire les émissions des En effet, la Maroc entame une nouvelle phase de son gaz à effet de serre et protéger l’environnement. évolution, notamment avec les grandes réformes en - La promotion de l’efficacité énergétique, érigée en cours (nouvelle constitution devant consolider l’Etat priorité nationale comme le moyen le plus rapide et de Droit et la Démocratie) ainsi que la réalisation ou le moins coûteux pour mieux utiliser et économiser la lancement d’une multitude de projets structurants, l’énergie tout en réduisant notre facture énergétique. tant au niveau local que régional ou national. - La mobilisation des ressources nationales fossiles De par leur conception intégrée et leur envergure de par l’intensification de l’exploration pétrolière, la classe internationale, ces projets marquent des ruptu- mise en valeur des immenses gisements de schistes res majeures sur le plan humain (INDH), dans les sec- bitumineux et l’extraction d’uranium des phosphates. teurs clés de l’Energie (développement des énergies - L’intégration dans le système énergétique régional renouvelables et de l’efficacité énergétique, Projets africain et euro-méditerranéen pour renforcer la sé- Marocains de l’Energie Solaire et Eolienne de 2000 curité énergétique, abaisser les coûts d’approvision- MW chacun), de l’Eau (mobilisation des ressources nement, élargir les échanges, développer la coopé- hydriques et leur gestion rationnelle), de l’Agricul- ration, les transferts de technologies et la solidarité. ture (Plan Maroc Vert pour se transformer en un pays Dans son espace régional, en intégrant le plan solaire agricole et non rural), du Tourisme ( pour méditerranéen et l’initiative Transgreen, le Maroc se un tourisme développé respectueux des paysages na- pose aussi en partenaire idoine pour la promotion turels et du littoral), de l’Habitat ( construction de des échanges électriques entre le nord et le sud de la villes d’une nouvelle génération dans un cadre de vie Méditerranée. sain et convivial), des phosphates (hub industriel), de - L’application en amont des dispositifs de préser- l’Industrie (Plan Emergence pour la modernisation et vation de l’environnement dans toutes les activités le développement du tissu industriel) et des infras- énergétiques. tructures (extension du réseau autoroutier, nouveaux ports et aéroports, désenclavement des zones rurales) Une transition réalisable et la nouvelle stratégie logistique. Cette stratégie, tout en étant ambitieuse, demeure C’est un véritable bond en avant que le Maroc connaît réaliste en s’inscrivant dans les tendances énergéti- avec la réalisation de ces chantiers qui intègrent les ques mondiales à long terme et en tenant compte des impératifs du développement durable fondés sur la potentialités réelles du Maroc. bonne gouvernance, la valorisation des ressources En effet, le Maroc dispose d’atouts considérables humaines, la protection de l’environnement et la pé- pour réaliser cette transition et notamment à tra-

36 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Dossier Analyse vers la réalisation d’ici 2020 des Plans Solaire et Parallèlement que cette intégration se fait aussi dans une optique Eolien de 2000 MW chacun. A cet horizon, 42% au développe- nord/sud où un des enjeux majeurs est l’exportation de la puissance électrique totale installée au Maroc ment des vers l’Europe de l’électricité d’origine renouvela- sera d’origine renouvelable et le solaire, l’éolien et énergies ble produite au Maroc. l’hydraulique occuperont chacun 14% du parc élec- renouvelables, Actuellement, au sein de groupes communs constitués trique installé. avec l’Allemagne, l’Espagne, la France et le Portu- l’efficacité Parallèlement au développement des énergies renou- gal et avec le soutien de la Commission Européenne, velables, l’efficacité énergétique constitue une prio- énergétique experts marocains et européens, travaillent à la mise rité majeure dans notre stratégie énergétique avec constitue en œuvre de l’Article 9 de la directive européenne pour ambition d’économiser 12% en 2020 et 15% en une priorité énergie/climat visant l’exportation d’électricité verte 2030 de notre consommation d’énergie. majeure dans vers l’Europe. Le travail de ces équipes permettra la Dans cette perspective, des plans d’action d’effica- notre stratégie levée d’une partie des difficultés juridiques, financiè- cité énergétique ont été mis en place dans tous les énergétique res et technologiques en vue de l’exportation d’élec- secteurs clés, notamment, les transports, l’industrie avec pour tricité verte en Europe. Les premiers résultats de ces et le bâtiment. ambition études seront livrables à l’automne 2011 et le Maroc Ces projets, qui ont nécessité la mise place d’un ca- d’économiser abritera alors une première expérience pilote, aussi dre institutionnel et réglementaire à la fois moderne symbolique que déterminante, d’exportation d’élec- 12% en 2020 et flexible, sont actuellement réalisés dans le cadre tricité verte vers l’Europe. de partenariats publics-privés associant un ou plu- et 15% en sieurs partenaires stratégiques de référence dans les 2030 de notre L’énergie pour résoudre industries éolienne et solaire. consommation le problème de l’eau Leurs coûts d’investissement seront couverts par des d’énergie. L’installation de nouvelles capacités à partir de sour- fonds publics et privés nationaux et étrangers avec ces renouvelables, solaire et éolienne, et le dévelop- le concours des mécanismes concessionnels et non pement des réseaux électriques et des interconnexions concessionnels de financement disponibles dans le Nord/Sud et Sud/Sud, ainsi que l’efficacité énergéti- cadre de la coopération multilatérale et bilatérale. que et le transfert de technologie, permettront au Sud Ce développement à grande échelle des énergies re- d’entrer d’emblée dans le développement durable. nouvelables vise également l’appropriation des tech- Ainsi en développant leurs énergies renouvelables nologiques, l’intégration industrielle, la déclinaison inépuisables et propres, par la conservation et une dans le développement local et le renforcement de meilleure valorisation de leurs ressources en éner- la recherche & développement, approche qui dans sa gies conventionnelles, les pays du sud pourront ré- globalité devra générer à terme une économie verte. pondre dans un premier temps à leurs besoins éner- L’électricité marocaine exportée gétiques mais aussi mettre en valeur ces énergies pour pallier leur déficit prévu en eau par le dessa- Mais au delà de l’introduction de ces nouvelles lement de l’eau de mer. Ces choix portent en eux technologies qui place le Royaume en véritable les germes d’une nouvelle dynamique de croissance pionnier dans la région, il y a lieu ici de rappeler verte, génératrice d’emplois. 

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 37 Interview Saïd Mouline, DG de l’ADEREE : «Le Maroc a un pari à gagner

Le Maroc a-t-il une stratégie bien L’ADEREE entend ainsi assurer le trans- établie en matière d’efficacité éner- fert technologique et le renforcement de gétique ? Quelles sont les priorités ? capacité pour mettre à niveau le secteur.

L’efficacité énergétique à côté des énergies Le Bâtiment représente un pourcen- renouvelables est actuellement au cœur de tage important de l’énergie consom- nos préoccupations énergétiques. La mise mée y a-t-il des actions concrètes, en place d’une stratégie nationale intégrée prévues pour sensibiliser les profes- et cohérente s’est imposée d’elle-même pour faire face aux cours fluctuants de dans différents secteurs industriels avec sionnels et accompagner les entre- l’énergie et à notre très forte dépendance l’aide de la BAD et de la BEI afin de dé- prises dans une démarche qualité ? énergétique. L’objectif étant d’arriver montrer la rentabilité des investissements à économiser plus de 12% d’économie proposés avec la réalisation de centaines L’ADEREE est très impliquée dans ce d’énergie à l’horizon 2020 et 15% en 2030, d’audits énergétiques accompagnés de mé- volet. Dans ce secteur, la consommation sachant que le secteur industriel représente canismes financiers adéquats. énergétique représente plus de 36% de la le plus fort potentiel d’économie d’énergie consommation énergétique finale, dont estimé à plus de 48%, suivi par le secteur Quels sont les obstacles majeurs que 29% au niveau résidentiel et 7% au ni- du bâtiment puis du transport. Il s’agit en vous rencontrez dans la mise en œu- veau du tertiaire. Le Programme National premier lieu de mener un travail de sensi- vre des plans d’économie d’énergie? d’Efficacité Energétique dans le Bâtiment bilisation de proximité et de renforcement Les acteurs publics, associatifs et comporte une composante qualité qui vise des compétences, pour passer ensuite à la privés sont ils réceptifs ? à créer une prise de conscience chez les mise en place des recommandations de maîtres d’ouvrages et les professionnels la réglementation thermique dans le bâti- Un important effort de communication et de la construction de la nécessité d’amé- ment, ou des audits énergétiques dans l’in- de sensibilisation a été effectivement mené liorer la qualité des bâtiments, afin de ré- dustrie. Cette phase cruciale est consolidée par l’ADEREE et ses partenaires institu- duire leur consommation d’énergie. Les par la loi 47-09 sur l’efficacité énergétique tionnels pour lever progressivement les améliorations portent principalement sur et les décrets d’application correspon- barrières et obstacles qui peuvent entraver la conception architecturale, l’isolation, le dants. Le Programme National d’Efficaci- la réalisation des programmes dans les sec- choix de vitrages et l’installation d’équi- té Energétique dans le Bâtiment lancé par teurs du bâtiment ou de l’industrie. C’est pements performants comme les chauffe- l’ADEREE consolide cette approche. Il une étape capitale. Même si on a démontré eau solaires ou des systèmes de chauffage vise l’intégration de considérations d’effi- par des études la rentabilité à moyen terme et de climatisation de classe énergétique cacité énergétiques dans la conception des de l’instauration des mesures d’efficacité supérieure. Un renforcement de capacité bâtiments, ainsi que l’utilisation d’équipe- énergétique dans les deux secteurs les plus est aussi en cours de mise en place avec ments performants sur le plan énergétique. énergivores au Maroc à savoir l’industrie des actions de mise à niveau à destination Les secteurs cibles sont la santé, l’hôtelle- et le bâtiment, un effort considérable reste des professionnels. rie, l’éducation nationale et l’habitat. Dans à faire pour en assurer une large diffusion. En outre, un programme d’étiquetage éner- le cadre du soutien financier de la commis- Des programmes de démonstration sont gétique et de labellisation d’équipements sion européenne, 10 millions d’euros ont en cours de réalisation. La société civile électroménagers a été aussi mené en été alloués au programme et vise la réalisa- consolide pour sa part cette dynamique et étroite concertation avec le secteur, avec tion d’actions de démonstration des mesu- contribue à travers les associations locales un objectif d’appui à l’amélioration de la res d’efficacité énergétique à grande échel- à sensibiliser le citoyen sur les bonnes pra- qualité des produits et des équipements. le se basant sur les éléments techniques de tiques à adopter pour économiser l’énergie. Il s’agit finalement, de gagner le pari de la réglementation thermique. Ces projets Le secteur privé est aussi en pleine muta- réduire notre consommation énergétique, vont être annoncés dans les semaines qui tion puisque plusieurs bureaux d’études tout en créant une économie verte orien- viennent. Dans l’industrie, des actions pi- et de sociétés se spécialisent actuellement tée vers de nouveaux métiers générateurs  lotes ont aussi été lancées par l’ADEREE dans les audits et diagnostics énergétiques. d’emplois.

38 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Dossier Efficacité énergétique La stratégie de la France

Lors de sa présidence de l’Union européenne, la France qui avait donné un rôle central à la maîtrise de l’énergie et à la production et consommation durables avec le Grenelle de l’environnement a obtenu que soit adopté le paquet énergie-climat.

e paquet pose les bases en Europe d’une politique de Une intensité énergétique parmi les maîtrise de la consommation d’énergie, de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de développe- plus faibles de l’UE ment des énergies renouvelables sans précédent et sans La France possède une intensité énergétique finale (consomma- équivalent au monde, avec des objectifs fixés à l’horizon 2020 : C tion d’énergie rapportée au produit intérieur brut) parmi les plus tout d’abord, augmenter l’efficacité énergétique de l’Union euro- faibles de l’Union Européenne. Le schéma ci-dessous présente la péenne de 20 % entre 2005 et 2020 ; ensuite, réduire les émis- position de la France au sein des pays de l’Union Européenne en sions de gaz à effet de l’Union européenne de 20 % par rapport à termes d’intensité énergétique finale en 2008. 1990; enfin, porter à 20 % la part d’énergie renouvelable au sein de l’Union européenne. Des objectifs ambitieux La France s’est engagée au niveau européen à respecter un double objectif : - La directive 2006/32/CE du 5 avril 2006 relative à l’efficacité énergétique dans les utilisations finales et aux services énergéti- ques (ESD) fixe un objectif d’économies d’énergies de 9% à hori- zon 2016. - La France s’est également engagée à respecter les termes du paquet énergie-climat conclu en 2008 prévoyant une améliora- tion de 20% de l’efficacité énergétique de l’Union Européenne en 2020. En 2007, le Grenelle de l’environnement a renforcé la politique énergétique de la France, en fixant des objectifs très ambitieux dans tous les secteurs de l’économie, et notamment : - La maîtrise de la demande en énergie dans le bâtiment, à tra- vers un programme de ruptures technologiques dans le bâtiment neuf et un chantier de rénovation énergétique radicale dans l’exis- Une consommation d’énergie tant. Dans le neuf, les bâtiments basse consommation seront géné- finale stable ralisés dès 2012, et les bâtiments à énergie positive en 2020. Dans l’existant, un objectif de réduction de 38 % des consommations La consommation d’énergie finale de la France (corrigée des va- d’ici 2020 a été fixé ; riations climatiques) a été quasiment stable entre 2001 et 2008, - Le développement accéléré des modes de transport non routier autour de 160 Mtep par an, traduisant ainsi l’efficacité des politi- et non aérien. Un ensemble de mesures est mis en place pour en- ques publiques en faveur de l’amélioration de l’efficacité courager les reports de trafic vers les modes de transport les moins énergétique de la France. Auparavant, entre 1990 et 2000, elle émetteurs de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques et s’accroissait de + 1,1 % par an.  pour améliorer l’efficacité des modes de transport utilisés. L’année 2009 marque une rupture, avec une baisse de 3 %

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 39 Dossier Efficacité énergétique amenant la consommation d’énergie finale à environ 155,9 Mtep. tion tendancielle des consommations d’énergie de la France en La crise financière et économique joue un rôle important dans la l’absence du Grenelle de l’Environnement. baisse de la consommation d’énergie finale constatée en 2009. Au-delà de ce point précis, les scénarios sont un exercice pros- pectif et intègrent les limites inhérentes à toute modélisation de la demande d’énergie ; les résultats dépendent fortement des hypo- thèses prises pour estimer l’impact des différentes mesures sur la consommation d’énergie.  Résultats Le graphique ci-dessous présente l’évolution historique de la consommation totale d’énergie finale de la France entre 1990 et 2009, puis les évolutions prospectives entre 2009 et 2020 selon

Les principaux postes de consommation sont les suivants : • Le résidentiel - tertiaire : 68,7M tep soit 44% du total ; • Les transports : 49,8 Mtep soit 31,9 % du total ; • L’industrie : 33,4 Mtep soit 21,4% du total ; • Le secteur agricole : 4,1M tep soit 2,6% du total. Evaluation des mesures du Grenelle en matière d’efficacité énergétique  Les économies d’énergie estimées en 2020 les scénarios PG et AMS. La France a choisi d’évaluer le volume des économies d’énergie La mise en œuvre de la stratégie de la France en terme d’efficacité atteint en 2020par un exercice de scénarios prospectifs « Énergie énergétique permet de porter la consommation nationale d’éner- Climat Air ». gie finale à 135 Mtep à l’horizon 2020, contre 163 Deux scénarios sont utilisés pour calculer le volume d’économies Mtep dans le scénario à caractère tendanciel pré-Grenelle, soit d’énergie réalisé en 2020 : une réduction en valeur relative de 17 %. - le scénario « pré-grenelle » (PG), scénario tendanciel estimant Le tableau ci-dessous détaille les résultats obtenus en termes l’évolution de la consommation d’énergie de la France en l’ab- d’économies d’énergie finale en 2020, hors consommations du sence des objectifs et mesures décidés lors du Grenelle de l’Envi- secteur SCEQE, du secteur aérien, des soutes internationales et ronnement, d’énergie solaire thermique.  - le scénario « avec mesures supplémentaires » (AMS), scénario fondé sur la modélisation de l’impact de l’ensemble des mesures [Mtep] 2009* 2020 Économies décidées à l’été 2010, et des objectifs sectoriels inscrits dans la loi d’énergie suite au Grenelle de l’environnement. en 2020 Les économies d’énergie réalisées à une date donnée sont esti- Scénario PG 137,8 139,9 mées par la différence entre les consommations d’énergie finale Secteur résidentielter- 68,7 75 du scénario PG et du scénario AMS, hors installations soumises tiaire à la directive Système Communautaire d’Echange de Quotas d’Emissions (SCEQE), carburants utilisés pour le transport aérien Secteur transports 48,3 42 et les soutes maritimes internationales2. Secteur industriel 16,8 19,8  Limites Autres (agriculture, 4,1 3,2 BTP, ...) Le scénario PG est calé sur des données (indicateurs d’efficacité Scénario AMS 137,8 111,4 28,4 énergétique, structure du parc de consommation par combustible, …) datant pour certaines de 2008 ou 2009, notamment dans le Secteur résidentielter- 68,7 50 24,9 secteur des transports. Il intègre donc déjà l’impact de certaines tiaire mesures mises en place suite au Secteur transports 48,3 38,8 3,2 Grenelle de l’Environnement sur l’efficacité énergétique des sec- Secteur industriel 16,8 19,4 0,3 teurs concernés. A titre d’exemple, l’effet du bonus-malus auto- Autres (agriculture, 4,1 3,2 0 mobile sur la consommation moyenne des véhicules particuliers BTP, ...) neufs entre 2007 et 2009 est déjà pris en compte dans le scénario PG. Le scénario PG représente donc une minoration de l’évolu- *Source : bilan énergétique de la France, SOeS

40 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Dossier

Un exemple concret d’actions en faveur de l’efficacité énergétique

Chaque consommateur d’énergie électri- la possibilité de : que détient une partie des réponses pour · développer une marge de flexibilité mieux maîtriser la demande d’énergie et dans ses outils de production ou ses instal- participer à l’équilibre entre production lations; et consommation d’électricité… Véritable · valoriser ses capacités de modulation de enjeu du réseau intelligent, l’effacement sa consommation d’électricité ; des pointes de consommation permet de · valoriser ses moyens d’autoproduction réduire fortement les coûts des consomma- (groupes électrogènes, cogénération, so- teurs, les émissions de CO2 et d’améliorer laire, éolien...) aux heures de pointe ou en le rendement de l’investissement. C’est un heures creuses. énorme atout pour assumer les 500 heures annuelles durant lesquelles la demande est trop forte.

Aujourd’hui, EnergyPool représente 80% Pour assurer l’équilibre de l’offre et de la du marché français de l’effacement élec- demande d’énergie électrique, lisser les trique et occupe une position de leader au pics de consommation et contribuer ainsi à niveau mondial. La société maîtrise une la sobriété énergétique, EnergyPool, grâce centrale virtuelle de 1000 MW de consom- au partenariat financier, technologique et mation électrique effaçable en France, pi- humain de Schneider Electric, a développé lotée 24/7 depuis son centre d’exploitation un savoir-faire technologique unique sur le à Chambéry (Rhône-Alpes). marché de la modulation de la consomma- Reconnu pour sa fiabilité et son savoir-fai- tion électrique. La société est aujourd’hui re, EnergyPool a été retenu par RTE pour le premier agrégateur d’effacement de gros consommateurs d’électricité en France (gros sites industriels, type sidérurgie ; plication extrêmement fine et profession- gros consommateurs diffus, type grande nelle des méthodes de modulation : cha- distribution, etc. qui représentent plus que site est géré en temps réel, machine de 50% de la consommation en France). par machine et contrôlé par un pilotage EnergyPool développe des technologies central comparable à la gestion d’un cen- proposant de répondre à trois impératifs tre de production d’énergie. La gestion en pour atteindre une meilleure sobriété éner- pool des gros consommateurs permet de gétique : limiter le recours à des systèmes de pro- • Baisser la consommation électrique duction thermiques aux heures de pointe et la première ouverture de la réserve rapide pendant les périodes de pointes ; de réduire les émissions de gaz à effet de française aux gros consommateurs. Ce • Utiliser l’électricité excédentaire dans serre issues de la production d’électricité. sujet de sûreté était réservé jusque-là aux les heures creuses ; En période creuse, l’énergie excédentaire seuls producteurs fiables pour dépanner le • Apprendre à stocker l’électricité dans est par ailleurs mobilisée et mise au service réseau en moins de 13 minutes, 365 jours les process. des mêmes gros consommateurs, la société par an. La demande en France augmente La solution innovante d’EnergyPool activant directement des machines contrô- environ de 2 GW par an, l’effacement consiste à créer une centrale électrique lées et désignées en temps réel à partir de pourrait augmenter du double et permettre virtuelle capable d’abaisser les pointes de son centre de pilotage. de robustes économies aux consomma- consommation ou de consommer dans les Avec EnergyPool, chaque gros consomma- teurs, aux producteurs et à l’Etat, tout en périodes creuses. teur d’électricité (plus de assurant une meilleure qualité de service La réussite du modèle provient d’une ap- 10MW répartis sur un ou plusieurs sites) a 24h/24h. 

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 41 Opérateurs & Associés Adhésions Nouveaux adhérents à la fédération

Les sociétés, ACL Environnement, Circle Oil Maroc, Cofely Maroc, Soitec et Alstom Maroc, ont demandé et obtenu leur adhésion à la Fédération de l’Energie, en se conformant à ses statuts.

• ACL Environnement, partenaire des col- les cinq continents (plus de 90 % de son lectivités locales pour le développement du chiffre est réalisé à l’export). service public. SOITEC, partenaire majeur dans l’industrie - Planification, Audit et Modélisation photovoltaïque : Desertec et . a. Schéma Directeur SOITEC est le premier fabricant de systè- b. Etude de projet d’infrastructure gie locale (Vapeur, eau chaude, eau glacée, mes CPV à avoir été retenu en juin 2010 c. Accompagnement dans le financement air comprimé, électricité, cogénération) à pour le projet Desertec de production de projets partir d’énergies primaires conventionnel- d’énergie dans le désert. Desertec est une d. Audit des systèmes d’exploitation exis- les ou nouvelles et renouvelables (solaire, initiative qui a été lancée sous l’appellation tants (patrimoine, SI…) biomasse, biogaz, éolien…). « Desertec Industrial Initiative » (DII- en e. Modélisation finacière et régulation. Créée en 2002, COFELY Maroc intervient juillet 2009 dans le but d’encadrer les inves- en tant qu’acteur reconnu dans les métiers tissements visant à approvisionner la région • Circle Oil Maroc Limited, société irlan- multi-techniques et FM au Maroc, ses ac- MENA et l’Europe en électricité renouvela- daise Circle Oil, spécialiste de la prospec- tivités s’exercent dans le cadre de contrats tion pétrolière et de gaz naturel. globaux de gestion d’installations techni- ques de FM et de performance énergétique et environnementale et dans la réalisation de travaux d’installations techniques. Sa stratégie de développement est orientée vers des offres de gestion globale multi- technique, FM et de performance énergé- tique, des offres intégrées de conception, financement, réalisation de centrales de production d’énergie locale et renouvelable et de réseaux urbains de distribution. La société Circle Oil Maroc Limited a ini- tié dans le cadre de l’accord pétrolier Sebou • SOITEC, une entreprise industrielle in- ble d’origines solaire et éolienne. Onshore signé avec l’ONHYM le 14 juin ternationale, leader mondial dans la géné- Le 14 septembre 2010, SOITEC rejoignait 2006, une première campagne de 6 forages ration et la production de matériaux semi- également l’initiative Transgreen, devenu démarrée en septembre 2008 et ce pour ap- conducteurs d’extrêmes performances au Medgrid. Créé dans le cadre du Plan so- précier les anomalies détectées par la sismi- cœur des enjeux de l’électronique et de laire, Méditerranéen, Medgrid encourage que 3D réalisée à la fin de l’année 2007. l’énergie. le développement d’un réseau de transport SOITEC a acquis sa réputation grâce à la d’électricité pour répondre aux besoins im- • COFELY MAROC, Société de services fabrication de son matériau phare : le SOI portants d’échanges d’électricité entre les en efficacité énergétiques et environne- ou Silicium sur Isolant. deux rives de la Méditerranée. mentales. Aujourd’hui, avec sa technologie Concen- Au Maroc, cette société est conseillée par Sa compétence : trix™, Soitec est devenu leader dans la fa- ARCTURUSGROUP, un cabinet de conseil - Maintenance multitechnique et Facility brication de systèmes photovoltaïque à forte en stratégie institutionnelle. Management ; concentration dédié à l’industrie solaire. Ces nouvelles adhésions sont le résultat - Efficacité énergétique. Son portefeuille de clients est composé d’une prospection active de la Fédération - Conception, réalisation, exploitation, fi- d’acteurs mondiaux des marchés de la mi- de l’Energie et des effets induits de la nou- nancement de centrale de production d’éner- croélectronique et de l’énergie présents sur velle stratégie nationale de l’énergie. 

42 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Opérateurs & Associés Investissements Politique volontariste de la SIE

Créée en février 2010 à l’initiative du ministère de l’Energie et des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, la Société d’Investissements Energétiques (SIE) est l ‘opérateur financier investisseur de référence de l’Etat dans le domaine des énergies, et plus particulièrement dans le domaine des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.

les savoir-faire de production d’énergie présentent de grands écarts. L’équipe SIE a analysé de près la maturité des technologies et des marchés pour cha- que type d’énergie renouvelable au niveau mondial, elle a aussi tiré les enseignements des expériences et choix des pays les plus avancés en la matière. Le contexte régional et africain reconnu pour son poten- tiel et l’ampleur de la demande pour l’accès à l’élec- tricité a aussi été regardé de près. Cette analyse a été transposée sur la situation du Ma- roc pour établir les secteurs d’investissements priori- taires à court, moyen et long termes. Première actions avec les régions Ahmed Baroudi, DG de la SIE En parallèle, la SIE a travaillé à développer un por- tefeuille de projets d’investissements dans les diffé- ociété anonyme d’Etat au capital initial d’un rents secteurs identifiés. Ces ainsi que les premières milliard de dirham, la SIE a pour principale La SIE tire les actions ont été concrétisées : lancement d’un projet mission l’accompagnement par l’investis- enseignements pilote biomasse pour la validation d’un concept ré- sement du plan national de développement des expériences plicable au niveau national, prise de participation à des énergies renouvelables à haute qualité environ- S et choix des hauteur de 25 % dans le capital de l’Agence MA- nementale. La SIE est également appelée à investir SEN, signature d’une convention avec l’ONE et le des ressources énergétiques renouvelables et le ren- pays les plus Fonds Hassan II pour lancer le programme national forcement de l’efficacité énergétique. Elle est aussi avancés en éolien de 100 MW comprenant une composante in- amenée à répondre aux enjeux d’industrialisation des la matière tégration industrielle importante, instruction de pro- différentes filières énergétiques prioritaires, contri- pour l’accès à jets éoliens avec des partenaires privés nationaux et buant notamment au développement de leurs chaînes l’électricité. internationaux. de valeur et au développement des acteurs économi- La SIE a aussi entamé ses premières actions avec ques nationaux. La SIE ciblera en priorité ses inves- les Régions dans l’objectif de les accompagner dans tissements dans des projets concernant les énergies leurs réflexions et de mener des actions d’investisse- renouvelables, à savoir l’énergie solaire (hors centra- ments concrètes dans le cadre de sa mission. les) la biomasse, l’éolien et l’hydraulique. Concernant l’investissement proprement dit, la SIE Les modalités d’intervention de la SIE sont en prio- mène une politique volontariste visant à assurer sa rité des prises de participations actives dans des so- durabilité. Elle intervient par des prises de partici- ciétés menant des projets concrets, rentables et de pation minoritaires actives dans des sociétés menant faisabilité avérée, notamment dans les domaines de des projets concrets, rentables et dont la faisabilité l’énergie solaire (hors centrales), de l’éolien, la bio- industrielle est démontrée. Les prises de participa- masse et de l’hydro-électrité. tion sont formalisées par l’établissement d’un proto- Dès sa création, un travail de fonds a été réalisé qui cole d’associés prévoyant la contribution de chaque a consisté à analyser en profondeur les diverses actionnaire, les modalités de gouvernance et de liqui- énergies renouvelables disponibles pour lesquelles dité. La SIE applique une politique de répartition 

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 43 Opérateurs & Associés Investissements diversifiée des capitaux d’investissements et La mise en investis par secteur à d’amplifier ainsi sa place d’une d’autres investisseurs. contribution au Plan société de 100 % des revenus de Energétique National. gestion de droit la société sont réinves- D’une taille cible marocain et de tis dans de nouveaux composite entre 1 et 2 son équipe de projets, l’objectif à ter- milliards de dirhams, minaison étant en place le FER sera dédié à gestion, dont d’un outil financier dé- l’investissement dans le rôle sera de dié à l’investissement des projets relevant gérer le fonds pérenne et autonome. des énergies renouve- d’investis- La stratégie d’investis- lables, principalement sement ENR sement retenue a pour éoliennes. Il sera géré en recourant objectif de permettre conformément aux aux meilleures à la SIE de mener des meilleures pratiques pratiques actions conformes aux internationales et réu- internationales standards internationaux, garantissant transparence nira un tour de table d’investisseurs marocains et in- dans le et lisibilité. Elle consiste également en la création ternationaux, dont la société d’Investissements Ener- d’une structure de fonds pour mobiliser les capitaux gétiques (la « SIE) fera partie à hauteur de 20 % de la domaine. institutionnels et privés. Cette initiative constitue part des investisseurs marocains (dans la limite d’un une démarche innovante qui a peu d’égal au plan montant de 200 millions de dirhams). Le Consor- international, si l’on excepte la référence notable de tium sélectionné par la SIE réunit toutes les qualités la CDC, institution financière de développement du et l’expertise nécessaires pour gérer le FER, dans gouvernement britannique, pratiquée à grande échel- le seul intérêt de ses futurs actionnaires : expertise le depuis 2004. Pour atteindre cet objectif, la SIE a technique en investissement et en développement de ainsi prévu de rechercher un effet de levier auprès projets de production électrique d’origine renouvela- des investisseurs privés : l’association de la SIE, avec ble ; connaissance du terrain, de l’environnement des des partenaires privés, devrait effectivement rendre affaires marocaines et proximité avec les principaux possible, d’une part, une amplification notable de sa donneurs d’ordre du secteur énergétique. capacité d’investissement, et, d’autre part, la réali- sation ders premiers investissements dans des délais Plusieurs projets d’intestissement plus rapprochés. dans le pipe Le ‘‘FER’’ géré selon les En vue de la levée de fonds qu’il est prévu d’engager au cours du quatrième trimestre 2011, les supports standards internationaux juridiques et marketing destinés aux futurs investis- Deux premiers outils de placement marocains sont seurs du FER (présentation détaillée du Fonds, mé- engagés, ils correspondent à un fonds pour les pro- morandum de placement privé, projets de documents grammes d’énergies renouvelables et à un fonds dé- de constitution du Fonds, etc .) sont en cours d’éla- dié à l ‘efficacité énergétique. La taille des fonds est boration par le Consortium, en étroite collaboration définie en fonction du potentiel marché du secteur avec les équipes de la SIE. Ceci passe également par visé et la SIE est le « core investisseur » pour cha- la mise en place d’une société de gestion de droit ma- que fonds ; ils ont une durée allant de 7 à 10 ans. La rocain et de son équipe de gestion, dont le rôle sera gestion des fonds est confiée à une société de gestion de gérer le fonds d’investissement ENR en recourant spécialisée sélectionnée suite à appel d’offres inter- aux meilleures pratiques internationales dans le do- national. maine. De ce point de vue, la conformité aux règles Alors que le fonds dédié à l’efficacité énergétique fait de structuration les plus généralement observées par toujours l’objet d’analyses préalables (profondeur de les fonds d’investissement (répartition des rôles, marché, faisabilité des mécanismes financiers…), gouvernance, indépendance et neutralité et profes- l’appel d’offres initié par la SIE en juillet 2011 a sionnalisme du processus de décision) constitue un vu la sélection d’une société de gestion du Fonds élément clé pour l’attractivité du fonds auprès des en Energies Renouvelables (« FER ») constituée du investisseurs nationaux et internationaux. consortium formé par la Compagnie Benjamin de Par ailleurs, plusieurs projets d’investissement sont Rothschild, Ascent Capital et Akuo Investment Ma- d’ordre et déjà en cours d’examen par les experts nagement (le « Consortium »). Cette initiative permet techniques du consortium, notamment sur la base à la SIE, à travers un partenariat avec des acteurs pri- de dossiers préliminaires transmis par la SIE. Ceci vés ayant des références dans le domaine de la struc- permettra d’envisager la mise en œuvre des premiers turation et de la gestion de fonds d’investissements, investissements dans des délais relativement courts notamment dans le domaine des énergies renouvela- après le premier closing financier du FER, prévu bles, de démultiplier et d’accélérer son programme pour le premier trimestre 2012. 

44 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Opérateurs & Associés Développement Libya Oil Maroc se positionne

Libya Oil Maroc a amélioré la performance de ses ressources, qu’elles soient humaines ou matérielles. Elle a réalisé ainsi un investissement dépassant les 100 millions de DH axé principalement sur la création de nouvelles stations- services ainsi que la mise à niveau de son réseau existant.

rois ans seulement après son implantation Elle a réalisé ainsi un investissement dépassant les au Maroc, Libya Oil Maroc affiche d’ex- 100 millions de DH axé principalement sur la créa- cellents résultats. La société est devenue tion de nouvelles stations-services ainsi et la mise à un opérateur clé dans le secteur pétrolier à niveau de son réseau existant. traversT l’augmentation de sa part de marché, la diver- A ce titre, Libya Oil Maroc a déjà inauguré 14 nou- sification de son offre et à un plan de développement velles stations-services à travers le Royaume et en intense qui s’appuie sur la culture du service et de la prévoit 5 autres avant la fin de l’année. proximité. Diversification de l’offre produits, expansion du ré- Libya Oil Maroc a en effet réussi à se positionner seau de stations-services et revendeurs, rénovation dans le secteur en tant que fournisseur incontourna- et réorganisation des stations, développement d’une ble en termes de qualité de produits et services. Pré- culture de conseil et de service… sont les plus grands sent sur tout le réseau marocain, le groupe compte succès de Libya Maroc. Un succès qu’elle a atteint aujourd’hui plus de 200 stations-services. Motivée grâce à une stratégie d’approvisionnement ambitieux par le besoin de proximité et l’exigence de la qualité, appuyée par Libya Oil Holdings Limited. Libya Oil Maroc le groupe a su améliorer l’offre dans les stations-ser- Implantée dans 24 pays en Afrique, Libya Oil Holdings a déjà inauguré vices par la commercialisation de produits et services Limited vise à renforcer son développement durable. 14 nouvelles annexes ainsi que le développement des schémas lo- Le groupe est en croissance progressive depuis 2001. stations- gistiques appropriés. Libya Oil Maroc compte aussi Actif dans le secteur de la distribution dont la vente un large portefeuille de revendeurs et multiplie ses au détail et en gros, l’aviation et les lubrifiants, Libya services à activités dans le domaine de l’aviation, la marine et Oil est actuellement présent au Burkina Faso, Came- travers le de l’industrie. roun, Côte d’Ivoire, Egypte, Erythrée, Gabon, Ke- Royaume et en Pour Libya Oil Maroc, le développement commer- nya, Libye, Mali, Niger, Ouganda, Sénégal, Tchad e prévoit 5 autres cial et financier n’a jamais été indépendant du déve- l’île de la Réunion, Tunisie, Maroc, Djibouti, Ethio- avant la fin loppement durable et éthique. Le groupe a ainsi mené pie et Soudan.  de l’année. toutes ses activités conformément à la réglementa- tion nationale et internationale en termes de respect de l’environnement et de la sécurité. Opérant dans le respect des règles, Libya Oil Maroc est devenue une référence en matière de l’engagement écologi- que et du développement durable. Depuis ses débuts au Royaume, Libya Oil Maroc a également montré son engagement qualité. Ses lubrifiants, fabriqués au Maroc et certifiés ISO 9001, se caractérisent par leur haute qualité et leur conformité aux standards internationaux. Considérée comme une référence dans le secteur quant au respect de la sécurité, de l’environnement et de la santé, Libya Oil Maroc dou- ble d’efforts pour afficher les règles HSE parmi ses priorités. Libya Oil Maroc a amélioré la performance de ses ressources, qu’elles soient humaines ou matérielles.

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 45 Opérateurs & Associés Casablanca Lydec sécurise la distribution électrique

fin juin 2001, la consommation d’électri- volume eu égard à la part de la capitale économique cité a augmenté au Maroc de 7,8 %. dans la consommation électrique nationale. Selon la dernière note de conjoncture du Lydec, en accord avec les autorités, anticipe les be- ministère des Finances et de l’Economie, soins futurs et procède à d’importants investisse- Acette évolution est attribuable essentiellement à la ments afin de répondre à l’augmentation de lade- hausse de la consommation de l’énergie de très haute mande en énergie, d’améliorer la qualité de service et moyenne tensions de 7,7 %. et de renforcer la sécurité d’alimentation. A Casablanca, la hausse de la consommation n’a Lydec doit également prendre en compte le raccorde- pas dépassé 2,1 % en raison d’une part de la forte ment de projets importants tels que la Marina, le Mo- implication de Lydec au plan d’économie d’énergie rocco Mall, Anfa-Place, l’AUDA ou la ville nouvelle développé au niveau national (PNAP) et du contexte de Zénata, ainsi que les installations du tramway de économique d’autre part. Casablanca. Néanmoins, cette croissance reste très importante en Dans ce cadre, Lydec a mené plusieurs actions de renouvellement et de renforcement des infrastructu- res d’électricité (postes-sources HT/MT, pose de câ- bles, doublement de puissance, modernisation de son centre de télésurveillance et télégestion, le Bureau Central de Conduite). 200 MDH de travaux seront réalisés cette année.  A Casablanca, l’infrastructure de l’électricité se compose de : J.P. Ermenault, • 10 postes sources HT/MT d’une puissance de 1.370 MVA DG de Lydec, • 3.050 postes de distribution publique MT/BT s’entretenant d’une puissance de • 1.215 MVA avec Mohamed • 1.672 postes clients d’une puissance Sajid, maire de de 1.093 MVA • 2.260 km de réseau MT. Casablanca (à d.)

Morocco Mall, le méga-projet qui sera raccordé par la Lydec

46 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Économie & Énergie Pages 48 à 54

Initiative Climat Paris-Nairobi Pages 48-49

Les EnR en Afrique du Nord L’UE pour un partenariat fiable Le Togo et l’expérience marocaine Page 51 Page 52 Page 53

Maroc-Perou Page 54

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 47 Économie & Énergie Initiative Paris-Nairobi 2012, l’année intérnationale de l’énergie durable pour tous

Le Maroc, pays partenaire à l’Initiative Climat Paris-Nairobi pour l’accès aux énergies propres est disposé « à jouer un rôle actif pour assurer le succès de sa mise en œuvre et sa pérennité », a affirmé à New York le secrétaire général du ministère de l’Energie et des Mines, Mohamed Yahya Zniber.

’accès à des services énergétiques moder- nes joue un rôle important pour la réalisa- tion des objectifs nationaux et des Objec- tifs du Millénaire pour le développement, ainsiL que ceux de l’Initiative du secrétaire général des Nations unies pour l’Energie durable pour tous, a indiqué M. Zniber dans une allocution à la réunion sur l’Initiative Paris-Nairobi sur l’Energie, tenue en septembre à New York. « Il permettra également de conforter notre action pour faire de 2012 l’année internationale de l’énergie durable pour tous », a-t-il ajouté, notant que les défis à relever se retrouvent aux niveaux de la promotion de l’innovation et la diffusion des financements, de l’in- Mohamed Yahya Zniber tégration des marchés régionaux de l’énergie, de la réalisation de projets régionaux à effet intégrateur, de la recherche des synergies entre les secteurs de l’eau La réussite désormais impératifs. et de l’énergie, du développement de réseaux d’échan- de l’Initiative « En nous engageant sur cette voie, nous faisons le ges et de la promotion de partenariats public-privé. et processus pari d’une réelle mutation où le développement des « Les profondes mutations du secteur énergétique au régionaux et énergies renouvelables, la sobriété énergétique et les nouvelles technologies de l’environnement se trou- niveau planétaire tendront à transformer l’ordre pro- internationaux ductif actuel pour assurer un développement durable veront placés au cœur de nos stratégies économi- sur la scène ques», a-t-il estimé. alliant croissance économique responsable, équité énergétique sociale, solidarité régionale et lutte contre le change- Il a relevé, à cet égard, que « la réussite de l’Initiative devront ment climatique », a-t-il poursuivi. et processus régionaux et internationaux sur la scène favoriser notre énergétique devront favoriser notre dialogue, notre La relève des énergies fossiles dialogue, notre coopération et la coordination interrégionale, afin de permettre un accès universel à l’énergie ». Dans cette perspective, les énergies renouvelables, pro- coopération et M. Zniber a tenu à souligner que « la réussite de pres et inépuisables, qui prendront progressivement la la coordination l’Initiative Climat Paris-Nairobi suppose le renforce- relève des sources d’énergies fossiles, permettront à la interrégionale, ment de la cohérence et de la mutualisation entre les fois de généraliser notre accès à l’énergie, de sécuriser afin de différents acteurs, la fixation de priorités spécifiques, notre approvisionnement énergétique à long terme et de permettre un mesurables, réalistes et définis dans le temps ainsi réduire les impacts sur le climat ». accès universel que la mise en place d’instruments de suivi permet- Dans la même logique, et comme les préoccupations à l’énergie tant d’assurer une communication continue afin de futures ne seront pas tant la pénurie des ressources mieux partager les expériences et de mieux coordon- énergétiques que leur utilisation rationnelle, des pro- ner les initiatives, et une évaluation périodique des grammes volontaristes d’efficacité énergétique sont « actions menées ». 48 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Économie & Énergie Initiative Paris-Nairobi

Plusieurs chantiers sont en marche au Maroc en particulier le lancement de deux importants projets d’énergies solaire et éolienne comme celui de Ouarzazate En outre, cette initiative devrait s’appuyer sur les gné que les programmes ciblent les principaux sec- initiatives multilatérales et bilatérales existantes, no- teurs consommateurs, notamment l’industrie, le trans- tamment le partenariat Afrique-UE énergie qui dis- port et l’habitat et font appel à des mesures incitatives pose déjà de plans d’actions et d’un Programme de et à des actions d’éducation et de sensibilisation. coopération Afrique-UE dans le domaine des éner- Les réformes entreprises aux niveaux législatif, institu- gies renouvelables, a-t-il insisté, rappelant que le tionnel, incitatif et financier « nous permettent de met- Maroc « connaît une réelle dynamique globale ver- tre en place un cadre attrayant, cohérent, clair et stable tueuse de réformes majeures et un vaste chantier de et de donner la visibilité nécessaire aux opérateurs et programmes d’envergure afin de protéger notre envi- investisseurs dans ce domaine », a affirmé le secrétaire ronnement et d’assurer une croissance économique général du ministère de ‘énergie et des mines. forte et un développement humain durable et intégré bénéficiant à tous nos concitoyens et à toutes les ré- Coopérations triangulaires avec l’Afrique gions de notre pays ». Il a par ailleurs rappelé que le Royaume du Maroc a « Notre stratégie de développement durable se re- « opté depuis longtemps pour des relations étroites trouve au cœur des stratégies sectorielles volontaris- et solidaires avec l’ensemble des pays africains, tant tes adoptées, notamment dans les secteurs de l’eau, au niveau bilatéral que sur le plan multilatéral dans de l’énergie, de l’industrie, de l’agriculture, du tou- le domaine de l’énergie », citant à cet égard les ac- risme et du logement social », a-t-il indiqué, relevant cords, programmes de coopération et autres projets que les programmes environnementaux lancés par le conjoints entre les opérateurs marocains de l’énergie Maroc « constituent, grâce à la croissance verte qu’ils et leurs homologues africains, notamment en prove- engendreront, un gisement formidable d’opportuni- nance du Sénégal, de la Sierra Leone, du Mali, du tés pour notre pays en termes d’investissements et de Tchad, du Niger, du Cap-Vert, de la Gambie et du création d’emplois ». Kenya. Ces projets concernent en particulier l’élec- trification rurale, la construction ou la réhabilitation Plusieurs chantiers sont en marche de centrales électriques et de réseaux de distribution. « Conformément aux priorités de notre stratégie, Des actions d’assistance technique ont été également nous avons entrepris la réalisation de projets majeurs menées, notamment en matière de renforcement des et l’adoption de réformes ambitieuses nous permet- capacités institutionnelles et organisationnelles, de tant un développement accéléré des énergies renou- systèmes d’informations, de formation et de gestion velables, une promotion volontariste de l’efficacité des ressources humaines et d’études tarifaires. énergétique et une inscription accrue dans la dynami- Le Maroc a entrepris également des coopérations que de développement de la coopération régionale et triangulaires dans le domaines énergétique en faveur internationale et d’intégration des marchés régionaux des pays africains, notamment en matière de renfor- de l’énergie », a encore rappelé M. Zniber. cement des compétences. Il a indiqué que plusieurs chantiers sont en marche au La réunion de New York a vu la participation de Mme Maroc citant, en particulier, le lancement de deux im- Kosciusko-Morizet, ministre français, chargée de portants projets d’énergies solaire et éolienne, « qui l’Ecologie, du Développement durable, du Transport nous permettront de faire passer la part des énergie et du Logement, du ministre sénégalais de l’Energie renouvelables dans la puissance électrique installée ainsi que du vice-ministre kenyan de l’Energie. totale à 42 % à l’horizon 2020, alors que 2,5 Mtep La délégation marocaine comprenant outre M. Zni- en combustible fossile seront économisées annuelle- ber, Mme Zakia Midaoui, directeur de la Coopération ment et que l’émission de près de 9 millions de ton- multilatérale au ministère des Affaires étrangères, et nes de CO2 sera évitée chaque année ». M. Soussi, conseiller à la Représentation permanente En matière d’efficacité énergétique, axe prioritaire de du Maroc auprès de l’ONU.  la stratégie énergétique nationale, M. Zniber a souli-

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 49 Économie & Énergie Forum L’impact des EnR sur les pays du Sud

Le développement du secteur des énergies renouvelables passe inéluctablement par le renforcement de la coopération Nord-Sud, ont souligné les participants à un colloque organisé dans le cadre du 33e Moussem culturel international d’Assilah.

ors de cette rencontre organisée sous le coordination internationale dans le cadre d’une ap- Le règlement thème « Les technologies des énergies re- proche participative susceptible à garantir une sécu- des conflits nouvelables et nucléaires et leur impact sur rité énergétique mondiale. liés à l’énergie les pays du Sud », ils ont déclaré que les est de nature paysL du Sud, eu égard à leur positionnement géogra- Miguel Angel Moratinos, ancien à améliorer le phique et leurs spécificités que offrent de meilleurs ministre espagnol des Affaires climat de liberté opportunités en matière de développement des éner- étrangères a, quant à lui, relevé gies renouvelables en particulier les énergies solaire l’importance d’œuvrer pour ga- et des droits de et éolienne. rantir un certain équilibre en ma- l’Homme dans Ces pays et malgré ces atouts se trouvent confron- tière d’accès aux sources énergé- les pays du Sud tés à plusieurs difficultés liées notamment au déficit tiques entre les Etats, invitant les en matière d’accès aux nouvelles technologies, ont pays du Nord à redoubler d’ef- fait remarquer les conférenciers, appelant à cet égard forts en faveur des pays du Sud dans le domaine de au renforcement de la coopération avec les pays du développement des sources énergétiques. Nord pour pallier à ces obstacles. Et de souligner que le développement des énergies Pour sa part, le prési- renouvelables est porteur d’un avenir meilleur pour dent du Directoire de les pays du Sud, se félicitant à cet égard de l’expé- l’Agence marocaine rience du Royaume en la matière. de l’énergie, Mustapha Bakhoury a relevé que Mohamed Benaïssa, secrétaire gé- le Maroc réalise des néral de la « Fondation du Forum grands projets et chan- d’Asilah », a souligné dans ce tiers structurants dans le domaine du développement sens l’importance du renforcement des énergies renouvelables et a appelé, par ailleurs, du partenariat Nord-Sud dans le à la promotion de la recherche scientifique et de la domaine des énergies renouvela- coopération, soulignant la nécessité d’apporter du bles, indiquant que le règlement soutien aux pays du Sud ayant des difficultés d’accès des conflits liés à l’énergie, est de aux énergies à même d’améliorer leur croissance. nature à améliorer le climat de liberté et des droits de Organisé en collaboration avec l’Institut des sciences l’Homme dans les pays du Sud en particulier. et technologies de MESDAR, ce colloque a constitué De son côté, le ministre émirati des Affaires étrangè- une opportunité pour examiner plusieurs questions res, Cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane, a, dans portant notamment sur « La collaboration Nord-Nord une allocution lue en son nom, mis l’accent sur l’im- et l’échange des connaissances sur les technologies pératif de déployer davantage d’efforts en matière de énergétiques, « Le financement des initiatives de développement des énergies renouvelables, face à la nouvelles énergies et les challenges vers l’investis- rareté enregistrée au niveau d’autres sources énergé- sement en énergies renouvelables », et « L’évalua- tiques en l’occurrence le pétrole et le gaz naturel. tion des opportunité et menaces dans la poursuite de Rappelant la catastrophe de Fukushima, Cheikh Al- l’énergie nuclaire dans les pays en développement au Nahyane a indiqué que les risques de l’énergie nu- lendemain de la catastrophe de Fukushima ».  cléaire supposent davantage de coopération et de

50 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Économie & Énergie Afrique du Nord Projet de développement des énergies renouvelables

n nouveau projet sur les mécanismes mise en œuvre de partenariats méditerranéens. innovants de financement des énergies La stratégie du projet permettra d’encourager le par- renouvelables dans la région d’Afrique tage d’expériences et de bonnes pratiques au sein du Nord, doté de 623.000 dollars, vient de la région et en dehors, à travers la mise en place Ud’être lancé par le Bureau régional de la Commis- d’une communauté de pratiques et d’une plateforme sion économique pour l’Afrique (CEA-ONU). Ce de gestion des connaissances. projet, destiné à accompagner les efforts de dévelop- Un réseau d’experts spécialisés accompagnera la pement du potentiel existant en matière d’énergies mise en œuvre du projet qui servira également de renouvelables dans la région, sera réalisé sur une plateforme pour le renforcement du dialogue et du période de deux ans, en coopération avec l’Union partenariat public-privé. du Maghreb arabe et d’autres partenaires régionaux Ce projet sera mis en œuvre en partenariat notam- et internationaux. ment avec le Programmes des Nations unies pour le Il couvre sept pays (Maroc, Algérie, Egypte, Libye, développement, a banque mondiale, la Banque afri- Mauritanie, Soudan et Tunisie) et vise l’établisse- caine pour le développement (BAD), la Commission ment d’une base de connaissances sur les meilleures économique et sociale des Nations unies pour l’Asie options et les mécanismes financiers innovants. de l’Ouest, la Commission économique de l’ONU Il s’agit, selon le communiqué, de contribuer au dé- pour l’Europe, le département des Affaires économi- veloppement d’une vision stratégique commune en ques et sociales des Nations unies, le Centre africain matière d’énergies renouvelables et d’une feuille de des politiques pour le climat et le Plan solaire médi- route pour favoriser la coopération régionale et la terranéen. 

Sept pays (Maroc, Algérie, Egypte, Libye, Mauritanie, Soudan et Tunisie) vont accroître leur expertise en matière de développement des énergies renouvelables, particulièrement le solaire, le photovoltaïque et l’éolien.

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 51 Économie & Énergie Coopération Maroc - Chili : relancer L’UE plaide pour le protocole de 1998 un partenariat fiable

e secteur de l’énergie, élément crucial et stratégique sur les plans politique et économique », est appelé un jouer un rôle-clé dans le partenariat UE-Maroc », a souligné l’ambassadeur, chef de la délégation de l’UEL au Maroc, Eneko Landaburu.

es perspectives de la coopération maroco-chilienne dans le domaine des énergies renouvelables ont été au centre des entretiens tenus récemment à Ra- La feuille de route du Statut avancé Maroc-UE mentionne une bat entre le secrétaire général du département de intégration des marchés énergétiques à travers la convergence l’Energie et des Mines, Mohamed Yahia Zniber, et le prési- des politiques et des cadres législative et réglementaire, le ren- L forcement des infrastructures d’interconnexion électrique et dent du Sénat chilien, Guido Girardi Lavin. Lors de cette rencontre, M. Zniber a présenté à son interlocu- gazière et l’ouverture du marché européen à l’électricité verte teur les opportunités d’investissement au Maroc et les moyens produite au Maroc, a précisé M. Landaburu à l’occasion du de renforcer la coopération dans les domaines de l’énergie, des lancement du projet de jumelage institutionnel Maroc-UE. mines et de l’environnement. « Ce secteur doit devenir prioritaire dans le développement M. Zniber a également rappelé les grands projets lancés par de l’Union pour la Méditerranée car c’est dans ce domaine le Royaume notamment le projet intégré d’énergie solaire à que l’on peut fonder une coopération de grande envergure », Ouarzazate et le projet de l’énergie éolienne qui permettront, a-t-il ajouté. à l’horizon 2020, de rehausser le taux des énergies renouvela- Il a également relevé la convergence des objectifs d’une poli- bles à 42 % de la capacité électrique totale. tique énergétique européenne renouvelée et développée et la M. Zniber a aussi mis exergue les mesures d’accompagne- stratégie marocaine dans ce domaine. ment et d’incitation entreprises par le ministère en vue de « L’avancée politique au Maroc concrétisée par la nouvelle créer autour de ces projets une nouvelle ère économique en Constitution a amené l’UE à réaffirmer la nécessité de conso- matière d’industrialisation et de développement. lider te développer davantage les relations Maroc-UE », a af- Pour sa part, le président du Sénat chilien s’est félicité des firmé M. Landabruru. progrès réalisés par le Maroc en matière de développement « La commission présentée par la Haute représentante de énergétique. l’Union pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, et la Après avoir passé en revue le contexte énergétique, minier et Commission européenne, qui a été approuvée par les chefs environnemental au Chili, M. Lavin a souligné que sa visite d’Etat et de gouvernement à Bruxelles, mentionne une stra- dans le Royaume témoigne de l’intérêt de son pays à approfon- tégie nouvelle à l’égard d’un voisinage en mutation », a-t-il dir sa coopération avec le Maroc dans le domaine des énergies rappelé. renouvelables à travers des partenariats « gagnants-gagnants», Il a précisé que ce document mentionne la possibilité d’éten- indique la même source. dre la communauté de l’énergie aux pays voisins et de créer A cet effet, les deux parties ont convenu, entre autres, de une communauté de l’énergie entre l’UE et la Méditerranée constituer une équipe de travail Maroc-Chili sur les énergies du Sud. renouvelables, d’établir un agenda dressant les thèmes de coo- «Ce partenariat ambitieux, exigeant et qui couvre énormément pération notamment dans le domaine d’énergie solaire et de de domaines, nécessite des bases solides avec un cadre partage mettre en œuvre le protocole d’accord de coopération dans le d’analyses et de formulation de politiques énergétiques et un domaine minier entre le Maroc et le Chili, signé en 1998.  système d’évaluation qui soit fiable », a-t-il noté.

52 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Économie & Énergie Coopération Le Togo veut profiter de l’expérience marocaine

Noupokou Dammipi, Ministre togolais des Mines et de l’Energie, a effectué une visite officielle au Maroc à la tête d’une importante délégation. Il a été reçu par Amina Benkhadra, Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement en compagnie de Ali Fassi Fihri, Directeur Général de l’Office National de l’Electricité (ONE) et du Secrétaire Général du Département, Mohammed Yahya Zniber. Les discussions ont porté sur les perspectives de coopération dans le domaine énergétique et les explorations minières.

me la Ministre a rappelé l’évolution Pour sa part, Ali Fassi Fihri, DG de l’ONE, a pré- récente du Maroc sur les plans po- senté le modèle marocain dans le secteur de l’électri- litique, économique et social avant cité et a proposé au ministre togolais d’accompagner d’aborder la stratégie énergétique na- son pays, afin d’asseoir une stratégie d’électrification Mtionale mise en place, notamment les projets intégrés inspirée de celle que le Royaume a entreprise depuis d’énergie solaire et d’énergie éolienne de 2000 MW quelques années. chacun à l’horizon 2020. Afin d’accompagner cette Dans son intervention, Noupokou Dammipi a pré- stratégie énergétique, un cadre législatif, réglemen- senté les richesses minières (notamment le phos- taire et institutionnel a été élaboré pour permettre au phate) dont dispose son pays et a affirmé que 70% de Maroc de donner ainsi la meilleure visibilité possible la consommation énergétique nationale est à base de aux investisseurs potentiels. bois et de charbon de bois. Mme Benkhadra a également fait observer que cette Et de rappeler qu’à cause d’une électrification ne dé- stratégie énergétique ambitieuse permettra d’accélérer passant pas les 23%, le Togo a mis en place un plan le développement du tissu industriel national pour qu’il d’investissement qui puisse répondre à la demande soit en mesure d’accompagner les projets de dévelop- de consommation d’énergie croissante et dont l’ob- pement des énergies renouvelables ainsi que le trans- jectif est d’atteindre 50% d’électrification d’ici l’an- fert des compétences et des technologies nouvelles d’ née 2015. Et ce, grâce à des projets de production acteurs internationaux vers les industriels marocains. d’électricité indépendants. Dans un second temps, Mme la ministre a évoqué A l’issue de cet entretien, il a été décidé la mise en le contexte géologique favorable qui a permis au place de groupes de travail sectoriels chargés d’éla- Maroc de développer une activité régulière dans de borer un protocole d’accord dans le cadre de la coo- nombreuses régions et de lui conférer une place de pération entre les deux pays dans ces secteurs stra- Le contexte choix parmi les pays à vocation minière. tégiques.  géologique favorable qui a permis au Maroc de développer une activité régulière dans de nombreuses régions et de lui conférer une place de choix parmi les pays à vocation minière.

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 53 Économie & Énergie Coopération Pour un réel échange maroco-péruvien

Amina Benkhadra, Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, a reçu à la mi-Novembre, l’ancien Président du Pérou, qui était accompagné d’une importante délégation. M. Toledo a saisi l’occasion de sa visite au Maroc pour prendre connaissance de la dynamique de développement du Royaume sur les plans politique, économique et social ainsi que dans les secteurs de l’énergie, de l’eau et de l’environnement. Il en a profité pour discuter des moyens à même de consolider le partenariat bilatéral et l’échange d’expertises entre les deux pays.

me la Ministre a rappelé, à cette oc- a également été mise en place , basée sur les tech- casion, l’évolution que le Royaume a niques de dessalement d’eau de mer, de construc- connu ces dernières années, lui per- tions de nouveaux barrages, de rationalisation de la mettant d’asseoir une démocratie et de consommation ou encore de transfert de l’eau du bas- connaître un réel développement économique sou- sin excédentaires vers des bassins déficitaires. L’Ex Président M tenu par une croissance de près de 5% malgré la crise Quant au secteur de l’environnement et de dévelop- du Pérou a économique que connaît l’Europe, son premier par- pement durable, Mme la Ministre a rappelé que le invité ses tenaire économique, Cette stratégie lui a permis, en projet national se trouve aujourd’hui particulière- interlocuteurs outre, de libéraliser l’économie ainsi que de lancer ment conforté par l’élaboration d’une Charte, d’une à réduire d’importants projets socio-économiques. Loi-cadre et d’une Stratégie Nationale de protection la distance S’agissant de l’énergie, Mme Benkharda a présenté de l’Environnement et du Développement durable. Il géographique à M. Toledo la stratégie énergétique nationale basée aidera à renforcer la gouvernance du Maroc et à sti- entre le Maroc sur la diversification des ressources en accordant une muler son action environnementale. place importante aux énergies renouvelables, notam- Enfin, Mme la ministre a rappelé la diversité géologi- et le Pérou ment grâce aux projets intégrés d’énergie solaire et que du Maroc et son potentiel en ressources minières à travers un éolienne de 2000 MW chacun à l’horizon 2020. Ces dont le phosphate et les métaux de base. réel échange grands projets devant répondre à la croissance de la Ce secteur joue un rôle prépondérant dans l’écono- dans différents demande énergétique qui va doubler à l’horizon 2020 mie nationale. secteurs et tripler en 2030. Dans son intervention, l’Ex-Président péruvien a fé- d’investissement Dans le domaine de l’Eau, une stratégie ambitieuse licité le Maroc pour les réformes politiques et écono- miques initiées par le Maroc, ce qui lui permet d’être un modèle à suivre pour les pays arabes en matière de consécration de la démocratie. Quant au secteur énergétique, M. Toledo a félicité le Maroc pour la stratégie énergétique ambitieuse tout en rappelant les enjeux environnementaux et leur im- pact au niveau mondial ainsi que l’importance de la sensibilisation au développement durable. L’Ex Président du Pérou a alors invité ses interlocuteurs à réduire la distance géographique entre le Maroc et le Pérou à travers un réel échange dans différents secteurs d’investissement et de travailler de concert entre les responsables marocains et péruviens. M. Alejandro Tolédo a également confirmé le soutien inconditionnel de son pays à la position légitime du Maroc dans le dossier du Sahara. 

54 | Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 Médias & Publications

L’industrie solaire en surproduction

Pertes et faillites se succèdent dans le secteur du photovoltaïque, dominé par les fabricants chinois. Les Etats-Unis enquêtent sur un éventuel dumping chinois

nergie. Perte historique publiée par le fa- Dernier nuage bricant allemand de panneaux solaires Q- noir en date, Cells, redressement judiciaire en novembre les résultats pour le pionnier français Photowatt, faillite de Q-Cells, deE l’American Solvindra malgré un demi-milliard de qui a affiché dollars de crédits garantis par l’Administration Oba- récemment ma. L’horizon de l’industrie photovoltaïque semble s’être obscurci ces dernières semaines. une perte nette Dernier nuage noir en date, donc, les résultats de Q- trimestrielle Cells, qui a affiché récemment une perte nette trimes- de 57 millions trielle de 57 millions d’euros, soit le quart du chiffre d’euros. d’affaires, lui même en recul de 43 % sur un an. Ces longtemps retardée ». Faillites et acquisitions ne sont mauvaises nouvelles ont fait plonger l’action Q-Cells donc pas terminées. Le lauréat du Nobel d’économie jusqu’à 30 % le 14 novembre à Francfort. La société 2008, Paul Krugman, vient de faire un constat simi- allemande a invoqué « un environnement de marché laire dans le New York Times, selon lui, le marché du nettement plus difficile que prévu ». solaire est en train de se structurer, sur fonds d’une De fait, de l’Espagne à la France, la baisse des ta- concurrence intense menée par les fabricants chinois. rifs de rachats de l’électricité solaire financée par la Ces derniers ont assuré en 2010 la moitié de la pro- facture du consommateur a déstabilisé l’industrie, et duction mondiale. notamment son maillon aval, celui des installateurs. Une telle hégémonie a déclenché début novembre à L’amont de la filière (les fabricants de cellules pho- Washington une enquête du département du Com- tovoltaïques) est confronté pour sa part à une surpro- merce. La procédure intervient après des plaintes dé- duction mondiale de ce qu’on appelle les modules. posées par pas moins de sept fabricants de panneaux La capacité de production de galettes de silicium solaires, qui s’estiment victimes de « dumping » en 2010 équivalait, selon l’Association européenne chinois. Si l’international Trade Commission (ITC), de l’industrie photovoltaïque (Epia, selon son acro- agence fédérale chargée de l’enquête, détermine nyme anglais), aune puissance installée de 30 à 35 qu’il y a bien des subventions illégales de la part de la gigawatts (GW), soit le double de la puissance effec- Chine, des droits de douane compensatoires pourront tivement ajoutée cette même année (17 GW). L’Epia être imposés aux produits chinois. souligne que les fabricants publient des capacités de Le cas de Q-Cells est lui aussi emblématique de l’es- production à venir, pas forcément opérationnelles. sor des constructeurs asiatiques. L’entreprise alle- Le chiffre de surcapacité est donc à prendre avec des mande avait annoncé cet été la délocalisation d’une pincettes. partie de sa production sur le sol germanique au pro- « On est passé d’un marché de demande à un marché fit de la Malaisie. d’offre », confirme néanmoins Cedric Philibert, spé- La surcapacité devrait cependant être « transitoire », cialiste de l’énergie solaire à l’Agence internationale pronostique Cédric Philibert de l’AIE. Car le marché de l’énergie (AIE). mondial, à 80 % européen jusqu’en 2010, tiré par la « Surcapacité transitoire » locomotive allemande (44 % de la puissance instal- Les progrès techniques, mais avant tout l’ouverture lée cumulée dans le monde), se poursuit et s’étend de très grosses usines, ont permis une baisse rapide désormais rapidement au Japon, aux Etats-Unis et à des coûts de production par des économies d’échelle. la Chine.  Résultat, poursuit Cedric Philibert, « on assiste à une Fabrice NODE-LANGLOIS restructuration de l’industrie, inévitable, qui a été et Pierre–Yves DUGUA

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COLLOQUE sur le gaz naturel Place du «gaz dans la politique énergétique marocaine LE 29 MARS 2012 « à CASABLANCA

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Gazprom s’affirme en acteur global de l’énergie

Le groupe russe a mis en service, mardi 8 novembre, le gazoduc Nord Stream exploité avec des partenaires européens

es dirigeants de Gazprom n’affichent plus demande de gaz ? Le retour au Kremlin en 2012 de cette mine un peu déconfite qu’ils avaient son patron protecteur, Vladimir Poutine ? encore en 2010. Est-ce l’horizon du mar- La mise en service, mardi 8 novembre, du gazoduc Une nouvelle ché gazier qui se dégage après deux années Nord Stream reliant les gisements russes à l’Alle- route d’approvi- difficilesL ? L’âge d’or attendu d’un hydrocarbure magne marque une nouvelle étape de la stratégie de sionnement dont la Russie détient 25 % des réserves mondiales Gazprom – mélange de volonté de coopérer avec les pour l’Europe ? Les mésaventures du nucléaire, qui dopent déjà la Européens et de renforcer son rôle d’acteur-clé de la fourniture de gaz au Vieux Continent. La présence de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du Premier ministre français, François Fillon, au côté du Président russe, Dmitri Medvedev, en dit long sur l’importance de cette nouvelle « autoroute du gaz ». Nord Stream est bien le fruit d’un partenariat indus- triel de Gazprom avec les grands groupes d’énergie et de chimie européens (E.ON, BASF, GDF Suez, Gasunie). Mais la politique a été omniprésente, puis- que son tracé est – en lui-même – un acte de défiance vis-à-vis de la Pologne et des trois Etats baltes : en passant sous la mer Baltique, il snobe ces quatre pays membres de l’Union européenne (UE). « Le bon sens a triomphé, s’est félicité Vladimir Grinin, ambassadeur de Russie à Berlin. Avec la dé- cision récente de l’Allemagne d’abandonner le nu- cléaire, ce qui signifie de plus grands besoins de gaz à moyen terme, les écailles sont tombées des yeux de beaucoup ». Le projet de gazoduc South Stream, dont la construc- tion n’a pas encore débuté et qui devrait entrer en service au milieu de la décennie, est tout aussi « poli- tique », puisque son parcours évite l’Ukraine. Lancé au milieu des années 2000 pour tuer dans l’œuf le concurrent Nabucco soutenu par la Commission de Bruxelles, il est cofinancé par EDF, l’italien Eni et l’allemand BASF. Là encore, c’est la sécurité d’ap- provisionnement du Vieux Continent qui est en jeu. « En 2030, le gaz acheminé par les gazoducs de Ga- zprom devrait représenter 50 % de l’approvisionne- ment total de l’Europe » (contre 26 % en 2011), ré- sume Colette Lewiner, directrice du secteur énergie du consultant Capgemini. Avec ce poids grandissant sur la scène énergétique, Gazprom n’arrive pas à se débarrasser de l’image de

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bras armé de la Russie. Son numéro deux l’a encore Comme si ce pays d’Asie centrale, qui détient proba- déploré lors de la conférence ministérielle organisée blement les deuxièmes réserves mondiales (devant à Paris, les 18 et 19 octobre, par l’Agence internatio- l’Iran), était resté une république soviétique. nale de l’énergie (AIE). Assez de cette « diabolisa- Enfin, Gazprom cherche à mieux valoriser son gaz tion artificielle », a plaidé Alexander Medvedev. en le vendant directement à de grands clients indus- Les dirigeants de Gazprom ne brillent pourtant pas triels. Et même en étant producteur et fournisseur par leur sens de la diplomatie. Ainsi, n’hésitent-ils d’électricité. Il négocie avec RWE un accord straté- pas, dans le « grand jeu » gazier mondial, à jouer gique qui lui permettrait d’obtenir jusqu’au 10 % des l’Asie contre l’Europe. Au moment où ils doivent centrales au gaz et au charbon du deuxième groupe décider de développer de nouveaux gisements (pé- d’électricité allemand et de devenir producteur en ninsule de Iamal, mer de Barents…) et de construire Allemagne, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. gazoducs et usines de gaz naturel liquéfie (GNL), ils La Commission européenne voit d’un très mauvais ont clairement prévenu l’Europe. « Elle doit déci- œil les Etats membres faire ainsi cavalier seul pour der maintenant combien de gaz elle veut », a pré- assurer la sécurité de leurs approvisionnements. venu Alexander Medvedev. Le redéploiement des Ellode prépare un texte qui les obligerait à lui de- exportations va rapidement se poser et une fois les mander son accord avant de signer un contrat avec décisions d’investissement, prises en faveur des un pays tiers, notamment la Russie. « Pour que l’UE nouveaux clients, il sera trop tard ». Il y a une part et ses Etats membres parlent d’une seule voix », ré- de bluff dans cet avertissement puisque le réseau de sume Gunther Odettinger, commissaire européen gazoducs actuel donne encore un gros avantage au Des tubes de chargé de l’énergie. Vieux Continent, mais la menace est bien là. Nord Stream Il y a peu de chance que les Etats membres passent Et Gazprom n’est pas plus accommodant avec la sous les fourches Caudines bruxelloises. « C’est une Chine. La Russie, premier producteur mondial de sont stockés belle vision chimérique, ironise le patron d’un grand pétrole et de gaz, rejette les exigences du premier dans l’île de groupe européen de l’énergie. Tant qu’il n’y a pas de consommateur d’énergie. En témoigne l’enlisement Rügen en politique commune, en quoi la Commission aurait- de la négociation au plus haut niveau d’un énorme mer Baltique elle son mot à dire ? ».  contrat gazier : la fourniture de 68 milliards de mè- (Allemagne) Jean-Michel BEZAT ( Le Figaro ) tres cubes par en sur trente ans. La China National Petroreum Company (CNPC) veut l’acheter 30 % moins cher que les Européens ; il s’est vu opposer un « niet » de Dmitri Medvedev, puis de M. Pou- tine. « Nous n’avons aucune raison de subvention- ner l’économie chinoise », estiment les dirigeants de Gazprom, en rappelant que Pékin dispose des plus importantes réserves de devises de la planète. On comprend que la Russie soit intraitable en ma- tière commerciale, moins qu’elle soumette les pays de sa sphère d’influence à une forme d’impérialisme énergétique. Ainsi, Moscou fait régulièrement savoir aux dirigeants du Turkménistan qu’il n’apprécie pas leur volonté de diversifier les voies d’exportation de leur gaz. Et de fournir directement la Chine et l’Eu- rope sans passer par le réseau de pipelines russes. Christian Charisius / Reuters

20 banques financent le gazoduc de la Baltique Lancé en 1997 et en construction depuis avril 2010, le gazoduc Nord Stream (Russie- Allemagne) passant sous la Baltique a été inauguré, mardi 8 novembre. Une « autoroute du gaz » à deux pipelines de 1.224 km, dont le second entrera en service fin 2012. Il permettra d’acheminer 55 milliards de m3 de gaz par an, de quoi couvrir les besoins de 26 millions de foyers. Il s’agit, selon ses promoteurs, du « plus grand projet d’infrastructure jamais mené en mer Baltique ». D’un coût de 7,4 milliards d’euros, financés à 70 % par une vingtaine de banques, le projet a été mené par Nord StreamAG, un consortium présidé par l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder et basé dans le paradis fiscal de Zoug (Suisse). Le russe Gazprom en détient 51 %, les allemands BASF et EON 15,5 % chacun, GDF Suez et le néerlandais Gasunie 9 % chacun.

Energie & Stratégie Octobre / Novembre 2011 | 61 Les Chiffres Clés

Etude réalisée sous l’égide de la Fédération de l’Energie par Cybèle Engineering 61, Avenue des FAR – Casablanca – MAROC Tél. : 05.22.31.03.16 – Fax : 05.22.44.45.20 – GSM : 06.61.45.23.52 Email : [email protected]

Document disponible à la Fédération de l’Energie 23, Bd Mohamed Abdou – Palmiers Casablanca – 20340 Tél. : 05.22.99.70.71 – Fax : 05.22.98.52.80 Email : [email protected]

Le bilan de 2010

Vient de paraître

Monographie de l’énergie au Maroc

Cet ouvrage de 122 pages qui regroupe une centaine de figures et graphiques retraçant l’évolution du secteur de l’énergie au Maroc, ambitionne de mettre en lumière les atouts de l’économie nationale au regard de l’énergie ainsi que les menaces issues de l’environnement international. Dans l’élaboration de l’ouvrage, l’auteur a tenu à adopter deux principaux critè- res. Le premier est la séparation entre les ressources d’énergie qui figurent dans les bilans nationaux annuels, avec un chapitre dédié à l’électricité et celles qui ne figurent pas dans ces bilans (biomasse et solaire). Le deuxième critère est l’homogénéité de chaque chapitre en termes d’offre, de demande, d’indices de performances et autres éléments telle que l’émis- sion de gaz à effet de serre. L’ouvrage est composé de six chapitres dédiés aux flux énergétiques au Maroc, aux énergies du bilan national, à l’électricité du bilan national, aux énergies hors bilan national et à l’efficacité énergétique. Le dernier chapitre étant réservé aux conclusions et propositions.

Amin Bennouna est docteur d’Etat en physique qu’il enseigne depuis 1980. Il est l’auteur ou co-auteur de diverses études sur l’énergie et l’eau au Maroc et d’une soixantaine d’articles et communications.

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